L`amour, impossible - Polyvalente Louis-Saint
Transcription
L`amour, impossible - Polyvalente Louis-Saint
Impossible aveu … Par Sara Saint-Jean Ah! L’amour ! Tous n’ont que ce mot à la bouche ! L’amour, l’amour, l’amour ! L’amour d’un jour, l’amour de toujours. L’amour d’un proche, l’amour d’un être cher. L’amour de l’être aimé et désiré. L’amour infini, la haine aussi. Pour un amour éternel, jamais partagé… Que c’est beau, l’amour ! Que c’est plaisant d’aimer, et surtout, d’être aimé ! Le rêve de tous, que celui d’être apprécié par l’être aimé. Pour partager le sentiment le plus profond qui soit, le plus vrai, qui peut nous enivrer, et pour lequel nous ferions tout. Ah! L’amour! Que c’est difficile d’exprimer à quel point on peut aimer ! Que c’est difficile de seulement l’imaginer ! Moi qui suis passionnément, éperdument, en amour sans même pouvoir le dire, je sais comme il est pénible de faire ressortir ses sentiments, de les verbaliser par des mots justes, précis, qui reflètent tout, toute la vérité, de la façon la plus honnête possible. Par des phrases qui énonceraient tout, tout l’amour qui gonfle mon cœur toutes les fois qu’il bat, toutes les vagues d’amour qui me submergent chaque seconde. Qui partageraient toute l’admiration qui brille dans le creux de mes yeux lorsque je croise ton regard si éblouissant, si magnifique dans ton éclat de pur cristal. Tout le désir qui monte en moi, qui parcourt mon corps toutes les fois que je te frôle, de loin ou de près, tu me fais toujours cet effet, cette chaleur intense qui me frise l’intérieur, mais qui est si délicieuse… Comment te dire tous ces mots qui brûlent mes lèvres sans pouvoir les franchir ? Comment puis-je faire jaillir ces douces phrases de ma bouche si maladroite, en ta présence si éclatante, sans dissiper tout l’amour et la tendresse qui les composent ? Essayer ? On n’a qu’une seule fois l’occasion de faire une première belle impression. Je ne voudrais pas échouer à cette unique possibilité … ! Je ne suis pas prête à prendre le risque de tout faire gâcher. J’ai l’intuition que si j’essayais, tout serait anéanti. Je présume que lorsque j’essayerai, ma gorge se serrera à un tel point que plus rien ne pourrait passer. Je soupçonne que ma voix tremblera autant que le Mont- Tremblant a pu le faire, et qu’elle se cassera dès la première note de mon hymne à l’amour. J’ai le sentiment que ma salive s’enfuira au fond de ma bouche, me laissant une désagréable sensation de sécheresse digne du Sahara et la misérable impression de n’avaler que de l’air empli de sable venant du même désert, qui me raclerait inlassablement le fond de la gorge. Et je suspecte finalement ma langue de s’emmêler jusqu’à ne plus faire qu’un joli nœud rose aussi impossible à défaire qu’une centaine de balles de tricot roses entassées pêle-mêle. Je sais tout cela, et c’est pour cela que je ne bouge pas. Que je ne vais pas te voir pour tout t’avouer. J’ai trop peur. Je crains ce qui se passerait, ce qui pourrait arriver. J’appréhende ta réaction, la réaction de tout le monde. Je suis inquiète de ce que les autres penseraient, diraient de moi. J’ai peur de moi-même. De comment tous ces beaux mots sortiraient de ma bouche. Et ce qui m’effraie le plus, je crois, c’est tout simplement d’oser. De risquer le tout pour le tout. Tenter t’approcher, te parler, te regarder bien en face. J’ai terriblement peur de faire le grand saut qui nous sépare, de franchir le pas qui nous rapprocherait, qui me ferait traverser le ravin que j’ai creusé entre nous par mon anxiété et ma timidité. J’ai peur de faire le geste définitif, qui lancerait tout dans un suspense hors du commun. J’ai peur d’assumer mon choix, mon chemin, mes paroles. J’ai follement peur d’énoncer et d’assumer les mots qui sortiraient alors de ma bouche… Or, je reste dans mon rêve, le regard à jamais perdu dans les cieux, à attendre que tu veuilles bien poser les yeux sur moi, que tu descendes de ton nuage enchanté, avec tes yeux merveilleux et ton visage d’ange, pour venir te déposer doucement à coté de moi, un pauvre et simple être humain. Je rêve, et je continuerai toujours de rêver à toi, mon amour… Si seulement elle pensait comme ça…