First Rushes: The Green Hornet

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First Rushes: The Green Hornet
///////////// Sommaire /////////////
Cinéma
Musique
Potiche
Five Minutes of Heaven
Shi
The Social Network
Paranormal Activity 2
Despicable Me
Le Royaume de Ga'Hoole - la légende des gardiens
You Will Meet a Tall Dark Stranger
Les Amours Imaginaires
Exam
Un Homme qui Crie
Hors-la-loi
Illégal
The Town
Io sono l'amore
The dinner
He Who Saw The Deep label
Absolute Dissident
O
Senior
Interpol
Barking
History of Modern
Strange weather, Isn't It?
Who We Touch
Mines
20TEN
The Runaway
Blood Like Lemonade
The Boxer
Where Did The Night Fall
Wait For Me Remixes
Compass
The Way of the Animals Powers
Speaking Parts From the Blazing Rows/ Tonnerre
Vendanges/ Balloons
New Amerykah Part Two: Return of the Ankh
DVD
30 jours de nuit: jours sombres
Nord
La Tête en Friche
Panique aux funérailles
Heroes saison 4
Soul Kitchen
La Stratégie du Choc
Iron Man 2
Altiplano
Wendy and Lucy
Hung
Harper's Island
Teza
The Cove
Tous les garçons aiment Mandy Lane
Legion
Blu-Rays
Lost saison 6
The Ghost Writer
A Single Man
The Pianist
Océans
Freddy - Les Griffes de la nuit (1984/ 2010)
Robin des bois
Hybrid
Psychose
Sailor & Lula
La bataille de Passchendaele
Balibo
Greenberg
True Blood saison 2
Nine
The Mist
Dossiers
Interview de Mahamat Haroun, réalisateur de
'Un homme qui crie'
'Un homme qui crie' speelt zich dan wel af in
een vrijwel onbekend Afrikaans land, het
verhaal kan elke mens herkennen. En dat is
precies wat regisseur Mahamat-Saleh Haroun
in gedachten had.
First Rushes: The Green Hornet
'The Green Hornet', oorspronkelijk een
radioprogramma (daterend uit de tweede helft
van de jaren zestig) en later een televisiereeks
gecreëerd door William Dozier, vertelt de
avonturen van Britt Reid.
Interview d'Olivier Masset-Depasse, réalisateur
d' 'Illégal'
De nieuwe Belgische film 'Illégal' neemt de
behandeling van migranten op de korrel.
Eerder bekroond in Cannes, binnenkort op het
podium bij de Oscars?
Making Of: Machete
In 2007 verenigt het meest geeky duo uit de
filmwereld, Robert Rodriguez en Quentin
Tarantino, zijn krachten om het meest
onwaarschijnlijke filmproject van het nieuwe
millennium af te leveren.
///////////// Cinéma /////////////
Potiche
Depuis son excellent '8 femmes', on savait François Ozon particulièrement sensible aux personnages féminins haut en
couleurs et en quête d'autonomie et d'indépendance. C'est dans cette droite ligne politique et stylistique (ici, un kitsh 70's
exubérant mais résolument au service de l'histoire) qu'il a adapté la pièce de théâtre éponyme pour en tirer une comédie
brillante, drôle et outrancière. Ozon assume les codes de la comédie de boulevard et en surjoue à plein régime: les portes
claquent, les cadavres sortent des tiroirs et les potiches rebondissent entre les jambes des mâles. Mais sous couvert de
situations abracadabrantesques portées par des dialogues aussi percutants qu'hilarants, il développe un point de vue
authentiquement féministe et aborde, avec une sérieuse légèreté, le droit des femmes à disposer de leur corps, leur
enfermement domestique ou le frein social et familial à leurs ambitions professionnelles. En plaçant son histoire à la fin des
années 70, Ozon pointe, par ricochet temporel, le peu d'évolution du statut de la femme depuis cette période de
revendications et de luttes féministes. Difficile d'affirmer que 'Potiche' jouera un rôle dans la libération des femmes mais,
ce qui est sûr, c'est qu'il libère avec bonheur la comédie française du joug pesant de la médiocrité.
Film: 9/10, B.O.: 9/10
Date de sortie : 10 Novembre 2010
Durée: 103 min
Réalisé par: François Ozon
Avec: Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Fabrice Luchini, Karin Viard, Judith Godrèche, Jérémie Renier
David Morelli
Five Minutes of Heaven
La réconciliation et le pardon sont de bonnes choses. Mais quand les choses se gâtent, le ressentiment ronge toujours plus
fort. C'est le lot de ceux qui se sont blessés mutuellement et celui qui pense que tout peut s'arranger est aussi naïf que
stupide.
Depuis que les Commissions de la vérité et de la réconciliation ont mis un terme aux conflits et aux tensions en Afrique du
Sud, on dirait que le monde pense pouvoir appliquer cette vision partout. 'Five Minutes of Heaven', qui se joue dans le
contexte d'un autre vieux conflit, nuance cette approche.
Tout tourne autour de la mort d'un jeune catholique de l'Irlande du Nord. Le délinquant Alistair Little décide après sa
longue peine de prison de se battre pour la paix, le vide qu'il a créé dans la vie de Joe Griffin (le frère de sa victime) n'est
alors pas refermé.
'Five Minutes of Heaven' regorge d'émotions déchirantes mais qui restent largement ténues. Vous avez le sentiment que
Griffin peut exploser à tout moment, ce qui donne une tension au film que l'on retrouve rarement. Ce n'est pas étonnant
que l'histoire bouleverse lorsque le feu prend vraiment. A ce moment 'Five Minutes of Heaven' déclenche le générique de
fin et heureusement cela n'a pas d'importance.
Film: 6/10, B.O.: 6/10
Date de sortie : 20 Octobre 2010
Durée: 90 min
Réalisé par: Oliver Hirschbiegel
Avec: Liam Neeson, James Nesbitt, Anamaria Marinca
Ruben Nollet
Shi
Pouvez-vous reprocher à Mija d'avoir perdu les pédales ? Elle a passé toute sa vie (à savoir plus de 60 ans) dans la
conviction profonde que la beauté est de ce monde. Elle veut apprendre à la percer en passant par la poésie mais la
déception la mine. Son professeur la force à "vraiment regarder les choses" et soudain la réalité sordide fait surface. Le
monde qui se dresse devant elle lui montre sa face obscure, en particulier à cause de son petit-fils qu'elle essaye de faire
grandir.
Mija est le coeur et l'âme de ce drame sud-coréen 'Shi', un personnage comme tout film attend. A première vue, elle
apparait comme une tendre vielle qui se perd dans le monde moderne. Au fur et à mesure que le film progresse, elle
apparait plus comme une femme convaincue de suivre son propre chemin.
'Poetry' a l'air charmant comme son personnage mais le film recèle des profondeurs inattendues. Son sourire est
bienveillant, ses dents plus pointues que vous ne le pensez. La critique à l'encontre de la société sud-coréenne, qui est
clairement menée par des hommes qui pensent tout résoudre avec de l'argent. Un film astucieux (quoique un peu trop
long), qui a été décoré à juste titre en mai d'un prix pour le meilleur scénario au Festival de Cannes.
Film: 5/10, B.O.: 0/10
Date de sortie : 27 Octobre 2010
Durée: 139 min
Réalisé par: Lee Chang-dong
Avec: An Naesang, Kim Hira, Lee David Yun Junghee
Ruben Nollet
The Social Network
Lorsque la rumeur s'était répandue sur le projet de film sur Facebook, le sarcasme avait été la réaction principale dans le
milieu cinématographique. Les aprioris se sont quelque peu calmés lorsque le scénariste et le réalisateur ont été révélés :
le scénariste de 'The West Wing' Aaron Sorkin et le réalisateur de 'Se7en' David Fincher ont été pressentis pour mener le
projet. Cela parait justifié : 'The Social Network' est une tragédie opportune et intemporelle avec des performances
magnifiques des acteurs principaux Jesse Eisenberg, Andrew Garfield et Justin Timberlake. Eisenberg interprète le
fondateur du populaire réseau social comme un héros tragique dont le génie lui apporte en même temps tout et rien.
Lentement mais sûrement il construit un royaume virtuel gigantesque et se fait "ami" avec des millions de personnes dans
le monde, mais en même temps il écarte ses proches les uns après les autres. Résultat : quelques-unes des principales
revendications de ces dernières années. Cela peut paraître peu divertissant, mais faites-nous confiance : Sorkin exulte
dans l'écriture de dialogues diaboliques et Fincher montre comme au temps de 'Zodiac' qu'il maitrise ses effets visuels. La
musique sombre du chanteur Trent Reznor de Nine Inch Nails et du touche-à-tout électronique Atticus Ross élève
l'ensemble à la perfection. A ne pas manquer !
Film: 10/10, B.O.: 10/10
Date de sortie : 27 Octobre 2010
Durée: 120 min
Réalisé par: David Fincher
Avec: Jesse Eisenberg, Rashida Jones, Justin Timberlake, Andrew Garfield
Steven Tuffin
Paranormal Activity 2
Un chien pouvait prédire que 'Paranormal Activity' en tant qu'un des films les plus lucratifs de tous les temps (en
comparant les investissements et les bénéfices) aurait une suite. La question clé était de savoir comment les producteurs
s'y prendraient. 'Paranormal Activity 2' serait-il une suite à gros budget? Resterait-il dans la même veine ? Ou prendrait-il
le parti du travail et de la créativité pour choisir une orientation tout à fait différente ?
La réponse se trouve plus proche de la deuxième option, mais s'il y a une (petite) tentative pour désorienter le spectateur.
'Paranormal Activity 2' n'est par exemple à proprement parlé pas une suite mais une histoire qui préfigure le premier film.
Et les vidéos avec lesquelles les réalisateurs ont essayé de faire un battage médiatique, restent en grandes partie des
sottises.
Un film est toutefois jugé sur ce qu'il apporte au cinéma et là, le bas blesse. Les trucs, les astuces et effets du genre sont
suffisamment connus et l'horreur programmée n'est pas vraiment au rendez-vous. Dans un espace intime et chaleureux, ce
film évocateur à petit budget n'aura peut-être aucun effet. Une salle de cinéma moyenne n'en laissera pas plus de
souvenirs. Ne vous plaignez pas après de ne pas avoir été prévenu.
Film: 4/10, B.O.: 6/10
Date de sortie : 20 Octobre 2010
Durée: 91 min
Réalisé par: Tod Williams
Avec: Katie Featherston, Micah Sloat
Ruben Nollet
Despicable Me
Ce qu'il y a de formidable avec 'Moi, moche et méchant', c'est que, malgré une trame cousue de fil blanc (un super
méchant détestant les enfants va se transformer positivement à force de les côtoyer), il réussit à surprendre constamment.
A l'origine de cette réussite: un univers complètement barré (aaah, le lance-calmar...), un humour absurde agrémenté
d'une touche de cruauté façon Tex Avery et, surtout, un défilé de personnages hauts en couleur très attachants. La palme
revient à la horde de Minions, petits être jaunes à la voix nasillarde dont chaque apparition, à l'instar de Scrat dans la
série 'Ice Age', vaut son pesant d'éclats de rires. Mais plus qu'une accumulation de gags slapstick , 'Moi, moche et
méchant' réussit la gageure d'apporter une touche d'émotion à l'ensemble en prenant le temps de développer les relations
entre Gru et les trois orphelines (fabuleuse scène où Gru doit leur raconter une histoire pour qu'elles s'endorment). Ajoutez
à cela une animation haut de gamme, une utilisation spectaculaire de la 3D (restez pendant le générique de fin!) et une
phrase culte qui va se répandre dans les cours de récré du Royaume ('Elle est trop géniaaaaale'!), et vous obtiendrez un
film qui, s'il ne réussit pas à atteindre la qualité Pixar, envoie une partie de la concurrence dans les cordes.
Film: 8/10, B.O.: 8/10
Date de sortie : 27 Octobre 2010
Durée: 95 min
Réalisé par: Pierre Coffin, Chris Renaud
David Morelli
Le Royaume de Ga'Hoole - la légende des gardiens
Dans un monde qui n'est pas le nôtre, une guerre fait rage entre le Bien et le Mal. Les bons sont de nobles chevaliers qui
se battent pour la justice et l'égalité pour tous, les mauvais ont la conviction que la force revient aux plus forts qui ont
aussi le droit de bafouer les autres. Les mauvais sont aussi prêts à tout pour achever leurs adversaires.
L'histoire de 'Legend of the Guardians' n'est pas pour ainsi dire originale mais ce n'est pas ce qu'on attend d'un film
d'animation américain à haut budget. Le film résume en plus trois des quinze volumes de la série des livres 'Guardians of
Ga'Hoole' de Kathryn Lasky. L'intrigue devait rester la plus simple possible. Paradoxalement 'Legend of the Guardians' est
probablement trop sombre et lugubre pour les plus petits qui seraient attirés par une telle histoire simple. Aussi parce que
les moments drôles attendus sont rares ou en tout cas rarement réussis.
Ces remarques sont-elles opportunes lorsqu'on a droit à 1h30 de spectacle visuel ? Le réalisateur et son équipe
informatique se rassurent d'un succès garanti par l'aspect fantastique du projet.
Film: 6/10, B.O.: 6/10
Date de sortie : 13 Octobre 2010
Durée: 90 min
Réalisé par: Zack Snyder
Ruben Nollet
You Will Meet a Tall Dark Stranger
Woody Allen n'apprécie pas beaucoup les gens stupides. Et à ses yeux, la terre regorge d'imbéciles. En soi, il n'a pas tort.
Ceci étant dit, ce n'est pas une raison pour démontrer son sentiment de supériorité dans la plupart de ses films. Tant qu'il
peut paraître minable. Son film précédent, 'Whatever Works', en était d'ailleurs un exemple détestable.
