Journal télévisé et nouvelles technologies. Chronique d`une mort

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Journal télévisé et nouvelles technologies. Chronique d`une mort
No5 - DÉcrueBr I I9 B
Lrs CautrRsDU touRNALtstttt
Journal télévisé
et nouvelles technologies.
Chronique d'une mort annoncée ?
Benoît D'Aiguillon
Docteur en science de l'information
et de la communication
Université de la Méditerranée
Éc'ole clej ou rnalisnte
et de communication de Marseille
ll0
Le 29 juin 7949,quelquesjours après les
Américains,
et pour la premièrefoisen Europe,la
télévisionfrançaisediffuse un journal télévisé.
Sous la responsabilitéde Pierre Sabbagh,une
équipe très réduite conçoitce journal qui est
dure
diffusétrois fois par semaine.L'expérience
jusqu'au24 jurIIet,périodeestivaleoù la télévision
cessed'émettre.A la rentrée,le 2 octobre,
l'expérience
est reconduite.La duréeinitialede
cetteémissiondevenuequotidienneest d'environ
15 minutes.Elle va progressivement
s'étendre.
L'horairede diffusion,fixé au départà 21 heures,
va êtrerégulièrement
avancéet,à partir de 1954,le
journal téléviséest diffuséà 20 heures.L'équipe
qui confectionne
cespremiersjournauxtélévisés
n'imaginepas l'impactsocialet le rôle politique
que va revêtir cette véritableinstitution qu'est
devenule journaltélévisédu soir.
Sousla IV. Républiquela télévisionvit dans
l'ombrede la radio.Lesjournalistes
d'opposition,
gaullisteset communistes
y sontenvoyésà titre de
sanction.
C'estavecl'arrivéede la V. République
et du
Généralde Gaulleque la télévisionva èonnaître
sonvéritableessor.De 1958à1965,Ienombrede
postesde télévision
passede moinsde un million
à plus de cinq millions. Afin d'assurerune
mainmisedu pouvoir sur cet extraordinaire
outil
d'information,
il estcréé,le20avril 7963,Ie
Service
de liaisonet d'informationinterministériel(SLII).
Lebut de cetorganisme
du
dépendantdirectement
ministrede l'lnformationestd'assurerunecensure
et radiodiffusés.
sur lesjournauxtélévisés
La réformede 7974provoquel'éclatement
de
l'Office de radiodiffusiontélévisionfrançaise
(ORTB.Tiois chaînesde télévisionsont misesen
concurrencemais continuentde fonctionneren
MIRT aNtloNcrr ?
JouBNn rrÉvsr ETN)LJVELLES
rECHNoLoctES.
CuBottpLtE D'LJNE
respectant
lesprincipesd'un servicepublic.A partir du milieudesannéesquatrevingt, la créationde Canal+,la privatisationde TF1 et l'émergence
de deux
chaînesprivéesviennentmodifierle jeu de la concurrence.
La télévision
apparaît,
à biendeségards,
au servicedu
commeun instrument
critiquessont formuléessur cesabus.La
pouvoir politique.De nombreuses
le ou les
télévisionplacéeen situationde monopoleet tout particulièrement
journauxtélévisés
subissent
cettecensure
politique.L'évolutiondu contenude la
télévisionsembledépendredu bon vouloir du
pouvoir politique. En fait, les contrainteset
évoiutionséconomiques
et techniquesmodifient égards, comme un instrument au
aussisoncontenu.
seraicedu pouaoir politique >
Un décret du Premier ministre autorise,à
compterdu 1eroctobre1968,ladiffusiond'écrans
En fait, dès 1959despublicitéscompensées
par la
publicitaires.
sontdiffusées
télévisionfrançaise.
Dèscettedate,desémissions
sont"sponsorisées"
y compris
cellesd'informationcommela célèbre"CinqColonnesà la Une" proposéeen
partenariatavecla sociéténationaleAir France.L'économie
prime déjàsur le
politique.
