Mémoires de la traite négrière, de l`esclavage et de leurs abolitions

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Mémoires de la traite négrière, de l`esclavage et de leurs abolitions
COMITÉ POUR LA MÉMOIRE DE L’ESCLAVAGE
Mémoires de la traite négrière, de l’esclavage
et de leurs abolitions
Rapport à Monsieur le Premier ministre
Novembre 2007
COMITÉ POUR LA MÉMOIRE DE L’ESCLAVAGE
Mémoires de la traite négrière, de l’esclavage
et de leurs abolitions
Rapport à Monsieur le Premier ministre
Novembre 2007
SOMMAIRE
Sommaire
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Lettre au Premier ministre
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I. Éducation nationale
II. Recherche
III. Culture et patrimoine
III. Manifestations du 10 mai
• Paris
• Régions métropolitaines
• Régions et collectivités d’outre-mer
• Etranger
IV. Médias, édition
• Presse
• Radio
• Télévision
• Livre
• Internet
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Annexes
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1. Décret du 30 janvier 2007 portant nomination de membres du Comité pour la mémoire de
l'esclavage
2. Note de service n°2007-088 du 10 avril 2007 sur le Devoir de Mémoire, « Mémoire de la
traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions : 10 mai 2007 » du ministère chargé de
l’éducation nationale
3. Lutte contre la traite des êtres humains. Propos tenus par le président de la République, M.
Jacques Chirac, lors du conseil des ministres du 9 mai 2007
4. Note de service n°2007-166 du 31 novembre 2007 sur le Devoir de Mémoire, « Mémoire
de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions : 2 décembre 2007, 10 mai 2008 »
du ministère chargé de l’éducation nationale
5. De l’esclavage d’hier à l’esclavage d’aujourd’hui : images et mémoires de l’esclavage à
l’écran, essai de filmographie pour la classe, mise en ligne le 10 mai 2007 sur le site
Clionautes
6. Invocation aux ancêtres. Texte trilingue lu le 10 mai 2007 à l’Entre-Deux, La Réunion
7. Discours de M. Poncelet, président du Sénat, le 10 mai 2007
8. Texte et dates inscrits sur la plaque accompagnant le monument le cri, l’écrit au jardin du
Luxembourg, inauguré le 10 mai 2007
9. Lettre du comité pour la mémoire de l’esclavage au ministre de l’éducation nationale, octobre
2007
10. Crédits photographiques et artistiques
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Monsieur le Premier ministre,
J’ai l’honneur de vous faire parvenir le rapport 2007 du comité pour la mémoire de l’esclavage
(CPME). Un des articles de la loi du 21 mai 2001 demandait que soit créé pour cinq ans un comité de
personnalités compétentes qui mènerait à bien une mission de propositions tendant à faire connaître
la traite négrière, l’esclavage et leurs abolitions auprès de la nation française.
Dès son installation par Madame Girardin, ministre de l’outre-mer, en janvier 2004, le comité pour la
mémoire de l’esclavage (CPME) s’est efforcé de remplir la mission qui lui avait été confiée : proposer
une date de commémoration nationale, des mesures pour mieux faire connaître l’histoire de la traite
négrière et de l’esclavage, encourager la recherche, proposer des actions dans les domaines de
l’éducation et de la culture. Au début de l’année 2009, la mission de ce CPME dans sa forme actuelle
prendra fin. Aussi, ses membres s’efforcent-ils dans ce document de dresser un bilan de ses actions et,
au vu des avancées et des obstacles, de suggérer une pérennisation du travail de vigilance et d’alerte
sur des régressions possibles et de suivi des propositions faites. Les avancées de ce travail sur les
mémoires et l’histoire partagée de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions sont encore
trop fragiles pour que cette vigilance et ce suivi ne soient plus nécessaires. Nous avons toujours insisté
sur la dimension nationale de ces événements tragiques aux héritages complexes et pluriels.
Le rapport remis en avril 2005 à Monsieur le Premier Ministre, Jean-Pierre Raffarin, faisait l’état des
lieux dans les domaines de la recherche et de l’éducation, avançait des propositions dont l’objectif est
de construire une mémoire et une histoire partagées. Ce rapport reste pour nous un document de
référence qui pose les grandes lignes d’un programme de mise en œuvre de la loi de 2001 pour que les
contributions des Antillais, Réunionnais, Guyanais à la culture, à la pensée, à la création artistique et à
la démocratie soient mises en valeur. Le 30 janvier 2006, le Président de la République, Jacques Chirac,
reprenait toutes les propositions du CPME : la date du 10 mai comme journée de commémoration
nationale des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions ; encourager la
recherche ; développer des programmes dans l’éducation nationale. Une mission fut confiée à M.
Edouard Glissant pour préfigurer le Centre de mémoire et de recherche sur la traite négrière, de
l’esclavage et de leurs abolitions. Le 10 mai 2007, un monument était inauguré dans les Jardins du
Luxembourg en présence de MM. Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, président élu.
Nos rapports annuels montrent combien ces actions ont rencontré une demande et un besoin de
revenir sur cette histoire pour mettre en lumière ses complexités et la partager. Un laboratoire de
recherche s’est créé au CNRS, plusieurs Académies ont développé des programmes éducatifs, des
monuments ont été construits. Cette histoire, qui est l’histoire de la France, s’inscrit dans la longue
histoire des combats pour la liberté, l’égalité et la citoyenneté. Au moment où les manipulations des
mémoires peuvent faire craindre des dérives qui menaceraient ce vivre ensemble, il est nécessaire
d’affirmer un besoin de rigueur dans la recherche d’une mémoire et d’une histoire partagée.
La France est le premier Etat et demeure le seul qui à ce jour ait déclaré la traite négrière et l’esclavage
« crime contre l’humanité », elle est également le seul Etat à avoir décrété une journée nationale de
commémoration. Il est donc important de poursuivre ce travail de remémoration et d’explication
d’une longue histoire (près de quatre siècles) dont les héritages font aujourd’hui partie de notre
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monde, héritages complexes et pluriels, mémoires de la souffrance mais aussi ces cultures créoles qui
enrichissent le patrimoine culturel mondial.
Le CPME se réjouit de l'ampleur et de la diversité des manifestations organisées le 10 mai 2007 et
autour de cette journée à l'occasion de la seconde commémoration nationale des mémoires de la traite
négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions.
Des ministères aux universités, des collectivités locales aux associations, des musées aux organisations
professionnelles, des comités d'entreprise aux écoles, dans les médias, sur internet, de nombreuses
initiatives ont témoigné de leur adhésion à la volonté de donner à cette histoire une dimension
nationale. Des acteurs de la mémoire, pionniers en 2006, ont renouvelé l'opération, d'autres les ont
rejoints.
On aurait pu craindre que cette seconde édition, qui se situait au lendemain de l'élection présidentielle,
passe inaperçue. Il n'en a rien été. Tout d'abord parce que les deux présidents de la République, l'un
sortant, l'autre nouvellement élu, se sont retrouvés ensemble au jardin du Luxembourg pour
l'inauguration officielle du premier monument national à la mémoire de la traite, de l'esclavage et de
leurs abolitions. Ensuite, parce qu'une mobilisation forte a permis la tenue de manifestations
préparées sur le long terme, durant douze mois. Des associations ont modifié leur calendrier pour
déplacer au 10 mai leurs événements habituels, d'autres ont bénéficié du temps nécessaire pour en
concevoir de nouveaux.
L'édition 2007, en outre, a été marquée par la diffusion, à une heure de grande écoute, sur la chaîne
publique France 3, d'une série de cinq épisodes, Tropiques Amers de Jean-Claude Barny, qui a connu un
franc succès. Près de 4,7 millions de téléspectateurs l'ont regardée le premier soir, le 10 mai à 20h 55,
contredisant ainsi les discours trop souvent ressassés sur l'absence d'intérêt du public français pour
cette partie de notre histoire.
La typologie des événements et actions menés autour de cette journée se révèle très diversifiée par sa
nature, ses contenus, son audience, et sa durée. L’ensemble de la métropole est concerné, mais aussi
l’outre-mer, l’étranger.
Elle donne lieu à des cérémonies : inauguration de plaques, de stèles, de noms de rues ou de places,
dépôt de gerbes, fleurs jetées dans les fleuves de la façade atlantique, marches de recueillement
silencieuses. Sont honorés les ancêtres, les victimes, les révoltés, les militants des abolitions, anonymes
ou célèbres. A ces hommages empreints de gravité s'ajoute un travail sur l'histoire et la mémoire :
colloques, conférences scientifiques et de vulgarisation, tables rondes, expositions d’œuvres et archives
anciennes ou récentes, projections de documentaires ou de fictions. Les instructions données dès 2005
au sein de l'Éducation nationale, le travail des inspections, des professeurs portent leurs fruits : les
ressources pédagogiques mises à disposition des enseignants mais aussi des élèves, y compris sur la
toile, sont en nette augmentation, ainsi que les activités proposées à l'école et hors temps scolaire.
Enfin, le 10 mai est l'occasion d'exprimer et de partager, à travers des spectacles, une culture
commune et des émotions : théâtre, concerts, contes, lectures, danse..., qui puisent dans des traditions,
mais aussi la création contemporaine.
Pour le contenu, le 10 mai offre une large palette d'approches et de points de vue. Chronologie sur
quatre siècles, focus sur des régions (Afrique, Antilles, Océan Indien, Europe), leurs spécificités, leurs
liens complexes, sur l'histoire singulière de Haïti, sur des personnages (Saint-George, Solitude,
Delgrès, Olympe de Gouges, Toussaint Louverture, Schœlcher, Rosa Parks...) ou des épisodes
historiques (reconstitution du trajet d'un navire négrier ayant existé, rétablissement de l'esclavage en
1802...). L'étude des représentations collectives ou artistiques des Noirs et de l'esclavage, l'analyse du
rôle économique des traites, de théories scientifiques et philosophiques servant à les justifier, des
relations entre religion et esclavagisme, des difficultés rencontrées par les mouvements abolitionnistes,
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des conséquences des abolitions en termes d'accession à la citoyenneté et de recomposition de la vie
sociale et économique, de migrations d'engagés, de séquelles, persistances et évolutions dans les
mentalités... Le lien est également fait, très souvent, entre l'esclavage d'hier et ses formes
contemporaines.
La durée des manifestations excède souvent la journée. A la fois pour des raisons matérielles dues aux
programmations de salles et de tournées, d'expositions, pour se mobiliser le week-end quand le 10
tombe un jour de semaine, et pour donner davantage d'ampleur à l'événement. C'est de mi-avril à juin
que prennent place en France les festivals, semaines ou mois consacrés à l'esclavage, mais sans
exclusive, et il faut s'en féliciter.
Le 27 avril 2007, 159e anniversaire du décret de 1848 abolissant l'esclavage en France, n'a pas été
oublié. L'orchestre Massak Afrolectric, ce jour-là, donnait un concert à la Scène Bastille de Paris, pour
célébrer « l'homme libre, quelles que soient ses origines ». A titre d'exemple, la ville de Drancy, cette
année, a choisi l'intervalle entre le 10 mai et le 21 juin fête de la musique. Aubervilliers a retenu
l'espace entre le 23 avril et le 12 mai pour conjuguer deux expositions et la journée du 10 mai, un
débat sur la place de l'histoire de l'esclavage intervenant également le 23 mai. La Guyane a repris pour
cette seconde édition l'idée d'un « mois de la mémoire », entre le 10 mai et le 10 juin, date de
l'abolition dans ce département. La Martinique a consacré les semaines de fin avril à juillet à une série
de manifestations sur l'enseignement de l'histoire à l'école : un grand colloque, relayé à partir du 18
mai par une exposition qui a duré jusqu'en juillet.
