La libre essentielle, n°95, octobre 2007

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La libre essentielle, n°95, octobre 2007
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ALLONS
ENFANTS
!
AVEC NOTRE INVITÉE,
JOËLLE VANDENBEMDEN
n°95 - octobre 2007
DOSSIER
La violence à l’école
SANTÉ
Dormir c’est grandir
SUPPLÉMENT GRATUIT
DE LA LIBRE BELGIQUE
DES 15 & 16/09/2007
NE PEUT ÊTRE VENDU
SÉPARÉMENT
PHOTO © KURT STALLAERT
MODE ENFANTINE
Le baby blues ?
ÉVASION
Japonfusion
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KIDS FROM
BELGIUM
La notion de vêtement du dimanche et de cérémonie a bien
jauni et pourtant, c’est elle qui a permis aux premières
marques de mode enfantine d’éclore et de prospérer en Belgique, raconte Joëlle Vandenbemben, fondatrice du salon Kid’s Fashion et invitée
de ce numéro Enfants. « Historiquement, Dujardin a ouvert la voie voici environ cinq décennies. Surtout grâce aux familles fortunées de Flandre et de Bruxelles. Ont suivi dans
les années 80 une série de créateurs sortis d’excellentes écoles de stylisme : l’Académie d’Anvers, La Cambre, Bischoffsheim, Saint-Luc… La qualité des matières premières (usines de fabrication de coton et de denim à Gand et Saint-Nicolas, nombre
de tricoteuses…) et la créativité belge ancrée dans une certaine pureté, une certaine rigueur, en matière de mode enfantine, ont vite été reconnues dans le monde entier. Citons les labels Terra Misu, Max & Lola, Quincy, Claude Hontoir, Simple Kids, Zero per
zero, Zorra, 148 Bingo, Anne Kurris, Rita co Rita… »
En créant un salon à Bruxelles, voici dix ans, Joëlle Vandenbemben et ses associées
ont emboîté le pas à cette avancée en pole position. « L’intérêt des marques belges,
c’était de distribuer plus facilement leur ligne chez nous et dans les pays voisins, en
trouvant des acheteurs étrangers. Et les collections étrangères voulaient aussi être
présentes en Belgique, qui comptait beaucoup de magasins multimarques pour enfant à l’époque. Aujourd’hui, le marché a évolué : on s’est recentré sur Paris et Anvers,
deux fois par an. Paris, qui accueille déjà le salon de la mode féminine, a plus d’impact pour le grand export. Et Anvers attire des Européens du Nord.»
A l’heure des grandes chaînes de vêtements qui allient style et prix cassé, à l’heure
des ventes par Internet (« le site www.ikks.com notamment »), la relève tarde à venir
côté créateurs, comme l’expriment les interlocuteurs de la table ronde que nous avons
organisée sur la question. Les tendances de la garde-robe adulte sont réduites dans
les labels pour enfants les plus commerciaux, tandis que les grands couturiers y vont
de leur prestigieuse ligne baby « pour une question d’image ».
Du vêtement à la violence à l’école, sujet de notre dossier, il n’y a qu’un fil gravement tendu depuis qu’une firme anglaise, Bladerunner, commercialise des uniformes
d’écoliers et autres habits résistants aux coups de couteau. On finirait par regretter
les beaux costumes du dimanche…
Infos Kid’s Fashion : www.kidsfashionfairs.com ; 02 370 60 22.
ISABELLE BLANDIAUX - PHOTO CICI OLSSON
Christiane Thiry,
rédactrice en chef de
La Libre Essentielle et
Joëlle Vandenbemben,
l’invitée de ce numéro.
LÉGENDE COUVERTURE
Ugo : caban marine Dino e Lucia. Pull camionneur Levi’s.
Marie : manteau en peau et fourrure Jean Bourget.
Robe Maje. Carnet d’adresses p. 30
SOMMAIRE 95
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20
Culture Littérature & théâtre pour enfants
Table ronde Le baby blues de la mode enfantine ?
Psychologie L’art d’être grand-parent
Santé Dormir, c’est grandir
Supplément d’âme De l’âme au quotidien
Environnement La Terre racontée aux enfants
Gastronomie De l’énergie dès le biberon !
23 DOSSIER
LA VIOLENCE
À L’ÉCOLE
28 Mode Marie et les Minimoys
32 Portrait essentielle Betty Le Hodey,
mère de famille
35 Evasion Japonfusion
40 Beauté Premiers fards
42 Pêle-mêle/concours
44 Nos choix
46 Horoscope/jeu
A partir du 6 octobre, découvrez
une nouvelle Essentielle :
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en page ludique et dynamique,
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Essentielle Voyage, véritable
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prochaines évasions.
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LA LIBRE ESSENTIELLE Rédactrice en chef : Christiane Thiry / Secrétaire de rédaction : Hélène Rivière /
Rédaction : 79 rue des francs - 1040 Bruxelles - tél 02 211 27 75 - téléfax : 02 211 29 71 - e-mail : [email protected] / Ont collaboré à ce numéro : Sémir Badir, Isabelle Blandiaux, Didier Chatelle, Anne de Bardzki,
Pascal De Gendt, Martine Dory, Diane Drory, Claude Muyls, Françoise Raes, René Sépul, Sabrina Weldman, Quentin
Wilbaux, Michel Zumkir / Direction artistique et mise en page : Michel De Backer (AD), Dominique Hambÿe 02 211 29
04 / Régie Publicitaire RGP : Brigitte Weberman - 02 211 31 76 - [email protected] / Marketing et
Promotion : Delphine Guillaume - 02 211 31 78 delphine.guillaume @saipm.com / Pré-presse : Yves Yernaux
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Denis / Impression : Nevada-Nimifi / Vice-Président du conseil d’administration et du comité permanent : Patrice le Hodey/ Direction : Administrateur délégué, éditeur responsable : François le Hodey
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Ça… par la
Compagnie des
Mutants
LITTÉRATURE
DONNEUSE
D’ORGANES
Dans Une femme en
marche, Catherine Rey
raconte, avec une force
romanesque incroyable,
l’émancipation d’une
adolescente de province
pour devenir femme
AGENDA
et écrivaine.
AU THÉÂTRE,
LES ENFANTS !
© P. FAURE
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Quelle a été la nécessité qui vous a poussée à entreprendre l’écriture de ce livre ?
Chacun de mes livres naît d’une nécessité intérieure, tout ce que je fais est étroitement lié
à mes états d’âme, il arrive que le malaise d’être sur terre ou le bonheur d’être sont parfois
si étouffants qu’ils me mettent dans un état très spécial qui m’inspire un livre. Cette fois-ci
la nécessité était liée à ma mère. J’étais littéralement « habitée » par elle, « investie » par
son âme : elle revenait dans mes rêves comme si elle avait voulu parler,
dire quelque chose, par ma bouche.
A quoi vous a servi l’écriture dans ce qu’on pourrait appeler
votre « devenir femme » que vous abordez dans ce livre ? Elle a
été le révélateur, comme en chimie. Tant que j’étais dans mon « petit
rôle » traditionnel, tout allait bien. J’étais femme, j’étais prof, un
métier de nana, et tout allait pour le mieux dans le meilleur des
mondes. J’étais mariée. Impeccable. Et le jour où je suis sortie de
ma boîte, le jour où j’ai dit : voilà, je suis écrivain, je suis une intellectuelle et je veux vivre de ma plume un jour, tout s’est effondré. Personne ne m’a suivie, ne m’a épaulée, bien au contraire.
Bien sûr, si j’avais fait partie d’une famille de grands intellectuels, j’aurais eu un vrai soutien. Dans mon milieu (et dans ma
génération), c’est chacun à sa place. Et on y reste. Une femme
Une femme en marche,
peut avoir de l’ambition, certes, mais pas trop.
Editions Phébus.
D’autres livres de
Vous avez commencé à écrire parce que vous étiez une adoCatherine Rey : Lucy
lescente en colère, écrivez-vous encore pour les mêmes raicomme les chiens (Le
sons ? Je suis dans une perpétuelle colère… Aujourd’hui j’écris
temps qu’il fait), Ce
pour dénoncer, dire ouvertement ce qui ne se dit pas, « ce dont on
que racontait Jones
ne peut parler, c’est cela qu’il faut dire » écrit en substance
(Phébus).
Wittgenstein. C’est là qu’est le rôle de l’artiste. Je n’écris pas pour
me faire plaisir ou pour vider mon sac ou pour satisfaire quelque
besoin de reconnaissance sociale.
Vous dites que les autobiographies sont un don d’organes, pourquoi ? Parce que dans
ce genre qu’est l’autobiographie, où on se présente (si l’on est honnête) sous une lumière pas
toujours flatteuse, on se met beaucoup plus en péril que dans le roman qui est un espace
très codé et très sécurisé. Dans l’autobiographie, l’auteur au même titre que le lecteur
encourt les mêmes risques que lors d’une transplantation d’organes vitaux. Ce n’était pas
seulement mon sang que je faisais passer dans ce texte, mais mon cœur et mon âme.
PROPOS RECUEILLIS PAR MICHEL ZUMKIR
La sorcière du placard aux balais d’après le conte de
Pierre Gripari par Pan ! (La compagnie) de 5 à 8 ans.
Monsieur Pierre vient d’acheter une jolie petite maison. Elle
ne lui a pas coûté cher. C’est qu’une sorcière se cache dans
le placard aux balais. Evidemment, il ne peut s’empêcher de
prononcer la phrase fatidique qui la fait apparaître. Mais
son ami Bachir, la petite souris et les poissons magiques
sont heureusement là pour lui venir en aide… A la Maison
de la Culture de Tournai le 10/11 à 16h30.
Tél. 069 25 30 80. A Waremme, Salle des Douches, le 18/11
à 15h30. Tél. 019 58 75 23.
Le moulin à paroles d’après le livre de Nicolas BiancoLevrin par le Théâtre du Papyrus, de 4 à 7 ans. Le héros de
cette création est un moulin à paroles, un moulin qui parle
tout le temps. Il se raconte quantité d’histoires qu’il est le
seul à comprendre et que personne n’écoute. Les villageois
lui demandent d’ailleurs de se taire et le chassent loin de
chez eux. Alors, il s’en va, solitaire. Mais lorsqu’il trouve un
livre et se met à le lire à haute voix, il se passe quelque
chose de tout à fait inattendu.
A Bruxelles, à La montagne magique, les 21/11 à 15h, 24 à
15h et 18h et 25 à 15h. Tél. 02 210 15 90.
Le Chat-Requin par la Cie Agnès, Alphonse et moi, de 6 à
9 ans. Il y a là un couple et leur enfant. Chaque soir, dans
leur lit, l’homme et la femme ont beaucoup de mal à s’endormir : ils se font des soucis pour leur enfant. L’enfant fait
des cauchemars. Les parents aussi. Comment réinstaller le
calme de la nuit ? Ce spectacle est l’histoire d’un coucher
entre rêve et réalité, entre peur et réconfort, entre fou rire et
friselis. A Saint-Vith, au Theater Fest VoG, le 20/10 à 14h. Tél.
080 22 61 61.
Ça… par La Compagnie des Mutants, à partir de 13 ans.
Ce n’est pas évident de parler de « ça ». « Ça », c’est un
sujet qui nous concerne tous puisque nous ne pensons qu’à
« ça ». « Ça », ce sont toutes les questions liées à la sexualité : le désir, l’amour, le plaisir, les premières fois, les préférences, mais aussi la contraception, les maladies, le viol,…
En un spectacle de music-hall piqueté d’humour et de poésie, trois comédiens et trois musiciens s’adressent aux adolescents… et aux plus grands. A La Louvière, au Centre culturel régional du Centre le 26/11 à 20h. Tél. 064 21 51 21.
SABRINA WELDMAN
TROIS LIVRES QUE CATHERINE REY AIME PARTICULIÈREMENT : Frankie Adams de Carson Mac
Cullers, Du détachement de Maître Eckhart, Les Origines du totalitarisme de Hannah Arendt
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Pour en savoir plus, voir le site de la CTEJ, Chambre des
Théâtres pour l’Enfance et la Jeunesse : www.ctej.be
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Comment l’univers du textile enfant se porte-til ? Pour y répondre, La Libre Essentielle a
réuni notre invitée du mois Joëlle Vandenbendem de Kids Fashion et son associée,
deux créatrices, un agent de marques et
deux boutiques. Message unanime : ce métier
exige travail, sens de l’organisation, foi, passion,
sous peine de ressembler à une étoile filante.
LE BABY BLUES
DE LA MODE ENFANTINE ?
Beau panel de discussion : Joëlle Vandenbemden et Sophie Bastin de Kids Fashion, le
salon de toutes les découvertes des tendances enfantines ;
Régine Bergman, agent de quatre marques de renom ; Catherine Felstead, fondatrice et créatrice de Ten ; Virginie Guilbert, styliste pour Essentiel femmes et enfants ; Toufik Boukhari du « concept store » Tinok et Claude Hontoir de la
boutique éponyme. Le match commence, d’abord moderato,
puis allègre… Point commun à tous nos interlocuteurs : un professionnalisme les plaçant chef de file dans leur secteur.
Toufik Boukhari :
« Bruxelles reste une vitrine
de la mode enfantine. »
Catherine Felstead :
« Une marque doit respecter
sa niche ! »
Virginie Guilbert :
« Il n’est pas question de
dessiner pour les enfants des
répliques miniatures des
silhouettes pour adultes. »
Claude Hontoir :
« La création enfantine en
Belgique exige de la débrouille.
Je travaille avec des ateliers
protégés pour certaines pièces
ciblées. »
Sophie Bastin :
« Une marque exige créativité
et investissement laborieux…
Nous en cherchons dans le
cadre de Kids Fashion.»
Régine Bergman :
« Ce métier exige de la
passion, avant tout ! »
< Joëlle Vandenbemden :
« Des organismes comme
Modo Bruxellae soutiennent
les jeunes initiatives. »
> Claude Muyls,
journaliste et modératrice
de cette table ronde
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Comment la mode enfantine évolue-t-elle au niveau de
la création ?
C Felstead : L’important dans ce métier est de définir sa
cible, comme Ten. Je crée comme je peux, avec les moyens
dont je dispose, éloignés de ceux d’une grande entité, tout
en m’amusant. Chaque marque doit assumer son histoire,
garder son identité, trouver un fil rouge.
V Guilbert : Essentiel enfants est né dans le sillage d’une
collection d’adultes, avec un choix de matières et de formes,
mais il n’est pas question de dessiner des répliques miniatures
des silhouettes pour adultes. Le vêtement doit s’adapter à
l’enfant, jouer la tendance, jamais la mode caricaturale. Notre
ligne junior se développe dans cette voie identitaire…
R Bergman : La mode enfantine rayonnait comme nulle
autre en Belgique, il y a dix ans. Notre pays, en plein essor,
était réputé pour son label créativité qualité prix exceptionnel.