De la mêmefaçon,on peutremarquer
en
qu'aumomentde saprivatisation,
1985,lachaîneTF1est financéeà plus de 50%par la publicité.La loi ne fait
qu'accélérer
un phénomène
économique
déjàbienentamé.
Denombreuses
analyses
ontportésurle contrôledu pouvoirpolitiqueexercé
sur la télévision.
En réactionà ce phénomène,
certainsont placéleursespoirs
l'évolution
dans
des donnéestechniquesafin de voir sauterces verrous
politiques.Certes,la créationd'un secondjournal télévisé,en 7969,sur la
deuxièmechaînepuis d'un troisièmeen797I,sur la troisièmechaîne,a permisde
créerune fausseconcurrence
tout en limitant les effetsdu contrôledu pouvoir
politique.
Lejournaltélévisé
du monde
estdevenusurlesgrandeschaînes
généralistes
Il constituesouventla vitrinede la chaîne.Les
entierle pivot desprogrammes.
"d'access
émissions
prime time"et de "primetime" s'organisent
autourde lui.
Chaquesoir le journaltéléviséde TF120 heuresdraineprèsde 12millionsde
téléspectateurs,
soit40%de part de marché1.Au mêmemoment,sur France2, le
journal téléviséde la chaînepubliqueest regardépar plus de 6 millionsde
téléspectateurs.
Avecun légerdécalage
horairepar rapportà cesdeuxgrandes
France3 diffuseun journaldont le tauxd'écoutene cesse
chaînes,
d'augmenter
regardé
est
maintenant
lui
aussi
40o/"
des
téléspectateurs.
puisqu'il
par prèsde
Cesgrandsjournauxtélévisés
font l'objetde vivescritiques.
De nombreuses
analyses
ont dénoncéla censure
Maisest-ilraisonnable
politiquequi s'y exerce.
d'annoncerla fin de ces "grand-messes"
? L'éclatement
de la grille de
programmes,
la disparitioncomplètedu grandjournaltélévisédu soir sont-ils
envisageables
dansun nouveaupaysage
français? Plusquedansla
audiovisuel
volontédu pouvoirpolitique,certains
ont doncplacéleurespoirdansl'évolution
lll
L r sC s u t r R D
s L / . t L l ?\\L t s \ r Er ' 5 ' D & r t t a r t r l 9 9 B
un p,11,1l l el
areec l e mondede l ' édi ti onet
l .o s i ti v ed e l a te c h n i rl u eE. n e t al .,l i ssarrt
l'ar'ètrementde l'inrlrrimerie,d'ancLlllsonr annonce,ar-ecla multrplicitédes
chaînes,1'emergencéde chaînesthématiqr-res
et ia clispalilior'rclôs chaines
généraltstes.
La démocratredoit-ellesortir renforcéede cetteér'oh-rtion
annollcee
commeirréniédiable?
Emprisede la technique
Le succès
de la télevisiou
et de sonémission
le iourrraltélér'isé
r-orrr
Lrhare
reposerpendantlongtemp:,en grandepartie,sur l'er.traorclrnaire
1.r'1rs1s559
technrque
queconstitr"re
la trausmission
à ciistauce
d'images.
Lesteiespectater-rrs
r-ontêtreassociés
auxdifférentes
ér'olutions
technologiques.
Lanotionde viilage
global'(selon1'expression
c1e\{ac Luhan)caractérise
cet accèsimmécliatar.r
mondeentieret illustrecetteprslçsption
essentielle
de la fonciioutechrrologiqr"re.
Eneffet,lesprrsllisrs;ouruar.rx
télér'isés
sorrtd'nneertrêmepauvreté.
Lesinrages
touruées
eunoirent.'lanc
dansPariset saprochebanlieue
sontdiffusées
ai'ecdes
cotnmetttaires
etrvoir off . La c|,rrée
du jounralnedepasse
1Jmirrutes.