Le 10 mai est aussi célébré à La Réunion, pourtant très attachée au 20 décembre date de l'avènement
tant attendu de la liberté sur l'île : cette année, en partenariat avec le Rectorat et la Maison des
civilisations et de l’unité réunionnaise, des élèves se sont réunis pour organiser un hommage choral à
cent combattants de la liberté, esclaves rebelles, abolitionnistes… La Région Réunion a donné à un
établissement le nom de Lycée du 10 mai. Pour ce nouveau rendez-vous, déjà marqué par plusieurs
événements en 2006, l'objectif de la Région et des associations, conforme à l'esprit qui a présidé au
choix du 10 mai, est de construire une mémoire partagée, de contribuer à faire prendre conscience, en
métropole, que cet événement concerne toute la nation. Que ce n'est pas seulement l'histoire de
l'Outre-mer, mais celle de la France toute entière, et de l'humanité.
Des associations ont proposé de consacrer le mois de mai aux contributions des descendants
d’esclaves à la culture et l’histoire, sur le modèle du « Black History Month », issu d’une initiative
lancée par Carter G. Woodson en 1925. Ce « mois » existe aux Etats-Unis et au Canada (février), en
Grande-Bretagne (octobre), au Brésil, Venezuela, Colombie, Cuba... Le CPME n’est pas opposé à
une réflexion sur ce point, mais il juge prioritaire la création d’un Centre national de mémoire et
d’histoire (ressources, de documentation et recherche) dévolu à une expérience partagée.
Le bilan que tente de dresser ce rapport, certes non exhaustif, est suffisamment éclairant pour
repousser les arguments, parfois entendus, selon lesquels le 10 mai ne serait qu'une fête officielle de
l'abolition qui s'ajouterait au 27 avril sans rien apporter à la communauté nationale. Bien au contraire,
se confirme ce qui avait déjà été constaté l'an dernier.
Le 10 mai est donc devenu un rendez-vous important pour des institutions, des villes, des musées et
lieux de mémoires, les associations, les médias, qui n'ont pas craint pour cette deuxième édition, bien
au contraire, d'explorer à nouveau les multiples facettes de ce pan d'histoire et de mémoire.
Il faut ensuite souligner que cette année fut particulière en Europe et dans la Caraïbe. En effet,
l'Assemblée Générale de l'ONU, le 27 novembre 2006, a décidé d’instaurer 2007 « Année de la
Commémoration de l'Abolition de la Traite » par l'Angleterre. C'est en effet le 25 mars 1807 que la
Grande-Bretagne adopta une loi sur l'abolition de la traite des esclaves, avant d’interdire en 1833
l'esclavage lui-même dans l'ensemble de l'Empire britannique. De nombreux pays anglophones de la
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Caraïbe, à l'origine de cette résolution, ont tenu des manifestations toute l'année. Le musée de
l'Empire et du Commonwealth à Bristol, ouvert en 2002, qui expose 500 ans d'histoire, des
Découvertes à aujourd'hui, a accueilli l'exposition Breaking the chains. Liverpool, dotée d'une
Transatlantic Slavery Gallery dans son musée maritime, dès 1994, la première du genre au monde, a
créé en 2006 un centre international de recherche sur l'esclavage, lié à son université. Et le 23 août
2007, jour international fixé par l'Unesco, à l'occasion du bicentenaire de l'abolition, Liverpool a
ouvert un musée international de l'esclavage, sur les quais, lieu symbolique des trafics maritimes.
2007 salue aussi le centenaire de la naissance de Jacques Roumain (4 juin 1907 - 18 août 1944),
homme politique et écrivain haïtien, qui vécut et travailla en Europe, aux États-Unis et au Mexique,
auteur du roman - sans doute le plus célèbre de la littérature haïtienne- Gouverneurs de la rosée (1944)
mais aussi de recueils poétiques comme Bois d'Ebène (1945), sur la douleur et les humiliations de la
servitude.
Pour le CPME, l’effort doit se concentrer en 2008 autour de deux actions : faire du prix qu’il remet un
véritable événement et engager la mise en chantier effective du Centre national de mémoire et
d’histoire (ressources, documentation et recherche).
Pour faire du prix de thèse un événement, le CPME propose de le transformer en prix pour une
œuvre, « Prix des mémoires de l’esclavage » - film, pièce de théâtre, roman, livre pour enfants,
création artistique, ouvrage de recherche - dont le sujet concerne la traite négrière, l’esclavage et leurs
abolitions. Le lauréat serait choisi par un jury nommé pour cinq ans. Un partenariat serait construit
avec France Ô, des radios et des revues afin de lui donner de l’ampleur.
Dès son premier rapport, le CPME insistait sur l’importance du Centre national de mémoire et
d’histoire (ressources, documentation et recherche) : espace de documentation et de ressources
qui manque cruellement, où le visiteur peut trouver des informations accessibles pour un public large
et divers (élèves, curieux, chercheurs) – cartes, chiffres, films, ouvrages éducatifs et de recherches.
Déjà rassembler tous les romans, poèmes et autres textes consacrés en langue française à cet
événement donnerait à voir les liens entre littérature et esclavage ; on peut aussi réunir tous les
ouvrages de recherche, rendre disponible en ligne articles et essais. En ce sens, le travail accompli par
les Archives de France sous la forme d’un Guide des sources disponibles dans les archives françaises
constitue une avancée fondamentale. Le centre comprendrait une salle d’exposition, une salle de
documentation, une salle de rencontre. Edouard Glissant, à qui fut confiée une mission de
préfiguration de ce centre national, a publié le 10 mai 2007 un ouvrage, Mémoires des esclavages où il fait
part de ses réflexions sur le contenu et les objectifs. Cette contribution importante, qui prolonge les
recommandations initiales du CPME, doit être rapidement suivie de la mise en place, par les autorités
publiques, d’une structure administrative chargée de la mise en œuvre opérationnelle du projet. La
création d’un Centre nous paraît un geste nécessaire et fondamental à l’heure où des informations
fragmentées (comme celles sur l’enseignement de l’esclavage) peuvent mener à des confusions et des
prises de position hâtives ; à l’heure aussi où la diffusion de données (dates, faits et noms) doit
constituer un fonds commun pour faire obstacle aux raccourcis simplistes ; enfin, à l’heure où la
valorisation des expressions des populations issues de l’esclavage permettra de rendre visibles et
lisibles leurs contributions aux arts et à la pensée.
Le 10 mai 2008, la France célébrera pour la troisième fois la journée nationale de commémoration des
mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions. Le CPME propose qu’à cette
occasion, le gouvernement en relation avec un musée majeur inaugure une grande exposition en
s’appuyant sur le travail remarquable d’inventaire accompli par le CPME avec la Direction des Musées
de France, puis en ouvrant sur des créations contemporaines. L’image, la représentation de l’esclave
comme « Autre » radical a, on le sait, fortement contribué à la justification de la traite et de l’esclavage.
Revenir sur la manière dont les artistes ont, au cours des siècles, figuré cet autre, nous semble
contribuer à une réflexion commune sur cet événement et ses héritages. De même, un grand concert
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pourrait mettre en valeur le répertoire, riche et varié, des expressions musicales et chorégraphiques
nées de l’esclavage.
Notre mission se termine en janvier 2009. L’année 2008 sera une année de consolidation des acquis
sur lesquels nous considérons que la France ne peut revenir. Ainsi, l’enseignement de la traite négrière,
de l’esclavage et de leurs abolitions ne devrait faire l’objet d’aucune révision. C’est un des événements
marquants de l’histoire nationale. La création d’un Centre national marquerait la volonté de respecter
la lettre de la loi du 21 mai 2001, date historique qui, comme nous l’avons rappelé, fait de la France le
seul Etat à inscrire la traite et l’esclavage comme crimes contre l’humanité. Par sa création même, il
traduirait la volonté de la France de respecter ses engagements. Le Centre jouerait un rôle d’alerte et
de vigilance contre des dérives possibles et de suivi des propositions faites dans le sens d’une meilleure
connaissance de ces événements. C’est dans cet esprit que le CPME a pu parler de réparation historique
dans son premier rapport, c’est-à-dire ni distribution de blâmes, ni apologies, ni victimologie, mais
l’intégration d’un chapitre central de l’histoire et de la culture.
Le comité pour la mémoire de l’esclavage se tient prêt à discuter de ses propositions auprès des
ministères concernés.
Je vous prie de croire, Monsieur le Premier ministre, à l’expression de ma haute considération
La Vice-présidente du Comité pour la mémoire de l’esclavage
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I
EDUCATION NATIONALE
Le premier rapport du CPME, en avril 2005, dressait un état des lieux de la place de l’esclavage dans
l’enseignement, proposait comme date nationale le 10 mai, ainsi qu’une série de mesures afin de mieux
insérer ce thème dans les programmes, les activités scolaires et la formation des professeurs. Le
rapport avait été précédé d’entrevues des membres de la commission « éducation-recherche » du
CPME avec le ministre chargé de l’éducation et MM. Alain Bergounioux et Laurent Wirth, de
l’Inspection générale. En juin 2005, le ministère chargé de l’outre-mer organisait une réunion
interservices avec les ministères concernés pour préparer les décisions du gouvernement.
Le rapport du CPME pour 2006 a donné des exemples des
actions scolaires, multiples et diversifiées, menées en 20052006, notamment le 10 mai, par les professeurs, les académies,
les inspections et les directions centrales : sélection d’ouvrages
le travail avec les élèves, outils multimédias, sites internet,
actions éducatives interdisciplinaires et interculturelles,
spectacles, mallettes pédagogiques, colloques, formations, etc.
La présence de nombreuses classes d’écoles primaires, collèges
et lycées lors de la commémoration du 10 mai 2007 au jardin du
Luxembourg, à l’Assemblée le même jour pour un concert des
œuvres du Chevalier de Saint-George souligne l’importance de
cette question dans l’histoire nationale. Ces manifestations ont
contribué à mettre en valeur les établissements investis dans des
démarches innovantes.
Les éditeurs de manuels scolaires de 4e ont intégré, avant même
tout changement des programmes, la question de la traite
négrière et de l’esclavage. La circulaire de l’inspection générale
d’histoire-géographie et d’éducation civique indiquant aux
enseignants de ces disciplines une relecture des programmes en
conformité avec les impératifs du socle commun de
connaissances et de compétences a également précisé combien
la question était importante dans l’étude de l’Afrique en 5e ou
dans l’étude du grand commerce européen aux XVIIe et
XVIIIe siècles.
Les élèves à l’Assemblée nationale, 10 mai 2007
L’année 2007 a confirmé cette mobilisation. Cependant, elle a vu naître une polémique dans les
médias et les sites de quelques associations, émues par la crainte d’une suppression de l’esclavage dans
les programmes scolaires, soulevée par une instruction parue au Bulletin officiel le 5 avril 2007
définissant le socle commun de compétences et de connaissances pour l’école primaire. Cette
instruction qui ne mentionne plus l’esclavage et la traite dans les points forts, peut laisser croire à leur
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disparition. Elle ne remet pas en cause cependant les documents d’accompagnements des programmes
de 2002 auxquels les enseignants sont toujours invités à se reporter.
C’est pourquoi, se félicitant des acquis depuis 2005, le CPME a adressé un courrier au ministre de
l’éducation nationale sur l’utilité d’intégrer dans les temps forts du socle commun une formulation
explicite de l’importance de ces sujets, en concordance avec les documents d’accompagnement. Il a
insisté sur leur nécessaire prise en compte par les plans académiques de formation, et invité à la mise
en réseau des actions pédagogiques innovantes au sein de chaque académie. Ce courrier à M. Darcos
figure en annexe du présent rapport. Suite à l’intégration au concours des droits de l’homme René
Cassin des productions pédagogiques relatives à la traite négrière et à l’esclavage, il a suggéré, en outre,
que l’existence de ce concours soit davantage portée à la connaissance des enseignants, et que le jury
rende son palmarès avant la fin de l’année scolaire correspondant à la date de l’inscription des
établissements au concours. Il a, surtout, émis le souhait que les nouveaux programmes qui
s’appliqueront au collège à partir de la rentrée 2008 viendront formaliser ces premières étapes vers une
approche renouvelée de notre histoire nationale intégrant les problématiques les plus récentes de la
recherche contemporaine, et rappelé que ces actions doivent impérativement être liées à la création
d’un Centre national de mémoire et d’histoire sur les esclavages (espace de documentation, de
ressources et de recherche universitaire). La note de service parue le 31 octobre 2007 au Bulletin officiel
de l’éducation nationale, pour préparer le prochain 10 mai, réitère l’engagement de l’institution, comme
on le verra plus bas.
