- Protection Suisse des Animaux PSA
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PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA EXPOSITION SUISSE DES LAPINS MÂLES SEMPACH 23ème Exposition suisse des lapins mâles Sempach Du 30 janvier au 1 février 2015, visité le 31 janvier 2015 Résumé La vingt-troisième exposition suisse de lapins mâles a eu lieu du 30 janvier au 1 février 2015 à Sempach où étaient présentés et jugés plus de 4200 lapins de diverses races et robes. Les rex, les béliers anglais et les angoras constituent des formes de sélection extrême et problématique. Comme il est d’usage dans les expositions de lapins, tous les animaux étaient présentés en détention solitaire. La majeure partie des animaux était exposée dans des cages pourvues de grilles. Du point de vue de la PSA, les dimensions des cages étaient trop petites dans l’optique d’une détention de plusieurs jours. Toutes les cages étaient pourvues d’une litière de paille abondante ainsi que d’un peu de foin; en outre, les animaux avaient de quoi ronger. Dans chaque cage, les animaux disposaient d’une écuelle facile d’accès qui était remplie d’eau dans la majorité des cas. L’hygiène des cages était bonne. Les lapins exposés avaient des comportements divers. Alors que certains ne se laissaient pratiquement pas impressionner par l’agitation de l’exposition et la proximité des visiteurs, d’autres avaient nettement des réactions de crainte. Sur une table d’exposition, on expliquait aux visiteurs intéressés quels étaient les critères permettant de juger des qualités des angoras et des rex. Les animaux posés sur la table pouvaient être expertisés sous tous les aspects et l’on pouvait les toucher. La manière dont certains éleveurs les traitaient était parfois fort dépourvue de douceur. La Protection Suisse des Animaux PSA critique cette forme de présentation – il faudrait montrer aux enfants une manière de traiter les animaux plus respectueuse de leur bien-être. 1 PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA EXPOSITION SUISSE DES LAPINS MÂLES SEMPACH La détention des volailles, des pigeons et des cochons d’Inde était acceptable dans ces conditions d’exposition même si, pour les cochons d’Inde, l’enclos extérieur avait pu être mieux structuré et si le positionnement de l’enclos avait pu être plus judicieux. En même temps que l’exposition de lapins mâles se déroulait le championnat européen de Kaninhop. Les lapins devaient accomplir un parcours comportant de nombreux obstacles qui pouvaient aller jusqu’à 40 cm de hauteur. Là encore, les animaux (et leurs propriétaires) réagissaient de manière différente à la situation de compétition. Quelques lapins maîtrisaient la course avec une certaine décontraction alors que d’autres donnaient des signes de stress. Il était frappant de constater que la plupart des lapins devaient être encouragés à sauter par leurs maîtres qui utilisaient des formes d’aide dont la fréquence et l’intensité étaient très variables. Généralités La vingt-troisième exposition suisse de lapins mâles a eu lieu du 30 janvier au 1 février 2015 à Sempach, dans la salle des fêtes du Seepark. Plus de 4200 lapins mâles (bouquins) de 140 races et robes différentes y étaient présentés et primés par un jury. Dans la salle de fêtes du Seepark proprement dite se tenaient le buffet ainsi que quelques stands d’exposition, les animaux quant à eux se trouvaient sous trois chapiteaux reliés les uns aux autres. Il faut saluer le fait que les animaux étaient détenus loin du buffet qui est une source de stress. Dans les tentes, la température allait de 8° à 10° C, l’odeur était agréable. Le matin, le niveau sonore était correct, l’après-midi il a cependant augmenté en fonction de l’affluence des visiteurs. Ce même week-end, parallèlement à l’exposition des lapins mâles, se déroulait dans la salle de sport d’une école voisine le quatrième championnat de Kaninhop. Soixante-treize participants provenant de différents pays s’étaient inscrits. La température de la salle où se déroulait le parcours était de 20° C. Il régnait un calme agréable. Dans les halles et sous le chapiteau, il était interdit de fumer. Les chiens n’étaient pas expressément interdits, mais nous n’avons pas observé la présence de chiens, hormis un terrier Yorkshire docile qui était porté dans les bras. Nos observations détaillées Lapins À la vingt-troisième exposition suisse de lapins mâles, plus de 4200 lapins étaient présentés et primés par un jury. L’attribution des prix a eu lieu avant l’ouverture de l’exposition. À l’exposition des bouquins, tous les animaux étaient présentés en détention solitaire. Pour des lapins adultes, cette forme de détention est légale. 