Il est
Lras
()Lr
sourentcomFose
d'irnages
folkJoriques
intemprslslls5.
L e 1 ' ' a s 5 3dt ue f i l n ra l a v i d e ol,a m r s ea u p r s i l ldi u s r s t e mde' é c h a n gpea r
1'eltrot'isiou,
Ettt'op''ean
Yideo\etr-s(E\'\) l, la cr'éatio1
desstatiolsrégiotrales,
1'arrir'ée
de la couleurle 1e'octobre
7967,
maisaussi1amiseau psrnlde boites
lloires'r,du sr-stème
du téléprompteur
ou c1e
l'oreillette
vontmodifier1econtenu
mêmedr-rjournaltélér-ise,
La lignecorrcluctrice
c1e
cetteextraordirraire
ér'olution
technique
sernble
être
la volorrtéabsolr-re
de montrer',
de permettreaur
iI ne S'agit phts de comprendre téléspectatenrs
der.oirclesinages.iette erolutiol
et d'erpliquer mnis seulement r.a Lror-rleverser
la fonctionoliginaledr-rjournal
ei
de montrer et de -ctoir, télér'isé,Il lte s'agit plus t1e comp1g11d1s
d'exphqr-ier
maisseulerneut
de morrtrer
et de vorr,
r LtLèl 1
l L rLe
l t' L rl le
l lrLnt ,t (el i .à c
1Ci ->rL^] .t ] -> lE^, l 'l 't ;d' l-l .L t-fr, cL il Lr -r Lr e) Lrvd. e
C e S- v S
. \o
\ r ll tl Lor tl 'l ii o
l l il çp/ e
a l Lal .t \tl rU, Li o
l l tl 1
l C1l l' l.>. L
l rc
L tC
a lo
l lltl-râiltte5
1.,.
politiques,La techrrique
au serr-icedes jor,rrnalistes
s'opposeà 1a celrsr.lre
Ainsi, progressivement,
politiqtre.
l'images'imposea11jor,rrual
telerise.La
captatiorr
de ces imagesprarles téléspectateurs
est sourced'interpretations
diielgenteL
s ,' i n r a giem p l j q l l ea l o r ss, o u s - j a c e n
a tcee ss i g l i f i a n t su,n ec l i a i n e
flottarrte.
Le mêrnellessageaclressé
à tout le mondeu'estprasrecr,r
de la même
manière.L'hornogénéite
ciu message
émis entraîrre
une heterogeneite
de la
réceprtiorr.
Le telespectateur
est alorsdupé,Persr"radé
cr.rltr,rrellement
LlLte
l'inragene
m e t t tp a s ,i l : ' i r t t a g i r tqeu e \ o i r p e r n r etto u t s i n r p l e r n ednet c o i l r p 1 s 1 1 L
. ler e .
phénourèrre
estacceutr,ré
en Francedr,rfait de Ia pl.1çe
prrgpsllclerante
prispasle
sportdarrsle couteuu
mémedesloumaurtélér'isés'1.
Et uneassimilation
rapride
estfaiteeutrele morrdedr-rspo11-qr"ri
ér'oluedausuu pSPaçs
et un tempslinrjtés,
- et le mondede la vie.
avecdesrèglesfireset desarlritres
reconnrls
il2
s E C H \ o L o a tC
/ o t n r A LI E L E \ t sEEr \ a l L \ F r r FT
Eu
s B r : x r c t tD
E' L \ F\ / a r Rtr\ \ a ) r c r - r )
Ainsi,progressir-ement,
lejournaltélevise
imposesanorme.Cequi constitr-re
Déjà,en aor.rt
uneinforrnation
estceqr.riestmontrable,
cequi estmédiatisable.
\/l ioli 1'slrjet
reportages
797E,le
décèsdu PapePar.rl
de multiples
d'unedurée
totaie15 fois supérieure
à l'annonce
du premieraccordéconornique
entrela
ne cessede s'accentner.