Il est apparu utile de récapituler ici les étapes les plus marquantes de cet engagement depuis 2005,
avant d’évoquer les actions menées en 2007.
Les avancées depuis 2005 : principales instructions et actions
éducatives
• une circulaire du 2 novembre 2005 invita les maîtres du primaire et les professeurs de
toutes les disciplines à se saisir des questions relatives à la mémoire de la traite négrière, de
l’esclavage et de l’abolition. Il s’agissait de proposer aux élèves diverses activités (journées de
commémoration, classes culturelles, expositions...) afin de les aider à prendre conscience de
l’importance de cette réalité de notre histoire nationale (B.O. n°41 du 10 novembre 2005, circulaire
n°2005-172 du 2 novembre, http://www.education.gouv.fr/bo/2005/41/MENE0502383C.htm).
• une note de service du 4 novembre 2005 a proposé une éducation à la citoyenneté au
travers de parcours civiques mêlant différentes disciplines sur un travail de toute une année
scolaire. Les domaines de ces parcours : Droits - Mémoire - Solidarité - Europe. Il est ainsi précisé
qu’ils sont « une occasion privilégiée pour les élèves de (…) faire un travail de mémoire dans un but
pédagogique et éducatif». En annexe figurent les jours correspondant à un travail de mémoire. Le 10
mai y a été ajouté depuis avril 2006 sur le site http://www.parcoursciviques.org. Note de service n° 2005177
du
4-11-2005,
BO
n°42
du
17
novembre
2005.
http://www.education.gouv.fr/bo/2005/42/MENE0502390N.htm
• les 14 et 15 décembre 2005 dans le cadre de la participation française au groupe d’action
internationale pour la mémoire de la Shoah, s’est tenu un séminaire européen sur le thème
« Comment dire ? Comment faire ? Quelles pratiques pour enseigner des questions sensibles
dans une société en évolution ? ». L’un des ateliers porta sur l’enseignement de la traite et de
l’esclavage, avec la participation d’Alain Bergounioux, inspecteur général de l’éducation nationale,
Nelly Schmidt, directrice de recherche au CNRS et membre du comité pour la mémoire de l’esclavage,
Oruno D. Lara, directeur du centre de recherche Caraïbes-Amériques (CRCAM). Parmi les
préconisations formulées : opérer la distinction entre les différentes formes de l’esclavage (Antiquité,
15e-16e s., formes de servitude actuelles) ; refondre les programmes au niveau européen, car tous les
pays d’Europe ont été concernés ; établir des stages pour confronter enseignement et recherche ;
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recourir à l’interdisciplinarité (histoire, français, arts plastiques).
• le 30 janvier 2006, lors de la réception du comité pour la mémoire de l’esclavage, le président de
la République a souhaité que la France honore le souvenir des esclaves et commémore l’abolition de
l’esclavage. Sans préjudice des dates existantes spécifiques à chaque département d’outre-mer et à
Mayotte, fixées en 1983 par décret, il a retenu la date du 10 mai proposée par le Comité. Il a souligné
qu’au-delà de cette commémoration, l’esclavage devait trouver sa juste place dans les programmes de
l’éducation nationale, à tous les niveaux. Une deuxième circulaire, du 20 avril 2006, rappela ces
déclarations et préconisa donc de mettre en valeur, lors de cette journée du 10 mai, avec les
élèves, les réalisations accomplies au cours de l’année, pour se recueillir et procéder à des
lectures de textes. Figuraient en annexe des exemples des poèmes et autres extraits d’œuvres que les
professeurs pouvaient soumettre à la réflexion des jeunes, ainsi qu’un document sur la place réservée à
l’esclavage dans les programmes scolaires (B.O. n°16 du 20 avril 2006, circulaire n°2006-068 du 20
avril. http://www.education.gouv.fr/bo/2006/16/MENE0601128N.htm
• parution le 5 mai 2006 d’un texte de la direction générale de l’enseignement scolaire
reprenant les programmes du primaire et du secondaire et insistant sur la présence explicite et
implicite de la question au sein des programmes. Pour l’enseignement primaire il rappelle le
développement explicite de la question de l’esclavage en histoire au cycle 3. Par ailleurs le ministère
explique ici la présence implicite de la question à travers l’étude de la Déclaration des Droits de l’homme et
du citoyen, mais surtout d’ouvrages de littérature jeunesse mentionnés dans les documents d’application
comme Deux graines de cacao d’Evelyne Brisou-Pellen, Grand-mère, ça commence où la route de l’esclavage ? de
Dany Bebel-Gisler et Sur les traces des esclaves de T. Davidson. Ce même effort d’analyse s’observe au
niveau du collège et du lycée pour chaque niveau et discipline (français, langues anciennes, histoire et
géographie, éducation civique), y compris pour l’enseignement professionnel, examinés et commentés
par ce document lui aussi disponible sur internet.
http://eduscol.education.fr/D0090/esclavage_dans_programmes_scolaires.pdf
Deux graines de cacao, publié chez Hachette jeunesse, se déroule en
Bretagne, en 1819. Un garçon de douze ans, Julien, apprend qu’il a été
adopté. Bouleversé par cette révélation, il s’enfuit vers Haïti afin d’y
découvrir ses véritables parents. Pour ce voyage initiatique vers ses
origines, il embarque sur un navire, le Prince sauvage. Il s’aperçoit bientôt
qu’il s’agit d’un bateau négrier : il se rend d’abord en Afrique, puis aux
Iles y pour transporter illégalement (la traite est alors interdite, mais pas
l’esclavage) une cargaison humaine achetée à Gorée… Cet ouvrage a
reçu en 2002 le prix “Entre Guillemets” Chateaubriand, le prix du
roman historique de Poitiers, et le prix Livrentête/ culture &
bibliothèque pour tous. Le site internet du centre national de
documentation pédagogique fournit une analyse et des pistes de lecture
pour la classe sur ce roman historique, et d’autres ouvrages.
• organisation d’un séminaire national au Carré des sciences à Paris le 10 mai 2006,
consacré à la manière d’enseigner l’histoire et d’aider les élèves sur ce thème : La traite
négrière, l’esclavage et leurs abolitions : mémoire et histoire. Ses actes, disponibles en ligne,
parurent en mai 2007. La direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) a travaillé en
étroite collaboration avec l’inspection générale de l’éducation nationale et notamment son groupe
histoire et géographie, ainsi qu’avec l’inspection générale de l’enseignement primaire. L’intitulé du
colloque venait de la volonté de dépasser la simple commémoration pour procéder à un véritable bilan
des travaux historiques relatifs à cette histoire encore relativement mal connue. Il est apparu
opportun de présenter les progrès de la recherche de ces dix dernières années, afin de s’interroger sur
la façon de les traduire devant les élèves. L’objectif est que les jeunes, quel que soit leur âge, soient
- 14 -
informés à travers tous les enseignements de ces dures réalités, et se montrent vigilants lorsqu’il s’agit
de faire disparaître à jamais le travail forcé et l’exploitation humaine de la surface de la Terre. Le
programme, introduit par Roland Debbasch, directeur général de l’enseignement scolaire, comprenait
des interventions suivantes :
- Marc Ferro, directeur d’études, École des hautes études en sciences sociales, « Les esclavages dans
l’histoire européenne » ;
- Jean-Michel Deveau, professeur des universités, vice-président du comité scientifique du programme
La Route de l’esclave de l’Unesco, sur « La traite transatlantique » ;
- Luiz Felipe De Alencastro, « La traite des Noirs et l’esclavage dans l’Atlantique sud, le Brésil et
l’Angola » ;
- Frédéric Régent, « Blancs, demi-Blancs, libres de couleur et esclaves dans les colonies françaises
avant 1848 » ;
- Nelly Schmidt, « Les abolitions de l’esclavage : quelques repères, questions et perspectives ».
Laurent Wirth, inspecteur général, groupe histoire et géographie, clôtura le colloque.
Les Actes sont parus dans la collection «Les Ateliers de la DGESCO», publication de la direction
générale de l’enseignement scolaire, dirigée par Lydia Bretos, directrice adjointe du CRDP de
l’académie de Versailles. Le pilotage et la coordination furent assurés par le bureau de la formation
continue des enseignants. http://eduscol.education.fr/D0217/actes_traite_negriere.pdf
• une note de service du 31 novembre 2007, intitulée « Devoir de mémoire, Mémoire de la
traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions : 2 décembre 2007, 10 mai 2008 » a été
publiée au B.O. afin de préparer les deux journées consacrées à ces thèmes dans l’année scolaire. Le
directeur de l’enseignement scolaire y rappelle que « l’institution éducative accorde une place
privilégiée aux réflexions sur l’histoire et sur la mémoire : à ce titre, l’acquisition des savoirs
indispensables à une pleine compréhension de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions
s’inscrit dans la mission d’éducation, comme l’ont
souligné les rapports de 2005 et 2006 du comité
pour la mémoire de l’esclavage adressés au Premier
ministre. Cette connaissance participe en effet à la
formation d’esprits éclairés et de citoyens
responsables en favorisant la construction d’une
pensée tolérante et ouverte à autrui ». Le 2
décembre 2007, jour international de l’abolition de
l’esclavage, puis le 10 mai 2008, il invite les
enseignants à organiser des moments particuliers
de réflexion et d’échange qui soient aussi des
moments de fraternité dans le souvenir des
longues et terribles « nuits sans nom » et « sans
lune » qui furent celles des esclaves (Léon-Gontran
Damas). Il rappelle que, conformément aux
compétences sociales et civiques inscrites dans le
socle commun de connaissances et de
compétences, ces deux journées dédiées
s’inscrivent dans le parcours d’éducation civique
des élèves, et qu’il convient dans ce cadre de
mener des projets structurés tout au long de
l’année. « De l’école primaire jusqu’au lycée, les
programmes d’enseignement prévoient l’étude de
ces questions ». Il récapitule, pour chaque niveau,
comment elles peuvent être abordées, et souligne
que les approches transversales, au croisement des
dimensions historiques, linguistiques, littéraires et artistiques, sont par ailleurs les bienvenues. « Le
thème de l’esclavage pourra ainsi être abordé, par exemple, dans le cadre d’une réflexion
- 15 -
pluridisciplinaire sur les droits de l’homme ; ou encore au sein d’un projet d’éducation artistique et
culturelle centré sur l’apport créatif des cultures métisses ». Note de service n°2007-166 du 31
novembre 2007 (NOR : MENE0701788N), Devoir de mémoire (RLR : 554-9), Mémoire de la traite
négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions : 2 décembre 2007, 10 mai 2008. Voir l’annexe au présent
rapport.
Outre l’engagement volontariste des directions centrales et des inspections, le centre national de
documentation pédagogique (CNDP), l’institut national de recherche pédagogique (INRP), plusieurs
centres régionaux de documentation pédagogique (CRDP) et académies, de métropole et d’outre-mer,
ont apporté leur concours en 2006 et 2007 avec des ressources à la fois nationales et régionales,
montrant à quel point cette histoire est partagée, et approfondissant les différentes facettes et
problématiques de son enseignement. Les syndicats d’enseignants se sont montrés très réceptifs pour
relayer ces initiatives, par exemple le syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles
et PEGC (SNUIPP) qui dès 2005 a relayé la circulaire du 2 novembre sur son site internet.
Des ressources en ligne
Partager dans le monde enseignant, et au-delà, des ressources fiables et diversifiées constitue un enjeu
majeur. Sur internet, exemples de chronologies, textes, explications, trames d’actions et de parcours.
