Astrologie - Observatoire Zététique

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Astrologie - Observatoire Zététique
Astrologie :
La preuve par deux ?
Frédéric Lequèvre
L
[1] Les termes suivis d’un
astérisque sont définis dans
le glossaire.
de la culmination*) est un paramètre astrologique pertinent, alors les écarts de position entre les planètes
des deux jumeaux devront se traduire par des différences de traits de caractères. En outre, si l’influence
des différence d’angularité* des planètes est démontrée chez des jumeaux (où les différences sont très faibles), elle le sera a fortiori dans le cas général de deux
personnes prises au hasard. Les résultats de cette expérience ont été publiés dans l’ouvrage Astrologie : la
preuve par deux, paru en 1992 [2].
[2] Suzel Fuzeau-Braesch :
Astrologie : la preuve
par deux, Robert Laffont,
collection « Les dossiers
science frontière », 1992.
Vers une astrologie scientifique ?
L
’astrologie postule qu’il existe une relation entre
les positions des astres sur la voûte céleste à
la naissance d’un individu et son caractère. Ce
principe premier étant posé, il reste à vérifier si « ça
marche ». D’emblée la quatrième de couverture situe
la démarche de l’auteur comme résolument scientifique : « Suzel Fuzeau-Braesch n’est pas un auteur
comme les autres. Rationaliste et déterministe, elle
est cependant pleinement consciente de l’immense
complexité de l’univers. Astrologie : la preuve par
deux est l’aboutissement de longues années d’étude.
Il ne s’agit pas d’un traité d’astrologie ni d’un ouvrage
d’astrologue comme il s’en publie tant. C’est la premier test irréfutable d’une scientifique en quête de
vérité. »
La démarche expérimentale est donc clairement
affichée, la présentation de l’ouvrage (quatrième de
couverture) se terminant d’ailleurs ainsi : « Si les faits
scientifiques ne correspondent pas aux préjugés antiastrologiques, c’est peut-être qu’il est temps de les
abandonner ? » [3]
D’un point de vue théorique, l’auteur défend une
approche déterministe de l’astrologie : les astres
auraient une influence sur les individus, passant par
une action physique à distance. Après avoir donné
des indications sur les origines historiques de l’astrologie dans un premier chapitre, Suzel FuzeauBraesch (SFB) renvoie dos à dos dans le deuxième
chapitre les astrologues qui méconnaissent la science
et les scientifiques qui s’opposent à l’astrologie sans
la connaître. SFB s’en prend à certaines affirmations
péremptoires d’Élizabeth Teissier en considérant son
approche à juste titre comme « plus spectaculaire et
journalistique que scientifique » (p. 92). À l’opposé
elle rejette les conceptions symbolistes d’astrologues
comme Solange de Mailly-Nesle qui définit l’astrologie
comme une science de l’âme s’appuyant sur le caractère symbolique de l’image de l’être humain. En ce
qui concerne les critiques sceptiques de l’astrologie,
SFB réfute l’expérience en double aveugle de Carlson
[4], et les résultats en psychologie concernant l’effet
Barnum*. Elle s’appuie pour cela sur une critique
des protocoles expérimentaux. L’explication du « fait
astrologique » tiendrait donc bien, selon cet auteur, à
une « causalité » : « N’étant pas capable de concevoir
un fait sans cause, sans tomber dans le surnaturel et
l’occulte, j’accorde a priori aux faits astrologiques un
processus causal, encore inconnu dans l’état actuel
de la science. Mais affirmer cette causalité est nécessaire si l’on veut, d’une part, intégrer le fait astrologique dans le champ scientifique et d’autre part, si l’on
désire avoir des chances de découvrir cette causalité
(ou ces causalités). » (p. 209).
Forte de ses résultats expérimentaux sur les jumeaux exposés dans son troisième chapitre, SFB
tente dans le quatrième chapitre intitulé « le déterminisme astrologique » d’éclairer le lecteur sur la nature
de cette influence. Elle s’appuie pour cela sur la théorie de P. Seymour, théorie qui fait appel à l’influence
des planètes sur le champ magnétique terrestre via
[3] Si l’on se fie à la syntaxe
de cette phrase, ce sont
les « faits scientifiques »
qu’il faudrait abandonner...
Or, à la lecture de
l’ouvrage il est évident
que l’auteur souhaite
que l’on abandonne les
préjugés anti-astrologiques.
Cette ambiguïté est-elle
volontaire ?
[4] L‘expérience de Carlson
comporte deux parties :
d’une part, des volontaires
doivent tenter, après
avoir communiqué leurs
coordonnées de naissance,
de se reconnaître dans
une des trois descriptions
psychologiques qui leur
sont proposées par des
astrologues. D’autre part,
ces derniers doivent tenter
de reconnaître la bonne
description psychologique
(toujours parmi trois) à
partir d’un thème astral
interprété. Aucun des deux
volets de l’expérience
ne permet de valider
l’hypothèse astrologique.
Shawn Carlson : a double
blind test of astrology,
Nature, vol. 318, déc. 1985,
419-425.
Les enquêtes de l’OZ
es jumeaux constituent un sujet de choix pour
la recherche scientifique. Les « vrais jumeaux »,
dits monozygotes, ont en commun le même matériel génétique car ils sont issus de la division du
même oeuf. C’est pourquoi ils ont été beaucoup étudiés en biologie et en psychologie. Ils permettent en
effet de distinguer les influences respectives de l’inné
et de l’acquis.
Du point de vue de l’astrologie généthliaque*[1], les
jumeaux ont des thèmes de naissance presque identiques. Nés en un même lieu à quelques minutes d’intervalle dans la plupart des cas, les jumeaux ont dans
leur ciel de naissance des configurations planétaires
identiques. En revanche, les positions desdites planètes par rapport à l’horizon peuvent différer de façon
notable à cause du mouvement de rotation de la terre
sur elle-même. Par exemple, deux jumeaux étant nés
à cinq minutes d’intervalle, la planète Mars peut être
plus proche de l’horizon pour le premier né que pour
le second.
Exploitant cette différence, la biologiste Suzel
Fuzeau-Braesch (SFB) tente de prouver expérimentalement la validité de l’astrologie généthliaque. L’idée
en est la suivante : si la position des planètes situées
près de l’horizon au lever ou au coucher (ou bien près
[5] L’activité solaire se
répercute sur le champ
magnétique terrestre avec
un délai variable, fonction
de la vitesse des particules
mises en cause, délai qui
peut varier de quelques
heures à quelques
jours. Difficile, donc, de
dresser un thème astral
de naissance à quelques
minutes près dans ces
conditions.
[6] Le vocabulaire utilisé
n’est peut-être pas
neutre : ce ne sont pas les
propositions de textes qui
sont jugées comme des
succès ou des échecs,
mais les réponses des
familles qui sont jugées
« justes » ou « inverses »
par rapport aux prévisions
de l’astrologue.
l’activité du Soleil. En prenant la précaution de présenter cette théorie comme spéculative (c’est-à-dire pour
le moment dépourvue de vérification expérimentale),
SFB en décrit les grandes lignes tout en discutant les
différents arguments de ses détracteurs. En revanche,
elle n’aborde pas la principale pierre d’achoppement
de cette théorie, à savoir le problème du délai dans
la transmission de l’information qu’implique ce modèle[5].
