Les banques britanniques face au resserrement de la contrainte

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Les banques britanniques face au resserrement de la contrainte
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Conjoncture
Juin 2016
3
Les banques britanniques face au resserrement de la contrainte
réglementaire*
Laurent Nahmias
La crise a appelé le déploiement de plans de soutien gouvernementaux aux banques britanniques pesant
significativement sur les finances publiques. Le coût élevé de ces interventions a conduit le gouvernement
à mener des réflexions sur la réglementation prudentielle qui s’accompagneront d’une redéfinition du
modèle bancaire. Le ralentissement de la croissance mondiale, l’intensification de la concurrence sur le
marché retail et la mise en conformité aux nouvelles exigences réglementaires nationales et internationales
amènent les grands établissements à réorienter leur stratégie pour préserver in fine leur rentabilité.
* Ce texte a été finalisé avant le résultat du référendum britannique.
Alors qu’au début du nouveau millénaire, les banques
britanniques affichaient une rentabilité parmi les plus
élevées et encore supérieure à celle de leurs homologues
outre-Atlantique, elles témoignent aujourd’hui d’une
profitabilité bien plus modeste. La crise financière a
fortement ébranlé les établissements britanniques et
amené le gouvernement à déployer des mesures de
soutien de grande ampleur – fort assouplissement de la
politique monétaire, création d’une bad bank virtuelle et
recapitalisations publiques massives – pour éviter
l’effondrement d’une partie du système bancaire.
Si les établissements d’outre-Manche ont renforcé leur
solidité financière sur la période récente, ils restent sujets
à de nouvelles menaces. En dépit de perspectives de
croissance interne favorables, l’essoufflement de la
croissance mondiale, l’environnement de taux bas,
l’avènement de nouveaux acteurs sur le marché de la
banque de détail et les durcissements réglementaires
successifs affectent la capacité des grandes banques
britanniques à dégager des marges confortables. Malgré
le mouvement de désintermédiation qui bénéficie
actuellement à la banque d’investissement en Europe, la
rentabilité des grands établissements sur ce segment a
également été mise à mal par les baisses du prix des
matières premières et des cours boursiers en 2015. Enfin,
la révolution digitale modifie profondément les liens des
banques avec leurs clients, intensifiant encore un peu
plus la concurrence sur le marché de la banque de détail.
Confrontés à un nouveau paradigme économique et
réglementaire, les principaux acteurs ont allégé leur
bilan (deleveraging) et procédé à des repositionnements
géographiques. Ce contexte moins favorable continuera
probablement de peser sur la performance financière
des grands groupes bancaires britanniques en réduisant
leur capacité à générer des revenus récurrents.
La nécessaire réorientation stratégique des
groupes bancaires
À l’issue de sa profonde recomposition, le paysage
bancaire britannique demeure dominé par cinq grands
établissements de crédit (les « big five ») : HSBC,
Barclays, RBS, Lloyds et Standard Chartered. Pour
réduire leurs charges opérationnelles et restaurer in fine
leur rentabilité, ces groupes bancaires réorientent leur
stratégie.
Le nouveau paradigme économique et réglementaire
Les grandes banques internationales (HSBC,
Standard Chartered et Barclays) avaient mieux
résisté à la crise que leurs homologues ancrées sur
leur seul marché domestique (RBS et Lloyds).
Bénéficiant désormais à un moindre degré de relais
de croissance à l’étranger, elles doivent, à l’instar
des autres établissements, se conformer aux
nouvelles réglementations nationales (mise en œuvre
d’ici 2019 des recommandations du rapport Vickers
Independent Commission on Banking publié en
septembre 2011 et exigences prudentielles de la
Banque centrale) et internationales (Bâle 3, TLAC,
MREL et Bail-In). Le coût induit sera important.
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Conjoncture
L’essoufflement de la croissance des pays émergents
amène un repositionnement géographique
Alors qu’il y a quelques années, la quasi-totalité des pays
émergents affichaient une croissance extrêmement
vigoureuse, certains sont désormais en récession
(comme le Brésil et la Russie qui ont enregistré une
contraction de leur PIB respectivement de -3,8% et -3,7%
en 2015) et/ou subissent un ralentissement économique
prononcé. Les projections de croissance ont été révisées
plusieurs fois à la baisse. Elles ne laissent pas entrevoir
d’embellie notable en 2016 au Brésil et augurent
généralement d’une moindre progression du PIB à
horizon de deux ans en Asie (à l’exception de l’Inde) (cf.
graphique 1). Les grandes banques britanniques
internationales, traditionnellement très implantées en
Amérique latine et en Asie-Pacifique, ont été touchées de
plein fouet par ce ralentissement. Elles ont ainsi
enregistré une diminution de leurs revenus d’activité.
Elles ont répondu à l’assombrissement des perspectives
de croissance en Amérique latine en se désengageant
progressivement de la zone, tout en procédant à des
redéploiements géographiques au sein de la région AsiePacifique. Plus généralement, le contexte économique et
réglementaire les a conduites également à réduire la
voilure de leurs activités.
Projections de croissance réelle du PIB par zone
géographique
10
%
2013
2014
2015
2016p
2017p
8
6
4
2
0
-2
-4
-6
Graphique 1
UK
Monde
G7
Emergents
Asie*
LATAM
Brésil
Russie
Inde
Chine
Afr. du Sud
Source et prévisions à fin mai 2016 : BNP Paribas
HSBC a ainsi annoncé en juin 2015 la cession de ses
filiales au Brésil et en Turquie, opérant ainsi un
recentrage de son activité sur l’Asie, plus
particulièrement au Sud de la Chine (région de Canton
et Shenzhen) et dans l’ASEAN (l’Indonésie, Singapour,
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le Vietnam et les Philippines notamment). Seule une
division sera maintenue au Brésil pour les clients
professionnels les plus importants. HSBC espère
réduire ses coûts opérationnels de 4,5 milliards de
dollars par an à l’horizon 2017 (pour un total de 39,8
milliards de dollars en 2015) dans l’objectif de dépasser
les 10% de retour sur investissement (RoE) d’ici 2017 et
d’accroître parallèlement sa distribution de dividendes.
Ce repositionnement géographique marque une
inflexion de la stratégie d’internationalisation récente du
groupe qui tendait depuis trente ans à privilégier
l’Amérique latine1. Il amène le groupe à revenir vers ses
marchés historiques puisque le continent asiatique
représentera en 2017 plus de 40% de ses actifs
bancaires, contre environ 33% fin 2015. En revanche,
HSBC a annoncé en mai 2016 la fermeture de 24 de
ses 50 agences en Inde qui totalisent moins de 10% de
sa clientèle particulière, en tablant sur un élargissement
de ses services de banque digitale dans ce pays.
Présente surtout en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique,
Standard Chartered a été également fortement touchée
par le ralentissement économique des pays émergents
et la chute du cours des matières premières survenue
l’an passé, marché sur lequel elle est extrêmement
présente. En 2015, la banque a ainsi dû prendre des
mesures drastiques pour renforcer ses fonds propres
(augmentation de capital de 5,1 milliards de dollars en
novembre 2015 et gel du versement des dividendes et
bonus) et pour réduire ses charges opérationnelles
(programme de réduction des coûts d’un milliard de
dollar en 2015 porté à 2,9 milliards d’ici 2018). En outre,
cent milliards d’actifs jugés trop risqués ou peu
rentables (près du quart du bilan bancaire) feront l’objet
d’une restructuration ou d’une cession. Cela concerne
au premier chef les filiales coréennes ou indonésiennes.
Selon Bloomberg, Standard Chartered chercherait ainsi
à vendre, à mi-avril 2016, au moins 4,4 milliards de
dollars d'actifs en Asie pour consolider son bilan. En
particulier, elle souhaiterait se séparer d'un portefeuille
de prêts en souffrance octroyés à des entreprises
indiennes totalisant à son actif 1,4 milliard de dollars.
Enfin, Barclays, moins internationalisée que les deux
grandes banques précédemment citées, a fait part de
son intention en avril 2016 de procéder à un recentrage
de ses activités au Royaume-Uni et aux États-Unis. La
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banque prévoyait ainsi déjà en mai 2014 de se délester
de 115 milliards de livres d’actifs non stratégiques (près
de 9% du bilan bancaire). L’objectif poursuivi diffère
néanmoins sensiblement de celui d’HSBC puisqu’il
s’agirait d’améliorer en premier lieu son ratio en fonds
propres durs. La banque a ainsi annoncé la cession de
ses activités de banque privée à Singapour et HongKong qui devrait se traduire par une réduction de 1,3
milliard de dollars de son encours d’actifs pondéré par le
risque. Le groupe préparerait également un retrait de
grande ampleur en Afrique : 10% de Barclays Africa
serait ainsi revendu à plusieurs grands investisseurs. A
terme, Barclays pourrait céder jusqu’à l’intégralité de sa
participation de 62%. La forte rentabilité de cette filiale
africaine se trouvant diluée dans les comptes consolidés
du groupe, cette cession pourrait lui permettre
d’économiser un point de ratio en fonds propres durs.
Toutefois, le montant important de la capitalisation
boursière de Barclays Africa (75,4 milliards de rands à
fin 2015) et la conjoncture défavorable compliquent la
quête d’un acquéreur capable de payer une telle somme
et sans trop dégrader ses ratios réglementaires.
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conformément aux recommandations du rapport Vickers,
seront tenus de cloisonner leurs activités de banque de
détail au Royaume-Uni (ring-fencing) en mettant en
œuvre une gouvernance autonome, tant dans la gestion
de leurs ratios prudentiels que dans leur management.
