Télécommunications, NTIC et perspectives de croissance économique
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Télécommunications, NTIC et perspectives de croissance économique
-1- CENTRE MAURITANIEN D’ANALYSE DE POLITIQUES (CMAP) Télécommunications, NTIC croissance économique et perspectives de Par Isselmou ould Mohamed, consultant Juillet 2005 Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 -2- Table des matières Résumé analytique...................................................................................................................................... 2 I. a) b) c) d) e) f) g) h) i) j) Analyse rétrospective et situation actuelle du secteur................................................ 5 Le processus de restructuration ...................................................................................... 5 L’environnement du secteur : contraintes et risques.......................................... 6 Evolution de la télé densité................................................................................................. 7 Evolution de la couverture territoriale ......................................................................... 8 Evolution de la structure de la clientèle ...................................................................... 9 Evolution de la nature des services .................................................................................... 9 Evolution des tarifs et coûts des services ................................................................ 10 Evolution du chiffre d’affaires ......................................................................................... 12 L’accès à l’Internet et aux NTIC ......................................................................................... 12 Essai d’évaluation des effets macroéconomiques du secteur restructuré. 14 II. Evolution prévisionnelle des indicateurs et des effets potentiels sur la croissance économique .......................................................................................................................... 18 a) Scénarii possibles d’évolution de la demande en services de télécoms. 19 b) Prévision des principaux indicateurs de croissance........................................... 20 c) Les politiques possibles en vue d’accélérer la croissance ........................................... 23 III. a) b) Conclusions...................................................................................................................................... 25 Evaluation de la situation :................................................................................................ 25 Perspectives de croissance ............................................................................................... 27 Résumé analytique Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 -3- C’est à la fin de la décennie 90 que les pouvoirs publics, dans un contexte de mondialisation et de libéralisation parrainés par le système international que le pays, avec l’appui actif de la Banque mondiale, s’est engagé dans une politique sectorielle novatrice en matière de télécommunications et d’accès aux NTIC. Les principaux objectifs assignés à cette nouvelle politique, consacrée par la loi 99-019 ambitionnent d’assurer une plus grande couverture du territoire national, une meilleure qualité des services, une clarification des missions, une plus grande participation du secteur à la création des richesses, une promotion de l’actionnariat populaire, un accroissement des ressources budgétaires et une amélioration de la compétitivité des opérateurs à travers l’introduction de partenariats stratégiques. Quelles ont été les réalisations effectives, cinq années après la mise en œuvre des réformes ? Force est de reconnaître que la plupart des mesures prévues ont été réalisées dans de plus ou moins bonnes conditions suivant les cas : séparation des services postaux et de télécoms en deux entités juridiques distinctes ; vente de deux licences de téléphonie mobile ; ouverture majoritaire du capital de l’opérateur historique à un partenaire stratégique entre autres. L’ébauche d’évaluation qui a été tentée ci-dessous a permis de mettre en relief les succès obtenus mais aussi les aspects plus mitigés dans la perspective d’une plus grande contribution à la croissance économique. On peut énumérer les éléments les plus significatifs comme suit : (i) (ii) (iii) (iv) (v) (vi) (vii) (viii) (ix) (x) La disponibilité quasi illimitée des services de téléphonie dans la plupart des agglomérations à telle enseigne que la télé densité est passée de moins de 1% à près de 20% ; La baisse de la plupart des tarifs des communications mais dans des proportions moindres par rapport à celle observée ailleurs et disproportionné par rapport aux coûts. Ce qui traduit un faible niveau de concurrence entre les deux opérateurs ; L’explosion d’un ensemble d’activités informelles liées au secteur. Les emplois créés sont estimés à 4770 pour une valeur ajoutée de près de 1,5 milliards en 2004 (soit respectivement 86,5% et 6% de l’ensemble des emplois et de la valeur ajoutée du secteur) ; L’apport à la création de la richesse nationale s’est considérablement accru, passant de 2,5% du PIB en 1999 à 6,4% en 2004 ; L’apport au budget de l’état s’est amélioré mais dans des proportions inférieures à l’expansion globale du secteur ; L’absence de données n’a pas permis de quantifier les incidences pourtant positives en matière de productivité sur les autres secteurs ni l’apport net à la balance des paiements ; Mais la qualité des services laisse parfois à désirer, notamment au niveau de la téléphonie mobile, de l’Internet et de la célérité des interventions et d’entretien des réseaux ; L’environnement institutionnel parait lourd et les conflits de compétences ne sont pas exclure ; L’autorité de régulation qui a réussi à contribuer positivement à la mise en œuvre des réformes, semble avoir des difficultés pour obtenir suffisamment de données, notamment sur les coûts et tarifs des services ainsi qu’à adapter la réglementation aux exigences d’un secteur en mutation. Ces contraintes limitent la concurrence et retardent l’ouverture de nouveaux marchés à de nouveaux opérateurs. Hormis la cession de 3% du capital de Mauritel à ses employés, l’émergence d’un actionnariat populaire dans le secteur se fait toujours attendre. Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 -4Cela dit, quelles pourraient être les perspectives de croissance à court et moyen termes du secteur ? Pour tenter de répondre à cette question, nous avons émis deux séries d’hypothèses résumées sous forme de scénarii A et B dont un est jugé pessimiste et l’autre optimiste. Tous deux montrent qu’il existe encore un potentiel de croissance sectorielle. Certes, il y aura vraisemblablement un tassement de la part du secteur dans la formation du PIB, ne serait-ce que du fait de l’exploitation pétrolière mais la télé densité poursuivra son expansion et avec elle, les autres indicateurs de croissance. Ainsi, suivant les scénarii, le taux de pénétration téléphonique se situera entre 29% et 45% à l’horizon 2010. Le secteur emploierait directement entre 6 400 et 9 800 personnes dont la plupart dans l’informel (autour de 80%). Dans ces conditions, la contribution du secteur au PIB pourrait s’accroître de 1 à 3% au cours des cinq prochaines années. Les effets sur la balance des paiements seront vraisemblablement négatifs mais cela aura moins d’importance vu le fait qu’elle sera probablement excédentaire dès 2007, à cause des revenus pétroliers. Pour accélérer la croissance sectorielle, il sera nécessaire d’adapter au plus vite la réglementation pour ouvrir le marché de la téléphonie fixe, de l’Internet et des autres technologies à de nouveaux opérateurs et de revoir les améliorations possibles de l’apport du secteur informel à défaut d’en faire évoluer des composantes vers l’économie structurée. Il serait par ailleurs opportun d’étudier l’octroi d’une troisième licence de téléphonie mobile et de mieux cerner, pour l’avenir, la réalité des tarifs qui doivent être mieux orientés vers les coûts des services. C’est à ces conditions qu’il serait possible d’accélérer l’innovation et l’investissement dans le secteur en s’attaquant aux barrières réglementaires et de fait qui inhibent la concurrence, seul véritable moteur d’une efficiente allocation des ressources et garante d’une saine croissance. Il reste à noter que les principes de l’accès universel méritent d’être revus dans une optique de transparence et de responsabilisation. Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 -5- I. a) Analyse rétrospective et situation actuelle du secteur Le processus de restructuration Jusqu’en juillet 19991, le secteur des postes et télécoms était un monopole d’Etat. Un établissement public à caractère industriel et commercial dénommé Office des postes et télécommunications (OPT) était à la fois chargé de la production des services, de leur tarification et de la réglementation sectorielle. Il en résultait les inefficiences et distorsions inhérentes à tout monopole, fût-il d’Etat. En effet, en dépit de perspectives économiques globalement favorables2, la densité téléphonique était faible et le potentiel de croissance se situait dans la moyenne inférieure des pays de la sous région. En outre, l’opérateur historique avait une productivité basse, des tarifs très déséquilibrés, une forte dépendance du trafic international en plus d’une trésorerie insuffisante et un endettement fort élevé qui limitait sa capacité de développement. D’ailleurs, les listes d’attente de raccordement au réseau téléphonique s’allongeaient inexorablement sans espoir de satisfaction dans un délai raisonnable3. Face à cette situation et dans un contexte mondial favorable à l’élimination des monopoles d’Etat, la politique en matière de télécommunications ambitionnait de réaliser les objectifs suivants : Assurer un service public de meilleure qualité tout en se développant sans investissement public, du reste difficile à réaliser, faute de moyens financiers ; Assurer une plus grande couverture du territoire national en moyens de communications modernes, et améliorer ainsi l’accessibilité aux services de base en tant que facteur de développement régional et local ; Clarifier les missions respectives des postes et des télécoms en séparant institutionnellement les deux fonctions ; Accroître la participation du secteur à la création de la richesse nationale, à la promotion de l’actionnariat populaire et l’augmentation des ressources budgétaires ; Améliorer la compétitivité des sous secteurs en développant leurs performances techniques, économiques et financières grâce notamment à l’introduction d’un partenariat stratégique. Aussi, le téléphone et l’Internet ont-ils connu une évolution rapide au cours du dernier quinquennat. Les changements ont concerné aussi bien les structures que le volume des activités. En effet, pendant plus de deux années, le processus de réformes du secteur des télécommunications a été engagé. Avec l’ouverture majoritaire du capital de l’opérateur historique (MAURITEL) à un partenaire stratégique en 20014, le processus de restructuration du secteur s’est achevé. Ainsi, les mesures suivantes furent successivement appliquées : Mise en place, dès 1990 d’une Commission Nationale de l’Informatique ; Création en 1998 d’un Centre Internet pour l’Administration. Mise en place d’un cadre réglementaire approprié, clarifiant les rôles des différents acteurs du secteur des télécommunications (loi 99-019 du 11 juillet 1999) ; 1 C’est en fait, le 22mars 1998 que le Gouvernement avait approuvé une nouvelle politique sectorielle que consacrera la loi 99-019 de juillet 1999 2 Il faut tout de même noter que le taux de numérisation et de profitabilité étaient déjà élevés et le chiffre d’affaires par ligne, certes concentré sur quelques clients, était l’un des plus importants réalisé dans la sous région. 3 Le temps moyen d’attente pour l’installation d’une ligne téléphonique était de 1,6 an en 1998 selon les données communiquées à l’époque par Mauritel (Juin 2000) 4 En fait, l’opérateur public Marocain ITISSALAT EL MAGHRIB qui avait offert 48 131 160 USD pour l’acquisition de 54% du capital dont 3% devaient être cédés au personnel de l’entre prise. Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 -6Séparation des fonctions d’exploitation et de régulation ; Création d’une Autorité de régulation multisectorielle indépendante (loi 2001-18 du 25 Janvier 2001) ; Scission de l’OPT (Office des Postes et Télécommunications) en deux entités distinctes: MAURITEL (télécoms) et MAURIPOST (postes et services financiers postaux) ; Ouverture du secteur au privé dans le cadre de la téléphonie cellulaire (deux licences ont été octroyées sur Appel d’offres public ouvert)5. Mais dans quelle mesure peut-on affirmer que les objectifs définis plus haut ont-ils été ou non atteints et quels ont été en définitive les impacts réels du secteur réformé ? b) risques L’environnement du secteur : contraintes et Il existe actuellement, outre les petits opérateurs privés dans le domaine des NTIC6, Six grands Acteurs dans le secteur des télécoms et NTIC : Le ministère de l’intérieur des postes et télécommunications, le Secrétariat d’Etat aux Nouvelles Technologies de l’information et de la communication (SENT), créé en 2000 ; l’Autorité Multisectorielle de Régulation ; les deux principaux opérateurs (MAURITEL et MATTEL) et accessoirement l’Agence de l’Accès Universel. La stratégie nationale de développement du secteur des NTIC constitue le cadre politique dans lequel s’inscrivent les activités d’appui au secteur. Les grands axes de cette stratégie peuvent être résumés comme suit : (i) Installation des moyens d’accès pour tous à la société de l’information ; (ii) Valorisation des ressources humaines ; (iii) Modernisation de l’Etat par le recours aux outils numériques ; (iv) Renforcement des capacités institutionnelles et juridiques ; (v) Incitation à l’usage des NTIC dans le secteur privé ; (vi) Développement des contenus numériques ; (vii) Renforcements technologiques sectoriels ; (viii) Amélioration de la Gouvernance générale du secteur des NTIC Dores et déjà, quelques actions ont été entreprises en vue d’améliorer l’accès aux NTIC. On peut en citer : la mise en place d’une politique d’accès aux services universels régulés, notamment en milieu rural ainsi qu’à l’Internet ; l’exonération du matériel informatique des droits et taxes à l’importation et la mise en œuvre du projet SYDONIA (application des échanges électronique dans la gestion des opérations douanières). Mais l’expansion du secteur subit un ensemble de contraintes qu’il sera nécessaire de lever pour lui permettre d’évoluer favorablement. Nous en citerons les plus pertinentes, même si certaines ont connu quelques progrès au cours des dernières années comme nous le verrons plus loin. Il n’est pas nécessaire de rappeler les caractéristiques globalement défavorables que sont le faible peuplement du pays, l’éparpillement de sa population, son analphabétisme dominant, son faible pouvoir d’achat dont la conséquence est l’étroitesse du marché, aggravée par la dualité linguistique, la faible bancarisation de l’économie et de l’utilisation de la monétique. En outre, les progrès en matière d’électrification n’ont pas encore permis de couvrir tout le territoire national. Cette situation a son reflet au niveau de la faiblesse quantitative et qualitative des infrastructures d’accès aux NTIC : réseaux limités aux principaux centre urbains ; insuffisance d’adresses IP par rapport aux besoins ; manque de fiabilité du réseau Internet (configuration en étoile avec un noeud central à Nouakchott) et inexistence de possibilités d’échanges sécurisés en ligne sur les serveurs Mauritaniens (l’exploitation des signatures numériques est très limitée). 5 6 MATTEL et MAURITEL MOBILES ont payé chacun 28 millions USD Pour l’essentiel, 6 FAI et 69 cybercafés en 2004 Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 -7Il y a lieu toutefois de noter que l’impossibilité des fournisseurs d’établir des connexions Internet directes sur le réseau principal sans recourir aux services de MAURITEL, notamment pour les accès internationaux est en voie de trouver une solution depuis la fin de la période d’exclusivité dont bénéficiait l’opérateur historique7. On signale que des infrastructures privées ont été installées par certains usagers impatients avec ou sans l’autorisation de l’Autorité de régulation. c) Evolution de la télé densité Au niveau national, on est passé de 8 300 lignes en 1994 (0,36% de densité téléphonique) à près de 17 000 en 1999 (0,68% de densité téléphonique). Bien que faible, la densité téléphonique se situait dans la moyenne des pays de la région (1999) : moins que la Côte d’Ivoire, le Togo ou le Bénin, mais mieux que le Niger, le Tchad ou le Mali. Avec la mise en service du Cellulaire, le nombre de lignes a atteint plus de 34 875 (1,37% de densité téléphonique) à la fin de l’année 2000. L’évolution des principaux indicateurs est résumée dans le tableau ci-dessous reconstitué à partir du rapport annuel 2003 de l’Autorité de régulation. Tableau 1 : Evolution du nombre de lignes et de la densité téléphonique de 1999 à 2004 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Population* 2 394 366 2 508 159 2 584 432 2 662 470 2 742 030 2 823 062 Parc de lignes fixes 17 000 18 875 24 819 31 529 38 178 55 1538 parc d'abonnés mobiles 0 16 000 113 500 245 738 350 954 496 377 Parc global 17 000 34 000 138 319 277 267 389 132 551 530 Télé Densité 0,71% 1,37% 5,29% 10,34% 14,14% 19,5% Source : Autorité de régulation et nos calculs à partir des chiffres communiqués par les Opérateurs * en milliers d’habitants, projections ONS, Avril 2004. 7 Elle a officiellement pris fin le 30/6/04 Seul le parc global était disponible. Nous avons estimé qu’il est constitué de 10% d’abonnés au téléphone fixe, compte tenu des données antérieures, des tendances et des chiffres enregistrés ailleurs. 