Nous ne développerons pas ici plus avant les arguments théoriques et spéculatifs, pour nous concentrer
davantage sur le protocole expérimental.
Le principe de l’expérience - les deux méthodes
S
FB dresse les thèmes de naissances pour 251
couples de jumeaux puis interprète les différences observées en termes très concis et polarisés, du type « plus expansif / plus réservé ». Puis
elle soumet ces propositions aux jumeaux (ou à leurs
familles) en leur demandant de préciser auquel des
deux se réfère chaque description. Les réponses retournées sont traitées statistiquement. Alors que des
caractères attribués au hasard auraient abouti à un
nombre de réponses « justes » et « inverses » proche,
les réponses justes [6] sont très majoritaires :
Réponses « justes »
153
Réponses «inverses »
65
Réponses « nulles »
20
Absence de réponses
13
Total
251
Tableau 1 : réponses obtenues par Suzel Fuzeau-Braesch auprès
des familles des jumeaux après leur avoir proposé les descriptifs
astro-psychologiques. Les réponses « nulles » sont celles où les
familles n’ont pu attribuer les textes descriptifs aux jumeaux.
SFB de conclure : « On peut désormais affirmer que
l’intervalle horaire de naissance de jumeaux peut être
à l’origine d’une partie de leur différenciation psychologique et comportementale détectable sur la base
respective de leurs deux cartes du ciel de naissance.
L’étude réalisée sur une population initiale de 251 paires de jumeaux, traitée de façon statistique, permet de
dire clairement qu’autre chose que le hasard préside
à la polarisation du couple gémellaire vers deux individus psychologiquement distincts et conclure que le
facteur astrologique existe bel et bien. » (p. 207).
Afin de rédiger les textes proposés aux familles sur
la base des cartes du ciel des jumeaux, SFB utilise
deux méthodes. La « méthode 1 » utilise la position
des planètes sur la voûte céleste, la « méthode 2 »,
les signes du zodiaque : « ... il a fallu se plier à quelques règles très précises et en particulier adopter la
règle des « tendances zodiacales » des ascendants
et celle des « tendances planétaires » ; une planète
angulaire est plus forte pour l’individu dont l’angle est
le plus faible et cela à la minute près. » (p. 133).
Les deux méthodes, bien que faisant appel à des
éléments de nature très différente, donnent des
résultats quasiment identiques. Signalons qu’une
méthode mixte, utilisant les deux types d’éléments
conjointement, est aussi utilisée et donne des résultats également significatifs. Examinons de plus près
les protocoles liés à ces deux méthodes.
Première méthode : les planètes angulaires
[7] Michel Gauquelin a
exposé sa théorie sur
l’influence des planètes
dans La vérité sur
l’astrologie, éditions du
Rocher, 1984. La dernière
réplication en date, suivant
un protocole validé par
Gauquelin, est négative :
The Mars Effect, Claude
Benski, Dominique
Caudron, Yves Galifret,
Jean-Paul Krivine, JeanClaude Pecker, Michel
Rouzé et Evry Schatzman.
Prometheus Books, 1996.
[8] Les listes de
professionnels célèbres
sont extraites d’ouvrages
de référence.
La base revendiquée : les statistiques de
Michel Gauquelin
Avec cette première méthode SFB s’appuie en
grande partie sur les résultats statistiques de Michel
Gauquelin (MG). Le célèbre « effet Mars », qui a été
étudié successivement par plusieurs scientifiques [7],
et qui est à l’origine d’une controverse encore vive,
représente une petite part d’un vaste travail statistique entrepris par Michel Gauquelin dans les années
cinquante. Cet auteur a publié de nombreux résultats
souvent cités dans les ouvrages astrologiques, concernant les planètes Vénus, Mars, Jupiter, Saturne
ainsi que la Lune. Ni les autres planètes, ni le Soleil,
pas plus que les signes zodiacaux, n’ont donné selon
Gauquelin de résultat significatif sur le plan statistique.
MG calcule les positions planétaires de nombreux
sportifs parmi les plus célèbres (associés à Mars) ou
de scientifiques ou médecins renommés [8] (associés
à Saturne). Selon lui, par exemple, ces derniers ont
une tendance statistiquement significative à naître
lorsque Saturne vient de se lever ou de culminer.
Sur le plan astronomique, le travail de Gauquelin
est rigoureux. Il n’utilise pas le classique thème astral
des astrologues, qui projette les positions planétaires
sur le zodiaque, mais il utilise la position de la planète
réelle sur la voûte céleste (voir annexe 1). En réalité
il calcule l’heure de lever et de coucher de chaque
planète puis « découpe » l’arc diurne (c’est à dire la
trajectoire apparente de l’astre au dessus de l’horizon)
Contrairement à
que ce que Michel
Gauquelin crut
mettre en évidence
la planète Mars
n’a pas d’effet
spécifique sur les
sportifs...
en six secteurs. Le secteur n°1 est celui traversé juste
après le lever de la planète, le secteur n°4 juste après
sa culmination supérieure. Ce découpage rappelle les
maisons astrologiques classiques (c’est pourquoi on
parle parfois de « néoastrologie »), mais ne constitue
en réalité qu’une méthode courante en statistique de
créer des classes* : les sportifs célèbres seraient plus
nombreux que les individus lambda à naître avec
Mars en secteur 1. Ce qui ne signifie pas selon MG
que les individus non sportifs ne sont pas influencés
par Mars, mais que le caractère pugnace et énergique
attaché à cette planète s’est révélé au travers des statistiques par l’intermédiaire des sportifs.
Une confusion d’ordre astronomique
Cependant, si ces statistiques sont abondamment
commentées dans l’ouvrage de SFB et si cette dernière s’en inspire, la rigueur astronomique reconnue
des travaux de Gauquelin ne semble plus de mise
dans ceux de SFB : « Ainsi, nous voilà en possession
d’une première base pour notre recherche personnelle : celle de l’influence de la planète qui se lève ou
culmine et, à un degré moindre, se couche, ou se situe
au « nadir » ( = culmination inférieure). Ce n’est rien
d’autre que les « angles » de l’astrologie, déjà rencontrés dans le premier chapitre. » (p. 111).
Le problème est que les angles* utilisés en astrologie (ascendant* AS, milieu de ciel MC, descendant
DS et fond de ciel FC) ne coïncident pas avec les
points de lever, culmination* supérieure, coucher et
culmination* inférieure (pas plus que cette dernière
ne correspond au nadir, qui est le point opposé au
zénith). Ce que les astrologues ont défini comme
l’ascendant (AS) est le point de l’écliptique* situé
sur l’horizon Est (voir figure 1). Les planètes n’étant
pas situées exactement dans le plan de l’écliptique,
les points de lever ne coïncident pas avec le point
dénommé AS [9]. Ainsi, une planète située en AS est
certes proche de son lever, mais n’est pas exactement
en son lever. Elle peut être soit déjà levée, soit sur le
point de se lever. Pour des raisons de commodité, les
astrologues tracent la « carte du ciel » en plaçant les
planètes sur le cercle de l’écliptique grâce à sa longitude écliptique. La latitude écliptique, qui représente
l’écart en degrés entre la position réelle de la planète
et sa position fictive sur le cercle du zodiaque, est loin
d’être négligeable. Nous donnons dans l’annexe 2 les
valeurs des inclinaisons des orbites planétaires pas
rapport au plan de l’écliptique.