•
Le dossier Pour mémoire, Traite négrière, esclavages, et abolitions du centre national
de documentation pédagogique (CNDP).
Ce dossier spécial est paru dans la collection Pour mémoire, conçue pour accompagner les enseignants et
leurs élèves à l'occasion de commémorations. Au-delà de l'événementiel, elle a aussi vocation à ancrer
durablement l'ensemble des questions de mémoire dans le vécu de la classe. On y trouve pour chaque
niveau de scolarité, école (cycle 3), collège ou lycée, au sommaire de chaque question, la place dans les
programmes, les thématiques principales et des documents originaux adaptés, accompagnés de leurs
pistes d'exploitation pédagogique. L’auteur de ce document est Michel Peltier, conseiller pédagogique
de la 9e circonscription du Val-de-Marne. Un guide pédagogique concernant l'esclavage dans les
programmes scolaires peut être téléchargé : http://www.cndp.fr/memoire/.
École - Collège – lycée
•
la page Sitographie du CRDP de l’Académie de Nice, réalisée par Claudine Vidal, offre
une compilation de liens.
•
la page réalisée par l’académie de Rouen sur la Mémoire de l’esclavage comprend une
bibliographie pédagogique, des orientations bibliographiques et des repères chronologiques,
des articles sur « les principales révoltes d’esclaves aux Caraïbes Amériques du 16e au 19e
- 16 -
siècle », « Esclavage et colonisation aux 18e et 19e siècles, un projet pluridisciplinaire », « IDD
4ème En savoir plus sur la traite négrière et l’esclavage (français, histoire) », « IDD 4ème En haut
la liberté (technologie-histoire) », rédigées par Magalie Goloubkoff, Nelly Schmidt, Oruno D.
Lara, Anne Simon-Tirard, Ludovic Deswelle, Gilles Gauvin, Nathalie Gauvin et Cécile
Criquioche. L’itinéraire de découverte (IDD) « En haut la liberté », par exemple, propose de
réaliser un jeu de société à partir d’un petit roman de Daniel Vaxelaire qui a pour cadre l’île
Bourbon (En haut la liberté, Paris, Castor Poche, 1999). Il s’agit de l’histoire de trois jeunes
esclaves qui fuient le domaine de leur maître. Poursuivis par des chasseurs d’esclaves, ils
rencontrent un groupe de marrons qui écume les hauts de l’île. Les élèves ont également
conduit un travail en arts plastiques en créant des gravures pour illustrer chacun des neuf
chapitres.
•
Sur le site des Clionautes, une filmographie pour la classe, De l’esclavage d’hier à
l’esclavage d’aujourd’hui, images et mémoires de l’esclavage à l’écran . Mise en ligne le
jeudi 10 mai 2007 par Vincent Marie, elle contient des références tirées de la médiathèque des
Trois Mondes et des programmations du festival Regards sur l’esclavage. A partir de cette liste,
quelques thématiques peuvent être dégagées au regard des programmes de la classe de
cinquième et quatrième au collège et de seconde et terminale au lycée. Elle figure en annexe du
présent rapport. http://www.cinehig.clionautes.org/article.php3?id_article=314.
•
sur Eduscol, une page, Mémoires de l’esclavage et des abolitions de la traite négrière, et
un document sur l’esclavage dans les programmes scolaires.
•
Le parcours civique de l'association Civisme et Démocratie - CIDEM
Le CIDEM, fondé en 1984 par la Ligue des droits de l’homme et la Ligue de l'enseignement regroupe
onze associations, très diverses par leur champ d'action et leurs origines, unies par la volonté de
contribuer à l'épanouissement de citoyens autonomes, solidaires et responsables. Le CIDEM s'est fixé
pour but de remettre le civisme au goût du jour. Ses réseaux comptent plus de quatre millions de
membres et 50 000 implantations locales.
Son « parcours civique » consacré au 10 mai comprend une chronologie, des ressources, des textes,
des liens : http://parcoursciviques.cidem.org/journees/10_mai/.
De plus, la « Boite à outils »
du CIDEM
comprend une collection d’ouvrages à prix
modiques (1 à 2 euros). Parmi eux, un « kit
pédagogique » consacré à l’esclavage, avec trois
titres :
L’esclavage, un crime contre l’humanité, préface
de Françoise Vergès, vice-présidente du
comité pour la mémoire de l’esclavage ;
Le commerce triangulaire au départ des ports
français, avec des cartes, des repères
chronologiques,
quelques
figures
emblématiques de la lutte et des
résistances ;
le numéro de la collection « Je lis des
histoires vraies » Vivre libre ou mourir, le
combat d'un esclave pour la liberté.
- 17 -
Que pensez-vous de cette décision de commémorer
l’abolition de l’esclavage par une Journée nationale, à
savoir le 10 mai ?
« Au sein du comité pour la mémoire de l’esclavage, nous
avons travaillé à choisir une date qui fasse sens. Celle du 10
mai a été retenue, car elle correspond à l’adoption de la loi
de 2001, qui qualifie la traite négrière et l’esclavage de crimes
contre l’humanité. L’enjeu est que tous les Français
s’intéressent enfin à l’esclavage et qu’un tronc commun de
connaissances soit partagé par tout le monde. Ainsi, de la
même façon que chaque petit Français connaît des noms de
l’histoire de France telle qu’elle est enseignée, il y ajouterait
ceux de Toussaint Louverture (1), de Cimendef et Dimitile,
ou encore celui de la mulâtresse Solitude (2). Mais la
commémoration n’aura de sens que si elle est accompagnée
d’un travail de recherche ».
Extrait de la préface réalisée avec Françoise Vergès,
politologue, vice-présidente du comité pour la mémoire de
l’esclavage, professeur en sciences politiques à Londres et
écrivain.
(1) Pierre-Dominique Toussaint Louverture (1743-1803), dirigeant de la Révolution haïtienne, puis
gouverneur de Saint-Domingue. (2) Figures emblématiques des « nègres marrons », esclaves fugitifs.
La toile permet enfin de conserver et partager des traces, affiches, textes, photographies, témoignages
des multiples actions menées dans les académies par les inspecteurs et enseignants, et dans les
établissements le 10 mai 2007. Voici un florilège de ces initiatives.
Les initiatives dans les académies
Académie de Créteil
Sainte-Geneviève-des-Bois (91)
Avec ses élèves du collège Saint-André de Choisy-le-Roi,
Marie-Nacc Bez, plasticienne en sculpture (du bijou au
monumental) et enseignante d'arts plastiques, avait
réalisé en 2006 des collages et des peintures sous forme
d'affichettes avec illustrations et slogans.
Ces travaux ont été reconduits pour le 10 mai 2007. Elle
a également signé une convention avec l'association
F.DOM 91, afin de réaliser des plaques sculptées pour
un monument en mémoire de l'esclavage à Sainte
Geneviève-des-Bois. Autre projet, une oeuvre
monumentale à la gloire de Martin Luther King.
- 18 -
Académie de Versailles
Le « Projet Mémoire de l’esclavage », financé par la
Région Île-de-France, a concerné plusieurs classes du
lycée de l’Essourriau du 1er février au 31 mai 2007, mais
aussi indirectement tous les élèves grâce aux documents
sur l’esclavage rendus disponibles au CDI et aux deux
expositions.
Les jeunes, encadrés par une équipe pédagogique
pluridisciplinaire dynamique et enthousiaste, avaient
élaboré ce programme :
du 5 mars au 31 mai : exposition littéraire au
centre de documentation et d’information (CDI) ;
du 6 mars au 6 avril : l’exposition A quand
l"abolition ?, hall du bâtiment B ;
4 mai : projections du film Le passage du milieu ;
7 mai : conférence-débat avec l’historien Gilles
Manceron au cinéma J. Prévert ;
10 mai : la classe de 2nde 5 et quelques élèves des
classes de TS1 et TS3 ont assisté à la cérémonie
de commémoration au jardin du Luxembourg ;
11 mai : repas de cantine avec des spécialités des
départements d’outre-mer et vernissage de l’exposition.
Des documents sont consultables sur le site du lycée www.lyc-lessouriau-les-ulis.ac-versailles.fr/
Académie de Nantes
•
L’action des inspections
En septembre 2006, l’académie a mis en ligne un document d’une douzaine de pages élaboré par les
IA-IPR d'histoire géographie, avec la participation des IEN lettres histoire et IA-IPR de lettres
comportant une bibliographie, une lecture des programmes des collèges, lycées généraux,
technologiques et professionnels, et des pistes pour aborder la question
en classe en discipline ou en interdisciplinarité. Le dossier est proposé
notamment aux enseignants dans le cadre de l'appel à projet de l'IA 44
sur "la traite négrière atlantique, l'esclavage et leurs abolitions, l'exemple
de Nantes".
L’objectif affiché est double. Tout d’abord, du cycle 3 des écoles
jusqu'au lycée, il vise l'acquisition par les élèves de connaissances
scientifiques sur ce thème conformément aux programmes officiels. En
approfondissement, le second objectif concerne davantage la
problématique du traitement d'une «question sensible », en rendant plus
lisible la relation parfois complexe entre histoire et mémoire(s).
Les activités pourront conduire à des liens interdisciplinaires (histoire,
lettres, arts plastiques, philosophie…), en évitant tout «.enseignement
émotionnel », en favorisant le sens critique et la réflexion par une démarche historique rigoureuse, en
- 19 -
amenant les jeunes à produire eux-mêmes à partir des ressources à leur disposition. Les enseignants
intéressés pourront présenter quelques réalisations sur des supports variés (affiches, vidéos, images...)
dans le cadre d'une exposition envisagée pour mai 2008. Des ressources documentaires figurent sur les
sites pédagogiques du rectorat et de l'inspection académique. Des conférences, visites, parcours et
animations pédagogiques seront également proposés aux enseignants dans le courant de l'année.
Les associations de Nantes (Mémoires de l'Outre-Mer, Anneaux de la mémoire, Projet du Mémorial et
les associations nationales sollicitées par la Ville telles que F.A.L. -FRANCAS- C.E.M.E.A.) pourront
apporter leur regard par leur intervention auprès des élèves et par l'aide à la réalisation de productions,
selon les demandes.
Nantes, le conseil général, le rectorat (inspections pédagogiques régionales d'histoire-géographie et
lettres, centre départemental de documentation pédagogique et l'inspection Académique) sont
partenaires du projet. Lequel prend appui, en Loire-Atlantique, sur la mise à disposition auprès des
enseignants des ressources locales :
- archives départementales ;
- service du patrimoine, CAUE, médiathèque ;
- musée du château des ducs de Bretagne.
L'IUFM et l'antenne « maîtrise des langages » apporteront également leur concours.
•
L’exposition des élèves le 10 mai 2007
L’exposition La traite négrière atlantique, l’esclavage et leurs abolitions : l’exemple nantais, du 10 au 29 mai, a
réuni les travaux des élèves de Loire-Atlantique dans la salle de l’ex-Manufacture des tabacs, boulevard
de Stalingrad. Elle bénéficia du soutien de l’inspection académique de Loire-Atlantique et de la
direction de l’éducation de la ville de Nantes.
Académie de Clermont-Ferrand
Le chevalier Saint-George au collège Victor Hugo de Saint-Yorre (Allier)
Le collège Victor Hugo de Saint-Yorre a
répété et présenté un spectacle historique
musical, Le Chevalier de Saint-George. La
table de marbre, dans le cadre de la 2ème
journée des mémoires des traites
négrières, de l'esclavage et de leurs
abolitions.
Ce travail pluridisciplinaire portait sur
une page de l'histoire de France que les
collèges commencent à découvrir grâce
aux directives parues en 2005 et 2006
mais aussi à l'implication d'équipes
éducatives.
Les apprentis acteurs ont été renforcés
par vingt élèves du collège de Baillif en
Guadeloupe (Baillif est le lieu de naissance du Chevalier), et par une correspondance avec un collège
sénégalais. Démarche innovante dans la mesure où elle permet à ces adolescents, tout en jouant,
d'approfondir leur connaissance sur l'histoire de France mais aussi en anglais, géographie, arts
plastiques, éducation civique, et de nouer des relations humaines.