La délimitation entre les activités logées au sein de la
banque de détail cloisonnée et celles qui en seront
exclues sera laissée, dans une certaine mesure, à la
discrétion des établissements. Toutefois, l’entité
autorisée à collecter des dépôts (y compris de grands
corporate) et à fournir des services aux particuliers et
aux entreprises de l’Espace économique européen
(ring-fenced bank) ne pourra pas, en contrepartie,
s’engager sur des activités de marché. A l’inverse, la
banque d’investissement à l’extérieur du segment
cloisonné ne pourra plus collecter de dépôts des
particuliers d’un montant inférieur à 250 000 livres et
ceux des PME. Mais a contrario, elle sera autorisée et
sous certaines conditions, à recevoir les dépôts de
grands corporate.
Concomitance du net durcissement de la réglementation
bancaire nationale et du cadre prudentiel international
Ce nouveau paradigme réglementaire aura donc une
forte incidence sur le business model des groupes
bancaires britanniques et, plus encore, sur le
financement des entreprises.
Le plan de soutien aux banques britanniques (environ
75 milliards de livres) a fortement pesé sur les finances
publiques. Ce coût a amené le gouvernement à
remanier en profondeur tant l’organisation du contrôle
bancaire que la réglementation prudentielle pour
protéger, en dernier ressort, le contribuable. Le système
de supervision tripartite 2 , tancé pour avoir failli à
anticiper les déboires financiers de certains
établissements (par exemple Northern Rock, RBS ou
Lloyds), a laissé place en avril 2013 à i) une autorité de
contrôle microprudentiel aux prérogatives renforcées et
directement contrôlée par la Banque d’Angleterre (BoE),
la Prudential Regulation Authority (PRA), ii) un organe
chargé d’identifier les risques systémiques, le Financial
Policy Committee (FPC) et iii) une autorité des marchés
et de la protection des consommateurs, la Financial
Conduct Authority (FCA). Post-crise, la réglementation
bancaire a également été renforcée : outre la
nécessaire mise en conformité avec les nouvelles
exigences
réglementaires
européennes
et/ou
internationales, les établissements britanniques,
Premièrement, le cloisonnement des activités de détail
devrait s’accompagner d’une augmentation du coût des
ressources financières pour la banque de financement
probablement pénalisée par: i) la moindre mobilisation
des dépôts de la clientèle selon la définition large ou
étroite retenue pour le périmètre des activités de détail
et d’investissement, ii) l’élargissement des primes de
risque supportées par la banque, car elle ne bénéficiera
plus du coût de funding du groupe. Deuxièmement, le
renchérissement des financements wholesale pourrait
conduire les banques à arbitrer en faveur d’un
recentrage sur les réseaux au détriment de la banque
d’investissement. Enfin, ce nouveau schéma devrait
induire une moindre transformation des maturités
pesant in fine sur la rentabilité des établissements et les
volumes de financements à moyen et à long terme. Les
moyennes ou grandes entreprises seraient encouragées
à se tourner davantage vers les financements de
marché tandis que les plus petites d’entre elles
risqueraient, en revanche, de pâtir de cette contrainte
qui s’exerce sur le crédit. La demande accrue de
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financements de marché pourrait par ailleurs se heurter
à celle des États, dont le besoin pour couvrir leur déficit
budgétaire s’est creusé notamment depuis la crise. Plus
généralement, le coût estimé de ces mesures a été
chiffré, en 2013, pour l’industrie bancaire à, entre 3,5 et
8 milliards de livres.
Fin 2015, les cinq principaux établissements avaient
déjà esquissé un premier schéma de leur futur business
model et, ainsi, délimité le périmètre des activités de la
partie cloisonnée. Les établissements orientés sur le
segment retail devraient soit placer la quasi-totalité de
leurs activités sous l’égide de l’entité cloisonnée (RBS),
soit ne pas constituer d’entité spécifique en considérant
l’ensemble du groupe comme une banque de détail
(Lloyds). Les autres grandes banques plus fortement
diversifiées en termes d’activités (HSBC et Barclays)
regrouperont au sein d’une structure spécifique des
opérations bancaires retail comme pour les
établissements précédents. Néanmoins, leur part
en pourcentage du Produit Net Bancaire (PNB) total
outre-Manche sera plus faible (en raison de leur plus
forte implantation à l’étranger). Seule Standard
Chartered ne devrait pas constituer de ring-fenced bank
car la part de son segment retail au Royaume-Uni est
très faible.
Concernant la partie cloisonnée des établissements
systémiques, le rapport Vickers préconise également un
relèvement des exigences en fonds propres par rapport à
celles de Bâle 3, avec un ratio de common equity
rapporté aux engagements pondérés par les risques
de 10% minimum (contre 7% hors surcouche pour les GSIFIs selon la CRD IV). En revanche, les activités de
banque d’investissement non cloisonnées resteraient
soumises aux seules normes internationales 3 . Fin
décembre 2015, le FPC a émis de nouvelles
recommandations en termes de fonds propres durs pour
couvrir les pertes inattendues, qui vont au-delà de celles
du rapport Vickers (et a fortiori celles de Bâle 3), avec i)
un ratio de CET1 à 11,2% pour la partie cloisonnée et à
11,5% pour le groupe et ii) un ratio de levier supérieur au
seuil minimum bâlois de 3% en période de croissance
excessive du crédit et/ou pour les G-SIFIs4. L’examen des
ratios réglementaires CET1 fully loaded laisse à penser
que la situation des principales banques britanniques
devrait être relativement favorable eu égard à ces
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nouvelles exigences en fonds propres. En effet, depuis le
début de la crise, les banques ont été recapitalisées à
hauteur de 151 milliards de livres (dont la moitié provenait
de fonds publics), principalement par le biais d’émissions
d’actions ordinaires éligibles au common equity au sens
de Bâle 3. Depuis 2013, le ratio CET1 fully loaded des
principales banques britanniques a continué de se
redresser (cf. graphique 2) au gré principalement de
cessions d’actifs et, dans une moindre mesure, de
nouveaux renforcements en fonds propres durs. Pour se
conformer aux nouvelles exigences réglementaires sur
une période relativement courte, les grands
établissements ont ainsi été contraints d’alléger leurs
bilans (deleveraging) et de réduire leurs encours
pondérés par les risques (derisking).
Ratios réglementaires CET1 "Fully Loaded"/RWA
des principales banques* (%)
* Ratios calculés selon les définitions au terme de la pleine application
du calendrier prévu par Bâle 3
2013
10,0
11,1
12,4
11,2
10,7
12,6
10,3
12,8
12,8
Total échantillon
Standard Chartered
Lloyds
8,6
RBS
9,3
Barclays
HSBC
0
Graphique 2
2
4
6
8
10
11,2
2014
2015
15,5
10,3
11,4
10,9
11,1
11,9
12
14
16
18
Source : rapports financiers des établissements
Pour évaluer la solidité du secteur bancaire britannique, la
BoE a conduit des tests de résistance en 2015, pour la
seconde année consécutive. Les derniers stress tests
publiés en décembre 2015, à partir des bilans bancaires
au 31 décembre 2014, visaient à appréhender les
éventuels besoins en fonds propres des principales
banques et sociétés de crédit immobilier (HSBC, RBS,
Lloyds, Barclays, Standard Chartered, Nationwide et
Santander UK) consécutivement à un choc externe
majeur et à choc interne de moindre ampleur que celui
retenu lors de l’exercice effectué un an auparavant. En
appliquant les principales hypothèses du volet externe
(une contraction de 2,1% du PIB de la zone euro et un
très net ralentissement de la croissance chinoise à 1,7%
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au T4 2015) et celles du volet interne (une hausse du
chômage de 3,5 points et une baisse de 20% des prix de
l’immobilier résidentiel), cinq des sept établissements
soumis aux stress tests préserveraient des ratios CET1 et
des leviers supérieurs ou égaux aux seuils minimaux
requis (respectivement 4,5% et de 3%) par le régulateur à
l’horizon de l’exercice de simulation. Si RBS et Standard
Chartered ont échoué à ces tests de résistance, ces
établissements ont toutefois déployé des mesures
préventives pour consolider leur bilan dans les derniers
mois précédents la finalisation des stress tests. Au regard
du scénario adverse retenu, la BoE est parvenue à la
conclusion que le secteur bancaire britannique serait
suffisamment robuste pour faire face à la conjonction de
chocs internes et externes de grande ampleur, sans levée
de fonds propres additionnelle et, en cas de vents
contraires, pour continuer à financer l’économie réelle.
Vers une recomposition du paysage bancaire britannique
La crise financière a contribué à redessiner les contours
du paysage bancaire britannique en favorisant peu
après sa survenance un mouvement de concentration.
Désireux de dynamiser la concurrence et de préserver
les intérêts des consommateurs, les pouvoirs publics
ont favorisé l’émergence de nouveaux acteurs sur le
marché de la banque de détail. Pour optimiser les
produits de la vente des entités nationalisées durant la
crise (et maximiser ainsi les gains pour le contribuable),
l’État a différé la cession de ses participations publiques.
Le mouvement de concentration post-crise s’infléchit
depuis 2014
L’une des recommandations du rapport Vickers de
l’Independent Commission on Banking (ICB) dévoilées le
12 septembre 2011 visait à introduire une plus forte
concurrence au sein du secteur bancaire i) en donnant la
possibilité aux clients de changer rapidement et à
moindre coût de banque et ii) en allégeant les conditions
d’entrée de nouveaux acteurs potentiels (i.e. formalités et
dispositifs administratifs allégés, délais de traitements des
dossiers et de délivrance des agréments, etc.).
Poursuivant cet objectif 5 , l’autorité de la concurrence
(Competition Market Authority ou CMA) a détaillé fin
octobre 2015 un large éventail de mesures
complémentaires (mise en place d’outils pour comparer la
facturation et les caractéristiques des produits bancaires,
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déploiement d’alertes en cas de dépassement de
découvert, etc.). Toutefois, la CMA a décidé de ne pas
contraindre les banques à se scinder et a exclu de mettre
fin à la gratuité des comptes6. Début décembre 2015, la
FCA a publié son premier baromètre semestriel destiné à
accroître la transparence sur le marché des comptes
d’épargne (meilleure comparabilité des tarifications et des
pratiques de marché, etc.). En outre, la FCA réfléchit à
imposer un délai de transfert limité à sept jours ouvrables
pour la plupart des comptes ISA 7 . Enfin, la FCA
demandera aux institutions financières d’indiquer dans
leurs points de vente les informations clefs de leurs
différents produits d’épargne et de mentionner clairement
tous les éléments relatifs à leur facturation.
