279 P07-09 DAVID BOWIE_279 P7

Transcription

279 P07-09 DAVID BOWIE_279 P7
LOW (1977)
A
A
Berlin
De
même
qu’il
faut
chercher
le vrai
Bob
Dylan
dans le
double album
« Blonde On
Blonde » de 1966,
il faut trouver le
vrai David
Bowie dans la
trilogie enregistrée et/ou mixée
à Berlin dans la
seconde moitié
des années
70 : « Low »,
« Heroes » et
« Lodger ». We
can be heroes,
just for one day.
près une
période
f u n k y
(« Young Americans », « Station
To Station »), David Bowie cherche à se renouveler. En janvier
1977, « Low » est
un 33 tours en
partie instrumental, qui annonce la new wave
des années 80. Mais il semble que les titres aient
été distribués au hasard. Ainsi « Warszawa » aurait pu s’appeler « Sound And Vision », « V2Schneider » ou « Sense Of Doubt ». Sous
l’emprise de William Burroughs et de tant d’autres, expressionnistes et surréalistes, Bowie se
fie totalement au hasard. Le hasard règne en
maître dans sa production à cette époque. Sans
oublier l’influence de Brian Eno et de ses techniques aléatoires, ses cartes donneuses de
conseils. Même s’il s’est laissé imprégner par
Mishima, Burroughs, Jean Genet, Andy Warhol
et tous ces artistes marginaux, suicidaires, David
réussit à vaincre ses problèmes d’addiction.
Mais son narcissisme demeure de saison,
comme une seconde peau, même s’il s’est atténué. Eno, son éminence grise à cette période, a
déclaré qu’il y avait dans chacune des chansons
suffisamment de richesse pour qu’un groupe y
bâtisse sa carrière entière. « The Man Who Fell
To Earth » (« L’Homme Qui Venait D’Ailleurs ») est
réalisé par Nicolas Roeg. Dans ce film de
science-fiction, à petit budget, David Bowie joue
le rôle d’un extra-terrestre étique et paumé. La
couverture de « Low » est tirée de ce long métrage montrant Bowie de profil, cheveux carotte,
sur un fond orange apocalyptique. « Low » est
enregistré en France au château d’Hérouville, à
Auvers-sur-Oise. Ce n’est donc pas un album
entièrement berlinois. Le producteur Tony Visconti, dans son autobiographie, en évoque la
conception : La face B ambient de « Low » a été
créée au cours des deux dernières semaines de
septembre 1976. Pendant l’enregistrement de
« Low », l’atmosphère a aussi été troublée par la
peur qu’inspiraient les fantômes du château. On
raconte que Frédéric Chopin et George Sand y
ont vécu et qu’ils hantaient les lieux. Iggy Pop
vient tenir compagnie à David. Bowie raffolait
des histoires d’Iggy avec les Stooges. Mais
l’équipement du château lui semblant de moins
en moins fiable, il décide de continuer l’album à
Berlin au studio Hansa. C’est là également que
sera mixé « The Idiot », suivi de « Lust For Life
», deux 33 tours d’Iggy Pop supervisés par
Bowie.
« Speed Of Life » est l’instrumental qui ouvre
l’album. De nombreux thèmes orchestraux blessés évoquent la seconde guerre mondiale ou la
Guerre froide. « Breaking Glass » est une très
courte chanson (1’42) cosignée par David Bowie
avec son bassiste, George Murray, et son batteur, Dennis Davis. Les guitaristes Carlos Alomar
et Ricky Gardener complètent la formation. Sur
« What In The World », Iggy est présent dans les
chœurs. Ce morceau crève de solitude. Dans
« Sound And Vision », David joue du synthé, du
saxo et chante. C’est aussi le titre donné à sa
tournée la plus ambitieuse et le nom d’un coffret.
Après « Always Crashing In The Same Car »,
Bowie célèbre l’instabilité dans « Be My Wife » :
J’ai vécu aux quatre coins du monde. J’ai quitté
chaque endroit. Il est hanté par une nouvelle carrière dans une nouvelle ville. Toujours recommencer une nouvelle vie, avec une nouvelle
image. « A New Career In A New Town » est
justement le titre suivant. Cet instrumental clôt
la première face de « Low » et ouvre celle de la
compilation « All Saints », sans aucune voix, ni
aucun chant. A défaut de posséder la trilogie
« Low », « Heroes » et « Lodger », on peut préférer l’anthologie « All Saints », sous-titrée Collected instrumentals 1977-1999. « Warszawa »
(Varsovie) est un des morceaux qui a le moins
vieilli. David y développe des incantations bizarres entre la prière musulmane et le chant grégorien. Brian Eno cosigne et interprète certains
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