8 Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 -8- 600 000 500 000 400 000 300 000 Parc de lignes fixes parc d'abonnés mobiles Parc global 200 000 100 000 0 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2003/2002 40% 2004/2003 42% Le taux de progression du parc d’abonnés a évolué comme suit : Tableau 2 : taux de croissance du parc d’abonnés Années 2000/1999 2001/2000 2002/2001 Taux de 105% 297% 100% croissance d) Evolution de la couverture territoriale Les 17 103 lignes qui existaient à la fin de l’année 1999, se répartissaient sur le territoire national, de façon très inégale, conformément aux indications du tableau ci-dessous : Villes Nombre d’habitants 667 301 97 601 1 735 098 Nouakchott Nouadhibou Reste du pays Source : ICEA consultants Nombre de lignes 11 961 1 825 3 317 Lignes habitants 17,9 18,7 1,9 /1000 La couverture du territoire national en téléphonie fixe a favorablement évolué : en dehors de Nouakchott et de Nouadhibou, le parc d’abonnés est passé de 3 474 en 2000 à 9 426 en 2003. Mais l’évolution la plus spectaculaire a été réalisée dans le cadre de la téléphonie mobile, confirmant ainsi son adéquation avec la nature du peuplement et des habitudes socioculturelles de la population. Les opérateurs sont même allés au-delà de leurs obligations contractuelles de couverture prévues aux cahiers des charges. En effet, dès 2002, MATTEL avait réalisé des investissements pour couvrir 800 Km sur la route de l’espoir, desservant par la même occasion les agglomérations les plus importantes, situées entre Nouakchott et Aïoun. Au cours de la même période, MAURITEL MOBILES (filiale de l’opérateur historique) réalisait un faisceau Hertzien de 150 Km entre Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 -9Nouakchott et Boutilimitt. A telle enseigne qu’entre 2000 et 2002, les taux de couverture9 par référence à la population des localités desservies, évaluée à partir des données de l’ONS a permis la reconstitution du tableau comparatif ci-dessous : Tableau 3 : prévisions et réalisations de couverture Taux prévu Taux réalisé 2000 27% 27% 2001 27% 45% 2002 39% 61% La fausse note se situe au niveau de la qualité de service des opérateurs de téléphonie mobile, du moins dans certaines localités ou dans des circonstances particulières de saturation des réseaux. La baisse de la qualité des services est-elle le prix payé par les usagers pour l’élargissement de la couverture ? L’Autorité de régulation effectue périodiquement des enquêtes pour évaluer la qualité des services et réseaux de télécommunications qu’elle publie sur son site WEB et dans ses rapports. Elle a eu à infliger des amendes à chacun des opérateurs. Mais il est permis de se demander si le niveau des pénalités légales est suffisamment dissuasif par rapport aux manquements constatés. En tout état de cause, il nous semble que l’évolution spectaculaire décrite plus haut est la preuve, à posteriori, que les marchés potentiels avaient été sous estimés et par ricochet que les prix de cession offerts par les acquéreurs avaient été minorés. Mais qui pouvait le savoir ? e) Evolution de la structure de la clientèle A la fin de l’année 1999, l’essentiel des lignes téléphoniques appartenaient à des clients privés (plus de 72%), pour la plupart résidentiels. Les clients publics ne possédaient que 15% du nombre total des lignes. Les cabines publiques, pour leur part, totalisaient un peu plus de 5% dont la quasi-totalité appartenaient à des opérateurs privés. Mais en matière de chiffre d’affaires, la concentration était énorme : un peu plus de 3% des clients contribuaient pour la moitié de la facturation globale alors que plus de 86% des clients n’en réalisaient que 20%10. Il n’a pas été possible d’évaluer l’évolution au cours des dernières années, faute de données de base. Les statistiques Françaises pour la même période (1999) donnent des indices de concentration de la clientèle du téléphone fixe bien différents : les clients résidentiels (grand public) réalisaient 58,1% de la facturation et 66,5% du volume. Les entreprises respectivement 41,7% et 33,5%11. f) Evolution de la nature des services Si on exclut les cotes parts internationales, les comptes de l’opérateur historique arrêtés au 31/12/1999 montrent que le trafic téléphonique international permettait de réaliser 55% du chiffre d’affaires et le national 30,6%12. L’analyse de la facturation du 6ème bimestre de l’année 1999 donnait des conclusions similaires : le trafic local représentait 89% et 23% de la facturation, l’interurbain 7% et 22% et l’international 4% et 55%. Ces données sont à rapprocher avec celles de la France où les communications 9 Téléphonie mobile La facture moyenne des premiers était de 750 000 UM contre 11 500 pour la dernière catégorie 11 ART, « rapport sur le marché des télécommunications en 1999 » 12 Avec respectivement 4% et 96% du volume global du trafic 10 Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 - 10 internationales départ ne réalisaient que 10,8% de la facturation en 1998 pour 3,1% du volume du trafic13. Comme partout ailleurs, le mobile a largement et rapidement supplanté le fixe lequel représente désormais moins de 10% du parc d’abonnés en 2003, bien qu’étant passé de 17 000 lignes en 1999 à 38 178 en 2003. Le nombre de cabines téléphoniques qui était de 900 lignes14 en 1999 est passé à 6 629 en 2003, soit un taux de progression de plus de 636%. g) Evolution des tarifs et coûts des services Il n’est pas simple de cerner les tarifs des services de télécommunications, tant ils sont diversifiés et changeant en fonction de politiques commerciales souvent mal définies. Nous avons délibérément opté pour la simplification au risque de manquer de précision. Pour cerner les évolutions, nous avons retenu les dates où des modifications tarifaires ont eu lieu pour les principaux services. Les tableaux ci -dessous en donnent un aperçu (en UM/minute, hors taxes) Tableau 4 : Evolution des tarifs Tarifs locaux 99/2004 MURITEL 31/12/99 Local Fixe à Fixe 5 Interurbain (moyens) 86 Fixe à mobile inexistant 6/11/00 8 76 8 1/2/01 10 68 68 Tarifs internationaux 1999/2004 Zone 1 Zone 2 17 Années 1999 2004 1999 2004 MAURITEL fixe 187 218 Mauritel Mobiles 185 215 MATTEL 170 200 31/12/03 7,315 2916 90 Zone 3 1999 2004 272 265 250 2004 5 40 68 Zone 4 1999 2004 298 295 270 Zone 5 1999 2004 408 405 370 Identification des zones tarifaires : Zones Zone 1 Pays Pays Arabes ; de l’Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Conakry, Mali, Niger, Sénégal et Togo. Pays d’Amérique du Nord Pays de l’UE et le Japon Autres pays Africains et Europe de l’Est Reste du Monde Zone 2 Zone 3 Zone 4 Zone 5 13 14 ART, « rapport sur le marché des télécommunications » en 1998 Pour 759 clients, rapport GLN 2000 15 22 UM pour 3 minutes 16 87 UM pour 3 minutes de communication Il y avait plus de 40 tarifs différents variant de 169 à 833 UM par minute. Mais le tarif le plus bas était relativement élevé et le plus haut « dissuasif », même s’il ne concerne que peu d’appels (rapport GLN, Mai 2000). Dans une même zone géographique, les écarts pouvaient être aussi importants que difficiles à expliquer. 17 Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 - 11 - Les comparaisons permettent de conclure ce qui suit : • une baisse des tarifs des communications interurbaines et dans une moindre mesure pour les communications locales sur le fixe qui s’explique en partie par des choix technologiques appropriés ; • En revanche, les communications internationales ont été maintenues à des niveaux comparables avec ceux que pratiquait déjà l’opérateur historique en 200018 et qui sont loin de refléter la réalité des coûts des services. Même si l’érosion monétaire a été forte au cours de la période et les difficultés de transfert engendrent probablement des surcoûts; • Le niveau général des tarifs, qui sont quasi identiques d’un opérateur à l’autre, reflète un niveau de concurrence faible voire inexistant ; • Le niveau, encore trop élevé des tarifs des communications internationales pénalise la compétitivité de l’économie nationale ; • Cela dit, la portée des comparaisons effectuées est limitée par le fait que les tarifs réellement pratiqués peuvent être sensiblement différents de ceux affichés. Seule la mise à disposition des volumes de trafic et des chiffres d’affaires correspondants aurait permis de prendre en compte les incidences des politiques commerciales sur les tarifs et partant, sur la fiabilité des comparaisons. Par rapport aux tarifs pratiqués ailleurs, notamment dans la région, ils étaient élevés comme le montre le tableau cidessous que nous avons reconstitué à partir de diverses Sources (y compris la TVA laquelle varie de 14% en Mauritanie à environ 20% dans la plupart des autres pays) : Tableau 5 : comparaisons tarifaires avec quelques pays Tarif local en MRO par minute19 Burkina (Onatel) Maroc (IAM) Mali (Sotelma ) Mobile à Fixe Fixe à Mobile Fixe à Fixe (2) Rapport (1)/ (2) Mobile à Mobile (1) 62 Nd 21 2,9 45 45 18 2,5 35 62 29 1,2 58 Nd 17 4 Mauritani France e (F.téleco (Mauritel m) ) 125,4 138 68 Nd 9,120 21 11,9 4,9 62 45 35 69 108,3 Sénégal (Sonitel) 103 Ce tableau n’est reproduit qu’à titre indicatif dans la mesure où il existe quelques modulations horaires et forfaits dont il n’a pas été tenu compte. De même, les comparaisons doivent tenir compte d’autres éléments constitutifs de la situation tarifaire comme le coût de la connexion ou les variations des taux de change. Les tarifs de connexion variaient de 7 173 ouguiyas en France à 30 005 au Mali. Le coût des abonnements permanents étant insignifiant (moins de 2000 Ouguiyas par mois dans la plupart des pays voisins). Mais depuis, les ajustements tarifaires ont permis de réduire considérablement les écarts relevés plus haut. Par rapport aux coûts des services, on peut formuler les remarques ci-après : (i) Hormis les études réalisées dans le cadre de la privatisation de l’opérateur historique, l’Autorité de régulation n’a pas eu à entreprendre de nouvelles pour appréhender l’évolution des coûts, des tarifs et encore moins les élasticités de L’Autorité de régulation signale pourtant une « diminution sensible se situant entre 25 et 30% pour l’international et l’interurbain » mais il nous semble qu’il s’agit plus du second que du premier. 