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Entretien
Claude Méda
«Les Pyrénéennes ?
Chacun y a mis de l’âme…»
Claude Méda, c’est le Monsieur Loyal, le Gentil
Organisateur, la poutre maîtresse des Pyrénéennes. Depuis 1974, il est au service du monde
agricole Commingeois ; il en connaît les difficultés comme les atouts. Aujourd’hui, Claude
Méda est parti à la retraite. Cela valait bien un
entretien. Pour lui dire combien il compte pour
ce territoire. Parce que Claude Méda, au delà
du professionnel de l’agriculture qu’il est, c’est
avant tout quelqu’un de bien, avec lequel chacun a pris plaisir à travailler.
couper très rapidement du terrain. Les agriculteurs, eux,
ont les pieds sur terre et ils nous ramènent très vite aux
réalités. Je voudrais remercier particulièrement Aventin
Barès avec qui j’ai travaillé durant 24 ans et Jean de
Galard qui a été président de la chambre d’agriculture
de 1995 à 2001.
P.P : Responsable de l’antenne de la Chambre
d’agriculture, cela consiste en quoi ?
C M : C’est essentiellement la coordination d’une équipe. Nous sommes 7 conseillers agricoles de terrain. Il
s’agit de fixer des objectifs, de réaliser les actions de
développement en liaison avec les professionnels. La
Pleine page : Question rituelle,
zone comporte les 11 cantons de l’arrondissement de
d’où êtes-vous originaire ?
Saint-Gaudens. C’est aussi veiller au bon fonctionneClaude Méda : Côté paternel et maternel, de Saintment de la maison de l’ agriculture et de la forêt, faire le
Girons en Ariège, de ce Couserans voisin du Commin- lien avec les élus politiques et professionnels, participer
ges. Ma famille est dans la vallée du Salat depuis plu- aux comités de direction, animer le territoire.
sieurs générations.
P.P : Comminges – Couserans, même combat ?
C M : Bien sûr. Ce sont des pays ruraux avec les
Pyrénées comme trait d’union. Le Couserans regroupe
plusieurs vallées de montagne qui aboutissent à SaintGirons. Le Comminges est davantage un lieu de passage, où l’on trouve plusieurs types d’agriculture : celle de
montagne, celle de l’axe Garonne et celle des coteaux
qui bordent le Gers. Le lien entre les deux pays est la
vallée du Salat.
P.P : L’agriculture vous a toujours attiré?
C M : Quand je revois les vieilles photos de mon enfance, on s’y intéresse toujours en fin de carrière, je suis
avec des animaux. Je pense notamment à ces 6 vaches
gasconnes dans les anciennes étables. Très jeune, j’ai
baigné là-dedans. On n’y pense pas, mais c’est en soi.
J’ai intégré très vite le lycée agricole de Pamiers, en
classe de 3ème, puis Auzeville, un bac pro, un BTS. J’ai
ensuite rapidement été embauché à la chambre d’agriculture en tant que conseiller agricole, en 1974 à Aspet,
un canton que je n’ai quitté qu’en 1992. A cette date, j’ai
eu la responsabilité de chef de secteur du Comminges.
Mais j’ai tenu à conserver en parallèle ce poste de conseiller agricole à Aspet car je pense qu’il faut garder les
pieds sur terre et le contact avec les agriculteurs. Quand
on prend la responsabilité d’une antenne, on peut se
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P.P : Comment est née l’idée des Pyrénéennes ?
C M : Avant d’être une fête, les Pyrénéennes ne sont
jamais qu’une action de développement et de communication du monde agricole parmi d’autres. A l’époque, il
existait des journées de l’élevage; on en trouvait à Salies, à Boulogne, à Montréjeau, à Saint-Gaudens. En
1988, la municipalité de Saint-Gaudens a investi dans la
nouvelle halle aux bestiaux, près des abattoirs. Les responsables des syndicats de races ont alors estimé qu’il
valait mieux que l’on se retrouve régulièrement dans ce
lieu, plutôt que de tourner dans le Comminges. A leurs
yeux, cela confortait l’image de la manifestation. Mais le
vrai tournant, c’est 1991. Les élus de Saint-Gaudens, le
conseil général, la chambre d’agriculture, les syndicats
de races ont choisi d’aller au-delà des journées de l’élevage. Ils ont compris qu’il fallait aussi exprimer une vision plus large du monde rural. Les Pyrénéennes étaient
nées. Dans cette idée de rassembler, dans un climat de
fête et de convivialité, l’ensemble des acteurs de l’activité rurale du Comminges. C’est la première année où
l’on a vu, aux côtés des vaches, des brebis et des chevaux, des stations de ski, des offices de tourisme, le
thermalisme, la forêt. Nous nous sommes ensuite retrouvés, tous les 3 ans, sur ces mêmes bases. Avec en
1997, notre premier concours national de la race Blonde
d’Aquitaine, qui s’est déroulé au Parc de la Hitère. La
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Entretien
manifestation était un peu engoncée, mais il y avait de Saint-Gaudens et d’accueillir un événement comme le
la vie, dans un milieu ludique, très convivial, avec de Concours National de la Blonde d’Aquitaine. Je me soul’ombre, des prairies…
viens que nous sommes allés voir comment cela se passait à Castres, à Partenay, à Rennes… Dans cette équiP.P : Chaque édition prenait plus d’ampleur
pe, il y a des pièces maîtresses, un certain nombre de
que la précédente…
C M : Oui. Chaque corps de métier s’est parfaitement personnes solides : Michel Farré, Nicole Saux, Michel
retrouvé dans cette manifestation et du coup, la faisait Nauche, Claude Barbolosi, Nelly Moreau-Labat et Eric
progresser. La périodicité y a aussi été pour beaucoup. Sentucq pour la communication ; Sylvie Brun-Boué ausTous les 3 ans, cela permet de se renouveler et de faire si. Des gens qui représentent beaucoup pour moi. Je
le point sur l’évolution de chaque métier. Après, il y a eu suis un de ceux-là, un de l’agriculture, mais un parmi
2000, qui fut de nouveau un moment très fort. Avec un eux.
changement de lieu, au Parc des expositions. A cette
époque, le Parc n’était qu’une ossature métallique ouverte aux 4 vents. Des arbres poussaient à l’intérieur. Au
mois de mai qui précédait la manifestation de septembre, beaucoup de monde se posait la question de savoir
si nous allions pouvoir utiliser le lieu. Nous l’avons fait.