La décennie ayant précédé la crise s’est caractérisée par
un accroissement substantiel de la concentration du
marché bancaire (cf. graphique 3). Cette tendance s’est
toutefois inversée en 2014, pour la première fois depuis
2008, et cette inflexion devrait se poursuivre dans les
années à venir. Les turbulences financières avaient
entraîné, tant parmi les groupes cotés qu’au sein des
banques mutualistes, la disparition ou la perte
d’indépendance de nombreux établissements (par
rachats ou fusions), et une concentration au profit de
petits groupes. Barclays a par exemple acquis pour 1,75
milliard de dollars (environ 879 millions de livres) une
partie des activités de Lehman Brothers (actifs
commerciaux) peu après sa faillite en septembre 2008.
Lloyds avait en outre racheté, au second semestre 2008,
pour 12,2 milliards de livres HBOS, fortement dépendante
de la liquidité de marché et significativement exposée au
marché immobilier.
Part des cinq plus grands établissements de crédit
dans l'UE
En % du total des actifs bancaires nationaux
120
100
2000
2005
2010
2014
80
60
40
20
0
Graphique 3
Source : BCE - EU Banking structure
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Conformément à ses engagements européens, le
gouvernement britannique s’était engagé à réduire la taille
des établissements nationalisés et/ou ayant bénéficié d’un
important soutien public (RBS et Lloyds). En effet, les plans
de recapitalisation des banques avaient été avalisés par la
Commission européenne en contrepartie de cessions de
filiales ou d’agences d’établissements bancaires secourus
pour « contenir les distorsions de concurrence ». L’objectif
clairement affiché par la Commission était de faciliter
« l’arrivée sur le marché d'un nouveau concurrent ou le
renforcement d'un concurrent existant de plus petite taille
et, par conséquent, stimuler […] la concurrence »8.
Lloyds Banking Group a ainsi dû se séparer de 632
agences (selon l’échéance fixée initialement au 30
novembre 2013 et reportée au 31 décembre 2015).
Certaines agences des filiales de TSB en Angleterre, au
Pays de Galles, en Ecosse, à Cheltenham et Gloucester
ont ainsi été regroupées au sein d’une entité TSB9 en
mars 2013. Cette nouvelle structure totalisait dès sa
création 6% des comptes courants britanniques, soit le
minimum recommandé par le rapport Vickers pour
permettre à une nouvelle entité scindée d’un groupe
existant de devenir un véritable concurrent sur le
marché de la banque de détail domestique. La TSB a
commencé à opérer sur le marché bancaire en tant
qu’acteur distinct de Lloyds (tout en demeurant sous
son contrôle à 100%) en septembre 2013. Après de
multiples rebondissements 10 , Lloyds est finalement
parvenue à céder TSB par le biais i) d’introductions en
bourse en juin 2014 et en septembre 2014 (pour
respectivement 11,5% et 38,5% du capital) et ii) de la
vente du solde de ses parts (50% du capital) à la
banque espagnole Sabadell en mars 2015.
RBS est également tenue de réduire sa taille au plus tard
d’ici à fin 2017. En septembre 2013, cette banque avait
déjà cédé jusqu’à 49% du capital de sa filiale Williams &
Glyn, opérant sur le segment du retail, à un consortium de
private equity (Corsair Capital, Centerbridge Partners, RIT
Partners et Church Commissioners for England). Midécembre 2015, RBS privilégiait de se délester de cette
filiale comptant 314 agences (soit 5% du marché, deux
millions de particuliers et 250 000 PME) en vendant sa
part restante du capital à des investisseurs privés plutôt
qu’en procédant, comme elle le prévoyait à l’origine, à
une introduction en bourse en 2016.
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Si le mouvement de concentration s’est intensifié après
la crise, il a aussi suscité une vigilance accrue des
pouvoirs publics qui ont encouragé l’implantation dans
la banque de détail de nouveaux acteurs bancaires
étrangers et non bancaires.
De nouveaux acteurs, qui affichent pour les plus petits,
une rentabilité nettement supérieure à celle des big five
De nouveaux établissements (challenger banks) défient
désormais les acteurs historiques principalement sur le
marché de la banque de détail et, dans une moindre
mesure, sur celui de la gestion de fortune. Ils se
différencient des big five par des sources de revenus
moins diversifiées. Début novembre 2015, la petite
challenger bank, Métro bank, qui hésitait encore à ouvrir
son capital via une introduction en bourse, a dû reporter
à 2016 sa levée de fonds sur le marché en raison de
pertes financières. Ces fragilités rendent les nouveaux
acteurs plus vulnérables à une détérioration des
conditions de marché (notamment un retournement
conjoncturel ou une correction immobilière) et à une
intensification de la pression concurrentielle sur les prix.
Les plus petits d’entre eux affichent néanmoins une
forte rentabilité financière (RoE de 18,2% en 2014) qui
contraste nettement avec le taux de retour sur fonds
propres des plus grandes challenger banks (RoE de
2,1%) ou celui des big five (RoE de 2,9%). En cause :
des coûts fixes plus bas que ceux des établissements
« traditionnels » (mutualisation du réseau dédié au
commerce avec celui de distribution de produits
financiers, banque en ligne, absence de réseau
d’agences bancaires et frais généraux plus bas, etc.).
En d’autres termes, leur avantage compétitif réside dans
des coûts plus faibles liés à l’absence d’un réseau
d’agences physiques et/ou leur capacité à offrir une
palette élargie de services (ouverture en continu sept
jours sur sept, proactivité des conseillers bancaires,
tarifs avantageux, etc.).
La présence grandissante de ces nouveaux acteurs sur
le marché de la banque de détail ne devrait pas
remettre en cause la prédominance des intervenants
historiques : HSBC, Barclays, RBS et Lloyds collectent
encore 77% des comptes courants personnels et 85%
des comptes d’entreprises. Toutefois, elle pourrait peser
sur la reconstitution de leurs marges d’intermédiation.
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-
Les grandes challenger banks
Le mouvement de consolidation du secteur bancaire
par des opérations de fusions/acquisitions a donné
naissance à des acteurs domestiques de grande taille.
Fruit de nombreuses fusions – la plus importante étant
celle avec Anglia Building Society en 1987 et la
Portman Building Society en 2007 – Nationwide
Buiding Society s’est imposée comme un acteur
mutualiste de premier plan, par le volume de ses prêts
hypothécaires et son rôle de prestataire de services
d'épargne.
D’autres opérations de fusions/acquisitions ont eu lieu.
Premièrement, le groupe Virgin a significativement
développé ses activités de banque de détail via sa filiale
Virgin Money, notamment grâce à l’acquisition de la
banque régionale Church House en 2009. Ensuite, en
novembre 2011 Virgin Group a racheté à l’État, pour
environ un milliard de livres, les 75 agences de Northern
Rock, banque emblématique de la crise du subprime
nationalisée en février 2008.
La holding financière britannique NBNK, cotée au
London Stock Exchange, a également fait son
apparition en 2010. Ce groupe financier a pour ambition
de bâtir un vaste réseau principalement de banques de
détail par croissance externe via des acquisitions
d’actifs bancaires sur le marché retail britannique
uniquement (et des rachats ponctuels d’activités en
gestion de fortune). Enfin, les filiales de banques
nationalisées (RBS et Lloyds) et revendues (ou sur le
point de l’être) sont devenues des acteurs à part entière
du marché bancaire. La banque TSB, ex-filiale de
Lloyds, s’est retrouvée en concurrence en 2014 avec les
big five. Il devrait en être de même de l’actuelle filiale
Williams & Glyn de RBS.
Des banques étrangères sont venues aussi
concurrencer les big five britanniques. L’espagnole
Santander a pu consolider sa position sur le marché
bancaire
outre-Manche
par
croissance
externe (rachats d’Abbey en août 2004, d’Alliance et
Leicester en août 2008, du réseau et de la branche
« épargne » de Bradford & Bingley en septembre
2008, et acquisition de 318 succursales de RBS en
août 2010). De même, la banque espagnole Sabadell
a pu s’implanter au Royaume-Uni en devenant le
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propriétaire exclusif de TSB, ex-filiale de Lloyds, en
juillet 2015. S’inspirant de l’exemple de Santander, ses
dirigeants se donnent actuellement comme priorité de
transformer cette caisse d’épargne régionale en
banque internationale intégrée – en s’appuyant sur ses
atouts technologiques – pour diversifier in fine ses
sources de revenus et accroître sa rentabilité. Enfin, la
deuxième banque espagnole (en termes d’actifs ou de
capitalisation), BBVA, a acquis 29,5% du capital de la
banque en ligne Atom Bank en novembre 2015,
mettant ainsi un pied au Royaume-Uni et se
renforçant, par ailleurs, dans les activités centrées sur
le numérique.
-
Les petites challenger banks
Contrairement aux grandes, les petites challenger
banks ne sont pas le fruit d’opérations de
fusions/acquisitions, et en ce sens elles constituent de
« véritables » nouveaux acteurs. La première stratégie
consiste pour des entités non bancaires à élargir leur
périmètre d’activité en adossant une offre de services
financiers à un réseau commercial existant pour offrir à
leurs clients un spectre important de services
financiers proches de ceux qu’offrent les banques de
détail traditionnelles (gestion de comptes courants,
crédits à la consommation, moyens de paiement,
assurance, etc.). Plusieurs acteurs de la distribution –
dont le cœur de métier initial n’était pas lié à une
activité bancaire – se sont implantés sur le marché de
la banque de détail britannique (Metro Bank fin juillet
201011, Tesco, leader de l’agroalimentaire, au travers
de sa filiale Tesco Bank ou encore Mark & Spencer via
M&S bank en 2012).
