Newsletter N°15 - Fibromes Info France
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Newsletter N°15 - Fibromes Info France
Newsletter 15/- Avril 2013 Notre Actualité Un nouveau médicament vient de faire son entrée sur le marché européen: l'Esmya! Ce médicament au mode d'action anti hormonal, composé des molécules Ulipristal et SPRM (selective progesterone receptor modulator)*, s'ajoute aux médicaments déjà sur le marché et bien connus des femmes qui souffrent de fibromes. Parmi les symptômes les plus handicapants de notre maladie, les ménorragies, les métrorragies et les ménométrorragies, sont le lot de bon nombre d'entre nous. Les carences en fer et anémies plus ou moins sévères générées par nos saignements hors période menstruelle, engendrent à leur tour nombre de symptômes. Si la fatigue, les vertiges, les étourdissements, les syncopes et autres malaises, sont des signes familiers des femmes atteintes de fibromes et en lien direct avec nos carences en fer et notre faible taux d'hémoglobine, il en existe d'autres beaucoup moins connus et de prime abord sans lien direct avec le fibrome: la tachycardie et l'ostéoporose, pour ne citer que ceux-là! * Modulateur de récepteur à la progestérone De nombreuses femmes ayant constaté la relative efficacité des traitements médicamenteux prescrits pour endiguer les saignements intempestifs occasionnés par les fibromes, il nous apparaît aujourd'hui utile de faire un état des lieux de la panoplie de médicaments destinés aux femmes sujettes à ménorragies, métrorragies ou ménométrorragies. Même si l'Esmya n'est pas encore commercialisé en France, nous saluons son arrivée sur le marché européen, notamment pour sa capacité à diminuer les saignements et les trois mois de répit supplémentaires que ce nouveau médicament serait en mesure de procurer aux patientes, pour trois mois de traitement. L'association Fibrome Info France restera néanmoins vigilante sur la balance bénéfices-risques de ce médicament, pour les patientes. Angèle MBARGA Présidente de Fibrome Info France Focus sur les traitements médicamenteux du fibrome! En préambule, il est important de rappeler que les traitements médicamenteux du fibrome permettent de traiter les symptômes: saignements et pesanteur pelvienne entres autres, et ne peuvent en aucun cas faire disparaître les fibromes. Ces traitements sont classés en deux grandes famille : les hormonaux et les anti-hormonaux, respectivement prescrits pour arrêter les saignements et corriger une anémie pour les uns, et en prévision d’une opération pour les autres. Les progestatifs : Lutéran®, Lutényl®, Surgestone®, sont des traitements hormonaux, composés de molécules de synthèse dérivées de la progestérone, l’hormone secrétée par les ovaires. On a cru pendant longtemps que les progestatifs équilibraient l’action des œstrogènes mais on sait aujourd’hui qu’ils ont une action contraire. Outre le fait qu'ils ont pour effets indésirables des saignements intempestifs très gênants pour la vie sociale et la vie de couple, ils participent à la croissance des fibromes; ce qui pose un problème pour les progestatifs prescrits aux femmes atteintes de fibromes. Cette mise en garde figure dans les Recommandations pour la Prise en Charge du Fibrome actualisées en 2011 par le Collège National des Gynécologues Obstétriciens (CNGOF). • Les anti-fibrinolytiques sont prescrits lors de saignements abondants, ils permettent de diminuer le flux des saignements. Le médicament type est l’Exacyl®. Les traitements anti hormonaux ou agonistes de la GnRH*: Enantone®, Décapeptyl®, Gosereline®, Gonapeptyl® Prescrits généralement en prévision d’une opération, pour une durée de 3 mois, renouvelables, et administrés par injection intramusculaire, ils entraînent l’arrêt des règles pendant toute la durée du traitement, ainsi qu’une diminution de la taille de l’utérus et des fibromes. Ces traitements ont l’avantage d’augmenter le taux d’hémoglobine et réduire les pertes sanguines peropératoires. Bien que soulagées par ces traitements, les femmes sont cependant sujettes à des effets secondaires difficiles à supporter: bouffées de