- 20 -
Pour la mise en scène intervint Géraldine Cordin, professeur de lettres, à partir des travaux de deux
biographes du Chevalier, Daniel Marciano et Jean-Claude Halley. L’action a bénéficié du soutien de
Mme Pizon, principale, du recteur de l'académie de Clermont-Ferrand, de la direction régionale des
affaires culturelles (DRAC), du conseil général de l'Allier et de la mairie de Baillif (Guadeloupe).
Le spectacle fut donné à la
maison des jeunes et de la
culture de Vichy, avec près de
cent cinquante exécutants
venus
de
plusieurs
établissements de métropole et
d’outre-mer, mêlant théâtre,
musique, escrime et ballet. Il
couronnait une année entière
de pédagogie participative,
artistique et citoyenne : lettres,
théâtre, histoire et géographie,
anglais, musique, chant choral,
éducation physique et sportive,
technologie…, et ces actions
pluridisciplinaires
et
transversales
intégraient
souvent
plusieurs
établissements scolaires. Le sous-titre La Table de marbre illustre l’intérêt de ces jeunes pour cette
seconde partie du 18e siècle dit des Lumières, qui vit s’éveiller les luttes pour l’abolition de la traite des
nègres. La « Table de marbre » était alors le passage obligé de tous les hommes et de toutes les
femmes de couleur vivant en métropole : un décret du Roi de France les obligeait à s’enregistrer.
Outre les collèges déjà cités de métropole, Guadeloupe et Afrique, il faut mentionner la contribution
de l’école municipale de musique de Saint-Yorre, qui a
transcrit les notes de Saint-George pour mieux
permettre son interprétation par de jeunes virtuoses.
Du collège François Villon d’Yzeure dont la classe à
horaire aménagé en musique (CHAM), formée en
chœur, interpréta les difficiles romances de SaintGeorge. L’ouverture de l’Amant anonyme lançait le
spectacle et revenait en leitmotiv. Des comptines en
créole accompagnaient la partie bucolique de la pièce
située dans les hauteurs du Baillif en Guadeloupe. Les
romances de Saint-George complétaient le programme
qui se poursuivait par deux très beaux solos au
violoncelle et à la flûte. Enfin la voix off du chevalier
terminait le spectacle, accompagnée par le célèbre
Adagio pour piano. Brigitte Tillier, Professeur d’EPS au
collège des Célestins, dirigeait les scènes d’escrime
avec ses jeunes élèves encadrés par des escrimeurs plus
aguerris.
Le CRDP de Clermont-Ferrand a accepté de publier
un document relatant cette aventure et accompagné
d’un DVD produit par la classe de 1ère à option CAV
(cinéma-audio-visuel) du lycée Blaise Pascal à
Clermont-Ferrand.
- 21 -
Au collège Marie Curie de Désertines (Allier)
Désertines est une commune d’environ 850 hectares et 4
600 habitants, située sur la rive droite du Cher, dans la
banlieue Nord-Est de Montluçon, ville avec laquelle elle
forme une même agglomération. La classe de 4eA du
collège a travaillé plusieurs mois sur un projet artistique
et culturel, « l’esclavage, plus jamais ! ». Mme Nicolas fut
l’enseignante coordonnatrice de cette opération
citoyenne traitée, de façon complémentaire, en français,
histoire et géographie, anglais, musique et arts plastiques.
Les vingt-six collégiens ont confectionné des vêtements
d’esclaves et des tenues africaines. Ils ont étudié le Code
noir et la chanson Imagine de John Lennon. Ils ont
élaboré un questionnaire–jeu concernant une
exposition et réalisé 50 charades. Enfin ils
fabriquèrent des badges arborant des symboles et
des slogans contre l’esclavage grâce aux conseils
de M. Roux, graphiste-illustrateur. Pour
encourager leurs camarades à la tolérance, ils leur
présentèrent le 10 mai l’ensemble de leur travail,
tandis que le groupe de théâtre proposait des
lectures publiques de textes d’esclaves.
Ce projet fut financé par un contrat éducatif local
entre les services de la jeunesse et des sports, la
municipalité de Désertines et le collège.
Académie d’Aix-Marseille
Du 10 mai au 10 juin, l’institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) a mis en ligne une série
de références et de liens sur l’esclavage et exposé des ouvrages en sa bibliothèque.
http://www.aix-mrs.iufm.fr/scd/spip.php?article266
Académie de Poitiers
L’académie de Poitiers a organisé, le 10
mai 2006, à la faculté des lettres,
langues et sciences humaines de La
Rochelle, une conférence, L’esclavage,
mémoire blessée, par Pap N’Diaye,
enseignant à l’école des hautes études
en sciences sociales (EHESS). Cette
réflexion qui concerne aussi bien les
élèves que la communauté éducative
fut l’occasion de réfléchir sur un débat
de société.
En outre, les élèves des lycées de La
Rochelle ont pu assister à la projection
du film Passage du milieu de Guy
Deslauriers, suivie d’un débat. Cette
- 22 -
journée marque la volonté de l’académie de « responsabiliser et préparer l’élève à une vie sociale et à la
citoyenneté ». Elle s’inscrit dans les actions menées par le « pôle civique » du rectorat, afin de
multiplier les actions d’apprentissage de la citoyenneté.
Académie de Rouen
Collège Jacques-Yves Cousteau de Caudebec-lès-Elbeuf
Les 4 et 5 mai 2006, le collège avait déjà salué la première commémoration nationale de la traite
négrière de l'esclavage et de leurs abolitions par un engagement
ferme et original. L'ensemble des 434 élèves, professeurs et
personnels ATOSS avaient reconstitué, sur une pelouse, avec
leurs corps, le fond de cale d'un navire négrier. Cette
manifestation, qui a obtenu le soutien de la Commission nationale
française pour l'UNESCO, s'était déroulée en présence des
parents et de nombreuses personnalités locales et nationales.
En 2007, la classe de 4e3
assista le jeudi, à Paris, à
l’inauguration
du
monument national de
l’artiste Hyber, au jardin
du
Luxembourg,
en
présence
des
deux
présidents
de
la
République. A cette occasion, une des élèves a lu la Déclaration
de Louis Delgrès du 10 mai 1802.
Tout au long de la journée et de la soirée du lendemain vendredi 11 mai, différentes activités ont
tourné autour de ce thème, cette fois en Normandie :
- classes de 6e : intervention d’Adji Batoubaka, conteur africain ;
- classes de 4e : intervention d’Eric Saunier, maître de conférences en histoire moderne à
l’université du Havre, sur le thème « Le Havre
port négrier » ;
- classes de 3e : projection du film L’arbre de la
liberté (histoire d’Haïti) de Maxence Denis, 2004.
Puis débat avec l’écrivain haïtien Jean-Philippe
Dalembert ;
- plantation de l’arbre de la liberté ;
- officialisation du parrainage d’une classe d’Haïti
par le collège Cousteau ;
- inauguration de la plaque des écoles associées de
l’UNESCO ;
- lâcher de ballons ;
- inauguration de la plaque commémorative
composée par les élèves d’Haïti, de Guadeloupe,
de Martinique, de la Réunion et du collège
Cousteau sur le thème de la liberté ;
- Classes de 5e : pièce de théâtre Elie ou la révolte des
esclaves de Saint-Leu en 1811 donnée, espace
Bourvil, par la classe de 4e3.
- 23 -
II
RECHERCHE
Le centre international de recherches sur les esclavages (CIRESC)
Le centre international de recherches sur les esclavages. Acteurs, systèmes, représentations
(GDRI du CNRS) fut créé à la suite du réseau thématique prioritaire (RTP) « Esclavages ». Composé
d’un réseau international de chercheurs appartenant à des universités et des centres de recherche des
continents africain, américain et européen, il se donne pour objectif le développement des études sur
les traites, les esclavages, et leurs productions culturelles, sociales et politiques, sans limites temporelles
ou géographiques. Tous les travaux sont menés de façon multidisciplinaire et comparatiste dans le
souci de décloisonner les différentes aires culturelles et de tenter de se dégager des influences et des
positionnements scientifiques nationaux.
Les activités du CIRESC :
• des programmes de recherches collectives donnant lieu à des ateliers , des colloques et des
publications ;
• une réflexion sur l’enseignement des esclavages et des traites à l’école (cycle primaire et
secondaire) avec la constitution d’outils pédagogiques ;
• la diffusion d’informations en ligne destinées aux chercheurs, aux enseignants, et au public
non spécialiste.
Universités et centres de recherche partenaires :
• Canada : York University, Harriet Tubman Institute, dirigé par le professeur Paul Lovejoy,
http://www.yorku.ca/nhp ;
• Royaume-Uni : Hull University, Wilberforce Institute for the Study and Emancipation, dirigé
par le professeur David Richardson, http://www.hull.ac.uk/wise/ ;
• France :
- institut d’études politiques de Bordeaux, centre d’études d’Afrique noire, dirigé René Otayek,
http://www.cean.sciencespobordeaux.fr/ ;
- école des hautes études en sciences sociales, http://www.ehess.fr/ ;
- université des Antilles et de la Guyane, centre de recherches sur les pouvoirs locaux dans la
Caraïbe, dirigé par le professeur Emmanuel Jos, http://www.univ-ag.fr/crplc ;
- université de Paris VII, Sedet ;
- Sénégal : université Cheik Anta Diop, département d’histoire, dirigé par le professeur
Ibrahima Thioub.
Le programme des activités peut être consulté dans l’agenda.
- 24 -
Le projet de recherche innovant (PRI) de la Sorbonne-Paris IV
A l’université Sorbonne-Paris IV-, le projet de recherche innovant (PRI) dirigé par Nelly
Schmidt, directrice de recherche au CNRS, membre du CPME, reçoit depuis trois ans le soutien et le
financement du conseil scientifique.
Ce programme pluriannuel intitulé « Histoire comparée des esclavages, des abolitions et des
politiques coloniales européennes aux Caraïbes-Amériques VIIIe-XXe siècles » s’articule
autour de plusieurs thématiques :
• histoire comparée des esclavages ;
• histoire des abolitions et des abolitionnistes de l’esclavage, 18e-20e siècles (démarche
comparative entre les colonies françaises, britanniques, néerlandaises, danoises,
hispanophones, le Brésil et les États-Unis) ;
• analyse des immigrations de main-d’œuvre sous contrats après les abolitions de l’esclavage,
dans l’ensemble des colonies insulaires des Caraïbes et dans les pays d’Amérique du Sud ;
• analyse et typologie des propositions de réforme qui se succédèrent aux 18e et 19e siècles,
venant des organes officiels, ou pas ; les abolitions de l’esclavage successives entraînèrent
partout une révision des politiques coloniales ;
• histoire des politiques coloniales européennes aux Caraïbes-Amériques, 18e-20e siècles ; les
colonies françaises dans le concert des relations internationales de la France aux Amériques ;
• histoire des mouvements politiques des Caraïbes, 18e-19e siècles.
Nelly Schmidt dispense durant l’année universitaire un séminaire pour étudiants-chercheurs préparant
masters et doctorat.
Un programme de publication annotée de documents et ouvrages inédits ou peu connus, relatifs aux
thèmes du programme, a été élaboré. Il paraîtra entre 2007 et 2011.
La constitution d’une base de données informatique et bibliographique sur les esclavages, les
abolitions, les abolitionnistes de l’esclavage et les politiques coloniales européennes, XVIIIe-XXe
siècles, a par ailleurs été mise en oeuvre.
L’UNESCO
La commission française pour l’UNESCO a formé un comité d’experts
pour la réalisation de travaux, colloques et publications en liaison avec le
réseau des écoles associées du programme « Briser le silence » (« Breaking the
silence »). L’objectif : réfléchir à l’enseignement, à tous niveaux, de la traite
négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions et fournir aux enseignants non
seulement la publication de ces réflexions mais aussi des exemples concrets de
traitement de ces thèmes en milieu scolaire.
