bien preparer une randonnee de plusieurs jours en ete

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bien preparer une randonnee de plusieurs jours en ete
BIEN PREPARER UNE RANDONNEE DE PLUSIEURS JOURS EN ETE
Le plus important dans la préparation d’une randonnée consiste à bien estimer la charge à
porter. Au-delà de 9 à 10 kilos, la rando change de nature et devient très fatigante.
Etude du poids du sac à dos
On suppose un tronçon de 4 jours dont 3 nuits. Le matériel est prévu pour 2 personnes.
Il a été choisi pour être le plus léger possible tout en restant à un prix abordable.
A Matériel personnel
Désignation
Pharmacie ( crème solaire, médicaments)
Affaires toilette / hygiène
(Bout savon, serviette, PQ..)
Divers perso
(portable, appareil photo…)
Rechange
Vêtements techniques parfois dans le sac
(Coupe-vent, bonnet, polaire…)
Poids (en g)
100
150
350
350
1500
Total A
2450
B Matériel camping pour des nuits de confort acceptable
Désignation
Duvet (*)
Matelas gonflable léger ou auto gonflant de 120 cm
Part de charge tente (tente perso ou part tente de deux)
Poids (g)
1000
400
1000
Total B
2400
(*) Voir chapitre spécifique
C Petit déjeuner uniquement
Désignation
Réchaud léger (*) 120 g + cartouche de 100g de gaz
(180 g avec le contenant en métal)
Mini popotte
Bol cuillère
Nourriture : thé/café, krisprolls/pain, sucre, confiture pour
3 déjeûners
Poids
Part
total
personnelle
300
150
100
50
50
360
Total C
610
(*) réchaud type duo Primus par exemple
D Petit déjeuner + repas
Désignation
Réchaud léger (*) + cartouche de 220g de gaz
(pesant 380 g avec le contenant en métal)
Popotte
2 Bols (**), fourchette, cuillère
Nourriture (3 repas + 3 petit déj )
Nettoyage vaisselle
Poids
Part
total
personnelle
500
250
160
80
80
1200
30
60
Total D
1640
(*) Réchaud type duo Primus par exemple
(**) Deux bols en plastique mou et léger : un pour le salé, un pour le sucré, ainsi le thé du matin n’a
pas le goût de la soupe aux poireaux de la veille !
E Vivres de course
Désignation
Nourriture pour 4 jours
Eau journalière (minimum à emporter le matin) (*)
Poids
1000
1040
Total E
2040
(*) Dans une bouteille en plastique d’eau gazeuse. On gagne 100 g par-rapport à une en alu.
F Sac à dos
C’est un élément très important. Il doit être léger, mais tout de même bien conçu, confortable
et fonctionnel. En particulier, il faut être très attentif à la qualité de la ceinture lombaire du sac
car c’est elle qui doit supporter le maximum de la charge à porter.
• Pour une rando avec demi-pension en refuge, un sac de 35 litres peut éventuellement
suffire si on compacte au maximum. Un sac de 45 litres est préférable. On peut se
procurer un bon sac de 35 litres pour un poids inférieur à 800 g et un sac de 45 litres
pour un poids inférieur à 1200g. Le poids moyen retenu dans le tableau suivant est :
F1 = 1000 g
•
Pour une rando avec camping, un sac d’au moins 55 litres s’impose. On en trouve des
corrects à moins de 1800 g. D’où :
F2 = 1800 g
Récapitulatif des options
Options
Demi-pension refuge
Repas soir refuge et camping
Camping autonome
Charges prises en compte
A + E + F1
A + B + C + E + F2
A + B + D + E + F2
Total
5490
9300
10330
Mais en plus
- Matériel orientation qui dépend des objets emportés : carte(s), guide, porte-carte, boussole,
GPS… Selon les choix du groupe
1 GPS pèse 140 g à vide et consomme pas mal de piles)
- Matériel d’assurage si nécessaire:
8 mètres de corde : 450 g
Anneau + dégaine 80 g
- Matériel collectif divers ex : frontale, briquet, chargeur portable, piles de rechange, trousse
de premiers soins…
-
Matériel perso non répertorié dans les listes ex : stylos, carnet, livre, lunettes de vue,
vêtement particulier (maillot bain, short)…
Selon les options de randonnée et les choix complémentaires, bien prévoir en plus entre 300
et 1500 g.