2 À la vingt-troisième exposition de lapins mâles, plus de 4200 lapins étaient présentés sur de longues rangées. À l’exposition, les lapins étaient présentés en détention solitaire. Ces lapins rex tentaient d’entrer en contact les uns avec les autres en dépit des cloisons de séparation. PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA EXPOSITION SUISSE DES LAPINS MÂLES SEMPACH La plupart des lapins étaient logés dans des cages métalliques alignées qui offraient une protection visuelle sur cinq côtés. Le côté face était également protégé en partie des regards par une plaque de tôle. Bien que minimal, ce retrait représente une des nouvelles mesures prises par Petits animaux Suisse pour l’amélioration du bien-être animal. Les cages pour les animaux appartenant à des races petites et moyennes mesuraient environ 60 x 60 x 50 cm. Les animaux appartenant à des races plus grandes étaient logés dans des cages d’environ 80 x 80 x 60 cm. Alors que les cages abritant les races naines étaient d’une superficie suffisante (même si elles n’étaient pas conformes au bien-être animal), les cages dévolues aux grandes races étaient trop exiguës. En particulier, les grandes races comme les tachetés suisses ou les géants des Flandres n’avaient pas assez de place pour s’étendre complètement. Du point de vue juridique, il est établi que, selon l’ordonnance sur la protection des animaux OPAn, pour une détention permanente de lapins de plus de 3,5 kg de poids corporel une surface de 7200 cm² est prescrite. Pour des animaux de plus de 5,5 kg, une surface de 9300 cm² est exigée. Pour des détentions temporaires à des fins d’exposition (même lorsque les expositions durent plusieurs jours), il n’est pas obligatoire de respecter les prescriptions minimales de l’OPAn. La PSA critique cet état de fait et exige que, de même que pour le transport d’animaux, les normes minimales soient respectées lorsque l’exposition dure plusieurs jours. On peut admettre une exception dans le cadre d’une exposition brève. Les lapins étaient détenus dans des cages métalliques non structurées. Pour de grandes races de lapins, l’espace était très exigu. Les vainqueurs primés par le jury se trouvaient dans des cages hexagonales dont les côtés étaient d’environ 45 cm sur 80 cm de hauteur. Ces cages permettaient aux animaux un peu plus de liberté de mouvement. Toutefois, elles étaient plus accessibles aux regards des visiteurs, ce qui explique peut-être pourquoi certains lapins primés semblaient plus nerveux que les autres animaux de l’exposition. C’est le grand vainqueur de l’exposition qui jouissait de la plus grande liberté de mouvement – ce dernier était logé dans une cage modèle, tout spécialement fabriquée pour l’exposition, qui mesurait environ 140 x 100 x 80 cm et était équipée d’une plate-forme en hauteur ainsi que d’une cabane permettant le retrait. Ces ressources et l’espace offert étaient très largement utilisés par l’animal. 3 PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA EXPOSITION SUISSE DES LAPINS MÂLES SEMPACH Les vainqueurs étaient gratifiés de davantage de place, mais les cages n’étaient pas non plus structurées. Le vainqueur de l’ensemble de la compétition (Mister Schweiz Sempach) avait une plus grande cage à disposition. Toutes les cages étaient propres et abondamment pourvues de paille et d’un peu de foin. De nombreux lapins s’occupaient avec la paille. La plupart des animaux avaient aussi des granulés à disposition. Presque tous les lapins avaient de l’eau à disposition. Toutefois, au cours de l’après-midi, quelques animaux avaient bu le contenu de l’écuelle ou l’avaient renversée. Chaque cage était pourvue d’un morceau de bois servant de matériel à ronger. Le samedi, quelques lapins en faisaient usage. L’état de santé de la majorité des animaux était bon dans la mesure où l’on pouvait en juger. Toutefois, dans des cas particuliers, nous avons noté un écoulement oculaire, des rougeurs ou des croûtes autour des yeux. 4 L’écuelle à eau de ce lapin était vide. Ce tacheté avait renversé son écuelle d’eau. Chez certains animaux, on a observé des rougeurs ou des croûtes dans la zone oculaire. Cet animal présentait un écoulement oculaire blanchâtre. PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA EXPOSITION SUISSE DES LAPINS MÂLES SEMPACH À l’exposition des lapins mâles, au moins 