La communication non verbale dans la maladie d`Alzheimer
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La communication non verbale dans la maladie d`Alzheimer
Synthèse Psychol NeuroPsychiatr Vieil 2008 ; 6 (3) : 183-8 La communication non verbale dans la maladie d’Alzheimer Non-verbal communication in Alzheimer’s disease Résumé. L’objectif de cette revue est de montrer l’intérêt de l’étude psychosociale de la communication non verbale dans la maladie d’Alzheimer. Les comportements non verbaux, qui apparaissent dans des zones corporelles aussi variées que la tête, les yeux, les bras ou Laboratoire PSITEC, le tronc, peuvent être considérés comme des véhicules de communication avec le milieu Université Charles de Gaulle, social. L’échange d’informations non verbales permet de réguler les échanges en renseiLille3 <[email protected]> gnant les partenaires de l’interaction sur leurs attitudes respectives, leurs intentions et états émotionnels. Dans la maladie d’Alzheimer, le maintien d’une certaine communication non verbale est observé même à un stade avancé de la maladie. Les malades continuent à Tirés à part : émettre des comportements non verbaux et à réagir à ceux d’autrui. La dynamique de L.T. Schiaratura l’échange non verbal et des facteurs sociaux qui peuvent l’influencer sont pourtant rarement étudiés. Or, des malentendus dans la communication peuvent avoir des conséquences néfastes à la santé du malade. Comprendre les comportements non verbaux du malade et y répondre de manière appropriée est essentiel pour améliorer la qualité de la relation sociale et le bien-être des patients et des soignants. Des pistes de recherche sont proposées dans le cadre d’une approche intégrative et fonctionnelle des comportements non verbaux en situation d’interaction sociale. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. LORIS TAMARA SCHIARATURA Mots clés : communication non verbale, maladie d’Alzheimer, régulation interpersonnelle Abstract. This review underlines the importance of non-verbal communication in Alzheimer’s disease. A social psychological perspective of communication is privileged. Nonverbal behaviors such as looks, head nods, hand gestures, body posture or facial expression provide a lot of information about interpersonal attitudes, behavioral intentions, and emotional experiences. Therefore they play an important role in the regulation of interaction between individuals. Non-verbal communication is effective in Alzheimer’s disease even in the late stages. Patients still produce non-verbal signals and are responsive to others. Nevertheless, few studies have been devoted to the social factors influencing the non-verbal exchange. Misidentification and misinterpretation of behaviors may have negative consequences for the patients. Thus, improving the comprehension of and the response to non-verbal behavior would increase first the quality of the interaction, then the physical and psychological well-being of patients and that of caregivers. The role of non-verbal behavior in social interactions should be approached from an integrative and functional point of view. Key words: non-verbal communication, Alzheimer’s disease, interaction regulation doi: 10.1684/pnv.2008.0140 L a maladie d’Alzheimer se caractérise par une détérioration progressive des capacités intellectuelles, des pertes de mémoire, des difficultés de l’attention et des troubles du langage. La personnalité est modifiée, s’accompagnant de perturbations du comportement et de l’humeur. Ces changements altèrent les capacités de communication et perturbent non seulement la vie du malade, mais également ses relations sociales. La communication est un échange dynamique de pensées et de sentiments qui se fait avec les mots, mais aussi avec le regard, les expressions faciales, les Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 6, n° 3, septembre 2008 gestes, la posture, le ton de la voix et la gestion de l’espace interpersonnel. La communication non verbale s’acquiert très tôt, elle est en général spontanée et se manifeste souvent en dehors de la conscience. On peut ainsi penser qu’elle resterait présente même à des stades avancés de la maladie d’Alzheimer. Or, les recherches sur les malades atteints de la maladie d’Alzheimer prennent rarement en compte le langage non verbal ou, quand elles le font, se limitent souvent à l’étude des expressions faciales émotionnelles considérées en dehors de tout contexte de communication. 