ROYAUME DU MAROC - Projet PAM Boulmane

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ROYAUME DU MAROC - Projet PAM Boulmane
ROYAUME DU MAROC
Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II
projet
Autonomisation des femmes rurales dans le Moyen Atlas Oriental à travers la gestion
durable des plantes aromatiques et médicinales
ETUDE DE LA FILIERE DES PLANTES AROMATIQUES ET MEDICINALES
DANS LA PROVINCE DE BOULMANE
Juillet 2010
1
I. Introduction
Cette étude s’inscrit dans le cadre du projet Recherche-Développement
intitulé
«Autonomisation des femmes rurales dans le Moyen Atlas Oriental à travers la gestion
durable des plantes aromatiques et médicinales». Ce projet vient appuyer le grand plan de
développement rural dans le moyen Atlas Oriental (PDRMO) financé par le Fond
International de Développement Agricole (FIDA).
Cette étude, lancée au démarrage du projet, s’est fixée comme objectifs de : (1) inventorier
la composition floristique et la diversité des milieux des PAM (plantes aromatiques et
médicinales) de la zone du PDRMO, (2) Etablir le mode et les conditions socioéconomiques
de l’exploitation des PAM, (3) analyser la structure de la filière et les flux de
commercialisation et enfin, (4) dégager les orientations et les recommandations utiles à ce
projet de Recherche- Développement.
II. Importance des PAM dans la zone du projet PDRMO
2.1.
Brève description de la zone du projet
La zone d’étude est située à l’Est du moyen Atlas et couvre les territoires des communes
rurales de Guigou, Sekkoura, Anjil, Serguina, El Mers, Ait Bazza, Almis, Talzemt, Ait Lmane,
Ouled Ali Ou Youssef, relevant du cercle de Boulmane et les municipalité de Boulmane et
Marmoucha; ces dernières qui relèvent de la province de Boulmane qui correspond à la
zone du projet PDRMO. Il s’agit d’une zone pastorale et forestière par excellence irriguée par
une multitude de cours d’eau.
L’Agriculture et l’élevage constituent la principale activité des populations du cercle de
Boulmane. Les productions de céréales et maraîchères sont surtout localisées dans les bas
fonds des cuvettes et au niveau des contours des oueds. Concernant L’élevage, il est surtout
de type extensif et puise l’essentiel de ses besoins alimentaires des terrains, des parcours et
des forêts. Il s’agit essentiellement d’une agriculture de subsistance qui couvre
médiocrement les besoins des ruraux en pauvreté.
La population du cercle de Boulmane est estimée en 2007 à 53.700 habitants constitués
essentiellement de ruraux. Le taux de pauvreté moyen est de 30% avec des disparités entre
communes rurales : Elmers 31%, Ait Bazza 40%, Serguina 44%, Ait Lmane 27%, Ouled Ali
37%, Enjil 32%. Le taux de vulnérabilité est de 58%, ce qui place le cercle de Boulmane parmi
les régions les plus pauvres du Royaume.
Cette situation précaire oblige les populations à exploiter les ressources naturelles de leur
terroir pour en faire une source de revenu pour leur survie. Les Plantes Aromatiques et
Médicinales sont donc soumises à une pression humaine et animale notable qui contribue à
la dégradation du milieu.
2
Figure 1 : Localisation des Communes du projet PDRMO
2.2.
Inventaire des PAM dans la zone du PDRMO
La zone d’étude est caractérisée par une composition floristique riche et variée composée de
forêts et parcours, de montagnes, de collines, de hauts plateaux, de zones ripariennes et de
zones steppiques couvertes d’Alfa et d’armoises. C est l’une des zones les plus réputées pour
sa richesse en plantes aromatiques et médicinales, elle possède un potentiel riche et très
diversifié en ces espèces.
2.3.
Mode de gestion
a) Domaine des PAM
Les PAM rencontrées dans la zone du projet relèvent de trois domaines fonciers, à savoir :
 Le domaine forestier privé de l’Etat géré par la Direction Régionale des Eaux et Forêts
 Les terrains sous régime collectif relevant des collectivités ethniques, gérés par la
Direction des collectivités locales du Ministère de l’Intérieur, qui en assure la tutelle.
 Les terrains Melk privés appartenant à des personnes physiques.
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Tableau 1: Liste des principales espèces aromatiques et médicinales dans la zone du projet
Famille /Espèce
Nom
français
Nom
vernaculaire
Partie exploitée/produit
Calamintha ascendens
Calamenthe
Mentha
Partie aérienne,
essentielle
huille
Calamintha baborensis
Calamenthe
Mentha
Partie aérienne,
essentielle
huille
Calamintha granatensis
Calamenthe
Mentha
Partie aérienne,
essentielle
huille
Lavandula stoechas
Lavande
stoechase
Lhalhal
sommités Fleuries
Lavandula dentata
Lavande
Khouzama
sommités Fleuries
Mentha pulegium
Menthe
pouliot
Fliou
Partie aérienne,
essentielle
Thymus ciliatus
Thym
Z’itra
Rameaux herbacés fleuris
Thymus vulgaris var.capitellatus:
Thym
Z’itra
Rameaux herbacés fleuris
Thymus abylaeus
Thym
Z’itra
Rameaux herbacés fleuris