140 races et robes de lapins étaient représentées. Parmi celles-ci, on notait quelques sélections extrêmes et problématiques. Les béliers anglais présentent des oreilles pendantes surdimensionnées. Ces dernières restreignent la vision de l’animal et les lapins béliers n’ont souvent qu’une audition limitée. En outre, de telles oreilles peuvent constituer une gêne pour leurs mouvements. Les animaux ne cessent de poser leurs pattes sur leurs propres oreilles et se blessent ainsi avec leurs griffes. Il est effrayant de constater que de tels animaux continuent à être exposés et même à recevoir des prix en dépit de l’interdiction des sélections génétiques extrêmes, ancrée dans la législation depuis 2008. Les exemplaires qui présentent les oreilles plus courtes et sont donc moins handicapés sont même moins bien notés! Là, l’organisation des éleveurs, les exposants et les membres du jury devraient impérativement revoir leur jugement sur la question, car ils encouragent des sélections interdites par la loi! Chez Petits animaux Suisse, on est conscient de cette problématique. Avec un nouveau standard de race approuvé en mars 2015, on devra revenir à des formes de sélection moins handicapantes. En outre, de nombreux lapins angoras étaient présentés. Les lapins angoras ont une fourrure épaisse, à longs poils qui est utilisée dans la confection de vêtements. Cette laine épaisse a toutefois tendance à se feutrer et en outre, la thermorégulation est rendue difficile à des températures élevées. De plus, une pilosité trop intense de la tête peut limiter la vision de l’animal. À l’exposition des lapins mâles, de nombreux lapins rex étaient également présentés. Les lapins rex ont une fourrure rase et bouclée et des moustaches réduites. Ces dernières restent cependant un organe sensoriel important. Si elles sont réduites ou pliées ou absentes, les animaux sont limités dans leur perception (orientation dans le noir, prise de contact avec leurs congénères). Petits animaux Suisse a annoncé qu’à l’avenir seuls les lapins rex présentant des moustaches pourront être primés. Les oreilles surdimensionnées sont un handicap pour les lapins. En buvant, les animaux trempaient souvent leurs oreilles dans l’eau, ils les traînaient souvent dans leurs excréments ou montaient dessus avec leurs pattes. Ce lapin bélier anglais a été primé avec le nombre de points le plus bas. À propos de ses oreilles, il a été consigné que ces dernières, longues de 56 cm, étaient trop «courtes» et ne méritaient donc que sept points. Ceci montre que les sélections extrêmes continuent d’être encouragées par les jurys. 5 PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA EXPOSITION SUISSE DES LAPINS MÂLES SEMPACH Les moustaches réduites et frisées sont typiques des lapins rex. Les lapins angoras présentent une laine épaisse. Les lapins exposés avaient des comportements très différents. Quelques animaux semblaient à peine stressés par le remue-ménage de l’exposition. Quelques-uns mangeaient, d’autres dormaient sur le côté, d’autres encore jouaient avec la paille et prenaient contact avec les visiteurs. Par ailleurs, on a observé également de nombreux lapins pour lesquels l’exposition représentait manifestement un fort stress. Quelques lapins se recroquevillaient sans bouger dans un coin. Chez certains, le rythme de respiration était accéléré. D’autres animaux se comportaient de manière très nerveuse, ils sautaient d’un endroit à l’autre ou tournaient en rond. On a observé un animal qui rongeait et léchait les barreaux pendant un temps assez long. 6 De nombreux animaux dormaient et ne se laissaient pas impressionner par le remue-ménage de l’exposition. Ce lapin a rongé et léché le barreau de la grille pendant un temps assez long. Ce Hollandais ne cessait de faire sa toilette. Alors que le lapin du bas, à gauche, s’adonnait tranquillement à la nourriture, son voisin de droite semblait tout à fait apeuré. PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA EXPOSITION SUISSE DES LAPINS MÂLES SEMPACH Le samedi, diverses races de lapins étaient présentées aux visiteurs. Dans ce but, on plaçait un animal de race différente sur la table d’exposition afin de pouvoir montrer les caractéristiques typiques de chaque race ainsi que les critères d’évaluation. Parfois, la table était littéralement entourée de visiteurs. Ces derniers pouvaient eux-mêmes prendre part à certaines présentations (par exemple, mesurer la longueur de l’oreille ou examiner la fourrure). Les jeunes visiteurs, qui se trouvaient