Aujourd’hui, le mouvement est moins marqué, suite aux problèmes de prix en euros, de répartition de budget de la ménagère et de production. Le phénomène se répercute au niveau des boutiques : un nouveau magasin a une durée de vie
moyenne de trois ans ; idem pour les marques émergentes.
Comment devient-on styliste pour enfants ?
VG : Après deux ans à Bischofscheim, j’ai directement
travaillé avec de nombreuses marques, avant d’arriver chez
Essentiel. Ce métier s’apprend sur le terrain pour en saisir
toute la complexité, les exigences, les différents niveaux de
création puis de production.
CF : Baigner dans un environnement textile semble un
atout. Avant de lancer Ten, j’ai travaillé des années pour Rue
Blanche, avec ma sœur. Fondamentale dans cette profession : la capacité de travail, d’ouverture aux autres, d’écoute.
Rien qui s’apprenne dans un cadre scolastique ou sur un tableau de tendances ! Une styliste pour enfants doit affirmer
un caractère bien trempé, offrir une disponibilité maximale,
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Essentiel Petit manteau à carreaux
très en vogue, porté sur une jupe
imprimée typique de la marque
Essentiel. En accessoires, les
bottillons dorés, les chaussettes
hautes en chiné et la grosse
écharpe en laine contre les
frimas. (03 201 13 80)
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accepter de travailler à tous les niveaux.
S Bastin : Au salon, nous voyons de nombreuses marques naître sous l’impulsion de jeunes mamans qui ont envie de créer un univers pour leur enfant. Peu
subsistent, car une marque exige un investissement laborieux.
RB : La passion pour la mode est un outil de réussite indispensable. Sans
elle, rien n’est possible !
La relève apparaît-elle ?
C Hontoir : Peu de marques fortes émergent actuellement sur le marché.
SB : Nous recherchons toujours de nouvelles lignes créatives pour Kids
Fashion ; nous en trouvons peu.
VG : Soyons réaliste : lancer une collection exige des moyens et un soutien
de production que ni la Belgique ni l’Europe n’offre encore. Les usines imposent
des minimums de production, qu’une jeune collection ne peut garantir. Il faudrait
aider les jeunes entrepreneurs souhaitant démarrer, au niveau de la formation,
des prêts financiers. Ajoutez à cela le laxisme d’une génération assistée, ignorant l’exigence de travail imposé par ce métier… Et la relève se fait attendre !
JVdB : De nombreuses pistes d’aides existent ; peu de gens les connaissent.
Le rôle de Modo Bruxellae est à ce niveau significatif.
CF : Dessiner ressemble à une partie de plaisir ; le suivi est très contraignant,
mais indispensable. Je suis frappée de voir, au salon de Florence, de jeunes collections tenter de s’imposer avec quatre modèles, déposés par terre. La mode enfantine exige une structure. Peut réussir dans ce domaine une jeune femme ambitieuse, créative, travailleuse, énergique, volontaire, travailleuse… En dehors de
ce type de personnalité, pas de salut ! Parallèlement à cela, les clients deviennent
de plus en plus exigeants : demandent un prix, une qualité et un service…
CH : Pourquoi ne pas créer une petite usine de fabrication de vêtements
d’enfants en Belgique ? Cela m’amuserait… Elle se nommerait Essentielle !
RB : La relève est possible à condition d’évoluer et de se remettre en question. Les boutiques doivent rester ouvertes aux nouvelles propositions, ne pas
s’enfermer sur un acquis.
Bellerose Basique essentiel pour
la marque Bellerose, dans un éventail de kakis. Manteau ceinturé,
jupe à plis et tee-shirt, longues
chaussettes. Le tout en coton.
(02 481 53 66)
Mer du Nord Côté enfant sage,
avec cette robe chasuble, portée
avec le sous-pull à col roulé et les
chaussettes assorties. Création Mer
du Nord. (02 244 93 26)
Quincy Décontraction totale en
blouson tartan, pantalon de velours
et sweat-shirt à capuchon imprimé,
le tout signé Quincy. (09 360 16 95)
American Outfitters Silhouette
très « casual chic » tout en superposition. Il porte un pantalon à
poches latérales, un blouson à
capuche, sur une chemise blanche
et un sous-pull coordonné.
American Outfitters, 100 % belge.
(09 382 80 20)
Qu’appelez-vous une collection forte ?
CH : Une ligne déclinant sa personnalité, identifiable au premier coup d’œil,
sans label affiché.
RB : Une marque suivant malgré tout les tendances…
Ten La maille confort en V, travaillée en dégradé de coloris, un
peu « over-sized », sur un tee shirt
simple. (02 481 50 81)
Comment décririez-vous le rapport parents-enfants lors d’achats vestimentaires ?
TB : Les parents habillent souvent les enfants à leur image. S’ils aiment les
griffes, ils choisissent des labels connus comme Dior ou Ralph Lauren ; s’ils possèdent un vrai style, ils oseront des silhouettes différentes de collections moins labellisées. Personnellement, je vends les deux types de produits… Tinok s’impose
comme un univers global : nous proposons des listes de cadeaux, du mobilier, de
la décoration ; nous sommes moins liés à l’évolution du marché du vêtement.
CH : Les parents habillent leurs enfants à leur image jusqu’à un certain âge,
diminuant avec l’évolution sociétaire. La limite se situe autour de dix ans. L’important, ensuite, est de proposer des collections pointues, fortes, personnelles.
Comment voyez-vous votre avenir dans la mode enfantine ?
CF : Il existe, à condition de respecter une niche précise ; la lutte avec les
grandes sociétés est inégale. Le contact avec le public me nourrit : je monte
mes vitrines, passe du temps dans la boutique, écoute les réactions des clients.
VG : Je continuerai tant que j’aimerai ce métier, que je m’y amuserai, que
j’aurai l’impression d’apporter quelque chose, tout en me remettant en question en permanence. L’ouverture de la boutique Essentiel à Bruxelles est une
aventure passionnante, comme je les aime.
RB : Au niveau des boutiques, je suis optimiste pour les vrais professionnels, s’ouvrant aux tendances, aux coups de cœur, ne jouant pas uniquement
les marques commerciales du moment. Je continuerai à défendre les labels en
lesquels je crois. Avec passion !
CH : Personnellement, je crée de plus en plus de pièces originales, pour me
différencier des boutiques alentour. Je travaille avec des ateliers protégés pour
la fabrication de certaines pièces : anoraks ou housses de couette.
SB et JVdB : Nous sentons une résurgence fragile de la créativité, encore timide, déjà présente en France. Positivons…
TB : Bruxelles reste une vitrine importante. De nombreux directeurs de
marketing admirent nos boutiques multimarques, leur identité, la qualité des
produits présentés. Nous restons des exemples…
INFOS
Sophie Bastin et Joëlle
Vandenbemden, Kids mode
enfantine : ch. d’Alsemberg, 999
1180 Bruxelles – 02 370 60 11
Régine Bergman, agent :
Joe Englishstraat 63
2140 Anvers – 03 236 58 02
Toufik Boukhari : boutique
Tinok : avenue Louise, 156
1050 Bruxelles – 02 646 35 87
Catherine Felstead : Ten :
chaussée de Waterloo 1477
1180 Bruxelles – 02 372 28 40
Virginie Guilbert :
Essentiel femmes et enfants :
03 2011381
Claude Hontoir :
boutique Claude Hontoir :
place Brugmann, 14
1050 Bruxelles – 02 3465947
CLAUDE MUYLS © WWW.PROJECTOPRESS.COM
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L’ART D’ÊTRE
GRAND-PARENT
CONFLITS
JUDICIAIRES
Etre grands-parents en 2007 recouvre une grande diversité : on
se retrouve grands-parents non seulement des enfants de nos
Divorces, décès, accidents ou même
mariages mal acceptés… Autant d’événements, de coups du destin qui bouleversent les familles et suscitent ou attisent parfois des conflits profonds en
son sein, notamment entre parents et
grands-parents. Ces derniers prennent
de plus en plus la voie du tribunal pour
faire valoir leur droit à entretenir des
relations personnelles avec leur(s)
petit(s)-enfant(s). Un droit régi en
Belgique dans l’intérêt de l’enfant.
Auteur du livre Familles en guerre –
Quand les petits-enfants sont otages
des conflits entre adultes, Elise ThiryBouvier relate des affaires judiciaires
forcément poignantes dans le domaine
et entend rétablir un certain équilibre :
« Les grands-parents sont parfois injustement privés de leurs petits-enfants
mais on en a aussi qui harcèlent les
parents dans le but de conserver une
emprise sur leur vie via leurs petitsenfants. » Elise Thiry-Bouvier, Familles en
guerre. Chez Anne Carrière.
enfants mais aussi des petits-enfants de nos conjoints et des enfants des conjoints de nos enfants. Tout cela exige une grande
capacité d’adaptabilité. D’autant que, dans la société d’aujourd’hui, les grands-parents jouent un rôle essentiel.
La naissance d’un enfant provoque une émotion
forte, pour les parents bien sûr, mais aussi pour les
grands-parents. C’est le triomphe de la vie, la lignée familiale qui se prolonge. Mais ce nouvel arrivé pousse aussi les générations qui le précèdent vers
la vieillesse. Certains prennent cet événement comme un nouveau pas dans la
vie, d’autres comme une avancée vers la fin de vie... « Le jour où j’ai annoncé
à ma mère que j’attendais un enfant, elle m’a dit : Je suis heureuse pour toi,
mais moi cela ne me fait pas vraiment plaisir, je ne me sens pas encore l’envie
d’être grand-mère ! » Pointe de tristesse, couplée d’un peu de jalousie vis-àvis de la nouvelle maman ? Eh oui, la perspective de devenir grand-parent ne
s’inscrit pas toujours dans notre société éprise de jeunisme. Pourtant un
grand-parent est un modèle et l’image qu’il donne de lui-même aide les générations à venir. « Je veux montrer à mes petits-enfants que l’on peut être heureux sans être jeune. Qu’avoir 60 ans n’est pas un signe de déchéance ! »
Une grand-mère n’est pas une autre
Il y a celles qui estiment avoir assez donné : « J’ai élevé mes enfants. Maintenant j’ai le droit de profiter de ma vie, de voyager, de prendre du bon temps.
Ils ont voulu des enfants, c’est à eux de les éduquer ! » D’autres, prudentes, se
méfient d’une main mise : « En aucun cas je ne m’engagerais systématiquement à m’occuper de mes petits-enfants. Je ne veux pas me sentir liée mais je
veux bien dépanner si je suis libre. » D’autres encore se réalisent dans leur descendance : « Mes petits-enfants, c’est tout mon bonheur. Ils viennent tous les
mercredis après-midi, je me consacre entièrement à eux. »
Certains parents utilisent leurs enfants comme outils de chantage ou de vengeance vis-à-vis de leurs propres parents. « Je me suis très fort attachée à mes
petits-enfants dont je me suis beaucoup occupée. Aujourd’hui ils ne peuvent
plus venir car ma fille ne supporte pas l’affection que ses enfants ont pour nous. »
Parfois, n’ayant pas résolu certains conflits, un enfant en devenant parent à son
tour, construit son identité sur la destruction des générations précédentes…
Un lieu d’écoute
« Je prends le temps de regarder vivre mes petits-enfants, temps que je n’ai
pas pris avec mes propres enfants. Je joue, j’écoute ce qu’ils me racontent. Je
garde leurs secrets. Je prépare leurs plats préférés. Quand ils sont là, c’est la
joie de vivre. Mais n’allez pas croire qu’ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent.
Je suis assez sévère ! »
L’art d’être grand-parent ouvre des portes nouvelles : cela permet de savourer, de se poser, de prendre le temps de s’accorder au rythme du jeune enfant. De le voir s’éclore, d’être reconnu par lui, de vibrer la première fois qu’il
vous appelle, de rattraper ce qui n’a pas pu être aussi sereinement partagé
avec ses propres enfants.
Même s’il n’est pas un éducateur en première ligne, un grand-parent est
concerné par le bonheur et le devenir de ses petits-enfants. Son devoir est
d’aller vers l’enfant en difficulté, d’éveiller avec délicatesse les yeux des parents si une souffrance est détectée chez un enfant. Se taire est une lâcheté.
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Un lien de transmission
« Ils adorent quand je raconte les histoires de famille quand leur père
était petit, quand ensemble nous redécouvrons les albums photos. » Il
est essentiel d’aider les enfants à se constituer une identité solide en
les amenant à être portés par leur histoire et par celle de ceux qui les
précèdent. En se rattachant à un passé, en remémorant des faits permettant à l’enfant de comprendre d’où il vient, les grands-parents
jouent un rôle primordial. Ne pas connaître son passé, c’est se condamner à le reproduire et à en souffrir sans comprendre. La parole, au
contraire, éclaire le passé et nous en délivre. Il convient donc aux
grands-parents de révéler les histoires et les « secrets de famille », aussi
douloureux soient-ils.
Un enfant doit pouvoir se sentir porté par les traditions de ses deux
lignées généalogiques. C’est toute l’importance des grandes fêtes de
famille qui en plus du plaisir de se retrouver montrent à l’enfant qu’il fait
partie d’un groupe cohérent qui a une identité, une histoire, une culture.
Un pacte d’initiation
L’expérience des grands-parents est précieuse pour transmettre à
l’enfant des apprentissages concrets (cuisine, bricolage, jardinage) mais
aussi des valeurs spirituelles. Les « vieux » ont une expérience de vie,
des rites sociaux et les petits-enfants regardent leur savoir-faire. Ils sont
un lieu d’où l’on peut prendre du recul, parler de ses conflits, de ses doutes. « Par le biais de son amour inconditionnel, mon grand-père m’a appris à reconnaître le chant des oiseaux, il m’a appris à regarder dans les
yeux avec rigueur et honnêteté. Il a été là, juste pour la beauté du geste,
juste pour m’apporter un supplément d’âme. Merci Bon-Papa. »
DIANE DRORY – PHOTO CICI OLSSON
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Quels sont les principaux troubles du sommeil chez les enfants en âge d’entrer à l’école primaire ? Le plus courant c’est,
bien sûr, la difficulté d’aller se coucher. La séparation du soir, pour les
enfants, est un moment parfois difficile. Surtout s’il y a eu des petits
soucis pendant la journée et que l’enfant a besoin d’être rassuré. La
vie à l’école peut être source d’angoisses et de difficultés. Prendre le
temps de parler du déroulement de la journée avant d’aller dormir est
certainement une chose qui peut aider l’enfant. En même temps, une
fois venu le moment d’aller au lit, il est important que les parents
montrent une certaine fermeté et marquent bien les limites avec leur
enfant. Certains enfants souffrent également de terreurs nocturnes.