Le centre de recherches Caraïbes-Amériques (CERCAM)
Les membres du centre de recherches Caraïbes-Amériques (CERCAM) que dirige Oruno D.
Lara, ont formé le comité « De l’oubli à l’histoire » et déterminé un programme pluridisciplinaire de
travail et de réunions/ateliers consacrés à la diffusion des connaissances de l’histoire et des cultures
des populations ayant subi l’esclavage aux Caraïbes-Amériques.
- 25 -
Le CERCAM, déjà investi dans la réalisation d’ouvrages sur ces thèmes, à caractère scientifique et
pédagogique (avec le CNDP par exemple), a consacré l’année 2006 à la préparation d’un état des
recherches. Ces différents travaux s’adressent aux enseignants pour une part du programme, ainsi qu’à
un public large. Un volume d’Actes du colloque de 2004 et de deux réunions tenues entre 2005 et 2006
paraît fin 2007.
L’association pour l’étude de la colonisation européenne (1750-1850) APECE
L’association pour l’étude de la colonisation européenne (1750-1850) -APECE- fondée en 1991
(siège social 17, rue de la Sorbonne 75005 Paris, Président-fondateur Yves Benot, actuel président
Marcel Dorigny) poursuit ses activités consacrées à l’histoire des esclavages et aux processus
d’abolition. Elle tient un séminaire mensuel à la Sorbonne et publie des Actes : en 2005 réédition du
colloque consacré à Sonthonax, en 2007 publication des Actes du colloque sur l’abbé Grégoire.
- 26 -
Le Prix de thèse du comité pour la mémoire de l’esclavage
Le décret du 5 janvier 2004 relatif au comité pour la
mémoire de l’esclavage (CPME) a prévu qu’il attribue
chaque année un prix destiné à récompenser une thèse de
doctorat sur la traite ou l’esclavage. Le prix 2005 avait été
décerné à M. Hubert Gerbeau pour sa thèse L’esclavage et son
ombre à Bourbon.
•
Prix de thèse 2006
Le prix de l’année 2006 fut décerné à Mlle Audrey
Carotenuto pour sa thèse intitulée Les résistances serviles dans la
société coloniale de l’île Bourbon (1750-1848).
Elle étudie les procédés par lesquels les esclaves
s’opposèrent au système qui les réduisait à des outils de
travail dépourvus d’existence sociale, politique et juridique,
dans le cadre spécifique de l’espace indo-océanique. Les
modes d’opposition ont été caractérisés à travers une analyse
approfondie de sources, principalement judiciaires, suivant
deux axes méthodologiques.
Le premier, quantitatif, a consisté en la création d’une base de données répertoriant plus de mille
affaires impliquant des esclaves et en son analyse par croisements de variables, amenant ainsi des
éléments objectifs de connaissance des oppositions serviles à Bourbon. La thèse met ainsi en évidence
le rôle central des Créoles, celui, tout aussi inattendu, des esclaves « à talent » ou encore l’influence de
la conjoncture politique externe sur les pics de résistance. Le second axe méthodologique approfondit
l’étude de toutes les formes de résistance, les répertorie, les classe en distinguant les résistances de
préservation, les résistances-rupture et les résistances-agression. Cette typologie est documentée par
des études de cas permettant, dans une dimension plus micro-historique, de reconstituer des contextes
précis où des esclaves sont sortis du « silence ».
Cette thèse participe à la
déconstruction des schémas
spécifiques aux îles sucrières
atlantiques, trop souvent plaqués
sur
la
réalité
des
îles
Mascareignes. Elle démontre
combien la Réunion ne fut pas
une île aux « esclaves paisibles ».
Le rapport de force entre esclaves
et colons fut virulent ; la
résistance y fut plurielle, peu
spectaculaire dans l’ensemble
mais quotidienne, comme autant
de moyens d’ajustement sapant et
usant un régime colonial, perçu
de plus en plus, dans l’évolution
du monde, comme archaïque et
Révolte de Saint-Leu
finissant.
- 27 -
•
Prix de thèse 2007
Cette année, les membres du Comité ont voulu, à titre exceptionnel, couronner deux thèses et non
pas une seule. Pour reconnaître leur grande qualité de recherche, de clarté et d’écriture mais aussi pour
souligner l’importance d’analyser la traite négrière, l’esclavage et leurs abolitions à la fois sous l’angle
d’une histoire transcontinentale et d’une histoire locale.
Ces deux éléments, en interaction mais qui peuvent aussi avoir leur logique propre, sont essentiels.
Chacun des lauréats en aborde un, et contribue à un corpus de connaissances qui vise, comme
l’indique la loi du 21 mai 2001, à sensibiliser l’opinion publique aux volets multiples de ces
événements.
•
Les travaux d’Antonio d’Almeida Mendes, Une histoire transcontinentale et transnationale de la traite
moderne entre Atlantique et Méditerranée (XVe-XVIIe siècles) », réalisés à l’école des hautes études
des sciences sociales (EHESS), sous la direction de Bernard Vincent, répondent à l’autre
objectif : montrer la dimension transcontinentale et transnationale de la traite négrière. Elle
couvre plusieurs siècles. Le dépouillement d’archives portugaises et espagnoles, leur
croisement, leur mise en communication des continents et des historiographies propose une
méthodologie originale et pleine de possibilités.
•
La thèse Réformisme et esclavage à Cuba (1835-1845) de Karim Ghorbal, sous la direction de
Bernard Lavallé, 2006 (université Paris III-Sorbonne nouvelle, UFR d’études ibériques et
latino-américaines), répond au souci du CPME d’éclairer par l’analyse d’un territoire les
dynamiques singulières et les effets d’événements extérieurs sur le système esclavagiste. La
thèse éclaire les cheminements de l’abolitionnisme dans une colonie, mettant en lumière les
fondements des idées anti-esclavagistes et les contraintes qu’elles rencontrèrent.
Vue d’une habitation à la Havane, Cuba. Musée d’Aquitaine.
En 2008, le CPME souhaite élargir ce prix à d’autres types d’œuvres, artistiques ou culturelles, et lui
donner une nouvelle ampleur.
- 28 -
III
CULTURE ET PATRIMOINE
Toutes les actions menées en matière de culture et de patrimoine en 2007 ne sont pas mentionnées ici.
On en trouvera d’autres exemples dans la rubrique sur les manifestations, avec l’inauguration de la
sculpture Le cri, l’écrit de Patrice Hyber au jardin du Luxembourg, premier monument national sur
l’esclavage et première œuvre d’art contemporain installée au Sénat, ou l’ouverture, au château des
Ducs de Bretagne, à Nantes, d’une galerie sur la traite et l’esclavage, des expositions à Mâcon sur
Lamartine et Schœlcher, à Bordeaux sur la peinture haïtienne, à Lunéville sur l’esclavage…
Le Guide des sources de la traite, et de l’esclavage et de leurs
abolitions de la direction des Archives de France
Le Guide des sources de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions publié par la direction des archives
de France résulte d'une collecte d'informations auprès de tous les centres d'archives et institutions
concernés.
A l’origine, une polémique née dans les milieux
associatifs ultramarins lors d’une vente d’archives
privées (lettres, manuscrits) à Lyon se rapportant,
entre autres, à l’esclavage dans les colonies
françaises aux XVIIe et XVIIIe siècle, en janvier
2005. L’émotion relayée par les médias et des élus
portait sur la crainte d’une dispersion d’un
patrimoine important pour la connaissance de
l’histoire de la traite et de l’esclavage et le désintérêt
supposé de l’État sur le sujet. Ils réclamèrent la
préemption automatique de tous les lots ayant trait à
l’esclavage.
Or, conformément au code du patrimoine, les
services scientifiquement compétents du ministère
de la culture, informés de cette vente, avaient déjà
expertisé les lots sur dossier afin de déterminer leur
valeur historique et humaine. Ils avaient effectué
leur travail habituel dans ce cas d’espèce, dans la
discrétion qu’exige toute vente aux enchères,
comme ils l’avait fait par exemple en novembre
2004, où furent achetés, à un montant élevé, au
bénéfice du centre des archives d’outre-mer d’Aixen-Provence, des papiers de la plantation Reiset du
- 29 -
Lamentin (Guadeloupe) repérés pour leur indéniable intérêt historique. C’est une des voies qui
permettent d’enrichir les collections des services d’archives ou musées conservant, outre-mer ou en
métropole, la mémoire de l’esclavage. Certaines des pièces vendues à Lyon furent donc acquises,
d’autres non.
La ministre de l’outre-mer et le ministre de la culture et de la communication rappelèrent et
expliquèrent les procédures, modes de travail en matière d’archives, et le riche patrimoine déjà
rassemblé par les autorités publiques. Ce qui permit de calmer les esprits et de faire comprendre que la
polémique était en fait contre-productive, les vendeurs, assurés d’un achat par l’État, pouvant être
tentés de faire monter artificiellement les enchères.
Le 28 juillet 2005, cependant, soucieux d’œuvrer pour la mise en valeur de ce patrimoine, le ministre
adressa une instruction (DPACI/RES/2005/13 du 28 juillet 2005, disponible en ligne) à l’ensemble
des présidents de conseils régionaux (archives régionales), de conseils départementaux (archives
départementales) et aux maires (archives communales) afin de réaliser un inventaire à partir duquel
serait publié un Guide des sources de l’histoire de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions :
« L’émotion suscitée dans certains milieux associatifs par la mise en vente publique de documents
relatifs à la traite des Noirs ainsi qu’à l’esclavage, les approximations de certaines prises de position à
l’occasion du débat soulevé par ces ventes me conduisent à souhaiter que le public dispose des
informations les plus larges sur la richesse des collections publiques dans ce domaine et sur les
possibilités de recherche qui s’offrent aux chercheurs.
Les archives nationales comme les archives territoriales possèdent en effet de riches fonds sur la traite
des Noirs comme sur l’esclavage, fonds souvent recensés, classés et utilisés par les chercheurs. Si ces
fonds sont déjà recensés dans les guides déjà publiés, il m’a paru souhaitable de réaliser un guide
spécialement consacré à cette question et qui recense l’ensemble des fonds disponibles, tant publics
que privés, tout en actualisant les informations qui les concernent. Le guide mettra notamment
l’accent sur les archives privées, fonds d’armateurs, dossiers de plantations, et indiquera les
acquisitions réalisées au cours des dernières années. La période couverte s’étend de l’apparition et du
développement des activités de traite au XVIIe siècle jusqu’à l’abolition de la traite et de l’esclavage.
L’établissement de ce guide ne concerne évidemment pas tout le réseau mais essentiellement les
services situés dans les départements et villes maritimes et commerçantes. Il associe naturellement les
services d’archives des ministères de la défense et des affaires étrangères ainsi que le réseau des
archives des chambres de commerce. Il m’a paru cependant important d’adresser une information à
l’ensemble des services d’archives afin de l’associer à l’enquête lancée et de disposer d’un
recensement aussi complet que possible des ressources en ce domaine ».
Ce travail rencontrait une des propositions du CPME qui ne pût
qu’applaudir l’initiative des Archives de France et en saluer la
publication. Le Guide des sources de la traite négrière, de l'esclavage et de
leurs abolitions établi sous la direction de Claire Sibille avec le concours des
services d'archives publics parut le 16 mars 2007 à La Documentation
française. Il s’en était vendu plus de 430 exemplaires en novembre,
ce qui est exceptionnel pour un ouvrage scientifique de ce type.