19 En 1999 sauf pour Mauritanie (2000) et France (2000) 20 Mais une communication locale ne peut coûter moins de 18,2Ouguiyas TTC soit un rapport réel de 6,5 18 Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 - 12 consommation des services21. C’est pourquoi, et en dépit des imperfections, les références retenues sont celles qui datent pour la plupart de plus de 5 années ; (ii) Les coûts des services approchés par la méthode des coûts historiques avaient révélé en 1999 que la minute au départ pour l’international revenait à 41 UM, pour l’interurbain à 41 et pour le local à 18 ; A titre indicatif, les dernières données disponibles établies sur la base des tarifs moyens pondérés datent de 2002 (en UM/minute). Elles sont résumées comme suit22 : Tableau 6 : Evolution des tarifs moyens pondérés Nature du trafic Local Interurbain International h) 2000 10,34 79,75 284,5 2001 12,51 62,59 181,53 2002 13,92 61,98 197,69 Evolution du chiffre d’affaires Le chiffre d’affaires lié aux services de télécommunications aurait représenté 2,9% du PNB en 1998. Il se situait dans la moyenne supérieure des pays de la sous région. Rapporté au nombre de lignes, il était l’un des plus élevés : seuls le Mali et la Côte d’Ivoire avaient « mieux fait » en 1998. Mais depuis l’introduction du GSM, il a connu une baisse substantielle comme le montrent le tableau et le graphique ci-dessous. En revanche, il semble que les coûts marginaux soient restés plus faibles que les tarifs moyens à en juger par les politiques commerciales agressives des deux opérateurs qui continuent tout de même à présenter des offres de souscription d’abonnements revus à la baisse et à multiplier les tarifs promotionnels. Tableau 7 : Evolution du chiffre d’affaires 1999 Chiffre d’affaires (milliers UM) Variation Chiffre d’affaire/ligne (en UM) i) 6 110 200 0 359 424 2000 6 113 476 0,1% 179 808 2002 2003 2001 10 290 000 17 909 000 68,3% 74 393 74,0% 64 591 24 295 530 35,7% 44 051 L’accès à l’Internet et aux NTIC L’accès aux services de l’Internet a été fortement encouragé par les pouvoirs publics (tarifs douaniers dérisoires sur les ordinateurs et le matériel informatique, possibilités d’accès à partir des capitales régionales, tarification préférentielle, sensibilisation au niveau politique). Mais les autres goulots d’étranglement continuent à poser problème. Il s’agit , entre autres, d’un taux d’analphabétisme relativement élevé, d’un pouvoir d’achat 21 Il faut toutefois noter l’existence d’une étude non encore validée sur l’évolution des coûts mais dont nous n’avons pu prendre connaissance. Il semble qu’elle soit restée théorique faute de données réelles sur les différentes composantes de coûts. 22 Rapport annuel de l’Autorité de régulation 2002, pages 15 et 16 Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 - 13 faible, d’un marché étroit, d’un débit insuffisant malgré les améliorations successives, de l’absence de culture moderne de communication mais aussi de la méfiance de l’opérateur historique qui craint les effets de la téléphonie IP sur son chiffre d’affaires. Les données du tableau ci-dessous relatives à l’Internet montrent un niveau d’accès relativement bas, bien qu’en progression, pour les années 2002 et 200323 : Tableau 8 : Evolution du niveau d’accès à l’Internet Nombre de clients RTC Nombre de minutes de connexion RTC Nombre de connexions permanentes par LS24 1999 200 Nd 105 2002 1 800 19 183 621 113 2003 1 848 29 717 079 133 Comme évoqué plus haut, cette situation reflète celle d’autres facteurs comme l’état des infrastructures disponibles, les coûts d’accès et les tarifs élevés, le niveau d’éducation de la population et les qualités de la bande passante. Les tarifs de raccordement et la redevance mensuelle pour les services Internet ont favorablement évolué, même s’ils sont restés à un niveau élevé, passant respectivement de 4 000 et 7 000 en 2000 à 0 et 3 500 en 2005 mais il faut bien évidemment disposer d’une ligne RTC. L’ouverture d’un courrier électronique revient à 2 500 UM par mois, l’hébergement d’un site entre 4 000 et 20 000 mensuels. L’accès par liaisons spécialisées est encore trop coûteux : Hors impôts et taxes, il faut payer entre 90 et 150 000 UM de taxe d’accès en plus d’une redevance mensuelle qui varie suivant la capacité entre 75 000 et 1 954 815 UM. Il reste à noter que le nombre de fournisseurs d’accès à l’Internet (FAI) est resté stable à 6 à la fin de l’année 2003. Le nombre de cybercafés pour la même année était de 69 dont 51 à Nouakchott. L’Association des Fournisseurs de Services d’Internet en Mauritanie (AFSIM) soulève un certain nombre d’obstacles au développement de ce marché : la qualité des services, le débit, les tarifs des connexions, la facturation, les délais d’intervention, la continuité et le suivi technique des prestations, entre autres. D’ailleurs, les possibilités globales d’accès aux NTIC pour les citoyens de chaque pays sont résumées par l’indice d’accès numérique (IAN). Sur une échelle de 0 à 1, l’UIT25 effectue un classement annuel normalisé. Le dernier en date est repris pour un échantillon de pays dont la Mauritanie. Avec un indice de 0,14, elle est à égalité avec le Sénégal mais loin derrière le Maroc, le Brésil ou la Suède. L’IAN intègre dans les calculs 13 indicateurs dont, entre autres : la télé densité, les tarifs de l’Internet par rapport au RNB26, le taux d’alphabétisation des adultes, le taux de scolarisation, la largeur internationale Internet pour 100 habitants, le nombre d’Internautes.. Avec la fin du monopole de l’opérateur historique sur la téléphonie fixe, l’IAN connaîtra probablement une hausse consécutive à l’amélioration prévisible de la largeur Internet internationale mais à condition que la réglementation soit adaptée. Tableau 9 : Niveau d’indice d’accès numérique dans quelques pays27 : 23 Les rapports annuels du PNUD relatifs au développement humain estiment que le nombre d’internautes est passé de 2,7 à 3,7 pour 1000 habitants, loin derrière certains pays voisins comme le Sénégal (10,4) ou la Gambie (18,8). 24 Lignes spécialisées 25 Union Internationale des Télécommunications 26 Revenu National Brut 27 Tiré des « nouvelles de l’UIT » n°2 de Mars 2005 Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 - 14 Pays Maurice (île) Suède Brésil Tunisie Maroc Mauritanie Sénégal Mali Burkina Faso Niger IAN 0,50 0,85 0,50 0,41 0,33 0,14 0,14 0,09 0,08 0,04 0,9 Suède 0,8 0,7 0,6 Maurice (île) Brésil 0,5 Tunisie Maroc 0,4 0,3 0,2 0,1 0 Burkina Niger Mauritanie Mali Sénégal Le parc d’ordinateurs : Le dénombrement du parc d’ordinateurs n’a jamais été effectué à notre connaissance. Peu d’indications permettent de se faire une idée en la matière. Mais, hormis le parc administratif et celui des grandes entreprises structurées, l’ordinateur n’est pas encore entré dans la vie quotidienne de nos concitoyens : très peu de ménages disposent d’un ordinateur à domicile. Les entreprises de services informatiques : Faute de données disponibles sur cette branche d'activité du secteur des NTIC, il n’a pas été possible d’inclure leurs effets dans le cadre de la présente évaluation. Le commerce électronique : Trois projets de lois organisant le commerce électronique ont été rédigés et soumis aux parties concernées pour étude et avis au cours de l’année 2003. L’Autorité de régulation qui a été saisie du dossier est en train de faire élaborer de nouveaux textes après consultation de spécialistes. j) Essai d’évaluation des effets macroéconomiques du secteur restructuré Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 - 15 En 1999, le secteur employait 667 personnes dont 120 cadres. Mais la productivité mesurée par le nombre de lignes par employé s’élevait à 25,5. Ce qui représentait une moyenne relativement modeste par rapport à nos voisins. L’évolution des indicateurs les plus significatifs au cours de 5 années a été la suivante (tous Opérateurs confondus). Tableau 10 : Evolution de quelques indicateurs 1999 667 2004 74328 120 547 948 2 70229 Valeur ajoutée (en millions d’UM courants) : 4 939 22 901 Fiscalité directe (en millions