Année 2013 - IRTS Réunion

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Année 2013 - IRTS Réunion
SELECTION D’ENTREE EN FORMATION
DE MONITEUR EDUCATEUR
DU SAMEDI 9 FEVRIER 2013
EPREUVE ECRITE
QUESTIONNAIRE
Durée : 3h30
Notation : /20 Coef. 1
Vous devez traiter l’ensemble de ces questions.
Question n°1 :
Depuis quelques années la génération Y du mot anglais « WHY » - Appelée également
« Digital Natives » ou enfants du millénaire fait parler d’elle. Beaucoup décrivent ces
jeunes nés approximativement entre 1978 et 1995 comme « fainéants »,
« extravertis », « profiteurs du système »…
D’ici 2015, la génération Y devrait représenter 15% de la population active européenne
et 40% des actifs en France.
Après avoir énoncé les caractéristiques de cette génération Y (13 millions, soit 21% de
la population française), pensez-vous que cette génération n’est pas faite pour le
monde du travail ou est-ce le monde du travail qui n’est plus adapté ?
Question n°2 :
2,5 millions d’illettrés en France de 18 à 65 ans en 2012 selon l’Insee soient 7% des
adultes. Des personnalités militent pour faire de ce combat une « grande cause
nationale ».
Qu’en pensez-vous ?
Question n°3 :
La violence aux abords des écoles et qui concerne lycéens, collégiens, peut aller
jusqu’au meurtre. Comment expliquez-vous cette violence et qu’en-pensez-vous ?
SELECTION D’ENTREE EN FORMATION
DE MONITEUR EDUCATEUR
DU SAMEDI 9 FEVRIER 2013
EPREUVE ECRITE
NOTE DE SYNTHESE
Durée : 2 heures
CONSIGNE
A partir des 2 textes ci-joints, vous réalisez une synthèse sur le sujet
suivant : Les nouvelles maternelles.
Votre synthèse très condensée doit se situer dans une fourchette entre
300 et 350 mots.
Tous les mots comptent, qu’ils soient des mots « pleins » (noms, verbes,
adjectifs…) ou des mots outils (articles, auxiliaires du verbe,
prépositions, conjonctions de coordination ou de subordination,
négations…). Les mots composés comme « parce que » ne valent qu’un.
Vous devez préciser à la fin de votre synthèse le nombre de mots que
vous avez utilisés.
(noté sur 20, coef. 1)
CES MATERNELLES QUI JOUENT AUX PREPAS
TEXTE N°1
Les parcours d'excellence commencent de plus en plus tôt. Certains établissements
d'élite sélectionnent même leurs recrues dès l'âge de 4 ans, instaurant une
compétition acharnée qui touche tous les milieux. La rançon du succès scolaire ?
Marceau n'a pas réussi le test d'entrée à l'institution parisienne où sa mère souhaitait
l'inscrire. L'Ecole active bilingue Jeannine-Manuel (EABJM) est une référence, un
établissement d'élite. On y dispense les cours en français, en anglais, et les élèves
découvrent le chinois dès le CE 2. Ici, les conditions d'apprentissage sont dignes d'un cinq
étoiles : locaux design, profs triés sur le volet, activités parascolaires (danse, cuisine,
théâtre...) plus nombreuses que n'en peuvent contenir les sept jours de la semaine,
conférences de haut niveau, bilans semestriels d'évaluation... Evidemment aussi, les
résultats sont excellents : 100% de réussite au bac, 96% de mentions bien. Evidemment, un
tel niveau d'exigence implique une sélection drastique, tant sur le plan intellectuel que
psychique. Marceau a ainsi été jugé "immature" par le comité de recrutement. Un peu dur
pour un petit garçon de 4 ans. "Il a raté son test du bonhomme, soupire, encore énervée,
Jeanne, sa mère. Il fallait dessiner un personnage. S'il est trop conceptuel ou trop moche, ça
ne colle pas. Je vais retenter l'an prochain, et nous préparerons l'examen ensemble, quitte à
prendre quelques cours avec un graphologue et un orthophoniste. Toutes les autres
mamans le font. Si ça marche..."