Thymus capitatus
Thym
Z’itra
Rameaux herbacés fleuris
Rosmarinus officinalis
romarin
Azir
Feuilles
Tanacetum annum
Tanaise
bleue
M’Khinza
Inula viscosa (=Dittrichia viscosa)
Aunée
visqueuse
Terhla
Feuille, racine
Inula graveolens
Aunée
odorante
Tijjert
Feuille, racine
Labiées:
huille
Composées
Cupressacées
Tetraclinis articulata
Thuya
de
Alarar
berbérie
Rameaux
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Les PAM sont considérées par la législation forestière comme un sous produit de la forêt. Les
textes, régissant ces sous produits, n’ont pas connu de changement depuis le protectorat. Si
elle permet d’organiser la récolte, la législation actuelle dans le domaine des PAM n’est pas en
mesure de répondre à de nombreuses questions et reste muette sur un certain nombre de
dispositions qui devraient protéger le secteur.
2.4. Principaux acteurs de l’exploitation des PAM
a) Le privé
Concernant les plantes qui sont destinées à la distillation, les exploitants, une fois
adjudicataires du lot, s’installent dans la zone de la récolte. Dès lors, le chef du chantier installe
à proximité d’un cours d’eau les équipements composés essentiellement d’un alambic, d’une
balance et de petit matériel et accessoires utiles à la distillation. Il procède donc à l’organisation
des cueilleurs, principalement venus des populations locales pauvres, conformément aux
prescriptions du cahier de charges.
Pour les plantes destinées à l’herboristerie ou à la consommation locale, les populations rurales
procèdent à la récolte et la vente de leurs produits aux intermédiaires et Achabas (herboristes
traditionnels) de la région selon l’offre et la demande.
b)
Coopératives et associations
La zone du projet a connu récemment la promotion d’activités génératrices de revenus
autour de la filière PAM, suite au développement de la demande en différents produits et
l’intérêt apporté par les pouvoirs publics et les organisations internationales, à la lutte
contre la pauvreté. par conséquent, des associations et coopératives se sont formées et
spécialisées dans l’exploitation et la valorisation des PAM. Ces ONG encore fragiles sont
essentiellement féminines, mais les deux spécialisées dans le romarin sont composées
d’hommes et de femmes.
Pour être plus efficace sur le marché, des associations locales, qui font appel parfois aux
universitaires, contribuent à la bonne organisation des coopérateurs et jouent le rôle de
plaidoyer auprès des bailleurs de fond pour chercher les moyens financiers en vue
d’améliorer le profil de la production.
Les principales organisations locales recensées dans la zone étudiée sont :
- Association féminine Ikouiren, commune rurale de Serghina,
- Association feminine de Guigou,
- Association feminine d’Aït Bazza,
- Coopérative de Tsiwante (Sidi Ali Ou Youssef) et
- Coopérative de Sekkoura
c)
Les négociants et herboristes
Dans la zone d’étude, on a recensé deux types de négociants :
Le premier négociant est installé à Marmoucha. C'est un spécialiste du domaine qui
achète les PAM en vrac dans différents points de vente et dans les souks de la région. Il
procède ensuite au nettoyage, triage, et au séchage avant de les commercialiser sur le
marché national (Fès, Casablanca, Marrakech,…etc.)
5
Le deuxième type de négociant est représenté par deux commerçants qui ne se déplacent
pas sur le terrain ; ce sont plutôt les populations qui les approvisionnent et disposent de
magasins de stockage à Boulmane. Ils entretiennent des relations privilégiées avec des
herboristes des différentes villes du Royaume qui viennent à leur tour s’approvisionner
chez eux.
3. Conditions socio-économiques de l’exploitation des PAM
3.1. Caractéristiques socio-économiques
Les activités économiques essentielles et les principales sources d’emploi et de revenu
restent l’agriculture et l’élevage pastoral. Les deux activités étant à dominante vivrière, sont
toutefois accomplies dans le but de satisfaire les besoins domestiques par le biais de la
vente de certaines productions végétales et animales.
La place de l’activité de cueillette des PAM dans la zone reste saisonnière.
En effet, le pourcentage des exploitants des PAM, par rapport à la population locale relevé
lors des enquêtes auprès de 22 informateurs, change d’une commune à l’autre et diffère
d’un versant à l’autre. En moyenne on note l’équivalent de 233 exploitants ou main d’œuvre
active locale qui se donne à cette activité de façon régulière. Les autres n’interviennent que
lorsqu’il y a une demande pour un travail saisonnier, notamment avec les exploitants privés
entre Avril et Juin.
Pour avoir une idée sur l’apport du commerce des PAM, nous sommes censés comparer
leurs revenus à ceux des autres activités tels que l’agriculture, l’élevage, etc. Suivant
certains revenus:
 Le revenu net moyen annuel agricole est d’environ 3100 à 4550
Dh/ménage/an.