On peut donc s’attendre à des écarts significatifs
entre ascendant et lever réel, d’autant plus importants
pour la planète Pluton que son orbite est la plus inclinée par rapport à l’écliptique.
La lecture de l’ouvrage de SFB ne laisse pas de
doute sur le fait que cette variable importante, la latitude écliptique, a été complètement occultée. SFB est
très explicite lorsqu’elle présente la réalisation des «
cartes des ciels de naissance » : « Le logiciel trace le
zodiaque tropique de 12 signes et y positionne :
3⁄4 Les différents éléments du ciel pris en considération, soit le Soleil, la Lune, Mercure, Vénus, Mars,
Jupiter, Saturne, Neptune, Uranus et Pluton ;
3⁄4 Les angles : lever, culmination, coucher que nous
appellerons respectivement, selon la tradition astrologique (pourquoi ne pas l’utiliser ?) : Ascendant qui
s’abrège commodément en AS, Milieu de ciel : MC, et
descendant = DS. » (p. 116)
Cette confusion entre tradition astrologique (AS,
MC, DS) d’une part et notions astronomiques (lever,
culmination, coucher) d’autre part persiste d’ailleurs
dans le livre « Comment démontrer l’astrologie » paru
sept ans plus tard [10].
L’inversion des « dominances planétaires »
au sein du couple de jumeaux
Les conséquences d’une telle approximation ont-elles une influence sur le résultat du test ? Si l’on exclut
Pluton et si l’on accepte une tolérance de quelques
degrés (appelée orbe en astrologie), on peut alors
accepter de considérer qu’une planète proche d’un
angle est également proche de son lever (ou de sa
culmination, de son coucher...). D’ailleurs, certains
astrologues sensibles aux critiques ont déjà intégré
les positions réelles des astres dans leurs calculs, en
adjoignant à la carte du ciel classique un thème dit «
de domitude ».
En revanche, ce point devient crucial lorsqu’il s’agit
de l’étude des jumeaux où les calculs se font « à la
minute près ». En effet, il peut se produire dans cer-
[9] Une autre raison réside
dans le fait que l’axe de
rotation de la Terre n’est
pas perpendiculaire au
plan de l’écliptique (voir
figure 1).
Figure 1 : Sphère céleste locale pour une latitude de 45°N. Pour
étudier les mouvements apparents des astres, il est commode de
considérer la Terre comme immobile au centre d’une sphère de
très grand diamètre, sur laquelle les astres sont positionnés tels
qu’ils sont vus depuis la Terre, sans considération de la distance
qui les sépare de l’observateur. L’horizon local partage la sphère
céleste en deux parties, l’une observable et l’autre non. Le zénith
est le point de la sphère céleste situé à la verticale au dessus
de l’observateur. Le nadir est le point diamétralement opposé
au zénith. Puisque la Terre est considérée comme immobile,
la sphère céleste dans son ensemble tourne d’Est en Ouest
autour de l’axe des pôles. L’équateur céleste est l’équivalent de
l’équateur terrestre pour la sphère céleste. Pour l’observateur
situé au centre de la sphère céleste, les astres semblent donc
« se lever » sur l’horizon Est et se coucher sur l’horizon Ouest.
Un astre situé sur l’équateur céleste se lève exactement au point
cardinal Est et se couche exactement au point cardinal Ouest. Le
méridien céleste local est le grand cercle qui passe par le zénith
et les pôles célestes. Lorsque le Soleil (S) traverse le méridien, à
mi-chemin entre son lever et son coucher, il est « midi au Soleil »
et on dit que le soleil culmine (Le Soleil est ici représenté après
sa culmination). L’écliptique est la trajectoire annuelle apparente
du Soleil sur la voûte céleste, et sert de support aux signes du
zodiaque. Cette trajectoire apparente coupe l’équateur en deux
points. L’un de ces deux points, le point vernal (V) a été choisi
par les astrologues comme point de référence pour les positions
du Soleil et des planètes. Si, par définition, le Soleil (S) est
toujours en un point de l’écliptique, cela n’est généralement pas
vrai pour la Lune et les planètes, même si elles n’en sont pas
très éloignées. L’écliptique coupe l’horizon local en deux points
: l’ascendant (AS) sur l’horizon Est et le descendant (DS) sur
l’horizon Ouest. Ces deux points de l’horoscope permettent de
situer approximativement les planètes par rapport à l’horizon.
Le milieu de ciel (MC) est le point de l’écliptique situé sur le
méridien local, au dessus de l’horizon, et le fond de ciel (FC)
lui est diamétralement opposé. MC et FC permettent de situer
approximativement les planètes par rapport à leurs points de
culmination* . Une planète (P) se trouve ici exactement en son
lever. Sa position ne coïncide ni avec le point cardinal Est, ni avec
l’ascendant (AS). Pour les besoins de la représentation plane de
l’horoscope, la planète P est ramenée en une position fictive P2
sur l’écliptique. P2 est ici situé « après » l’ascendant (AS) alors
que la planète P est exactement en son lever.
tains cas un effet d’inversion : la planète considérée
comme la plus proche de l’angle pour l’un des deux
jumeaux est en réalité la plus éloignée de son lever ou
de sa culmination. Ce qui, selon la méthode de SFB,
se traduit par une inversion des caractères attribués
au jumeaux.
Afin de vérifier que ces effets d’inversion ne sont pas
marginaux, nous avons calculé [11] les « cartes du ciel
» des premiers jumeaux de la liste de SFB (Annexe p.
229). Un tel cas d’inversion se présente en deuxième
position dans la liste publiée par SFB. Nous avons
effectué les calculs pour l’ensemble des 238 couples
de jumeaux de la liste afin de mesurer l’ampleur du
phénomène. Nous avons trouvé 36 cas présentant
[10] Suzel Fuzeau-Braesch,
Hervé Delboy : Comment
démontrer l’astrologie,
Expérimentations et
approches théoriques, Albin
Michel, collection « Aux
marches de la science »,
1999.
[11] Logiciel ASTROLOG
5.41 de W.D. Pullen.
Thème de Guillaume, né le 27/9/1985 à 10h20 (heure
légale) par 49°27’N - 1°04’ E
une telle inversion. Donnons-en un exemple.
[12] La ville de Rouen.
D’après la liste de SFB, Guillaume et Vincent sont
nés le 27 septembre 1985 respectivement à 10h20 et
10h40 (heures légales) en un lieu situé à 49°27’ de
latitude Nord et 1°4’ de longitude Est [12].
Après avoir dressé les thèmes des jumeaux (Figures
2 et 3), nous pouvons en tirer les informations
suivantes :
3⁄4 La présence de Pluton près de l’ascendant : à
3°06’ pour Guillaume et à 1°19’ pour Vincent. Selon le
critère de SFB, Vincent est plus marqué par la planète
Pluton (subconscient, marginalité) que son frère : « ...
nous décidons que celui dont une planète est plus
proche de l’angle sera considéré comme ayant un
comportement, une personnalité plus fortement typée
par cette planète » (p. 112).