Quelle est la différence avec les cauchemars ? Les terreurs
nocturnes se passent souvent en début de nuit : brutalement, l’enfant se redresse dans son lit, les yeux grands ouverts, il crie, il semble terrifié. Il a l’air éveillé alors qu’en réalité il dort très profondément. Il ne faut pas le réveiller. Le matin, il ne se souviendra de rien
(au contraire du cauchemar où l’enfant se réveille et se souvient). Si
ces épisodes sont très spectaculaires et très fréquents, cela peut
être le signe d’une difficulté psychologique de l’enfant. Certains enfants particulièrement sages s’expriment seulement pendant ces
phases de sommeil profond.
Quand doit-on consulter un médecin ? Un élément essentiel
consiste à savoir si l’enfant présente des signes de fatigue importants.
Ces derniers peuvent être paradoxaux : certains enfants expriment leur
fatigue par de l’agitation et sont hyperactifs. D’ailleurs, une part d’enfants diagnostiqués comme hyperactifs sont en fait, des enfants qui
ont des problèmes de sommeil. La fatigue peut également s’exprimer
par des pleurs, une grande timidité, un repli sur soi, une difficulté au
moment du réveil et des « coups de mou » à répétition. Deuxième
chose à laquelle il faut être attentif : les enfants qui ronflent toutes les
nuits transpirent beaucoup, ont un sommeil agité. Ils font des apnées
obstructives. Leur sommeil peut être fortement perturbé et ils risquent de rencontrer des problèmes d’apprentissages importants. Le
problème sera corrigé par la chirurgie (enlèvement des amygdales).
de concentration et de mémorisation. On sait que le sommeil paradoxal – le sommeil de rêves – est un moment au cours duquel on mémorise ce qui a été appris
dans la journée. Or, l’enfant doit accumuler en grande quantité des connaissances
et de nouvelles expériences. La qualité de son sommeil est donc fondamentale.
Les rythmes effrénés de la vie de famille actuelle sont-ils adaptés aux
besoins des enfants ? La vie moderne ne favorise pas nos besoins physiologiques.
Par ailleurs, on exige beaucoup de nos enfants, parfois trop. Dans certaines familles,
on exige d’eux qu’ils fassent beaucoup de sports, des activités extrascolaires, etc. :
tout cela ne laisse plus beaucoup de temps pour rêver, pour s’ennuyer, pour penser... Le sport intense, la télévision, les jeux vidéo provoquent un état d’excitation.
Mieux vaut ne pas continuer ces activités juste avant d’aller dormir et profiter de ce
moment pour communiquer dans la famille. On trouve également le problème
contraire : des enfants totalement délaissés pour qui la télé va jouer le rôle d’une
baby-sitter et qui ne sont pas du tout stimulés.
Certaines études montrent que l’obésité peut être partiellement liée à la
fatigue chronique... La fatigue chronique pourrait être responsable d’un certain
nombre de pathologies. Elle pourrait jouer notamment un rôle dans l’épidémie
d’obésité. On sait que la fatigue, le manque de sommeil entraîne des conséquences métaboliques qui peuvent favoriser le développement de l’obésité. Des
études belges on pu montrer que certaines hormones qui jouent un rôle dans le
comportement alimentaire étaient modifiées par le manque de sommeil. Et d’autre part, on a tendance, lorsqu’on est fatigué, à manger ce qu’on appelle de la junk
food c’est à dire de la graisse et des sucres.
Quel rôle joue le sommeil dans les apprentissages ? Le sommeil est très important pour apprendre : on a désormais démontré
combien, si l’on dort mal ou pas assez, on rencontre des problèmes
COORDONNÉES
MÉDECINE DU SOMMEIL Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola,
avenue J.-J. Crocq 15, 1020 Bruxelles. Tél. 02 477 31 20 / 02 477 31 21
POUR EN SAVOIR PLUS Hirion Marie et Challamel Marie-Joseph : Le sommeil,
le rêve et l’enfant, édition Albin Michel (l’ouvrage existe également sous le titre :
Mon enfant dort mal).
5 CONSEILS AUX PARENTS
1. Prenez le temps de parler avec l’enfant alors qu’il se met au lit pour évoquer
ensemble la journée passée.
2. Au moment de dormir, faites preuve d’une certaine fermeté tout en montrant
votre affection : l’enfant ne devrait idéalement pas se relever 10 fois avant de
s’endormir...
3. Soyez attentifs aux signes de fatigue de l’enfant : hyperactivité, irritabilité,
renfermement sur soi, problème de concentration, difficultés au réveil...
4. Clôturez les activités excitantes comme le sport, la télé, les jeux vidéo,
internet au moins une demi-heure avant le moment du coucher.
5. N’imposez pas à l’enfant une surcharge d’activités extrascolaires et sportives.
DORMIR,
C’EST GRANDIR
En matière de santé, le sommeil est aussi important que l’alimentation. Plus encore quand on est en âge d’aller à l’école. Rencontre avec le professeur Groswasser, pédiatre à l’Unité du sommeil de l’Hôpital universitaire des enfants Reine Fabiola.
PROPOS RECUEILLIS PAR FRANÇOISE RAES – PHOTO STEVEN LEDOUX
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D ’ Â M E
Il y a cinq ans naissait dans La Libre Essentielle la rubrique Le petit
supplément d’âme. L’occasion de mettre en lumière des êtres humains
de
l’âme
au
quotidien
animés d’un supplément d’âme certain... et qui le partagent !
Après un silence de deux ans, le supplément d’âme a laissé tomber
le petit, est devenu une collection de livres et donne rendez-vous
aux lecteurs d’Essentielle sur papier et sur le web...
Explications par Martine Dory, initiatrice de cette rubrique.
Retrouvez Martine Dory et son « supplément d’âme » sur le blog
http://supplement-ame.lalibreblogs.be/.
LA LIBRE ESSENTIELLE
UNE COLLECTION DE LIVRES...
... a récemment vu le jour aux Editions Biliki. Elle
se veut être le relais d’auteurs qui ont à cœur de
« se » transmettre via des carnets de route spirituels interactifs ou des
romans « d’âmour » dont le personnage a réussi la rencontre cœur, corps
et âme. Tel ce premier titre publié tout récemment : Al Nur, L’autre
regard, Morgane Lane, Editions Biliki, coll. Supplément d’âme.
Plus qu’un roman, c’est un voyage qui entraîne le lecteur à la suite
de la narratrice d’ici à Istanbul en passant par La Havane. Un voyage
amoureux, un voyage mystérieux, un voyage intérieur aussi révélé par
des rencontres décisives. Une magnifique quête tissée de spiritualité
soufie et d’amour. D’« âmour », faudrait-il dire…
Premier roman d’un auteur qui allie une formation économique à
l’amour des mots et des êtres humains. Une dimension qu’elle incarne
dans sa profession de « chercheuse de talents » pour des entreprises
internationales mais aussi sous forme d’accompagnement individuel
auprès de personnes en transition professionnelle.
Biliki est une jeune maison d’édition indépendante animée par deux
enthousiastes passionnés – rebelles parfois ! –, Patrick Lowie et
Hassan Charach qui ont à cœur d’aller à la rencontre d’auteurs, non
pour faire des best-sellers – « un chef-d’œuvre est souvent tout sauf
une meilleure vente » ! affirme Patrick Lowie –, mais pour transmettre
de beaux textes. Des artisans dont le fil conducteur est et reste
l’ouverture à la différence dans toutes ses dimensions. Artisans très
entreprenants puisqu’ils ont aussi créé une librairie en ligne qui
regroupe aujourd’hui plus d’une cinquantaine d’éditeurs indépendants.
Info > www.biliki.com - www.rezolibre.com
Sur papier > Dans la rubrique « nos choix », le supplément d’âme du mois
mettra en valeur un livre, une personne, une initiative, une expérience, un événement... qui éveille à la saveur d’un monde meilleur.
Sur le web > Un même fil conducteur pour ce site qui, souplesse du web
oblige !, complétera et ajoutera régulièrement des news positives allant toutes dans
l’énergie de ce supplément d’âme qui fait tourner le monde dans le bon sens !
Premier coup de cœur : le programme Tetra pour l’année 2007-2008. Des
cours, conférences, ateliers proposés par des intervenants de grande qualité y
sont proposés tout au long de l’année. L’intention ? Permettre à tout un chacun de
choisir ce qui lui convient pour devenir acteur d’une humanité en profonde mutation. Thierry Janssen, Jacqueline Kelen, Jean-Yves Leloup, Arnould Massart, André Comte-Sponville, Colette Nys-Masure, Marguerite Kardos, Deborah Bacon,
Pat Moffit Cook, Julien Behaeghel, Marie de Hennezel... – impossible de les citer
tous ! – seront ces révélateurs d’âme...
Rendez-vous le 20 septembre dans cette association qui vibre d’une authentique richesse de cœur : TETRA, rue Kelle 48, 1200 Bruxelles, tél. 02 771 28 81 ou
sur le site www.tetra-asbl.be. Epinglé dans le programme :
le Symposium Réveiller le rêveur. Changer le rêve qui aura
lieu le 4 octobre prochain à Bruxelles animé par Noëlle et
Claude Poncelet. Une invitation puissante de la Pachamama Alliance à conjuguer la capacité technologique du
monde moderne et la sagesse des peuples premiers qui
honorent la terre. Pour prendre conscience que tout est
relié : écologie, économie, spiritualité, épanouissement
humain et par là même retrouver le sens du vivant ! A suivre
sur le blog http://supplement-ame.lalibreblogs.be/
MICRO-TROTTOIR
Pour vous, c’est quoi un supplément d’âme ?
« C’est ce qui me fait vibrer en profondeur. »
« C’est un souffle qui gonfle mon cœur. »
« La beauté de l’être humain… »
« Ma part de divin qui rencontre la part de divin de l’autre. »
« L’étincelle qui allume les regards. »
« Ce qui me relie à mon être. A tous les êtres. »
« Une danse intérieure tournée vers l’extérieur… »
« Ce qui se transmet de cœur à cœur… comme un lien cœur-corps et âme. »
« C’est ce qui est propre à chaque être humain. A chacun de le révéler. »
« Sans trop réfléchir, des mots comme souffle, flamme, lumière qui évoquent le renouveau
et le regain de vie. Une expérience des sens et de l’esprit à l’écoute, à la vue, au toucher,
voire au goût des petites œuvres… Susciter, déclencher, révéler une autre partie de soimême. Et avancer toujours un peu plus sur le chemin. »
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L’éducation au développement durable connaît dans la plupart
des pays européens un réel essor. En Communauté française de
Belgique, ces matières sont aujourd’hui intégrées aux socles de
compétences, nous dit-on. Une majorité de professeurs reconnaissent ne pas être formés à ces sujets malgré une demande des
enfants et des parents grandissante. Face à ces manques, des
initiatives se développent émanant d’associations actives dans
l’enseignement. Ainsi la Fondation Polaire, préparant pour la rentrée
un cycle d’animations dans les écoles primaires et secondaires.
RENCONTRE AVEC GAUTHIER CHAPELLE,
responsable scientifique à la Fondation Polaire
« Les animations en milieu scolaire sur les problématiques liées
aux changements climatiques, à la biodiversité et aux interférences
entre les deux, font partie de nos priorités. Nous entamons un projet
d’animation en partenariat avec le WWF, financé par la Région wallonne. Par une approche ludique, notre objectif est d’éveiller l’intérêt
de l’enfant, de l’intéresser et de le responsabiliser aux questions de
développement durable. Nous menons également des animations
ponctuelles sur les mêmes sujets d’une après-midi, conçues en fonction de la demande. Celles-ci sont payantes, facturées 200 euros. »
Qui vous appelle ? « Nous croulons sous les demandes. Cellesci proviennent d’enseignants, soutenus par leur direction. L’intérêt des
enseignants a précédé celui du grand public qui s’est affirmé depuis
un an et demi avec les films d’Al Gore et le phénomène Nicolas Hulot.
Les professeurs nous appellent car ils préfèrent le recours à des experts, reconnaissant qu’ils doivent répondre à des questionnements
de plus en plus nombreux et de plus en plus pointus des enfants. »
Ne serait-il pas plus intéressant de les former ? « Sans doute,
et cela est en train de se mettre en place : le développement durable est reconnu comme une compétence de base dans l’enseignement en Communauté française. Il sera plus rentable sur le long
terme que le corps professoral prenne ses sujets en main car, ces
prochains mois, nous ne toucherons qu’une quarantaine d’écoles.
Il faut, en fait, développer à la fois la formation des professeurs et
l’appel à des expertises extérieures, un plus dans le quotidien d’une
classe. Face à l’importance et à la nature de la demande, nous
avons également créé des dossiers pédagogiques, accessibles en
ligne, pour compléter les informations et aider les professeurs. »
Quel type d’écoles vous contacte ? « Nous avons des demandes de partout et
de tous les réseaux, d’écoles situées dans des environnements sociologiques privilégiés comme d’écoles à discrimination positive ou d’écoles spéciales. Quand nous
arrivons dans une école, certaines connaissances existent que nous corrigons et enrichissons. Ces animations s’inscrivent dans une envie de savoir qu’elles encouragent vu le caractère multidisciplinaire du développement durable : ce n’est pas qu’une
question de sciences, c’est un propos qui peut être exploité dans différents cours. »
Dans les universités, les responsables des filières scientifiques se plaignent d’une certaine désaffection pour leurs matières… « On sent pourtant un
intérêt profond pour ces matières tant chez les enfants que chez les adolescents.
Il n’y a pas de raison que cet intérêt disparaisse en grandissant. Le développement
durable, je le répète, n’est pas qu’une matière scientifique. Cela concerne aussi
l’histoire, le droit, la communication, etc. Certaines sections doivent peut-être
apprendre à s’ouvrir davantage pour toucher le public et l’intéresser. »
RENCONTRE AVEC CLÉMENTINE RASQUIN,
animatrice à la Fondation Polaire
« Le prochain cycle d’animations a pour objectif : biodiversité et changements
climatiques. Il s’adresse à des élèves de 8 à 14 ans. L’envie est de ne pas aborder
ces sujets de manière didactique, mais bien ludique. Nous disposons d’un CD rom
reprenant 15 animations de deux minutes proposant une information et des
activités sur le sujet. S’il s’agit de jeunes enfants, on peut proposer un jeu interactif
sur le climat et la diversité. La classe, par exemple, se divise en 4 climats. Nous
proposons la découverte d’animaux que les enfants doivent ranger par climat.