183 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. L.T. Schiaratura L’objectif de cet article est de montrer l’intérêt, multiple, de prendre en compte dans la maladie d’Alzheimer l’ensemble des comportements non verbaux qui apparaissent dans les situations de communication. En effet, ces comportements sont à la fois des reflets des activités cognitives et émotionnelles et des véhicules de communication avec le milieu social. Ils peuvent renseigner sur l’évolution de la maladie, l’adaptation émotionnelle du malade et le maintien de ses capacités communicatives. Les implications sont importantes car des malentendus dans la communication peuvent avoir des conséquences néfastes sur la santé du malade et celle de son entourage. Pour mesurer la pertinence de cette prise en compte, il convient d’abord de situer l’étude des comportements non verbaux dans l’approche psychosociale de la communication non verbale. L’importance des comportements non verbaux dans la communication Lorsqu’une personne communique avec autrui, elle accompagne son discours de mouvements corporels autres que les mouvements phonatoires directement impliqués dans la production du langage. Ces mouvements peuvent apparaître dans des zones corporelles aussi variées que la tête, les sourcils, les mains, le tronc ou les jambes. L’étude scientifique de ces comportements, appelés non verbaux, a débuté dans les années soixante et est relativement récente. D’emblée, les travaux ont été centrés sur leur apport communicatif. Ces travaux réalisés ont été regroupés sous l’étiquette générale de « communication non verbale » [1]. Dans cette perspective, l’impact de la perception des gestes, des mimiques faciales ou du regard est au centre des recherches. Parallèlement, l’idée est apparue que les comportements non verbaux pouvaient être également importants pour le locuteur lui-même en participant à son effort de verbalisation [2, 3]. Ainsi, les gestes iconiques qui représentent figurativement le contenu verbal sont en relation étroite avec le niveau d’imagerie du discours [4]. Dans l’étude des changements observés avec l’avancée en âge dans le comportement conversationnel, ce type de gestes peut être relié aux déficits dans la génération des images visuelles. Il pourrait même y avoir, dans certaines situations de communication, une compensation entre le registre verbal et le registre non verbal [5]. En fait, ces deux aspects sont toujours co-présents dans la relation sociale où chaque partenaire émet des comportements non verbaux et réagit à ceux de l’autre. 184 Il s’agit d’un véritable échange qui renseigne les partenaires sur leurs attitudes et intentions et sur leurs états cognitifs et émotionnels. Ainsi, si les expressions faciales sont liées à une expérience émotionnelle intime, elles peuvent également avoir des fonctions sociales. Un sourire informe sur l’émotion ressentie par la personne [6], mais également sur ses intentions à l’égard de l’autre en traduisant une attitude interpersonnelle positive [7, 8]. Cet échange non verbal favorise la compréhension interpersonnelle et participe à la régulation de la relation sociale. Il apparaît de manière spontanée, se déroule en général en dehors de la conscience et utilise peu de ressources cognitives [9]. Il peut néanmoins devenir conscient et être contrôlé lorsque l’objectif est de transmettre une information précise. C’est le cas du geste symbolique qui indique, le doigt posé sur la tempe, qu’une personne est folle ou de l’expression de dégoût qui peut être accentuée pour signaler au partenaire que la nourriture est mauvaise [10]. Cet échange subtil d’indices non verbaux se met en place très tôt. Rapidement après la naissance, les bébés répondent de manière différenciée et significative aux différentes expressions faciales [11]. Ils imitent les mouvements faciaux et synchronisent leurs mouvements précisément et sélectivement avec les sons du discours humain [12]. Cette synchronisation non verbale favoriserait le développement de la coordination des actions indispensable à l’interaction sociale. La configuration du contact visuel permet par exemple la distribution des tours de parole qui caractérisent une conversation. Ainsi, lorsqu’une personne désire prendre la parole, elle le signale par un détournement du regard. Lorsqu’elle est disposée à la rendre, elle pose son regard sur l’auditeur [13]. Cette coordination non verbale est par ailleurs liée à l’attraction interpersonnelle. Cappella [14] a montré que le taux global de sourires devient similaire au cours d’une interaction et que les sourires d’une personne sont précisément coordonnés, à une fraction de seconde près, avec les sourires de l’autre. Plus la convergence non verbale est importante, plus le partenaire est perçu comme sympathique [15] et plus l’interaction est perçue comme satisfaisante [16]. Dans une perspective néo-darwinienne, l’homme serait biologiquement préparé pour interagir avec autrui et ses comportements non verbaux fonctionneraient comme des signaux innés adaptatifs [17]. Néanmoins, ils n’apparaissent pas indépendamment des conventions sociales et peuvent être influencés par des facteurs interpersonnels, intergroupes et culturels. Le degré d’intimité entre les personnes détermine la dis- Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 6, n° 3, septembre 2008 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. La communication non verbale tance interpersonnelle, les contacts visuels et physiques permis ainsi que l’expression émotionnelle [7]. La culture, le statut social et les rôles sociaux modulent également les comportements non verbaux. Pour se conformer à certaines normes sociales et culturelles, les personnes apprennent à supprimer, minimiser, accentuer ou même masquer certaines manifestations non verbales et émotionnelles. Les femmes sont en général émotionnellement plus expressives que les hommes. Elles manifestent plus souvent la joie et sourient plus [18]. Leur rôle social maternant nécessiterait l’acquisition de fortes compétences de relations interpersonnelles et d’une grande habilité à communiquer non verbalement. Le statut social affecte également les manifestations non verbales. Une personne socialement dominante se tient droite, ce qui donne une apparence plus grande, parle fort, manipule plus d’objets et contrôle l’échange verbal en interrompant fréquemment le partenaire [19]. Les personnes appartenant à un groupe socialement stigmatisé tendent, au contraire, à être plus inhibées dans leurs expressions non verbales [20]. Il existe également des différences culturelles dans la communication non verbale : les Italiens, par exemple, font plus de gestes et ont des expressions faciales plus marquées que les Anglais. La culture détermine aussi les contacts visuels et physiques autorisés ainsi que la distance interpersonnelle adoptée [21]. Par ailleurs, il est intéressant de noter que les relations intergroupes et les règles culturelles influencent la reconnaissance des expressions non verbales. Celle-ci est facilitée lorsque les personnes appartiennent au même groupe social et culturel [22]. Enfin, les règles culturelles de décodage peuvent différer et il peut être perçu comme impoli, dans certaines cultures asiatiques, de percevoir chez autrui des émotions négatives [23]. On peut retenir que l’échange non verbal, en raison de son ancrage biologique et de son caractère souvent non conscient, pourrait être préservé, au moins à un certain degré, dans la maladie d’Alzheimer. L’existence d’un lien direct et adaptatif entre l’expérience émotionnelle subjective et sa manifestation expressive visible [24] permettrait le maintien d’un langage émotionnel et la régulation des relations sociales. De plus, le partage social des règles d’expression et de décodage des comportements non verbaux permet de coordonner les échanges au niveau interpersonnel. Ainsi, l’analyse de la communication non verbale devrait-elle intégrer non seulement l’émetteur et le récepteur mais aussi leur interaction. Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 6, n° 3, septembre 2008 La communication non verbale dans la maladie d’Alzheimer Dans la maladie d’Alzheimer, le déclin des fonctions cognitives est irrévocable. Avec l’évolution de la maladie, les troubles du langage s’installent et conduisent à l’impossibilité de s’exprimer verbalement. Si cette évolution est influencée par l’histoire personnelle et sociale du malade, elle a toujours pour conséquence de perturber la communication avec l’entourage. Ceci a pour effet de rendre difficile, pour le malade, l’expression de ses besoins et, pour l’entourage, l’assurance d’y répondre de manière appropriée. Souvent la famille et le personnel soignant sont réduits à interpréter la situation en s’appuyant sur les comportements non verbaux du malade. Capacités d’expression Si le langage se désintègre au fil de la maladie, les gestes, les postures, les expressions faciales et le contact visuel demeurent [25]. On observe même que les déficits langagiers s’accompagnent d’une augmentation des actes non verbaux [26]. Cependant, selon d’autres auteurs, les manifestations non verbales qui accompagnent habituellement le discours se détériorent également. Plus le déficit verbal est sévère, plus les gestes des mains deviennent ambigus et plus ils se réfèrent à des contenus concrets [27]. De même, les expressions faciales spontanées en réaction à des stimuli olfactifs ou gustatifs sont moins intenses. Elles restent néanmoins présentes et permettent de différencier les réactions de plaisir ou d’aversion [28]. A un stade avancé de la maladie, certains malades ont des expressions de tristesse au départ des proches qui leur rendent visite [29] et on continue à observer des expressions faciales distinctes de colère, de dégoût