Articles de sport sous les feux du stade
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Articles de sport sous les feux du stade
lumières INTÉRIEURES Articles de sport sous les feux du stade Si le sport est affaire de couleurs, la vente d’articles de sport et détente pourrait bien être intimement liée à la lumière. Le magasin Citadium, véritable temple de marques situé au cœur de Paris, inaugure à sa manière un nouveau concept de distribution. A la clé, un design fort, souligné par une signalétique vivante et colorée, et le recours à un éclairage varié et dynamique, dans le but de guider le consommateur vers l’objet de son désir. a distribution passe aujourd’hui par l’image et le marketing, pas par le prix », estime Marie-Jeanne Massias, à l’origine, avec Jacques Krauze, du concept du Citadium. C’est sur cette conviction, conviction qui a fini par séduire le groupe PPR (PinaultPrintemps-Redoute), que ces anciens “pros” du sport ont conçu et ouvert, il y a tout juste un an, ce “megastore” dédié aux grandes marques du sport, de la chaussure de jogging aux planches à voiles en passant par le piolet d’alpiniste, dans le “L quartier des grands magasins à Paris. Il est trop tôt sans doute pour dresser un bilan financier et commercial du magasin, à en juger par les premiers chiffres livrés dans la presse. Le concept, entièrement nouveau, devra faire son chemin, mais, incontestablement, il a plu, au point de décrocher le premier prix du design 2001 (1). Il faut dire que, selon les termes mêmes de Valérie Touya, directrice du merchandising de Citadium, « ce sont l’architecture du bâtiment et le design qui ont guidé le projet. La décoration s’est développée autour des trois valeurs du concept du magasin : authenticité, rêve, technicité. Comme nous nous adressons à un public jeune et résolument urbain, nous avons pris le parti de laisser apparaître les matériaux et les superstructures. Pas de faux plafond, pas de revêtement, on doit pouvoir distinguer le béton à l’état brut, ainsi que les gaines où courent les fils électriques, et tous les supports d’éclairage. La mécanique des escalators est mise à nu, soulignée par des fluos verts. Les suspensions des lampes Photo Jean-Marc Charles Le client est happé puis guidé dans sa recherche par la lumière. Suivez le guide… « Citadium restera unique, affirme Valérie Touya, il n’y aura pas d’autres points de vente dans d’autres grandes capitales. » Situé juste derrière les grands magasins du Printemps (dont il est une filiale, via la société Profida) à Paris, le magasin se distingue par ses dimensions : 9 000 m2 sur quatre niveaux, qui en fait l’un des plus vastes, par la surface au moins en France. On entre par deux rotondes, l’une en verre, l’autre en forme de virgule concave pour déboucher sur un puits de lumière de 18 m de haut et d’un diamètre à peu près identique. D’un seul coup d’œil, le visiteur – le consommateur – découvre les quatre univers correspondant aux quatre étages : “street” (qui regroupe les rollers, le skate, la mode urbaine, les montres et lunettes), “athletic” (running, fitness, foot, rugby, natation, musculation, tennis, basket), “glisse” (snowboard, ski, surf…) et “outdoor” (trek, randonnée, escalade, voyage, golf, ainsi que l’espace librairie). Les accessoires, lunettes et montres sont l’objet d’un lieu et d’une décoration spécifique, plus intimiste, à base de grands cercles de lumière bleutée ou orangée diffusée sous verre. 24 LUX n° 215 - Novembre/Décembre 2001 apparaissent de la même manière, ainsi que les transformateurs, dépouillés de leurs caches ». Priorité au design On l’aura compris, on entre dans un décor résolument urbain. De fait, on pourrait se croire dans le hall d’une gare, une immense usine ou un loft relooké par des artistes : un grand puits de lumière cylindrique coiffé par une large lanterne en aluminium diffusant (un modèle identique se trouve à la gare Montparnasse), d’où s’élève un double escalator qui mène aux trois étages supérieurs, des colonnes recouvertes de dessins et de mots, une signalétique omniprésente au graphisme soigné, des couleurs vives, orange, violet, vert, bleu, Photo Jean-Marc Charles lumières INTÉRIEURES Guider le consommateur Chacun des quatre étages du magasin est dédié à un univers : ici, le niveau “athletic”. des centaines de spots, des dizaines de tubes fluos, des ballasts de secours détournés de leur sens, des murs d’écrans (80 téléviseurs au total) sur lesquels dansent des images en permanence, une musique qui ajoute à cette impression d’animation, nous sommes bien dans le nouveau temple du sport, Citadium, au cœur de Paris, à deux pas du magasin Le Printemps. Il s’agissait de placer le lieu sous le signe du gigantisme, de faire d’un maga- sin un lieu de spectacle. « Dans cet esprit, explique encore Valérie Touya, on a détourné la fonction des poteaux porteurs, à l’image des quatre principaux poteaux, transformés en light boxes (boîtes à lumière), composées d’un coffrage en plexigas diffusant sur des affiches qui identifient les univers correspondants aux différents étages. Le nom des marques n’apparaît qu’au travers de lettres projetées sur les murs. » Pub. 1/2 page 26 LUX n° 215 - Novembre/Décembre 2001 Rien n’a été laissé au hasard dans cette approche, résolument ludique et animée, de la décoration. Les initiateurs du projet ont fait appel au célèbre cabinet Architral, dirigé par Gérard Barreau, pour concevoir l’intérieur de ce lieu qui abritait auparavant les bureaux du Printemps. Pour dessiner une typographie originale, le concepteur a fait appel à l’un des plus grands graphistes du moment, l’anglais Neville Brody. Il s’est adjoint les conseils du cabinet Ipso pour créer les ambiances correspondantes aux différents univers (outdoor, glisse, etc.). « Le client doit être happé par la lumière, il doit être aussi guidé dans sa recherche, explique David Elleau, responsable d’étude chez Ipso. C’est ainsi que nous avons multiplié les supports, projecteurs encastrés ou suspendus mais tous orientables, pour attirer l’attention sur des opérations commerciales, des suspensions au sodium pour réchauffer des rayons éloignés ou isolés, et des réflecteurs pour dessiner les passages. La rotonde est éclairée avec des spots à iodure métallique en verre trempé. » Ph.G. (1) Décerné par la revue Stratégies.