Cadeau de Dieu

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Cadeau de Dieu
Cadeau de Dieu
Noël ; 2010.12.24-25
És 9, 1-6 ;Tite 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14
Beaucoup de cadeaux sont échangés ou donnés à l’occasion de Noël. Le sens du
mot cadeau s’est transformé depuis qu’il existe dans la langue française. Le verbe
cadeauter existe en Afrique francophone ; il veut dire gratifier quelqu’un de quelque
chose. Un cadeau est offert à quelqu’un pour faire plaisir ; c’est différent d’un trésor.
Par exemple, la France conserve à Paris de façon souterraine des lingots d’or : 3024
tonnes, équivalant à plus de 40 milliards de dollars ou encore les États-Unis d’Amérique
accumulent au Fort Knox 8140 tonnes de lingots d’or, dépassant les 100 milliards de
dollars. Ces trésors d’État sont là en cas de besoin extrême, par exemple pour
reconstruire le pays après une guerre ou un séisme destructeur. La grande différence entre
un cadeau et un trésor, c’est quoi ?
Un trésor existe en cas de besoin ; en attendant, il ne sert à rien. Un cadeau est
donné pour faire plaisir ou encore en hommage à quelqu’un, par exemple à quelqu’un qui
fête un anniversaire de naissance : 7 ans ou 77 ans ou un anniversaire de mariage : 20 ans
ou 60 ans. Noël nous rappelle en effet une fête anniversaire, celle de la naissance de Jésus.
Il ne s’agit pas d’un trésor, que l’on enferme à 27 mètres de profondeur en-dessous de la
Banque de Paris ou dans un fort très bien protégé. Jésus n’est pas un trésor caché ; c’est
plutôt un cadeau, qui n’est pas quelque chose, mais qui est quelqu’un. Un cadeau de qui ?
De Dieu lui-même. Un cadeau à qui ? À nous du XXI siècle, comme à tous les êtres
humains de tous les pays, depuis 2000 ans, valant même de façon rétroactive pour toute
l’humanité.
En judaïsme, un messie était attendu depuis de nombreux siècles. Le prophète
Ésaïe, entre autres, avait bien annoncé sa venue huit siècles avant qu’il ne vînt. Il est vrai
que les adeptes du judaïsme l’attendent encore ; c’est une religion de l’attente. Nous,
chrétiens et chrétiennes, nous croyons qu’il est venu. Certes, nous attendons qu’il
revienne à la fin des temps de chacun et de chacune d’entre nous, à la fin des temps de la
collectivité humaine. Notre attente est donc empreinte d’espérance, car elle est fondée sur
la foi que le messie est déjà venu en la personne de Jésus, fils de Marie et de Joseph, en
Palestine, il y a près de 2000 ans. Dieu n’a pas seulement créé des êtres humains à son
image et à sa ressemblance, il leur a aussi donné la possibilité d’être sauvés sur terre et
dans l’au-delà, malgré leurs égarements et leurs fautes.
Nous, chrétiens et chrétiennes, enfants et adultes, il nous appartient de prendre
conscience du cadeau extraordinaire que Dieu nous a fait de naître comme nous sur terre
et d’annoncer en paroles et en actes la Bonne Nouvelle du salut du monde. Certes, la fête
de Noël a été récupérée de façon mercantile ; la surabondance des cadeaux peut en faire
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disparaître leur sens. Noël, pour être une vraie belle fête, requiert un temps d’arrêt. Notre
présence en cette église ce soir en est un signe. Même à la maison, n’oublions pas qu’audelà du plaisir de recevoir ou de donner un cadeau, les enfants et aussi les adultes ont
surtout besoin de présence, d’affection et d’amour. Le sens donné aux cadeaux est plus
important que les cadeaux eux-mêmes. Discernons, dans le cadeau que Dieu fait de luimême à l’humanité en la personne de Jésus, ce qu’il y a de beau, de bon, de transcendant.
Il est heureux que des bergers furent les premiers à se rendre auprès de l’enfant
Jésus, lui faisant le cadeau de leur présence. Puis des mages somptueux viendraient plus
tard, signe que pauvres et riches sont également accueillis avec simplicité et
reconnaissance.
Durant l’Avent, à chaque dimanche, une bougie fut allumée lors des célébrations
dominicales. Cette année, on y valorise successivement la vigilance, l’espérance, la
patience et la confiance. Retenons l’espérance, une vertu cardinale, toujours prête à
rallumer la charité et la foi. Le grand poète québécois Félix Leclerc écrivait ceci à la fin de
sa vie : « j’ai une grande lassitude… j’ai les mains d’un homme usé et de veilles bottes…
mais une pâle clarté brille comme une lampe sous l’eau : mon enfance, la naissance du
Christ dans quelques jours, l’espérance que je retrouve chaque année dans mon grand
panier de détresse ».
Que cette fête de Noël soit pour chacune et chacun d’entre nous un vrai cadeau.
Servons-nous-en, non pas comme de l’or enfoui dans un lieu fermé, mais comme un
cadeau que nous partageons entre nous et avec d’autres, un cadeau que nous faisons et
ferons fructifier. Que chaque jour de l’année soit un Noël renouvelé. Si nous ne
persévérons pas, revenons-nous ressourcer à la Parole de Dieu et au Christ eucharistique.
Le prophète Ésaïe dénommait déjà le Messie à venir le « Merveilleux – Conseiller, le
Prince-de-la-paix ». Paul le reconnaissait tantôt, selon la deuxième lecture, comme « notre
Sauveur ». L’évangéliste Luc l’a décrit comme étant « le Seigneur », alors qu’il s’agissait
« d’un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ». Il le voyait de façon
rétroactive, comme dans un rétroviseur, car il croyait qu’il était ressuscité, puisque Luc a
écrit sont texte 80 ans après la naissance de Jésus. Vraiment, Dieu est extraordinaire.
Nous pouvons le glorifier avec reconnaissance. – Amen.
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