La seconde stratégie réside dans l’obtention ou le
rachat d’un agrément bancaire pour bâtir une banque de
détail reposant sur un réseau d’agences resserré et/ou
la mise à disposition de services financiers en ligne. De
petites banques de détail ont ainsi été créées ex nihilo
(Aldermore en 2009 adossée au fonds de private equity
AnaCap Financial Partners LLP, Shawbrook en 2011
fondée suite au rachat de la licence bancaire de la
Whiteaway Laidlaw bank par le fonds Pollen Street
Capital de RBS Equity Finance, OneSavings Bank en
2011, ou Atom Bank en juin 2015, la première banque
entièrement digitale au Royaume-Uni).
economic-research.bnpparibas.com
Les cessions de RBS et de Lloyds interviennent dans un
contexte de fortes décotes boursières depuis la crise
Les cours boursiers des banques britanniques ont certes
sensiblement diminué en 2008 et début 2009 (cf.
graphique 4) mais la baisse touchait en priorité, peu après
la crise, RBS et Lloyds. Consécutivement à la nette
amélioration de sa solvabilité, la valeur boursière de
Lloyds a toutefois rebondi depuis 2012, contrairement à
RBS toujours en proie aux doutes des investisseurs quant
à sa profitabilité. La remontée du cours boursier de Lloyds
devrait faciliter d’autant la poursuite du désengagement
de l’État du capital de cette banque et la finalisation des
cessions des participations publiques.
Evolution des cours boursiers
HSBC
Standard Chartered
Barclays
Lloyds
RBS
FTSE
FTSE - Valeurs bancaires
Base 100 : 09/2008
280
240
200
160
120
80
40
0
05 06 07
Graphique 4
08
09
10
11
12
13 14 15 16
Source : Datastream
Pour secourir le système bancaire britannique fortement
ébranlé par la crise financière, le gouvernement avait
procédé à des injections de fonds et des prises de
participations dans les établissements les plus fragilisés
(RBS, Lloyds et Northern Rock), à travers l’entité
publique UKFI12, conduisant à une nationalisation et/ou
un pourcentage de détention élevé du capital d’un grand
nombre de banques. En 2009, l’Etat a ainsi porté sa
participation au capital de RBS et de Lloyds à
respectivement 84 % et 43%. Peu de temps après cette
vague de nationalisations, le gouvernement s’était
engagé à céder progressivement ses participations à
des investisseurs institutionnels. Fin décembre 2015, la
participation publique dans le capital de RBS était
toujours de 73%. Pour Lloyds, elle a été ramenée à un
peu moins de 10% au cours des deux dernières années.
Conjoncture
Juin 2016
10
En juin 2015, l’État a annoncé qu'il poursuivrait ce
mouvement de désengagement du capital de Lloyds en
associant, depuis octobre 2015, le grand public
britannique à sa privatisation pour un montant minimum
de deux milliards de livres.
Les dirigeants de RBS avaient exprimé leur souhait
d’amorcer, en concertation avec le gouvernement, un
processus de privatisation dès 2011. Le gouvernement,
qui se disait confiant en 2012 quant à l’éventuelle
« reprivatisation » de RBS et de Lloyds, a été contraint
de patienter, d’autant plus qu’il était attaché à créer,
selon le porte-parole du Trésor, « de la valeur pour le
contribuable ». Toutefois, le gouvernement a, semble-til, été contraint d’étaler ses cessions de participations de
RBS car les valorisations boursières, de loin inférieures
aux prix de souscription de 50 pences par action,
auraient conduit l’État à enregistrer des pertes
significatives en cas de cessions totales ou partielles. Le
cours boursier actuel de RBS (environ 21 pences par
action à mi-mai 2016) laisse toujours entrevoir une
moins-value en cas de cession. Le Chancelier de
l’Échiquier, George Osborne, a néanmoins annoncé la
cession prochaine des titres de RBS.
S’agissant de Lloyds, le gouvernement a dégagé un léger
gain en revendant ses actions à 80 pences, au-dessus de
son prix de souscription de 74 pences par action.
Toutefois, la valorisation boursière actuelle (environ 67
pences par action à mi-mai 2016) rend encore difficile la
concrétisation de plus-values pour les cessions à venir.
Ce retour sur le marché contraste avec la cession à Virgin
Bank des participations publiques dans Northern Rock en
novembre 2012. Celle-ci s’était soldée par une moinsvalue pour l’État évaluée à entre 400 et 650 millions de
livres. L’État, qui détenait encore en 2015, via le UK Asset
Resolution, un montant important d’actifs toxiques issus
du sauvetage de Northern Rock, a soldé en novembre
dernier l’héritage de cette banque en difficulté. Il a ainsi
cédé pour près de 13 milliards de livres de prêts
immobiliers au fonds américain Cerberus et enregistré,
par la même occasion, une légère plus-value de 280
millions de livres par rapport à la valeur comptable. Cet
investisseur institutionnel a déjà revendu une partie de ce
portefeuille immobilier nouvellement acquis à la banque
TSB pour 3,3 milliards de livres (soit l’équivalent de
34 000 prêts hypothécaires).
economic-research.bnpparibas.com
Conjoncture
11
Juin 2016
Compte de résultat agrégé des cinq premiers établissements britanniques*
Montant en milliards de livres et variations en %
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Produit net bancaire
99,3
107,5
119,3
121,5
125,8
138,9
139,8
116,6
116,6
109,3
108,2
-1,0
dont produits nets d'intérêts
51,4
53,2
58,0
77,7
64,3
70,2
70,6
62,9
58,6
61,6
61,1
-0,8
dont commissions nettes
23,1
25,5
30,1
32,3
30,1
31,4
31,3
29,8
28,5
26,9
25,0
-7,0
dont autres produits nets d'exploitation
24,9
28,8
31,2
11,5
31,3
37,3
38,0
23,9
29,5
20,8
22,1
5,9
52,9
56,2
62,5
76,1
78,1
81,3
85,3
82,7
79,9
76,4
77,3
1,1
dont frais de personnel
28,2
31,2
34,4
39,5
41,1
43,4
43,9
40,9
40,8
38,9
38,6
-0,8
dont autres charges d'exploitation
Frais généraux
2015/2014
24,6
25,0
28,1
36,5
37,0
37,9
41,4
41,8
39,1
37,5
38,7
3,2
Résultat brut d'exploitation
46,4
51,3
56,7
45,4
47,7
57,6
54,5
33,9
36,7
32,9
30,9
-6,1
Coût du risque
10,9
13,1
17,7
46,1
56,3
35,5
29,1
20,1
18,9
5,6
7,8
38,8
Résultat courant avant impôt
35,5
38,2
39,1
-0,7
-8,6
22,2
25,4
13,8
17,8
27,3
23,1
-15,3
Autres produits et résultats exceptionnels
0,1
1,0
1,5
-31,4
24,9
-0,5
-3,3
-1,9
-5,2
-9,4
-8,8
n.s.
Impôt sur les bénéfices
10,0
10,7
8,5
-2,4
0,0
7,2
6,1
6,2
7,2
7,1
5,2
-27,4
Intérêts minoritaires
1,0
1,5
1,7
-9,2
2,0
1,1
1,8
1,9
1,9
1,6
2,2
37,6
Résultat net
24,6
27,0
30,4
-20,5
14,3
13,5
14,1
3,7
3,4
9,2
6,9
-25,1
(*) Notre échantillon comprend les cinq plus grands établissements de crédit en termes de capital tier one, soit: Barclays, HSBC, Lloyds, RBS et Standard Chartered.
Cet échantillon couvrait à fin décembre 2015, 70% du total de bilan de l'ensemble des établissements de crédit britanniques.
Des performances financières qui pâtissent
du contexte économique et réglementaire
Le contexte économique et réglementaire, conjugué à la
montée en puissance de nouveaux acteurs bancaires et
non bancaires, tend à mettre sous pression la solvabilité
des grandes banques outre-Manche. Si à court et
moyen terme, celles-ci pourraient pâtir d’un risque de
crédit modéré du fait d’une conjoncture favorable à
l’horizon de 2017, le risque de liquidité semble pour sa
part désormais relativement circonscrit.
La rentabilité peine à recouvrer ses niveaux d’avant crise
La santé financière du secteur bancaire britannique
s’est redressée : le bénéfice global de notre échantillon
a été positif en 2015 (+6,9 milliards de livres) et, malgré
son net recul sur un an (-25,1%), cette situation
contraste avec les lourdes pertes affichées en 2008
(-20,5 milliards). Toutefois, la rentabilité des grandes
banques qui était l’une des plus élevée des pays
développés avant crise s’est fortement dégradée et
peine à retrouver ses couleurs dès lors.
Faible tassement du produit net bancaire sur un an
La baisse du produit net bancaire (PNB) s’est poursuivie
en 2015 (-1,0% entre 2014 et 2015) mais à un rythme
bien plus modéré qu’en 2014 (-6,3% entre 2013 et
2014). La contraction annuelle du PNB à fin 2015, et
malgré le rebond des autres revenus d’exploitation13, est
imputable principalement à la diminution des
commissions et, dans une moindre mesure, au
tassement des revenus d’intérêts. Ce recul du PNB est
à mettre en regard notamment du trou d’air économique
de certains pays émergents (cf. supra). Il en a résulté un
recentrage des banques sur des activités core de leur
marché domestique et l’abandon d’opérations à
l’étranger, certes plus rémunératrices mais également
plus risquées.
Dès 2009, après l’effondrement des autres revenus en
2008, les banques britanniques ont bénéficié d’une
normalisation de leur structure de produit net bancaire
(cf. graphique 5), constitué pour plus de la moitié des
revenus nets d’intérêts en 2015. La déformation de la
structure du PNB n’a été due qu’à une contraction des
revenus liés aux activités d’assurance et de couverture
plus fortement corrélés au marché domestique baissier.
