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Sociologie
N°4, vol. 3 | 2012
Varia
Annexe 1 : Présentation de quelques répondants
Alexander Nicholls
Éditeur
Presses universitaires de France
Édition électronique
URL : http://sociologie.revues.org/1456
ISSN : 2108-6915
Édition imprimée
Date de publication : 30 novembre 2012
ISSN : 2108-8845
Référence électronique
Alexander Nicholls, « Annexe 1 : Présentation de quelques répondants », Sociologie [En ligne], N°4, vol.
3 | 2012, mis en ligne le 27 octobre 2012, consulté le 03 octobre 2016. URL : http://
sociologie.revues.org/1456
Ce document a été généré automatiquement le 3 octobre 2016.
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Annexe 1 : Présentation de quelques répondants
Annexe 1 : Présentation de quelques
répondants
Alexander Nicholls
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Cette annexe présente un bref résumé des parcours de onze entrepreneurs cités ou
donnés en exemple dans l'article.
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Mme Tran (47 ans, Bruxelles) est une réfugiée sino-vietnamienne de dialecte cantonais,
arrivée en Belgique en 1980 avec ses parents. La famille y rejoint son frère, à l’époque
étudiant à l’Université Libre de Bruxelles. Forts de leur expérience de grossistes au
Vietnam, les parents ouvrent un restaurant en 1981 et engagent un cuisinier sinovietnamien. Mme Tran aide ses parents en travaillant comme serveuse. Cinq ans plus
tard, le frère qui s’est formé comme cuisinier à Paris reprend le restaurant et en améliore
le rendement. Il le revend dix ans plus tard en raison de la difficulté du métier. Mme Tran
travaille alors à la caisse d’un supermarché chinois. Aujourd’hui diplômée en traduction
et en tourisme, elle partage son temps entre un emploi de traductrice pour une entreprise
chinoise et une activité de guide touristique indépendante, principalement pour des
touristes chinois.
3
Mme Shu (36 ans, Bruxelles) est originaire de Hong Kong, de dialecte cantonais, installée
en Belgique depuis 2004. Formée en stylisme, elle tenait un magasin de vêtement avant
d’arrêter cette activité pour émigrer à Paris dans le cadre de ses études en Sciences de la
gestion. Elle y rencontre son mari, un Belge, qu’elle suit à Bruxelles, ses études achevées.
L’année même de son arrivée, elle ouvre seule un magasin de vêtements sur base de ses
économies, et crée ses propres modèles qu’elle fait fabriquer en Chine.
4
Mme Yang (84 ans, Bruxelles), de dialecte shanghaïen, a quitté la Chine (Shanghaï) en
1951, afin de fuir le communisme. Elle est l’épouse d’un médecin ayant étudié en Belgique
et déjà mère de deux enfants lorsque la famille s’installe à Bruxelles ; un troisième naîtra
au pays d’accueil. Son diplôme en diététique n’est pas reconnu et, contrairement à son
mari, elle ne peut s’insérer dans le marché du travail belge. Avec deux autres émigrées de
Shanghaï, elle ouvre un premier restaurant, de petite taille mais haut de gamme. Suite au
départ de ses associées, elle gère le commerce seule. Son restaurant connaît le succès ;
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elle le confie à un cousin pour en ouvrir un deuxième et, quelques années plus tard, un
troisième ainsi qu’une manufacture d’aliments chinois pour grandes surfaces.
Parallèlement, elle s’investit dans la communauté chinoise et tente d’en améliorer la
condition de diverses manières : elle s’engage dans le monde associatif, participe à
l’ouverture d’une école de Chinois, et organise des conférences pour les restaurateurs
chinois. Lors de l’entretien, elle est veuve et retraitée. Nous apprendrons l’année d’après
qu’elle est retournée à Shanghaï vivre avec sa sœur.
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M. Liu (30 ans, Paris), Teochiu du Cambodge, a suivi ses parents réfugiés, en 1980. Ils
rejoignent, à Paris, des membres de leur famille. Les parents travaillent dans des ateliers
de découpe de viande pour des Français, y apprennent un savoir-faire qui les incite, dix
ans plus tard, à ouvrir une boucherie. Au moment de l’entretien, ils ont neuf salariés et
s’apprêtent à racheter un magasin de crustacés. M. Liu, ayant fait des études de
comptabilité, s’occupe de la gestion et s’apprête à reprendre le commerce à la retraite,
imminente, de ses parents.
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Mme Ying (49 ans, Paris), arrive comme jeune adulte accompagnant ses parents, réfugiés
teochiu du Cambodge. La France est choisie comme pays d’accueil en raison de la
présence d’anciens collègues de son père. Les parents, relativement âgés, ne travailleront
pas en France, tandis qu’elle décroche un poste d’ouvrière dans une usine française. Elle
épouse un Sino-cambodgien ayant immigré avant la vague des réfugiés ; celui-ci a
travaillé comme ouvrier pour des Français et dans des restaurants chinois. En 1987, après
avoir organisé un hui pour réunir les fonds, ils ouvrent un commerce d’objets décoratifs
chinois. Le commerce fonctionne bien à ses débuts mais est moins rentable ces dernières
années en raison, pense-t-elle, du passage à l’euro et de la concurrence. Ils ont une fille,
étudiante en marketing, qui ne souhaite pas reprendre le commerce.