3⁄4 La présence de Jupiter près du « fond de ciel ».
Nous n’insisterons pas ici car « les planètes proches
du nadir (culmination inférieure) ne sont pas prises en
compte en raison des faibles corrélations trouvées »
(p. 120).
Longitude écliptique
183° 29 ‘
Latitude écliptique
16° 10 ‘
Lever (heure légale) à la
date et au lieu considéré
[13] Dans le cas le plus
favorable à SFB, les 36
inversions ont lieu de
« inverse » à « juste », le
nombre de réponses justes
passe à 189 et celui de
réponses inverses à 29.
À l’opposé, dans le cas le
plus défavorable, le nombre
de réponses justes passe
à 117 et le nombre de
réponses inverses à 101,
proportion qui n’est plus du
tout significative.
9h 46min
Tableau 2 : Éphémérides de Pluton pour le 27/9/1985
(49°27’N - 1°04’E).
Heure légale de naissance
Guillaume
Vincent
10h 20mn
10h 30mn
Longitude écliptique AS
180° 22’
182°10’
Écart en longitude ASpluton (angularité)
3°06’
1°19’
Écart temporel avec le
lever réel de Pluton
0h 34mn
0 h 44mn
5°30’
7°06’
Hauteur sur l’horizon
Tableau 3 : Données concernant Pluton dans les thèmes de
Guillaume et Vincent. La naissance de Guillaume a lieu lorsque
cette planète est plus proche de l’horizon. À l’inverse, Pluton est
plus proche de l’ascendant (AS) dans le thème de Vincent car
la latitude écliptique n’a pas été prise en compte. Les données
astronomiques peuvent varier selon les différents paramètres
pris en compte pour l’observateur local : altitude, réfraction
atmosphérique, etc. L’essentiel est ici de vérifier que l’angularité
ne permet de tirer une conclusion valable quant à la hauteur d’un
astre sur l’horizon.
Figure 3 : Thème de Vincent, né le 27/9/1985 à 10h40
(heure légale) par 49°27’N - 1°04’ E
Si l’on consulte les éphémérides de la planète Pluton
pour le 27 septembre 1985, on constate que la planète s’est levée ce jour-là à 9h 46min, soit 34 minutes
avant la naissance de Guillaume, et 44 minutes avant
celle de Vincent. C’est donc bien Guillaume, et non
Vincent, qui, au moment de sa naissance, ressentirait
le plus « l’influence de la planète qui se lève ».
Considérer l’angle avec l’AS (respectivement MC ou
DS) n’est donc pas équivalent à observer la planète
en son lever (respectivement culmination ou coucher).
Cela provient tout simplement de l’oubli d’une coordonnée, la latitude écliptique qui n’apparaît pas lorsque
l’on examine les angles sur la carte du ciel purement
« zodiacale ». Ce cas d’inversion est particulièrement
instructif. La planète Pluton est préférentiellement impliquée dans ce phénomène d’inversion, en raison de
la forte inclinaison de son orbite par rapport au plan de
l’écliptique qui lui autorise des latitudes écliptiques importantes. À noter que la Lune et les autres planètes
peuvent être également en cause. L’annexe 2 résume
le nombre d’inversions rencontrées dans l’échantillon
de SFB pour chaque planète.
Suzel Fuzeau-Braesch confond planète « proche »
de son lever et planète « proche » de l’ascendant.
D’ailleurs cette notion de proximité n’est pas rigoureusement définie : quand considère-t-on qu’une planète
est « proche » de l’angle en question ? Quelle est la
marge d’erreur en jeu, nommé orbe en astrologie ?
L’orbe n’est pas précisée, bien que sa définition
soit donnée en glossaire : « Une approximation de
quelques degrés est conventionnellement tolérée : on
appelle cette dernière l’orbe. » (p. 219).
Il apparaît donc que les conclusions de SFB s’appuient sur un positionnement trop approximatif des
planètes, et que dans un certain nombre de cas loin
d’être négligeable, les caractéristiques psychologiques attribuées au jumeaux sont inversées. Dans
l’exemple précis que nous venons de donner, nous
nous garderons de conclure : supposons que la réponse donnée par la famille de Guillaume et Vincent
soit dans ce cas « inverse ». Il serait alors possible
de transformer cette réponse inverse en succès? à
condition d’effectuer la même correction pour tous
les autres cas [13]. SFB n’a malheureusement pas
précisé dans la liste publiée si la réponse de chaque
famille est « juste », « inverse », ou « nulle ».
L’étude, telle qu’elle est présentée, n’a donc aucune
valeur scientifique.
Deuxième méthode : les signes à l’ascendant
I
l se peut qu’aucune planète ne soit « proche des
angles » dans les cartes du ciel des jumeaux. SFB
doit alors recourir à une deuxième méthode. Celleci fait appel au(x) signe(s) du zodiaque en ascendant,
en remplacement des planètes. Les caractéristiques
psychologiques visées par cette méthode liées au degré d’introversion ou d’extraversion attribuée au signe
solaire* dans des travaux statistiques antérieurs, ainsi
que les caractères attribués par la tradition : « Ainsi,
si les deux moments de naissance des jumeaux sont
tels que leur ascendant change de signe, l’interprétation est évidente : « plus expansif » et « moins expansif » pour, respectivement, le signe pair et le signe
impair, en y ajoutant éventuellement la valeur traditionnelle astrologique des deux signes. » (p. 121).
Lorsque le signe en ascendant ne change pas entre les deux naissances, ce qui constitue le cas le plus
fréquent, la règle mise en oeuvre relève quant à elle
de l’innovation : « Par exemple, deux jumeaux dont
les Ascendants sont respectivement à 16° et 22° du
signe des Gémeaux seront, le premier « plus mobile,
plus expansif » (= signe des Gémeaux) et le second «
moins expansif, plus attaché à la mère » (= signe du
Cancer). » (p. 121).
Nous ne chercherons pas ici à développer plus
avant la logique de cette méthode et les incohérences qu’elle peut entraîner (voir figure 4). Nous préférons examiner les conclusions que l’on peut tirer des
résultats obtenus.
Les travaux antérieurs concernant le degré
d’introversion/extraversion ont pour base le signe solaire. Or, SFB adapte et étend ces résultats au signe
en ascendant. Si le signe solaire possède une interprétation astronomique évidente, liée à la saison de
naissance, autrement dit la position de la Terre autour
du Soleil par rapport aux équinoxes, l’auteur ne dit mot
sur la réalité qu’elle attribue au signe ascendant. Elle
précise : « L’écliptique de la sphère céleste est divisée en 12 signes zodiacaux de 30° chacun à partir du
point vernal correspondant à l’équinoxe de printemps
(21 mars). Il s’agit du zodiaque dit « tropique » permettant le positionnement de la Terre sur son orbite
autour du Soleil ; ce zodiaque n’est pas en relation
avec les étoiles dites « fixes »... » (p. 112).
Plus loin dans son ouvrage, SFB insiste : « Cela signifie que le 20-21 mars, le Soleil vu de la Terre est
situé, par convention, à l’entrée du signe du Bélier. Le
zodiaque tropique n’est ainsi rien d’autre qu’une bonne façon de positionner la Terre sur son orbite autour
du Soleil. » (p. 187).