Les grands groupes bancaires outre-Manche avaient
réussi, selon une enquête de l’Office of Fair Trading
menée en 2012, à préserver leurs commissions en
procédant à une hausse de leur tarification rendue
possible par l’existence d’un marché oligopolistique.
Toutefois, de nouveaux acteurs bancaires ou non
bancaires investissent le marché de la banque de détail
principalement depuis 2010, et viennent aujourd’hui
défier à plus ou moins grande échelle les big five (cf.
economic-research.bnpparibas.com
Conjoncture
Juin 2016
12
supra). Cette recomposition du paysage bancaire
devrait s’accompagner d’une intensification de la
concurrence et, dès lors, amener les grands réseaux
historiques à baisser leurs prix pour préserver leurs
parts de marché.
inférieures à celles de leurs homologues européennes
(cf. graphique 6)14. La faiblesse relative des marges est
à mettre en regard, principalement, de l’environnement
de taux et du maintien au plancher du taux de base à
0,5% depuis avril 2009 (cf. graphique 7).
Structure du produit net bancaire des cinq
premières banques britanniques
Marges nettes d'intérêts à fin 2015
%
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Autres produits nets d'exploitation
Commissions nettes
Produits nets d'intérêts
05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15
Graphique 5
Sources : Bankscope et communiqués financiers
Produits nets d'intérêts rapportés aux acfifs productifs en %
3
2
1
0
GR ES US IE
Graphique 6
IT
ZE UE NL BE PT GB FR CH DE
Sources : Bankscope et communiqués financiers
Malgré leur légère progression en 2015, les marges
devraient rester sous pression à moyen terme
Taux d'intérêt par maturité
Alors qu’au début des années 2000, les établissements
de crédit outre-Manche affichaient des marges nettes
(produits nets d’intérêt par rapport au total des
actifs productifs) parmi les plus confortables, la période
post-crise a porté un coup d’arrêt à leur capacité à
dégager des revenus nets d’intérêts. Les marges nettes
des banques britanniques ont légèrement progressé
en 2015 sans totalement recouvrer leur niveau
d’avant-crise (1,4% après 1,3% en 2014 contre 1,5%
pré-crise). Cette légère amélioration a tenu tant à la
progression des marges apparentes sur les emplois
(2,1% en 2015 après 1,9% en 2014) qu’à la baisse des
marges apparentes sur les ressources (0,6% en 2015
après 0,7% en 2014). Malgré le nouveau recul des
intérêts reçus (-5,2%), la diminution significative des
actifs productifs (-10,8%) a permis la consolidation des
marges apparentes sur les emplois. La diminution des
intérêts versés (-13,8%), plus rapide que celle des actifs
productifs, s’est accompagnée quant à elle du
tassement des marges apparentes sur les ressources.
Comme cela a été souligné, les banques britanniques
présentent désormais en moyenne des marges
10
8
%
Taux de base
LIBOR 3 mois
Emprunt d'Etat à 10 ans
6
4
2
0
00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16
Graphique 7
Source : Datastream
Dans la mesure où les prêts hypothécaires sont
généralement à taux révisables outre-Manche, les
diminutions de taux de marché (en liaison avec les
baisses successives des taux directeurs) se sont
traduites par une réduction plus rapide des taux
débiteurs et des intérêts perçus par les banques
britanniques que pour celles de pays où les taux fixes
sont prédominants (France et Pays-Bas). En outre, les
produits d’intérêts ont également pâti de la baisse des
volumes dans le sillage du processus de
economic-research.bnpparibas.com
désendettement du secteur privé à l’œuvre. Au premier
trimestre 2010, pour la première fois depuis le début de
la décennie, le taux d’endettement des agents privés
non financiers en pourcentage du PIB s’est replié pour
atteindre au T4 2015 144,2% (dont 57,2% pour les
sociétés non financières et 87% pour les ménages),
contre 175,1% du PIB au point haut au T3 2009.
En dépit de la prolongation du statu quo monétaire que
nous anticipons, les marges nettes resteront probablement
à nouveau sous pression à moyen terme du fait i) de la
faiblesse persistante des taux longs, ii) d’un
renchérissement des ressources financières découlant des
nouvelles exigences réglementaires de Vickers en janvier
2019 et du nouveau cadre prudentiel lié à l’entrée en
vigueur en janvier 2014 de la transcription en droit
européen de Bâle 3 (CRDIV/CRR)15, et notamment la prise
en compte d’une forte contrainte sur leurs marges de
manœuvre quant à la transformation des maturités
(financement des emplois longs par des ressources
longues),iii) d’un moindre rendement moyen des actifs
lorsque les efforts déployés par les grands établissements
britanniques pour respecter, dès à présent, les exigences
minimales en matière de ratio de liquidité à court terme
LCR (cible de 100% au 1er janvier 2018) ont consisté en un
gonflement des HQLA 16 , iv) de la poursuite de la
concurrence sur les dépôts favorisée par de nouveaux
entrants sur le marché de la banque de détail (cf. supra), v)
d’un fort ralentissement de la demande de crédit depuis
2009 (cf. graphique 8) consécutivement au désendettement
(deleveraging) du secteur privé non financier.
Crédits bancaires aux agents privés non financiers
résidents
%, taux de croissance calculés selon la méthodologie des statistiques
monétaires à partir d'encours et de flux de crédits corrigés des titrisations
et autres ajustements (changements de périmètres, reclassements, etc.)
Conjoncture
Du fait principalement d’une hausse des frais généraux,
le coefficient d’exploitation des établissements de notre
échantillon a augmenté en 2008 et il est resté plus élevé
par la suite. En 2012, il a progressé à nouveau
fortement consécutivement au tassement du PNB,
en s’établissant à un niveau bien supérieur à celui
d’avant-crise (71,5% en 2015 contre 52,6%
sur la période pré-crise). L’accroissement des charges
post-crise est à mettre en perspective avec le
mouvement de fusions et d’acquisitions bancaires
survenu après la crise financière, les synergies n’étant
toujours pas perceptible17. Les coefficients d’exploitation
des cinq principaux établissements britanniques étaient
à fin 2015 parmi les plus élevés (cf. graphique 9). Ils
étaient proches des ratios constatés en Grèce (69%) et
de celui de la moyenne de l’UE (67,6%); supérieurs à
ceux des banques françaises (66,1%), italiennes
(64,4%), américaines (64,1%) et surtout portugaises
(60,6%), irlandaises (59,6%), néerlandaises (58,6%),
belges (57,1%) ou espagnoles (54,7%), mais toutefois
inférieurs aux coefficients des établissements allemands
(87,6%) ou suisses (83,8%). Cette comparaison appelle
néanmoins une certaine prudence quant à son
interprétation car les coefficients d’exploitation sont en
effet extrêmement dépendants de la structure des
activités bancaires (soit de la ventilation entre le retail, la
banque de financement et d’investissement, etc.).
Coefficients d'exploitation à fin 2015 des cinq
premières banques britanniques
Frais généraux rapportés au PNB en %
-10
00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16
Graphique 8
Source : BoE
Graphique 9
SNF
Ménages
Secteur privé non financier
15
10
5
0
-5
13
Les conditions d’exploitation continuent de se détériorer
légèrement en 2015
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
20
Juin 2016
DE CH GB GR UE FR ZE IT US PT IE NL BE ES
Sources : Bankscope et communiqués financiers
economic-research.bnpparibas.com
Dans un contexte de légère progression des frais généraux
(+1,1%), cette baisse ténue du produit net bancaire (-1,0%)
s’est soldée en 2015 par un repli modéré du résultat brut
d’exploitation (30,9 milliards de livres après 32,9 milliards
en 2014, soit une diminution sur un an de -6,1%). En
augmentation sensible sur un an (+38,8%), le coût du
risque s’est toutefois établi, en proportion du produit net
bancaire, en 2015, à un niveau bien inférieur (7,2% après
5,1% en 2014) à celui qui prévalait avant la crise (12,7%).
S’agissant des perspectives futures, les banques pourraient
pâtir d’un léger accroissement du coût du risque en 2016 et
2017, et d’une modération de la croissance (cf. graphique
10). Cette dégradation de la qualité des actifs pourrait être
amplifiée par un éventuel ajustement plus ou moins accusé
des prix immobiliers (cf. infra). Les portefeuilles de crédits
des banques au secteur privé non financier sont en effet
très largement constitués de prêts liés au segment de
l’immobilier résidentiel ou commercial (cf. graphique 11).
Fin décembre 2015, 88% des prêts aux ménages était
concentré sur le segment de l’immobilier résidentiel – soit
plus des deux tiers du portefeuille de crédits aux agents
non financiers privés – alors que plus de la moitié des
crédits aux entreprises correspondait à des prêts
immobiliers commerciaux.
Les provisions exceptionnelles pour litiges encore
conséquentes (-8,8 milliards de livres) ont amplifié la baisse
du résultat brut d’exploitation en 2015 et celle du résultat
courant avant impôt (+23,1 milliards de livres après +27,3
milliards en 2014 soit une contraction de -15,3%). En
particulier, ces provisions ont été enregistrées pour couvrir
i) l’indemnisation de clients suite à des ventes d’assurances
PPI (Payment Protection Insurances) et de produits
financiers adossés à du subprime et/ou ii) les sanctions
consécutives aux soupçons de fraude sur le LIBOR. Au
final, le résultat net s’est également inscrit en fort repli en
2015 (+6,9 milliards de livres après +9,2 milliards en 2014).
La rentabilité financière post-crise des banques de notre
échantillon (cf. graphique 12) reste, en moyenne, bien en
deçà de celle d’avant-crise (s’établissant respectivement,
sur les périodes 1999-2007 et 2008-2015, à 16,8% et à
1,5%). La diminution de la rentabilité est également à
rapprocher du renforcement significatif des fonds propres
comptables (+41,5% entre 2008 et 2015 pour notre
échantillon de banques) qui résulte de la mise en œuvre de
Bâle 3 (cf. supra).