Il entraînela
Chine et 1e Japon.Ce phénomène
dér-aluation
del'actionpolitiqllenonmédiatisable
et cenollveaudémembrement
de l'art de sourerner.DernemLrrement
au profitdesjournalistes
qur s'effectue
sansqueriennejustifiecettenouvelleappropriation,
Emprisede l'Audimat
Les premiersjournauxtélér'isés
r-ont bénéficierde l'irrdulgence
des
Il se
téléspectateurs.
Lemédir.rm
le nombredetélér-iser-rrs
estnour-eau,
peuéler-é,
Les
créennecertaine
complicite
eutrelesjournalistes
et lesrarestelespectater.rrs,
'r-oix '
le commentaire
assr,rrant
fihnésse
en
off des reportages
;otrrnalistes
jeuxdemotset aprproximations.
permettent
Du faitdr.rlentder-elopp''emeut
de la
télér'isron,
le prhénomene
r a perdr.rrer'.
Ainsi,jusqu'audébutdesannées
60,le
journaitélér'isé
ne refletepasvraimerrt
l'actualité.
L'objectrf
essentiel
de 1'éqr"upe
dejournalistes
1acasehoraireqr-ri
leurestdér'olr,re,
semble
êtrede rempriir
A'ec l'arrir-ée
du Généralde Gaullecommechefd'Etatet l'exolosion
de la
r\ n
r r r n ' l ^ - +  l  ' ' ; ' ? L l r l.c-e, u o t r v o i l 1 ' r o l i t i ( l t p\\ câl q
e l tlr ou rni l t. rrLer r yul lLrr rJ s qe. r\ 1i s5 çe a n t . S o r t
uItl.( Ltc: LUlu\ l:L,...,
)tr r
r
/r'lrrlLlLrç
c ont rô l e p a r 1 ' rn te rmé d i a i red r-r S err-i ce de l i ai son et d' i nformati on
i ai e trep e s a u te t ri g oureurrl ai s l es tel espectateurs
int er r n i n i s te ri e
el r\-mcmes
v ot r t s e rn o n tre re ri g e a n tsC
. e ttee ri gencedu 1.11f11ç,
parfoi sdétournéepar 1e
pour-oirpolitiquepoLrrparr-enirà ses fins,
provoqlledifférentes
consécpences
sur le contenu
rnêmedu jor-rmal
:
GmilIe conTtrTe
chef d'Étnt,
O l'accé1ératiorr
dr-rrr-thmedu jor-rnial
telerise: Ie pouttoir politique 7)flse tnontrer
les ior.rrnaur
telerises
desàr'urees
r0 comportent
plus exigennt>
s o r r \e, n t d p c r, '.p| n" o, r t a o e dc ' r r n e d r r l e e m o t ' g n t r ed e
srxminr"rtes.
movenneseradivispeP.11
Cettedr-rrée
deuxtous1es10 ans.Cette
dirninr-rtion
de la cluleerlessuletsde reportages
bienér'idemment,
Lure
entraîne,
multiprliç,ition
du nomtrre
desulets
ainsià r-urémiettement
de
proposés.
On assiste
f information.
r-urr-éritable
Lejor,rnral
télér-isé
der-ient
kaleidoSCoprg
Des
d'images.
informatiorts
parcellaires
sontassérrées
au telespgçt,r1eur
sansqlle ce denrier
F u i s s seep e r m e t t ruen a n a l r s eP. r o g r e s s i i e n r leeustt,r l ed u j o u r r r at el l e r i s see
rapproche
.1ufeuilletonou de i'époprée,
11ne s'agitLrhts,L-rot-rr
le jor.rrualiste,
d'expiic-1uel,
mais de moutrel.Le journalistes'adresse
d'analr-set,
à r-rn
telespgç1a1eur
rlolrtolr sllppos.,
r1u'ila r Lr1'editiorr
tie la r eille.Ce
l.ot postulat,
retrdcaptifIetelesl''eçtateur.