Quatre ans, c'est jeune. Pourtant, comme Jeanne, de plus en plus de couples font des pieds
et des mains pour inscrire leurs enfants dans une maternelle sélective privée. Mais en
mettant leur progéniture sur les rails de l'excellence dès le premier Playmobil, ces parents
aux petits soins se disent que tout, ensuite, s'enchaînera naturellement vers les voies
royales. Jacques Attali leur donne raison. En 1998, déjà, dans son rapport "Pour un modèle
européen d'enseignement supérieur", il écrivait : "On notera que l'essentiel des élèves reçus
aux grands concours comme ceux de l'Ecole normale supérieure ou de l'Ecole polytechnique
viennent d'une dizaine de lycées. En poursuivant jusqu'à l'absurde, on pourrait même sans
doute établir que la majorité des élèves des plus grandes écoles françaises ont commencé
leur scolarité dans une ou deux centaines de classes maternelles !" En 2007, le linguiste
Alain Bentolila publiait, lui aussi, un rapport - controversé - sur la maternelle. Dans "Au front
des inégalités linguistiques et sociales", il assimilait cette dernière à une "garderie déguisée"
et soutenait qu'un enfant n'y recevait "en moyenne que trente minutes d'enseignement par
semaine". Si cette prise de position est discutable, il faut bien admettre que le modèle
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républicain, qui promet d'offrir la même formation à tous, ne trompe plus grand monde - et
surtout pas les plus avertis.
En région parisienne, les pouponnières pour petits cracks se nomment EABJM, Ecole
alsacienne, Saint-Louis-de-Gonzague (ou Franklin), Gerson, Blanche-de-Castille, Stanislas,
Saint-Thomas-d'Aquin, Cours Molière... Les parents doivent la plupart du temps remplir un
dossier de préinscription un an avant la rentrée, rédiger une lettre de motivation, obtenir une
recommandation, et même fournir les bulletins des années précédentes (dès la moyenne
section). Certains établissements vont jusqu'à soumettre les jeunes candidats à des tests de
sélection, même si "ce n'est pas évident de prendre le risque de mettre un petit de 4 ans en
situation d'échec", reconnaît un père dont la fille a été recalée. Mais à la guerre (scolaire)
comme à la guerre : des femmes enceintes appellent même, avant d'avoir accouché, pour
préinscrire leur bébé !
Pourtant, rien ne sert de courir, car les passe-droits sont rares. Lorsque son père était
président, le jeune Louis Sarkozy a ainsi dû se soumettre à un stage de remise à niveau en
anglais avant la rentrée à l'EABJM. Intellectuels, chefs d'entreprise, acteurs, tous se plient à
ces règles. Dans ces milieux feutrés, on force rarement le ton. D'autant que cela ne sert à
rien : "On m'a insultée deux fois seulement en douze ans; pour l'une d'entre elles, il s'agissait
d'un père polytechnicien furieux que son fils n'ait pas été accepté", confie Florence Bosc,
directrice générale adjointe de l'EABJM, chargée des inscriptions. Oui, c'est vrai, on lui
propose fréquemment des pots-de-vin. Non, cela ne sert à rien. Ceux-ci sont
systématiquement renvoyés à leur expéditeur. Dans les murs depuis quarante-trois ans,
cette ancienne prof d'anglais met un point d'honneur à accueillir les familles recalées. "Lors
des tests, les parents arrivent stressés, comme s'ils passaient l'oral de l'ENA ! Je leur
explique que si leur enfant n'est pas prêt pour un lieu exigeant comme le nôtre, son
inscription sera contre-productive. Je me transforme en psy, pour les rassurer."
La focalisation sur la réussite scolaire touche désormais tous les milieux. Pas besoin
d'habiter les quartiers huppés pour savoir que le taux de chômage des jeunes sans
qualification est sept fois plus élevé que celui des diplômés de l'enseignement supérieur.
Dans le public aussi, les parents adoptent des stratégies à la seule fin de placer leurs
enfants dans les maternelles de centre-ville, réputées les meilleures. Beaucoup n'hésitent
pas à déménager, voire à se trouver une "boîte aux lettres", autrement dit une adresse fictive
- celle d'un ami ou d'un parent - qui leur garantit l'accès à l'établissement de leur choix. Dans
son film L'Ecole à bout de souffle, la documentariste Marina Julienne va à la rencontre de
Sabrina, maman d'Adam, 5 ans. "Je veux donner à mon fils les mêmes chances que s'il était
dans le privé", dit la maman. Sauf qu'Adam est en classe à Epinay-sur-Seine (Seine-SaintDenis). Qu'à cela ne tienne : Sabrina l'a inscrit à une mini-school le mercredi, où il apprend
l'anglais, parle aussi arabe et se rend à la piscine. Elle a déjà "réglé son problème de
graphisme" avec une "graphothérapeute" - un nouveau métier. "Il dépassait beaucoup quand
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il dessinait, c'était très stressant", confesse-t-elle. Depuis, les rayons ludo-éducatifs de la
Fnac n'ont plus de secret pour elle.