Pour conclure, selon SFB, le zodiaque tropique* est
« en somme « une astuce pratique » permettant de
repérer la position de la Terre sur son orbite autour du
Soleil ? » (p. 187).
Ce qui est visiblement en contradiction avec une
remarque faite à propos de l’étude sur les jumeaux :
« Nos rédactions de formules psychologiques ne prennent jamais en compte le signe solaire. » (p. 135).
Si le zodiaque n’est qu’une astuce, une convention
destinée uniquement à repérer la position de la Terre autour du Soleil, pourquoi le considérer ici dans le
mouvement diurne de la Terre (lever, culmination, coucher) et en aucun cas dans son trajet annuel autour
du Soleil ?
À quoi correspond le signe en ascendant ? En
d’autres termes, quelle est la réalité d’un secteur conventionnel de 30° qui se lève, culmine ou se couche ?
Un signe n’est pas un astre ni même un regroupement d’astres, puisqu’il n’a « rien à voir avec les étoiles fixes » [14] (p. 189).
SFB se déclare en faveur d’une explication causale
et physique de l’astrologie : « Il n’y a que deux attitudes fondamentales possibles : l’occultisme ou l’objectivité scientifique » (p. 189). Si l’on adopte a priori un
point de vue « causaliste » et scientifique, on devrait
être très surpris qu’un signe, un casier vide conventionnel dépourvu de réalité physique (ni étoile ni planète), possède la même « pouvoir » qu’un astre réel.
Se pourrait-il que le lever d’une planète - autrement dit
un astre - produise le même effet qu’une signe abstrait
- autrement dit rien du tout ?
À propos de la différence entre les deux méthodes
(planètes et signes), SFB commence par poser la
question : « Les réponses justes ne sont-elles pas le
fait de l’une ou de l’autre de ces méthodes ? Voilà une
question indispensable à étudier. » (p. 131).
Figure 4 : Lorsqu’il n’y a aucune planète proche de l’ascendant, du milieu de ciel ou du descendant, Suzel Fuzeau-Braesh utilise les
signes du zodiaque. Dans le cas le plus probable, les deux ascendants sont situés dans le même signe. Pour départager les deux
jumeaux sur le plan psychologique, SFB tient compte du signe voisin. Ainsi, dans cet exemple, le premier né, avec son ascendant à 5° de
la Vierge, est plus « Lion » que son frère, dont l’ascendant est à 6° de la Vierge. Paradoxe : ce dernier, typé « Vierge » serait considéré
comme plus « Lion » si son frère était né à 15° de la Vierge... Il convient également de remarquer qu’aucun astre n’est ici pris en compte,
le signe étant « vide ». Censé uniquement servir de repère pour les positions des planètes, de la Lune et du Soleil, les signes du zodiaque, secteurs fictifs de 30° chacun, sont ici utilisés individuellement comme s’ils étaient des astres. Précisons enfin que dans le cadre de
l’astrologie sidérale* (écartée par l’auteur), ce sont les étoiles de la constellation du Lion qui se lèvent sur l’horizon aux naissances des
deux jumeaux, alors que ces derniers ont leur ascendant dans le signe de la Vierge.
[14] Les constellations
d’étoiles fixes ne
correspondent plus aux
signes du zodiaque à
cause du phénomène de
précession des équinoxes.
Conscient de ce décalage,
Ptolémée, lorsqu’il codifia
l’astrologie, fit commencer
l’origine du zodiaque
tropique à l’équinoxe de
printemps, et rattacha les
caractéristiques de ce
zodiaque fictif aux saisons.
[15] On peut se poser la
question de la signification
du signe en ascendant
en tant qu’information
unique : dire qu’untel est
« ascendant Scorpion »
a-t-il une signification
astronomique particulière ?
Le signe du Scorpion n’est
pas un astre ni même un
groupe d’astre. Il s’agit
uniquement d’un repère
permettant de situer les
astres les uns par rapport
aux autres et par rapport à
l’horizon. Si l’on ne connaît
que la position du signe
fictif Scorpion par rapport
à l’horizon sans connaître
celles des planètes par
rapport à ce signe, on
ne peut rien conclure
quant aux configurations
planétaires par rapport à
l’horizon. Pour calculer la
position de l’ascendant sur
le zodiaque, l’astrologue a
besoin des coordonnées
du lieu de naissance, de
la date et de l’heure de
naissance. La position
du point ascendant
lui permettra alors de
positionner l’ensemble
des astres par rapport à
l’horizon. En revanche,
la seule connaissance
du signe en ascendant
sans autre précision ne
permet pas, par exemple,
de retrouver l’heure
même approximative
de la naissance (parce
que l’heure de lever du
signe dépend de la date),
et partant la position
du Soleil par rapport à
l’horizon. À la rigueur, les
connaissances conjointes
du signe en ascendant et
du signe solaire permettent
de positionner le Soleil
par rapport à l’horizon,
quoique de manière très
approximative. Par exemple
la donnée « Scorpion
ascendant Scorpion »
permet de dire que le Soleil
se trouve en Scorpion et
que l’ascendant se trouve
également en Scorpion.
Le Soleil se trouve donc
« proche » de l’horizon
(à plusieurs dizaines
de degrés près !). Un
astrologue « tropicaliste
» (voir la définition du
zodiaque tropique* dans le
glossaire) ne devrait pas,
par souci de cohérence,
utiliser un signe zodiacal
comme s’il s’agissait d’un
astre.
Les résultats statistiques présentés permettent de
répondre par la négative : « On peut donc conclure
que les réponses justes ou inverses ne sont pas liées
au mode d’extraction des données psychologiques à
partir des cartes du ciel de naissance des jumeaux. »
(p. 131).
SFB ne discute pas les conséquences logiques de
ce résultat : « Ainsi, non seulement nous avons obtenu une bonne confirmation de l’astrologie dans ce
test, mais nous sommes parvenus à donner un aspect
plus subtil, plus quantitatif aux définitions astrologiques dans leur ensemble. Par exemple, les signes du
zodiaque ne sont plus aussi tranchés : la fin d’un signe
est déjà en rapport avec son voisin. Aux astrologues
de systématiser tout cela et de dire leur avis. Quoi qu’il
en soit, « ça marche ». » (p. 134).
La conclusion s’impose : il serait tout aussi légitime
d’utiliser les planètes que les signes du zodiaque en
ascendant, qui sont des éléments fondamentalement
différents. Dans un cas il s’agit de prendre en compte
un astre, dans le second, il s’agit d’un secteur du ciel
abstrait de 30°. Si le signe en ascendant est un élément qui est souvent cité dans les médias en associa-
tion avec le signe solaire (Scorpion ascendant Balance), certains astrologues réfutent l’utilisation du signe
en ascendant. Les uns arguent du fait que le signe en
ascendant n’a pas de réalité physique, les autres qu’il
ne peut être pris en compte isolément. D’ailleurs Ptolémée, qui a codifié l’astrologie occidentale au IIe siècle de notre ère, n’a jamais donné plus d’importance
au signe en ascendant qu’elle n’en méritait : une manière de positionner (en donnant, en plus du signe,
le degré) ce lieu particulier qui ne prend toute sa signification que par les planètes qui s’en trouvent proches [15].