en majorité parmi les spectateurs, appréciaient beaucoup la proximité de l’animal et le touchaient de tous les côtés. Le lapin, animal craintif, n’a pas dû beaucoup apprécier de se trouver ainsi exposé. Il nous a également semblé frappant que les éleveurs traitent leurs animaux sans ménagement, voire de manière brutale. Les lapins étaient saisis à la nuque ou aux oreilles et placés dans les positions souhaitées avec des gestes brusques. Par exemple, pour montrer le poitrail d’un lapin angora aux visiteurs, l’animal a été saisi par les oreilles et soulevé si bien qu’il a été placé en position verticale comme pour faire le beau. Pour le soutenir, l’éleveuse plaçait légèrement sa main sous les pattes antérieures du lapin. Pendant ce temps, une forte tension s’exerçait sur les oreilles de l’animal. Ce dernier a également été placé sur le dos. Il est fort douteux que ces manipulations soient agréables aux animaux, ces derniers restaient en général immobiles à faire le dos rond et leurs yeux étaient écarquillés. Le lapin angora qui a été mis sur le dos tremblait et ses pattes tressaillaient. Il est certain que l’effet pédagogique de cette manière brutale de traiter les animaux est fort douteux. On laissait les enfants mesurer les oreilles de ce lapin angora. Pour la présentation, le lapin était saisi par les oreilles pour le mettre dans la position voulue. Cochons d’Inde Dans le passage entre deux tentes se trouvait l’enclos des cochons d’Inde dans lequel étaient placés, pour autant que nous ayons pu le constater, deux animaux. L’enclos des cochons d‘Inde, certifié par Petits animaux Suisse, avait une superficie de 5800 cm2. L’enclos extérieur entourant la stalle disposait d’un diamètre de 2 m environ. La stalle était structurée avec des possibilités de cachettes; de la nourriture et de l’eau étaient à disposition. L’enclos extérieur, pourvu d’une litière de paille, disposait d’une seule petite cabane comme retrait. Compte tenu de la place proposée, cette détention était méritoire pour une exposition. Toutefois, pour ces animaux craintifs, le choix de cet emplacement qui était un passage très emprunté par les visiteurs n’était pas très heureux, il aurait été plus judicieux de placer ces animaux dans la dernière tente, dans un coin tranquille. Petits animaux Suisse est conscient de cette problématique. Ce lieu a été retenu, car l’enclos appartient au stand dévolu à la protection des animaux et n’aurait sans doute pas assez retenu l’attention s’il avait été placé dans un coin tranquille. Mais précisément dans l’optique de montrer une détention respectueuse des animaux, il est dommage que l’enclos extérieur, relativement grand, n’ait pas été mieux structuré. En effet, les possibilités de cachettes étant réduites, les animaux ne se risquaient pas à utiliser cet enclos. 7 PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA EXPOSITION SUISSE DES LAPINS MÂLES SEMPACH Volaille et pigeons de race 3 poules de race ainsi qu’un coq étaient logés dans un poulailler mesurant environ 70 x 140 x 100 cm, flanqué d’un enclos extérieur d’environ 300 x 100 x 80 cm. Le poulailler était équipé de perchoirs, ainsi que de litière, de nourriture et d’eau. L’enclos extérieur était également pourvu de litière. Le tout donnait une impression de grande propreté. Au moment de la visite, les quatre volailles se trouvaient dans le poulailler. Dans une volière mesurant environ 350 x 150 x 200 cm se trouvaient 6 pigeons suisses (pigeon biset). La volière était équipée de trois perchoirs. Dans la partie arrière, plusieurs nids étaient installés dont certains étaient protégés des regards. De l’eau et du grain étaient à disposition. Le sol était constitué de carton ondulé. L’espace mis à disposition des animaux était exemplaire pour une exposition. Il est à noter aussi comme point positif le fait que les oiseaux disposaient de nids, ce qui constitue une ressource importante négligée dans beaucoup d’expositions. Enclos des cochons d’Inde et poulailler (au fond). Information sur la protection des animaux La volière des pigeons était de dimensions généreuses. Entre l’enclos des poules et la volière des pigeons se trouvait le stand de Petits animaux Suisse qui devait dispenser des conseils sur la protection des animaux. Ceci montre que la critique permanente des spécialistes de la PSA n’est pas restée sans écho auprès des organisateurs d’expositions. Le stand était utilisé, entre autres, pour promouvoir le label créé par Petits animaux Suisse qui prône des enclos plus grands