Nous expliquons ensuite comment les changements climatiques vont modifier
leurs vies. Nous disposons aussi de maquettes de l’Arctique et de l’Antarctique.
De manière très concrète et ludique, nous montrons aux enfants les effets du
changement climatique sur la faune, la flore et les populations de ces régions.
Nous faisons également le lien avec notre environnement, informant comment la
biodiversité de nos régions est touchée par les premiers signes des changements
climatiques. Je pense à l’apparition de certaines espèces comme l’huître du
Pacifique que l’on retrouve aujourd’hui en Mer du Nord. »
Infos Fondation Polaire : Clémentine Rasquin, 02 543 06 98, www.polarfoundation.org
© CICI OLSSON
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Gauthier Chapelle,
responsable
scientifique à la
Fondation Polaire,
ici en Antarctique
LA
TERRE
RACONTÉE AUX ENFANTS
Si les adultes commencent à prendre conscience qu’ils doivent
changer de comportement pour préserver la planète, ce sont nos enfants qui demain prendront le relais et assumeront
leurs erreurs. Comment les sensibiliser ? Comment les préparer ? Comment enseigner l’environnement ?
D’AUTRES ASSOCIATIONS PARTICIPENT À CE TYPE D’INFORMATIONS > WWF / Bruxelles Contact_Yves Borremans, 02 340 09 99, [email protected], www.panda.org
> Réseau Eco Consommation / Charleroi Infos_Renaud De Bruyn 071 300 301, [email protected], www.ecoconso.org > Association Nicolas Hulot pour la Nature
et l’Homme Contact : Bernard Carton, avenue Jean Tasté 78, 4802 Heusy, [email protected] ou [email protected], www.fnh.org > Centres Régionaux d’Initiation à
l’Environnement (CRIE) Contact_Bernadette Van der Rest, 081 33 51 21, [email protected], www.environnement.wallonie.be > Réseau Idée Contact_Joëlle
Van den Berg, 02 286 95 70, [email protected], www.reseau-idee.be >
CPECN - Centre Permanent d’éducation à la Conservation de la Nature
Contact_Jean-Pierre Cokelberghs, Arboretum et Parc Historique, 7170
Manage, 064 23 80 10, [email protected]
PROPOS RECUEILLIS PAR RENÉ SÉPUL
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Milk-shake de lait végétal à l’ananas
« On peut accompagner ce milk-shake express avec des crêpes pour
avoir des sucres lents pour le quatre-heures. Mieux vaut éviter les laits de vache pasteurisés ou UHT qui sont complètement dénaturés et utiliser du lait
de vache cru, entier et biologique ou encore des laits végétaux comme le lait
d’amande, le lait de riz, le lait de noisettes. »
INGRÉDIENTS (1 PERSONNE) > 1 verre de lait de riz frais / 1 cuillère à soupe de
purée d’amandes / 2 tranches d’ananas frais / vanille
> Dans un blender, verser le verre de lait frais, la purée d’amandes, l’ananas et la
vanille. Secouer, agiter bref, « blender » à toute allure. Oups, c’est déjà prêt !
Riz mi-complet aux tomates et aux épices douces
« Les enfants devraient manger un demi kilo de légumes par jour : par exemple sous forme
de jus frais de légumes et de fruits le matin et, au dîner, à la manière d’une crème de légumes.
Le truc : passer le potage dans un blender énergique : les enfants détestent les fils... »
INGRÉDIENTS (4 PERSONNES) > 2 tasses de riz mi-complet lavé / 4 tomates / 2 anis étoilé / 1/2 gousse
de vanille / 6 grains de cardamome / 2 gousses d’ail / 4 c à s d’huile d’olive / sel de guérande
> Fendre la gousse de vanille en deux. Cuire le riz avec les épices dans son double de volume d’eau environ
15-20 min, en fonction du grain choisi. Le retirer à l’écumoire dès qu’il est cuit (tendre sous la dent). Saler
selon goût et détendre avec 2 c à s d’huile d’olive.
> Plonger les tomates dans de l’eau bouillante pendant 15 sec, refroidir, les peler, les épépiner et les couper
grossièrement. Peler et couper grossièrement les 2 gousses d’ail. Passer à la vapeur pendant 5 min. Presser
dans une écumoire et mélanger au riz. Ajouter 2 c à s d’huile d’olive. Rectifier l’assaisonnement. Servir
chaud ou tiède.
REMARQUE > pour faire un repas complet, accompagner de blancs de poulet grillés qui ont mariné dans
un mélange d’huile d’olive, de curcuma, de romarin frais et de piment.
DE L’ÉNERGIE
DÈS LE BIBERON !
La cuisine de l’énergie, ça vaut aussi pour les enfants, si
pas plus ! Martine Fallon nous propose trois recettes
énergétiques pour trois moments de la journée des
têtes blondes.
L’alimentation est particulièrement importante quand on est en pleine croissance. Pour Martine Fallon, spécialiste de la cuisine énergétique, les premières
étapes d’une alimentation saine pour les enfants consistent à passer à une alimentation bio, à faire la chasse aux sucres dits rapides (choco, sucreries, boissons gazeuses) et à apprendre à l’enfant la tempérance entre les bons aliments
et les « crasses » sur le mode 80% d’aliments sains pour 20% de sucreries et
autre junk food. « Les enfants ont besoin d’énergie pour grandir, soit surtout de
sucres lents. On les trouve dans le pain complet, les légumes secs (lentilles, pois
chiches, haricots secs) et dans les céréales complètes (blé, millet, quinoa, riz,
épeautre, froment...). Idéalement ils devraient en manger au déjeuner, à midi et
à quatre heures » explique Martine Fallon. « Ensuite les enfants ont besoin de
protéines pour assurer leur croissance : de la viande, des œufs mais également
du poisson (en particulier les poissons gras riches en oméga 3), à consommer
3 fois par semaine sans hésiter. Des légumes en quantité, des graines germées
qui sont pleines d’énergie et qui permettent de faire du jardinage d’appartement
dont les enfants raffolent » précise Martine Fallon. Pour les pique-niques : fruits
frais, fruits séchés et fruits secs et, tout au long de la journée, beaucoup d’eau !
« Les enfants sont plus faciles à convaincre qu’on ne le pense, ils comprennent
très vite les bénéfices qu’ils peuvent tirer d’une alimentation saine. »
Pour plus d’informations sur la cuisine de Martine Fallon : www.cuisine-energie.be.
Pendant les vacances de la Toussaint, Martine Fallon co-organise un stage sports et alimentation énergétique à destination des adolescents qui se déroulera dans le sud de
l’Espagne. Infos: [email protected]
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LA SEULE BRASSERIE
QUI NE PERD
JAMAIS SES ÉTOILES.
Toast de pain d’épeautre à l’avocat
« L’avocat est très riche en protéines et en acides gras de très
bonne qualité. On peut le servir en version salée comme ici ou associé
avec des fruits. Contrairement à ce que l’on croit, les enfants adorent !
Le pain d’épeautre est une source de sucre lent très digeste et pauvre
en gluten. »
INGRÉDIENTS (1 PERSONNE) > 1 tranche de pain complet d’épeautre / 1/2 avocat
/ graines germées / coriandre fraîche hachée / 1/2 citron pressé / 1 c à c huile
d’olive / sel rose de l’Himalaya
> Ecraser l’avocat. Mélanger avec le jus du citron selon le goût, l’huile d’olive et
la coriandre. Saler.
> Toaster le pain et le garnir avec l’avocat. Colorer la présentation avec des graines
germées. Et... déguster.
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FRANÇOISE RAES – PHOTOS STEVEN LEDOUX
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LA VIOLENCE
À L’ÉCOLE
paraisse un attirail de mesures aux effets éducatifs, à mon avis, plus qu’incertains. » Le sociologue tient à rappeler que l’école est relativement préservée par rapport à la violence de la rue. Nous n’avons par ailleurs guère
de moyens de prouver statistiquement l’augmentation de la violence scolaire. « La question ne peut être réglée facilement par des statistiques. On
ne dispose pas de statistiques policières (crimes et délits) sérieuses. Pour
ce qui est du domaine scolaire, on ne peut avancer une hausse ou une
baisse des faits : les études sont trop limitées. Le silence sur la relégation
scolaire me semble également d’une certaine violence. »
Même si les études ne prouvent aucune augmentation de la
violence à l’école, sa médiatisation provoque un malaise auprès des directeurs et professeurs confrontés au désengagement de nombreux parents. Pour élaborer leur spectacle,
Tête à Claques, les Ateliers de la Colline ont mené une
réflexion sur ce sujet avec des enfants. Nous les avons
Mais qu’est-ce que la violence ?
rencontrés, ainsi que Thomas d’Ansembourg, grand défen-
Une chose semble pourtant claire : à
chaque génération, les adultes considèrent
que leurs enfants sont plus violents qu’ils
ne l’étaient eux-mêmes. Jean Lambert,
écrivain et animateur, membre de la troupe
des Ateliers de la Colline, n’imagine pas
que la violence était autrefois absente des
cours de récréation ou des terrains de
jeux, mais il la juge différente. Comme le
sociologue, il pointe la difficulté de cerner
le sujet. « Rappelez-vous ces ouvriers qui,
il y a quelques mois, en se rendant au boulot, ont découvert que leur outil de travail
avait été déménagé pendant le week-end.
Ne s’agit-il pas d’un acte de profonde violence ? Cet homme, rentrant chez lui, dans
quel état est-il ? Comment vit-il cela ?
Comment en parle-t-il à ces enfants ?
Comment ceux-ci encaissent-ils une histoire qui en a fait rire certains… ? »
Professeur à La Cambre, ce Liégeois
pense que le culte du massacre du plus
faible est toutefois plus marqué aujourd’hui qu’hier. « L’idéologie dominante
pousse à une individualisation forcenée.
seur de la Communication non-violente et Philippe Vienne,
docteur à l’Institut de sociologie de l’ULB.
C
es dernières années, plusieurs faits divers ont attiré l’attention des
médias et du monde politique sur la question des violences scolaires. Dans tel athénée, un élève de 15 ans a utilisé d’une fausse
mitraillette pour prendre un professeur et sa classe en otage. La
mitraillette, une arme à billes, aurait pu blesser. Dans un autre établissement, un adolescent a débarqué en pleine récréation, également
armé, provoquant la panique générale en hurlant qu’il allait tuer tous les
professeurs et le proviseur. La province est également touchée : à Dinant,
il y a quelques mois, un directeur d’école était grièvement blessé d’un coup
de poignard. En août dernier, lors des Rencontres Théâtre Jeune Public de
Huy, la compagnie des Ateliers de la Colline présentait un spectacle initié
autour d’une réflexion sur plusieurs incendies criminels provoqués par un
enfant de 12 ans dans la campagne mosane.
La violence est à la une des médias, mais Philippe Vienne, docteur à
l’Institut de sociologie de l’ULB, auteur d’écrits sur le sujet, se garde d’avancer une recrudescence des actes de violence en milieu scolaire. Il regrette d’ailleurs leur degré de médiatisation. « Une inutile dramatisation du
phénomène fait le jeu de politiques sécuritaires, voire xénophobes », pointe
celui-ci. « Certains titres poussent le politique à réagir dans l’émotion et l’urgence. On réclame un ordre plus coercitif, davantage d’autorité afin qu’ap-
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PHILIPPE VIENNE
« DERRIÈRE
LA VIOLENCE
SCOLAIRE,
SE CACHE L’ÉCOLE.
LE SYSTÈME
ACTUEL
PRODUIT DES
EXCLUSIONS. »
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JEAN LAMBERT,
DOMINIQUE RENARD ET
DINO CORRADINI
« LE FAIBLE
N’EST PLUS AIDÉ,
MAIS SIMPLEMENT
ÉLIMINÉ. REGARDEZ
LES JEUX TÉLÉVISÉS :
IL Y A CELUI QUI
GAGNE ET CELUI QUI
PERD. TRÈS PEU DE
JEUX APPELLENT À
LA RENCONTRE OU À
LA SOLIDARITÉ. »
Le faible n’est plus aidé, mais simplement éliminé. Regardez les jeux
télévisés : le Maillon faible en est l’exemple : désormais, il y a celui
qui gagne et celui qui perd. Très peu de jeux appellent à la rencontre ou à la solidarité. »
Installés en banlieue liégeoise, la Compagnie des Ateliers de la
Colline mène depuis plus de vingt ans un travail singulier et remarquable d’animations et de créations théâtrales auprès des enfants
et des adolescents. « Nos spectacles partent des préoccupations
des enfants », explique Dino Corradini, directeur de la Compagnie.
« Nous menons des ateliers théâtraux dans les écoles. Ce travail
sert ensuite de base à notre travail théâtral : les textes écrits avec
les enfants sont développés, travaillés, mis en scène pour devenir
des spectacles interprétés par des comédiens professionnels que
nous jouons en Belgique et à l’étranger. La question de la violence
à l’école traverse notre travail, sans être pour autant notre principale
préoccupation. Elle fut la toile de fond de certains spectacles importants comme Bancs des réserves ou Extra Ball, dès les années
80, Sauvez Gary, en 2003, ou Tête à Claques, cette année. »
Manque de repères
Sauvez Gary abordait la question de la violence par le biais de la
perte de repères et de la représentation d’un adolescent livré à luimême le temps d’une soirée. « L’histoire est banale. Pour différentes
raisons – travail, loisirs, etc. –, les parents de Gary sont souvent absents, le laissant seul à la maison où il dispose de la télévision ou
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d’un accès à un ordinateur. Notre position n’est évidemment pas de condamner
la télévision ou un outil comme l’Internet, mais plutôt l’abandon d’un enfant face
à ce type d’outil. Quels vont être ses modèles de référence si aucun adulte ne l’encadre ? Dans le scénario, Gary s’était fait volé sa veste avec un GSM et un MP3.
Le spectacle abordait ses peurs, ses angoisses et sa tristesse, mais montrait comment il pouvait attirer chez lui son voisin de son âge pour le voler à son tour. Gary
disait : « on me l’a fait ; je le fais à un autre... ». »
« Tête à Claques, reprend Dominique Renard, animatrice et comédienne au sein
de la troupe, fut initiée par une réflexion de mon fils. Un jour, je lui demandais ce qu’il
avait fait à l’école. Il m’a raconté qu’il s’était bien amusé, qu’il avait mis avec d’autres un copain dans une poubelle. Je m’étonnais, me fâchais, quand son grand frère
m’a dit qu’il faisait exactement la même chose il y a quelques années, et que certains ne demandaient pas mieux. Etre victime semblait pour eux un rôle que certains
pouvaient accepter, une manière d’être dans le groupe. Cette idée est devenue une
piste que nous avons exploitée dans différents milieux scolaires. Est-il vrai que, d’une
génération à l’autre, un groupe social a besoin de se trouver une victime expiatoire ?