\laisil LrrovoqLle
uttettesgranile
sr.trtout
Phetiomerte
d
àr cL (e fl ll\o, t t, Lr l' ;l *l l 'l ^d Y^g->
L Ui fl ri.il c
L Lr lri ll .tté
r t ' r o t t rll re) S rl rtUO
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- i l-i il upqi)t i e S
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lll
xo 5 - Drcruapr I 9I B
Lrs CnutrRsDU touRNALtswr
un moyen
: le journal téléviséest,par excellence,
@ la personnalisation
d'informationde masse.Curieusement,
émetteurs- les journalistes- mais
- les téléspectateurs
- se sont acharnés
pour gommercette
surtoutrécepteurs
prennentpour habitudede
Dès les années60, les journalistes
caractéristique.
s'adresserà un téléspectateur
en particulier.La formule o Mesdames,
Mesdemoiselles,
Messieurs,
bonsoir> estgomméeau profit du singuliern Madntne,
vont imposerle
Monsieur,
bonsoir>. De la mêmemanièreles téléspectateurs
uniqueou "anchorman".
principedu présentateur
(< Ies téléspectateurs nont imposer JosephPasteur,dans le cadre d'"lnformation
le principe du présentateurunique
'
appliquéeaux Etats-Unisdepuisplusieursannées
ne s'impose
vraimentqu'avecl'arrivéede Roger
par WalterConkrite.Le système
Les
n'estpasremisencause.
GicquelsurTF1le 6 janvier1975.Depuis,cesystème
les yeux dansles
téléspectateurs
ont imposécetteformulede communication
Il
le système.
vient parachever
du téléprompteur
yeux 5.L'usagesystématique
des
vedettede pratiquerune sortede cocooning
s'agit pour le présentateur
téléspectateurs
;
imposerleur
vont progressivement
I une réduction: les téléspectateurs
Le
abordés
par le journaltélévisé.
choixdanslessujetstraitésou plusexactement
avecl'arrivéedessystèmes
de calculsde tauxd'écoutetel
principeva s'accélérer
l'Audimat.L'étudedesconducteurs
depuisleur origine
desjournauxtélévisés
jusqu'ànosjoursmontrequelessujetsde politiqueétrangère,
voired'économie,
sont progressivement
évacuésau profit de sujetsdits de "proximité".Les
Le journaltélévisé
n'entendent
téléspectateurs
plus faire un travaild'analyse.
renforcéà partir du 1er
ludique.Phénomène
un caractère
prendprogressivement
n'a alorspluspour
octobre7968,avecl'arrivéede la publicité,Lejournaltélévisé
fonctiond'expliquermaissimplementde montrer,voire de distraire.Il reprend
dela publicitéqui nedémontrepasmais
encelaun desprincipesdela rhétorique
affirme.Le discourspublicitairene fonctionne
passur le principedémonstratif
mais sur celui de l'analogie.Il ne s'agit pas d'expliquermais d'établirdes
rapports,dessimilitudes.
Le journaltéléviséva fonctionner
de mêmeet utiliser
de plusen plus souventle principede l'anaiogie.
Cetteévolutionprovoqueune
La frontièreentrela fiction,le monde
confusiondans1'espritdestéléspectateurs.
devientplusen plus
de f imaginaire,
de la publicitéet celuidu réel,de l'actualité
floue.Parfoismêmele journaltéléviséapparaîtaussi"fictionnel"
qu. le restedes
programmes.
Lejournaltélévisé,un outil au servicede la démocratie
Le journal téléviséa focalisétrès rapidementun ensemblede critiques
Délibérément,
nousn'avonspasabordéla censure
politiquela
souventjustifiées.
Elles'est,enpartie,
maisaussila plusanalysée,
la plusdécortiquée.
pluspesante
atténuée
du fait essentiellement
de la multiplicitédessupportsde diffusion.
114
JouBxtt rrÉwsr ETNot-tvELLES
rECHNoLoctES.