Conjoncture
14
Juin 2016
Ratio du coût du risque et taux de croissance réelle
du PIB
%
Coût du risque/PNB
PIB volume, %, g.a.
50
Echelle
44,8
45
inversée
38,0
40
35
30
25,5
25
20,8 17,3
20
14,8
16,2
15 11,0 12,2
10,3
8,0
7,2
10
5,1
5
0
05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 p 17p
-6
-4
-2
0
2
4
6
prévisions BNP Paribas
Graphique 10
Sources : Bankscope, Datastream
Ventilation du portefeuille de crédits des IFM aux
ANF privés résidents
Parts en proportion du total à fin décembre 2015
Consommation et
autres objets (ménages)
9,4
Prêts autres objets
(SNF) 9,9
Prêts à l'immobilier
commercial (SNF), 11,5
secteur de la
construction et
des biens
immobiliers
Graphique 11
Prêts hypothécaires
69,2 (ménages)
Sources : BoE et estimations BNP Paribas
RoAE agrégé des cinq principaux établissements
bancaires britanniques*
25
20
15
10
%
* Barclays, HSBC, Lloyds, RBS et Standard Chartered
20,2
18,8
16,9 16,8
17,6 17,3
15,3
13,9 14,4
Moyenne 1999 - 2007 : 16,8
Moyenne 2008 - 2015 : 1,5
5,9
5
4,7 4,6
1,2 1,1
2,9 2,1
0
-5
-10
-10,1
-15
99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15
Graphique 12 Sources : Bankscope, Bloomberg & communiqués financiers
economic-research.bnpparibas.com
Le secteur bancaire britannique se caractérisait
traditionnellement par un important dualisme en matière de
performances financières entre, d’une part, les
établissements ancrés sur leur marché domestique et,
d’autre part, ceux diversifiés géographiquement. A l’avenir,
cette dichotomie devrait progressivement s’estomper du fait
du recentrage des groupes bancaires internationaux sur
leurs marchés domestiques (cf. supra). D’une part, les
banques internationales seront nettement plus
dépendantes des perspectives internes de croissance.
D’autre part, elles pâtiront, à l’instar des autres
établissements, de l’intensification de la concurrence sur le
marché de la banque de détail britannique. Enfin, elles
seront davantage pénalisées par la réglementation Vickers
car, si les filiales situées hors de l’espace européen ne sont
pas concernées par ces nouvelles dispositions, le
repositionnement géographique conduit, de fait, au
rétrécissement de l’éventail des activités bancaires
échappant à ce dispositif d’ « exemption réglementaire ».
Standard Chartered a affiché une perte en 2015 pour la
première fois de son histoire (-1,5 milliard de livres) tandis
que Barclays rapportait un résultat net tout juste à
l’équilibre. Seule HSBC a su tirer son épingle du jeu en
publiant un résultat net confortable en progression sur un
an (+9,1 milliards de livres en 2015 après +8,8 milliards en
2014). Les autres grandes banques témoignent encore,
quant à elles, d’importantes disparités : tandis que RBS a
continué d’accuser un résultat négatif depuis la crise tout
en réduisant ses pertes en 2015 (-1,6 milliard de livres
après -2,8 milliards en 2014), Lloyds a réussi à dégager,
pour la seconde année consécutive, un solde net courant
positif (+0,9 milliard en 2015 après +1,4 milliard en 2014).
Le risque de crédit subsiste mais le risque de liquidité tend à
se dissiper
L’examen des portefeuilles de prêts des établissements
britanniques met en lumière la persistance, à court
terme, d’un risque de crédit (concentration des prêts sur
le segment hypothécaire, nouvelles baisses du marché
de l’immobilier résidentiel et endettement encore élevé
des ménages). En revanche, le risque de liquidité a
sensiblement diminué depuis fin 2010 : le système
bancaire britannique se distingue, en effet, par un ratio
loans-to-deposits (LTD) désormais parmi les plus bas
des pays de l’Union européenne.
Conjoncture
15
Juin 2016
Une éventuelle correction immobilière pourrait affecter
la qualité du crédit à moyen terme
Dans le sillage de la crise financière, la détérioration
soudaine de l’environnement macroéconomique et celle
de la solvabilité des ménages avaient induit
d’importantes corrections de l’immobilier résidentiel,
segment sur lequel les banques britanniques sont très
présentes (cf. supra). Il en avait résulté une très nette
détérioration de la qualité des actifs bancaires, comme
en témoigne l’augmentation substantielle de la part des
créances douteuses dans le total des encours bruts de
crédits. S’établissant pour le Royaume-Uni à moins de
0,9% du total des encours de prêts avant la crise
financière, les créances douteuses s’étaient ainsi
accrues en 2008 pour atteindre près de 4,0% du total à
fin 2014. Depuis 2010, la part des créances douteuses
dans le total des prêts des banques britanniques a
sensiblement reflué (1,8% au T4 2014 selon les
dernières données du FMI disponibles). Comparé à
celui de leurs homologues européens et/ou américains,
le poids des prêts non performants des établissements
outre-Manche est désormais le plus faible des pays
développés (cf. graphique 13).
Taux de prêts non performants* en % du total des
crédits
2008
32
28
24
20
16
12
2010
2012
2015
ou donnée disponible
la plus récente
* Dernière donnée disponible pour :
- l'Espagne : T2 2015
- les Etats-Unis, la Grèce l'Irlande
et le Portugal : T1 2015
- l'Allemagne, la France, l'Italie
et le Royaume-Uni : T4 2014
8
4
0
GR
IE
Graphique 13
IT
PT
ES
FR
DE
US
GB
Source : FMI - Financial Soundness Indicators
Au Royaume-Uni, les prix réels des logements (i.e. prix
nominaux corrigés de l’inflation) avaient presque triplé
entre 1996 et 2007 (cf. graphique 14). Bien qu’ils aient
accusé un ajustement peu après la crise, puis un
dégonflement plus léger à partir du premier trimestre
2010 (soit -32% entre le T3 2007 et le T4 2012), la
economic-research.bnpparibas.com
dynamique des prix est à nouveau orientée à la hausse
depuis début 2013. Selon les dernières données
nationales disponibles, les prix se situaient fin décembre
2015 à environ 16% en deçà de leur précédent point
haut (mais contre 36% en Irlande). La revalorisation
récente de l’immobilier résidentiel reflète en partie la
combinaison de : i) l’amélioration des conditions
économiques et ii) la persistance d’un environnement de
taux bas. Les ratios prix sur loyers (cf. graphique 15) ou
prix sur revenus (cf. graphique 16), qui dans un contexte
de taux exceptionnellement bas restent bien au-dessus
de leur moyenne de long terme, suggèrent toujours une
survalorisation de l’immobilier résidentiel – fruit d’excès
passés en matière de distribution de prêts à l’habitat –
et le risque de nouvelles corrections. De plus, le niveau
encore élevé d’endettement des ménages outreManche, comparativement à leurs homologues
européens (cf. graphique 17), pourrait rendre le service
de la dette vulnérable à un choc sur les taux d’intérêt,
l’emploi et la croissance. A terme, la poursuite de ce
mouvement haussier accroîtrait la sensibilité des prix
immobiliers à un retournement du cycle monétaire.
Néanmoins, nos hypothèses macroéconomiques ne
laissent pas entrevoir de détérioration des fondamentaux
économiques à horizon de deux ans : selon notre scénario
central, la croissance du PIB, bien que ralentissant
légèrement en 2016 (à 1,7%), accélérerait à nouveau en
2017 (à +2,1%), tandis que le marché du travail continuerait
de s’améliorer en 2016 et plus modérément en 2017 (avec
un taux de chômage à respectivement 5,1% et 4,9% contre
5,4% en 2015). Le début de normalisation de la politique
monétaire n’interviendrait pas avant 2017. En
conséquence, les ajustements des prix immobiliers
devraient rester graduels et modérés tandis que leur
incidence sur la dégradation de la qualité du crédit serait
relativement contenue à moyen terme.
Au Royaume-Uni et contrairement à la France 18 ,
l’attribution des prêts à l’habitat dépend plus étroitement
de la valeur sous-jacente du collatéral apporté en garantie
du bien financé, alors que le cautionnement reste peu
usité. Ainsi, en cas de correction immobilière, les banques
pâtissent d’une dégradation de la qualité de leurs actifs
bancaires à double titre, au travers : i) d’une hausse des
taux de défaut (détérioration du contexte économique) et
ii) d’une revente à perte des biens mis en garantie. En
Conjoncture
Juin 2016
16
effet, en revendant les biens immobiliers mis en garantie
en cas de non remboursement de l’emprunteur, les
banques exacerberaient, de fait, la pression à la baisse
des prix de l’immobilier résidentiel, subissant en retour
une nouvelle dégradation de la qualité de leurs créances.
Enfin, la prééminence de taux variables renforce l’impact
de variations sous-jacentes des taux sur la qualité des
portefeuilles de prêts à l’habitat.