Si oui, pourquoi ? Quel est le « regard social » de l’institution face à ce problème ? »
Autour de cette première réflexion s’en est ajoutée une seconde, liée à une série de faits divers apparus dans la région d’Amay. « Il y a quelques années, rappelle
Jean Lambert, il y a eu douze incendies criminels visant des bâtiments publics. La
police a finalement arrêté un adolescent qui a reconnu être responsable de la moitié de ces faits. Quand la police lui a demandé : « pourquoi ? », cet adolescent a
répondu qu’il en avait envie. Cette réflexion sur l’acte et sa motivation – Pourquoi
tu frappes ? Quelle blessure peut pousser à agir de la sorte ? – a rejoint notre travail initial sur la « tête à claques ».
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LIRE
Si je ne frappe pas…
Le travail d’animations a été réalisé en plusieurs endroits,
notamment dans différents groupes sociaux très différents de
la région de Dieppe, dans le Nord de la France. « Il ne s’agissait
pas d’animation ponctuelle, mais d’un travail dans la durée »,
reprend Dominique. « On se voyait une première fois, puis chacun – nous sur Liège, eux en milieu scolaire – travaillait de son
côté, avant de se revoir, de confronter ses développements, et
avancer de nouveau dans la réflexion. Certains groupes entrent
dans ce type de mise en jeu plus facilement que d’autres, l’objectif étant de permettre à chacun de trouver une expression
par rapport à l’idée de départ de la « tête à claques ». Dans certaines classes, par exemple, un gamin va finalement vous dire :
« si je ne frappe pas, les autres se moqueront, ou, si je ne frappe
pas, je risque de prendre sa place, etc. »
Philippe Vienne, Comprendre
les violences à l’école,
Bruxelles, De Boeck, 2003
Violences à l’école; neuf
approches qualitatives,
Philippe Vienne, La Matière et
l’Esprit, n° 3, Novembre 2005
Thomas d’Ansembourg,
Cessez d’être gentil, soyez
vrai, Editions de l’Homme,
janvier 2001
Revoir des visages revivre
Un groupe était composé d’une classe d’adolescents difficiles, issus d’un milieu particulièrement délicat. « J’avais,
l’impression d’avoir devant moi des enfants avec lesquels je
ne pourrais tirer aucune expression, se souvient Jean Lambert, un groupe vide, ennuyé d’être là. J’ai eu un peu peur. Ce
n’était pas une peur physique, mais une peur née d’un malaise profond devant ce qui me semblait n’être que du néant.
Organisée de manière très traditionnelle, cette classe ne permettait aucune communication. Je ne savais que proposer
quand j’ai dessiné au tableau cette classe, vue de haut. J’ai
demandé : « Qu’est-ce que c’est ? » Du fond de la classe, les
professeurs m’interrogeaient du regard, cherchant à comprendre. Puis un enfant a dit : « C’est le décor. » Je lui ai répondu : « Juste. C’est le décor. » Cette réponse l’a encouragé. Ils ont commencé à se voir, à se montrer, puis ils ont
compris l’inadaptation de l’environnement, l’impossibilité de
communiquer et nous avons continué ce travail, dans la salle
de gym. Pendant deux heures, ils ont parlé, raconté, participé à des jeux d’écriture sans sortir pour aller en récréation,
ce qui impressionna le personnel enseignant. Ce jour-là, j’ai
vu du sang se remettre à circuler et des visages revivre. »
« Ils nous ont raconté des choses incroyables, la trame de notre spectacle », enchaîne Dominique Renard. « Avec eux, nous sommes passés du discours à des
mises en relation avec des poupées. Ils jouaient des scènes avec ces poupées. Au
départ, elles encaissaient surtout les coups. Et puis, on leur a offert cette poupée :
elle était l’objet incongru, l’élève qui ne réagit pas, qui encaisse, mais elle était à eux
et ils devaient l’intégrer. Cela les a fait rire. Puis ils se sont pris au jeu, s’en occupant
aux cours, dans la cour de récréation ou au réfectoire. La classe a dû travailler collectivement, être solidaire et responsable. C’était une des premières fois depuis
longtemps que ces enfants portaient des responsabilités et communiquaient. Ils
ont épaté tout le monde : nous, les professeurs, mais aussi leur directeur. »
Apprendre à communiquer
Cette histoire pourrait intéresser Thomas d’Ansembourg, conférencier et auteur d’ouvrages sur la Communication Non-Violente. « J’étais avocat, explique celui-ci. La violence et l’enfance m’intéressaient, mais comme avocat, je me trouvais
en aval des situations : je parlais de conflits, de scènes de violence que j’essayais
de comprendre ou de défendre, mais je ne pouvais pas agir. J’étais convaincu qu’il
y avait derrière ces gestes de violence des manques d’écoute et d’expression. Ces
manques entraînaient des frustrations qui explosent ou implosent : dans un cas,
je frappe ; dans l’autre, je m’enferme dans la dépression ou, pire, le suicide. L’acte
de violence est pour moi l’expression tragique de certains besoins. »
La solution serait-elle simplement d’apprendre à communiquer. « Oui, reprend
d’Ansembourg, mais vous ne pouvez communiquer avec l’autre si vous n’êtes pas
capable de prendre conscience de qui vous êtes. Chaque être doit d’abord se découvrir. Le problème de l’apprentissage scolaire en Belgique est que, bien
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TÊTE À CLAQUES
De tout temps, pour vaincre leurs angoisses, pour
combler leurs frustrations, pour renverser leur sentiment d’impuissance, les humains ont éprouvé le besoin
de désigner en leur sein une victime expiatoire. Un être,
une famille, un groupe social sur lequel les hommes se
donnent l’autorisation d’exercer un pouvoir absolu. Des
parties d’eux-mêmes qu’ils sacrifient, qu’ils humilient,
torturent, massacrent.
Même si les mécanismes sociaux et politiques de
solidarité mis en place à différentes époques en
réaction à la barbarie semblaient pouvoir éradiquer
ce phénomène, il ne disparaît pas.
A travers l’histoire de jumeaux mis au ban de la
société, Tête à claques, création théâtrale des Ateliers
de la Colline, dévoile les causes probables d’actes intolérables posés par des jeunes gens en détresse.
La question des violences scolaires traverse ainsi le
dernier spectacle des Ateliers de la Colline, considéré
aux dernières Rencontres de Huy, par la presse et le
public, de manière unanime, comme « le » spectacle de
l’année. Ce spectacle sera présenté dans de nombreuses
écoles de la Communauté française. Une des
faiblesses actuelles du système « Théâtre à l’école » est
de ne pas pousser les organisateurs à présenter ce type
de spectacle en tout public, hors circuit scolaire. Si vous
avez l’occasion de le voir, courez-y ! Si le programmateur de centre culturel de votre quartier, ville ou village,
ne l’a pas programmé, demandez-lui des comptes !
Ateliers de la Colline. Tél. 04 336 27 06 – 0498 86 55 24
/ www.actc.be
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souvent, l’école ne vous apprend pas à
vous connaître et à vous respecter. L’école doit remettre l’homme au cœur de
ses préoccupations. Aujourd’hui, elle
enseigne l’entraide ou la solidarité, mais
comment prendre conscience de l’autre
si je n’ai aucune idée de qui je suis. »
Un lieu pour vivre et non survivre
Sans prétendre que la société
actuelle est plus violente aujourd’hui
qu’hier, Thomas d’Ansembourg, pointe
une perte plus profonde du sens. « Quel
futur la société offre-t-elle à de nombreux jeunes ?, insiste-t-il. Quels modèles
donne-t-elle ? Certains voient leurs
parents sans travail ; d’autres les voient
divorcer ; d’autres ne les voient jamais
car ils travaillent tout le temps. Pourquoi
l’adolescent irait-il sagement à l’école
puisque le modèle proposé lui semble
sans grand intérêt. L’adolescent n’aime
pas sa place, mais il ne voit pas ce que
l’enseignant peut lui offrir et il ne veut pas
la place de son père non plus, car il voit
comment celui-ci vit. C’est très différent de ce que vivait la génération
précédente car, à l’époque, une norme était posée. L’autorité te disait de
faire ceci ou cela. Tu obtempérais ou tu refusais, mais tu savais par rapport à quoi tu te situais. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus lâche : les
adultes ont des rôles à reprendre. Avons-nous suffisamment cherché et
assumé le sens de nos pensées, de nos actes et de nos choix d’adultes?
Les adolescents aiment s’identifier à des modèles : mais nos vies d’adultes sont-elles inspirantes pour un ado ? »
Philippe Vienne conclut en relevant que la violence n’est pas égalitairement répartie, s’inscrivant davantage dans des zones urbaines économiquement sinistrées. « Tout le monde s’inquiète, mais quand se posera-t-on la question de l’organisation de notre système scolaire dans
son ensemble ?, insiste-t-il. Derrière la violence scolaire, se cache l’école. Le système actuel produit des exclusions. La véritable violence
commence avec la relégation. Quand des enfants aboutissent dans ces
filières de fin de parcours, ils arrivent au bout d’une dégringolade. Ces
enfants n’arrivent pas là par hasard, ils sont souvent issus du monde populaire ou sont descendants d’immigrés. Pour eux, au-delà du mur de
cette école, il n’y a rien. Pas d’avenir, pas de travail, pas de futur, pas de
communication ou de choix, rien que du vide. Dans ces filières-là, on
n’éduque pas, on vous occupe. Quand on ne vous occupe pas, on vous
garde. Ces écoles sont d’ailleurs plus proches d’une prison que d’autre
chose. Fermées sur elles-mêmes, sans contact avec le monde, comment peuvent-elles permettre à un adolescent d’y rêver d’un projet de
vie? La violence devient pour lui la seule chose qu’il lui reste pour
gagner un peu de prestige. Comment voulez-vous que de temps à
autre elles ne se mettent pas à flamber ? Si la banalisation de cette violence est inacceptable, les dérives qui l’engendrent sont intolérables.
Notre société doit faire de l’école un espace où l’élève a le sentiment de
vivre et non de survivre, laisser à chacun ne fût-ce que l’espoir. »
CONFÉRENCES
THOMAS D’ANSEMBOURG
« AVONS-NOUS
SUFFISAMMENT
CHERCHÉ ET
ASSUMÉ LE SENS DE
NOS PENSÉES, DE
NOS ACTES ET DE
NOS CHOIX
D’ADULTES ? NOS
VIES D’ADULTES
SONT-ELLES
INSPIRANTES POUR
UN ADO ? »
Parents - enseignants face
à la « violence » des enfants
par Philippe Beague, psychologue,
psychanalyste, Président de
l’Association Françoise Dolto.
Le jeudi 15 novembre 2007
à 20h à la salle des fêtes de l’Ecole
Communale Active de Laveu,
rue de Laveu 54-56 à 4000 Liège.
Renseignements : Monsieur André
Meert (Association de Parents) :
0476 69 23 69
Violence dans les écoles...
tous concernés !
par Philippe Beague, psychologue,
psychanalyste, Président de
l’Association Françoise Dolto.
Le 22 novembre 2007 à 19h30 à la
Bibliothèque Provinciale Léon Losseau,
rue de Nimy 37 à 7000 Mons.
Réservation souhaitée au 065 31 84 09
ou 065 31 35 53
Prochaines conférences
de Thomas d’Ansembourg :
Attentes et Doutes d’Ados :
pour qui la crise ?
le 25 septembre à 20h, chapelle
de l’Institut St-Jospeh, Carlsbourg,
infos 061 53 43 77
Offrir des racines non-violentes
à nos enfants
le 22 novembre à 19h, salle Malraux,
place Félix Clouêt des Pesruches,
59831 Lambersart (France), infos
www.ville-lambersart.fr
RENÉ SÉPUL – PHOTOS CICI OLSSON
EN CAS DE VIOLENCES SCOLAIRES
_ Allo info familles : 02 513 11 11 / www.alloinfofamilles.be
Service d’accueil et d’écoute téléphonique qui résulte de la collaboration entre
la Ministre de l’Enfance, la Ligue des Familles et l’Ecole des Parents et des
Educateurs.
_ Ecole des Parents et des Educateurs / www.ecoledesparents.be
Créée en 1949, l’Ecole des Parents et des Educateurs a pour vocation de
soutenir la confiance de ceux-ci dans leurs compétences éducatives afin de
promouvoir leur responsabilité dans leur fonction parentale et éducative au
sein de la société.
_ Association Françoise Dolto : 02 731 95 72 / www.francoise-dolto.com
Son rôle est le soutien des professionnels de l’enfance dans leur vécu professionnel quotidien.
Vous trouverez tout l’agenda des
formations et conférences de Thomas
d’Ansembourg sur le site
www.thomasdansembourg.com.
Infos sur la Communication
NonViolente : www.cnv-europe.org.
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Ugo : doublure de parka en fourrure et chemise kaki IKKS. T-shirt à longues manches
Zadig & Voltaire. Pantalon baggy Pepe Jeans. Boots fourrées Tatoosh.
Marie : combishort en jean Dino e Lucia. Gilet brodé en peau retournée Antik Batik.
T-shirt tunisien Zadig & Voltaire. Bottes Sanita.
Lampe « écureuil » et hérissons en peluche Bonton Bazar.
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Ugo : jean gris Maje. Chemise à rayures et pull V
en cachemire Dino e Lucia. Boots Zadig & Voltaire.
Marie : robe en maille grise Maje. Slim blanc Dino e Lucia.
Collier Taty Divine. Sabots argentés Kartskoga.
Lapins en peluche Bonton Bazar.
Antik Batik, chez Claude Hontoir,
14 place Brugmann,
1050 Bruxelles, tél. 02 346 59 47
Burberry, 29 Schuttershofstraat,
Antwerpen, tél. 03 232 21 58
Bonpoint, 74, avenue Louise,
Bruxelles, tél. 02 502 44 80
Bonton Bazar, 122 rue du Bac,
75007 Paris, tél. 00 33 1 42 22 77 69
Dino e Lucia, chez Monkey Square,
206 rue Washington,
1050 Bruxelles, tél. 02 347 51 79
IKKS, points de vente 050 79 22 31
Jean Bourget, points de vente
00 33 2 41 75 97 59
Kartskoga, points de vente
00 33 8 71 75 79 10
Levi’s, points de vente
00 33 3 21 23 98 74
Maje, 950 E chaussée de Waterloo,
Bruxelles, tél. 02 375 45 04
Minnetonka, points de vente
00 33 8 71 75 79 10
Pepe Jeans, Zilverpand, 28
Noordzandstraat, Bruges
Sanita, points de vente
00 33 8 71 75 79 10
Tatoosh, points de vente
00 33 1 42 71 60 10
Taty Divine, www.tatydivine.com
Zadig & Voltaire, 80 avenue Louise,
Bruxelles, tél. 02 502 54 93
Ugo : veste en velours mille raies Dino e Lucia.