Si l’on accepte les résultats de l’expérience de SFB,
on doit reconnaître, à l’encontre de la logique scientifique qu’elle défend, le caractère ésotérique et étrange
de l’influence des signes. On doit également accepter
que les signes ne sont pas uniquement un moyen de
repérer la Terre dans sa course autour du Soleil, mais
qu’ils ont aussi une autre signification. SFB, qui rejette
avec force l’astrologie ésotérique et symboliste, reste
silencieuse sur ce point.
Un test latéralisé et une absence d’échantillon de contrôle
L
e formulaire du test se présente sous la forme
d’une feuille avec deux parties symétriques où
sont mentionnées les descriptifs extraits des
thèmes astrologiques. En dessous de chaque texte
est dessinée une case que les familles sont invitées
à compléter avec le prénom du jumeau qui lui correspond le mieux. Le texte du premier né est toujours à
droite, celui du second à gauche. Il y a donc une inversion par rapport au sens gauche - droite de l’écriture
et cela implique selon SFB « une démarche réfléchie
supplémentaire ». « Que mes très aimables correspondants me pardonnent ce petit « piège » nécessaire pour valider au maximum le travail entrepris... »
(p. 122).
Évoquant plus loin une éventualité d’absence d’effet astrologique (cas des naissances provoquées ou
par césarienne) SFB déclare qu’« .. elles [les familles]
auraient toutes répondu au hasard (proportion 0,5)
avec un réponse soit « inverse », soit « nulle ». Mais
se souvenant que le questionnaire comportait une in-
version typographique des deux profils psychologiques, on aurait même dû obtenir plus de réponses inverses que de justes avec une proportion supérieure
à 0,5 dans ce sens. » (p. 163).
Cet argument est bien fallacieux : en quoi l’ordre
droite gauche biaiserait-il les réponses des familles
dans ce sens-là ? Le biais en faveur des réponses
inverses est certes a priori séduisant, mais SFB n’apporte aucune preuve pour l’étayer.
D’après son auteur même, le test est conçu de telle
sorte que la fréquence théorique en l’absence d’effet
astrologique est différente de 0,5, nombre qu’elle utilise par ailleurs dans le test statistique ! Pire, la fréquence théorique est inconnue. Pour effectuer une
comparaison efficace, il aurait été préférable d’utiliser
un échantillon de contrôle soumis au même test mais
avec des descriptifs choisis de façon aléatoire par opposition à ceux choisis d’après les « cartes du ciel ».
L’extraction des textes descriptifs
N
ous avons vu que SFB emploie deux méthodes pour écrire les courts textes descriptifs
proposés aux jumeaux ou à leurs familles.
Qu’en est-il des textes eux-mêmes ? Comment est
choisie la méthode qui convient le mieux dans chaque cas ?
La première méthode, rappelons-le, utilise l’« angularité » des planètes (ou des luminaires). À chaque
planète (sauf Vénus, oubliée) est attaché un certain
nombre de mots-clefs (liste de la page 112 : voir tableau 4).
En ce qui concerne la seconde méthode, celle des
signes, une liste de mots-clefs est également proposée, ainsi qu’un qualificatif d’introversion ou d’extraversion comme nous l’avons vu plus haut (listes des
pages 114 et 115 : voir tableau 5).
Les mots-clefs correspondant aux signes ou aux planètes ne sont pas ceux employés dans la communication avec les familles. Les termes employés sont donnés dans une autre liste.
En revanche, ces termes employés pour qualifier les
jumeaux ne sont pas mis en regard des planètes ou
des signes qui sont censées leur correspondre. Pourquoi ne pas l’avoir fait ?
Voici cette liste (p. 119) : Actif ; affectif ; attaché à
la mère ; communicatif ; décidé ; directif ; dominant ;
doux ; émotif ; énergique ; expansif ; ferme ; imaginatif ; indépendant ; mobile ; réactif ; réceptif ; réfléchi ;
réservé ; rêveur ; secret ; sensible ; sérieux ; s’impose ; sociable ; souple (de caractère) ; stable ; tranquille ; vif.
Même si la correspondance entre les deux premières listes et la troisième relève pour certains termes
de l’évidence, elle fait appel à la subjectivité du lecteur
dans d’autres. C’est dommage pour une étude souhaitant satisfaire aux critères de scientificité, critères
qu’elle ne remplit pas correctement, et ce pour la seconde fois. En effet, une analyse rigoureuse des données brutes par une tierce personne n’est à l’évidence
pas possible.
Soleil
Force de vie, volonté
Lune
Sensibilité, émotion
Mercure
Système mental, communication
Mars
Énergie, agressivité
Jupiter
Autorité, sociabilité, expansion
Saturne
Réflexion, solitude, lenteur
Uranus
Directivité, originalité
Neptune
Inspiration, intuition, rêve
Pluton
Subconscient, marginalité
Tableau 4 : Mots-clefs attribués à chaque planète ou luminaire.
Bélier
Extraverti
Energie, action
Taureau
Introverti
Patience, stabilité
Gémeaux
Extraverti
Adaptabilité, mobilité
Cancer
Introverti
Famille, sentimentalité
Lion
Extraverti
Puissance, domination
Vierge
Introverti
Méthode, pudeur
Balance
Extraverti
Harmonie, conciliation
Scorpion
Introverti
Secret, mystère
Sagittaire
Extraverti
Ouverture, idéal
Capricorne
Introverti
Sérieux, lenteur
Verseau
Extraverti
Indépendance, relation sociale
Poisson
Introverti
Dévouement, vulnérabilité
Tableau 5 : Mots-clefs attribués à chaque signe du zodiaque.
La lecture de ces dix monographies montre clairement la place laissée à la subjectivité dans l’interprétation des thèmes. L’auteur le souligne d’ailleurs, un
thème astral, même limité à ses « angles », peut comprendre de nombreux éléments (plusieurs planètes ou
signes en AS, MC ou DS), et pour en extraire un texte
laconique, il faut faire des choix. Ce sont ces choix qui
relèvent de la subjectivité. Les astronomes François
Biraud et Philippe Zarka font remarquer que le langage utilisé suggère « un biais personnel de l’auteur »
[16]. C’est tout le problème de ce type d’expérimentation, faisant appel à des interprétations subjectives et menée par une personne isolée : les critères
garantissant une parfaite impartialité de l’expérience
ne sont pas respectés, d’autant plus que l’auteur déclare avoir contacté une partie des familles par « relations personnelles » (p. 116). L’argument est également valable pour une personne a priori défavorable
à l’astrologie.
Précisons par exemple que la grande majorité des
thèmes des jumeaux présentent des planètes angulaires, car seulement 28 thèmes sont sans planète
aux angles selon le critère défini par SFB (avec une
orbe de dix degrés conformément à la tradition astrologique). Or, l’auteur traite 48 cas comme s’il n’y avait
aucune planète dite angulaire. Ainsi une vingtaine de
cas présentant des planètes angulaires ont été « laissées de côté » pour être remplacés par les signes,
probablement jugés plus importants.