Consciente des limites de l’instrument monétaire
conventionnel pour lutter contre la formation de bulles
immobilières et du risque qu’elles font peser sur la
stabilité financière 19 , la BoE explore actuellement la
possibilité
d’adopter
de
nouvelles
mesures
macroprudentielles. Il s’agirait i) d’imposer aux
établissements de crédit un relèvement de leurs
exigences en capital et ii) de les inciter à déployer des
pratiques prudentes d’octroi de crédit en réduisant la part
du bien immobilier qu’ils financent et donc en abaissant in
fine la loan-to-value (LTV), à l’instar du modèle canadien
ou français. En avril 2015, le gouvernement britannique a
conféré à la BoE, via le Financial Policy Committee
(FPC), les pouvoirs d’imposer des plafonds d’endettement
immobilier en lui permettant de fixer un ratio maximal de
dette sur revenu (debt-to-income ou DTI) ou de prêt sur la
valeur sous-jacente du bien (loan-to-value ou LTV). En
juillet 2015, le FPC a avancé l’idée de déployer une
politique
macroprudentielle
contra-cyclique
qui
consisterait à resserrer les seuils DTI et LTV (baisse de la
limite d’endettement acceptable) en période de forte
croissance du crédit immobilier mais à les assouplir
(relèvement du seuil) lorsque la menace d’instabilité
financière se dissipe. En mars 2016, le FPC a décidé
d’imposer un coussin contra-cyclique, fixé à 0,5% des
engagements pondérés par les risques et prenant effet en
mars 2017. Celui-ci pourrait être relevé progressivement
à moyen terme, à 1% des actifs pondérés. Pour justifier
l’introduction de ce nouveau matelas réglementaire, le
FPC a argué de ce que les évolutions du crédit
domestique (notamment sur le segment mortgage)
étaient de nature à faire peser un risque sur la stabilité
financière et qu’il convenait, en conséquence, de modérer
l’offre de crédit. En revanche la poursuite, par la BoE, du
déploiement de la politique d’assouplissement quantitatif
(cf. supra) permettra aux sociétés non financières de
continuer à se financer à taux bas sur les marchés.
economic-research.bnpparibas.com
Conjoncture
17
Juin 2016
Evolution des prix réels de l'immobilier résidentiel
Immobilier résidentiel : prix rapportés aux revenus
Base 100 : T1 1996
France Etats-Unis
Moyenne à long terme : 100
France Etats-Unis
360
Royaume-Uni
Espagne
Irlande
320
280
240
200
160
120
80
96 98 00
Graphique 14
02
04
06
08
10 12 14 16
Source : Datastream
180
160
140
120
100
80
60
40
20
0
95 97 99
Graphique 16
01
Royaume-Uni
Espagne
03 05 07 09 11 13 15
Source : OCDE - House prices database
Immobilier résidentiel : prix rapportés aux loyers
Taux d'endettement des ménages dans l'UE
Moyenne à long terme : 100
France Etats-Unis
140
220
200
180
160
140
120
100
80
60
40
20
0
95 97
Graphique 15
Royaume-Uni
Espagne
Irlande
Irlande
En % du PIB
120
T4 2009
T3 2015
100
80
60
40
20
0
99
01
03 05 07 09 11 13 15
Source : OCDE - House prices database
En mars 2016, le PRA a également conclu sur la
nécessité de renforcer le contrôle microprudentiel, dans
le même objectif de réduire les crédits non performants.
L’autorité de tutelle bancaire souhaiterait ainsi encadrer
plus fortement les critères d’attribution des prêts à
l’investissement locatif (buy-to-let business) : les
banques20 seraient tenues i) de satisfaire à des critères
dits « minimaux » plus rigoureux (minimum standards)
et ii) de déployer de nouveaux procédés opérationnels
(comme la conduite de tests sur la soutenabilité du
paiement des intérêts). Cette mesure microprudentielle
viendrait en complément du nouveau dispositif
macroprudentiel en passant au crible les politiques
d’octroi de prêts de chacun des établissements de crédit
et en supervisant les banques individuellement et plus
étroitement.
Graphique 17
Source : Eurostat
Une perception de marché qui se dégrade à nouveau
mais un net recul du risque de transformation
Peu après la crise, la plupart des plans de soutien
gouvernementaux ont suffi pour endiguer la crise de
confiance des investisseurs à l’égard du système
bancaire britannique. A ce titre, les primes sur
Credit Default Swap (CDS) ont reculé depuis début
2012 sans avoir recouvré leur niveau d’avant-crise.
Depuis début 2015, les spreads sur CDS se sont à
nouveau élargis traduisant les doutes persistants quant
à la solvabilité future du secteur bancaire et à l’érosion
des bénéfices consécutive aux importantes pertes
exceptionnelles de la plupart des banques (cf. supra).
Cet élargissement des spreads a également reflété
une vague de défiance à l’égard du secteur bancaire.
Celle-ci n’a pas touché les seules banques britanniques
economic-research.bnpparibas.com
mais a affecté la plupart des établissements européens,
en pénalisant les valeurs bancaires notamment début
2016. Au final, les principales banques britanniques
affichent toujours des spreads sur CDS légèrement
inférieurs, en moyenne, à ceux de leurs homologues
européens (cf. graphique 18).
Credit Default Swaps des principales banques
britanniques
Spread en points de base
HSBC
Barclays
Lloyds
500
600
Standard Chartered
RBS
Banques de l'UE
400
300
200
Conjoncture
Juin 2016
18
points entre le point bas de mars 2007 et mars 2016),
alors qu’a contrario elles ont réduit leur financements
wholesale (-3 points entre le point haut de septembre
2009 et mars 2016). En outre, leur dépendance aux
refinancements de la BoE (opérations d’open-market à
court terme et de reverse-repo à long terme), qui s’était
fortement accrue peu après l’éclatement de la crise, a
sensiblement diminué dès 2009, s’établissant à fin mars
2016, en proportion du total des actifs, à un niveau
quasi proche de zéro (contre 1,7% en zone euro et
0,9% en Irlande). Pour assouplir les conditions
financières post-crise puis maintenir l’accès au secteur
privé non financier à des taux de financement très
favorables, la BoE table depuis mars 2009 sur une
intervention directe sur les marchés (cf. graphique 19),
principalement via son programme d’achats d’actifs
publics (Asset Purchase Facility)21.
100
0
08
09
Graphique 18
10
11
12
13
14
15
16
Sources : Credit Market Analysis, Datastream
Si les banques britanniques, à l’instar des
établissements irlandais, restent confrontées à un risque
de crédit domestique, elles sont en revanche moins
exposées au risque de liquidité. Contrairement à leurs
consœurs irlandaises, les banques britanniques
recourent peu au marché interbancaire. A cet égard, les
dépôts interbancaires (au passif des établissements de
crédit) restaient très modérés en totalisant, à fin mars
2016, à peine 19% du total des dépôts (contre 31%
dans la zone euro et 37% en Irlande), et 8% du total du
passif (contre 17% dans la zone euro et 11% en
Irlande). A l’inverse, la base des dépôts de la clientèle
résidente excluant le segment interbancaire – ressource
réputée stable – était bien plus large pour les
établissements britanniques (34% du total de bilan
contre 38% dans la zone euro et à peine 20% en
Irlande) leur permettant l’accès à des ressources
pérennes et peu coûteuses. Comme le notait la BoE
dans son dernier rapport de stabilité financière publié en
décembre 2015, les banques britanniques ont bénéficié,
en pourcentage du total des bilans, d’un net
élargissement de leurs dépôts de la clientèle résidente
hors refinancements interbancaires depuis la crise (+10
Actif consolidé de la Banque d'Angleterre,
en milliards de livres
450
400
350
300
250
200
150
100
50
0
Autres actifs (principalement réserves en devises étrangères)
Achats de titres publics, APF (Asset Purchase Facility)
Obligations et autres titres acquis sur les marchés hors APF
Avances au Trésor
Opérations de reverse-repo à LT
Opérations d'open-market à CT
07
08
Graphique 19
09
10
11
12
13
14
15
16
Sources : BoE et estimations BNP Paribas
Le risque de transformation – illustré par le ratio
crédits sur dépôts – est désormais relativement
modéré. En effet, à la faveur de cessions d’actifs
bancaires à l’étranger (deleveraging, cf. supra) et
d’une modération des prêts, le ratio loans-to-deposits
des banques britanniques (cf. graphique 20) s’est
sensiblement réduit (102,7% à fin mars 2016 contre
139,8% à son point haut). Il s’établit désormais à un
niveau inférieur à celui des établissements de la zone
euro (110,3%), quasi équivalent à celui des
consœurs irlandaises (102,6%). La nouvelle
réglementation bâloise en matière de liquidité (i.e.
economic-research.bnpparibas.com
Conjoncture
LCR et NSFR) pourrait avoir une incidence
particulière pour les banques qui, sur le segment
retail, affichent des ratios prêts sur dépôts encore
élevés (principalement Lloyds) car elles seront
contraintes de rééquilibrer leur gestion actifs/passifs
et/ou d’accroître la base de leurs dépôts.
Ratio Loans-To-Deposits dans l'Union Européenne*
* Calculé sur le périmètre de la clientèle non financière privée
(ménages et SNF)
320
Septembre 2008
Mars 2016
280
240
200
160
120
80
40
0
** ratio ajusté des reclassifications
Graphique 20
Source : BCE
Juin 2016
19



Dans l’immédiat, les performances financières des grandes
banques britanniques continuent de pâtir de
l’environnement économique et de la nouvelle donne
réglementaire. Le renforcement de la concurrence, lié à
l’émergence de nouveaux acteurs bancaires et non
bancaires, pourrait conduire ainsi à l’érosion des marges
d’intérêts des big five. Toutefois, il ne faudrait pas en
conclure trop hâtivement la fin de la prédominance
des acteurs historiques au profit des nouveaux entrants.
Ceux-ci bénéficient certes d’un avantage comparatif en
termes de coût et d’une plus grande mutualisation de leurs
frais fixes, mais ils ne disposent pas de l’assise financière
des big five et d’une relation de confiance avec la clientèle
aussi forte. Du point de vue du risque, leur ancrage sur leur
marché domestique les expose davantage au cycle
conjoncturel interne et/ou à une éventuelle correction du
marché de l’immobilier résidentiel.