T-shirt Bonpoint. Chemise Maje. Jean Pepe Jeans. Bottes Minnetonka.
Marie : gilet en agneau de Mongolie Antik Batik. Robe marron Burberry.
Slim Dino e Lucia. Sabots Kartskoga. Lampes « champignons »
et masque « ours » en peluche Bonton Bazar.
PRODUCTION PASCALE RENAUX
PHOTOGRAPHE KURT STALLAERT
MAQUILLEUSE NATHALIE DE HEN
MANNEQUINS MARIE ET UGO
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PORTRAIT
MES VAGABONDAGES, L’ŒIL OUVERT
BETTY LE HODEY, MÈRE DE FAMILLE
Mère de famille nombreuse, Betty le Hodey a participé dès les lendemains de la guerre aux diverses luttes
visant à une meilleure reconnaissance de la mère et de
la femme dans la société belge. Proche des populations fragilisées
Tout au long de ma vie, cette question du regard – celui que vous posez sur
l’autre, celui que l’autre vous renvoie –, est restée fondamentale. Le regard
vous dit si quelqu’un peut aimer. Le regard vous raconte les détresses et les
bonheurs, la solidarité ou la solitude. Le regard est la fenêtre de l’âme.
Après la politique, j’aime dire que j’ai vagabondé. J’ai vagabondé de cette
maison à d’autres, à la recherche de lieux où circule l’intelligence et où l’on est
capable de vous donner un supplément d’âme. J’ai fait de ma maison une
maison ouverte, a home, comme disent les Anglais, un lieu où les gens de
passage se sentent chez eux. Un lieu ouvert à ma tribu, mes amis, les enfants,
les amis des enfants et des petits-enfants. Un lieu de rencontres où voyage un
peu de chaleur dans un monde qu’il est parfois difficile de comprendre.
Une femme qui a connu la guerre ne vous dira jamais que le monde de son
enfance était plus beau que celui d’aujourd’hui. J’aime notre époque. C’est
une époque formidable même si je refuse cette idée d’une civilisation mondiale
que certains veulent nous vendre où l’individu ne trouverait son bonheur qu’en
pensant à lui. Nous vivons une époque intéressante, ouverte, mais nous
devons rester vigilants. Cette aventure qu’est la vie ne peut être belle que si
chacun reste attentif à celui qu’il croise. Chacun a des responsabilités vis-àvis de l’autre. Chacun a des gestes à poser, au quotidien. A tous âges, il faut
rester capable d’offrir ce regard dont je parlais… »
pendant le conflit, elle appartient à la génération qui a ensuite reconstruit le
pays. Militante, elle fut active dans la modernisation du mouvement des Guides
catholiques de Belgique pendant les années 60, avant d’ouvrir une section
« femme » au Parti Social Chrétien (PSC), un parti où elle initia la campagne
Votez Femme, à une époque où il fallait convaincre les femmes d’entrer dans
les conseils communaux.
Sur ces « combats », Betty le Hodey juge les avancées considérables,
même s’il reste un chemin important à parcourir pour qu’une femme puisse,
au long de sa vie, cumuler les bonheurs d’« être mère » et de « faire carrière ».
« J’aime le mot regard. Quand j’ai rencontré mon époux, en pleine guerre, il
y eut d’abord, entre nous, un échange de regards. Nous n’avons pas eu besoin
de plus pour nous comprendre. Nous nous sommes parlés, à cet instant-là,
d’une âme à l’autre. Un amour profond s’est ensuite construit entre moi et cet
homme d’une tendresse remarquable.
PHOTO CICI OLSSON - STYLISME DIDIER VERVAEREN - TEXTE RENÉ SÉPUL - BEAUTÉ FLORENCE SAMAIN
Robe cape en jersey de laine Véronique Branquihno (en vente chez Stijl, tél. 02 512 03 13).
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Le jardin sec du temple
Kongobuji à Koyasan, le
plus grand du Japon, figure
une paire de dragons
émergeant d’une mer de
nuages et montant la garde.
Les dragons sont composés
de 140 pièces de granit
provenant du Shikoku et de
sable blanc de Kyoto.
JAPONFUSION
Dans le quartier sud
d’Osaka, la ruelle Dotonbori
longe le canal et regorge de
salons roses, de bars de
karaoké, de halls de
patchinko, de restaurants
et de bars bon marché.
D’Osaka à Tokyo, la mégalopole où pas un klaxon ne résonne, en passant par Kyoto ou Nara, anciennes capitales impériales
où les folies architecturales et vestimentaires des nouveaux quartiers côtoient des temples de bois parmi les plus beaux du
monde. Jardins minéraux ou végétaux inspirés par le bouddhisme zen. Japon d’hier et d’aujourd’hui entremêlés.
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Aux antipodes de l’Occident bien qu’il en subisse l’influence, le Japon, par son
extraordinaire capacité d’adaptation, fait fusionner sans cesse modernité et tradition.
Chaque printemps est l’occasion pour les Japonais de se rappeler la diversité géographique de leur pays en
suivant grâce aux médias l’avancée du sakura zensen, le front des cerisiers qui depuis les pôles subtropicaux d’Okinawa remonte vers le nord. Car la nature joue un grand rôle dans la conscience nationale, dans les villes et dans les
campagnes qui suivent le cycle annuel des matsuris ou festivals, fournissant aux Japonais de tous âges l’occasion
de revêtir leur kimono. Etonnante fusion entre l’Orient et l’Occident, un prêtre zen en discussion sur son portable, une
serveuse s’inclinant à la porte de la tour Prada, des néons aux idéogrammes scintillants, un sanctuaire à côté d’un
practice de golf sur le toit d’un grand magasin. Dans cette nation parmi les plus actives et les plus industrialisées au
monde, femmes et hommes prennent encore le temps de brûler de l’encens pour honorer leurs morts et leurs dieux.
Nouveaux immeubles de bureau dans le
quartier Shiodoma de Tokyo, au bord de
la rivière Sumida. / Yoshimitsu, le troisième shogun Ashikaga se fit moine à 37
ans, renonçant à ses devoirs officiels
mais pas à son pouvoir et édifia le
pavillon d’or pour abriter ses retraites.
A Nara, les corridors latéraux du sanctuaire vermillon Kasuga sont remplis de
lanternes en bronze et entourés par un
étroit bosquet vert. / Tokyo semble recéler
dix, vingt, cent villes différentes. Il suffit de
prendre le métro pour passer du 18e au
21e siècle, de l’Orient à l’Occident.
Osaka, la trépidante
de statues, de troncs votifs, de monuments et de tombeaux. Des cèdres vieux
de plusieurs centaines d’années dominent ci et là de petites statuettes aux
bavoirs rouges de Jizo, bouddha protecteur des enfants malades et des
femmes enceintes.
Notre hôtel se trouve face à la gare. Entrée immédiate dans un autre
environnement : l’entrée de la gare mène tout autant dans la rue que dans
un grand magasin où, parmi la multitude de boutiques, un étage entier est
consacré au matériel électronique, un autre à la restauration avec des
établissements traditionnels aux sols de tatamis. En sous-sol, une multitude
de gargotes et de bars à sushi. L’importance d’Osaka remonte à la construction de son château, en 1586. Il fut plusieurs fois reconstruit depuis.
Devenue dans les années 1920 et 1930 une usine géante, la ville abrite
aujourd’hui des galeries, des hôtels internationaux et des quartiers d’habitation futuristes. Sa vie nocturne et sa pléthore de restaurants l’ont rendue
célèbre. Partout, des jeunes filles habillées en poupées mangas, hyper
fardées, des garçons, cheveux hirsutes et, partout, les façades de néon des
halls de patchinko, jeu proche du flipper, la distraction la plus populaire du
Japon. Les joueurs achètent des billes d’acier qu’ils introduisent et projettent
dans un circuit vertical afin de gagner d’autres billes; ces dernières sont
troquées contre un prix (les jeux d’argent sont interdits) qui à son tour peut
être échangé contre de l’argent, dans un petit magasin voisin. Ces halls
existent par centaines dans les villes japonaises.
Départ en train vers Himeji pour y découvrir son château surnommé « le
héron blanc ». Construit sur un promontoire escarpé, le plus grand des
douze châteaux féodaux du Japon domine la ville. Akira Kurosawa l’utilisa
pour les scènes d’extérieur de Kan, en 1985. Un long corridor donne accès
à la tour des vanités, demeure de la princesse Sen (1597-1667) et de ses
dames, qui était fermée et gardée chaque nuit.
Nara, berceau du Japon
Départ en train vers Nara, livre d’histoire à ciel ouvert et berceau de la
culture japonaise. Fondée en 710 sur la plaine de Yamato, Nara fut la première
capitale du Japon. Cette cité ancienne est entourée de collines boisées, de
temples ceints de parcs et de quelques-uns des plus anciens bâtiments en
bois du pays. Nous louons des vélos pour sillonner cette ville paisible et verdoyante. Le temple Horyu-ji est considéré comme le berceau du bouddhisme
japonais. Dans le temple du Todai-ji, le plus grand bâtiment de bois au monde,
la statue du Grand Bouddha Vairocana de 16m de haut n’a presque pas été
altérée par le temps. Le Grand Sanctuaire Kasuga, selon les principes de
pureté et de renouveau shinto, fut démoli et reconstruit sur le même modèle
tous les 20 ans, processus interrompu en 1863. Les rues et les allées boisées
qui accèdent à ce sanctuaire vermillon s’ornent d’environ 3000 lanternes de
bronze et de pierre. Des bannières souhaitent au promeneur une vie longue et
heureuse. Elles portent également le nom des donateurs et indiquent combien
ils ont donné pour soutenir le sanctuaire ou payer les lanternes.
Kyoto l’impériale
Ancienne capitale impériale, Kyoto fut fondée en 794 sous le nom d’Heiankyo (capitale de la paix et de la tranquillité) et fut copiée sur Chang-an, ville
chinoise de la dynastie Tang. Le site, bordé sur trois côtés par des montagnes
et traversé par une rivière qui s’écoule du nord au sud fut considéré comme
idéal par l’empereur Kammu.
La culture de Kyoto, c’est un amalgame d’influences diverses, dont les
premières et les plus importantes furent exercées par la cour impériale et la
noblesse, suivies des samouraïs, adeptes du bouddhisme zen et de la cérémonie du thé. Les marchands aussi marquèrent la cité de leur empreinte, en
particulier les tisserands de soie de Nishijin. Au cours de l’ère Edo (1600-1868),
Kyoto perdit officieusement son statut de capitale, disgrâce officialisée en
1868 au profit d’Edo (Tokyo) où le pouvoir gouvernemental fut transféré.
Il faut se perdre dans les rues écartées, explorer les temples et les quartiers
excentrés pour découvrir les trésors de Kyoto. Balade dans le charmant quartier
Koyasan, le mont sacré
Situé entre des bouquets de cèdres noirs, à une altitude de 900 mètres,
le mont Koya ou Koyasan est le centre spirituel de la secte bouddhiste ésotérique Shingon qui fut établie par un bonze nommé Kukai il y a environ
1200 ans. Durant l’ère Edo, la montagne abrita près de mille temples mais,
après les typhons et les incendies, il n’en reste que 123.
Le jardin sec du temple Kongobuji, le plus grand du Japon, figure une
paire de dragons émergeant d’une mer de nuages et montant la garde. A
quelques pas, l’ensemble magnifique du Danjogaran dont l’édifice le plus
ancien, le Fudodo (salle Fudo) fut construit en 1197. Tout proche, le
Kompon Daito, impressionnante pagode d’un étage vermillon et blanc. Au
centre du Danjogaran, un pin isolé attire bon nombre de Japonais, à la
recherche de branches de pin à trois aiguilles car, selon la légende, Kukai
aurait lancé un couteau à partir de la Chine pour délimiter l’endroit où il
allait installer son temple et aurait coupé une aiguille de pin en deux. En fin
d’après-midi, nous rejoignons notre lieu de séjour, le monastère Sekisho-in
où un délicieux repas végétarien nous est servi. Fermeture des portes dès
22 heures, le temps de découvrir notre chambre couverte de tatamis. Pas
de lit, le futon, matelas très mince, est rangé dans un placard avant
d’être déroulé pour la nuit. Le matin, au lever du soleil, nous assistons à la
cérémonie de prières des moines avant un petit-déjeuner végétarien composé de potage, de tofu de sésame, de légumes et de thé vert.
Dans la partie est du lieu sacré de Koyasan, s’étend une nécropole de
200 000 tombes L’allée pavée qui conduit au mausolée de Kukai est flanquée
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L’architecture militaire aux lignes esthétiques du château de Jimeji en fait l’un des fleurons du château de samourai. / Il n’existe pas au Japon de vision urbanistique. La ville
japonaise n’est qu’une somme de petites unités qui coexistent sans se toucher.
Un vieillard en kimono à la sortie du métro du parc d’Ueno : le Japon par son extraordinaire
capacité d’adaptation fait fusionner sans cesse modernité et tradition. / Le temple Horyu-ji
de Nara, considéré comme le berceau du bouddhisme japonais, comporte quelques-unes
des structures de bois les plus anciennes du monde et est classé Patrimoine mondial de
l’Humanité.
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Dans la partie est du lieu sacré de
Koyasan, s’étend une nécropole de
200 000 tombes. Pyramide de
tombes protégées par des statues
au bavoir rouge de Jizo, bouddha
protecteur des enfants malades et
des femmes enceintes.
Ginza, le quartier le plus
cher de Tokyo : de son grand
carrefour, Ginza Yon-Chome,
démarrent de larges avenues et une
enfilade de magasins de luxe.
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de Pontocho : coincé entre la rivière Kamo et le canal Takasegawa, il conserve encore les ochaya de bois traditionnelles,
sortes de pavillons de thé où les geishas reçoivent leurs clients. Du début juin à la mi-septembre, les restaurants de
Pontocho côté rivière installent des yuba, terrasses surplombant le canal parallèle à la rivière Kamo. C’est sur l’une
d’entre elles qu’au crépuscule, nous dégustons un délicieux menu de fruits de mer et de sushi.