Prenons la première des dix monographies :
Florence et Carole sont nées selon SFB le 10 novembre 1965 à 16h15 et 16h40 en un lieu situé à 7°14’
de longitude Est et 43°27 de latitude Nord [17]. Les
textes proposés sont : « plus décidé et expansive »
pour Florence et « plus réaliste et moins expansive »
pour Carole. Ces textes ont été proposés sur la base
d’un changement de signe en ascendant (Bélier pour
Carole, Taureau pour Florence - Notons au passage
que le terme « réaliste » est absent de la liste présentée page 119). Si l’on observe les planètes aux angles,
on remarque la planète Vénus (oubliée dans la liste p.
112, mais correspondant dans la tradition aux sentiments) à 9° du milieu de ciel pour Florence et à plus
de 12° pour Carole. Selon le critère de l’« angularité
planétaire », Florence serait donc plus « vénusienne
» que Carole. Pourquoi ne pas avoir pris en considération cette planète ? N’est-elle pas assez « proche »
du milieu de ciel [18] ? Dans un ouvrage paru ultérieurement [10], SFB utilise une orbe de 15°. Si, par souci
de cohérence, nous prenons la même valeur de 15°,
alors nous devrons prendre en compte cette planète.
Pour éviter le problème de la partialité de l’expérimentateur, il eut été préférable de mener l’expérience en double aveugle. Voici la définition de ce critère
donné par SFB dans son glossaire :« Double aveugle : Technique méthodologique en expérimentation
biologique, médicale, etc., consistant à faire ignorer
à l’expérimentateur - et aux expérimentés - la nature
des échantillons - des cas - utilisés successivement,
ceux-ci étant composés de lots désignés par un code
secret. Par exemple, l’expérimentateur est « aveugle » du fait qu’il ne dispose pour seule information,
lorsqu’il opère, que d’un code au hasard, ne lui permettant pas de différencier ses échantillons, réels ou
de contrôle. Il ne risque pas, ainsi, d’être influencé inconsciemment par une quelconque prévision des résultats. » (p. 220).
N’ayant pas mené son expérience selon ce critère,
Suzel Fuzeau-Braesh reconnaît donc implicitement
qu’elle n’est pas à l’abri d’un biais lié à son parti pris.
[16] François Biraud,
Philippe Zarka : Sur
l’astrologie - Réflexions de
deux astronomes.
[17] Ces données sont
entachées d’imprécision.
Voir Henri Broch :
L’extravagante manip des
jumeaux, Science et Vie n°
916, janvier 1994.
[18] Accepter une tolérance
de 10° dans ce cas est en
accord avec la tradition
astrologique.
Et les données de départ ?
D
ans cette étude, nous n’avons pas cherché à
examiner la validité du « matériel statistique »
utilisé, à savoir les 251 couples de dates, heures et lieu de naissance. Une partie de ce travail a
déjà été menée par Henri Broch [19], de l’Université
de Nice, qui a constaté l’absence des registres de
l’état civil pour des jumeaux de la liste. Les coordonnées de la ville, en l’occurrence Nice, sont par ailleurs
fausses puisque situées en mer. Laurent Puech [20],
du Cercle zététique Languedoc Roussillon, a pu
constater des écarts de quelques minutes entre les
horaires fournies par les familles (utilisées par SFB)
et celles enregistrées à l’état civil. Même constat de
cet auteur à propos d’absences des registres pour
une autre ville du sud de la France. Ces vérifications,
effectuées par « sondage » dans la liste, augurent mal
de la robustesse de l’ensemble des données d’origine,
et contrastent fortement avec le déterminisme allégué,
précis à la minute près.
[19] Henri Broch :
L’extravagante manip des
jumeaux, Science et Vie n°
916, janvier 1994.
[20] Laurent Puech : Et les
jumeaux en LanguedocRoussillon ? (« Dossiers du
Cercle zététique »)
Conclusion
P
résentée comme une expérience scientifique
cruciale et inédite destinée à sortir du débat
entre ceux qui « y croient » et ceux qui « n’y
croient pas », l’expérience sur les jumeaux est décevante.
Sur le plan astronomique : la confusion entre les
angles (ascendant, milieu de ciel et descendant) et
les notions de lever, culmination et coucher induit des
écarts notables entre les positions réelles et fictives
des planètes. Ces écarts ont souvent pour conséquences, avec les jumeaux où les instants de naissances sont rapprochés, d’inverser les dominantes
qui leur sont attribuées.
Sur le plan méthodologique : le protocole suivi ne
permet pas à une tierce personne d’examiner, voire
répliquer, rigoureusement cette expérience ; et certaines données manquent de la précision nécessaire.
Plus grave, les critères garantissant une neutralité de
l’expérimentateur vis-à-vis de son sujet d’étude ne
sont pas respectés (échantillon de contrôle, double
aveugle).
Enfin, les conclusions les plus intéressantes ne
sont pas tirées, et sont même en contradiction avec
les affirmations de l’auteur faites par ailleurs. Ainsi, le
découpage de l’écliptique en un zodiaque convention-
nel censé uniquement positionner la Terre autour du
Soleil peut être détourné de son but premier pour être
considéré dans son mouvement quotidien. L’astrologie symboliste gagne ce que l’astrologie naturelle et
« scientifique » perd. Et les planètes réelles (bien que
positionnées fictivement, en ronde sur l’écliptique) doivent partager l’action causale prônée par l’auteur avec
des purs symboles, secteurs géométriques de 30° vides d’étoiles... En d’autres termes, et si l’on souhaitait
conclure sur un ton quelque peu polémique : l’astrologie selon Suzel Fuzeau-Braesh, « ça marche », même
quand les positions planétaires sont fausses et même
quand... il n’y a pas de planète.
Cependant, Astrologie, la preuve par deux est un
livre particulièrement instructif. D’abord parce qu’un
panorama intéressant des différentes conceptions
de l’astrologie y est présenté, même s’il l’est de façon
très orientée en faveur d’une conception scientifique
de celle-ci. Ensuite parce que l’on rencontre là une
personne, scientifique professionnelle, qui tente de
mettre en accord, au prix d’un certain nombre d’omissions et de contradictions logiques, sa passion et sa
conviction pour l’astrologie avec sa propre rationalité
causaliste et déterministe.
Références
3⁄4 François Biraud, Philippe Zarka, Sur l’astrologie - Réflexions de deux astronomes :
http://www.obspm.fr/savoirs/contrib/astrologie.fr.shtml
3⁄4 Henri Broch, L’extravagante manip des jumeaux, Science et Vie n° 916, janvier 1994.
3⁄4 Suzel Fuzeau-Braesch, (1992). Astrologie : la preuve par deux, Robert Laffont, collection « Les dossiers
science frontière »,
3⁄4 Suzel Fuzeau-Braesch, Hervé Delboy, (1999).Comment démontrer l’astrologie, Expérimentations et
approches théoriques, Albin Michel, collection « Aux marches de la science ».