[email protected]
Achevé de rédiger le 2 juin 2016
economic-research.bnpparibas.com
Conjoncture
Juin 2016
20
Références
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Paper n°35, Décembre
Bank of England [2015], Stress testing the UK banking system: 2015 results, Décembre
Bank of England [2016], The Financial Policy Committee’s framework for the systemic risk buffer, Janvier
Bank of England [2015], The Financial Policy Committee’s power over housing tools, Juillet
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BNP Paribas [2016], Eco Perspectives, Avril
Carney M. [2016], Letter from Mark Carney, Governor, Bank of England, to Rt Hon Andrew Tyrie MP, Mars
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Nahmias L. [2011], Les banques britanniques trois ans après la crise financière, BNP Paribas, Conjoncture, Février
Quignon L. [2000], Les banques britanniques trop rentables ?, BNP Paribas, Conjoncture, Juillet – Août
Quignon L. [2005], Les banques britanniques au zénith de la rentabilité, BNP Paribas, Conjoncture, Mars
Sabuco P. [2008], Les banques britanniques face à la crise du subprime, BNP Paribas, Conjoncture, Juillet
economic-research.bnpparibas.com
Conjoncture
Juin 2016
21
Notes
1
L’implantation d’HSBC en Amérique Latine (Argentine, Brésil et Mexique) avait fait suite aux accords conclus en 1985 sur la rétrocession de
Hong-Kong par le Royaume-Uni à la Chine (effective en 1997). En effet, les dirigeants d’HSBC craignaient que la fin de la détention britannique
d’Hong-Kong fragilise le groupe, voyant ainsi les marchés d’Amérique Latine comme un levier pour consolider sa santé financière.
2
Au Royaume-Uni, un système tripartite, chargé de la supervision bancaire, avait été mis en place en 1997 par Gordon Brown: i) le contrôle
microprudentiel incombait à la Financial Service Authority ; ii) la stabilité financière était du ressort de la BoE et iii) le cadre législatif était défini par
le Trésor.
3
Les établissements qualifiés de « systémiques » pourraient toutefois se voir imposer de détenir un coussin supplémentaire jusqu’à 3,5% des
actifs pondérés. De même, une forte croissance du crédit pourrait induire un surcroît en capital jusqu’à 2,5% des actifs pondérés.
4
Le PRA précise qu’il conviendrait de prendre en compte les exigences prudentielles au titre du coussin contra-cyclique (CCB) pour déterminer le
minimum requis du ratio de levier. Pour les établissements systémiques, le PRA suggère également d’accroître le seuil minimal du ratio de levier
afin de couvrir les besoins au titre du matelas G-SIBs (Additional Leverage Ratio Buffer ou ALRB). En retenant l’hypothèse du PRA selon
laquelle les coussins additionnels au titre du CCB et du G-SIBs totalisent 35% des exigences en capital, et en supposant que les matelas CCB et
G-SIBs sont respectivement de 1% et 2,5%, le plancher du ratio de levier d’un établissement systémique s’établit donc à : 3%+35%x(1%+2,5%)
soit 4,2% et celui d’une banque non systémique à : 3%+35%x1% soit 3,4%. En théorie, le ratio de levier serait ainsi compris entre 3% et 5,1%.
5
Selon le rapport de la CMA, le consommateur reste encore très réticent à changer de banque : seuls 3% des clients individuels et 4% des PME
avaient effectué un changement de comptes en 2014. Néanmoins, le changement de banque pourrait conduire à une économie chiffrée entre 75
et 80 livres par an pour les clients créditeurs et 260 livres par an pour ceux affichant un découvert.
6
Selon la CMA, la gratuité des comptes ne conduirait ni à des distorsions de concurrence ni à des pratiques litigieuses.
7
Introduits le 6 avril 1999 et faisant suite aux Personal Equity Plans (i.e. plan ouvrant le droit à un régime fiscal avantageux pour la détention
d’actions), les comptes ISA correspondent à une enveloppe fiscale : ils conduisent à l’exonération d’impôts sur les revenus qu’ils génèrent et sont
plus généralement exempts de tous types de frais. Les fonds déposés sur un compte ISA peuvent être investis sous forme soit d’un livret
d’épargne rémunéré à taux fixe (Cash ISA) soit d’actions en direct ou de parts de fonds d’investissement (Stock and Shares ISA). Depuis le 6 avril
2015, le plafond d’un compte ISA a été fixé réglementairement à GBP 15 240.
8
Citation extraite du communiqué de presse de la Commission Européenne (IP/09/1915) : http://europa.eu/rapid/press-release_IP-091915_fr.htm?locale=FR
9
La partie restante des agences logées dans l’ex-filiale TSB mais non transférées vers la nouvelle structure a été regroupée au sein de la Lloyds
Bank.
10
Après le refus en décembre 2011 d’une première offre formulée par la holding financière NBNK, Lloyds avait décidé d’entamer des discussions
exclusives avec le groupe mutualiste britannique Co-op Bank qui comprend, outre des activités de la banque de détail, des activités non
financières (réseau d’épiceries et d’entreprises funéraires). Ces deux institutions financières étaient parvenues à un accord qui aurait dû aboutir
au rachat de la TSB par la Co-Op bank. Parallèlement, des pourparlers entre la Lloyds et la holding financière britannique NBNK reprirent dès avril
2012 ; comme l’offre financière finale de NBNK de juin 2012 apparut décevante, Lloyds manifesta à nouveau sa préférence pour Co-Op bank. Du
fait de difficultés financières et du tarissement de ses liquidités, la Co-Op bank a annoncé en avril 2013 qu’elle renonçait à conclure le deal avec
Lloyds. La banque mutualiste avait également craint peu après l’ouverture des négociations en printemps 2012 que les exigences en capital du
régulateur plus contraignantes ne s’appliquent à l’ensemble du groupe en cas de rachat de TSB. Faute d’acquéreur, Lloyds a finalement fait appel
au marché boursier pour réduire sa voilure et se délester de la moitié du capital de TSB.
11
Metro Bank a annoncé en décembre 2015 son intention d’effectuer une levée de fonds pour 400 millions d’euros via un placement privé
d’actions avant une introduction en bourse sur le London Stock Exchange l’an prochain. Même si Metro Bank n’a pas encore affiché le moindre
bénéfice depuis sa création, cet établissement avait déjà réussi à obtenir des financements via un placement privé d’actions pour 387,5 millions
d’euros en janvier 2014.
12
UKFI est l’acronyme de UK Financial Investment Ltd., entité publique destinée à gérer les prises de participations bancaires par le
gouvernement britannique.
13 Les autres produits d’exploitation comprennent ceux liés aux activités d’assurance, aux produits d’arbitrage
14
et de couverture.
Les banques européennes affichant les marges les plus élevées, telles que les banques espagnoles ou italiennes, bénéficient généralement
d’une base de dépôts de la clientèle résidente, hors banques, relativement large (respectivement 53% et 43% à fin mars 2016). Néanmoins, la
faiblesse relative des marges britanniques semble liée dans une bien moindre mesure à la structure bilancielle : la part des dépôts de la clientèle
résidente excluant le segment interbancaire dans le total du bilan bancaire, qui totalise plus du tiers au Royaume-Uni, est comparable à celle en
zone euro (38%).
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Conjoncture
Juin 2016
22
15
L’entrée en application du Liquidity Coverage Ratio et du Net Stable Funding Ratio a été fixée par le superviseur, respectivement, au 1er
janvier 2015 et 2018.
16
A fin 2015, les principales banques affichaient un LCR supérieur au plancher réglementaire transitoire (cible nationale proposée par le PRA de
80% depuis le 1er octobre 2015 et au-dessus de l’exigence bâloise transitoire de 60% et 70% respectivement, au 1er janvier 2015 et 2016) : il
s’établissait à 107% pour HSBC, 133% pour Barclays et 136% pour RBS, et excédait 100% pour Standard Chartered et Lloyds.
17
Parmi les principales opérations, on rappellera les rachats par RBS d’une partie des activités d’ABN-AMRO en 2007, par Barclays d’une partie
des actifs de Lehman Brothers en 2008 et l’acquisition par Lloyds d’HBOS initiée en 2008 et finalisée en 2009.
18A
cet égard, le marché français des prêts à l’habitat se distingue singulièrement de celui de ses pairs européens du fait de sa solidité. Trois
éléments conduisent à amortir en France significativement l’incidence d’une correction immobilière sur la probabilité de défaut et/ou le taux de
perte en cas de défaut et, d’en limiter les conséquences sur la solvabilité bancaire: i) le cautionnement des prêts via principalement le Crédit
Logement (environ 60% des prêts résidentiels français en 2014) qui constitue un filet de sécurité pour les établissements de crédit en atténuant
l’incidence potentielle des défauts au travers d’une mutualisation du risque de crédit ; ii) le déploiement de politiques prudentes de distribution de
crédit en liant la capacité d’emprunt aux revenus des ménages (mensualités et autres charges inférieures ou égales à 33% des revenus
mensuels) et en conditionnant l’octroi d’un crédit immobilier à un apport personnel, sauf pour une clientèle capable de mobiliser une épargne
financière suffisante pour absorber, si besoin, tout ou partie de ses dettes (montant du prêt inférieur ou égal à cinq fois celui des fonds propres
apportés par le ménage) ; iii) la prépondérance de taux fixes (plus de 90% des prêts) qui limitent la sensibilité de la qualité des portefeuilles de
prêts aux mouvements de taux d’intérêt.
19
Le gouverneur de BoE avait ainsi rappelé lors d’une interview télévisée à la chaine Sky News le 18 mai 2014 que «[…] la plus grande menace
pour la stabilité financière, et donc pour la durée de la reprise économique, se trouve dans le marché immobilier».
20 Plus précisément, il s’agit de l’ensemble des institutions bancaires qui sont sous le contrôle du PRA (PRA-regulated firms) soit les banques et
les building societies (sociétés de crédit foncier).
21
Au plus fort de la crise, les autorités monétaires s’étaient substituées, dans une large mesure, aux ressources interbancaires qui s’étaient
soudainement taries, en jouant un rôle de prêteur en dernier ressort (Lender at last resort). Elles avaient ainsi augmenté la base de refinancement
en allongeant les maturités de refinancement, en élargissant l’étendue des contreparties éligibles et en mettant en place en mars 2009 l’Asset
Purchase Facility.
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Rédacteur en chef William De Vijlder
Achevé de rédiger : Juin 2016