d’UM courants) 795 1 53830 Nombre d’employés dont : cadres autres Masse salariale brute (en millions d’UM) Source : Nos calculs sur la base des données communiquées par les opérateurs Les résultats en matière d’investissements et d’effets directs sur la balance des paiements ont évolué comme suit : Tableau 11 : Effets sur investissements et balance des paiements Investissements (millions UM) 2000 3 873 2003 6 091 Effets directs sur la Balance des paiements (millions de USD) 12431 ND Il n’est pas aisé de faire une estimation des effets nets sur la balance des paiements puisque de nombreuses données manquent : le solde net des contreparties internationales ; la valeur des importations des matériaux et équipements ; les salaires et avantages transférés par le personnel expatrié, entre autres32. L’ONS estime que l’augmentation en volume du sous-secteur des télécommunications pour 2004 serait de 6,4% (5,3% en valeur avec une réduction de 1% des prix). Cette estimation est basée sur la progression du nombre des abonnés avec l’hypothèse que 25% sont inactifs en 2004. Sur la base des données du tableau ci-dessous, on peut estimer que le sous secteur des télécoms a contribué directement à concurrence de 6,4% dans la formation de la PIB en 28 Sur la base des déclarations à la CNSS. Nos estimations 30 Non compris 300 165 344 ouguiyas d’ITS. Il s’agit uniquement de la TVA et du BIC 31 Estimation basée sur les coûts des licences, de la cession des 54% de MAURITEL et des investissements en réseaux de télécoms. 32 Selon certaines indiscrétions, il existerait un contrat de services entre Maroc télécoms et Mauritel, en vertu duquel la première met à la disposition de la seconde 11 cadres moyennant le paiement de 2 271 925 USD soit environ 624 779 375 UM annuels. 29 Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 - 16 2004 , sa part dans la valeur ajoutée globale du secteur des « transports et télécoms » ayant été estimée à 57%. Tableau 12 : Evolution de la valeur ajoutée du secteur des télécoms (prix courants). (en Millions d'ouguiyas) Transport et communications Transports Télécoms PIB au prix du marché Source : A partir des données de l’ONS 1999 16 613 11 674 4 939 202 015 2004 40 179 17 278 22 901 357 384 Variation 141,9% 48% 363,7% 76,9% En matière d’investissement, la libéralisation du secteur a permis de contribuer à l’accroissement des flux d’investissements directs33. Nous avons reconstitué le tableau cidessous pour évaluer le montant des investissements réalisés par les opérateurs structurés depuis la mise en œuvre des réformes (en millions d’ouguiyas). Tableau 13 : Evolution des investissements réalisés Investissements : 2 000 2 001 2 002 2 003 Cumul MAURITEL fixe MAURITEL mobiles MATTEL Total 2 849 1 024 0 3 873 2 2 4 9 3 3 4 7 3 784 1 553 754 6 091 12 675 8 202 9 954 30 831 577 257 500 534 465 368 700 587 Au-delà des effets directs du secteur des télécoms et des NTIC sur l’économie, son développement a des implications certaines sur la croissance des autre secteurs. Dans le secteur informel : En l’absence de toute information officielle, nous avons été amenés à entreprendre une petite enquête à Nouakchott au cours du mois de Mars 2005. Elle a permis de « jauger » les activités induites par le secteur depuis l’introduction du cellulaire. Les principaux résultats sont résumés comme suit : (i) il y a une grande concentration des activités autour de trois points de la capitale (le marché central, « Noughta sakhina» et route îlot V vers TEVRAGH ZEINA); (ii) les activités concernent principalement la vente des téléphones, la réparation/décodage autour desquelles gravitent des vendeurs ambulants. 319 boutiques, 97 ateliers de réparation, 69 « démarcheurs » possédant des étalages ont été identifiés. (iii) En outre, un nombre variable de vendeurs à la criée peut être estimé entre 1500 et 2000 personnes34; (iv) Les chiffres d’affaires mensuels varieraient de 500 000 UM à 80 000 suivant le standing et le lieu ; 33 Dont le stock était estimé par la CNUCED à 800 millions de dollars en 2004. 34 La méthode a consisté en un dénombrement sur une aire géographique mesurée et de faire des extrapolations. Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 - 17 (v) Les principales charges mensuelles sont : les loyers (entre 80 et 13 000 UM) ; peu d’impôts sont réglés (entre 2500 et 3500 UM de « services payés » à la police ou comme taxe municipale); chaque boutique emploie entre 3 et 5 personnes. Sur la base des données collectées, nous avons pu estimer les indicateurs comme suit : (Chiffres d’affaires (CA), salaires, impôts, valeurs ajoutées (VA) en milliers d’ouguiyas) Tableau 14 : Indicateurs d’activités informelles Estimation de quelques indicateurs d'activités informelles dans le secteur des télécoms en 2004 (enquête réalisée en Mars 2005) Nom Empl CA Loyers Salaires bre oi Boutiques 319 Réparateurs 97 Etalages Démarcheu rs Total NKTT 69 1 800 1 276 194 1 914 000 34 920 306 240 15 132 0 0 306 240 46 560 Impôt s VA 13 398 2 910 625 878 VA National e 894 111 64 602 92 289 12 420 324 000 17 743 462 857 69 12 420 12 420 0 1 324 000 324 000 0 800 3 2 285 321 689 220 16 339 340 372 308 Total RIM 4 3 264 459 984 600 23 770 771 103 297 Source : nos estimations sur la base des données collectées 1 026 1 467 900 000 1 467 000 En prenant pour hypothèse que Nouakchott représente 70% de l’activité nationale35, les autres indicateurs pourraient être estimés comme suit : 4 770 emplois ; 1,46 milliards de valeur ajoutée ; 984 millions de masse salariale ; 3,26 milliards de chiffre d’affaires mais seulement 23,3 millions d’impôts. Ces chiffres, pour peu qu’ils soient fiables, prouvent des réalités dont on se doutait : l’informel « emploie » beaucoup de personnes (plus de 86% du secteur) ; contribue peu aux recettes fiscales (1,5%) pour une valeur ajoutée estimée à 6% de celle du secteur dans sa globalité même s’il « distribue »plus du quart des salaires comme indiqué par le tableau ci-dessous : Tableau 15 : sectorielle : Estimation de Sect. formel Emploi 743 sect. informel Total 4 770 5 513 informel/total (%) 86,5% CA 24 295 530 3 264 771 27 560 301 11,8% 35 la part du secteur informel dans l’activité Salaires 2 702 000 Impôts 1 538 000 VA 22 901 000 984 600 3 686 600 23 297 1 561 297 1 467 000 24 368 000 26,7% 1,5% 6,0% A l’image de ce qu’on sait de la facturation globale des opérateurs Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 - 18 A noter qu’en matière d’emploi, la population occupée dans l’informel des télécoms semble aussi importante que celle d’un secteur aussi vital que celui des mines (0,6%)36. En matière de productivité : il est indéniable, que même si cela ne peut être quantifié dans le contexte actuel, les NTIC ont des effets positifs sur la productivité des autres secteurs économiques et sociaux. Il s’agit en particulier de ceux où l’intensité des télécommunications est la plus forte : commerce, services financiers, tourisme et industries. Les données disponibles ailleurs, aussi bien aux USA que dans la zone Euro montrent que les gains de productivité sont nettement plus élevés pour les secteurs producteurs et/ou utilisateurs de NTIC que pour les autres. En matière de compétitivité : S’il est aujourd’hui admis que trois facteurs sont déterminants pour le niveau de compétitivité d’une économie, à savoir, l’environnement macro-économique, les institutions publiques et la position technologique, force est de reconnaître que le développement et l’utilisation des NTIC contribue amplement à la transparence et partant à la bonne gouvernance. En effet, les défaillances en la matière, pénalisent la concurrence, alourdissent les charges des entreprises lesquelles les traduisent négativement sur les tarifs, la qualité des services ou la motivation à investir et d’une manière générale affaiblissent la compétitivité internationale de notre économie. Dans le contexte actuel, le faible niveau de concurrence entre les deux opérateurs de télécoms, les tarifs élevés, notamment pour le trafic international et les progrès qui restent à faire en matière de bonne gouvernance ne peuvent que réduire les effets escomptés des perspectives prometteuses de développement des NTIC. Comme nous avons essayé de le montrer plus haut, le bilan macro-économique des réformes semble être positif. Mais leurs effets iront bien au-delà de l’Economique, vers le Culturel, le Civilisationnel et l’adaptation de la société Mauritanienne contemporaine aux délices et contraintes des nouvelles technologies de la communication… Mais, nous allons nous contenter plus modestement, au cours de ce qui va suivre, de tenter d’évaluer, à partir de différents scénarii, d’enquêtes simplifiées et des hypothèses les plus réalistes, quelles sont les perspectives de croissance du secteur et quelles pourraient être ses effets sur les autres déterminants de la croissance économique et donc sur la pauvreté en Mauritanie. II. Evolution prévisionnelle des indicateurs potentiels sur la croissance économique et des effets Il y a lieu de rappeler qu’il n’est pas facile d’avancer des prévisions sur l’évolution de la demande en