Le lendemain, nous passons à l’attaque du château de Nijo, sobre et dénué des grandioses fortifications qui
parent les châteaux japonais. Il est réputé pour ses pièces au décor exceptionnel et aux planchers « rossignol »,
conçus pour trahir les intrus en émettant un grincement évocateur d’un cri d’oiseau au moindre pas.
Constitué de 15 rochers divisés en cinq groupes, le jardin sec du Ryoan-ji ou temple du dragon pacifique, est un
paysage qui change au fur et à mesure que l’on avance. Il est d’ailleurs impossible, quel que soit le point de vue,
d’embrasser plus de 14 rochers à la fois. Rattachés aux temples bouddhiques zen, ces jardins secs, aux pierres
sélectionnées avec soin, et disposées au cœur d’une étendue de sable ratissé, invitent à la méditation.
Nous progressons vers le célèbre pavillon d’or, le Kinkaju-ji. Yoshimitsu (1358-1408), le troisième shogun Ashikaga
édifia cet endroit pour abriter ses retraites. Un chemin ombragé débouche sur un beau jardin à l’extrémité duquel se
dresse le pavillon. La gracieuse structure de deux étages, entièrement recouverte de feuilles d’or, est surmontée par
un phénix de bronze. Dans le jardin zen du Jisho-ji, ou pavillon d’Argent, un cône de sable émerge au cœur d’une mer
de sable dont les rythmes évoquent les vagues caressées par la lune.
Fin d’après-midi à vélo, nous pédalons lentement le long de la promenade des philosophes, l’un des endroits les plus appréciés de Kyoto.
Le chemin suit un canal bordé de cerisiers serpentant au pied des
superbes monts Higashiyama. Fin de la promenade dans le quartier de
Gion, le quartier réputé des geishas, des ochayas et des bars à karaoké.
Le long de la rivière Kamo des hérons blancs errent au bord de l’eau.
Le lendemain matin, visite du sanctuaire de Heian. Décoré de piliers
vermillon et de tuiles vertes, puis, dernière étape à Kyoto, le temple
Kiyomisu sur pilotis de bois. Depuis plus de mille ans, les pèlerins gravissent la pente qui mène à la déesse Kannon aux onze têtes, pour prier
et boire l’eau de la source sacrée.
Le soir, nous déambulons dans la gare de Kyoto, conçue par Hara
Koji et inaugurée en 1997. Ensemble aérodynamique d’espaces élancés
et d’escaliers découverts, elle offre un accès futuriste à l’ancienne capitale impériale.
Tokyo, des villes dans la ville
Nous partons pour Tokyo par le train super express « Shinkanzen »,
équivalent de notre Thalys.
Hyperindustrialisé au point d’être devenu la seconde puissance économique du monde, derrière les USA, le Japon a néanmoins pu préserver
çà et là des îlots de tradition, de calme et de culture qui s’intègrent à la vie
moderne. Ainsi, à Tokyo, chaque quartier possède son petit sanctuaire où
l’on se rend pour faire des offrandes aux divinités (kami). Pourtant avec
plus de 126 millions d’habitants pour moins de 380 000 km2, le Japon a
l’une des densités les plus fortes des pays industrialisés. Avec sa banlieue,
Tokyo forme la plus vaste mégapole du monde.
Bien qu’elle soit l’une des principales places financières de la planète, Tokyo est organisée comme un village, divisée en arrondissements
ou plutôt en quartiers, les Ku. On travaille à Harajuku, on dîne à Shinjuku,… Il existe ainsi une dizaine de centres ayant chacun sa personnalité, sa fonction et ses habitants qui se transforment parfois de façon
radicale selon les heures. Roppongi est le quartier des étrangers tandis
qu’Asakusa imprégnée de tradition fleure bon le tatami et la bambou.
On peut encore citer Harajuku, le quartier des adolescents. A Tokyo, il y
en a pour tous les goûts et à tous les prix. Il n’existe pas ici, à l’inverse
des grandes villes européennes, de vision de la ville, de volonté directrice pour ordonner les perspectives. La ville japonaise n’est qu’une
somme de petites unités qui coexistent sans se toucher.
Quartier Shinjuku, quartier ouest de la ville là où se trouvent de
nombreux gratte-ciel illustrant la richesse corporative de la capitale.
Première approche via la Mairie de Tokyo, immense complexe de 48
étages construit par l’architecte Tange Kenzo et inauguré en 1991 et
duquel on peut voir, par temps clair la baie de Tokyo et le mont Fuji. Mais
Tokyo est un chantier permanent. En 2003, un pan entier du quartier de
Roppongi a été reconstruit autour de la massive Tour Mori, temple de la
consommation et du luxe. Tous les grands noms du luxe français y sont
en effet représentés : Vuitton y a inauguré le concept de bar à sacs : on
s’assied et on se fait apporter des sacs comme s’il s’agissait de consom-
L’immense complexe de la mairie de
Tokyo est composé de deux tours et
d’une place semi-circulaire; les façades
au décor en treillis évoquent à la fois
l’architecture traditionnelle et les circuits
électroniques. / Le temple Ryoan-ji, fondé
en 1450, est célèbre pour son jardin sec,
composition de sable blanc et de 15
pierres, considéré comme l’expression
suprême du bouddhisme zen.
mations. A peine la Mori Tower terminée, c’est Omosesando qui a pris le relais en
faisant appel aux plus brillants architectes internationaux pour donner un écrin aux
créations des grands noms de la mode. Des dizaines de bâtiments jouant sur la
transparence, les textures et les matières ont donné à ce quartier déjà ultra branché une touche de folie unique...
Entre le quartier Shinjuku et le quartier Shibuya, changement de perspective
avec la visite du Sanctuaire Meiji. Au sein du parc Yoyogi, l’un des plus vastes de
la ville, dans le jardin Meiji Jingu Gyoen, repose le Meiji Jingu, sanctuaire achevé
8 ans après la mort de l’empereur Meiji, en 1920, pour faire entrer le monarque au
panthéon des divinités shintoïstes. Le Torii, portique sous lequel on passe pour
arriver au sanctuaire est taillé dans un bois vieux de 1700 ans. A l’entrée, des fûts
de saké de différentes marques alignés offerts par différents fermiers au sanctuaire.
Au nord de Tokyo, le parc d’Ueno est parsemé de musées. La Galerie des trésors
d’Horyuji, pavillon contemporain construit par l’architecte Taniguchi Yoshio abrite
une magnifique collection de bouddhas importée de Chine. Bouddha représenté
dans les différents états de sa quête de la sagesse : avec la couronne et les bijoux
témoins de la condition humaine jusqu’au dénuement complet, à la neutralité
sexuelle, signe de son accès à la sagesse. Les yeux mi-clos, en balance entre la
vie réelle et la vérité personnelle. Dans une salle adjacente, de superbes masques
Gigaku utilisés dans les cérémonies bouddhistes.
Une rencontre, une ponctuation, celle de Claire Ghyselen, représentante de
l’AWEX à l’Ambassade de Belgique. Claire a connu le Japon à l’âge de 17 ans lors
d’un échange de jeunesse organisé par le Rotary. Et le Japon ne l’a plus quittée.
Au sud de Ginza, le quartier le plus cher de Tokyo, elle nous emmène au sommet
des tout nouveaux immeubles de Shiodoma. De là, la vue sur la rivière Sumida et
sur les nouveaux quartiers de la mégalopole est impressionnante. « Face à la
montée en puissance de la Chine, le Japon, nous dit-elle, garde tous ses atouts
grâce à la rigueur de ses chefs d’entreprise et à leurs codes de bonnes conduites.
Les Belges et les Wallons y ont un potentiel très fort, notamment dans des
produits à haute valeur ajoutée comme des logiciels de calcul ou les biotechnologies. On n’en parle pas assez ! »
Nous la quittons au grand carrefour de Ginza Yon-Chome d’où démarrent de
larges avenues tracées au cordeau et un impeccable alignement de magasins de
luxe. Nous nous engouffrons une dernière fois dans le dédale grouillant du métro.
Comme une foule de Japonais qui, pour la circonstance ont revêtus leurs kimonos
traditionnels, nous allons tenter de nous frayer une place pour assister au feu
d’artifice annuel d’Asakusa.
Le Groupe AIR FRANCE KLM propose jusqu’à 55 vols par semaine dont 41
vols AIR FRANCE et 14 vols KLM vers 3 destinations au Japon : Tokyo,
Osaka, Nagoya au départ de Bruxelles via Paris – cinq trains quotidiens au
départ de Bruxelles-Midi – ou via Amsterdam – 6 vols quotidiens au départ de
Brussels Airport. Pour de plus amples renseignements ou pour réserver, surfez sur www.airfrance.be, www.klm.be, contactez Air France au 070 22 24 66
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REPORTAGE RÉALISÉ PAR QUENTIN WILBAUX ET CHRISTIANE THIRY – PHOTOS QUENTIN WILBAUX
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Dans l’ensemble du Todai-ji
à Nara, la statue de 16 mètres
du Bouddha Vairocana nécessita
des tonnes de bronze fondu, du
mercure et de la cire végétale.
JAPON
FUTURISME ET TRADITIONS
Du 14 au 25 mai 2008, La Libre Essentielle vous invite à
découvrir les sites uniques d’un Japon riche en contrastes.
Partir au Japon, c’est changer d’espace et de temps, c’est accepter de
bouleverser ses repères…
Car même s’il a envoûté un nombre incalculable de voyageurs depuis
Marco Polo, ce pays n’en demeure pas moins énigmatique.
Entre futurisme et traditions « le Japon a la faculté de se transformer
dans une stupéfiante continuité ». Voilà sans doute ce qui le rend si fascinant dans notre époque mondialisée.
C’est en mai, au moment où les cerisiers sont en fleurs, que nous vous
convions à explorer ce Japon d’hier, d’aujourd’hui et de demain avec Tokyo
la trépidante, Kyoto, ancienne capitale de la période Heian, Osaka, 3e grande
cité du pays, Nikko, Kamakura ou encore l’île de Miyajima avec ses superbes
sanctuaires... A Koyasan vous logerez dans un authentique monastère.
Un itinéraire varié pour une expérience inédite.
PROGRAMME
Jour 1_14/5 > Bruxelles – Paris/Tokyo / Jour 2_15/5 > Tokyo
Jour 3_16/5 > Tokyo – Nikko –Tokyo / Jour 4_17/5 > Tokyo
Jour 5_18/5 > Tokyo – Kamakura – Kyoto / Jour 6_19/5 > Kyoto
Jour 7_20/5 > Kyoto / Jour 8_21/5 > Kyoto – Nara – Koyasan
Jour 9_22/5 > Koyasan – Osaka – Hiroshima
Jour 10_23/5 > Hiroshima – Miyajima – Hiroshima
Jour 11_24/5 > Hiroshima – Himeji – Osaka
Jour 12_25/5 > Osaka/Paris CDG – Bruxelles
POUR TOUTE INFORMATION
YC ART ET CULTURE
02 738 74 22 / [email protected]
Consultez notre site www.ycare.be
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1FARDS
B.a.-ba du parfait maquillage naturel pour
adolescentes en fleur, avec Sylvie Coussement, makeup artist Dior, et Giverny, notre mannequin d’un jour.
Grand nettoyage. « A l’adolescence, ont lieu beaucoup de changements hormonaux.
Le soin le plus important à cette période est le nettoyage, indispensable matin et soir,
même si l’on ne se maquille pas. Il permet d’éviter de garder des marques liées à des problèmes d’acné, comme des petites cicatrices ou des pores dilatés. Autant prendre les
bonnes habitudes le plus tôt possible, pour préserver le capital de sa peau. On conseillera
un démaquillant à l’eau qui va légèrement ouvrir les pores pour les nettoyer puis un
tonique qui va les resserrer. »
Histoire d’eau. « Mettre au moins une fois par jour une crème hydratante protectrice, c’est
déjà bien à cet âge-là. Si on répète le geste avant le coucher, c’est magnifique ! L’hydratation
est capitale pour retarder les premiers effets de la déshydratation que sont les ridules à 2025 ans. On ne fait pas toujours bien la différence entre hydratation et nutrition. L’hydratation
consiste à éviter que l’eau qui se trouve dans la peau ne s’évapore. La nutrition ne concerne
que les peaux sèches en manque de sébum. Qu’on ait une peau très grasse ou très sèche,
il faut toujours l’hydrater, lui donner à boire, sans nécessairement lui donner à manger. »
Teint de rose. « On peut utiliser un peu de fond de teint pour dissimuler les imperfections. Mais attention aux teintes trop foncées qui mettent les boutons en valeur au bout de
quelques heures. Mieux vaut choisir la nuance la plus proche de la carnation naturelle.
L’avantage aussi, c’est qu’il n’y a pas de raccord avec le cou. Après, si on veut un peu
foncer, on peut déposer un soupçon de terre de soleil. L’anti-cernes s’utilise après le fond
de teint, car il contient des pigments réflecteurs de lumière. Pour cacher les cernes et éventuellement unifier les paupières, on prend un ton plus clair. Pour les petits boutons, la couleur la plus proche possible de sa peau. Si on ne trouve pas tout à fait le bon coloris, on
peut mélanger un peu de fond de teint avec de l’anti-cernes, ce qui donne une matière plus
couvrante. Pour fixer le tout, une poudre transparente matifiante qu’on peut égaliser au
pinceau après l’avoir appliquée avec la houppette sur le visage. Un blush rose apporte
beaucoup de fraîcheur sur les pommettes : pour un fini velouté, opter pour une poudre à
appliquer de manière très légère; pour encore plus de naturel (des joues roses comme si
on avait couru), choisir un blush crème, très facile à étaler du bout du doigt. »
Regard pétillant. « Les ados ne s’épilent pas encore les sourcils en général, mais elles
peuvent les discipliner avec une brosse enduite d’un fixateur incolore. Pour les ombres, on
pose la couleur la plus claire sur toute la paupière. J’ai choisi un beige brillant très lumineux.
Un peu de rose juste en dessous des sourcils donne une touche de fraîcheur. Je trace une
ligne au crayon noir, universel, au ras des cils supérieurs, presque dans les cils. Cela forme
une petite ombre, comme un trait d’eye-liner en plus discret. Quand on appliquera le mascara, le crayon passera presque inaperçu mais donnera toujours plus d’intensité au regard.