Le revenu net moyen annuel de l’élevage est d’environ 4 000 à 5000
Dh/ménage/an.

Les PAM, dégagent des revenus qui varient entre 250 et 2140
dh/an/collecteur (un seul qui a réalisé cette valeur). Dans le cadre de
la coopérative/association, le revenu peut aller jusqu’à 1250
dh/mois/personne.
Ce qui montre que le plus important revenu ne serait être obtenu que grâce à une
organisation locale, sous forme d’association ou de coopérative.
3.2. Contraintes et opportunités socio-économiques éventuelles
Les enquêtes menées sur le terrain et l’atelier SWOT organisé avec les différents acteurs,
ont permis de dégager les forces et les faiblesses de la filière, et aussi un certain nombre de
contraintes qui entravent le développement du secteur. Toutefois, cette étude a permis
également d’identifier les opportunités qui permettent de formuler un certain nombre
d’orientations en mesure d’améliorer les conditions socio-économiques de l’exploitation des
PAM (Figure 1).
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D’abord, les professionnels du secteur; exploitants et transformateurs, constatent
qu’actuellement le domaine d’activité des PAM est en difficulté: D’un côté on manque de
plans de gestion de ces PAM, et de l’autre côté on tarde à organiser les populations actives
dans ce secteur pour en faire des partenaires des l’administration publique en charge de la
gestion des PAM. Par exemple, Les services des Eaux et Forêts n’ont pu organiser les
populations qu’autour de deux coopératives pour l’exploitation du romarin: une à Sekkoura
et l’autre à Sidi Ali Ou Youssef.
En effet, Les professionnels insistent sur l’organisation du secteur et le contrôle des produits
de la cueillette.
En outre, l’enquête a révélé un intérêt grandissant chez les populations locales pour la
relance du secteur devant le développement de cette activité et l’importance de la valeur
ajoutée qu’elle est supposée générer.
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Figure 1 : Analyse SWOT des PAM dans la région de PDRMO
Faiblesses
Forces
• Richesse de la flore aromatique au Maroc ;
• Faible coût de production ;
• Conditions écologiques favorables pour la production d’huiles
essentielles de qualité ;
• Avantage comparatifs par rapport aux pays industrialisés ayant une
difficulté de mécanisation de certaines cultures ;
• Dynamique nationale en matière de recherche développement qui
touche plusieurs zones.
Opportunités
• Un marché mondial en pleine évolution ;
• La diversification des produits à haute valeur ajoutée et l’introduction de
cultures des plantes aromatiques sont encouragées ;
• La certification s’impose comme une condition sine qua non pour les
nouveaux marchés en particulier l’aromathérapie, la cosmétique, la
phytothérapie et l'agroalimentaire ;
• Une flore nationale très diversifiée ;
• Un coût de production faible.
• Possibilité de mise en culture pour certaines espèces
• Possibilités d’enclencher une dynamique de certification biologique (et/ou
biodynamique) dans le court terme.
• Risque de surexploitation des ressources naturelles et donc de dégradation ;
• L’offre régionale (et nationale) est marquée par de grandes fluctuations dans le
tonnage et dans les prix ;
• La majorité des espèces sont à l’état spontané, très peu font l’objet de culture
avec un suivi technique et agronomique raisonné.
• Le Maroc continue à exporter une grande partie de sa production aromatique
avec une faible valeur ajoutée. De ce fait, la filière plantes aromatiques
séchées, mérite d’être revue de l’amont et à l’aval, en particulier, les
conditions de séchage, de conditionnement et de commercialisation afin de
sauvegarder le label Maroc.
• Les différentes plantes aromatiques exploitées industriellement ne bénéficient
pas de techniques de récolte rationnelles et de technologies appropriées
d’extraction ou/ et d’utilisation ;
• Le secteur soufre de l’absence d’organisation professionnelle capable
d’organiser et de promouvoir les intérêts de la filière ;
• Sur le plan technologique, les distillateurs (alambic à feu nu sans aucun contrôle
de qualité) sont éparpillés et très souvent de nature artisanale ;
• Les rendements des peuplements spontanés sont faibles et la qualité des huiles
extraites souvent médiocre en raison des équipements vétustes, des
conditions d’extraction et de conditionnement mal maîtrisée et de la
mauvaise conduite des opérations technologiques menées lors de la
transformation.
Menaces