services de télécommunications. D’ailleurs, toutes les études antérieures se sont plus ou moins trompées, notamment lors de l’introduction de la téléphonie mobile. Non seulement il n’existe pas de données suffisamment fiables et diversifiées mais en 36 Sur la base d’une population occupée de 753 000 individus en 2000 (RGPH) Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 - 19 plus les prévisions sont aussi tributaires des comportements sociaux difficilement « modélisables ». Cela dit, plusieurs variables entrent en ligne de compte pour la prévision de la demande dont entre autres : la population, la disponibilité des réseaux et le niveau des revenus. a) télécoms Scénarii possibles d’évolution de la demande en services de Deux scénarii dont l’un dit optimiste repose sur des hypothèses hautes et l’autre pessimiste, fondée sur des hypothèses basses. Il n’a pas été tenu compte de l’état probable de la population suite aux mouvements migratoires prévisibles dans le contexte de l’exploitation pétrolière. Scénario A : (pessimiste) Les prévisions effectuées en 2000 par le bureau d’études Booze-Allen§ Hamilton (BAH) ont été fondées sur les hypothèses ci-après : (i) moyenne de la facture de téléphone annuelle de 225 dollars US (ii) revenu minimum pour accéder au téléphone de 4 500 dollars US (iii) Seuls 5% du revenu du ménage sont disponibles pour le téléphone BAH n’a pas tenu compte du fait qu’une partie des abonnés au mobile, pour réduire les coûts, souscrivent deux abonnements (un chez chacun des deux opérateurs) expliquant ainsi le caractère « inactif » de certains abonnements37. Il est à noter que les prévisions de BAH n’ont pas suffisamment tenu compte de la substitution entre le fixe et le mobile. Nous les avons résumées et reproduites ici à titre d’illustration pour montrer toute la difficulté de faire des prévisions dans ce domaine38. Mais eu égard aux chiffres déclarés et déjà connus, nos estimations reproduites cidessous pour les prochaines années se situent vraisemblablement à un niveau minimal, traduisant une vision pessimiste. Ils se fondent en effet sur une progression de 10% par an, portant la télé densité à 29% à la fin de la décennie. Cette hypothèse est d’autant plus réaliste que déjà en 2004, la télé densité pour le téléphone mobile a atteint plus de 39% en Afrique du sud, 27% au Maroc et plus de 20% en Tunisie. Tableau 16 : Evolution prévisionnelle de la télé densité Année 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 201 Fixe (prév. BAH) Mobile (prév. BAH) Cabines pub. (BAH) LS (BAH) Internet (prév. BAH) Total prévisions B.A.H 75 700 35 700 1 198 121 1 019 113 738 78 800 48 700 Nd 127 Nd Nd 82 700 74 800 Nd 134 Nd Nd 87 200 79 900 2 444 140 1 704 171 388 92 300 84 800 Nd 147 Nd Nd 97 100 90 000 Nd 155 Nd Nd 101 900 95 500 Nd Nd Nd Nd 106 101 3 53 Nd 3 30 Nd 37 Les services de l’ONS les estiment à 25% de l’ensemble des abonnements D’autres méthodes de prévisions fondées sur des régressions linéaires ont également été utilisées 38 Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 - 20 Réalisations effectives 389 132 551 530 Nos prévisions Télé densité 14,14% 19,5% 606 683 667 351 734 086 807 495 888 245 977 21% 22% 24% 26% 27% 29% Scénario B (optimiste) Ce scénario est basé sur les évolutions probables en matière de population, de PIB, de revenus des ménages et des expériences de pénétration téléphonique (télé densité) dans d’autres pays. Les projections de population utilisées sont celles de l’ONS. Il a été tenu compte des effets de l’exploitation pétrolière sur l’évolution de la PIB. En effet, selon toute vraisemblance, l’économie nationale connaîtra des taux de croissance élevés à partir de l’année 2005. Les spécialistes, le FMI (Fonds Monétaire International) en particulier, pronostiquent une croissance économique de 9% en 2006 et plus de 10% à partir de 2007. Nous avons retenu cette hypothèse optimiste. Compte tenu du fait qu’entre 1995 et 2003, le taux moyen de pénétration du téléphone mobile en Europe a évolué de 5% à 80% avec un taux de croissance moyen annuel de 42%, nous avons alors posé comme hypothèse que la télé densité pourra, dans le contexte décrit plus haut, atteindre 45% en 2010, soit un plus de la moitié de ce qu’elle a été en Europe en 2003. Sur ces bases, nous avons établi les prévisions de la télé densité pour les cinq prochaines années, conformément aux indications du tableau ci-dessous : Tableau 17 : Evolution prévisionnelle de la télé densité Population Parc total Télé Densité Taux de croissance b) 2 003 2 742 030 389 132 14,14% 2004 2 823 062 551 530 19,5% 2005 2 905 727 2 006 2 989 807 2 007 3 075 267 2 008 3 162 338 2 009 3 250 768 2 010 3 340 62 581 145 747 452 922 580 1 106 818 1 300 307 1 503 28 20% 25% 30% 35% 40% 45% 40% 42% 5% 29% 23% 20% 17% 16% Prévision des principaux indicateurs de croissance Les prévisions de l’ONS pour les secteurs (transports, télécommunications, commerce restaurants hôtels et les autres services privés) dépendent des évolutions de la production agrégée des secteurs dits « moteurs » dans le MEMAU39. Les élasticités pour ces sous secteurs par rapport à la croissance des secteurs moteurs « constituent un ensemble de paramètres de contrôle de l’intensité supposée des effets d’entraînement » selon les indications de l’ONS. Pour les transports et télécommunications, il a été retenu une valeur de 0,6 pour l’élasticité. Ce qui a donné une projection de croissance réelle de +3,8% pour 2005. Ce qui est un niveau raisonnable si l’on veut tenir compte de l’impact possible de la hausse des prix pétroliers, du tassement probable du « boom des télécommunications » et de la forte volatilité du secteur au cours des trois dernières années (29,5%, 4,8% et 6,9% respectivement en 2002, 2003 et 2004). Pour les années à venir, notre raisonnement tient compte des éléments d’appréciation cidessous : 39 Modèle Econométrique de Mauritanie Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 - 21 (i) le niveau actuel de contribution du secteur de la communication à la formation de la richesse nationale est assez élevé (6,4%) par rapport aux réalités observées ailleurs : 2,2% du PNB Français en 1998. Mais il est vrai que les secteurs producteurs ou utilisateurs de NTIC ont contribué aux USA et dans la zone Euro pour respectivement 38,6% et 33,1% dans la formation du PIB en 2001. A eux seuls, les TIC40 avaient participé pour 7 et 5,5% ; (ii) Les projections démographiques n’ont pas suffisamment tenu compte des flux migratoires dont le solde sera largement positif à cause, entre autres de l’exploitation pétrolière ; (iii) Il est vraisemblable que la contribution relative des sous secteurs producteurs de TIC va peu évoluer par rapport à son niveau actuel dans chacune des hypothèses retenues plus haut. Cela résultera de la forte croissance prévue des autres activités (pétrole). Mais les secteurs utilisateurs amélioreront probablement leurs performances ; (iv) Les prévisions de croissance économique ont été établies sur la base d’un taux de 5,8% en 2005, 9% en 2006 et 10% pour les autres années. (v) Un taux d’inflation annuel de 10% est considéré comme raisonnable. L’ONS a évalué la production du secteur des télécoms en 2004 à 22 902 Millions UM, soit une moyenne de l’ordre de 41 524 UM de valeur ajoutée par ligne. Sur cette base, l’évolution probable des indicateurs sectoriels pourrait être comme récapitulée ci-dessous suivant les deux scénarii retenus : Tableau 18 : Evolution prévisionnelle de quelques indicateurs Scénario A Parc téléphonique 2 004 551 530 Valeur ajoutée/ligne (UM) Valeur ajoutée télécoms (millions UM) PIB pm. Mauritanie (millions UM) 41 524 VA télécoms/PIB (%) Scénario B Parc téléphonique 6,41% Valeur ajoutée/ligne (UM) Valeur ajoutée télécoms (millions UM) PIB pm. Mauritanie (millions UM) 41 524 40 22 901 2 005 606 683 45 676 27 711 357 384 2 004 551 530 22 902 413 851 6,70% 2 005 581 145 45 676 26 545 357 384 413 2 006 667 351 2 008 807 495 60 795 2 009 888 245 2 010 977 069 50 244 2 007 734 086 55 268 66 875 73 562 33 530 40 572 49 092 59 401 71 875 492 482 590 979 709 175 851 009 1 021 211 6,81% 6,87% 6,92% 6,98% 7,04% 2 006 747 452 50 244 2 007 922 580 55 268 2 008 1 106 818 60 795 2 009 1 300 307 66 875 2 010 1 503 282 73 562 37 555 50 990 67 289 86 958 110 585 492 482 590 979 709 175 851 009 1 021 211 Technologies de la Communication et de l’Information Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 - 22 851 VA (%) télécoms/PIB 6,41% 6,41% 7,63% 8,63% 9,49% 10,22% 10,83% Les prévisions pour les indicateurs sur l’emploi formel, la fiscalité et les investissements ont été établis sur la base de projections fondées sur les hypothèses suivantes : un investissement annuel de 53 787 UM par abonnement additionnel au téléphone cellulaire et de 388 000 UM au téléphone fixe. Nos calculs ont été fondés sur les rapports GLN sur l’élaboration d’une politique tarifaire (ARE, Juillet 2000) et « l’Etude de l’introduction du service de la téléphonie mobile en Mauritanie » (France télécoms et SOFRECOM). La part du parc d’abonnés au téléphone fixe est de 10% et le restera au cours de période ; Le taux moyen de change de l’ouguiya par rapport au dollar est de 350 au cours de la période41 ; L’évolution de la fiscalité et des emplois a été considérée comme proportionnelle à celle du parc d’abonnés. Les tableaux ci-dessous donnent une idée des évolutions possibles des indicateurs : Tableau 19 : Scénario A Evolution possible des indicateurs de croissance Scénario A Parc d'abonnés Accroissement annuel Nombre d’employés Fiscalité (en millions UM) : Investissements millions UM) : 2 004 2 005 2 006 2 007 2 008 2 009 2 010 551 530 162 3 98 743 1 838 606 683 55 153 817 2 022 667 351 60 668 899 2 224 734 086 66 735 989 2 446 807 495 73 409 1 088 2 691 888 245 80 750 1 197 2 960 977 069 88 824 4 810 5 291 5 820 6 402 7 042 7 746 1 316 3 256 Tableau 20 : Scénario B Evolution possible des indicateurs de croissance Scénario B Parc d'abonnés Accroissement annuel Nombre d’employés Fiscalité (en millions 2 004 551 530 162 3 98 743 1 838 2 005 581 145 29 615 783 1 937 2 006 747 452 166 307 1 007 2 491 2 007 922 580 175 128 1 243 3 075 2 008 1 106 818 184 238 1 491 3 689 2 009 1 300 307 193 489 1 752 4 333 41 2 010 1 503 282 202 975 2 025 5 010 Ce taux peut paraître exagérément surestimé mais il est fondé sur les tendances passées projetées sur une moyenne des 5 prochaines années. Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 - 23 UM) : Investissements : 2 583 14 503 15 273 16 067 16 874 17 701 Dans les deux scénarii, il semble probable que la croissance soit encore possible. Mais peut- être à un rythme moins soutenu que par le passé. Le secteur informel renferme encore un potentiel important qu’il est possible d’exploiter pour améliorer le niveau d’emplois permanents et de contribution au budget de l’Etat. Les prévisions établies ci-dessous sont basées sur des activités directement proportionnelles à l’évolution du parc d’abonnés : Tableau 21 : prévisions des indicateurs de croissance sectorielle Scénario A 2 004 2 005 2 006 2 007 2 008 2 009 Parc d’abonnés Emploi CA en milliers UM Masse salariale (1000 UM) Impôts (en 1000 UM) Valeur ajoutée (1000 UM) 551 530 2 863 4 090 5 843 23 297 1 467 000 606 683 3 149 4 499 6 427 25 627 1 613 700 667 351 3 464 4 949 7 070 28 189 1 775 069 734 086 3 810 5 444 7 776 31 008 1 952 576 807 495 4 192 5 988 8 554 34 109 2 147 835 888 245 4 611 6 587 9 410 37 520 2 362 619 Scénario B 2 004 2 005 2 006 2 007 2 008 2 009 Parc d'abonnés Emploi CA en milliers UM Masse salariale (1000 UM) Impôts (1000 UM) Valeur ajoutée (1000 UM) 551 530 2 863 4 090 5 843 23 297 1 467 000 581 145 3 017 4 309 6 156 24 548 1 545 772 747 452 3 880 5 543 7 918 31 573 1 988 128 922 580 4 789 6 841 9 773 38 970 2 453 946 1 106 818 5 745 8 207 11 725 46 753 2 943 996 1 300 307 6 750 9 642 13 775 54 926 3 458 652 c) Les politiques possibles en vue d’accélérer la croissance Les données disponibles et qui ont été analysées plus haut permettent d’identifier les faiblesses actuelles en matière d’accès du plus grand nombre de Mauritaniens aux NTIC. Aussi, sans revenir sur les contraintes structurelles dont entre autres, l’analphabétisme, l’étroitesse du marché, la faiblesse du pouvoir d’achat et dont les solutions engagent tout le processus de développement, il nous semble que des efforts méritent d’être entrepris dans les directions suivantes : (i) En matière de cadre réglementaire : il est nécessaire d’adapter la réglementation aux évolutions récentes du secteur et dans la double perspective d’améliorer la qualité et l’efficacité du système de régulation (instauration de pénalités plus dissuasives, stimulation de la concurrence, suppression des monopoles de fait en comblant les vides juridiques, ouverture de nouveaux segments de haute technologie). Il est en particulier urgent de disposer de bases de données plus complètes et constamment mises à jour sur les coûts des services, les tarifs, la structure de la clientèle, la part des coûts des communications dans les budgets des entreprises, la consommation des ménages et les comptes audités des opérateurs. (ii) En matière de téléphonie : Visiblement, comme cela a été constaté ailleurs, le téléphone mobile, pour des raisons évidentes a largement supplanté la téléphonie fixe (près de 10 fois plus de mobiles que de fixes en 2003). Cela résulte Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 - 24 probablement en partie de la faiblesse des réseaux de téléphonie fixe, notamment à l’intérieur du pays et dans les zones rurales. Pour une plus grande pénétration et une plus grande appropriation des NTIC, il sera nécessaire de poursuivre les progrès en matière de couverture en électricité du territoire national et d’étendre les réseaux de téléphonie fixe. Cela permettra aussi de réduire les coûts moyens et les tarifs. L’Autorité de régulation devra renforcer son arsenal répressif pour combattre plus efficacement les manquements des opérateurs par rapport à la qualité des services et au respect des cahiers des charges. Des études doivent être périodiquement menées pour évaluer les performances du secteur, le niveau réel de la concurrence, des tarifs et des coûts. Et pourquoi pas ? envisager si nécessaire l’octroi d’une troisième licence GSM et une deuxième licence de téléphonie fixe ou en tout cas, lever les obstacles à l’accès aux technologies alternatives. Les indications préliminaires disponibles montrent que les tarifs Mauritaniens sont parmi les plus élevés de la région, du moins pour les appels locaux42 et internationaux. Pour ces derniers, les tarifs sont en moyenne trois à quatre fois plus élevés que les coûts moyens. En revanche, et pour assurer la pérennité des services, il est souhaitable que les intermédiaires financiers et la BCM assurent de manière convenable les transferts légaux de devises nécessaires à l’investissement et à la rémunération des capitaux. Même s’il y a lieu d’être vigilent dans la mesure où les expériences vécues ailleurs montrent que le recours à la surfacturation des charges est fréquent pour limiter les bénéfices imposables. (iii) En matière d’accès à l’Internet : La situation décrite plus haut a des conséquences négatives sur le niveau d’accès à l’Internet et aux autres technologies. En effet, la pénurie des ordinateurs43, en dépit des mesures gouvernementales citées plus haut, demeure une contrainte majeure qui se dresse devant un accès de masse à l’Internet. Il faut y ajouter l’absence de formation ou d’initiation dans le cadre scolaire à côté des problèmes linguistiques et d’alphabétisation. Une politique d’enseignement de l’informatique et d’utilisation de l’Internet à tous les niveaux de l’enseignement pourra améliorer considérablement la situation actuelle au niveau des agglomérations qui ont résolu le problème de l’électricité. Certes, les efforts déjà entrepris dans le cadre de la modernisation de l’administration ont permis une première vulgarisation mais les efforts doivent être soutenus par un suivi approprié et une évaluation systématique au niveau de chaque administration. Des primes pourront être accordées au personnel ayant obtenu des qualifications en matière de maîtrise des NTIC. Par ailleurs, les contraintes techniques doivent être levées. Il s’agit de renforcer la bande passante, d’augmenter le nombre d’adresses IP, d’améliorer la fiabilité du réseau, donner libre accès des FAI directement au réseau principal de l’Internet. En outre, il y a lieu d’entreprendre les actions appropriées pour développer la monétique et les possibilités d’échanges sécurisés en ligne sur les serveurs disponibles et d’introduire les possibilités de signatures numériques. Les tarifs d’accès et de connexion pourront évoluer vers la baisse si les conditions d’une concurrence plus vive sont créées et surveillées grâce à la vigilance de l’autorité de régulation. Enfin, il est nécessaire de rendre les contenus de l’espace Internet accessibles aux arabophones qui constituent la majorité des personnes alphabétisées en Mauritanie. 42 Notamment quand il s’agit d’un appel à partir d’un opérateur vers un autre. Cela est probablement lié à des coûts d’interconnexion élevés. Ce qui « fait les affaires » des opérateurs mais pas des usagers. 43 On estime à moins de 5, le nombre d’ordinateurs pour 100 agents public d’après les services du Secrétariat d’Etat aux nouvelles technologies. Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 - 25 - III. Conclusions Sur la base des données ci-dessus, nous pouvons résumer l’évaluation de la situation du secteur et les perspectives de croissance comme suit : a) Evaluation de la situation : Le tableau ci-dessous résume les données disponibles ou estimées sur le secteur. Tableau 22 : Synthèse de l’évaluation des principaux indicateurs sectoriels Estimation de quelques indicateurs d'activités dans le secteur des télécoms en 2004 CA (2003), masse salariale estimée, impôts et VA en milliers d'ouguiyas Emplois Chiffre d’Affaire Masse salariale Impôts 44 Secteur formel 743 24 295 530 2 702 497 1 538 000 Valeur ajoutée 22 901 000 Secteur informel45 Total 1 467 000 24 368 000 • 4 770 5 513 3 264 771 27 560 301 984 600 3 687 097 23 297 1 561 297 Points forts : (i) La restructuration sectorielle a permis la réalisation des investissements nécessaires pour la disponibilité des services sans endettement direct de l’Etat et dans le respect des engagements pris envers les principaux bailleurs de fonds de l’époque. Le pays a, en outre, réalisé d’importantes recettes en devises à l’occasion de la vente des licences de téléphonie cellulaire ainsi que la valeur des 54% du capital de MAURITEL. Soit au total 104 millions de dollars. (ii) Les missions de production des services, de réglementation, de régulation et d’accès universel sont désormais séparées et les rôles confiés à des entités distinctes. 