et de joie [30]. Des patients, totalement dépendants depuis de nombreuses années et muets, peuvent présenter des réactions faciales à l’écoute d’une conversation, même s’il s’agit plutôt de fragments d’expressions faciales que de mimiques complexes [31]. Il est intéressant de noter que l’entourage dit observer plus d’indices non verbaux - postures, gestes, expressions faciales ou ton de la voix – pour les émotions négatives que pour les émotions positives [32]. On peut se demander si ce constat est à relier à l’évolution de la maladie ou si l’entourage, en raison de la négativité de la situation et de son investissement affectif, décode mieux les indices non verbaux négatifs et ne détecte pas les indices positifs. Ceci pourrait à nouveau affecter les comportements de soins et les relations sociales. 185 L.T. Schiaratura Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. Capacités de reconnaissance Pour que l’échange non verbal puisse être préservé, la sensibilité aux comportements non verbaux émis par l’entourage doit être maintenue chez le malade Alzheimer. Il y a peu d’études sur cet aspect de la communication non verbale, mais elles suggèrent qu’en situation d’interaction, les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer sont sensibles aux comportements non verbaux d’autrui et y répondent de manière appropriée [33]. D’autres recherches, plus nombreuses, portent sur la reconnaissance et la discrimination des expressions faciales en dehors de tout contexte d’interaction sociale. Leurs résultats sont souvent contradictoires. Certains travaux observent une détérioration de la reconnaissance des expressions faciales [34] et de manière plus importante pour la tristesse et la colère que pour la joie [35]. Il peut y avoir également une moins bonne différenciation entre les expressions de joie et de tristesse [36]. D’autres études n’observent pas de différences dans la reconnaissance des expressions faciales lorsque les déficits cognitifs sont contrôlés et lorsque les stimuli émotionnels sont des enregistrements vocaux plutôt que des dessins de situations émotionnelles [37, 38]. Cette moins bonne reconnaissance et discrimination des expressions faciales est à mettre en relation avec le type de dysfonctionnement hémisphérique qui peut affecter la perception statique ou la compréhension des consignes verbales [39]. Les déficits parfois observés dans l’identification des expressions émotionnelles seraient surtout dus aux opérations linguistiques requises dans la dénomination des expressions faciales [40]. On peut conclure que la communication non verbale demeure souvent effective dans la maladie d’Alzheimer. Les malades continuent à émettre des comportements non verbaux et réagissent à ceux d’autrui, au moins en ce qui concerne les expressions faciales. La compréhension de la dynamique de l’échange non verbal acquiert toute son importance dans les situations de soins. Le personnel soignant peut être confronté, lors des soins, à des comportements du patient perçus comme agressifs : agitation, manque de coopération et résistance physique. On observe que les soignants négligent souvent les indices non verbaux qui préviennent de l’imminence d’un comportement agressif et continuent leur tâche de soins. Ceci met en danger le soignant, mais nuit également au patient qui recevra une médication et/ou sera restreint physiquement [41]. Dans ces situations de soins, détecter et comprendre les comportements non verbaux du malade et y répondre de manière appro- 186 priée est essentiel pour améliorer la qualité de la relation sociale mais aussi pour le bien-être des patients et des soignants. Vers une communication empathique ? Pour améliorer la communication avec les malades Alzheimer, certaines recherches visent à développer l’empathie émotionnelle et motrice des soignants. L’empathie, ou convergence émotionnelle qui permet de comprendre les émotions de l’autre, peut se faire par le biais de l’imitation motrice et par l’adoption d’une attitude non verbale positive. Les études consistent à sensibiliser les soignants aux comportements non verbaux du malade [42] et à stimuler la communication empathique lors d’activités multisensorielles [43]. Les résultats sont plutôt encourageants. Ils montrent un effet sur le bien-être des malades, leurs expressions faciales devenant plus positives. Les effets sur les comportements d’agitation et d’agression sont moindres, ceux-ci ayant seulement tendance à diminuer. Pour optimiser les effets de la communication empathique, il conviendrait de tenir compte de l’ensemble de la situation sociale. En effet, l’empathie est liée à la coordination interpersonnelle et peut être influencée par des facteurs situationnels et sociaux. Ainsi, on imite plus une