Conclusion : poids moyen selon les choix initiaux de type de randonnée :
Demi-pension au refuge : de 6 à 7 kg
Camping mais repas au refuge : 9,5 à 10,5 kg
Camping autonome : de 11 à 12 kg
Attention !
Ces poids s’entendent en choisissant
parmi les matériaux les plus légers et en
rognant sur beaucoup de cotes.
A noter qu’en acceptant de dormir « à la belle étoile », en remplaçant une tente par un sursac ,
on gagne 800 grammes et qu’en optant pour un matelas mousse on gagne encore 200
grammes. Mais les nuits seront alors bien rudes !
Vous remarquez l’écart de 4 kilos entre les options extrêmes. Tout un monde de différence !
Ces indications permettent à chacun de choisir entre les différentes options, en prenant en
compte la charge et l’inconfort que l’on accepte de subir. C’est le choix primordial.
Quelques remarques :
En cas de randonnée longue avec plusieurs tronçons successifs de 3 , 4 jours, le sac sera
inévitablement plus lourd car il est difficile de vivre dans la précarité extrême sur une grande
durée. Plus le parcours est long, et plus les repas doivent être étudiés, variés et copieux, et
plus les nuits doivent être réparatrices. A cet égard, en camping itinérant, une attention
particulière doit être portée au duvet, au matelas à la tente.
Duvet vêtements de protection :
Même dans un pays chaud, les nuits peuvent être glaciales et il peut pleuvoir ! Ne pas
mégoter sur les duvets et les vêtements de protection. Une bonne vieille et moche cape en
plastique ou bien un vaste sac poubelle, cela a parfois du bon.
Pour le duvet, son choix dépend du lieu. Il est bien évident que pour une traversée en Crète ou
pour le tour du Mont Blanc, les besoins ne sont pas les mêmes. Renseignez-vous sur la
température nocturne que vous allez subir puis ensuite choisissez le type de duvet en fonction
de sa température de confort. Si vous décidez d’en acheter un nouveau, consultez les fiches
techniques pour vous déterminer sur un modèle précis en évitant les attrapes. Avec un
minimum de regard critique, vous trouverez par exemple deux duvets du même niveau
d’isolation d’un poids très différent alors qu’ils sont sensés avoir le même type de garnissage.
Il y a forcément quelque chose qui ne colle pas ! Evitez les duvets par trop légers (très
inférieurs à 1000 g). S’ils sont réalisés avec du papier à cigarettes et ne renferment que de
l’air, autant s’en faire un soi même : acheter un drap en soie, coller 4 plumes en carré. Il ne
restera plus qu’à trouver dans le stock de vocabulaire quelques termes pompeux pour justifier
de la technicité de leur disposition alors qu’en fait elles jouent juste à la belote.
Malheureusement, en terme de duvet, on en a généralement pour son poids. Et pas question de
grelotter toutes les nuits.
Matelas :
Eviter les matelas en mousse, très légers et qui offrent une bonne isolation, certes mais qui
sont d’un inconfort absolu. Préférer les autogonflants (quitte à les prendre en 120 cm de long)
ou les matelas gonflants légers de la nouvelle génération.
Tente :
On peut choisir d’avoir chacun la sienne ou bien d’en avoir une pour deux. Dans tous les cas,
pour gagner en légèreté, il est possible d’opter pour une tente « monoparoi » (sans doubletoit), pour autant que la rando ne s’effectue pas dans des conditions climatiques rudes.
Attention aux arceaux : incontestablement, ceux en alliage d’aluminium permettent un gain de
poids appréciable mais en cas de fort vent, ils sont plus vulnérables que ceux en fibre.
De plus, en cas de rupture, leur cassure présente des éclats tranchants comme une lame de
canif. D’où un très probable risque de déchirure.
