Radios clandestines

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Radios clandestines
Je ne suis pas historien mais je m’intéresse à l’histoire de la seconde guerre
mondiale. Etant né quelques mois après l’armistice de 1945 j’ai été confronté
pendant toute mon enfance à ce passé récent, époque où l’on pouvait fréquenter
dans l’environnement familial des personnes qui avaient vécu le conflit dans la
lutte armée mais aussi en éprouvant des souffrances quasi inhumaines, Résistants
et anciens Déportés.
C’est chez mon grand-père que j’ai rencontré un dépanneur de radios qui avait
bien connu la clandestinité. Ce qu’il faisait avec le poste familial m’effrayait et me
fascinait à la fois, violentes étincelles ou hurlements du haut-parleur. J’avais
trouvé ma vocation !
Mais la vie en décide parfois autrement et j’ai dû assouvir cette passion dans le
radioamateurisme. Depuis je communique en Morse avec le monde entier grâce à
des postes de radio, modernes certes, mais je reconstruis à l’identique des
ensembles utilisés par les agents clandestins de l’époque. Avec ces matériels
rudimentaires je tente de contacter d’autres radioamateurs et je m’aperçois qu’il
est relativement aisé de communiquer avec nos voisins européens.
Je comprends mieux ainsi les grandes difficultés rencontrées par ces hommes et
ces femmes et je leur rends à ma façon un hommage personnel, eux qui ont été peu
honorés comme tous les hommes de l’ombre.
Alain CAUPENE
Pendant la seconde guerre mondiale
Histoire et technique des transmissions radio clandestines
Le bureau des Opérations Spéciales
Le Special Operations Executive :
Maurice Buckmaster
o Créé par Winston Churchill fin juillet 1940;
o Dirigé par Sir Frank Nelson puis Sir Charles
Hambro et enfin par le Général Colin
Gubbins;
o La section F (France) est dirigée par
Maurice Buckmaster. Les agents de la section
F étaient souvent surnommés « les hommes
de Buck »;
o Ses bureaux étant situés à Baker Street
(lieu de résidence supposé de Sherlock
Holmes) les membres du SOE étaient appelés
« les Irréguliers de Baker Street »;
o Dissous le 30 juin 1946.
o S'assurer de l'existence effective d'une résistance et prendre contact avec ses membres; au
besoin susciter la création de groupes de résistance ;
o Maintenir le contact après qu'il ait été établi ;
o Fournir aux résistants les moyens nécessaires pour mener la lutte contre l'ennemi :
encadrement (organisation et direction des réseaux, méthodes de lutte clandestine,
désignation des missions, transmissions, protection et évasion), matériel (armes, munitions,
explosifs, vêtements, nourriture...) et argent;
o Organiser sabotages et désinformation de l’ennemi.
Le S.O.E. dispose de moyens
propres pour effectuer ses
missions à l’exception des
moyens de transport. Il doit
alors solliciter l’aide de la Royal
Air Force ou de la Royal Navy.
Le Lysander
Les agents masculins du SOE
sont des militaires inscrits au
Rôle Général des Armées
(General List), les femmes sont
membres du corps des F.A.N.Y
Dit: « Georges »
BOMBPROOF
Georges Robert Noble
Georges Robert Mercier
Premier contact radio
avec Londres le 9 mai
1941 depuis
Châteauroux
Les opérateurs radio
furent surnommés
« des Georges » avec
un numéro, le n°1
étant Georges Bégué.
Georges Bégué
Décédé le 12 décembre 1993 aux USA à l’âge de 82 ans
Violette SZABO, dite: « Louise » ou
SEAMSTRESS - COUTURIÈRE
Corinne Reine Leroy, Madame Villeret,
Vicky Tailor
Première mission en France du 5 au 30
avril 1944, courrier pour le réseau
SALESMAN 1 près de Cherbourg.
Violette Szabo
Seconde mission
Parachutage 7/8 juin 1944 au Clos de
Sussac (87)
Agent de liaison et radio pour le réseau
SALESMAN 2
Capturée le 10 juin à Salon-la-Tour (19)
Déportée à Ravensbrück le 8 aout,
exécutée fin janvier ou début février
1945. Elle avait 24 ans.
Dite : « Madeleine »
NURSE
Jeanne-Marie Régnier
Nora Baker
o Opérateur radio du réseau PHONO
o Déposée par Lysander le 16 juin 1943
o Arrêtée le 13 octobre 1943 à Paris
o Décédée le 13 septembre 1944 à Dachau.
o Elle avait 30 ans
Les opératrices radio étaient soumises à un
entraînement poussé.