Sur 600 pages, il recense et décrit des fonds disponibles, tant privés
que publics. La période couverte va de l'apparition des activités
liées à la traite jusqu'à l'abolition définitive en 1848. Il évoque le
Code noir de Colbert, régissant le statut des esclaves, le décret du 16
pluviôse an II abolissant une première fois l'esclavage, mais aussi
des archives d'armateurs, de négociants, de compagnies
- 30 -
d'actionnaires et de propriétaires d'habitations. Ces fonds documentaires éclairent notamment le
quotidien des esclaves (actes notariés, état civil, etc.). Leur diversité, l’exhaustivité de ce répertoire font
du Guide un ouvrage de référence indispensable aux chercheurs qui entendent faire progresser la
recherche historique. Pour permettre également à un large public de s'initier à cette histoire, l'ouvrage
s’accompagne d'une introduction historique, d'une bibliographie prenant en compte les publications et
les ressources sur papier et électroniques, d'une chronologie, d'un glossaire, de fiches synthétiques
éclairant la typologie de tel ou tel document, l'histoire d'une institution ou d'une procédure juridique
parfois redoutablement complexe mais qui a généré des documents d'un extraordinaire intérêt.
La journée d’étude et de présentation du Guide des sources et de
réflexion sur les archives de l’esclavage et de la traite le 13 mars 2007 à
l’Hôtel de Rohan (Paris)
En outre, cette parution fit l’objet à Paris le 13 mars 2007, dans les salons de l'hôtel de Rohan, rue
Vieille du Temple à Paris, d’une journée d’étude et de présentation aux Archives nationales, organisée
par la direction des Archives de France. Destiné avant tout aux chercheurs, ce colloque a abordé les
questions liées à la collecte, à la conservation et à la valorisation des sources conservées en France et à
l’étranger. Les interventions ont principalement porté sur les archives des plantations, des armements
négriers, sur les récits et les journaux de bord de négriers.
La fédération française de généalogie en a rendu compte dans son Bulletin d'information n°129 d'avril
2007 (www.genefede.fr) en soulignant la qualité de l'ouvrage : « extraordinaire travail », « preuve de
l'ampleur des sources écrites conservées », « nombreuses pistes » ouvertes, «précieux fac-similés de
documents variés ». « Ne pas se laisser tromper par le titre : ce guide va bien au-delà du sujet annoncé,
la traite et l'esclavage touchant à de multiples aspects de la vie en France et outre-mer. Le Bulletin
ajoute que les généalogistes apprécieront l'article de Dominique Taffin, directrice des Archives
départementales de la Martinique : « Retrouver son ascendance esclave ».
Le 27 juin 2007, lors d'un autre colloque, Archives, identité et république, fut lu un message de Mme
Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication, qui évoque l’esclavage :
« Les Archives sont la mémoire de la Nation. Mémoire dans laquelle se lit l'histoire de notre pays et
des générations successives qui l’ont habité. Mémoire particulièrement longue, qui s’étend, pour les
Archives nationales, du VIIe siècle à nos jours. Mémoire qui garde la trace de tous les moments clés
de notre histoire, des actes fondateurs, comme l’Édit de Nantes, le Serment du Jeu de paume, ou encore la
Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Mémoire nationale donc, parce qu’elle dit l’histoire des
territoires, elle raconte les parcours individuels, les existences simples, les vies modestes, à travers les
actes notariés, les documents de l’État civil, les archives d’associations ou d’entreprises. Trame
quotidienne où l’on peut lire, en filigrane, l’aventure tumultueuse des Grands.
Où l’on peut lire, également, la construction de notre identité au fil des siècles. De notre langue, à
travers l’ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539, mais aussi de notre géographie, à travers les
dossiers des réseaux routiers, ou à travers les magnifiques épures de fortifications rappelant l’enjeu
majeur des frontières et l’œuvre toujours vivante de Vauban. Mémoire rendue plus intelligible par les
instruments de recherche, comme le Guide des sources de l’histoire des étrangers, ou le Guide des sources de
l’histoire de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, paru en mars dernier.
Mémoire, enfin, on l’oublie trop souvent, qui n’a rien de figé, ni de clos, mémoire toujours en cours de
constitution. Et cette mémoire matérielle, dense, il convient de la collecter, de la conserver et de la
communiquer dans les meilleures conditions ».
- 31 -
La ministre a évoqué aussi "l’avenir de notre mémoire", et l'absolue nécessité de mettre les archives à
la disposition du plus grand nombre, par le projet de centre national de Peyrefitte-sur-Seine (93), et la
numérisation.
L’esclavage sur le site L’Histoire par l’image
L'Histoire par l'image est un site en ligne public, édité par la Réunion des musées nationaux et la
direction des musées de France, auquel la direction des Archives de France apporte régulièrement sa
contribution.
Son ambition : enrichir la connaissance du passé à travers les oeuvres d'art et les documents
iconographiques qui s'y rapportent. Bien des oeuvres, quelle que soit leur nature (peinture, sculpture,
photographie, dessin, gravure…), restent trop souvent utilisées comme de simples illustrations et
méritent d'être analysées au-delà de la brève légende qui les accompagne le plus souvent. Ces oeuvres
ne renvoient pas seulement aux événements marquants de l'histoire de France (révolutions, guerres,
changements de régime…). Les artistes des siècles passés nous ont en effet laissé une somme
remarquable de témoignages sur les grandes évolutions sociales et culturelles depuis la Révolution.
Même si ces témoignages, qui émanent d'une sensibilité personnelle, ne peuvent prétendre à l'exigence
de scientificité de l'historien, ils révèlent souvent ce qui anime la société d'une époque, ses
motivations, ses mœurs, ses craintes ou ses engouements. Ils complètent et éclairent donc l'histoire
politique par des éléments sur les conditions sociales, les progrès scientifiques, les pratiques religieuses
et culturelles, la vie intellectuelle et artistique... L'enjeu de L'Histoire par l'image réside donc non
seulement dans sa richesse iconographique et éditoriale, mais aussi dans sa capacité à renouveler
l'approche des faits historiques et leurs représentations.
De plus, loin d'être une simple juxtaposition de textes et de reproductions d’œuvres, le site tire parti
des nouvelles technologies pour cerner le sujet de l’œuvre ou du document d'archives, mettre en
- 32 -
valeur ses éléments les plus significatifs, mais aussi mieux comprendre le cas échéant la sensibilité de
l'artiste, ses intentions. Afin de pousser plus avant l'analyse des oeuvres, certaines études sont
enrichies d'une animation multimédia incluant un commentaire sonore.
Ce site est en priorité destiné aux professeurs de l'enseignement secondaire et à leurs élèves. La
période 1789-1939 correspond ainsi aux volets de l'histoire de France des programmes de seconde et
de première. Le découpage adopté recouvre les deux dernières parties du programme de seconde (soit
la moitié de celui-ci selon les indications horaires officielles) et l'intégralité du programme de première.
Le 19e siècle a été choisi aussi à cause de la richesse iconographique des musées et de la connaissance
des documents et publications se rapportant à cette période.
Les professeurs d'histoire-géographie ne sauraient toutefois être les seuls destinataires de ce projet.
Compte tenu de son approche pluridisciplinaire et de la diversité des thèmes abordés, il peut aussi
intéresser les professeurs d'autres disciplines, les familles, les amateurs d'art et d'histoire, désireux
d'accroître leurs connaissances historiques et artistiques, en découvrant les collections des musées et
des fonds d'archives.
Vue de l’incendie de la
ville du Cap français, 21 juin
1793, révolte d’esclaves.
Jusqu’en 2006, L’Histoire
par l’image accordait peu de
place à la traite, à
l’esclavage et à leurs
abolitions. Un partenariat
avec la direction des
Archives de France, qui
procédait
alors
à
l’inventaire dont nous
venons
de
voir
l’aboutissement avec la
publication du Guide des
sources,
a permis de
publier une série d’études
sur ces thèmes, progressivement enrichies. En novembre 2007, pouvaient ainsi être consultées les
études suivantes :
• les Européens et l’Afrique à la fin du XVIIIe siècle ;
• le mouvement abolitionniste et sa propagande ;
• la première abolition de l’esclavage du 16 pluviôse an II/4 février 1794 ;
• portraits d’esclavages ;
• visions d’esclaves ;
• le rétablissement de l’esclavage en 1802 ;
• la traite des Noirs ;
• le mouvement de la négritude.
Les études mettent en relation tableaux, illustrations et pièces d’archives sur les différentes facettes de
l’esclavage. Les notices, rigoureuses et novatrices à la fois, sont rédigées par des conservateurs,
directeurs de recherche, historiens, professeurs notamment d’histoire de l’art, qui n’hésitent pas à
croiser leurs approches, rédigeant parfois à quatre mains. Ces commentaires donnent, en les
distinguant soigneusement, le contexte historique des documents, des analyses d’images, et des
« interprétations » qui sont autant d’éclairages et de suggestions.
- 33 -
Par exemple, à propos des résistances et révoltes en Guyane, l’internaute
découvre quatre images. Deux eau-fortes de Tardieu l’aîné d’après William
Blake : une marche à travers un marais de la Guyane et le Nègre suspendu vivant par
les côtes. L’extrait d’une lettre de Sévère Hérault, économe de la plantation le
Mont-Plaisant et membre de la milice de Cayenne, à sa sœur Léonice, enfin
une très curieuse gravure sur la Manière dont combattent les Nègres, entre les
buissons. Se croisent ainsi des archives départementales de Martinique et de
Loire-Atlantique à propos d’un troisième département…
Autre exemple, Françoise Lemaire, conservateur en chef du patrimoine,
dans sa notice sur le dessin représentant Trois nègres marrons à Surinam, que
nous devons à Théodore Bray (Musée d’Aquitaine), rappelle les conditions historiques et quotidiennes
de cette forme de résistance, avec la différence entre « petit » et « grand » marronage. L’image choisie
se situe au cœur de la forêt guyanaise : « trois hommes - dits « marrons » ou esclaves fugitifs - se
reposent en bavardant autour d’un feu qu’on imagine destiné à tenir éloigné insectes et serpents. Un
arbre abattu et une hutte
sommaire constituent les rapides
aménagements de cette halte
temporaire. Un sabre d’abattis
fiché en terre est l’outil
indispensable à leur fuite qu’ils
ont pris soin d’emporter. Le
planteur Théodore Bray, installé
en Guyane hollandaise vers
1840, dessine cette scène de
marronage, avec le naturel des
choses vues, sans connotation
romantique. L’un des marrons
fume une pipe en terre objet
caractéristique
de
l’univers
matériel des esclaves sur les
plantations, tel qu’il a été révélé
par l’archéologie ».
Enfin, cet extrait d’une notice de Luce-Marie Albigès, conservateur de la direction des Archives de
France, sur le très beau portrait par Girodet du député de Saint-Domingue à la Convention en 1797,
que l’on peut admirer au musée du Château de Versailles.
Jean-Baptiste Belley, né à Gorée, fut vendu petit enfant à un négrier en partance pour les Iles.
Affranchi dans sa jeunesse puis membre de la classe des « libres de couleur » qui possédaient eux- 34 -
mêmes des esclaves, ces « propriétés pensantes », comme Belley les nomme lui-même. Il prit part à
l’expédition de Leclerc contre Toussaint Louverture à Saint-Domingue au début de 1802, mais y subit
une arrestation arbitraire (sans doute sur ordre secret de Bonaparte), et fut enfermé à Belle-Ile en
Bretagne, où il mourut en 1805. Il appartenait à cette génération qui connut l’esclavage,
l’affranchissement, l’accès à la vie politique, la première abolition de 1794, la révolte de SaintDomingue avec le combat de Toussaint Louverture, le rétablissement de l’esclavage en 1802. Son
portrait marque une étape majeure dans la représentation des Noirs en Europe.
« L’étrangeté du Noir
Le portrait de Jean-Baptiste Belley, en pied, sur fond de ciel bleu nuageux, devant le paysage de sa
circonscription de Saint-Domingue, n’innove pas seulement par son esthétique somptueuse. AnneLouis Girodet peint, en représentant officiel de la République, ce Noir en costume d’apparat dont le
mandat vient de s’achever, alors même que les colons profitent de la réaction royaliste pour évincer
tous les députés de couleur des assemblées du Directoire. A 50 ans, le visage sérieux, Belley est
accoudé avec aisance au socle du buste de l’abbé Guillaume Raynal, sculpté par Espercieux. L’artiste
fait de lui le vivant symbole de l’émancipation des Noirs annoncée par le philosophe.