Dans 'You Will Meet a Tall Dark Stranger' il n'a pas revu sa vision de l'humanité mais il apporte au moins une certaine
compassion envers ses personnages. Quelles que soient l'indécence et la lâcheté dont les personnages font preuve dans
cette tragicomédie légère, vous savez que vous seriez capable d'agir comme eux.
En outre, Allen ne trouve plus nécessaire d'avoir recours systématiquement à des sous-entendus ronflants. Marque de
fabrique du comique depuis le début de sa carrière, ils sont pour une fois éparpillés subtilement.
Avec son clin d'oeil aux caprices de Dame Fortune, 'You Will Meet a Tall Dark Stranger' est dans la lignée de 'Match Point',
même s'il babille trop pour atteindre ce niveau. En gros: une note moyenne pour le film, étant donné les sorties très
inégales qu'a fournies Woody ces dernières années.
Film: 6/10, B.O.: 6/10
Date de sortie : 20 Octobre 2010
Durée: 98 min
Réalisé par: Woody Allen
Avec: Naomi Watts, Anthony Hopkins, Antonio Banderas, Josh Brolin, Freida Pinto, Lucy Punch
Ruben Nollet
Les Amours Imaginaires
Le réalisateur canadien Xavier Dolan séduit le public avec sa comédie romantique ludique. En plus d'une rose, il a aussi un
couteau entre les dents.
"Les Amours imaginaires" est le deuxième titre que l'on doit au réalisateur franco-canadien Xavier Dolan. Il ne laisse aucun
doute sur ses intentions : il va parler de la plus belle émotion éprouvée par l'âme humaine mais il en peint aussi les
mauvais côtés.
Dolan (qui joue le rôle même du protagoniste Francis) a à peine 21 ans et sait à quel point l'amour peut être déchirant à
cet âge. Vous êtes prêt à tout pour l'autre et vous cherchez un moyen de le séduire. Francis et Marie renoncent même à
leur identité. Il coupe ses cheveux à la James Dean, elle comme Audrey Hepburn, comme par hasard les deux acteurs
favoris du bel Adonis Nicolas.
Le style coloré de Dolan et l'humour acéré rappelle le travail de Pedro Almodòvar et François Ozon, mais le jeune canadien
manque un peu de maîtrise de soi pour tout calibrer. Le charme à l'état pur de "Les Amour Imaginaires" ne vous laissera
pas indifférent, aussi parce que Dolan met l'accent sur des acteurs imposants. Prêter attention surtout à la jeune femme
juive aux lunettes noires. (RN)
Film: 7/10, B.O.: 7/10
Date de sortie : 06 Octobre 2010
Durée: 95 min
Réalisé par: Xavier Dolan
Avec: Monia Chokri, Dolan, Niels Schneider
Ruben Nollet
Exam
Ce film de Stuart Hazeldine n'est pas aussi psychologique qu'il le prétend... Ce qui le rend assez peu exceptionnel.
Huit candidats qui essayent de se sortir démarquer, luttant dans un espace confiné pour décrocher un poste convoité, le
concept est bien précis. Si l'humanité a su développer un domaine ces derniers 10 000 ans, c'est bien sur le plan de
l'ingéniosité à réveiller le diable chez l'autre.
Un thriller comme 'Exam' a toujours besoin que le spectateur pense constamment avec les protagonistes, essaye de
comprendre leurs intentions, de mettre à jour la fausse logique de leurs idées. Et pour y arriver, le réalisateur doit veiller
à ne pas leur laisser faire n'importe quoi. Les personnages qui se comportent comme des marionnettes rattachées à des fils
aux mains et pieds ,manquent d'humanité et perdent leur crédibilité. Le résultat fait s'évaporer le suspens comme un
parfum à l'air libre.
C'est exactement ce que fait 'Exam'. Le thriller anglais démarre sur des chapeaux de roue et échafaude un premier plan
assez sérieux. Mais dès qu'il faut augmenter le rythme, il se met à tricher. 'Exam' a l'intention de percer l'âme humaine,
mais finalement ne dépasse pas le jeu de marionnettes.
Film: 4/10, B.O.: 6/10
Date de sortie : 13 Octobre 2010
Durée: 101 min
Réalisé par: Stuart Hazeldine
Avec: Luke Mably, Jimi Mistry, Chukwudi Iwuji, Nathalie Cox
Ruben Nollet
Un Homme qui Crie
UUn drame engagé qui balaie les préjugés envers les films africains. Un des sélectionnés au dernier festival de Cannes.
Lorsque Mahamat-Saleh Haroun a reçu le prix du jury à Cannes en mai dernier, personne n'était surpris. Son drame
intimiste 'Un homme qui crie' a tout de suite été classé comme favori. Ce n'est donc pas parce qu'il est inhabituel de voir
un film du Tchad, ou parce qu'un festival comme Cannes se doit de soutenir un cinéma défavorisé.
Non, 'Un homme qui crie' possède une histoire bien écrite, bien réalisée, bien jouée, qui dépasse les frontières tchadiennes
et qui en même temps a beaucoup à raconter sur la situation dans ce pays. A première vue, le film suit les préoccupations
personnelles du protagoniste: Adam qui se rend compte qu'il est sur la pente glissante de l'âge, refuse de l'accepter, et
prend des décisions qui vont avoir un impact pour le reste de sa vie.
A la fin du voyage, 'Un homme qui crie' décrit une horrible et sombre situation mais toute à l'honneur d'Haroun qui ne
donne pas la priorité à la misère. Même plus, le spectateur est régulièrement surpris par des détails marquants que le
réalisateur/scénariste incorpore dans son histoire. C'est beau. (RN)
Film: 7/10, B.O.: 6/10
Date de sortie : 13 Octobre 2010
Durée: 91 min
Réalisé par: Mahamat-Saleh Haroun
Avec: Youssouf Djaoro, Dioucounda Koma, Djénéba Koné
Ruben Nollet
Hors-la-loi
Il y a quelques années, le réalisateur français de la guerre d'Algérie Rachid Bouchared surprenait avec 'Indigènes', un film
sur la seconde guerre mondiale à la hauteur des films acclamés dans la veine de 'The Big Red One' et 'Saving Private
Ryan'.
Cette approche traditionnelle secouait avec un sujet subversif, un groupe de soldats algériens qui malgré leur participation
dans l'armée française étaient quand même traités comme des chiens. Dans cette semi-suite, Bouchareb reprend ce modus
operandi contrasté, mais cette fois il en résulte une perte tragique. La photographie imposante, le rythme du montage
tempéré et le côté majestueux veillent à ce que les fans du cinéma hollywoodien classique puissent y trouver leur compte.
La manière dont Bouchareb prend en mains son genre de prédilection - les drames épiques façon The Godfather' et 'Once
Upon a Time in America' -, est franchement navrant. D'un côté le scénariste-réalisateur se comporte en démagogue de
première catégorie (il n'y a pas de bon français à montrer à l'écran). D'un autre côté, ses protagonistes (interprétés par
des acteurs récurrents Jamel Debbouze, Sami Bouajila et Roschdy Zem) se comportent de manière tout à fait caricaturale.
Comment trois frères algériens qui prennent part à la résistance algérienne dans le Paris de l'après-guerre ressemblent au
Trois Stooges.
Film: 4/10, B.O.: 0/10
Date de sortie : 29 Septembre 2010
Durée: 131 min
Réalisé par: Rachid Bouchareb
Avec: Jamel Debbouze, Sami Bouajila, Roschdy Zem
Steven Tuffin
Illégal
C'est dans le détail qu' "Illégal" fait toute la différence. Ce détail, fondamental, c'est l'absence d'un "e" à la fin du terme
"Illégal". Une absence qui défini tout le propos du film d'Olivier Masset-Depasse. Car si le personnage de Tania, vivant en
Belgique dans la clandestinité avec son fils, est bien une femme, aussi forte que désespérée, ce n'est pas elle qui est visée
par cet adjectif mais bien le traitement indigne d'une démocratie qui est infligé aux sans-papiers en Belgique et, plus
généralement, en Europe. Détaillant avec minutie le quotidien déprimant des individus et familles vivant dans un centre
fermé, Olivier Masset-Depasse dépeint, sans complaisance ni démagogie, les relations ambivalentes qui se nouent dans cet
espace désespérément clos. Il renvoie violement le spectateur à la fonction réelle mais inaudible d'un centre ferme : celle
d'une prison qui cache son nom. Mais ne nous y trompons pas : "Illégal" n'est pas un film militant. C'est avant tout un film
juste qui fonctionne comme un thriller où la fiction est la réalité.
Film: 8/10, B.O.: 0/10
Date de sortie : 06 Octobre 2010
Durée: 95 min
Réalisé par: Olivier Masset-Depasse
Avec: Anne Coesens, Alexandre Golntcharov
David Morelli
The Town
Alors que où tout Hollywood (et le reste du monde) décriait le meilleur ami de Matt Damon, il se défendait avec "Gone
Baby Gone", une belle réussite en tant que première réalisation. Il confirme son talent avec ce deuxième long métrage, un
thriller criminel pour adultes du genre rarement rencontré en salles obscures. Dans cette adaptation du bestseller de Chuck
Hogan 'Prince of Thieves', Ben Affleck s'approprie le premier rôle à son compte. Il joue un criminel intelligent qui prend
part à une attaque. Lorsqu'il tombe amoureux d'une femme que lui et ses comparses ont récemment prise en otage, il fait
face à de sérieux problèmes de conscience. Affleck réussit vraiment dans tous les domaines. Les scènes romantiques avec la révélation de 'Vicky Cristina Barcelona' - Rebecca Hall suintent la sincérité. Les scènes d'action figurent parmi les
plus impressionnantes de cette année cinématographique. Et le casse-cou de 'The Hurt Locker' - Jeremy Renner- , le
britannique Pete Postlethwaite, et le bellâtre de 'Mad Men' (Jon Hamm), mènent l'intrigue comme autant que personnages
secondaires imprévisibles. Par-dessus tout, on notera la manière dont Affleck fait renaitre le lieu- un quartier marginal de
sa ville natale de Boston - comme une porte ouverte sur l'enfer.
Film: 8/10, B.O.: 0/10
Date de sortie : 29 Septembre 2010
Durée: 123 min
Réalisé par: Ben Affleck
Avec: Affleck, Rebecca Hall, Jon Hamm
Steven Tuffin
Io sono l'amore
Il a fallu au moins dix ans au réalisateur italien Luca Guadagnino, et à l'actrice écossaise Tilda Swinton, pour mettre ce
prestigieux projet sur pieds. Personne ne voulait investir dans un drame familial au visuel sophistiqué, rehaussant le niveau
de la plupart des thèmes abordés. L'oscarisée de 'Michael Clayton', et la reine des glaces dans 'The Chronicles of Narnia'
incarne Emma, une Russe qui a épousé le fils d'un riche baron du textile italien. Quand ce dernier souhaite voir le mari
d'Emma gérer l'entreprise en collaboration avec un de leurs fils, commence alors une période tumultueuse, tant sur le plan
professionnel que privé. Guadagnino veut clairement rendre hommage au perles du cinéma de Luchino Visconti et
Michelangelo Antonioni , et ne laisse rien au hasard. Cela apporte vite un aspect baroque au film, le spectateur vaque
d'une approche stylistique à l'autre. Cette audace visuelle mérite tout de même le respect ... Ce qui n'est pas valable pour
les séquences savonneuses dans le scénario!
Film: 6/10, B.O.: 0/10
Date de sortie : 29 Septembre 2010
Durée: 120 min
Réalisé par: Luca Guadagnino
Avec: Tilda Swinton, Flavio Parenti, Edoardo Gabbriellini, Pippo Delbono
Steven Tuffin
The dinner
Une comédie française à succès voyage vers l'Amérique. Elle a perdu en cours de route sa matière, son âme et son sens de
l'humour.
Imaginez le scénario suivant. Vous êtes dans votre Porsche et vous êtes attaqué par une femme hystérique qui heurte
votre voiture avec un poteau. Vous échappez-vous le plus rapidement possible ou attendez-vous tout simplement ? Dans
'Dinner for Schmucks', le remake de la comédie Française populaire 'Le dîner de cons', le protagoniste Tim choisit la
dernière proposition, uniquement parce que ça a l'air drôle.
C'est seulement un exemple d'erreur de jugement que fait 'Dinner for Schmucks'. L'humour est drôle seulement si vous
pouvez croire aux situations dans lesquelles les personnages se retrouvent et le film en est peu friand. En plus les
réalisateurs en rajoutent, du personnage surfait de Steve Carell qui fait l'idiot avec son hobby de s'amuser avec des souris
mortes, à la morale lisse qui se glisse à la fin.
L'originale 'Dîner de cons' ne s'excusait pas pour ses personnages cruels, 'Dinner for Schmucks' fait tout son possible pour
rendre tout le monde sympathique. Voilà du cinéma moyen stupide, lâche et odieux et la poignée de moments réussis ne
peut rien y changer. (RN)
Film: 3/10, B.O.: 5/10
Date de sortie : 29 Septembre 2010
Durée: 114 min
Réalisé par: Jay Roach
Avec: Steve Carell, Paul Rudd, Zach Galifianakis
Ruben Nollet
///////////// DVD /////////////
30 jours de nuit: jours sombres
Alors que '30 Days of Night', premier opus cinématographique adapté - avec application - du diptyque issus des romans
graphiques de ces messieurs Niles et Templesmith, avait constitué une excellente surprise lors de sa sortie en salles
agréablement (pour le coup) obscures... cette suite torchée à la va vite, ne vaut pas tripette. Sans inspiration, interprétée
avec un amateurisme pourri (surtout par Kiele Sanchez, remplaçant ridiculement Melissa George), massacrant (la seule
véritable horreur de l'entreprise) le matériaux de base, '30 Days of Night: Dark Days' devrait figurer dans les bacs au
rayon: "évitez si vous tenez à la survie intellectuelle".