Pour ceux qui ne seraient pas convaincus, je préconise l’expérience suivante : se procurer
deux arceaux de même longueur, l’un en alu, l’autre en fibre. Rapprocher en même temps les
extrémités des deux arceaux et voir celui qui cassera le premier et quel sera l’état de la
fracture ! Fuir les arceaux en alu compliqués c’est à dire présentant des coudes car en cas de
bris, il sera quasi impossible d’en trouver un en rechange.
Il existe des tentes d’une personne qui pèsent autour de 1000 g pour un prix inférieur à 70 €.
La choisir en fonction de l’aisance à y pénétrer. Et aussi de la possibilité de s’asseoir à
l’intérieur.
Pour la tente à deux, éviter un modèle trop exigu. Il faut que chacun ait sa vraie place.
On peut s’en procurer une très correcte, d’un poids inférieur à 2200 g pour moins de 150 €.
A noter qu’en acceptant de porter un tout petit peu plus, on trouve en grande diffusion des
tentes monoparoi correctes et assez spacieuses de moins de 2500 g, d’un prix inférieur à 25 €
ex : la Tenteco Tipi vendue au Vieux campeur. Type même de la tente qui suffit amplement,
sauf intempéries extraordinaires pour un couple de randonneurs en été (surtout s’il campe àcôté du refuge qui demeure à disposition en cas de galère). Réclame non payée !
Réchaud à gaz:
Le plus léger des réchauds de la marque Camping gaz est le Bleuet Micro Plus. C’est le moins
cher du marché, mais il pèse 180 g. La concurrence propose des réchauds d’un poids minimal
d’environ 80 g, dont certains d’un prix proche. Mais problème : leurs cartouches qui sont
compatibles entre leurs marques ne le sont pas avec celles de Camping gaz. En plus, pour le
moment, elles sont moins diffusées que celles de Camping gaz. Ce serait râlant de ne pas
pouvoir se réapprovisionner dans un village proche de l’itinéraire. Il existe une solution un
peu coûteuse : acheter un réchaud Express Duo Primus ou bien un Superfly MSR. Ces deux
modèles s’adaptent sur toutes les cartouches. Ils pèsent environ 120 g. A 60 g donc d’un
Bleuet. Le jeu en vaut-il la chandelle ? A vous de voir.
A noter qu’il est possible d’éviter d’emmener un réchaud en demandant au gardien du
refuge de fournir de l’eau chaude vendue au litre. Mais alors, on est tributaire le matin de
l’heure du lever collectif.
Nourriture :
- Dans le cas d’une randonnée très longue, l’itinéraire, les étapes, les différents tronçons,
la nourriture emportée doivent être pensés en fonction des points de ravitaillement
possibles.
- On peut acheter dans certains refuges de la nourriture ; notamment des vivres de courses
mais le choix est limité et le prix prohibitif. Se renseigner.
- Petit déjeûner :
Il doit être copieux. Krisprolls ou pain complet, confiture ou miel, par exemple.
- Vivres de course :
Chacun doit avoir les siennes en fonction de ses goûts. Il est conseillé de prévoir un petit
excédent afin de se donner de la marge de manœuvre.
- Repas :
La base c’est saucisson, viande séchée, purée lyophilisée type moussline, riz, pâtes, semoule,
soupes lyophilisées. Le riz et les pâtes doivent être choisis pour avoir un temps de cuisson
réduit. Ne pas oublier que les cartouches de gaz, ça pèse. A noter que pour économiser
l’énergie, il est possible de faire pré tremper le riz et les pâtes avant la cuisson. Pour éviter les
plats insipides, emmener quelques additifs ex : herbes de Provence, noix de muscade, raisins
secs… Ce n’est pas ce que ça pèse.
Plats lyophilisés : Ils sont utilisables pour un premier tronçon. Bien sûr, ils sont légers mais
les rations proposées sont bien souvent faites pour des curistes ! Pour être rassasié, il est
judicieux de prévoir entre 1,5 et 2 fois la part. C’est ruineux.