chaleur, céphalées, irritabilité, prise de poids, sécheresse cutanée et vaginale, fatigue ! La ménopause artificielle induite, est à la fois une période de répit et une période difficile à vivre car nombreuses d’entre nous, associent notre féminité aux menstruations. Le plus souvent les fibromes reprennent leur croissance après l’arrêt de ces traitements, au grand dam des patientes. *Gonadotrophin Releasing Hormone Esmya® Nouveau venu sur le marché, appartient à la famille des modulateurs des récepteurs de la progestérone ; il empêche la progestérone d’agir en se fixant sur ses récepteurs. La prise de ce médicament s’effectue quotidiennement par voie orale ; ce qui peut être un avantage pour les patientes, comparé aux traitements anti hormonaux qui s’administrent par injection et provoquent une légère fièvre et des douleurs pendant plusieurs jours au niveau du point d’injection. L’Agence Européenne du Médicament a délivré une autorisation de mise sur le marché de l’Esmya le 23 août 2012, dans le traitement préopératoire des symptômes modérés à sévères des fibromes utérins. En France, la Commission de Transparence de la Haute Autorité de Santé évalue le service médical rendu (SMR) de l’Esmya « important ». A noter que le service médical rendu correspond à son intérêt en fonction notamment de ses performances cliniques et de la gravité de la maladie traitée. En revanche, en termes de tolérance, à en croire la note attribuée par la Commission de Transparence, l’Esmya® apporte une amélioration du service médical rendu « mineure » (ASMR IV) par rapport à l’Enantone®. En effet l’étude comparant l’Esmya® à l’Enantone® a démontré que les effets indésirables les plus fréquents : bouffées de chaleur, céphalées et douleurs abdominales, étaient les mêmes pour les deux traitements ; toutefois le pourcentage de patientes concernées est moins élevé pour l’Esmya®. L’amélioration du service médical rendu correspond au progrès thérapeutique apporté par un médicament par rapport aux traitements existants. La Commission de Transparence de la Haute Autorité de Santé évalue le niveau d'amélioration du service médical rendu, de I à V : I correspondant à un apport majeur, IV à un apport mineur et V à l'« absence de progrès thérapeutique » autrement dit, l'absence d'apport nouveau. En somme, les traitements médicamenteux du fibrome utérin sont des moments de trêve, de répit pour les patientes, car le plus souvent, après l’arrêt de ces traitements, les fibromes reprennent leur croissance et les symptômes, leurs nuisances. Nous espérons un traitement curatif, au moins pour les générations futures. Rébecca Lefébure Membre de FIF Témoignage de patiente Mon fibrome mesurait 8 cm. Il a été découvert en 2000 lors de la première échographie effectuée à mon troisième mois de grossesse, j’avais 34 ans. Ma grossesse a été merveilleuse : sans saignement, sans douleur ni arrêt maladie. J'ai accouché par césarienne parce que mon col ne se dilatait pas ; j’étais déçue car j'avais tout prévu pour accoucher à la maison avec ma sage-femme. De 2007 à 2012, ma gynécologue a suivi l'évolution de mon fibrome, elle me faisait une échographie tous les ans et m'envoyait tous les deux ans faire une échographie pelvienne dans un centre de radiologie-échographie. En dehors de la durée de mes règles qui s’allongeait un peu plus au fil des années et de mes envies d’uriner qui se faisaient plus fréquentes, je n’avais pas d’autres symptômes. Mon fibrome a réellement commencé à être gênant en 2012. Lors de ma dernière visite médicale au mois d’avril, je sentais que mon ventre était un peu gros, avec parfois des parties dures au toucher, mais ma gynécologue n'y a pas prêté attention. En juin, alors que je devais me faire opérer du genou après une chute au ski quelques mois auparavant, mon anémie a été découverte par les anesthésistes. En août, la durée de mes règles s'est allongée d'un ou deux jours avec un flux gênant pour mes activités extérieures. En septembre les pertes de sang se sont accélérées avec en prime des caillots gros comme des noisettes; et duraient une semaine, puis trois, tous les vingt-cinq