Film: 3/10, Extras: 0/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 89 min
Réalisé par: Ben Ketai - Avec: Kiele Sanchez, Rhys Coiro, Diora Baird, Harold Perrineau
Extras: Commentaires audio, featurette
Gauthier Keyaerts
Nord
Comment aborder le sujet de la dépression, et des angoisses pourrissant l'existence, sans tomber dans le pathos absolu?
Le présenter sur le ton de la comédie absurde et cynique, comme seuls les scandinaves osent le faire. Et bonne nouvelle:
'North' c'est du vrai décapant (poétique quand même) venant du grand Nord, soit la Norvège. On y croise un ancien
professionnel du ski, Jomar, à l'abandon, suite à une déception sentimentale. Il pique sauvagement du nez, se laissant
pourrir sur pied, et délaissant tant l'hygiène de vie que son boulot. Mais il se décide un jour à briser ses barrières
mentales, pour parcourir un long chemin au milieu d'un nulle part recouvert de neige... histoire de retrouver son enfant.
Film: 9/10, Extras: 0/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 79 min
Réalisé par: Rune Denstad Langlo - Avec: Anders Baasmo Christiansen, Kyrre Hellum, Marte Aunemo
Distributeur: Filmfreak
Gauthier Keyaerts
La Tête en Friche
Quasi analphabète, Germain vit doucement : il traîne au café avec des "amis" qui se moquent ouvertement de lui, travaille
parfois, ou encore observe les pigeons au parc. Des petits moments certes souvent imparfaits, mais permettant d'éviter de
ressasser une douloureuse enfance... une période faite de violents rejets maternels, d'absence paternelle, et de viles
moqueries professorales... Germain fait un jour la connaissance de Margueritte, un puits de culture ayant beaucoup
voyagé, maintenant résidente d'une maison de retraite. A force de se côtoyer, une tendresse vraie se développe entre ces
deux personnages antinomiques. En ce microcosme de réalité scénographié par Jean Becker, les sentiments et situations
sentent plus le carton-pâte que le plateau de tournage d'un Godzilla! Bref, on s'en friche (non, pas on s'en frou!).
Film: 5/10, Extras: 0/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 102 min
Réalisé par: Jean Becker - Avec: Gérard Depardieu, Gisèle Casadesus, Maurane, Patrick Bouchitey
Distributeur: Cinéart / Twin Pics
Extras: Interviews, making of
Gauthier Keyaerts
Panique aux funérailles
Remake du film 'Death at a Funeral' de Frank Oz, cette relecture à la sauce afro-américaine, n'apporte rien, ou plutôt
supprime... En effet, l'humour décapant à disparu, car ici trop appuyé, le rythme vole aux chiottes, le casting joue à
l'emporte pièce. Bref, le constat d'accident est sans équivoque! Le réalisateur Neil LaBute (le très moyen 'Lakeview
Terrace') n'a rien respecté en matière de priorité qualitative, a foncé sans trop se soucier du résultat. Le crash était
inéluctable. A vous de choisir si vous tenez à le constater de visu...
Film: 3/10, Extras: 0/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 88 min
Réalisé par: Neil LaBute - Avec: Chris Rock, Regina Hall, Loretta Devine, Peter Dinklage, Danny Glover
Distributeur: Sony Pictures
Extras: Commentaires audio, scènes coupées;..
Gauthier Keyaerts
Heroes saison 4
Cette série mérite vraiment un instant d'attention, car rarement une aussi bonne idée aura été aussi mal exploitée! Le côté
mutants existentiellement solitaires et planqués , traqués par une organisation extra gouvernementale, les forçant à se
rassembler pour combattre... puis l'irruption d'un super mutant, véritable parasite se nourrissant de ses pairs, le tout
saupoudré d'un aspect geek et comics, et d'une pointe se soap, faisait mouche en sa première saison. Mais la suite ne fut
qu'amère déception, vu que le médiocre l'emporte sur la superbe. Mièvre en sa deuxième saison, puis plus rude en sa
troisième, par réactivité calculée (et donc aucunement spontanée), 'Heroes' se termine ici sans plus d'éclat. Mais nous
n'irons pas jusqu'à conspuer de la pire manière ce final bancal, comme beaucoup de journalistes ont pu le faire. Vu que
malgré un début carrément naze de chez naze, la suite se rattrape un peu, et finalement n'est pas pire que ce qui a pu
précéder (à vous de voir donc si vous tenez le coup ou non)! Bref, avec autant de moments d'ennui que de passages
prenants, 'Heroes', quatrième saison, achève (plus ou moins) sans gloire particulière sa carrière.
Film: 5/10, Extras: 6/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 1010 min
Réalisé par: Tim Kring - Avec: Hayden Panettiere, Masi Oka, Milo Ventimigli, Adrian Pasdar
Distributeur: Universal
Extras: commentaires audio, scènes coupées, featurettes...
Gauthier Keyaerts
Soul Kitchen
Zinos possède un restaurant proche du squat, mais à l'âme belle et légère (plus que sa cuisine "typique"), dans un coin
perdu de Hambourg. Un lieu auquel il tient comme à la prunelle de ses yeux, trop peut-être... En effet, au nom de cette
aire de problèmes en devenir, il laisse sa petite amie partir seule pour Shanghai, se fait quelque peu arnaquer par un
frangin taulard, retourner par une ancienne connaissance, devenue un filou de l'immobilier, ou encore harceler par les
agents du fisc... Mais rien n'y fait, Zinos se battra pour garder sa propriété telle qu'il l'aime, malgré les tempêtes. En
délaissant la superbe émotionnelle de 'Gegen die Wand ' et 'Auf der Anderen Seite', ou la solennité de l'impeccable
documentaire 'Crossing the Bridge: The Sound of Istanbul' , Fatih Akin a connu un revirement de la part de la presse
cinématographique. Certes, 'Soul Kitchen' est une simple comédie, surjouée et aux allures de téléfilm, mais elle n'en reste
pas moins un opus rafraichissant, optimiste et surtout consommable avec délectation!
Film: 7/10, Extras: 0/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 99 min
Réalisé par: Fatih Akin - Avec: Adam Bousdoukos, Birol Ünel, Moritz Bleibtreu
Distributeur: Cinéart / Twin Pics
Gauthier Keyaerts
La Stratégie du Choc
Tiré de l'ouvrage éponyme de la journaliste-activiste Naomi Klein, "The Shock Doctrine" propose une relecture affolante de
l'histoire. Son postulat : du coup d'Etat de Pinochet en 1973 à la crise des subprimes, tous les événements de notre
histoire récente sont en partie liés avec l'avènement d'un "capitalisme du désastre" tentant de substituer aux valeurs
démocratiques la seule loi du marché. Son mode opératoire : imposer à une population déboussolée par une crise, une
catastrophe naturelle ou une guerre des mesures économiques et sociales qu'elle n'aurait pas acceptées en temps normal.
Bien construit et particulièrement édifiant, ce documentaire militant est malheureusement beaucoup trop court. Alignant au
pas de course infos et analyses, il rend difficile tout recul critique du spectateur et manque de profondeur pour être
totalement convainquant. Il constitue néanmoins un indéniable électrochoc utile pour réveiller les consciences citoyennes.
Film: 7/10, Extras: 0/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 80 min
Réalisé par: Michael Winterbottom, Mat Whitecross - Avec: Naomi Klein, Kieran O'Brien
Distributeur: Paradiso
David Morelli
Iron Man 2
Un peu moins bien gaulée que son étonnamment brillant prédécesseur, la suite des aventures de Tony Stark reste pourtant
assez séduisante... Si vous avez foncièrement l'âme geek! Car en gros, ça suscite plus de violentes turgescences lors des
scènes d'action qu'un pot entier de Viagra suractivé. Il est clair que voir Mickey Rourke transformé en une sorte de lutteur
romain, le sort de tout ex-slave, maniant le fouet "électrique" dans un exo squelette de gladiateur, c'est surprenant. Voir
un affrontement entre Iron Man et un de ses prototypes frères, ça pète. Et que dire des apparitions jouissives de Nick Fury
(ouvrant encore peu plus grand la porte sur la perspective des Avengers), d'une robotique baston finale mémorable, et du
jeu toujours cool et pertinent de Robert Downey Jr? Rien de bien définitif, si ce n'est que ça fait passer l'humour pas drôle,
et les quelques moments un peu trop potaches.
Film: 7/10, Extras: 0/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 124 min
Réalisé par: Jon Faverau - Avec: Robert Downey Jr, Scarlett Johansson, Don Cheadle, Gwyneth Paltrow
Distributeur: Paramount
Extras: Commentaires audio
Gauthier Keyaerts
Altiplano
La carrière de photographe de guerre de Grace prend violemment fin lorsqu'un de ces amis guide se faire assassiner - en
Irak - au devant de l'objectif. Le réticule a tué, et Grace s'en rend bien compte. Elle décide alors d'abandonner cette
profession devenue - pour elle -moralement injustifiable. Lorsque son mari chirurgien - spécialiste de la cataracte -, parti
travailler dans une clinique andine, meurt, elle décide de reprendre la route, afin de mener un pèlerinage expiatoire jusqu'à
ce lieu funeste. Contrairement à leur précédent opus, 'Khadak', Jessica Woodworth et Peter Brosens n'arrivent pas ici à
magnifier leur superbe travail de cadre, et leur poignant scénario, devenu pontifiant.
Film: 6/10, Extras: 9/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 108 min
Réalisé par: Peter Brosens, Jessica Woodworth - Avec: Magaly Solier, Jasmin Tabatabai, Olivier Gourmet
Distributeur: Filmfreak
Extras: Making of, documentaires
Gauthier Keyaerts
Wendy and Lucy
Wendy a quitté son confort pour rejoindre l'Alasaka, où elle espère trouver un job de subsistance... Avec pour bagages un
minimum d'argent, une voiture un peu pourrie, quelques vêtements, de la débrouille, et son fidèle chien Lucy. Arrivés dans
une petite ville de l'Oregon, les problèmes se multiplient: le véhicule tombe en panne, les deniers s'épuisent, et les
économies mènent aux mauvaises solutions, dont un vol dans un supermarché. Wendy est arrêtée, et lorsqu'elle est enfin
relaxée, Lucy a disparu. Économe, frais, simple à l'extrême, cet opus de Kelly Reichardt constitue le plus énorme petit film
(lisez intimiste) de l'année. Superbe.
Film: 8/10, Extras: 0/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 80 min
Réalisé par: Kelly Reichardt - Avec: Michelle Williams, Will Oldham
Distributeur: Filmfreak
Gauthier Keyaerts
Hung
Ray Drecker galère totalement... Professeur d'histoire dans un lycée, alors qu'il fut un athlète accompli, notre homme tente
de survivre à l'interminable afflux de factures. Alors qu'il peine à garder la tête hors de l'eau, sa masure prend feu. Ray se
voit alors obligé de confier la garde de ses enfants à son ex-femme, et de camper dans son jardin. Une situation absurde,
qu'il va tenter de changer en suivant un séminaire sur "comment devenir millionnaire"! Lorsqu'il réfléchit au business qu'il
pourrait mettre en place, il réalise que sa seule zone d'expertise réside dans son jeans: un énorme pénis, dont il se sert de
manière plutôt experte. Un ancien coup d'un soir - Tanya, qu'il croise à ce même cours - le guide à concrétiser cette
curieuse initiative: elle devient une maquerelle tout aussi improvisée que son gigolo! Pas fondamentalement à se rouler par
terre, 'Hung' tient pourtant en haleine. Cette série flirte tellement avec l'absurde et le concret, qu'elle en devient plutôt
sympa. Une production HBO qui renoue avec un peu de l'esprit frondeur de la compagnie, quelque peu perdu depuis ces
dernières années!
Film: 6/10, Extras: 6/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 270 min
Réalisé par: Colette Burson, Dmitry Lipkin - Avec: Thomas Jane, Jane Adams, Charlie Saxton, Sianoa Smit-McPhee
Distributeur: Warner
Extras: Commentaires audio,making of, featurettes
Gauthier Keyaerts
Harper's Island
Trish et Henry décident de se marier dans le cadre paradisiaque de Harper's Island... Une insularité chargée de nombreux
souvenirs pour les futurs époux, et pour une bonne partie des convives invités. Une violente anamnèse se produit une fois
le pied posé en ces terres, car si l'île fut le lieu de jeux infantiles et innocents, de premiers émois amoureux, de sourires et
de larmes, elle abrita également un épouvantable massacre perpétré par un serial-killer du nom de John Wakefield. Dès le
ponton, les cerveaux de celles et ceux qui vécurent l'événement, se mettent donc à gamberger. D'autant que d'étranges
événements se produisent assez rapidement. Lente à démarrer, et un peu molle de la résolution, cette volée de 13
épisodes comporte pourtant un bon noyau dur de moments forts, et tout autant d'hommages intelligents au "whodunit",
allant de l'esprit Agatha Christie au slasher 80's, en passant par le sens du suspense à la sauce Carpenterienne. Pas
indispensable, mais clairement sympa!
Film: 6/10, Extras: 6/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 518 min
Réalisé par: Ari Schlossberg - Avec: Elaine Cassidy , Christopher Gorham, Matt Barr, Gina Holden
Extras: Featurettes, court-métrage...
Gauthier Keyaerts
Teza
Revenu mutilé en son village de Minzero, Éthiopie, au début des années '90, Anberber ne comprend plus les us et
coutumes des siens. Il a oublié ses racines, et à peu près tout ce qui s'est passé avant de rentrer d'urgence à l'hôpital...