44 45 Sur la base de données officielles ou communiquées par les opérateurs Nos estimations à partir d’une enquête réalisée à Nouakchott en Mars 2005 Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 - 26 Même si le choix de la création d’une Agence chargée de l’accès universel plutôt qu’un autre devra se justifier par des actions concrètes à réaliser dans la transparence et la responsabilisation des bénéficiaires. Des expériences réussies à travers le monde existent. On pourrait s’en inspirer utilement. (iii) Il n’y a plus de demande en services de téléphonie fixe ou mobile non satisfaite, du moins dans la plupart des grandes agglomérations du pays. Ce qui constitue, en soi, un progrès indéniable par rapport à la situation en 1999, décrite plus haut. (iv) Certains tarifs ont connu des baisses d’autant plus appréciables qu’elles le sont en termes absolus. Il en est ainsi des frais de raccordement et d’abonnement aux réseaux, des tarifs des communications locales fixes et interurbaines. (v) Bien que difficile à quantifier, la productivité s’est améliorée aussi bien dans le secteur que dans ceux qui utilisent intensivement les services de télécoms. (vi) L’informel a connu une « explosion » qui s’est traduit par des emplois nouveaux estimés 6 fois plus nombreux que ceux qui existaient avant la libéralisation du secteur. Cela a probablement contribué au recul de la pauvreté. (vii) L’apport à la création de la richesse nationale est passé de 2,5% du PIB en 1999 à 6,4% en 2004. Mais l’évolution sera probablement moins rapide au cours des prochaines années : entre 1% et 3% suivant les hypothèses retenues. • Points faibles : L’environnement institutionnel semble « lourd » et il n’est pas exclu que des responsabilités se chevauchent, notamment entre le MINPT, le SENT et l’Autorité de régulation. Une clarification plus précise des missions des uns et des autres ne serait pas inutile. Il résulte de cette situation une sur représentation du pays à des colloques, ateliers ou réunions à la fois coûteuse et défavorable à son image de marque. Par ailleurs, la privatisation a été en fait « incomplète » dans la mesure où les partenaires stratégiques « choisis » ne sont certes pas des entreprises publiques nationales mais des « joints ventures » entre des privés nationaux46 et un opérateur public étranger47, même s’il faut relativiser du fait de l’entrée majoritaire de VIVENDI dans le capital du partenaire public Marocain. Par ailleurs, la libération n’a pas jusqu’ici, comme cela avait été préconisé, permis l’émergence d’un actionnariat populaire pour des raisons qu’il n’est pas nécessaire de développer ici. Quelle part cette situation a-t-elle eu dans la marge de manœuvre de l’Autorité de régulation pour faire appliquer avec rigueur le contenu des cahiers des charges? Toujours est-il qu’on peut s’interroger sur les questions ci-après : (i) L’incidence de la réforme a été faible en matière d’emploi formel : 76 directement crées en 5 ans. (ii) Bien que les recettes fiscales se soient améliorées en termes nominaux, cette amélioration n’a pas été proportionnelle au « boom » décrit plus haut aussi bien dans l’informel qu’au niveau des opérateurs « structurés » ; (iii) Les investissements tout comme les paiements effectués au titre des licences de téléphonie mobile ont, pour l’essentiel, été réglés à partir d’emprunts extérieurs. Leur remboursement et celui d’autres charges (salaires des expatriés) impliquent des sorties régulières et massives de devises dont les effets sur les cours de changes ne sont pas à sous estimer ; 46 17% du capital de MAURITEL auraient été cédés au groupe privé Mauritanien NOUEGUED par les partenaires Marocains. 47 MATTEL associe l’opérateur public Tunisien TUNISIE TELECOM à des privés nationaux. Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 - 27 (iv) Les tarifs des communications internationales sont restés élevés par rapport aux coûts alors qu’ailleurs, la tendance est à la baisse. Ce qui se traduit par un alourdissement des charges des entreprises et du budget de l’état48 et donc des faiblesses en matière de compétitivité de l’économie nationale par rapport à ses concurrents étrangers. Cela reflète aussi une faible concurrence entre les deux opérateurs ; (v) La qualité des services laisse parfois à désirer ; ce qui suppose des saturations de réseaux probablement liées à un sous investissement, un mauvais entretien ou à une faible optimisation des installations ; (vi) La progression du parc des abonnés et des chiffres d’affaires des opérateurs estelle le résultat d’une expansion des revenus des ménages, d’un arbitrage défavorable aux autres postes de dépense ou bien explique t-elle des gains de productivité dans les secteurs utilisateurs qui économisent ainsi sur les rubriques de transport et déplacement ? Autant de questions qui méritent d’être étudiées ultérieurement. (vii) Il faut enfin noter, même si cela est paradoxal, qu’un retard est pris en matière d’accès à l’Internet et aux applications des NTIC : coûts encore élevés, débit encore faible notamment pour les lignes RTC, accès limité, entre autres. b) Perspectives de croissance Les perspectives de croissance économique pour les prochaines années sont considérées comme bonnes par tous les spécialistes, à cause principalement de l’exploitation prochaine des hydrocarbures. Mais, l’examen des tendances en matière d’évolution des chiffres d’affaires par ligne, des coûts et des perspectives démographiques prévisibles permet de « pronostiquer » une progression modérée voire un tassement des indicateurs de croissance sectorielle. Les investissements les plus lourds sont déjà mis en place. Seule l’extension des réseaux pourrait être réalisée si la demande solvable le justifierait. Sur la base des hypothèses formulées plus haut, la contribution du secteur au PIB pourrait augmenter de 1 à 3%au cours des 5 prochaines années. Les effets sur l’emploi formel seront probablement limités, à moins qu’il y ait de profondes modifications dans l’environnement des affaires49. En revanche, il est possible que les résultats financiers des opérateurs s’amélioreront et avec eux l’apport fiscal. Mais les sorties de devises continueront à peser sur la balance des paiements dans la mesure où les remboursements des dettes extérieures des opérateurs et leurs besoins divers, notamment en matière d’extension des réseaux, seront difficilement compensés par les recettes encaissées au titre des cotes parts internationales auxquelles nous n’avons pas eu accès. Les mesures détaillées plus haut peuvent permettre de consolider voire d’accélérer la croissance du secteur à partir, notamment du développement de l’Internet et des NTIC. Dans cette perspective, des emplois nouveaux et créateurs de valeur ajoutée pourront voir le jour avec des effets induits sur le reste de l’économie nationale. Sur la base des hypothèses formulées plus haut, les évolutions à la fin de la décennie pourraient être comme décrites par les deux tableaux ci-dessous : 48 En 1998, le montant des inscriptions budgétaires pour couvrir les charges de télécoms était de 452 842 000 contre 779 730 230 UM en 2005. Il ne s’agit en fait que d’une partie des charges, d’autres étant inscrites ailleurs (Etablissements, budget d’investissement et des projets). Mais dans l’ensemble il ne s’agit pas d’un poste significativement important (moins de 1% du budget de fonctionnement de l’Etat). 49 Respect plus prononcé de la réglementation et rétrécissement de la part de l’informel Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 - 28 - Tableau 23 : Scénario A, prévisions de quelques indicateurs en 2010 Estimation de quelques indicateurs d'activités dans le secteur des télécoms en 2010 salaires, impôts, investissements et VA en millions d'ouguiyas courants Rubrique : Emplois Investissements Masse salariale Impôts Secteur formel 1 316 7 746 4 787 3 256 Valeur ajoutée 71 875 Secteur informel Total 2 598 74 473 5 072 6 388 0 7 746 10 4 797 41 3 296 Tableau 24 : Scénario B, prévisions de quelques indicateurs en 2010 Estimation de quelques indicateurs d'activités dans le secteur des télécoms en 2010 salaires, impôts, investissements et VA en millions d'ouguiyas courants Emplois Investissements Masse salariale Impôts Secteur formel 2 025 1 7 701 7 366 5 010 Secteur informel 7 803 0 16 63 Total 9 828 1 7 701 7 382 5 073 Mauritanie : Télécoms et croissance économique par Isselmou ould Mohamed, Mai 2005 Valeur ajoutée 110 585 3 998 114 583