pour les petits animaux. Ainsi, l’enclos des cochons d’Inde mentionné plus haut était mis en exergue. En même temps, on renvoyait aux dimensions minimales de l’ordonnance sur la protection des animaux en exposant des cages et clapiers à lapins correspondant à ces normes minimales. Il faut se féliciter du fait que Petits animaux Suisse se préoccupe de stalles plus importantes. Mais il aurait été plus exemplaire (et certainement plus convaincant) de placer réellement les lapins de l’exposition dans des stalles labellisées, de dimensions plus vastes. Pour que l’exposition des lapins mâles puisse jouer un rôle exemplaire, il serait en outre souhaitable que l’on y présente des «enclos modèles» largement dimensionnés et conformes à l’espèce (avec suffisamment de cachettes, de matériel à ronger et des aires surélevées). Grâce à de tels enclos, la différence entre la détention dans les stalles de dimensions minimales et les enclos vraiment respectueux des animaux apparaîtrait nettement, ce qui aurait un véritable impact pédagogique. 8 PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA EXPOSITION SUISSE DES LAPINS MÂLES SEMPACH En présentant des cages pour oiseaux d’ornement (en haut: cage trop petite, en bas une variante conforme à la loi), on indiquait les dimensions minimales prescrites par la loi. L’information est louable, mais il aurait toutefois été souhaitable qu’on ne se contente pas de présenter les dimensions minimales mais une variante de cage plus respectueuse des animaux. Clapiers à lapins: à gauche, la détention conforme à la loi, à droite la variante un peu plus grande, certifiée par Petits animaux Suisse. Kaninhop Le 31 janvier et le 1er février a eu lieu le quatrième championnat de Kaninhop dans la salle de sport d’une école voisine. Les lapins devaient accomplir un parcours avec plusieurs obstacles entre 15 et 40 cm de hauteur. Pendant la course, les lapins étaient tenus en laisse par leurs maîtresses et maîtres. Parmi ces derniers se trouvaient, outre quelques adultes, de nombreux enfants et des jeunes. Pour les spectateurs, des bancs avaient été installés sur un des côtés de la halle. Ces bancs étaient placés à plusieurs mètres de la piste. Dans la salle, l’atmosphère était paisible. Lors de notre visite, le samedi matin, les applaudissements étaient discrets et le microphone des organisateurs était réglé assez bas. Pendant la manifestation, le public a été invité à plusieurs reprises à ne pas faire de photos en utilisant le flash, et à se comporter avec calme. La PSA juge positifs les efforts des organisateurs pour obtenir une atmosphère paisible pendant le championnat ainsi que pour maintenir une distance importante entre le parcours et les spectateurs. Les lapins devaient accomplir un parcours avec plusieurs obstacles. Exemplaire: une distance généreuse entre le parcours et les spectateurs. 9 PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA EXPOSITION SUISSE DES LAPINS MÂLES SEMPACH Lors de la visite de la PSA, le samedi matin ont eu lieu des parcours présentant deux degrés de difficulté. D’abord, plusieurs lapins ont concouru sur un parcours de niveau facile qui ne comprenait qu’une ligne droite comportant dix obstacles. Plus tard dans l’après-midi, plusieurs animaux ont concouru sur un parcours de difficulté moyenne. Ce parcours était constitué d’une piste en forme de U comportant douze obstacles. Le samedi matin, pendant 55 minutes, nous avons documenté le comportement envers les animaux qui accomplissaient le parcours. Pour ce faire, nous avons retenu les paramètres suivants: le maître encourage l’animal au moyen d’aides acoustiques (claquement de langue, voix), l’encourage par des gestes sans contact avec l’animal (il fait des mouvements derrière l’animal pour l’inciter à progresser, en combinant ceci avec des claquements de doigts et des mouvements de bras), le maître tire nettement sur la laisse, il force le lapin à avancer en le poussant à l’arrière-train (il donne une pichenette, il pousse l’animal), le maître soulève et replace l’animal, le remet dans le sens correct du parcours. Pendant l’épreuve facile, nous avons observé, durant cinq minutes, le comportement de cinq participants envers les animaux. Tous les cinq encourageaient les animaux à sauter par des aides acoustiques. Quatre participants avaient en outre recours à des gestes d’encouragement sans contact avec les animaux. Une personne a tiré sur la laisse pour remettre son animal dans la bonne direction car il avait fait un bond au milieu du parcours et avait changé de direction. Une personne a attiré notre attention de manière négative par son comportement dépourvu de douceur; outre qu’elle tirait sur la laisse, elle exécutait des gestes pour pousser et soulever l’animal et le replacer au bon endroit. Par deux fois, cette personne a dû retourner le lapin qui voulait rebrousser chemin. Sur les cinq animaux observés, deux seulement sautaient à peu près en continu et sans trop s’interrompre sur le parcours. Pendant l’épreuve de niveau moyen, nous avons documenté le comportement de 25 propriétaires envers leur animal durant 50 minutes. 