Le 11 mai dernier, on découvrait que Nicolas Sarkozy n`avait jamais
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Le 11 mai dernier, on découvrait que Nicolas Sarkozy n`avait jamais
Le 11 mai dernier, on découvrait que Nicolas Sarkozy n'avait jamais entendu parler du Bon Coin. Vendredi dernier, l'ancien président a comblé sa lacune en visitant les locaux de l'entreprise qui fête ses 10 ans: «Je découvre, et ça m?intéresse. Ce qui est surprenant c'est qu'il y ait autant d'emplois non satisfaits dans un pays qui compte 6 millions de chômeurs.» Nicolas Sarkozy a ainsi appris que le site plébiscité par les Français, pour vendre une vieille armoire, ou acheter une jupe en jean, est aussi devenu l'un des plus utilisés pour trouver un emploi. Début avril, Dorothée Admont, gérante du bar brasserie Le Palm Beach à Gravelines, près de Dunkerque, a posté une annonce pour recruter un cuisinier en CDD. «Ce n'est pas la première fois que j'utilise le site", précise-t-elle. Une fois encore, en deux ou trois jours, elle a reçu de nombreux CV par mail et des candidatures spontanées, souvent issues de communes proches. «Une candidate s'est même présentée directement au restaurant." C'est elle qui a emporté le morceau. Des histoires comme celle-ci, Leboncoin.fr en suscite chaque jour. La proximité, c'est sa marque de fabrique. Comme les Français n'aiment guère quitter leur région, même pour trouver un emploi, du petit patron à la mère de famille en quête d'une nounou, en passant par ceux qui cherchent un travail, ils se sont vite emparés du site pour résoudre leurs problèmes. Pour les uns, trouver le salarié qui leur manque, pour les autres, décrocher un emploi. Ajoutez à cela les deux autres atouts qui ont fait le succès de la plate-forme - simplicité d'utilisation et gratuité du service et, en quelques années, Leboncoin est devenu le deuxième site de publication d'offres d'emploi en France, juste derrière Pôle Emploi! Autant dire un acteur indispensable sur le marché du travail puisqu'il met en ligne plus de 250000 annonces et règne sur le segment des emplois peu qualifiés avec 95% d'offres ciblant les employés. Fin avril, «chauffeur", «cuisinier», «secrétaire», «commercial», «vendeuse», «comptable" étaient les mots-clefs les plus utilisés du site. Même si, de temps en temps, apparaissent des postes de directeurs de supermarché ou de développeurs informatiques. «Un utilisateur sur dix du Bon Coin va sur l'onglet Emploi", s'enorgueillit Antoine Jouteau, le directeur général. En février, ils étaient près de 2,6 millions de visiteurs uniques, en général arrivés par la carte de France postée sur la page d'accueil. Même sur un sujet aussi sérieux que l'emploi, le site a conservé le principe de la «brocante": l'annonce pour une nounou se mêle au recrutement d'un maçon ou d'un ingénieur. Qu'est ce qui séduit les employeurs sur Leboncoin? Avant tout, son audience colossale. Les 23,7 millions de visiteurs uniques mensuels (mobile et tablettes compris) lui permettent déjà de dominer la vente entre particuliers de biens physiques. «Nos annonces ont une très forte visibilité", se réjouit Paul, un artisan du BTP. «On ne paie rien pour la mise en ligne, ajoute Emilie Garay, directrice commerciale chez le lunetier Vuarnet. De ce fait, on ne se pose pas de question, on n'a rien à perdreen dehors de voir sa boîte mail inondée de messages, alors qu'une annonce d'emploi coûte de 800 à 1000 euros.» Les entrepreneurs de secteurs comme l'hôtellerie et la restauration, qui ont du mal à embaucher identifient un autre atout: Leboncoin permet de toucher «des gens qui se promènent simplement sur le site sans être en quête a priori d'un nouvel emploi". C'est ce qui séduit François-Xavier Guilet, responsable recrutement & mobilité du Groupe Bertrand, propriétaire de nombreuses brasseries. Lorsqu'il ouvre un restaurant, il passe systématiquement par le site généraliste pour embaucher ses chefs ou seconds de cuisine. Avec Leboncoin, les employeurs sont assurés de recevoir de nombreux CV. Indispensable pour ce gérant d'un hôtel d'une grande chaîne qui a trouvé un tiers de son