Philosophie, stratégie
Une randonnée doit faire plaisir. Ne pas oublier que c’est la personne la plus faible qui donne
le rythme. Pas la peine de la violenter. Mieux vaut prendre en compte ses possibilités.
Différentes philosophies sont possibles :
•
Rando carte bleue. On part avec un sac minimal, des vivres de course et on va
d’hébergement en hébergement (qu’il ne faut pas oublier de réserver !). Allez les
riches !
•
Rando type raid commando : Tout est scientifiquement pensé, pas de repas, juste des
rations. Un sac très lourd. Vaille que vaille, coûte que coûte, on serre les dents et on
tient les objectifs. Le plaisir vient peut-être à la fin ? En tout cas on a prouvé aux
autres et surtout à soi-même sa valeur. Surtout à soi-même… Bah !
•
Rando fun : On part avec des ambitions, de la nourriture en suffisance, mais chaque
soir, on décide ce que sera la journée du lendemain en fonction de l’état du groupe.
Tout en essayant de tenir les objectifs mais avec souplesse. On profite parfois des
refuges pour l’hébergement ou les repas. On s’accorde une journée de repos ou une
étape modeste si nécessaire.
•
Rando bohème : « A la va comme je te pousse ». On part et on improvise. L’itinéraire
n’est qu’un guide transgressable.
Conception de la randonnée :
Beaucoup de déceptions, voire de fâcheries proviennent d’un manque de décisions collectives
en amont pour les différentes options. Chacun doit savoir ce qui l’attend, à quoi il s’engage.
1.
2.
3.
4.
5.
6.
Définir une ambition commune (ex : faire le GR 20)
Choisir très clairement la philosophie
Opter pour le type de rando (voir bien plus haut)
S’accorder sur l’itinéraire ( itinéraire principal, diverticules..)
Imaginer chaque étape en restant réaliste (dénivelé, temps de marche…)
Décider des différents tronçons en fonction des points de ravitaillement (village
proche, dépôt de nourriture, voiture en attente…)
Expérimentation, entraînement :
Tout doit être expérimenté en vraie grandeur.
Pour le réchaud, faites bouillir plusieurs fois une popote d’eau, préparez plusieurs fois des
pâtes. Vous saurez si la cartouche prévue convient.
Pour le duvet : par une nuit d’hiver, fermez la porte de votre chambre, coupez le radiateur,
ouvrez les fenêtres. Vous avez eu froid ? Alors procurez-vous un autre duvet ou bien tentez
une autre nuit en enfilant un collant.
Essayez votre sac en le remplissant avec tout ce que vous devrez emporter. Ajoutez même ce
superflu pour lequel vous êtes indécis. Vaut mieux s’apercevoir que la contenance du sac est
insuffisante bien avant le départ. Pesez-le. Il est bien plus lourd que prévu ? Recherchez les
causes en comparant avec les poids théoriques donnés dans les tableaux. Des sacrifices
s’imposent. Ne perdez pas de vue la barre fatidique des 10 kilos.
Essayez de tenir pendant 4 jours en ne mangeant que les vivres prévues. Cela vous permettra
d’affiner ensuite les réglages en poids (pour les féculents par exemple). Et pas de triche !
Et surtout, testez vous : lestez votre sac au même poids que pour la randonnée puis faites une
bonne marche de quelques heures, si possible avec un peu de dénivelé. Pour les parisiens, une
bonne partie du circuit des 25 bosses dans la forêt de Fontainebleau. Une excellente
opportunité aussi pour tester les vivres de course. La confrontation avec la réalité imposera
peut-être de nouveaux choix. Ou bien fera-t-elle simplement apparaître la nécessité d’un
entraînement plus poussé. Ne soyez pas découragé par la première sortie. Elle est toujours
décevante. Laissez votre corps s’habituer chaque fois un peu mieux à la marche avec une
charge. Vous finirez par adopter progressivement le rythme des guides : lent et un peu
exaspérant mais qui limite au maximum la fatigue dans les montées en évitant une
accélération cardiaque excessive ainsi que tout essoufflement.
Et maintenant : ACTION !
René Gourzonès