19 propriétaires stimulaient leur animal avec des aides acoustiques, nous avons observé 14 personnes en train de faire des gestes d’encouragement sans contact avec l’animal (mouvements pour rabattre l’animal, mouvement agité des bras). Dans 7 cas, nous avons noté qu’on forçait l’animal à avancer en le touchant à l’arrière-train. De même, dans 7 cas aussi, les animaux ont été soulevés. Trois personnes tiraient plus ou moins sur la laisse et dans un cas, le propriétaire a retourné l’animal. Pour résumer, on peut dire que la plupart des lapins n’accomplissaient manifestement pas le parcours de leur plein gré et qu’il fallait les exhorter à sauter au moyen d’aides sous forme de mouvements. Un certain nombre d’animaux semblaient ne pas avoir envie de sauter ou voulaient tout simplement prendre leur temps. Quelques-uns semblaient être dépassés par la situation, car ils faisaient demi-tour sur le parcours sans crier gare. Un lapin a hésité devant deux obstacles et, à la suite de l’aide de sa propriétaire, a exécuté à chaque fois un bond frénétique. Le comportement des propriétaires avec leur animal après le parcours était correct pour autant que nous avons pu l’observer. Nous n’avons pas constaté de punitions. 10 Quelques participants essayaient d’inciter leur animal à sauter en les poussant à l’arrière-train. Ce lapin a été soulevé et replacé. PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA EXPOSITION SUISSE DES LAPINS MÂLES SEMPACH Ce lapin refusait de sauter certains obstacles. Lorsque sa propriétaire a utilisé une aide, il a quand même sauté l’obstacle en faisant un bond (de fuite) frénétique. Chez quelques animaux, tout se passait bien sans qu’on les aide beaucoup. Avant et après la compétition, les animaux étaient hébergés dans une pièce séparée à laquelle seuls les propriétaires avaient accès. Cette restriction avait l’avantage de limiter l’effet stressant pour les animaux. Mais, en même temps, il était pratiquement impossible de contrôler la détention des animaux et la manière dont on se comportait avec eux. Autant que nous ayons pu le constater en jetant un regard par la porte ouverte, les animaux étaient détenus dans de petites boîtes métalliques d’environ 60 x 60 x 50 cm. On pouvait déduire du règlement que les animaux devaient se trouver en détention solitaire. Il y avait de la litière et des écuelles d’eau. Mais il n’a pas été possible d’établir si tous les animaux avaient de l’eau à disposition. Impossible également de savoir si du foin et des matériaux à ronger étaient à disposition. Pour le Kaninhop, concernant la protection des animaux, les éléments suivants doivent être notés. • Entraînement des animaux: le Kaninhop est particulièrement apprécié des enfants et des jeunes. Mais on peut se demander si tous les enfants sont à même d’entraîner un lapin, un animal qui se défend en fuyant, en le ménageant (au sens de lui éviter du stress) et de lui apprendre à aborder la situation de compétition de manière détendue. • Transport: lors du championnat européen de Kaninhop, des lapins de quatre nations (CH, D, CZ, NL) ont pris part à la compétition. Selon la durée et le mode de transport, (dimension de la cage, accès à l’eau, aménagement de pauses), ce dernier peut engendrer un stress important pour l’animal. • Détention des animaux pendant la compétition (Championnat européen): autant que l’on pouvait en juger, la détention des animaux était comparable à celle de l’exposition. Les animaux étaient en détention solitaire – ce qui était stipulé dans le règlement. Malheureusement, de cette manière, les lapins provenant d’un groupe n’avaient aucune possibilité de contacts sociaux. • Situation de compétition: l’environnement inhabituel, la proximité des spectateurs ainsi que le parcours à accomplir, peuvent générer du stress chez les animaux. En fonction de leur caractère ou de leur entraînement, les animaux affrontaient plus ou moins