jours: 5 jours de répit ! C’était infernal et inquiétant. Ma gynécologue n’arrivant pas à retirer mon stérilet, j’ai été orientée vers une clinique où, sous anesthésie générale mon stérilet a été ôté en septembre 2012. C’est à ce moment que j’ai été avertie que mon myome était anormalement gros et que j’allais avoir des problèmes. J’étais fortement anémiée, extrêmement fatiguée, et ce malgré la prise journalière d'un comprimé de Tardyferon depuis le mois de juin. En outre, j’avais une plus forte sensibilité au froid et des essoufflements en sport que je mettais sur le compte de la quarantaine. Mais surtout une tendinite invalidante à l'épaule me faisait souffrir. Ma gynécologue, mon médecin traitant et mon chirurgien m'ont dit que mon fibrome ne régresserait pas et qu'au contraire je risquais de gros ennuis : peut-être pensaient-ils à la nécrose du fibrome qui s'est avérée une fois le fibrome ôté. La nécrose d'un fibrome peut entraîner une septicémie. La seule solution qu’ils préconisaient pour moi, du fait de la localisation de mon fibrome interstitiel et l’absence de désir d'enfant, était l'hystérectomie. Une hystérectomie totale : c’est-à-dire ablation de l’utérus avec son col pour éviter un éventuel cancer, a donc été pratiquée en octobre 2012 dans une clinique de Toulouse. Mon utérus hypertrophié pesait 440 g sans signe cancéreux. Mes ovaires ont été conservés (tenus par les vaisseaux sanguins) pour que le cycle hormonal suive son évolution naturelle. La position de ma gynécologue et du médecin du centre de radiologie était que tant qu'il n'y a pas de symptôme, on surveille mais on laisse faire la nature car les fibromes régressent à la ménopause. Sauf que dans mon cas, mon anémie a été détectée par hasard. Mon anémie était due au fibrome qui entraînait des pertes de sang supplémentaires et donc de fer, que mon alimentation (assez végétarienne certes avant que l’on découvre mon anémie) ne supplantait pas. Je mettais tous les symptômes liés à l’anémie: fatigue, froid, essoufflement, mémoire régressant, sur le dos de la « vieillesse »; car ces symptômes arrivent insidieusement sur plusieurs mois, voire années. Il a fallu que j'insiste auprès de mon médecin pour que le rapprochement entre l'anémie découverte lors de mon opération du genou, le ligament rompu de mon genou et la tendinite à l’épaule soit fait ! Beaucoup de personnes se rompent les ligaments du genou et se font des tendinites sans pour autant être anémiées. Mon médecin mettait ces problèmes sur le compte du sport que je pratique : gymnastique artistique où l'on force beaucoup sur les bras pour la tendinite, surtout que je ne faisais plus que des barres asymétriques à cause de mon genou qui me faisait mal. Il avait en partie raison mais, connaissant mon corps et les efforts que je faisais, je n'étais pas satisfaite de cette réponse. Une simple prise de sang pour le fer, de la part de ma gynécologue m'aurait peut-être évité mes problèmes aux articulations ! Le suivi par échographie ne suffit pas. Une anesthésiste m'a expliqué que le manque de fer et donc l’anémie, diminue le volume de sang dans le corps. Les articulations et tendons, déjà plus difficilement vascularisés que le reste du corps, le sont encore moins (comme quand on ne boit pas assez, mais ce n'était pas mon cas). Voilà, à 45 ans, je revis après la difficile année 2012. L’intervention par voie basse, courante mais non bénigne a été une réussite. Du repos pendant le mois qui a suivi, beaucoup de marche à pied seulement pour ne pas rompre la cicatrice au niveau du vagin, la reprise progressive du sport le second mois, 1 km à la piscine toutes les semaines et trois mois après, j’ai repris la gymnastique artistique pour mon plus grand plaisir. Ma libido est normale et inchangée, tout comme les rapports sexuels. Je n’ai plus de règles et aucun signe de ménopause; logique puisqu’on m’a laissé les ovaires. Je n’ai aucun problème psychologique. L’utérus ne sert qu’à porter le bébé et j’en ai un beau, âgé de 11 ans maintenant. Mireille Membre de FIF Notre utérus est précieux Nous souhaitons le préserver Développons la prévention