• Le romarin est de plus en plus concurrencés par les pays méditerranéens, en particulier
la Tunisie, la Turquie et l’Espagne ;
• La tendance du marché mondial est vers des produits certifiés BIO. Au Maroc seul une
infime partie obéit à la certification selon la réglementation européenne 2092/92.
• L’exigence de labellisation et de certification des produits pour accéder aux marchés
internationaux.
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4. Etat des lieux du marché de la filière des PAM
Les produits commercialisés actuellement sont, par ordre d’importance : les feuilles d’Origan
compact, les bouquets de petite centaurée, les fleurs mondées de menthe pouliot, la racine de
serghine et la graine de staphisaigre.
4.1. Le marché des PAM
L’exploitation des PAM au niveau de la cueillette et de la collecte, est saisonnière. Elle se
réalise sur 4 mois environ, d’Avril à Juillet. Toutefois, elle a connu de fortes variations
interannuelles (voir intra), avec dans l’ensemble une baisse de la demande ces dernières
années.
Le nombre de collecteurs sur la région est de trois entreprises. Deux entreprises ont cessé leur
activité en PAM depuis 2 ou 3 ans, lorsque les prix des principales plantes ont fortement
diminué et la quantité mise en marché est devenue faible. La réduction des volumes
commercialisés s’est traduite donc par une baisse sensible des prix payés tout au long de la
chaîne de commercialisation.
Les collecteurs ont, malheureusement, de très faibles capacités de stockage, ils sont souvent
contraints à vendre rapidement leurs produits au prix minimum cité plus haut.
Regardant les huiles essentielles (de romarin), leur commerce est très faible dans la région
de PDRMO, eu égard aux possibilités qui existent.
a) Exemples de prix dans les marchés locaux
Sur le souk d’Imouzzer Marmoucha, les bouquets de plantes sont vendus à l’état frais entre 0,5
à 1,5 Dh l’unité. La plante « Iguendasse » est vendue à un prix qui varie entre 50 à 150 dh le
Kilo.
Les herboristes recrutent des gens spécialisés en la matière et sillonnent la région de PDRMO
pour s’approvisionner en différentes plantes.
b) Marché national et international
Etant donné l’opacité de la filière, il est difficile de distinguer ces deux destinations à partir de la
zone du PDRMO.
De nombreuses plantes médicinales sont destinées uniquement au marché national et nordafricain car elles ne figurent pas dans les pharmacopées des pays européens et nordaméricains.
Ainsi, dans les grandes villes, les herboristes de Fès, Boulmane déclarent n’avoir aucune
difficulté d’approvisionnement en plantes médicinales et ne semblent pas être intéressés par la
diversification de leurs approvisionnements
5. Structure de la filière des PAM dans la région de PDRMO
Il est évident que la région, comme les autres régions du Moyen Atlas, est fortement riche
en produits naturels et principalement en plantes aromatiques et médicinales.
L'enquête socioéconomique menée au niveau de la région ainsi que les ateliers participatifs
tenus au niveau des communes rurales, ont permis d’établir les liens entre les principaux
maillons de la filière des PAM et comprendre sa structure et son fonctionnement. (Voir
figure 2)
Il est à noter que la population qui se donne à cette activité de collecte, est classée
localement comme pauvre, voir très pauvre. On assiste ainsi à un travail en famille. C’est
pour cela qu’on trouve toutes les catégories d’âges et de sexes qui assurent la cueillette.
La valorisation des Plantes Aromatiques et Médicinales (PAM) d'une manière rationnelle,
est complexe compte tenu de la multiplicité des usages auxquels elle sont soumises et la
diversité des intérêts des différentes parties prenantes (Etat, industriels, transformateurs,
exportateurs, usagers,….etc.)
La stratégie de développement forestier, basée sur une gestion participative et durable des
ressources naturelles, en impliquant les usagers et les industriels privés, constitue un cadre
très favorable pour mettre en œuvre un plan d'action en harmonie avec les possibilités et
aussi les limites.
6. Etude de cas : le romarin
Le romarin constitue la principale richesse de la zone. La valorisation des Plantes
Aromatiques et Médicinales (PAM) d’une manière rationnelle, et particulièrement le
romarin, est complexe compte tenu des contraintes d'exploitation auxquels sont soumises
ces PAM.
6.1 Les intervenants
6.1.1 L’Administration : HCEFLCD