3⁄4 Laurent Puech : Et les jumeaux en Languedoc-Roussillon ? (« Dossiers du Cercle zététique ») :
http://www.zetetique.ldh.org/fb_jum.html
Retrouvez ce dossier et bien d’autres sur : www.observatoire-zetetique.org
Vous pouvez adresser vos questions ou vos remarques à : [email protected]
L’Observatoire zététique est une association loi 1901 créée en 2004 à Grenoble et qui a pour objectif de développer
l’esprit critique grâce, entre autres, à la diffusion d’informations sceptiques et la vulgarisation de la méthodologie
scientifique par l’étude de phénomènes réputés « extraordinaires ».
Glossaire
Angle : En astrologie, un « angle » est l’un des quatre points du thème astral que sont l’ascendant* (AS),
le milieu de ciel (MC), le descendant (DS) et le fond
de ciel (FC).
Angularité : Une planète est dite angulaire en astrologie si elle se trouve proche d’un des angles* du
thème astral.
Ascendant : Point d’intersection entre l’écliptique*
et l’horizon local.
Barnum (effet) : Tendance d’un individu à considérer une description de sa personnalité comme fidèle
et précise. Cet effet connu en psychologie sous le
terme de « validation subjective » a été découvert par
Forer à la fin des années quarante. Par exemple, les
personnes adhèrent d’autant mieux à une description
de type « horoscopique » que celle-ci est présentée
comme issue de données précises : lieu, date et heure
de naissance. L’effet Barnum est vérifié quand bien
même la description de la personnalité est vague et
générale. En zététique, on parle d’« effet puits ».
François Filiatrault : « L’effet Barnum, une simple curiosité ? », Science et Pseudosciences n°256, mars
2003.
Classe : En statistique, une classe est le regroupement de tous les individus ayant la même modalité du
caractère étudié. Si le caractère étudié est l’âge, par
exemple, on regroupera tous les individus de même
âge dans une même classe. Une simplification consiste alors à réduire le nombre de classes en augmentant leur amplitude : on considère alors (par exemple)
comme appartenant à une même classe tout individu
dont l’âge est supérieur ou égal à 10 ans et inférieur
à 20 ans.
Culmination : Le passage d’un astre en sa position la plus haute au dessus de l’horizon est appelé
culmination supérieure. À l’opposé son passage en
sa position la plus basse sous l’horizon, l’astre étant
alors invisible, est appelé culmination inférieure. La
hauteur d’un astre est l’angle mesuré (en degrés)
entre l’horizontale et la ligne de visée dans la direction
de l’astre en question. Le simple terme « culmination »
est souvent utilisé en lieu et place de « culmination
supérieure ».
Écliptique : Trajectoire apparente parcourue annuellement par le centre du soleil sur la sphère céleste. On appelle « plan de l’écliptique » le plan contenant l’orbite de la Terre. C’est pourquoi on définit
également l’écliptique comme l’intersection du plan de
l’orbite terrestre avec la sphère céleste (voir la figure
de l’annexe 1).
Généthliaque : L’astrologie généthliaque est l’astrologie qui établit et interprète le thème de naissance
d’un individu.
Signe solaire : Signe du zodiaque tropique dans
lequel se trouve le Soleil au moment de la naissance
d’un individu.
Signe zodiacal : Voir Zodiaque tropique.
Zodiaque sidéral : Dans les astrologies sidérales,
les positions du Soleil, de la Lune et des Planètes sont
repérées par rapport aux étoiles dites fixes. Ces dernières forment des figures fictives appelées constellations. Douze constellations ont donné leurs noms aux
signes du zodiaque (voir zodiaque tropique*).
Zodiaque tropique : Dans l’astrologie tropique,
les positions des astres sont repérées par rapport
au point vernal, position occupée par le Soleil lors de
l’équinoxe de printemps dans l’hémisphère Nord (voir
annexe 1). L’écliptique est divisée, en partant du point
vernal, en douze secteurs abstraits de trente degrés
chacun, les signes du zodiaque. Ceux-ci sont liés à
la succession des saisons et sont bien connus pour
leur utilisation dans les horoscopes de la presse. Les
signes ne coïncident pas avec les constellations du
même nom.
Annexe 1 : Les coordonnées célestes
P
our repérer les astres sur la sphère céleste
locale (sphère fictive centrée sur la terre T),
on utilise deux systèmes de coordonnées : les
coordonnées équatoriales et écliptiques. L’équateur
céleste est la projection sur la voûte céleste de l’équateur terrestre : c’est l’intersection du plan équatorial
avec la sphère céleste. L’écliptique est la trajectoire
apparente annuelle du Soleil : c’est l’intersection du
plan de l’écliptique* avec la sphère céleste. Les deux
systèmes de coordonnées sphériques ont la même
origine : le point vernal (noté V sur les figures), po-
sition apparente du Soleil lors de l’équinoxe de mars
(passage du Soleil de l’hémisphère sud à l’hémisphère nord, correspondant au début du printemps
dans cette dernière). La même planète P est repérée
dans chacun des systèmes par un couple de mesures
d’angles. Noter qu’en raison de la rotation de la Terre
sur elle-même, un observateur située sur celle-ci verra
la sphère céleste tourner autour de lui sur l’axe des
pôles célestes, entraînant avec elle les deux systèmes
de coordonnées.
Dans le système équatorial :
La mesure de l’angle VTP1 est l’ascension droite,
notée α ou AD et exprimée en degrés (de 0° à 360°)
ou en heures (de 0h à 24h).
La mesure de l’angle P1TP est la déclinaison, notée
δ et exprimée en degrés (de -90° au sud à +90° au
nord). Cette mesure est effectuée le long d’un méridien céleste (cercle de centre T passant par les pôles
célestes N et S).
Dans le système écliptique :
La mesure de l’angle VTP2 est la longitude écliptique (ou zodiacale), notée λ et exprimée en degrés (de
0° à 360°). C’est cette valeur qui est inscrite sur un
thème de naissance à côté du symbole de la planète.
L’angle P2TP est la latitude écliptique (ou zodiacale), notée β et exprimée en degrés (de -90° à +90°).
Cet angle est très souvent négligé par les astrologues.
Remarquer que la latitude écliptique n’est pas mesurée sur un méridien céleste, mais sur un autre cercle
de centre T, passant par la planète P et le pôle de
l’écliptique N’, différent du pôle nord céleste N.
Annexe 2 : Les coordonnées célestes : Latitude écliptique
des planètes et effet d’inversion dans la population de
jumeaux
N
ous donnons ici le nombre de cas d’inversion
des « caractères » attribuées aux jumeaux
pour chaque planète, avec un rappel de l’inclinaison de l’orbite de chacune par rapport au plan
de l’écliptique.
Il est clair que les planètes les plus souvent impliquées sont celles qui présentent une inclinaison de
leur orbite la plus importante. À l’opposé le Soleil,
dont la latitude écliptique est par définition nulle, n’est
jamais mis en cause.
Les cas d’inversion représentent 17% des configurations calculées (planètes dites angulaires).
Planète ou satellite
Inclinaison de l’orbite
sur l’écliptique
Nombre de cas
d’inversions
Mercure
7°0’16’’
1
Vénus
3°23’40’’
2
Mars
1°50’59’’
2
Jupiter
1°18’21’’
1
Saturne
2°29’10’’
4
Uranus
0°46’19’’
0
Neptune
1°46’23’’
2
Pluton
17°8’13’’
17
Lune (moyenne)
5°6’
7
Total
36