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M. Peng (50 ans, Paris), réfugié teochiu du Cambodge, arrive en France en 1972 avec ses
parents, sa sœur et ses frères. Arrivé durant l’adolescence, il achève néanmoins sa
scolarité avec succès. Il se forme en électronique avant de travailler quelques temps pour
une entreprise française d’informatique. Sur le conseil d’un ami français, il ouvre, en
1985, un magasin d’horlogerie et collabore avec une marque européenne. Il a eu un
employé sino-cambodgien, mais travaille à présent seul. Il est actuellement très satisfait
de son commerce.
8
M. Tang (56 ans, Paris) est de dialecte wenzhou. En raison de la barrière linguistique, sa
fille, la vingtaine, sert d’interprète. La jeune fille nous relate l’histoire de sa famille, des
Wenzhou d’origine paysanne, sur quatre générations. Son arrière-grand-père fuit la
Chine lors de l’avènement du communisme et, quelques années après, fait venir sa
famille. Ses deux grands-pères s’installent en France dans les années 1960 et travaillent
comme maroquiniers indépendants, puis font eux-mêmes venir leur famille. M. Tang et
son épouse, après avoir travaillé des années dans la confection de maroquinerie, ouvrent,
en 1988, un commerce de gros en maroquinerie, qu’ils reconvertissent quelques années
plus tard en grossiste de bijoux fantaisie et accessoires de mode. Actuellement, le père est
le patron ; il travaille avec sa femme, emploie une vendeuse malaisienne et ont d’autres
vendeuses occasionnelles de toutes nationalités. Leur fille, titulaire d’un BTS
comptabilité, travaille provisoirement pour ses parents. Ils achètent leurs produits en
Chine qu’ils revendent à des détaillants, français pour la plupart.
9
Mme Xu (44 ans, Montréal) est originaire du Nord de la Chine et son dialecte est le
mandarin. Elle et son mari immigrent au Canada, en 1985, pour que M. Xu y poursuive ses
études. Après avoir travaillé pour des Québécois comme ouvrière, elle ouvre, en 1992, un
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premier magasin d’import-export d’objets décoratifs chinois et de vêtements. Les
intermédiaires dont elle fait partie sont actuellement en difficulté car de plus en plus de
détaillants importent directement. Elle vient d’ouvrir un second magasin, de détail, car
combiner le gros et le détail est la solution la plus rentable, dit-elle. Son mari ne travaille
pas avec elle mais est également dans le commerce en tant que co-propriétaire d’une
entreprise, associé à des Québécois.
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M. Cheng (34 ans, Montréal) est un Cantonais de Hong Kong, fils de médecin chinois luimême établi à Montréal. Souhaitant ouvrir un commerce de thé, son père le fait
bénéficier de son expérience, de son savoir sur les propriétés curatives du thé, ainsi que
de ses réseaux de relations parmi lesquels des exportateurs basés en Chine. Il a un
employé, un fils de réfugiés cantonais du Cambodge qui nous sert d’interprète car M.
Cheng connaît mal les langues du pays, ayant été scolarisé principalement à Hong Kong.
Ouvert depuis 2004, le commerce connaît un grand succès et est sur le point de s’agrandir.
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M. Lei (38 ans, Montréal), un homme d’affaires originaire du centre de la Chine et de
dialecte mandarin, immigre en 2001 afin, dit-il, de « voir du pays ». Il est accepté au
Québec sur base de son expérience professionnelle. Il s’exprime couramment en français
pour avoir vécu en France quelques temps, dans le cadre de ses affaires. Il rentre en Chine
pour deux années, afin de revendre son entreprise, et revient en 2004. En 2005, il ouvre
une agence de voyage spécialisée dans l’Asie et le Canada, qui, contrairement à nombre de
ses concurrentes, est ancrée dans la modernité, attirant ainsi une clientèle tant
occidentale qu’asiatique. Il est aujourd’hui à la tête d’une entreprise florissante,
employant une douzaine de personnes, et dont le succès dépasse ses espérances.
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Mme Ye (54 ans, Montréal), de dialecte cantonais, est la fille d’un commerçant de
Madagascar. Elle immigre au Canada avec son mari et sa fille, en 1980. Ils travaillent tous
deux pour des Québécois ; elle est engagée comme fleuriste. En 1996, lorsque le magasin
dans lequelle elle travaille ferme, elle ouvre un commerce similaire en face de l’ancien et
en récupère la clientèle. Dans ses compositions, elle exploite notamment le créneau zen, à
la mode chez les Occidentaux. Bien qu’elle soit très satisfaite du commerce, Mme Ye
compte le revendre d’ici quelques années, et devenir professeur de Chinois.
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