Petit à petit la mémoire va lui revenir, il reverra alors ses années d'études de médecine, 20 ans plus tôt en Allemagne; ses
prises de position politiques face à la tyrannie de l'empereur Hailé Sélassié; son retour tumultueux au pays, pourtant
empreint d'espoirs après la prise de pouvoir par Mengistu Haile Mariam... une joie de courte durée vu les violences
perpétrées au nom du "véritable" communisme. Anberber doit du coup repartir pour l'Allemagne de l'Est, devenue d'un
racisme génocidaire, sans avoir pu revoir sa famille. Mais plus les souvenirs surgissent, plus les conflits passés et présents
détruisent le pauvre homme, qui ne comprend décidemment pas la dérive de cette Éthiopie qui lui tient tant à coeur. Film
fleuve, prenant son temps pour déployer véritablement ses nombreux enjeux humanistes et archétypaux, 'Teza'
bouleverse, enchante, passionne et déstabilise. Magnifique...
Film: 9/10, Extras: 0/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 140 min
Réalisé par: Haile Gerima - Avec: Aaron Arefe, Abeye Tedla, Takelech Beyene, Teje Tesfahun
Distributeur: Filmfreak
Extras: Interviews
Gauthier Keyaerts
The Cove
Ancien dresseur de dauphins (notamment sur la série 'Flipper'), Ric O'Barry subit les affres de la honte. Le succès du show
télévisuel fut tel, que des parcs aquatiques furent créés afin d'attirer l'attention (et surtout les deniers des familles) sur ces
créatures incroyables... entraînant au gré des années des captures de plus en plus violentes, la multiplication des ces
"temples", et des conditions de survie plus que précaires pour les pauvres marsouins. Se sentant coupable, O'Barry se lance
dans un mouvement de libération des dauphins, arrachés à leur précarité, et au stress de la captivité. Il devient vite
indésirable, vu que ce trafic génère énormément d'argent. 'The Cove' retrace brièvement l'histoire de cet homme passionné,
et s'attarde surtout sur le cas de la baie japonaise de Taiji, un lieu sinistre où se perpétuent d'année en année d'affreux
génocides. Impossible, lors du visionnement de ce documentaire imparfait mais couillu, de ne pas s'écrier "cétacé"!
Film: 7/10, Extras: 0/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 91 min
Distributeur: Dutch Filmworks
Gauthier Keyaerts
Tous les garçons aiment Mandy Lane
Mandy Lane est une jeune fille comme les autres... si ce n'est qu'elle déclenche - par sa beauté et sa virginité - la convoitise
de tous les mecs du lycée, et de manière collatérale suscite bien entendu la jalousie de la gent féminine. Invitée par
quelques "amis" à passer un week-end dans un ranch, Mandy Lane va passer un moment assez désagréable, son hymen
étant mis à prix, et un tueur décidant d'abattre les participants à la fiesta! Inédit en nos contrées, 'All the Boys Love Mandy
Lane' possède pourtant de sérieux atouts: de l'intelligence (la pureté devient symbole de force), un message
nihilisto-féministe glacial (nous vous laissons la surprise), de pur moments de beauté photographique (et d'autres moins
convaincants), un casting accrocheur, et une énergie assez féroce. Mais il est clair que l'amoralité ambiante, et l'aspect de
ce "really not another teen movie" en font un objet effrayant pour les distributeurs.
Film: 9/10, Extras: 0/10
Sortie: 11/2010 - Durée: 90 min
Réalisé par: Jonathan Levine - Avec: Amber Heard, Anson Mount, Whitney Able, Michael Welch
Distributeur: Dutch Filmworks
Gauthier Keyaerts
Legion
L'humanité ayant la fâcheuse tendance à ne pas vouloir se laver les dents, à puer des pieds, à se balancer des roquettes à
la gueule, à bomber le torse en plein milieu de marchés, à préférer le pétrole comme écosystème sous-marin... Dieu,
lassé, a lâché ses angelots à la tronche de ces pathétiques créatures, afin de faire le grand nettoyage de printemps. Et
quand ça lasse Dieu, il devient salace et les tue (les humains) à la sauce piquante. Vous suivez? Seul l'archange Michael
tente de s'opposer à cette décision radicale. Il y laisse les ailes, et leur préfère les gros guns bien méchants, et en quantité.
Au beau milieu de ce bordel à l'échelle cosmique, mais pas forcément drôle, le spectateur assiste médusé à une bataille
assez réjouissante! De celles issues des meilleurs écoles du bis (et pas de l'abysse), celles à budget confortable, au casting
pas trop pourave. Une bonne nouvelle pour celles et ceux qui auraient envie de se mater une péloche pas forcément
originale, intelligente ou virtuose, mais bien un petit plaisir par moments stéroïdé. Seulement appréciable si vous êtes
capable de vous boucher un peu le nez durant le visionnement, car ici ça pue salement la bondieuserie! Un peu trop même
maintenant que j'y repense.
Film: 6/10, Extras: 6/10
Sortie: 09/2010 - Durée: 104 min
Réalisé par: Scott Stewart - Avec: Dennis Quaid, Paul Bettany, Kate Walsh, Doug Jones, Tyrese Gibson
Distributeur: Sony Pictures
Extras: Featurettes
Gauthier Keyaerts
///////////// Blu-Rays /////////////
Lost saison 6
S'il est une série qui emporta les suffrages affectifs de ses spectateurs, c'est bien 'Lost'! Ce labyrinthique jeu de piste
orchestré par Jeffrey Lieber, JJ Abrams et Damon Lindelof, mystique et spatio-temporel, anthropoloco-fantastique et
fractal, n'a cessé au gré des saisons de rendre accro les pauvres téléphages que nous sommes. Et pourtant, la
systématique des flash-backs (pénible au début), la multiplication des mystères, le tout à la frustration, et d'autres scories
tendaient parfois à créer une impression de puzzle rédhibitoire. Ceux qui franchirent ces obstacles surmontables, en furent
pour leur plaisir! 'Lost' s'avère être une subtile combinatoire de construction psychologique de personnages forts, devenant
des amis pour les voyeurs que nous sommes, et de récits gigognes et aléatoires, optant pour des non-résolutions... flirtant
avec des sortes de deus ex machina, tellement les voltes et vrilles scénaristiques affluent. Cette ultime volée d'épisodes
reste fidèle à la réputation unique de 'Lost': riche, pleine de twists et autres danses pour méninges, et totalement apte à
diviser les fans. De toute façon, aucune fin n'aurait pu rassasier les appétits voraces des adorateurs de 'Lost', vu que la
série est devenue l'objet de tous les exutoires. Tant d'hypothèses furent lancées sur la toile, tant d'espoirs de résolution
habitèrent nos âmes, qu'il était impossible d'offrir un final universel. Mais ce qui touche le plus lors de ces dernières heures
de visionnement, c'est l'intensité émotionnelle atteinte. Préparez vos mouchoirs.
Film: 8/10, Extras: 8/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 570 min
Réalisé par: J.J. Abrams - Avec: Matthew Fox, Terry O'Quinn, Jorge Garcia, Michael Emerson...
Distributeur: Buena Vista Home Entertainment
Extras: Commentaires audio, documentaires, bloopers...
Gauthier Keyaerts
The Ghost Writer
Engagé pour mettre en forme les mémoires d'Adam Lang, ex-premier ministre britannique, un écrivain de l'ombre - soit un
nègre -, se lance à la tâche sans trop de motivation, si ce n'est la promesse d'un énorme chèque. Mais plus il fréquente le
politicien et ses proches, plus l'homme de plume se rend compte que rien ne colle dans ce jeu de piste mémoriel. Il réalise
alors que son prédécesseur avait fait le même constat, et que la mort de ce dernier n'avait probablement rien d'accidentel!
Impeccablement filmé, monté, mis en musique et en scène, ce 'Ghost Writer' prouve - une fois de plus - que lorsque
Polanski s'applique, il reste un réalisateur puissant et incontournable. Ne loupez pas ce brûlot humano-politique.
Film: 9/10, Extras: 0/10
Sortie: 09/2010 - Durée: 128 min
Réalisé par: Roman Polanski - Avec: Ewan McGregor, Pierce Brosnan, Kim Cattrall
Distributeur: Dutch Filmworks
Extras: Interview
Gauthier Keyaerts
A Single Man
Lorsque Jim, le compagnon de George Falconer (amants depuis déjà 16 ans), meurt dans un accident de la route, la vie du
professeur britannique n'a plus de sens, plus d'éclat, plus de saveur... Il se sent alors incapable d'envisager le moindre
futur, même si une mince lueur se pointe de temps à autre, comme un moment partagé avec son amie et compatriote
Charley, ou encore une discussion passionnée avec un jeune étudiant. Partant du postulat du suicide, George va pourtant
se laisser un instant de réflexion, et sortir de sa réserve habituelle. Volontairement détaché et plastique, 'A Single Man'
introduit de l'émotion en plein désert cognitif, de manière subtile, complexe et ultra sensorielle. Parfois un peu exagéré,
mais sans pour autant pousser à la faute.
Film: 8/10, Extras: 7/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 99 min
Réalisé par: Tom Ford - Avec: Colin Firth, Julianne Moore, Matthew Goode, Nicholas Hoult
Distributeur: Cinéart / Twin Pics
Extras: Commentaires audio, interviews...
Gauthier Keyaerts
The Pianist
Le mois dernier, nous chroniquions un tir groupé de rééditions, en haute- définition, de titres issus du catalogue Studio
Canal: 'Mulholland Drive', 'Delicatessen', 'The Third Man', 'The Graduate', etc. Voici la queue de comète de cette série,
arrivée un peu trop tard pour faire partie du pack susmentionné: 'The Pianist'. Un Polanski auréolé - à juste titre - d'un
succès tant critique que public. Son ajout dans la superbe 'Collection' de Studio Canal s'imposait donc!
Film: 8/10, Extras: 7/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 148 min
Réalisé par: Roman Polanski - Avec: Adrien Brody, Franck Finlay, Emilia Fox, Michal Zebrowski, Ed Stoppard
Distributeur: Studio Canal
Extras: Featurettes, interview...
Gauthier Keyaerts
Océans
Comment définir l'Océan? L'équipe derrière 'Le peuple migrateur' (Jacques Perrin et Jacques Cluzaud) s'unit à nouveau
pour nous répondre... Le résultat est époustouflant! Parce que derrière une pseudo économie d'effets stylistiques et
narratifs gratuits (enfin, la plupart du temps), 'Océans' montre et fait ressentir plus qu'il n'explique (ne le prenez pas pour
un outil pédagogique). Cette hallucinante valse marine et sous-marine vous fera clairement écarquiller les yeux!
Film: 6/10, Extras: 0/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 103 min
Distributeur: Dutch Filmworks
Extras: Making of
Gauthier Keyaerts
Freddy - Les Griffes de la nuit (1984/ 2010)
Pratiquement impossibles à comparer, ces deux visions des premières frasques onirico-assassines de Freddy Krueger, sont
à la fois divergentes et de mauvaises copies carbones. Autant le dire tout de suite, exit la subtilité apportée par Wes
Craven... Les meilleurs moments de son opus sont ici recasés tant bien que mal, et les nouvelles idées ne trouvent que
rarement leur place. Exit également le jeu de trompe-l'oeil notamment au niveau de la fausse héroïne (Tina exécutée pour
laisser la place à la frêle vierge effarouchée qu'est Nancy), tout comme l'aspect soap, progressivement balancé au profit
d'une esthétique glaciale et tranchante. En 2010, les victimes ne sont plus ces ados un peu cons, mais bien des gros
gothiques déjantés, droguées, en mal de vivre... Le scénario revisité souligne grassement que Freddy est le responsable de
cette errance existentielle, dans une sorte de non crescendo narratif insistant, et sans surprise. Pas contre, chapeau bas une fois de plus - pour Samuel Bayer, arrivant à donner à la fois une esthétique à la croisée de l'esprit toc baroque des
80's et au grain salissant et poisseux des remakes exécuté par les poulains de l'écurie Michael Bay. Ces deux sorties sont
bardées de nombreux bonus, modulaires et interactifs.
Film: 7/10, Extras: 7/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 0 min
Réalisé par: Wes Craven, Samuel Bayer - Avec: Robert Englund, Heather Langenkamp, Jackie Earle Haley, Rooney Mara
Distributeur: Warner
Extras: Featurettes, Focus Point, commentaires audio...
Gauthier Keyaerts
Robin des bois
Avant de devenir un célèbre hors-la-loi, à cause d'une trahison royale, Robin des Bois se nommait tout simplement Robin
Longstride... archer au service du roi Richard. Après la mort de son leader, Robin abandonne le champ de bataille, en
compagnie d'autres soldats également en verve de désertion! Tous usurpent l'identité de chevaliers morts dans une
embuscade, afin de retrouver au plus vite leurs terres d'Angleterre. Malheureusement, leur réconfort sera de courte durée:
le prince Jean, frère cadet de Richard, prend la succession, pour se lancer dans un grand numéro d'égocentrisme. Ce qui
permet à son "fidèle" ami Godfrey de le trahir, pactisant avec l'ennemi français. Les retrouvailles entre Ridley Scott et
Russell Crowe, un couple déjà auréolé de tonnes de dollars lors de la sortie de 'Gladiator', font mouche! 'Robin des bois'
sent le médiévalisme rude et puant, boueux et sanglant, maladif et traître. A l'aise tant dans l'action que dans la
sophistication scénaristique (parfois un peu lourde, certes), nos "zoziaux" peuvent - quasi - s'enorgueillir d'avoir opéré dans
un nouveau semi futur classique!