MoRt nNNotucrr?
CuBoNtouFD'ut\tE
La technique
imposésaforme.L'évolution
a, elleaussi,pendantlongtemps,
de la technologiea permisde limiter, en grandepartie,seseffets.Plus grave
destéléspectateurs.
sembleêtrel'asservissement
du journaltélévisé
à la demande
La télévisions'estfixépour objectif,pendantlongtemps
d'informer,de distraire
et de cuitivero.Le systèmede chaîneuniqueet de monopoled'Etatet doncde
chaînegénéraliste
a entraînél'obligationpour un mêmeprogrammeet souvent
une mêmeémissiond'obéirà cestroiscritères,
et, tout à la fois,d'informer,de
distraireet de cultiver dans des proportions
variables.Le journal télévisé,lui-Àême,s'est < Ia force du journal téIéaisé
efforcéde respectercette ambition malgré la tient essentiellement
voiontéréelleou déclarée
du publicdefaireprimer à son caractère généraliste >>
le divertissement.
La forcedu journaltélévisétientessentiellement
à soncaractère
généraliste.
Tous les téléspectateurs
sont exposés,comme irradiés par les mêmes
informations.Le téléspectateur
se trouve dans l'impossibilitéd'isoler une
informationqui l'intéresse
plusparticulièrement,
Il sedoit de "subir"l'ensemble
desinformations
proposées.
Le grandjournaltéléviséd'une chaînegénéraliste
fait naîtrel'idéede "co"\,oir
vision".Le téléspectateur
estconscient
de
aveclesautres".
On trouvelà une
très forte idée de partage.L'émergence
de chaînesthématiques
est souvent
présentée
commeun facteurde libéralisation
du domaineaudiovisuel.Si le
systèmedevait être conduit à l'extrême,il pourrait avoir des conséquences
néfastes
et provoquerla créationde r,éritables
ghettos.La créationde chaînes
thématiques
d'informationn'apparaîtpascommeun élémentdynamisant
pour
la démocratie.
Leschaînes
d'information
de partispolitiques,
privéesdépendant
de syndicats
nationales
ou de grandessociétés
ne serontque
ou internationales
des facteursd'endoctrinement
Des
ou s'exerceront
propagandeet lobbyings.
thématiques
d'information,
chaînes
dépendant
du secteur
public,devraient-elles
assurerunediffusionde f information? Encorefaudraifil qu'ellesdisposent
des
moyensnécessaires
pourmenerà bienleuractionet qu'ellesnesoientpasplacées
directement
sousla coupedesgouvernants
du moment.Il s'agitlà d'un besoin
qui,pour le moment,n'estpassatisfaitdansnotrepays.
En fait, la multiplicationdes chaînesthématiques,
en particulierdansle
domainede l'information,risqued'accroîtreencored'avantagele risquede
circulationcirculairedesimageset donc des informationsdénoncépar Pierre
Bourdieuz. Il est peu probableque disparaissent
les chaînes
complètement
A l'instarde ce qr.riseproduitatrxEtats-Unis,
généralistes.
il estvraisembiable
que demeurentquelquesgrandsréseauxdépendantdu secteurpublic ou du
secteurprivéet qu'acôtésedéveloppent
deschaînes
thématiques.
La radio,par sa rapiditédansle traitementdesinformations,
concurrence
depuis longtempsla télévision.Pourtant,le journal télér'iséconstitueun
programme
de choixqui estregardépar unemajoritéde téléspectateurs.
Souvent
il n'apprendrien aux téléspectateurs
déjà largementinforméspar d'autres
ll,
t,to5 - DÉcrueBr I I9 B
Lrs CnutrRSDu Jour?NALtsrvtp
le journal
médias.Lejournaltélévisé
impliquel'idéede partage.
Il apparaîtcommel'image
ne s'y trompent
qu'un pavssouhaiterenvoyerde lui-même.Lestéléspectateurs
de vivre "en
pas,choisissant
prioritairement
ceprogramme
et ayantl'impression
journal
nationale.