personne qui se trouve dans une situation semblable et on ressent à son égard plus d’empathie. Par contre, on observe moins d’empathie vis-à-vis d’une personne qui appartient à un groupe social stigmatisé [44]. En raison de leurs appartenances sexuelle, sociale et culturelle, les patients ont internalisé des codes spécifiques d’interaction non verbale. Ne pas en tenir compte risque de provoquer des malentendus. Par exemple, des signaux non verbaux liés à une attitude positive, comme s’approcher très près du malade, le toucher ou le regarder longuement peuvent provoquer des réactions agressives lorsque la personne qui le fait n’est pas familière ou ne partage pas avec le malade une certaine intimité. Par ailleurs, s’il est important de développer la sensibilité des soignants à la communication non verbale, cela ne peut se faire indépendamment de leurs croyances et de leurs représentations envers les malades Alzheimer. Ainsi, il existe une tendance à ne pas prêter les mêmes émotions aux personnes appartenant à des groupes stigmatisés qu’à son propre groupe d’appartenance [45]. Une même expression faciale est plus fréquemment attribuée à la colère lorsque la personne appartient à un groupe social Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 6, n° 3, septembre 2008 La communication non verbale perçu comme violent et agressif plutôt qu’à un groupe non classé comme violent. Pour développer la sensibilité de l’entourage aux comportements non verbaux des malades Alzheimer et favoriser la communication empathique, on ne peut omettre les facteurs sociaux qui peuvent les déterminer. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. Conclusion La communication non verbale demeure souvent effective dans la maladie d’Alzheimer. Les malades continuent à émettre des comportements non verbaux et à réagir à ceux d’autrui. Ces comportements prennent donc leur signification dans la dynamique de l’interaction sociale. L’étude de la communication dans la maladie d’Alzheimer doit intégrer à la fois les comportements non verbaux du malade et ceux de son entourage, familier ou non familier. Elle doit tenir compte de la situation spécifique d’interaction - soins, repas, échange amical, activité – et des différentes fonctions que peuvent remplir les comportements non verbaux dans la relation sociale. Les comportements non verbaux émergent souvent implicitement dans l’interaction et sont liés à l’état cognitif et émotionnel de l’émetteur. Ils renseignent sur les attitudes interpersonnelles et permettent la régulation de l’interaction en favorisant la coordination sociale. Dans ce cadre d’une approche intégrative et fonctionnelle des comportements non verbaux, différentes perspectives de recherche peuvent être proposées. Ainsi, les gestes des mains entretiennent une relation privilégiée avec l’expression verbale, en accentuant la prosodie du discours, en ajoutant des informations au message verbal ou en reflétant son niveau d’imagerie [46]. Dans la maladie d’Alzheimer, les gestes pourraient renseigner sur l’évolution du déficit verbal et sur le maintien de capacités de communication. De plus, avec les expressions faciales, la posture et le contact visuel, ils pourraient être des indicateurs de l’état émotionnel [47]. L’aspect social de la communication non verbale devrait également être pris en compte en se posant les questions suivantes : comment se passent les communications non verbales entre le patient Alzheimer et les personnes familières ou non familières, en particulier l’entourage médical ou paramédical ? La synchronisation et l’imitation non verbale qui accompagne la coordination sociale persiste-t-elle dans la maladie d’Alzheimer ? Comment la développer ? Les attentes, les attitudes et les croyances de l’entourage influencent-elles la détection et l’interprétation des signaux non verbaux émis par le malade ? Les implications sont importantes pour le bien-être du malade Alzheimer et pour son entourage. Remerciements. J’aimerais remercier particulièrement Françoise Askevis-Leherpeux pour sa lecture attentive du texte et ses précieux conseils. Références 1. Harper RG, Wiens AN, Matarazzo JD. Nonverbal communication : the state of the art. New York : Wiley, 1978. 2. Freedman N. The analysis of movement behavior during the clinical interview. In : Siegman AR, Pope B, eds. Studies in dyadic communication. Elmsford : Pergamon, 1972 : 153-75. 3. Rimé B. Nonverbal communication or nonverbal behavior? Towards a cognitive-motor theory of nonverbal behavior. In : Doise W, Moscovici S, eds. Current issues in European social psychology. Cambridge : Cambridge University Press, 1983 : 85-141. 4. Rimé B, Schiaratura L, Hupet M, Ghysselinck A. 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