Film: 7/10, Extras: 8/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 140 min
Réalisé par: Ridley Scott - Avec: Russell Crowe, Cate Blanchett, Vanessa Redgrave, William Hurt, Matthew MacFadyen
Distributeur: Universal
Extras: Director's cut, making of, scènes inédites...
Gauthier Keyaerts
Hybrid
Clive et Elsa pratiquent avec une ferveur quasi infantile des recherches génétiques basées sur un savant mélange de
séquences ADN animales, visant à enrichir de nouveaux éléments salvateurs la pharmacopée internationale. Frustré de ne
pouvoir ajouter de l'ADN humain dans leur cocktail expérimental, suite à de fumeux problèmes d'éthiques pouvant priver
leurs employeurs d'un maximum de bénéfices faciles, le duo prométhéen tente le coup en catimini. Et c'est donc
parallèlement à leurs devoirs de travailleurs modèles, qu'ils donnent finalement "naissance" à ce qui semble être un échec
retentissant... Pour progressivement devenir une créature étrange, humanoïde mais tellement difficile à appréhender! Elle
est loin l'époque bénie où Vincenzo Natali était le réalisateur de toutes les attentes. Il aura suffi d'un duo d'échecs
commerciaux: 'Cypher', mérité, et 'Nothing', pourtant fabuleux, pour que notre homme disparaisse des esprits cinéphiles.
Du coup, 'Splice' s'est bâfré une sortie moisie, en plein été, et une promotion invisible. Fort dommage comme prise de
position commerciale, car ce film fleure bon le fantastique old-school (70's en plein), ambitieux, et héritier de l'esprit
tortueux du sieur Cronenberg. Une pelloche sacrifiée sur l'autel de la connerie pure, que vous me ferez le plaisir de
rattraper d'urgence, malgré ses quelques faiblesses de rythme et autre balisages scénaristiques pénibles!
Film: 8/10, Extras: 8/10
Sortie: 11/2010 - Durée: 104 min
Réalisé par: Vincenzo Natali - Avec: Adrien Brody, Saray Polley
Distributeur: Dutch Filmworks
Gauthier Keyaerts
Psychose
Tout comme pour 'Sailor & Lula', le cas de la sortie en haute-définition du 'Psychose' d'Alfred Hitchcock va encore secouer
les rangs des cinéphiles. Le master ici présenté est simplement fantastique, sans pour autant être parfait. Mais ne pinaillons
pas pour un coup de gain, ou une scorie, il y a de quoi se nourrir du travail d'image implacable du maître, et redécouvrir
l'impact monumental de la pétrifiante bande-son signée Bernard Hermann. Du côté des bonus c'est un peu moins net que
le film en soi... En gros, le matériel de base de l'édition collector est quasiment ici repris (l'entretien avec les deux
journalistes vole au marais), agrémenté d'une featurette plutôt intéressante: 'Hitchcock Legacy', laissant la parole à
William Friedkin, John Carpenter, Martin Scorsese, ..., d'un commentaire audio de Stephen Rebello, l'entretien audio
Hitchcock / François Truffaut, sans oublier un épisode de la série TV 'Alfred Hitchcock présente'. De quoi se faire: a) une
belle leçon de cinéma; b) plaisir; c) les deux en même temps, et plus car affinités!
Film: 9/10, Extras: 9/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 109 min
Réalisé par: Alfre Hitchcock - Avec: Anthony Perkins, Janet, Leigh, Vera Miles
Distributeur: Universal
Extras: Making of, featurettes, archives...
Gauthier Keyaerts
Sailor & Lula
David Lynch va assurément faire couler beaucoup d'encre suite aux ressorties des ses précieux travaux en haute-définition.
Prenez l'exemple de ce 'Sailor et Lula'... Déjà lancé dans les linéaires, nu de tout bonus, par Studio Canal, il nous revient
sous le sceau 'Universal' avec un mixage honnête - sans pour autant dépoter - assorti d'une poignée de bonus repiqués à
l'Edition Collector concoctée en 2004 par Wild Side ('The directors' non inclus)! Bref, c'est le bordel, mais personnellement
j'aime bien... Me voyant forcé éthiquement de revoir l'oeuvre de Lynch (magnifique excuse).
Film: 8/10, Extras: 8/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 127 min
Réalisé par: David Lynch - Avec: Nicolas Cage,Laura Dern,Willem Dafoe, J.E. Freeman
Distributeur: Universal
Extras: Featurettes, making of...
Gauthier Keyaerts
La bataille de Passchendaele
Il est assez rare de croiser des livres sur le sujet de la première guerre mondiale, tout comme les films relatant cette sauvage période. 'La bataille
de Passchendaele' reste donc une belle exception, d'autant plus étonnante que ce long-métrage nous provient du Canada, aborde le sujet en se
concentrant sur cette région du globe, et se focalise sur l'engagement de ses troupes (au sens large). Malgré un budget une peut étriqué, 'La
bataille de Passchendaele' tient relativement bien la route, si vous êtes capables d'accepter ses allures de direct to video.
Film: 6/10, Extras: 0/10
Sortie: 09/2010 - Durée: 110 min
Réalisé par: Paul Gross - Avec: Paul Gross, Caroline Dhavernas, Adam Harrington
Distributeur: Dutch Filmworks
Gauthier Keyaerts
Balibo
1975: Le Timor oriental, ancienne colonie portugaise, se voit sauvagement annexée par l'Indonésie.... Sans que l'Australie
proche, et l'ONU ne lèvent le petit doigt, ou que la presse internationale s'empare du sujet. Le sang coule, mais il n'y aura
pas de sauvetage... 'Balibo' propose les derniers instants avant ce tragique événement. Le réalisateur Robert Connolly
prend comme point de départ le témoignage actuel (inspiré) de celui d'une survivante, qui relate les événements de 1975,
et s'attarde sur le cas d'un journaliste: Roger East. Ce dernier tenta de retrouver une équipe de reporters, disparue au
coeur de la tourmente. Débarqué à Dili sans trop de convictions, East prend finalement conscience de la douleur du peuple
timorais, perdu face à l'imminence de l'arrivée des troupes indonésiennes, et comprend petit à petit le pourquoi du sacrifice
de ses collègues. East s'engage comme il peut... Le tout prend des allures de cinéma gigogne, lorsque la caméra se met à
suivre les pérégrinations des disparus, ou que leurs prises de vues s'affichent à l'écran. Petit film sur un grand sujet
(méconnu), 'Balibo' passionne malgré ses quelques défaillances techniques.
Film: 8/10, Extras: 0/10
Sortie: 09/2010 - Durée: 111 min
Réalisé par: Robert Connolly - Avec: Anthony LaPaglia, Oscar Isaac, Nathan Phillips
Distributeur: E1 Entertainment
Gauthier Keyaerts
Greenberg
Florence travaille pour les Greenberg, qu'elle assiste, en attendant mieux comme job, dans leurs tâches ménagères.
Lorsque la famille part en voyage pour quelque temps, Florence rencontre Roger, le frère de son employeur... un
personnage en pleine stase existentielle, suite à une séparation amoureuse difficile, passant son temps à ne volontairement
rien faire... si ce n'est subir une douloureuse dépression. Florence craque pour Roger, malgré son mal être, et les sautes
d'humeur décalées de cet étrange personnage. Film intimiste et souvent assez juste, 'Greenberg' vous fera passer un
délicat moment, sans enjeu artificiel ou accélération inutile.
Film: 6/10, Extras: 0/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 107 min
Réalisé par: Noah Baumbach - Avec: Ben Stiller, Greta Gerwig, Rhys Ifans, Jennifer Jason Leigh, Chris Messina, Brie
Larson, Juno Temple
Distributeur: Dutch Filmworks
Gauthier Keyaerts
True Blood saison 2
Décidemment complètement déjanté du synapse, névrotique du scénario, allumé de la série, le sieur Ball prouve qu'il en a
une solide paire (oui, de balls)! Avec cette deuxième saison des aventures de Sookie Stackhouse, il grille un peu plus la
politesse au matériel de base rédigé par la plume de miss Charlaine Harris, et explore plus en avant les méandres de
l'âme... humaine ou non. Il enchaîne ici à une vitesse folle divers sujets aussi barrés que l'Église de la Communauté du
Soleil (des extrémistes quasi fascistes), devenu l'autel de "sérénité" de Jason, le rebelle sans cervelle; la disparition du
créateur d'Eric Northman, Godric (connexe au sujet précédent), un sujet aux connotations homosexuelles intéressantes;
mais aussi à la véritable identité de Maryann, une muse à caractère dionysiaque, et son influence sur Tara. Voilà pour
l'essentiel (juste l'essentiel). De quoi se faire un malin plaisir, même si cette saison reste nettement moins forte que la
première, et que la troisième (faite de sexe et de sang... beaucoup des deux!), dont la diffusion s'est achevée il y a peu.
Les puristes, amateurs des romans, auront le poil qui se hérisse (tant pis pour eux), tandis que les téléphages vont se
délecter des extensions apportées à ces pages parfois un peu trop mijaurées. Parce que oui, 'True Blood' reste du pur jus
de bonheur (Faisons le 'V' de la victoire, du sang de synthèse et des vampires)... Beau numéro de fier coq, Alan!
Film: 7/10, Extras: 8/10
Sortie: 10/2010 - Durée: 636 min
Réalisé par: Alan Ball - Avec: Anna Paquin, Stephen Moyer, Sam Trammell, Ryan Kwanten
Distributeur: Warner
Extras: Commentaires audio,documentaires...
Gauthier Keyaerts
Nine
Guido Contini se voit adulé par la critique, le public, et vénéré en tant que meilleur réalisateur italien de sa génération...
Mais il est "victime" de son péché mignon: les femmes, en masse! Stimulant, mais il est difficile de gérer une épouse, une
maitresse, une journaliste plutôt craquante, une star magnifique, etc. Que faire? S'en remettre à quelques confidents et
confidentes? Surtout qu'en plus de ces tiraillements de pantalon, l'inspiration semble faire doucement défaut. Faut-il coller
à ce nouveau nanar signé Rob 'Chicago' Marshal 8 ½ ou 9 sur cent? Je vous laisse seuls juges, si vous en avez le courage!
Film: 5/10, Extras: 0/10
Sortie: 06/2010 - Durée: 117 min
Réalisé par: Rob Marshall - Avec: Nicole Kidman, Penélope Cruz, Judi Dench, Daniel Day-Lewis, Kate Hudson, Sophia Loren
Distributeur: Paradiso
Gauthier Keyaerts
The Mist
Une petite ville, une tempête, un gros banc de brouillard dont émane des créatures pas fondamentalement amitieuses. Ok,
cela sonne comme le synopsis de 'The Fog' de John Carpenter. Et pourtant il s'agit d'une adaptation de Stephen King. En
lieu et place de pirates moisis, et en pleine charge de revanche, nous avons droit ici à des créatures venues d'un
"audelàbasauloin". Soit des sortes d'inquiétants insectes mutants, et d'indicibles et géantes bébêtes plutôt farouches. A la
fois pamphlet simpliste sur la bondieuserie de supermarché, sur les abus de pouvoir et les amateurs de procès facile, sur
la lâcheté et l'orgueil, 'The Mist' est également une oeuvre sombre, nihiliste et désabusée, faisant écho au malheureusement - raté 'The Happening' de Shyamalan. On y retrouve la même charge de dénonciation du comportement
insensé de l'humain, toujours en quête de couronnement prométhéen.
Malgré des effets spéciaux au rabais, 'The Mist' est une série B bien troussée, efficace d'un bout à l'autre... surtout à l'autre!
Film: 9/10, Extras: 8/10
Sortie: 09/2008 - Durée: 137 min
Réalisé par: Frank Darabont - Avec: Thomas Jane, Marcia Gay Harden, Toby Jones
Distributeur: Dutch Filmworks
Gauthier Keyaerts
///////////// Musique /////////////
I Like Trains (He Who Saw The Deep label)
Sombres, mélodramatiques, rimbaldiens. Voilà les images, prometteuses de densité émotionnelle et d'élans
lyrico-dépressifs, qui venaient à l'esprit à l'écoute de l'excellent premier EP 'Progress Reform', publié en 2006. Quatre ans
et deux albums plus tard, les iLikeTrains font du surplace dans leur petite flaque de larmes. Promenant ostentatoirement
leur mal de vivre sur les traces de Sigur Ros, Editors et autres And Also the Trees, les wagons du quatuor peinent à nous
transporter dans les profondeurs de l'âme humain. Ils y réussissent parfois de belle manière comme sur le bouleversant
crescendo de 'Sea of Regrets' ou le morceau d'ouverture 'When We Were Kings' aux relents post-rock. Pour le reste, le
groupe de Leeds décline mollement son vague à l'âme, porté par la voix monocorde de Guy Bannister et des violons
envahissants. Creuser toujours le même sillon ne fait pas le mineur de fonds, surtout s'il n'en sort que de trop rares
pépites. LT: And Also the trees, 'Virus Meadow'
CD: 6/10
Genre: Pop, Rock
David Morelli
Killing Joke (Absolute Dissident)
Groupe mythique pour les adorateurs de métal, néo ou gothique, toujours fers de lance d'un esprit punk destroy et
"findumondiste", énorme du riff, et dansant à sa manière, Killing Joke ne cesse de renaître (30 ans au compteur)! Ceux qui
assistèrent à leur double soirée de concerts prodigués l'année passée à l'AB vous le diront: le combo était au comble de sa
forme, affichant son line-up de base avec une fougue et une fierté contagieuse. Leur premier album, éponyme, est devenu
mythique, 'Ha' reste un des lives les plus électrisants captés à ce jour, 'Love Like Blood' fait toujours danser les
romantiques (ou nioukaks comme dirait l'autre), 'Eighties' hurler de joie, et l'album 'Pandemonium' a changé la face du
métal... et la suite (dont une collaboration avec Dave Grohl) n'a pas à démériter. 'Absolute Dissent', 13e album studio des
Killing Joke, marque également le retour du quatuor originel. On y retrouve une sorte de résumé de la carrière des gars:
guitares rageuses, chant transcendant, percus et basses métronomiques, assortis de quelques étonnants slow tempo. Loud!