Le marché de l'angoisse scolaire, déjà florissant, ne pouvait pas laisser passer un tel
créneau. Cette année, Cours Ado, organisme de soutien scolaire, lance une offre pour les
élèves de grande section de maternelle. Dix heures, précédées d'un test d'évaluation, afin de
préparer les enfants à l'apprentissage des fondamentaux. "Le but n'est pas d'en faire des
génies, mais de dédramatiser l'entrée au CP, explique Isabelle Dumas, la fondatrice. Un petit
qui a des problèmes en CP les conservera tout au long de son parcours. Ensuite, on ne
pourra que coller des rustines. Mais s'il est déjà à l'aise avec les chiffres et les phonèmes,
tout coulera de source. Dix heures pour sécuriser une scolarité, c'est peu !" Même le très
réputé éditeur Nathan s'y met ; il propose des coffrets éducatifs baptisés La Petite Ecole tout un symbole - dès la première année de maternelle.
La grande section est-elle devenue la propédeutique du CP ? Faut-il, comme s'y applique
Sophie, apprendre à lire à ses rejetons l'été avant l'entrée en primaire, pour qu'ils soient à
l'aise toute l'année et parce que "comme ça, c'est fait" ? "La maternelle exige des tout-petits
un niveau de réflexion plus développé que dans les années 1980, reconnaît Christophe
Joigneaux, chercheur en sciences de l'éducation à l'université Paris VIII. On leur demande
d'appréhender les mots comme des concepts, et plus seulement de les utiliser pour
communiquer. On leur fait remplir des multitudes de fiches saturées de formes, de couleurs,
de tailles." Tout s'est complexifié. "Avant, on pensait d'abord à l'épanouissement de l'enfant.
Aujourd'hui, on le prépare à être un bon élève. Où cela s'arrêtera-t-il ? Car il s'agit d'un
mouvement de fond, même si certains enseignants résistent."
TEXTE N°2
Alors que le remplacement des maternelles par les jardins d'éveil pour les 2-3 ans fait débat,
à Mulhouse, en zone sensible, des classes pour les moins de 3 ans constituent un premier
pas vers l'école.
Deux traces de mains sur la porte vitrée de l'entrée de la classe et des yeux rougis par les
larmes : voilà ce qu'il reste du gros chagrin d'Ichem (son prénom a été changé), désormais
absorbé dans la contemplation d'une cuisinière en plastique. A 2 ans et demi, le garçonnet a
du mal à voir sa mère partir le matin, après qu'elle l'a déposé. "Il pleure, reste un quart
d'heure devant la porte en guettant son retour, et puis il s'habitue, et rejoint les autres", note
Nadine, l'éducatrice, en caressant sa tête.
Pour la vingtaine d'enfants de moins de 3 ans inscrits dans cette classe dite "passerelle" de
la maternelle Saint-Exupéry de Mulhouse (Haut-Rhin), chaque journée est une aventure.
Comme tous les petits, certes, mais sans doute un peu plus que les autres. Ils ne sont ni à la
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crèche ni à la maison. Dans une école, effectivement, mais dans un bâtiment à part.
Encadrés par une institutrice, mais aussi par une éducatrice rémunérée par la municipalité.
A Mulhouse... le groupe scolaire est situé dans le quartier Drouot, où les bâtiments colorés
de quelques étages sont posés en enfilade. L'endroit n'est pas classé zone d'éducation
prioritaire (ZEP), même si les indicateurs sociaux sont tous au rouge. Nadia Kanoun,
l'institutrice, a grandi ici. C'est un hasard, mais il tombe plutôt bien. Elle connaît les
problématiques locales : "Certains parents du quartier ont une image dégradée de l'école,
car eux-mêmes y ont été en difficulté. Ici, ils apprennent à la voir autrement, à créer un
nouveau rapport. Plusieurs après-midi par semaine, ils sont invités à participer aux activités
de la classe, à animer des ateliers, à poser des questions à des médecins... Au moins un
des parents ne doit pas travailler, afin de pouvoir s'impliquer à nos côtés. Nous leur
apprenons la parentalité."
Ce matin-là, une maman, voilée et très souriante, rassure son fils, un peu timide, et donne
un coup de main à Nadine et Nadia. Les enfants aussi ont un "programme": des jeux censés
développer la socialisation, une familiarisation avec les livres, une approche du dessin (et, à
terme, de l'écriture), l'habitude d'être en groupe. Et même, d'entendre parler français : sur les
17 présents, 7 ont une autre langue maternelle: arabe, berbère, turc, albanais, allemand...
A cet âge-là, ils ont besoin de beaucoup de tendresse. L'enseignante et l'éducatrice
n'hésitent donc pas à les cajoler. Ni, évidemment, à changer les couches que les parents ont
apportées en réserve pour la journée. "Bien sûr qu'ils ne sont pas propres ! s'exclame
Béatrice Zimmer, inspectrice de l'Education nationale. Peut-être même ne le seront-ils pas
tous à l'entrée en maternelle. Qu'importe : nous acceptons les accidents. Le plus important,
c'est qu'ils soient à l'école."
PAR LAURENCE DEBRIL, publié le 26/11/2008
in L’Express, n° 3202, p 94-98
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