effectif grâce à lui. À la recherche d'un chef pâtissier pour sept mois, il a reçu six CV, deux fois plus que Pôle Emploi... «Leboncoin nous donne accès à une plus grande variété de candidats.C'est essentiel quand vous cherchez un réceptionniste de nuit par exemple car il n'y a pas de profil particulier pour cette activité", témoigne-t-il. «Pour certains postes où il y a pénurie de candidats, cela ne me dérange pas de recevoir des CV qui ne soient pas pertinents car cela me permet d'avoir un échantillon beaucoup plus large", insiste Gabriel Intervera, responsable du recrutement d'Iserba, une entreprise de maintenance immobilière. Il est devenu un adepte du Bon Coin pour recruter des plombiers spécialisés ou des techniciens pointus. Pour certains employeurs, Leboncoin a d'ores et déjà supplanté Pôle Emploi, jugé moins efficace. Échaudée par son expérience avec Pôle Emploi, Emilie Garay n'a plus envie de recommencer: «Je cherchais à recruter un chargé de clientèle. Et j'ai très vite déchanté. Les profils que Pôle Emploi m'envoyait ne correspondaient pas à ma demande ou bien les gens ne venaient simplement pas au rendez-vous", explique-t-elle. Avec Leboncoin en revanche, l'affaire a été bouclée en une semaine et Emilie Garay s'apprête à pourvoir deux autres postes grâce au site. «J'ai régulièrement besoin d'embaucher, mais Pôle Emploi ne m'envoie jamais personne", bougonne de son côté ce patron d'une société de nettoyage de la région Centre, qui une fois de plus passe donc par Leboncoin pour trouver un agent d'entretien à temps partiel. Certains patrons préfèrent emprunter les deux filières. Comme Roland, restaurateur à Annecy, qui lance le recrutement d'un chef de bar pour sa saison d'été. Pour Catherine Poux, directrice des services aux entreprises de Pôle Emploi, les deux plates-formes ne sont pas concurrentes: «Il n'y a pas d'opposition et quand Leboncoin observe une hausse des offres publiées, nous la constatons aussi", souligne-t-elle. «Chaque acteur de l'emploi a ses spécificités. L'avantage de Pôle Emploi est son réseau physique qui lui permet de donner des conseils aux recruteurs et de définir avec eux le service qui sera le plus efficace pour leur recrutement. Cela peut faciliter la rencontre. La diffusion des annonces ne fait pas tout", poursuit-elle. Tout comme il a bouleversé les marchés de l'immobilier et de l'automobile d'occasion, Leboncoin, filiale du norvégien Schibsted (qui édite le gratuit 20 minutes), a révolutionné celui de l'emploi. «En permettant à n'importe quelle entreprise de publier une offre d'emploi, il a rendu visible un marché de masse caché jusque-là", analyse Diego de Brisoult, cofondateur de Géojobs. «On pense qu'un quart de nos offres ne sont visibles nulle part ailleurs», souligne Antoine Jouteau. Le site aide ainsi clairement à «fluidifier» le marché. Car pour ceux qui cherchent un emploi, Leboncoin représente souvent l'espoir de sortir de la galère avec sa mine d'offres accessibles en deux clics sur son ordinateur ou depuis son smartphone. C'est ainsi que Francette Lopez, qui le fréquentait régulièrement - pour trouver une voiture d'occasion -, a décroché un poste de chargée de clientèle chez Vuarnet après huit mois de chômage. Benoît, chauffeur livreur de 40 ans qui rêvait de changer de métier, y a trouvé un CDI de vendeur. Il y a aussi ceux qui proposent leurs services. À l'image de Paul qui vient de terminer une formation de soudeur. «C'est comme cela qu'un de mes amis a trouvé son poste de boucher." S'il est impossible d'évaluer la part des annonces pourvues grâce au Bon Coin ou le nombre de personnes y ayant dégoté un travail, les annonces déposées sur le site resteraient en ligne en moyenne quinze jours, d'après son dirigeant. Bien sûr, plus il y a d'offres et plus il y a de possibilités. Après, il faut évidemment que les parties établissent le contact et fassent affaire... Mais l'usage a façonné la plateforme. Dès le départ, en 2006, Leboncoin a remplacé l'affichette scotchée à la boulangerie avec des numéros de téléphone prédécoupés permettant de contacter une nounou ou un bricoleur pour