CD: 7/10
Genre: Metal, hard rock, hard core, Rock
Label: Spinefarm Records - Distribution: V2
Gauthier Keyaerts
Oval (O)
Au départ combo allemand formé en 1991, alors trio (Markus Popp, Sebastian Oschatz, et Frank Metzge), Oval sort un
album - déjà visionnaire - sur la label Ata Tak en 1993. Une sorte de chaînon manquant entre l'acception en recherche du
krautrock (Neu! en ligne de mire) et les futures stars d'une pop indépendante héritière de cette exploration musicale
typiquement germanique, telles que Kreidler ou To Rococo Rot, voire l'esprit Kitty Yo. Bien entendu, Oval rallie la clique
Mille Plateaux (le label mythique créé en 1993 par Achim Szepanski), puis rejoint l'écurie Thrill Jockey. Le groupe se réduit
rapidement à une unité solo: Markus Popp, roi de l'art fragmentaire, musical et installationiste. Popp s'allie à la cause de
son ami et "concurrent" dans l'élégance electronica Jan St. Werner, membre de Mouse on Mars (autre formation
incontournable), histoire de former le fabuleux projet Microstoria. Puis digresse au sein de Gastr De Sol (album
Camoufleur), ou encore de So (avec Eriko Toyoda). Bref, laissons l'exhaustivité de côté, le pédigrée ici décrit dépote
suffisamment! Après un insupportable hiatus, Popp nous assène coup sur coup 'Oh' et 'O'... respectivement E.P. et album.
Deux perles, sises entre la pop futuriste, et le design sonore. Léger, intriguant, mutant, entre le post rock et l'electronica
tendance, parfois génial, souvent brillant. 'O' c'est une évidence à acquérir d'urgence!
CD: 9/10
Genre: Pop, Electronica, Experimental
Label: Thrill Jockey - Distribution: Konkurrent
Gauthier Keyaerts
Royksopp (Senior)
Le pari couillu du duo norvégien de tenter un follow up instrumental radicalement différent du sautillant 'Junior' était, a
priori, remarquable. A postériori, les neuf morceaux de dream pop ambientale et sombre risquent de ne pas être remarqués
par grand monde. Insipides et chichiteux, 'Senior est aussi excitant qu'un trajet dans le luxueux ascenseur d'un home de
vieux nantis. Bon sang, mais c'est madame Laurent que l'on assassine! Et elle aura bien besoin de Télésecours pour ne pas
sombrer dans une dépression comateuse provoquée par cet agrégat d'élégant ennui. On en viendrait presque à regretter le
dernier Air tant il ne se passe rien ici. Et lorsque l'électro-cardiogramme tente une pulsation, comme sur 'Triky 2',
revisitation peu inspirée de 'Junior, c'est Jean-Michel Jarre qui pointe son nez. 'Senior est la bande originale idéale pour
accompagner un documentaire sur la neurasthénie. Débranchez les sonotones! LT: Brian Eno,'Music for Airports'
CD: 3/10
Genre: Dance, Electronica
Label: Virgin - Distribution: Pias
David Morelli
Interpol (Interpol)
Les accents lyriques et pas toujours convaincants de 'Our love to admire' avaient décontenancé pas mal de fans de la
première heure. Interpol tente, avec cet album éponyme, un salvateur retour aux sources. Sans égaler, loin de là, la
beauté irradiante de leur exceptionnel premier album, le désormais trio (le bassiste a quitté le groupe juste après
l'enregistrement) réinvestit l'exploration du côté obscur de l'âme avec classe, sobriété et sans donner l'impression de
resservir la soupe. Le fantôme de Ian Curtis semble moins planer sur les compos des new-yorkais même si, à l'image de
sa pochette, celles-ci évoquent les brisures mélancoliques, les cicatrices toujours béantes et autres tourments dépressifs.
Armés de guitares chirurgicales posées sur des basses au galop, Interpol insuffle à ses mélodies une énergie du désespoir
qui transperce même la carapace des mélodies plus faiblardes. Interpol continue à (se) chercher et c'est très bien ainsi.
Listen to : The National, 'Boxer'
CD: 7/10
Genre: Pop, Rock
Label: Cooperative Music - Distribution: EMI
David Morelli
Underworld (Barking)
Le sixième album d'Underworld, groupe majeur sinon essentiel de l'electronica, est une claque. Dans le mauvais sens du
terme. Leurs deux derniers albums, ainsi que leur production, copieuse, exclusivement accessible sur le web, démontrait
une volonté authentique, à défaut d'être toujours convaincante, de continuer à explorer les recoins en friche de la musique
électronique. Ce 'Barking' donne surtout l'impression que le duo tente, de manière par trop opportuniste, de revenir sur le
devant de la scène en ressortant les synthés vintage pour surfer, comme tant d'autres, sur cet interminable revival 80's
dans laquelle la scène techno semble s'être majoritairement engluée. Résultat des courses: un album bancal où se cotoient
les beaux restes (le single 'Scribble', impeccable), le correct ('Grace', 'Between stars'), le remplissage arty et le carrément
embarrassant ('Always loved a film', hit eurodance en puissance). 'Barking' n'est pas à la hauteur du pedigree.
LT:Orbital,'Insides'
CD: 5/10
Genre: Electro
Label: Underworld.live - Distribution: V2
David Morelli
Orchestral Manoeuvres in the Dark (History of Modern)
Souvenez-vous le mythique groupe électro OMD s'était reformé et avait donné un concert à l'Olympia, à Paris, en mai
2007. Ils avaient joué l'intégralité de leur meilleur album, "Architecture and Morality" (1981), puis en seconde partie avait
interprété leurs plus grands succès. Aujourd'hui, 14 ans après le reformation et 30 ans après "Electricity", OMD sort un
album ! Les fans trentenaires voire quarantenaires devraient apprécier. Sentimentalement. Musicalement, c'est autre
chose. Certes, ces pionniers refont leur "History of Modern" avec un panel de sons électro impressionnant. Des synthés à
la Kraftwerk aux lignes de basse à la Moroder. Les voix d'Andy McCluskey et de Paul Humphreys ont gardé de la fraîcheur
et de l'éclat ; mais musique et voix sont perdues dans un flot continu de choeur (balancer les bras svp) quasi sur la même
note dans tout l'album. Le single "If you want it" l'illustre bien. Une "histoire" qui ne restera pas dans les annales.
CD: 7/10
Genre: Pop, Electro
Label: Blue Noise - Distribution: Pias
Frédéric Jarry
Chk Chk Chk (Strange weather, Isn't It?)
Le nouvel album des !!! (prononcez tchk tchk tchk) est à la fois très excitant et un chouia décevant, soufflant, d'une
manière tempérée qu'on ne leur connaissait pas, le bouillant et le tiède. Bouillant, "Strange Weather, Isn t It?" l'est sans
aucun doute quand les tchk lâchent les brides de leurs chevaux disco punk funk. "The Most certain Sure", "Wannagain
Wannagain" et surtout le bien nommé "The Hammer", tuerie discoïde à rendre Vitalic vert de jalousie, prouvent que les
tchk en ont encore dans le short. Le reste de l'album, s'il est loin de démériter en proposant des mélodies solides et
nerveuses, déçoit, à l'image de la mélodie proprette du single "AM/FM", par son aspect plus lisse, plus sage et étrangement
désabusé. Sans doute est-ce dû à la période chaotique qu'a traversé le groupe (départ de deux musiciens et du second
chanteur John Pugh, décès accidentel du batteur) et qui a failli mettre un point final à son existence. Dans ces conditions,
ce premier album en quatre ans semble presque tenir du miracle. On attend néanmoins les !!! là où leurs morceaux
prennent toute leur démesure festive: sur scène. En espérant que désormais, le groupe soit au beau fixe. Listen to:
Zongamin, 'Fleshtapes'
CD: 7/10
Genre: Electro, Pop
Label: Warp - Distribution: V2
David Morelli
The Charlatans (Who We Touch)
Seuls survivants de la scène Baggy avec Primal Scream, les Charlatans sont surtout associés à l'incontournable 'Only one I
know'. Pourtant, en 15 ans, le quintet indie n'a pas chômé et a sorti, et dans une indifférence totale en dehors de la perfide
Albion, une série de galettes d'excellente facture. Le petit dernier 'Who we Touch', est de cette même veine. Il débute sans
crier gare par un déluge de guitares chaotiques tendant à prouver que les vétérans ont encore la pêche, S'ils calment
néanmoins rapidement le tempo, c'est pour offrir une belle brochette de mélodies pop rock, efficaces et souvent
mélancoliques, portées par des guitares en verve et un orgue apportant densité et emphase (le beau 'Trust in Desire' et
son crescendo, la ballade 'Your pure soul'). Le tout s'achève par un morceau caché aux relents southern rock scandé par
un prêtre habité par le démon. Les Charlatants sont indubitablement un groupe à (re)découvrir. LT: Ian Brown, 'Solarized'
CD: 7/10
Genre: Pop
Label: Cooking Vinyls - Distribution: V2
David Morelli
Menomena (Mines)
Le merveilleux "Queen Black Acid", bouleversant de limpidité, pose dès le départ l'ambition de ce trio de Portland:
dynamiter les mélodies pop et, avec une virtuosité d'orfèvre confondante, orner, chaque fragment de la plus belle parure
qui soit, pour aboutir, une fois ordonnancés, à des morceaux évidents, parfaits et... différents. Portés par des
arrangements aussi variés (saxo, piano, glockenspiel...) qu'élégants et qui ont le bon goût de ne jamais prendre la pose
pour damer le pion à la mélodie - et quelles mélodies! -, Menemona enfile avec une facilité déconcertante ses perles.
Qu'elles soient de lumière (les entrelacs vocaux de 'Dirty cartoon') ou en acier délicatement forgé ("TAOS" scellant la
rencontre de Hendrix et de Elbow), 'Mines' ne souffre d'aucun temps mort. Long en bouche et d'une variété sonore
remarquable, Menomena propose rien de moins qu'un des albums indispensables de 2010. LT: Flaming Lips, 'The Fearless
Freaks'
CD: 9/10
Genre: Pop
Label: City Slang - Distribution: V2
David Morelli
Prince (20TEN)
C'est l'histoire d'un mec qui fait un tour à vélo, un samedi (le 10 juillet 2010) de canicule. Passant devant une librairie, il se
demande s'il reste une copie du quotidien 'Het Nieuwsblad', dans lequel se retrouve inséré le nouvel album de Prince (oups,
de unpronounceable symbol). Curieux (ben un album de machin chose à 1,40 euro, ça le fait), le cycliste s'approprie l'objet
"collector" en devenir. Il glisse alors dans la poche son bermuda le CD, et se colle la gazette dans le dos. Quelques
kilomètres et litres de sueur plus tard, il revient à son domicile. Le Cd a pris un coup d'humidité, et un quart de page du
journal est imprimé au-dessus de son arrière-train. Ce gusse, vous l'aurez compris, c'est moi. Un ex fan d'un talentueux
artiste qui fut un temps dénommé Prince, vibrant encore régulièrement aux accords du monstrueux album 'Sign O the
Times', et de ses prédécesseurs. '20 Ten', annoncé comme le retour à certaines sources ('1999', 'Purple Rain', etc.) n'est
pas la bombe attendue. L'amiral Nelson ressort avec ferveur ses rythmique flangées et sautillantes, ses gros accords
dégoulinants de synthé, et beaucoup de squelettes mélodiques empruntés à ses anciennes tueries, provoquant des
cascades de suées et de coups de reins. Ici tout sonne donc à l'ancienne, mais par contre, côté mélodique, rien de très bon
à se mettre sous la dent. Ne dépensez pas trop d'énergie pour acquérir ce coup de nostalgie inutile, et actuellement hors
commerce (mais soldé sur le net).
CD: 5/10
Genre: Funk
Gauthier Keyaerts
The Magic Numbers (The Runaway)
Les Magic Numbers sont une anomalie, un anachronisme dans l'univers agité et souvent cynique de la scène indie anglaise.
La paire de frères et de soeurs qui composent ce combo folk rock proposent une nouvelle fois d'éteindre nos GSM et de
couper la connexion internet. Ils nous donnent rendez vous dans le jardin (ou près d'une botte de foin s'il y en a une pas
loin), de nous coucher sur le sol, un brin d'herbe (ou de foin si...) en bouche et, les yeux levés vers le ciel, de profiter du
moment, de déconnecter. Déconnecté. Voilà le terme qui sied le mieux à ce troisième album qui fuit sans courir les modes
éphémères et nous invite à retrouver, en mordant dans leur émouvante madeleine à base de mélodies fraiches et
revigorantes, des bribes de la sérénité optimiste des seventies. "The Runaway" n'est pas un album nostalgique mais une
magnifique fuite en avant sur fond de "feel good songs" dans la lignée des Mama's and the Papa's, des Bee Gees et du rock
west Coast. Les Magic Numbers sont une anomalie. Une anomalie magique dont "The Runaways" est le sésame.