Avec le sol et le toit, point à la ligne. Il y a eu énormément de chapiteaux, pratiquement 1 hectare. Je crois
que le Parc des Expositions a fait progresser la manifestation ; mais la manifestation a aussi fait progresser
le Parc. En 2003, le concours national de la Blonde
d’Aquitaine est revenu à Saint-Gaudens et nous avions
1000 vaches sur le plateau. Ce fut une très belle fête
réalisée l’une des années les plus difficiles pour l’agriculture avec la canicule et la plus éprouvante pour moi
avec le décès de mon père.
P.P : Les Pyrénéennes, c’est aussi
une aventure humaine, non ?
C M : Au quotidien, je travaille avec mes collègues et
les élus professionnels. Il est important pour moi, pour
ma façon d’être, d’avoir pu travailler avec d’autres équipes, de la Communauté de communes, de la ville de
Saint-Gaudens, de la CCI, de la Chambre des métiers
et de l’artisanat… C’était à chaque fois un moment fort
de rencontres. Je trouve que nous sommes tous dans
des compartiments ; c’est la structuration même de la
société qui nous y amène. Chacun travaille dans son
domaine, mais n’a pas l’habitude de travailler avec les
autres secteurs. Les Pyrénéennes ont permis à toutes
ces équipes, différentes, multiples, de se retrouver et
d’aller dans le même sens. Professionnels de l’agriculture et de l’élevage, du tourisme, de la forêt, du thermalisme, de l’économie rurale, élus, responsables professionnels, bénévoles... Chacun y a mis de l’âme, un peu
de soi-même. Coordonner tout cela, le mettre en musique, c’est finalement assez facile quand les hommes
ont envie de travailler ensemble.
P.P : Vous attendiez-vous à ce que les Pyrénéennes
connaissent un tel succès avec entre 30 et 40 000
visiteurs lors des deux dernières éditions?
C M : Pas du tout. Mais c’est le fruit du travail de
tous. Des gens qui ont compté pour que les Pyrénéennes deviennent ce qu’elles sont : Pierre Ortet, qui m’a
donné carte blanche ; Jean-François Delpérié; Joël Dupin; René Medan; Michel Auberdiac; Jean-Claude Madamour; Jean-Raymond Lépinay; tous les présidents de
syndicats de race et André Bouas, qui a senti que l’équipe qui avait été constituée était en capacité de réussir à
P.P : Cela ne va pas vous manquer ?
C M : Quelque part oui. Car j’y retrouvais les valeurs
du rugby que j’ai pratiqué durant 12 saisons au sein du
Saint-Girons Sporting Club, cela me permettait d’avoir
l’esprit d’équipe. Mais je sais aussi que chaque édition a
été une épreuve physique et morale. Un enjeu fort, un
défi, un peu comme un match. Où rien n’était acquis
d’avance. Il fallait à chaque fois reconstruire. C’était bon
pour la ligne, je perdais quelques kilos, mais aussi pour
le caractère. Si on me le demande, je reviendrai. Mais
pour vivre cela d’une manière différente, en tant que bénévole.
P.P : L’agriculture commingeoise
se porte comment ?
C M : Elle a gardé son potentiel de production,malgré
une diminution importante de ses actifs essentiellement
au niveau de l’élevage, autant en bovin qu’en ovin. Elle
reste une zone de production de matières premières non
transformées, se privant ainsi de valeur ajoutée et d’emploi . Nous sommes aujourd’hui à la veille d’une nouvelle période. On se rend enfin compte que l’agriculture
sert d’abord à nourrir les hommes. On comprend que
l’agriculture est importante dans l’espace : elle représente
20% de l’activité et occupe 80% du territoire. L’augmentation des prix peut permettre à l’agriculture de mettre la
tête hors de l’eau. L’emploi agricole pourrait alors redémarrer et le manque de bras être moins criant. Tout cela
permettrait de tirer l’agriculture vers le haut, de lui offrir
une renaissance à la condition de valoriser ses productions ( transformation des produits, tourisme, viandes,
agro matériaux , bio énergie...).
P.P : Qu’allez-vous faire de vos journées libres ?
C M : Il va falloir que je m’organise… Non loin de
l’étable et des 6 vaches gasconnes de mon enfance, il y
a une très vieille ferme, sans date de construction, avec
un four à pain, une étable, une porcherie. On sent l’empreinte de toutes les générations qui y ont vécu. Je veux
la restaurer et lui redonner vie, participer à la transmission du patrimoine végétal des variétés fruitières du
Comminges, consacrer plus de temps à ma famille,
participer au conseil municipal de Labarthe-Rivière où
j’ai été récemment élu, mais aussi profiter des matches
de rugby, je vais reprendre le chemin des stades. Enfin,
les palombes n’ont qu’à bien se tenir… Les bécasses
aussi. Mais il me faut retrouver un bon chien, le mien
commence malheureusement à être âgé. Et ça aussi,
c’est une rencontre…
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