Présents uniquement dans les ambassades et les consulats
Émetteur Whaddon MkIII dit « Tinker box »
Récepteur type National « HRO »
Année de mise en service:
1941
Destinataire: Agents du SOE
Puissance d’émission: 4W
Poids: 2,3 kg
Dimensions: 22,5x14x11 cm
Caractéristiques radio
- Emetteur: Morse uniquement.
Piloté par quartz
- Récepteur: Détectrice à
réaction, médiocre
- Fréquences d’utilisation: 3 à
7,6 MHz
Année de mise en service: 1942
Destinataire: Agents du SOE
Puissance d’émission: 18 W
Poids: 13,2 kg
Dimensions: 47x32x14 cm
Caractéristiques radio :
-Emetteur : Morse uniquement.
Piloté par quartz
-Récepteur : Superhétérodyne,
excellent
-Fréquences d’utilisation : 3 à
16 MHz
L’appareil ci-dessus est présenté dans une caisse à outils en bois pour une meilleure dissimulation.
o
Le MCR1 « Biscuit »
o
Le 31/1 « Sweetheart »
Les récepteurs étaient parachutés pour que les
Résistants puissent écouter la BBC en tous lieux
grâce à des batteries.
Toutes les transmissions devaient bien entendu être
chiffrées, de part et d’autre. Les agents du SOE
devaient effectuer le travail à la main, la prise d’une
machine à chiffrer ayant eu de graves conséquences.
Pour
la
plupart
de
leurs
communications
les
Allemands
utilisaient la machine ENIGMA dont
ils pensaient
que les messages
étaient impossibles à déchiffrer.
Cryptage
manuel (SOE)
Cryptage automatique
(ENIGMA)
Toutes
les
communications
secrètes devaient être effectuées
par écrit, donc en Morse ou par
FAX. Seules les consignes tactiques
pour les troupes pouvaient être
données par radiotéléphonie.
Ils sont parfois surnommés : « les pianistes ».
Au début du conflit, ils
effectuent toutes les tâches :
renseignement, chiffrage et
émission dans des conditions
précaires de sécurité. 75%
d’entre eux sont souvent pris
en possession de documents
sensibles (codes).
Opérateur radio faisant fonctionner une « valise B2 » à la fin
de la guerre.
Il est sous la protection d’un résistant armé.
A la fin de la guerre ils sont
intégrés dans un réseau de
résistance et ne s’occupent
plus que des transmissions et
dans de meilleures conditions
de sécurité. Ils ne sont plus
que 25% à être capturés et ne
détiennent aucun code secret
sur eux.
Radiogoniométrie et triangulation
Triangulation sur carte
Récepteur allemand de
radiogoniométrie
Après
la
capture
d’opérateurs radio les
Allemands utilisent les
codes
saisis
pour
transmettre
des
messages piégés et
recevoir les instructions
des Britanniques.
Assez rapidement les
pièges sont déjoués et
les Alliés utilisent le
même système pour
tromper l’ennemi.
Station anglaise de réception et transmission radio.
L’opération «Fortitude»
en est un exemple type.
Ce poste émetteur –
récepteur à été
découvert à Limoges.
Il s’agit de l’ensemble
AMK II
Il en a été découvert
d’autres, mais en petit
nombre.
Beaucoup ont été
détruits ou ont
disparu chez des
collectionneurs.
Après la guerre ce
matériel n’avait pas de
valeur marchande.
Cela a beaucoup
changé, chaque poste
pouvant être vendu
plusieurs milliers
d’Euros.
Le petit manipulateur de
Morse de la marque
française JARDILLIER
équipait de tout petits
postes émetteurs
récepteurs de marque
LAGIER dans les années 60.
Je remercie particulièrement deux personnes qui m’ont aidé pour ce
travail:
o Jean JUILLARD (F2UX) maintenant décédé, qui m’a donné de
l’intérêt pour les postes de radio militaires et qui savait tout sur les
évènements qui se sont produits dans notre région Limousin pendant
cette période de guerre qu’il avait vécue étant enfant.
o Pascal DROUVAIN (F8JZR) dont la collection de matériel d’époque et
l’érudition semblent être sans limites. Avec ses amis du Vercors il ne
manque aucune occasion de faire connaitre au plus grand nombre
l’histoire des transmissions clandestines, organisant régulièrement des
rencontres et des manifestations culturelles de niveau national.