CD: 8/10
Genre: Rock, Pop
David Morelli
Morcheeba (Blood Like Lemonade)
"'Blood Like Lemonade', c'est l'album que nous aurions dû réaliser après 'Big Calm', en 1998, mais nous avions besoin
d'explorer d'autres horizons pour pouvoir revenir à notre habitat naturel", a reconnu Paul Godfrey, l'un des 2 frères
fondateurs du groupe trip hop de Douvres, Morcheeba. A la question de savoir quel son caractérise ce 7ème album, Skye
Edwards, la chanteuse des débuts mythiques du groupe, répond: "cela sonne Morcheeba bien sûr!". Ce qui est vrai mais
pas si évident, après les errances, heureuses et surtout malheureuses du groupe. Ici, retour aux mélodies légères
douces-amères, comme l'évoque le 1er single 'Even Though' avec sa guitare sèche, ses micro-scratch hip hop, très fin
années'90. La programmation electro flirte toujours avec le blues, la folk et même la country. La voie de Skye, enfin de
retour, a gagné en profondeur, même si le ton est plus pop que soul dans ce road-movie étrange où la musique très chill,
contraste avec des paroles de violence et de sang. Perso, 'Self Made Man' exprime le mieux ce paradoxe, très séduisant.
Comme l'opus.
CD: 9/10
Genre: Lounge
Label: Pias - Distribution: Pias
Frédéric Jarry
Kele Okereke (The Boxer)
La premiere vertu de cet album solo du chanteur de Bloc Party est d'être clair quant aux objectifs: faire danser jusqu'à
l'épuisement, des boîtes les plus huppées New York aux campings les plus beauf de la mer du Nord (et vice-versa, y a pas
de raison). Un objectif qui a son importance lorsqu'on se remémore avec une pointe d'agacement le dernier album - raté des Blocs Party qui ressemblait, de base, à leur traditionnel album de remix et sous-utilisait leur pourtant excellent
batteur. Un peu difficile à digérer pour les fans de la première heure qui voient encore en Bloc Party un groupe post punk
crédible plutôt qu'un groupe dance rock assez quelconque. Jouant à fond les basses et sans ambiguïté la carte electro,
Okereke réussit indéniablement sous coup. 'The Boxer' est agressif, puissant et les rythmiques et sonorités africaines, les
mélodies efficaces et la voix de Oreke apportent un supplément d'âme. Il y a des hits à la clé: le single, 'Tenderoni' et
surtout 'Rise' et ses basses monstrueuses façon Vitalic, sont des tueries. On succombe. LT: Vitalic, 'OK Cowboy'
CD: 7/10
Genre: Electro, Rock
Label: Wichita - Distribution: V2
David Morelli
UNKLE (Where Did The Night Fall)
Après deux albums de très haute tenue ('War Stories' et 'End titles'), Unkle marque sévèrement le coup avec ce 'Where Did
The Night Fall'. Jusqu'alors à l'avant-garde d'une scène électronique explorant les profondeurs du rock (et inversement) et
tentant, avec la morgue d'explorateurs sonores intrépides, de faire fusionner l'hermétique (Les Beatles, le rap et le trip hop
dans un même mix, couillu), ce cinquième album sort avec une date de péremption déjà dépassée. 'Where Did The Night
Fall' trace en ligne droite dans un sillon électronique/dark wave fréquenté depuis bien longtemps sans tenter d'en influencer
la direction. Unkle, qui a perdu en cours de route Richard File au profit(?) de l'ex-Psychonaut Pablo Clements, livre un
album froid, répétitif et -horreur- prévisible auquel il ne semble croire qu'à moitié. Le splendide 'Another Night Out' qui
clôture l'album laisse néanmoins planer l'espoir d'une reprise en main prochaine. LT: Siouxie and the Banshees, 'The
Rapture'
CD: 5/10
Genre: Electronica, Pop, Experimental
David Morelli
Moby (Wait For Me Remixes)
Sorti pile il y a un an, "Wait for Me" était le 9ème et très attendu album studio du producteur américain Moby, qui depuis la
fin des années'80 (Voodoo Child) mixe avec génie qualité musicale et succès planétaire. L'opus plutôt "ambient" et très
mélodique, tout en cordes et notes au piano, n'hésitant pas sur les choeurs et les voix filtrées, vient d'être "remixé" par les
meilleurs producteurs house et techno du moment. On passe sans transition du downtempo aux beats dansants, ce qui veut
dire que les remixes ne s'adresseront peut-être pas au même public que la musique du Moby d'après "Play". D'autant plus
que les meilleurs remixes ne sont pas ceux de Tiesto, Laurent Wolf ou de Carl Cox, mais bien d'artistes plus underground
comme Popof, Paul Kalkbrenner, Savage Skulls et surtout, Gui Borrato. En bonus, un 2ème CD où Moby renoue avec
l'électro puisque c'est lui qui mixe les remixes, avec brio.
CD: 8/10
Genre: Electro, House
Label: Little Idiot - Distribution: Pias
Frédéric Jarry
Jamie Lidell (Compass)
Voici sans doute l'album le plus abouti de Jamie Lidell, du moins le mieux équilibré. On avait découvert le bonhomme dans
un univers apocalyptique assez bruitiste et on l'avait vu évoluer vers une soul-funk de plus en plus propre, de moins en
moins folle. Pas avare et encore moins pudique en interview, Lidell avoua s'être un peu perdu artistiquement; la faute à
une vie personnelle un peu tumultueuse, ces dernières années. Il a depuis déménagé de Berlin à New-York, s'est pris la
mort de Michael Jackson (l'une de ses idoles!) dans les gencives et a choisi comme collaborateurs rapprochés du jour Beck
et Chris Taylor (de Grizzly Bear). Résultat du franchiment de ce nouveau cap : un album à la fois soul et bruitiste, déviant
et accessible, cohérent et barré, où la voix exceptionnelle du bonhomme se pose sur du funk certes bordélique mais
toujours entraînant.
CD: 8/10
Genre: Soul, Funk, Electronica
Label: Warp - Distribution: V2
Serge Coosemans
Zu (The Way of the Animals Powers)
Avoir un album de ZU à se mettre sous la dent, c'est toujours une excellente nouvelle! Mais "attention", 'The Way of the
Animals Powers' n'est pas une nouveauté, mais la ressortie d'une plaque ayant vu initialement le jour sur le label italien
Xeng. Déconstruites, mais pas forcément agressives, les compos hantant cette oeuvre fleurent bon une certaine folie,
cadrée et maîtrisée. Un travail impressionnant, où le trio transalpin est épaulé par Fred Lonberg-Holm (Valentine Trio, Peter
Brötzmann, Chicago Tentet, etc.). Le plaisir auditif (morceaux superbes et nouveau mastering opéré par James Plotkin) se
double d'un plaisir tactile: soit le contact d'un bon gros vinyle 180 grammes!
CD: 8/10
Genre: Electro-Pop
Label: Public Guilt Records - Distribution: Mandaï
Gauthier Keyaerts
LEO (88 Man)/ The Healthy and the Badass Motherfucker/ ROOM
204 (Speaking Parts From the Blazing Rows/ Tonnerre
Vendanges/ Balloons)
Le label nantais Kythibong nous a glissé sous l'oreiller trois petite gâteries à se mettre dans le lecteur CD... La première
(sans ordre d'importance, mais bien de situation dans la pile "à chroniquer") passée en revue sera donc les exploits
soniques du duo Leo (88 Man), joliment folk. Comparé à d'illustres homologues étasuniens (Smog, Lambchop, Giant
Sands...), le duo développe ici un son pop-folk plutôt joli, mais jamais vraiment totalement prenant, car peut-être un
chouïa trop bien pensé, et poli. Healthy Boys (and the Motherfucker), malgré un nom de groupe crasseux, reste tout autant
sous le charme de l'acoustique. L'E.P. ici présenté rassemble quatre morceau de Benjamin Nerot accompagné de quelques
amis (ex Bastards), enregistrés en résidence. Ne cherchez pas le tonnerre, ni la vengeance... Duo bétonné et armé, Room
204 continue à explorer les transgressions du bruit en formation minimale. Plutôt sympa! Petite précision: les fans de vinyls
commanderont via la France. Pour l'édition CD il faudra passer par la case Japon (Stiff Slack).
CD: 6/10
Genre: Folk, Rock
Label: Kythibong Records - Distribution: Mandaï
Gauthier Keyaerts
Erykah Badu (New Amerykah Part Two: Return of the Ankh)
Généralement plus calme et introspective que 'New Amerykah Part One (4th World War)', sans pour autant être
définitivement différente, cette suite affiche derrière des arguments graphiques psychédéliques et reposants, une santé
soul quasi sereine. La guerre n'aura donc pas eu lieu, Bush s'en est allé, et Erykah arbore maintenant la croix ansée, soit
le symbole de la vie. Une vie pleine de nuances, parfois un peu mélancolique (à tendance jazzy), souvent rebondie, pleine
de profonde et instinctive sensualité. Car ici, ça sent la fin de nuit, de celles passées sous les draps avec un(e) partenaire
éveillant - sans efforts - la moindre parcelle de terrain érogène. Avec peut-être un chouïa d'agréable gueule de bois. Dans
cet état entre sommeil et éveil, accompagné de fatigue, et d'un reste d'adrénaline, tout est possible: rêver éveillé,
percevoir l'avenir avec optimisme, se ressentir comme jamais, avec confiance et sérénité. 'Return of the Ankh' doit
s'écouter au bon moment, lorsque le stress s'évacue, et que l'existence reprend un cours plus calme, intimiste, voire
grisant, histoire de savourer chaque intonation de voix, chaque sample usé de manière old-school et aux volutes quasi
analogiques...
CD: 8/10
Genre: Soul
Gauthier Keyaerts
///////////// Dossiers /////////////
Interview de Mahamat Haroun, réalisateur de 'Un homme qui crie'
Soyons honnêtes: l'idée d'un cinéma africain est assez
bizarre. Oui, l'Afrique du Nord compte quelques excellents et célèbres réalisateurs. Oui, l'Afrique du Sud a récemment apporté au monde, entre
autres, 'Tsotsi', 'District 9' et Charlize Theron. Et oui, le Nigéria peut fièrement affirmer sa place de troisième plus grosse industrie
cinématographique au monde (sous le nom de Nollywood).
Quoi qu'il en soit, ça ne peut pas être aisé de rassembler le budget pour un long-métrage sur un continent qui ne se retrouve à la une de
l'actualité que pour parler de guerres, de pauvreté et de famine. Mais qu'à cela ne tienne, Mahamat-Saleh Haroun (49 ans) né au Tchad, le
quatrième pays le plus pauvre au monde, s'est déjà taillé une belle carrière.
Tout comme dans ses films de fiction précédents, 'Abouna' et 'Daratt', 'Un homme qui crie' parle de pères et de fils. Un thème très courant en
Afrique, où les pères abandonnent souvent leur famille et où les autorités ne se sentent pas toujours obligées de s'occuper de leurs citoyens.
Pourtant, Haroun refuse de se décrire comme un ambassadeur du cinéma africain.
Mahamat-Saleh Haroun:
Ce n'est pas ma prétention. Je veux bien parler du continent dont je suis originaire, mais je trouverais ça une terrible erreur de
simplement réduire le cinéma africain à Mahamat-Saleh Haroun. Je suis un auteur parmi plein d'autres.
Avec 'Un homme qui crie', aviez-vous pour objectif de raconter quelque chose sur le Tchad en particulier?
Mahamat-Saleh Haroun:
Certainement. Les films qui n'apportent rien au spectateur concernant le pays où ils ont été tournés sont pour moi des oeuvres
schizophréniques. Ce sont des histoires superficielles qui n'ont rien à raconter et veulent seulement délasser. Je veux que mon
public soit distrait, mais en même temps, je documente ce qui se passe dans mon pays. Mes compatriotes en ont besoin: ils
doivent pouvoir voir leur véritable situation à l'écran, et le monde extérieur doit savoir que le Tchad a bien plus à offrir que de
la misère. 'Un homme qui crie' est une histoire intime parce que j'ai voulu y montrer l'humanité de mon pays. Nous ne sommes
pas une bande de bêtes sauvages qui se massacrent constamment.
Qu'en est-il de l'infrastructure au Tchad? Vos compatriotes ont-ils la possibilité de voir des films?
Mahamat-Saleh Haroun:
La guerre a détruit une grande partie des infrastructures, y compris les cinémas. Après que j'aie remporté un prix il y a quatre
ans à Venise pour 'Daratt', les autorités ont décidé de restaurer l'une des salles de cinéma les plus anciennes de la capitale,
Ndjamena. Elle s'appelle 'Le Normandie', le seul cinéma couvert de tout le Tchad. Les travaux sont presque terminés, et les
portes devraient s'ouvrir courant du mois. Avec une avant-première de 'Un homme qui crie', ce dont je suis très fier.
Le titre complet de votre film est en réalité 'Un homme qui crie n'est pas un ours qui danse'. Qu'est-ce que cela signifie?
Mahamat-Saleh Haroun:
C'est une phrase qui vient du 'Cahier d'un retour au pays natal' d'Aimé Césaire, un poète martiniquais. Vu que c'est de la
poésie, tout le monde est libre d'y donner sa propre interprétation. Pour moi, cela veut dire que la douleur et la souffrance de
quelqu'un ne sont pas destinées à l'amusement des autres. Quand quelqu'un crie, il faut l'aider, pas rester à le regarder. Le film
parle de gens qui ne communiquent pas entre eux et qui ne trouvent pas important de s'accorder mutuellement de l'attention.
Une attitude qui ne fait qu'aider la guerre.
Un réalisateur doit sans doute faire doublement plus attention à ne pas transformer la souffrance en spectacle.
Mahamat-Saleh Haroun:
Absolument, et j'ai tout fait pour l'éviter. Si j'avais visé le spectacle, j'aurais fait du personnage du père, Adam, un vrai salaud.
Je l'aurais condamné sans appel, de sorte que le spectateur puisse sans problème le rejeter. Mais j'ai préféré montrer la
complexité de la situation, comment à un moment, les gens sont capables d'empathie, et l'instant d'après répondent au pur
égoïsme.