La teinte du crayon peut être choisie pour mettre l’iris en valeur : pour les yeux verts, les
violines et prune; pour les yeux bleus, les coloris foncés comme le brun, le gris, le noir; pour
les yeux bruns, tout sauf les bruns pour éviter le ton sur ton qui peut durcir l’œil, donc des
bleus, des verts, du turquoise… Pour la pose du mascara, les ados ne savent pas comment
s’y prendre en général et ne maquillent que les pointes. On leur conseillera de pencher la tête
en arrière et de se regarder dans le miroir, en brossant bien les cils dès la racine. Elles peuvent
jouer la fantaisie avec un mascara de couleur si elles ne mettent que cela. Pour intensifier le
maquillage, le soir, ajouter un peu de khôl noir à l’intérieur de la paupière inférieure si on a de
grands yeux ou simplement épaissir le trait de crayon sur la paupière du dessus. »
Lèvres miroir. « La tendance des gloss convient très bien aux ados. Ils sont d’autant plus
intéressants quand ils évitent le dessèchement des lèvres. Si elles choisissent un rouge,
mieux vaut opter pour une texture transparente. »
ISABELLE BLANDIAUX – PHOTOS STEVEN LEDOUX
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t’invitent à un atelier maquillage le mercredi 10 octobre de 14 à 17h à Bruxelles. Programme de l’aprèsmidi : entourée de professionnelles, tu auras entre autres l’occasion de tester différents soins pour nettoyer
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C H O I X
Camarade Chosta
Une semaine à Paris
Ultra moderne solitude
Comment vivre ensemble ?
Si Grégoire Polet avait inscrit son
premier roman (remarqué) à Madrid
(Madrid ne dort pas), si le deuxième,
Excusez les fautes du copiste était
le portrait d’un seul homme (un
peintre raté), le troisième se situe à
Paris et multiplie les personnages,
une vingtaine. Qui, durant une
semaine, vont se croiser, se heurter,
s’aimer, se quitter. Livre choral, ce
roman est aussi une réflexion sur
l’amour et sur l’art.
Grégoire Polet, Leurs vies éclatantes,
Gallimard
« Je m’appelle Liz Dunn. Je n’ai
jamais été mariée, je suis droitière
et j’ai les cheveux roux foncé et
obstinément ondulés. Il se peut que
je ronfle ou pas : il n’y a jamais eu
personne pour me le dire. » Mais.
Un jour qu’elle venait d’épuiser son
stock de K7 mélos, un coup de
téléphone lui apprend que. Son fils
est hospitalisé. Son fils. Qu’elle a
abandonné à la naissance. Qui a
des visions. Par l’auteur de
Génération X. Douglas Coupland,
Eleanor Rigby, Au Diable Vauvert
Jean Hatzfeld sera probablement
hanté par le Rwanda jusqu’à la fin
de sa vie. La stratégie des antilopes vient conclure (?) sa trilogie
sur le génocide rwandais. Avec
Dans le nu de la vie, il avait recueilli
les récits des rescapés tutsis, avec
Une saison des machettes, ceux
des acteurs hutus. Avec La stratégie des antilopes, il fait entendre
des victimes et des bourreaux obligés de cohabiter sur les mêmes
terres. Bouleversant. Jean Hatzfeld,
La stratégie des antilopes, Seuil
MICHEL ZUMKIR
Ouverture sur le monde
Excellente idée que cette nouvelle collection
qui s’adresse aux enfants à travers leurs
parents ! On sait combien les enfants sont
curieux et posent des questions, parfois
embarrassantes à l’adulte, qui se réfugie alors
dans des réponses toutes faites. Après Les
maths et L’argent, voici Les arts premiers qui
ouvre à toutes les questions sur l’humanité, les croyances
et nos différences… Arts primitifs, arts populaires, arts
premiers, Michèle Coquet, Nathan, Biro Editeur, coll.
petit cours de rattrapage à l’usage des parents
Dvorák, éperdument
Bien sûr, l’ombre de ces
deux géants tant regrettés
qui avaient nom Sviatoslav
Richter et Rudolf Firkusny
planeront à jamais sur le
merveilleux Quintette op.
81 d’Antonin Dvorák…
Mais avec en prime un petit chef-d’œuvre bougrement attachant – les cinq irrésistibles Bagatelles
pour deux violons, violoncelle et harmonium –, la
nouvelle version gravée par Frank Braley et ses
complices du bien nommé Ensemble Explorations
tire allègrement son épingle du jeu. De l’émotion à
revendre, de la simplicité et par dessus tout peutêtre, ce lyrisme éperdu dont Dvorák avait le secret,
voilà du grand art amoureux… Un pléonasme ? Un
CD Harmonia Mundi 901880 D I D I E R C H A T E L L E
Porn Stars en orbite
Supplément d’âme
Quand une sculptrice « éveillée » est inspirée par des textes qui la traversent, ça
donne un merveilleux petit recueil où textes,
sculptures et dessins se répondent dans une
harmonie de cœur. Un livre-carrefour tissé
de belles rencontres entre l’auteur, les visiteurs de son exposition touchés par les messages, le
photographe qui a saisi l’émotion transmise par ses
œuvres de terre et de bronze et le graphiste qui les a
magnifiquement mis en page et en couleurs. Un régal
pour le regard, le cœur et l’âme… Les tablettes du
corps et de l’âme, Christiane Erard, info :
www.christianerard.com
Oubliez donc quelques
tonitruants ra(do)tages,
Dimitri Chostakovitch
vaut infiniment mieux que
sa réputation de fieffé
fonctionnaire de la double
croche ou de compositeur au pays des Soviets que
d’aucuns continuent de colporter. A preuve, son très
élégiaque Trio en mi mineur de 1944 et les superbes
Sept Romances sur des poèmes d’Alexandre Blok
que les musiciens réunis autour de Melle Plamena
Mangova – tiens, serait-ce le mois des
Elisabéthains ?! – défendent avec la ferveur la plus
communicative qui soit. « Il faut songer à la mort
pour mieux vivre la vie », disait-il. Message reçu.
Faites passer. Un CD Fuga Libera FUG 525
MAISON DE FAMILLE
Pottery Barn, c’est un peu l’équivalent de Gap, côté
ameublement. Traduction d’un titre publié par le
département Kids de la marque, ce joli livre propose
d’aménager sa maison dans un style pratique et gai
et d’adopter une philosophie du bien-vivre en
famille directement issue des idées de la pédagogie
Montessori, en plein come-back actuellement de
l’autre côté de l’Atlantique. Margaret Sabo Wills et
Mélanie Avecedo, Une maison de rêve pour les enfants,
Minerva
ANNE DE BARDZKI
MARTINE DORY
Deux ans et demi, et bien
des compliments, après
Year of the tiger, les
Liégeois de Hollywwod
Porn Stars n’ont rien
perdu de leur habileté à
marier sens mélodique et
puissance sonore. Sur ce deuxième album, ils font
preuve, en plus, d’une plus grande diversité de tonalités que sur leur premier album. Aux hymnes powerpop, taillés pour être repris en chœur lors des
concerts, s’ajoutent quelques morceaux plus sombres qui donnent cette impression d’un album moins
foufou et plus maîtrisé. On va bientôt pouvoir leur
resortir le vieux cliché du groupe arrivé à maturité.
Hollywood Porn Stars, Satellites (Naïve/Bang!)
Architecture in
New-York
Reprise en main
Avanim dresse le portrait de
Michale, jeune femme à TelAviv, cherchant son équilibre
entre l’airain de la famille (père
et mari) et la caresse d’un
amant. Mais, lorsque celui-ci
meurt dans un attentat, cet
ordre précaire entre tradition et
modernité – ordre qui est bien
aussi celui d’un Etat – doit retrouver la
force d’une émancipation. Cela a peut-être un
air entendu, et pourtant tout, ici, est subtil, sensible, juste. A découvrir, donc. Avanim, de
Raphael Nadjari, aux éditions Montparnasse
Majesté Minuscule
On ne dira jamais assez tout le bien
qu’on pense de Minuscule. C’est
tout simplement la meilleure série de
courts métrages d’animation depuis
Bip Bip et le Coyote ! Un vrai régal
pour petits et grands. La quatrième
et dernière livraison de cette série
entomologique désopilante, tendre
néanmoins, comporte des bonus où
l’âme des petites bêtes est mise à
nu. Minuscule 4, une série animée conçue par
Thomas Szabo, aux éditions Montparnasse.
Minuscule – L’intégrale sera disponible en un coffret de 4 DVD dès le 16 octobre.
SEMIR BADIR
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Sur leur précédent, In case
we die, les Australiens
d’Architecture in Helsinki
se montraient parfaits dans
leur rôle d’enfants turbulents investissant un magasin d’instruments de musique. Parfaits mais éreintants. Comparons donc ce Places like this au stade
de l’adolescence : la douce folie semble plus intériorisée et les goûts s’affirment, avec New York comme
phare. Le New York des Talking Heads mais aussi celui
du mélange entre « white funk » et rythmes électroniques. La courte durée, une demi-heure à peine, de
Places like this permet, en outre, d’éviter l’overdose
d’euphorie pop. Architecture in Helsinki, Places like this,
(Tailem Bend/Coop)
PASCAL DE GENDT
LLE_95_domdoc
7/09/07
11:49
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H O R O S C O P E
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O C T O B R E
MOTS CROISÉS À THÈMES
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LE SIGNE DU MOIS
/ LA BALANCE
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« Réduit à lui-même, un individu ne peut rien ! » Eh oui, vous avez deux plateaux, reste à les maintenir en équilibre en s’associant, collaborant, conciliant… et épousant. Tout vous pousse à rechercher cet « autre », ce partenaire
privilégié avec qui bâtir sa vie.
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VOUS L’AVEZ TROUVÉ ? Vous ferez dès lors de nombreuses concessions pour
sauvegarder l’harmonie et la paix de vos relations, car les conflits, les heurts,
vous en avez horreur ! En bonne diplomate, c’est avec plusieurs paires de
gants que vous abordez toute circonstance…
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VOTRE TALON D’ACHILLE ? Votre désir de plaire et d’être aimée de tous; pas
facile à réaliser à moins de faire abstraction de sa véritable personnalité.
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MAIS QUELLE ÉLÉGANCE RAFFINÉE ! Le Beau est votre idéal et vous goûtez
tous les plaisirs de l’esprit avec une sensualité exquise.
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BÉLIER
BALANCE
L’été vous a invitée à vous fixer un
objectif constructif qui ajoutera une
corde à votre arc. Reste à déployer
vos talents pour les concrétiser.
Vénus oblige : vous attirez plus que
jamais les beaux sentiments. On
demande à vous rencontrer, à vous
découvrir… et plus si affinités.
TAUREAU
SCORPION
Vous pensez rencontrer Zorro ? Hélas,
votre charme n’est pas en poupe ce
mois-ci. Débarrassez-vous d’abord de
ce qui vous encombre. Les délices et
grandes orgues sont pour plus tard.
Neptune et Vénus pourraient vous
jouer des tours ! Comment les déjouer ? Misez concret et mettez vos
émotions en veilleuse, le temps
d’ajuster les pendules.
GÉMEAUX
SAGITTAIRE
Vous parlez bien, vous pensez juste !
Mars vous insuffle des élans auxquels il vous sera difficile de résister.
Alors, hissez la grande voile…
Haute saison du charme pour cette
rentrée. Vénus illumine votre ciel,
exaltant pour un temps votre incontestable séduction ! Ne ratez
pas votre tour… La chance passe.
12
9 mots sont cachés dans ces mots croisés et
font partie du livre à gagner L’étoile de Mirapour
d’Alain Eraly, paru aux éditions Racine. Durant la
dernière guerre mondiale, un couple s’embarque
pour Bombay. Ils sont engagés par le prince musulman d’un petit état de l’Inde. Pour gagner un
des 10 exemplaires mis en jeu, appelez le
0905/82 220 (1 €/participation) avant le 30 septembre minuit. Code 20706. Répondez à cette
question : En quelle année l’indépendance de
l’Inde fut-elle proclamée ? 1947 (réponse 1) –
1950 (réponse 2) – 1953 (réponse 3).
HORIZONTALEMENT – 1. Comme le
fut la guerre de 40. – Il est garant d’un
bon retour chez vous. 2. Chef d’école. –
Tresse. 3. Homophone d’un organe
sécréteur. – Contrat. 4. Partie de pièce. –
Déesse égyptienne. – Elément qui
marque la séparation. 5. Le héros du livre
fut son intendant. – Agence de renseignement américaine. 6. Double voyelle.
– Premier département. – Il est aussi
professeur de sociologie à l’Université.
7. Indivisible. – Coup gagnant. 8. Contrat
de travail. – Pour se débarrasser de quelqu’un. 9. A maturité. – Article étranger. –
Personnel. 10. Remplie. – Sans énergie.
11. Ecole supérieure de communication.
– Condition. – Cardinal. 12. Le couple du
roman fuit leur arrivée en 1939.
CANCER
Trouvez ou retrouvez vos marques,
réduisez vos exigences et n’attendez rien des autres. Fin septembre
le tempo se calmera et vous relativiserez les événements. Ouf la tempête sera passée.
CAPRICORNE
LION
VERSEAU
Vous abordez ce mois sous l’égide de
la passion. Cupidon se profile à l’horizon et vous décoche ses flèches ?
Alors ? Laissez les portes ouvertes…
si vous le souhaitez, bien sûr.
Deux solutions s’offrent à vous :
contester tout systématiquement et
vous faire quelques ennemis ou…
miser sur la patience et vous défouler
dans un sport !
VIERGE
POISSONS
Plutôt à prendre à rebrousse-poil les
Vierges ! Est-ce l’entrée de Saturne
dans votre signe qui annonce une
longue et profonde révision de vos
valeurs ?
Donnez une base solide à ce que
vous avez entrepris avant de vous
lancer dans de nouvelles aventures.
Votre maillon faible : rêver au lieu
d’agir !
Descendez donc de votre trône, et
cessez de cultiver la solitude; vous
avez besoin des autres et de plus ils
vous stimulent ! L’isoloir, c’est bon le
temps des élections…
VERTICALEMENT – 1. Le nom de
l’état en question. – su. 2. Quinzième
lettre de l’alphabet grec. – Mission locale. 3. Pourvu. – Obstacle. 4. Deutsche
Mark. – Grande école. – Tout terrain
Pour une étude sérieuse et approfondie de votre thème astral : tél. 02 375 94 32
FRANÇOISE VAN DER HAEGE
pour moto. 5. Poil soyeux. – Le livre
nous la décrit avec sa diversité.
6. Vieux. 7. Nœud coulant. – Richesse. –
A soi. 8. Brille dans le titre. – Un prénom
de philosophe pour un auteur talentueux. 9. Titre Remboursable Subordonné. – Rivière, dans le SE asiatique.
10. Lit anglais. – Oiseau coloré à huppe.
11. Extrémités des ailes. 12. Port où
débarque le couple du livre. – Régime.
SOLUTION DU NUMÉRO PRÉCÉDENT
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– ILLU. PASCAL LEMAÎTRE
JACQUES MERCIER
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