bien la situation de compétition. Certains lapins semblaient relativement décontractés alors que d’autres faisaient des tentatives de fuite sur le parcours ou sautaient les obstacles presque en panique. • Comportement envers les animaux pendant la compétition: le comportement des propriétaires d’animaux revêtait des formes très diverses. Pratiquement toutes les personnes observées utilisaient des signaux d’aide pour guider l’animal sur le parcours. Le recours aux aides n’est pas répréhensible – toutefois les formes qu’elles prennent sont discutables ainsi que leur intensité. Par exemple de nombreux participants se contentaient de toucher rarement et avec légèreté l’arrière-train de leur lapin alors que d’autres le poussaient nettement ou le soulevaient sans ménagement. 11 EXPOSITION SUISSE DES LAPINS MÂLES SEMPACH Bilan et revendications de la PSA À la 23éme exposition de lapins mâles de Sempach, les lapins étaient détenus en majorité dans de petites cages à barreaux non structurées. Une détention de ce type fait gagner de la place (et donc de l’argent) et permet plus facilement de regarder et de juger les animaux. On évite aussi de cette manière les conflits entre animaux. Mais une telle détention n’est pas respectueuse des animaux. En Suisse, il existe des règlements légaux concernant l’espace proposé et l’aménagement de la cage qui sont mentionnés dans l’ordonnance sur la protection des animaux. Ces exigences minimales ne valent toutefois que pour une détention permanente. Les expositions temporaires, même si elles durent plusieurs jours, en sont exemptées. Il n’existe aucun règlement les concernant. Du point de vue de la PSA, de telles conditions sont inacceptables. Même pour une détention temporaire, on devrait concéder aux animaux un minimum de place et de ressources. La PSA exige donc que, à l’instar du transport des animaux, (par ex. concernant l’offre de place) les exigences minimales soient mises en œuvre. Elles pourront ne pas être respectées seulement dans le cas où les animaux restent exposés moins de six heures, soit une journée. Les organisateurs de la vingt-troisième exposition de lapins mâles ont fait des efforts pour respecter la protection des animaux dans la mesure où une grande partie des cages étaient équipées de possibilités de retrait (minimales) et proposaient du matériel pour ronger. En outre, ils ont fait la promotion, sur un stand d’information, de stalles de dimensions plus grandes et certifiées par Petits animaux Suisse. Malheureusement, seul un animal – le grand vainqueur de l’exposition – a pu bénéficier d’une «liberté» de mouvement plus importante. Du point de vue de la protection des animaux, il serait très souhaitable de renoncer à l’avenir à ces cages métalliques dépourvues de structures et d’exposer les lapins au moins dans des cages certifiées. En outre, on devrait, à l’aide d’enclos aménagés conformément à l’espèce, présenter une détention vraiment respectueuse de l’animal afin que le spectateur n’ait pas l’impression que ces animaux peuvent être détenus dans des cages aussi petites (caractère exemplaire d’une exposition). La PSA critique vivement le maniement sans ménagement des lapins pendant la présentation des races. Les lapins sont des animaux qui se défendent par un comportement de fuite et ne sont pas propres à être présentés comme des objets que l’on caresse. C’est précisément aux enfants que l’on doit apprendre à avoir des égards pour les animaux. En ce qui concerne le Kaninhop, la question fondamentale se pose de savoir s’il est judicieux de pratiquer un sport de compétition avec des animaux craintifs comme les lapins. Le Kaninhop ne se justifie que dans la mesure où l’entraînement et le mouvement constituent une occupation pour les animaux. Pour qu’il soit acceptable, du point de vue de la protection des animaux, l’entraînement des lapins doit être pratiqué avec respect, les animaux ne doivent pas être forcés à sauter et l’on doit se comporter correctement avec eux pendant et après la compétition. Reste à savoir si tous les participants (surtout ceux qui sont encore des enfants) sont à même d’entraîner leurs animaux sans leur infliger de stress et à les préparer à la situation de compétition. En tout cas, le comportement envers les animaux pendant la compétition était très divers. Dans la plupart des cas, il était à peu près acceptable, mais ce n’était pas le cas pour un certain nombre d’entre eux. 12 [email protected] · www.protection-animaux.com 3/2016 PROTECTION SUISSE DES ANIMAUX PSA