Adam représente-t-il beaucoup de pères africains?
Mahamat-Saleh Haroun:
Dans les médias, on voit souvent des images de jeunes africains qui tentent d'échapper à leur situation misérable en se jetant
sur une pirogue à la mer. Ces jeunes hommes ont également des parents, et quelque part, leur acte désespéré témoigne d'un
certain manque de responsabilité de la part de ces parents. J'utilise 'parents' dans le sens africain du mot. Culturellement,
chaque adulte africain est le parent de chaque enfant africain. Au Tchad, quand je vois un enfant faire quelque chose qu'il ne
peut pas, je n'hésiterai pas à lui tirer l'oreille. C'est comme ça. La triste réalité, c'est que c'est également l'Afrique qui a inventé
les enfants des rues et les enfants soldats, ce qui prouve que nombre d'adultes ne prennent plus leurs responsabilités. C'est
aussi cela que représente Adam.
Vous montrez aussi que cette situation a des causes multiples: la globalisation, la pauvreté, la guerre.
Mahamat-Saleh Haroun:
Les Africains ont l'habitude de devoir se battre sur plusieurs fronts. C'est pour ça qu'il est tellement compliqué de remporter le
combat. A chaque fois que l'on contrôle plus ou moins un feu, un autre se développe, encore plus grand. Adam est en plein
dans cette spirale, et il ne peut en sortir. D'un côté, il y a la guerre civile, et d'un autre, la globalisation qui fait qu'une femme
chinoise achète l'hôtel où Adam travaille et y démarre une sorte de guerre sociale. Adam doit se défendre de toutes parts
contre des attaquants qui sont bien plus forts que lui. Quelque part, c'est plus que normal qu'à un moment, ce soit trop pour lui.
'Un homme qui crie' a été couronné par le prix du jury au festival de Cannes. Vous trouvez que c'est une récompense importante?
Mahamat-Saleh Haroun:
Oui, car cela signifie que mon film peut également toucher des gens originaires d'autres parties du monde. C'est une
reconnaissance. En même temps, je ne me fais pas trop d'illusions. Un prix, c'est très subjectif, c'est l'avis de quelques
personnes. Je n'ai certainement pas le sentiment d'être arrivé à destination et de pouvoir me reposer sur mes lauriers. Je vais
tout simplement continuer à faire des films comme auparavant.
Interview d'Olivier Masset-Depasse, réalisateur d' 'Illégal'
Si le nouveau film du réalisateur wallon Olivier
Masset-Depasse s'appelle 'Illégal', ce n'est pas uniquement parce qu'il parle de l'histoire d'une femme russe sans papiers. Sinon, pour être
grammaticalement correct, il aurait fallu ajouter un 'e' au titre. Dans le cas présent, le réalisateur fait allusion au système dans lequel son
personnage principal, Tania, sombre. Elle vit depuis 7 ans illégalement à Bruxelles, avec son fils Ivan. Le jour où elle se fait prendre par la police,
Ivan parvient à s'échapper, mais elle se retrouve en centre fermé. Où elle attendra dans l'angoisse que son dossier passe par les rouages de
l'administration.
Dans tous les festivals où il a été présenté, 'Illégal' a fait forte impression. Il a même été couronné à Cannes du prix de la Société des Auteurs et
Compositeurs Dramatiques et, avec un peu de chance, il pourrait même se retrouver dans la sélection des Oscars dans la catégorie Meilleur film
étranger. La raison pour laquelle 'Illégal' plait tant est simple: malgré une thématique enflammée, il ne tombe jamais dans la manipulation.
"Je n'ai jamais eu pour objectif de réaliser un film militant," explique Olivier Masset-Depasse. "J'ai démarré ce film après avoir vu un reportage à
la télé. Ca a été une sorte de réaction instinctive. Je connaissais quelques sans-papiers, mais je n'étais pas plus au courant que monsieur tout le
monde de la situation dans les centres fermés. Ce reportage montrait clairement que les centres fermés ne sont rien d'autre que des prisons où on
retrouve des enfants et des adultes innocents. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai senti que je ne pouvais pas laisser ça, je devais aller voir ce qui
se passait derrière l'écran."
Le centre fermé le plus connu est à Steenokkerzeel, tout près de l'aéroport. C'est plus près que l'on ne le croit.
Masset-Depasse:
Cette constatation n'a fait que renforcer l'urgence de se pencher sur la question. J'ai commencé par faire des recherches via le
net, puis en discutant avec plusieurs personnes, l'idée du film est rapidement apparue. Avec un sujet pareil, il faut faire
attention, même si c'est une histoire fictive. Et puis, je voulais faire un film le plus fidèle possible à la réalité. Je me suis donc
plongé dans cette matière pendant toute une année, en compagnie d'un journaliste du Soir et d'un représentant belge de la
Ligue des Droits de l'Homme, jusqu'au moment où j'ai eu l'impression d'en savoir suffisamment. Nous avons visité le centre
127bis de Steenokkerzeel à plusieurs reprises, et interviewé toutes les personnes possibles, des demandeurs d'asile aux
gardiens.
L'accès au centre a été aisé?
Masset-Depasse:
Ca m'a demandé beaucoup de lobbying et de temps au téléphone. Et même quand on y a eu accès, on n'a pas pu filmer. Nous
devions tenir compte de toute une série de limitations. La communication avec le service des Affaires Etrangères a
heureusement été un peu plus facile. Leur promptitude à collaborer n'a pas duré longtemps, mais nous a permis de rassembler
beaucoup d'informations.
Comment peut-on éviter de faire passer le destin de ces gens sous la loupe du romantisme?
Masset-Depasse:
Tout ce que je montre dans ce film est au moins arrivé une fois. Ca a aussi un sens de construire un thriller dramatique autour
des illégaux, puisqu'eux-mêmes vivent dans un thriller constant. Ils sont sans cesse sous pression. J'ai toujours eu envie de
faire des films d'action psychologiques, et cette histoire se raccorde parfaitement à cette envie.
Avec une histoire pareille, difficile de ne pas se trouver relégué dans le coin des activistes gauchistes.
Masset-Depasse:
C'est vrai, mais je ne peux pas y changer grand-chose. Je suis persuadé que toute personne qui rencontre quelqu'un ayant
séjourné en centre fermé ne pourrait plus tolérer leur existence. Le problème, c'est que moi-même, je finance ces centres en
payant des impôts. Ca, ça me dérange. D'autant que ces centres ne servent à rien. Lors de mon premier rendez-vous avec la
directrice du centre de Steenokkerzeel, elle a reçu un coup de fil. C'était un ancien 'résident', comme on les appelle avec une
belle tendance à l'euphémisme. Je trouve que 'prisonnier' est plus approprié. L'homme était originaire de Pologne et avait été
rapatrié deux semaines auparavant. Il appelait pour signaler qu'il avait oublié son gsm. La directrice a alors proposé de le lui
envoyer en Pologne, ce à quoi le bonhomme a répondu: "Ce n'est pas nécessaire, je passerai le prendre." Voilà en gros la
situation. Ces centres n'apportent aucune solution. Ils servent juste d'étalage pour des politiciens qui veulent donner
l'impression qu'ils s'attaquent au problème. Ce genre d'institutions n'a pas sa place dans un pays qui prétend respecter les
droits humains. La Belgique a d'ailleurs déjà été condamnée à quatre reprises par la Cour Européenne des Droits de l'Homme
dans ce dossier.
Les défenseurs du système vous diront que "Il faut bien les enfermer, ces illégaux, sinon, on ne pourra plus jamais les mettre dehors."
Masset-Depasse:
J'en doute. Aujourd'hui, il n'y a normalement plus d'enfants dans ces centres fermés, et pourtant, il n'y a pas de problèmes.
Pendant des années, on a traité ces enfants comme des prisonniers. Aujourd'hui, ils sont placés dans des 'maisons ouvertes', et
il n'y a pas plus d'évasions qu'avant. Il existe des alternatives si on veut s'assurer que les gens ne vont pas sombrer dans le
circuit alternatif. Quand on y répond par la prison, la question de la migration est vécue comme une guerre, alors qu'en réalité,
c'est un défi à relever.
Est-ce un hasard si le film comprend une scène qui fait fortement penser à la mort de Samira Adamu, l'illégale la plus célèbre que la Belgique ait
connue?
Masset-Depasse:
Cela pouvait difficilement en être autrement: sa mort a choqué tout le pays. Mais Samira Adamu n'est de loin pas la seule
émigrée à avoir été traitée de la sorte. J'y ai pensé, mais je me suis en réalisé basé sur d'autres témoignages, et plus
particulièrement une expulsion dont j'ai pu voir les images vidéo. Je peux vous assurer que le film est très tendre vis-à-vis de
la police. J'ai édulcoré les faits, sans quoi cela aurait été bien trop grave.
First Rushes: The Green Hornet
Originellement émission radiophonique (datant de la
seconde moitié des 60's), puis devenue une série télévisuelle créée par William Dozier, 'The Green Hornet' ('Le frelon vert') narre les aventures de
Britt Reid. Rédacteur en chef du Daily Sentinel de jour, qui se transforme en super-héros (le fameux frelon vert du titre) la nuit, ce vigilante est
assisté dans sa tâche justicière par Kato, son fidèle valet, expert en arts martiaux et chauffeur d'un véhicule truffé de gadgets . Ce feuilleton
finalement assez peu connu, figure pourtant en tête des listes des opus cultes! Il permit notamment à Bruce Lee de se faire un nom auprès du
grand public américain.
S'il y a de quoi rester perplexe concernant le choix de Seth
Rogen ('Zack and Miri Make a Porno') pour le rôle de Britt Reid, un espoir certain fait surface à l'annonce du nom du réalisateur de cet improbable
chantier de résurrection... En effet, c'est Michel Gondry ('Be Kind Rewind') qui s'est affairé à la tâche! Vu le parcours atypique et qualitatif du
bonhomme, ce frelon version 2011 devrait posséder un minimum de piquant et d'intérêt. Même si la bande-annonce qui circule actuellement
laisse assez indifférent par son aspect lisse et passe-partout. A se demander si Gondry joue la carte de la conciliation avec le circuit commercial,
ou s'il a pu injecter un peu de son agréable venin de "brainiac" dans tout cela. Le rôle de Kato sera quant à lui endossé par Jay Chou aperçu dans
'Curse of the Golden Flower' et 'Kung-fu Dunk'. Premier bilan de l'affaire: enthousiasme et angoisses s'entremêlent!
Making Of: Machete
En 2007, le duo le plus geek du monde cinématographique,
soit Robert Rodriguez et Quentin Tarantino, unit ses forces de dérision afin d'accoucher du projet le plus improbables du nouveau millénaire: un
hommage au cinéma d'exploitation le plus débridé (sexe, violence, sang, grosses bagnoles,...), soit le genre de pellicules usées qui hantaient les
salles obscures dévouées au culte du double programme.
Et à propos de double programme, 'Grindhouse' se voulait
au départ une unité constituée de deux films distincts, réalisés donc par ces messieurs Quentin et Robert, unis par une flopée de bandes-annonces
mises en boîte par d'autres grands malades, tels que Rob Zombie ('Werewolf Women of the S.S'), Edgar Wright ('Don't') et Eli Roth
('Thanksgiving'). .. Le tout devant constituer une oeuvre compacte de plus de trois heures! Échaudés par autant d'audace (et surtout par le
manque à gagner), les producteurs décident de scinder en deux ce magnifique hybride (et de virer les trailers) afin de rentabiliser leur
investissement. Et même si ce décret fait mal aux arrière-trains des übernerds, il s'avère juteux: 'Death Proof' et 'Planet Terror' s'offrent un beau
petit succès, contaminant les spectateurs bien au-delà d'une secte d'adorateurs du 7e art trash et postmoderniste. Il faut avouer que ces versions
rallongées, histoire de tenir la route en diffusion long-métrage, tiennent justement la route, et possèdent de sérieux arguments en leur faveur:
des castings d'enfer (la plastique impeccable de la sexy Rose McGowan, Josh Brolin, Bruce Willis, Kurt Russell, ...), un savoir-faire dépassant le
simple hommage, une intelligence dans la citation sans faille, et surtout, surtout un sens de la dérision doublé d'une réalisation brillante! Si
Rodriguez exploite la veine du cinéma putride et infecté, Tarantino lui préfère le cinéma à 10000 à l'heure, quelque part entre 'L'enfer mécanique'
et le meilleur de la pelloche australienne dévouée aux grosses cylindrées. Carton plein de dollars donc, tant en salles, dvd... Et ce n'est pas fini,
vu que le coffret japonais, présentant 'Grindhouse' dans sa forme originelle, sera bientôt rejoint par des clones internationaux.
Une bande-annonce survit pourtant à la coupe: 'Machete'.
Proposant un Dany Danny Trejo survolté, hyper violent, épaulé par Cheech Marin devenu un side-kick "oh Dieu" et expert en gunfight. Ces
quelques minutes provoquent un tel émoi, que Rodriguez décide d'en faire un véritable long-métrage... une annonce saluée par un enthousiasme
certain. Au final, cette blague s'épaissit, et s'offre de luxueux interprètes et caméos: Robert De Niro, Michelle Rodriguez, Don Johnson, Nimród
Antal, Lindsay Lohan, Steven Seagal, ...). Improbable, fun, et surtout apte à écraser en un clin d'oeil le pourtant très attendu 'The Expandables'. Il
reste à espérer que Robert Rodriguez ait laissé s'exprimer sa facette talentueuse, plutôt que celle de feignasse capable du pire. Souvenez-vous du
traumatisant et tout pourri 'Once Upon a Time in Mexico'! Croisons les doigts...