Les gestionnaires des nappes de romarin sont principalement les forestiers (HCEFLCD), car
l’essentiel de la ressource pousse sur le domaine forestier privé de l’Etat. Dans le cas du
romarin de la zone d’étude, La tutelle est assurée par la Direction Régionale des Eaux et
Forêts de Fès-Boulmane.
6.1.2 Les Exploitants
Les producteurs locaux du romarin sont chargés de l’exploitation et de la vente aux
industriels situés essentiellement à Casablanca et à Marrakech. Ils travaillent souvent avec la
trésorerie des professionnels de la première catégorie (parfois avec avance sur contrat
fictive).
Acteurs
Opération
Collecte
Population usagère ;
Autochtone et nomade
Usage personnel
Exploitants locaux ou
nationaux
Ayant droit / exploitant
Investisseurs
Industriels
Conditionnement
Vente locale
Herboriste, intermédiaires
Marché local, régional, national et
international
Figure 2 : Structure de la filière PAM
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6.1.3 Les Transformateurs
Le Maroc est traditionnellement un des principaux pays producteurs d'huiles essentielles
(HE) et d’extraits aromatiques (EA). En effet, le pays dispose d'une grande tradition de
distillation de plantes aromatiques et surtout de plantes à parfums pour les besoins
familiaux et/ou du marché.
Les pionniers de l'industrialisation du secteur des PAM au Maroc ont pratiquement disparu
du marché ou bien ont fortement réduit leurs activités. Mais d'autres acteurs sont apparus
vers la fin des années 1980, d'abord des sociétés étrangères ou filiales de sociétés
étrangères, puis des sociétés nationales locales exerçant dans la zone, mais ayant leur siège
à Casablanca, Meknès,… etc. loin de la source de production.
Ces unités produisent des huiles et des aromates ou exportent en emballant les produits
après séchage, cependant, la part la plus importante de la valeur ajoutée échappe même au
pays producteur qu’est le Maroc.
6.2 De la cueillette à la commercialisation du romarin : le rôle majeur des cueilleurs
D'une façon générale, et selon la filière légale, c'est sur l'initiative des exploitants, ayant le
lot ou le marché, que les populations locales des douars se trouvent amenées à
l'exploitation du Romarin. Le rôle de ces professionnels est déterminant dans la pratique
actuelle des activités de valorisation de cette ressource : ils sont à l'interface entre les
ressources valorisables, gérées par les responsables forestiers et les clients potentiels, et les
acheteurs de matières premières ou de produits transformés, selon le cas.
Dans la plupart des cas, les exploitants locaux disposent à la fois d’une bonne connaissance :
(i)
des nappes et des espaces forestiers,
(ii)
des opérations du terrain
(iii)
du réseau de contacts auprès des populations locales
(iv)
des professionnels du secteur public et du secteur privé de leur filière.
Dans le cadre de l’organisation et de la participation active à ces activités, la population
usagère se trouve par la force des choses, la principale responsable dans ce maillon. Cette
responsabilité la pousserait à davantage de contrôle et de surveillance, et à une veille
permanente sur la ressource. Ainsi, la mise en place d'organisations collectives de type
coopératif est à appuyer pour une meilleure gestion et valorisation de la ressource. C’est ce
que les gestionnaires forestiers ont commencé à développer depuis quelques années.
Actuellement, le secteur coopératif dans ce domaine se présente comme suit.
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Forêt
canton
Nom de la Date de Adhérents Observations
coopérative
création
Guigou
Ahmed
Azeroual
Sekkoura
Ahl Reggou
Oulad
Ali Irisse
Tsiwante
Adrare (alfa)
Ahl Reggou
2010
27
Dossier en cours
d’approbation
2006
38
En activité
Dossier en cours de constitution
La concession des lots de romarin aux coopératives locales
Les efforts de la DREF-Fès Boulmane, ont permis de concrétiser des contrats et de démarrer
une approche partenariale avec les coopératives locales de la zone.
Une fois adjudicataires des lots, les coopératives s’installent avec leur matériel (Alambic,
balance,….) et procèdent à l’organisation des cueillettes selon le cahier de charges.
Aussi, pour une gestion rationnelle des nappes de romarin, la coopérative est tenue
d’exécuter dans son lot d’exploitation des travaux d’aménagement et d’amélioration visant à
mieux conduire et conserver la ressource. La nature de ces travaux est comme suit, et dont
l’importance varie en fonction de l’étendue des lots attribués :