Le
télévisépermetde réagiravec
phase"avecla communauté
le pays,avecla nation.Il créeun lien socialtrèsfort. Chacunde nousvoit les
mêmesimageset ce,mêmesi nousne leur accordons
pasla mêmeplacedans
notreespritou notrecæur.
Définir le conceptde nation est particulièrement
diffrcile.
Le journal. télévisé d'une chaîne
téléztisé permet de réagir
aoec
tepays,'auec
tanatioil,Ënï:li:ïHili:.'l: iffil.giitl;i"frï,Iii
fédérateur.Il est un extraordinairefacteur
d'intégrationsociale.Le journal téléviséest bien une constructionqui doit
la nation,de sereconnaître.
permettreà la collectivité,
Il restelié à sontemps,à
à la
sonpublic.I1s'agitd'un produitdont la consommation
apparaîtessentielle
vie de la nation.I1 demeurecommele parangonde l'informationet le rendezvousde la communauté
nationale.
Lesuccès
du journaltélér'isé,
desclasses
moyennes.
C'est
c'estaussile succès
la reconnaissance
pour une largemajoritéde citoyensd'un statutsocial.Ce
nes'oppose
phénomène
del'informationdeproximitéqui
pasau développement
connaîtunefortedemande
depuispiusieursannées.
Letéléspectateur
entendêtre
informéde ce qui constituel'actualiténationalemais aussides nouvellesde
proximitéqui le touchentparticulièrement.
Le succès
de l'éditiondu "19-20"
sur
France3 r'ientconfirmcrcettedemande.
Cequi estfait au niveaudesrégionsdoit êtreréaliséau niveaude l'Europe.
Le journal télévisé,extraordinaireoutil de cohésionnationale,doit aussi
Il doit être l'outil de la
permettreune communicationtransnationale.
j;Truâ:lff
::ïl,,::l,".iii
i,:îïi,l'J:îî?i,51î::iï,î,:lrunïffi::
commele proposeFrancisBalle8,vers la "glocalisation".
La numérisation
des
contenus
permetd'offrirau publicLlnprogramme
d'informationobéissant
à ces
différentsobjectifs.
Le journal télél'iséd'une grandechaînepubliquegénéraliste
doit ainsi
I
participerar.rmaintien,voireà la consolidation,
de l'idéefragilede démocratie
Notes
1. La part cle marchéd'ture chaînereprésentele pourcentagede téléspectateursregardantcettechaîne
par rapport au nombre de téléspectateursregardrintla télér,ision.
2. L'Euror''isiongère depuis Genève un système d'échangepermanent d'informations entre chaînes
pubiiques.L'appartenanceà ce "pool" permet de constituert\ nroindre frais un iournal télér,isé.
Curieùsenrent,^TF1
chaînepriveeèst adhérente,ce qui est refuséedepuis sa créatiônà M6 et vient
d'être suppriméeà Carral+.
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MoRrnNNoNcrr
D'LtNE
rECHt\oLoctES.
CuBoNtouE
JouBxntrrtrvtsÉEr NouvELLES
'boites
de renvoyer
du territoirepermettent
noires"placees
en certainspointsstratégiques
3. Ces
le montage
lesimages
étânt
immédiatement','ers
r.rne
régionald
paruneBètacam,
statiorr
eirègistrées
effectuédèsréception.
4. La télévisionfrançaise
depuistoujours,uneconfusionentrele métierde commentateur
entretient,
sportifet le métieide journaliste
spôrtif.Cetteconfusion
estparticulièrement
pénalisante
pour le's
des grandes
téiéspectateurs
âu momentoir Iés chaînesse battentpoûr obtenirl'exclusivité
compétitrons.
en "Y Y".
5. EliséoVeronparlemêmede communication
6. Devisede I'ORTF
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7. PierreBOURDIEU
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l17