repeindre les volets. Puis, peu à peu, il a séduit les professionnels. D'abord des TPE et PME qui, auparavant, ne savaient pas où passer leurs offres. En 2012, le cap des 30000 annonces est atteint, et avec lui la masse critique. Aujourd'hui, le site voit arriver des SSII, et même des start-up comme Prêt d'Union, passée par Leboncoin pour trouver des chargés de clientèle ou un comptable. Les antennes locales des sociétés d'intérim y voient un outil complémentaire. Au point de représenter 30% des annonces mises en ligne. «Leboncoin est incontournable quand on veut être en proximité. C'est sa force, ainsi que l'empathie qu'il crée. Il va nous amener de nombreux candidats», déclare Christian Boghos, le directeur général Communication et Marketing de ManpowerGroup France qui s'apprête à conclure un accord national avec la filiale de Schibsted. Celle-ci attire également des employeurs inattendus: à la rentrée passée, un lycée de Luzarches a utilisé le site pour recruter le professeur de maths qui manquait toujours à l'appel. Ailleurs, des parents, exaspérés par l'absentéisme des enseignants dans l'école de leurs enfants, n'ont pas hésité à déposer une annonce sur Leboncoin. La gendarmerie de Limoges, en mal d'effectifs, y a aussi eu recours ! Et que dire de Lavausseau, village de la Vienne qui, ne trouvant personne pour remplacer son médecin parti à la retraite, s'est en désespoir de cause tourné vers le site? Très logiquement, il attire son lot d'arnaques. Marc, qui postulait à un emploi de chauffeur de VTC, s'est vu réclamer un CV, puis ses papiers d'identité et un RIB. Méfiant, il a laissé tomber. Pour éviter les dérives, une équipe, épaulée par des algorithmes sophistiqués, vérifie que les annonces ne sont ni discriminatoires, ni sexistes, et bloque celles qui sont suspectes. Puissant sur les emplois peu qualifiés, Leboncoin rêve de conquérir les offres des grands groupes et, dans la foulée, celles qui portent sur les cadres : moins de 5% de ses annonces. L'ambition est ancienne mais la société semble enfin prête. Avec deux objectifs affichés: doubler l'audience de l'onglet Emploi et en tirer une meilleure rémunération. Car les offres vont basculer vers un modèle payant. En contrepartie, les grandes entreprises se verront proposer une série de services (conseils, tableaux de bord avec le nombre de consultations par annonce...). «Pour les TPE-PME, les premières annonces resteront gratuites, nous voulons les protéger», souligne Antoine Jouteau sans plus de précision. Pas question de perdre le boulanger qui cherche un pâtissier tous les trois ans! Jusqu'ici, les grands recruteurs ont été réticents à publier leurs annonces sur Leboncoin. Question d'image. «Dans des secteurs comme la défense ou l'aéronautique, c'est jugé trop décalé", analyse François de Boutray, PDG du groupe Aktor, conseil en stratégie de recrutement. L'idée de voir ses annonces cohabiter avec des offres mal écrites ou bourrées de fautes d'orthographe refroidissait plus d'un DRH. «Une grande entreprise souhaite que sa marque employeur soit valoriséeet qu'on lui envoie le bon candidat", relève Diego de Brisoult. Pour autant, la filiale de Schibsted ne manque pas d'atouts : tout le monde a intégré le phénomène «Bon Coin". «Même s'il s'agit d'un média populaire, il est surutilisé par les CSP +», note Christian Boghos. Devant les DRH qu'il rencontre, Antoine Jouteau développe son argumentaire: «Vous n'avez rien à perdre à tester notre service. Nous sommes un média plus local, plus puissant que les autres. Et Leboncoin est une marque bienveillante." Pour les convaincre, il a brandi la technologie mise au point par la société qui permet d'en finir avec la saisie manuelle des annonces: des flux massifs peuvent désormais être automatiquement mis en ligne. Le patron du Boncoin affiche déjà son autre ambition : aller plus loin dans la géolocalisation des recherches. «Nous devons être beaucoup plus précis, et permettre à un utilisateur d'identifier toutes les offres à 1,5 kilomètre autour de lui. C'est là qu'on va faire la différence» déclare-t-il. Rien d'autre que l'ADN du Boncoin...