Production de plants et plantation de romarin

Réhabilitation et entretien de piste forestière

Aménagement de points d’eau

Guetteurs d’incendies
7. ORIENTATIONS et RECOMMENDATIONS
Plusieurs orientations doivent constituer l’assiette de base pour assurer le développement
durable de la filière PAM eu égard aux fonctions économiques, commerciales, écologiques
et sociales que jouent ces plantes dans la région du PDRMO.

Développer la domestication et de l’intensification de la production

Introduire le concept de labellisation

Adopter une approche intégrée de développement de la filière, notamment en
relation avec les produits de terroir et le développement éco -touristique de la région

Veiller indispensablement sur la qualité à l’amont comme à l’aval
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
Opérationnaliser un nouveau type de partenariat impliquant ONG – Privé - Pouvoir
public

Revoir la politique de formation continue des producteurs et des vulgarisateurs (ex.
introduire les NTIC)

Considérer la dimension régionale en impliquant les populations rurales dans les
concertations et les programmes de développement.
7.1. ORGANISATION ET ENCADREMENT DE LA POPULATION
Certes, il y a des faiblesses et des menaces, mais pour réussir une valorisation certaine de la
filière des PAM, il faut organiser la population, l’encadrer et l’accompagner.
Dans ce cadre, nous proposons de travailler en premier lieu avec trois associations féminines et
deux coopératives de romarin (Association féminine de Serghina, Association feminine de
Guigou, Association feminine d’Aït Bazza). Pour les coopératives, il s’agit de la coopérative de
Tsiwante (Sidi Ali Ou Youssef), et la Coopérative de Sekkoura. Pour cette dernière, la présence
du projet de GIFMA qui apporte beaucoup de soutien aux populations peut aider dans ce sens,
particulièrement pour la valorisation du romarin.
7.2. LABELLISATION ET CERTIFICATION
La certification permet une transparence et une assurance pour la pratique d’un processus
de gestion durable d’exploitation des plantes aromatiques et médicinales. Un processus
exigé par le marché international. La certification des PAM est un système de labellisation
visant à encourager une gestion responsable des ressources, en ajoutant plus de valeur aux
produits naturels ou domestiqués. Il existe deux catégories de signes distinctifs d’origine et
de qualité:


Celles qui se réfèrent à une méthode de production particulière, c’est le label
PAM (LPAM)
Celles qui sont liées à un territoire : l’Indication géographique (IG) et
l’Appellation d’origine (AO).
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