La figure de ce Noir, exposée à Paris, en 1797 et en 1798, suscite une véritable fascination dans le
public. L’artiste a placé de trois-quarts la tête, objet de la curiosité générale, à cette époque où l’on
compare
les
caractéristiques
morphologiques des blancs, des noirs et des
singes. Rejetant en arrière des cheveux
crépus déjà grisonnants, le visage osseux, au
nez aplati, est éclairé par des yeux très vifs ;
la mâchoire puissante ne présente aucun
prognathisme.
Le contraste entre le costume, si
extraordinairement raffiné qu’il évoque à lui
seul la culture européenne, et le faciès
sombre du modèle fait ressortir l’étrange
différence de cet homme noir. Ce costume
de député à la Convention, rappelle aussi
que Belley a connu son heure de gloire lors
de la première abolition de l’esclavage, en
1794. Les trois couleurs républicaines, qui
ceignent la taille et le chapeau sont fondues
dans des dégradés pastel et laissent tout le
contraste chromatique au rapport entre le
noir et le blanc. Les tonalités subtilement
dégradées du visage noir de Belley
ressortent contre le marbre blanc de la
sculpture, comme sa longue main brune sur
la culotte claire ».
Notice de Luce-Marie Albigès (extrait)
- 35 -
IV
LES MANIFESTATIONS DU 10 MAI
A Paris
Au Sénat et au jardin du Luxembourg
Le matin du 10 mai 2007, le président de la
République, Jacques Chirac, et le président
nouvellement élu quatre jours auparavant,
Nicolas Sarkozy, ont inauguré ensemble le
monument créé par Fabrice Hyber Le cri,
l'écrit, pour commémorer l’esclavage dans
le jardin du Palais du Luxembourg. La
veille, au conseil des ministres, J. Chirac
s’était exprimé sur l’esclavage moderne
(voir annexe du présent rapport).
La cérémonie s’est déroulée en présence
des deux présidents de l’Assemblée et du
Sénat, des ministres de l’intérieur, de
l’outre-mer, de la coopération et de la
francophonie, de la culture, du tourisme,
de députés et sénateurs de l’outre-mer, du
comité pour la mémoire de l’esclavage,
dont la présidente, Maryse Condé, du
recteur de la Mosquée de Paris, de
nombreux présidents et membres
d’associations et institutions, d’artistes et
sportifs de l’outre-mer.
Après un extrait du chant révolutionnaire
La liberté des nègres interprété par Serge
Hurot, la lecture de la Proclamation de Delgrès
du 10 mai 1802, la déclamation par le
comédien guadeloupéen Jacques Martial
des dates importantes ayant marqué
l’histoire de la traite négrière et l’esclavage, enfin des poèmes lus par de jeunes collégiens, Jacques
Chirac a coupé le traditionnel ruban bleu-blanc-rouge entourant l’œuvre d’art. Youssou N’dour a clos
la cérémonie avec une chanson rappelant l’origine des esclaves, New Africa… chanson du continent et du
monde noir.
Il s’agit du premier monument national en témoignage de ce crime contre l’humanité, et de la
première œuvre d’art contemporain installée dans le séculaire jardin du Luxembourg, sous l’égide du
Sénat, qui vota le 10 mai 2001 à l’unanimité, en dernière lecture, la loi Taubira.
- 36 -
Le ministre de la culture et de la communication avait lancé une commande
publique, annoncée le 10 mai 2006 par le Président de la République lors de
la première journée de commémoration. A l'issue de la consultation, l’artiste
retenu, de renommée internationale, fut donc Fabrice Hyber, Lyon d’or 1997
de la Biennale de Venise où il représentait la France, auteur notamment de
l’Artère, monument installé fin 2006 au Parc de la Villette à Paris, et de
nombreuses autres œuvres et installations empruntant aux matériaux et
techniques, y compris multimédia, les plus divers.
Il a réalisé une sculpture en bronze polychrome de 3, 70 m de hauteur,
réalisée à l'atelier Coubertin (Saint-Rémy-Lès-Chevreuse). Selon les mots
mêmes du plasticien, son œuvre, constituée de trois anneaux soudés de
bronze hauts de presque quatre mètres représente un symbole : « le cri c’est la marque de l’abolition
de l’esclavage mais aussi la mise en garde contre l’esclavage moderne. Le cri est de peur, de larmes
mais aussi de joie. Le cri est une métaphore de cet asservissement qui a été aboli par les textes. Le cri
c’est un dessin dans l’espace ; pour le jardin devant le Sénat, il fallait un écrit! L’abolition de
l’esclavage, c’est l’anneau de chaîne ouvert, l’anneau fermé c’est que tout peut recommencer, et le
piétement c’est le retour aux racines, mais c’est aussi la Terre qui est un boulet… ». Gravés à la
surface, des mots : «Ailleurs – Décimé – Exterminé – Déporté – Mort – Inhumain – Valeurs –
Déplacé – Esclave »… Sur les plaques qui accompagnent l’œuvre, une liste de dates : 4 février 1797,
17 mai 1802, 27 avril 1848, 10 mai 2001, 10 mai 2006, 10 mai 2007.
A l’issue de l’inauguration, M. Poncelet prononça un discours dans les salons du palais. Il y a rappelé
qu’en 2006, le 10 mai, il avait déjà, avec le bureau du Sénat, « choisi d'honorer l'outre-mer en
accueillant dans le jardin une magnifique installation de l'artiste Léa de Saint-Julien, la Forêt des Mânes,
qui évoquait la diversité des origines des habitants de l'outre mer français (…). Le Sénat est
aujourd'hui heureux et fier de l'inauguration de cette sculpture qui, de manière inédite et forte, a
rassemblé dans l'enceinte du Sénat le président de la République dans le dernier acte de son mandat, et
le président nouvellement élu pour la première célébration nationale à laquelle il participe avant la
passation des pouvoirs. Cette cérémonie émouvante à laquelle nous venons d'assister a d'autant plus
de sens à nos yeux qu'elle souligne le rôle éminent du Sénat, assemblée de Victor Schœlcher, dans le
vote de tous les textes qui ont supprimé cette infamie (…) La chanson du chevalier de Piis, en 1794,
saluait l'abolition réalisée par -je cite- notre « Sénat respectable ». Fabrice Hyber, aujourd'hui, en
intitulant son oeuvre,
«Le cri, l'écrit a voulu
montrer qu'au cri des
opprimés,
répondait
l'écrit
des
lois
libératrices ».
Il
a
conclu en observant
que cette oeuvre forte
devient la première
oeuvre
d'art
contemporain du jardin
du Luxembourg, fait
notable pour le Sénat et
l’engagement de son
assemblée dans la vie
artistique de notre pays.
Ce discours figure en
annexe du présent
rapport.
- 37 -
A l’Assemblée nationale
L’Assemblée nationale s’est associée, pour la deuxième année,
aux célébrations du 10 mai. L’art et les enfants, ici aussi, furent à
l’honneur.
A l’invitation du président Patrick Ollier et de l’association Le
Concert de Monsieur de Saint-George, deux cent cinquante
collégiens venus d’Aulnay-sous-Bois, Caudebec-lès-Elbeuf,
L’Île-Saint-Denis, Neuilly-sur-Marne, Rueil-Malmaison, SedanBordeaux et Tremblay-en-France, réunis dans la salle des Fêtes
de l’hôtel de Lassay,
écoutèrent
des
œuvres
de
ce
e
compositeur du 18 siècle, en présence de la députée
Christiane Taubira, des membres du comité pour la
mémoire de l’esclavage, de l’actrice Jenny Alpha, et de
leurs enseignants.
L’orchestre des Archets de Paris accompagnait la soprano
Carole
Louis.
Alain Guédé, biographe du musicien, a présenté
chaque œuvre à partir d’un épisode de la vie
tumultueuse du chevalier. Pour conclure, le public
reprit en chœur l’air célèbre « aimons-nous ».
Né en Guadeloupe vers 1739 des amours d’une esclave
et d’un planteur, Saint-George devint l’un des
compositeurs les plus célèbres d’Europe (le « Voltaire
de la musique», selon l’abbé Grégoire), le musicien
favori de la cour, le meilleur escrimeur de France. Il
s’est ensuite engagé pour défendre la République.
Au Panthéon
Les membres du comité et le Président de l’Assemblée
Le grand maître du Grand Orient de France (GOF),
Jean-Michel Quillardet, accompagné d’une délégation
du conseil de l’Ordre, a tenu un rassemblement devant
le Panthéon. Après un dépôt de gerbe sur la tombe de
Victor Schœlcher fut inaugurée l’exposition Francsmaçons au Panthéon (salle Marie Curie).
Jusqu’au 21 mai, elle y a célébré le souvenir de quatre
membres célèbres du GOF dont les cendres reposent en
ce lieu dédié aux personnages qui ont marqué l'histoire
de France. Des colonnes ont retracé les hommes, leurs
- 38 -
histoires et leurs vies maçonniques : Victor Schœlcher, François-Marie Arouet dit Voltaire, Félix
Eboué, Léon Gambetta. L’exposition, visible en ligne, fut ensuite présentée dans le hall de l’institution
à Paris (http://www.godf.org/actu_detail.asp?num=87).
Au musée du quai Branly (15e)
Le musée dispose de riches fonds iconographiques sur la traite, l’esclavage et leurs abolitions et y
consacre plusieurs pages et diaporamas de son site internet. Il participe au 10 mai depuis la première
commémoration en 2006.
Cette année, il accueillait deux journées de rencontres internationales, en partenariat avec l'institut du
Tout-Monde. La soirée du 10 mai au théâtre Claude Lévi-Strauss comportait lectures et musique :
•
•
•
•
une anthologie de textes sur les esclavages et leurs abolitions, lus par des acteurs, écrivains, et
artistes, dont Marianne Basler, Danielle van Bercheycke, Alain Borer, Greg Germain, Walles
Kotra, Michael Lonsdale, Edwy Plenel et Abdourahman A. Waberi, au piano Olivier Glissant ;
la nomination solennelle de héros des luttes antiesclavagistes, au piano Bernard Lubat ;
la lecture, par l’auteur, d’extraits de Mémoires des esclavages d’Édouard Glissant, paru ce 10 mai
2007 chez Gallimard et la Documentation française ;
un récital, Find your own voice, par Jayne Cortez accompagnée de Denardo Coleman et Albert
MacDowell.
Dans le salon de lecture Jacques Kerchache, en outre, se tinrent une rencontre et une séance de
signature : Une histoire de l’esclavage à partir des collections du musée par Sarah Frioux-Salgas, responsable des
archives et de la documentation des collections du Quai Branly, et le Nègre de Pierre Larousse
(éditions Bleu Autour), en présence de l’historienne Françoise Vergès, auteur de la préface, viceprésidente du comité pour la mémoire de l’esclavage.
L'institut du Tout-Monde, créé par Edouard Glissant avec le soutien du conseil régional d'Île-deFrance et du ministère de l'intérieur, de l’outre-mer et des collectivités territoriales, se veut à la fois un
site d'études et de recherches, un espace d'invention et de formation, un lieu de rencontres, une revue,
un musée, un théâtre, et un espace dédié aux mémoires des peuples et des lieux du monde.
Au musée Dapper (16e)
Conformément à son objectif -promouvoir les cultures de l'Afrique,
des Caraïbes et de leurs diasporas -, la fondation Dapper s’est
impliquée dès la première édition du 10 mai avec une programmation
riche et variée, autour du thème de la « mémoire partagée », en
partenariat avec RFI, qui a remporté un vif succès. La manifestation a
duré presque tout le mois de mai, du 2 au 20 :
•
une rencontre avec Gisèle Pineau, le 2 mai : l'écrivaine
évoqua les femmes qui l'ont profondément marquée. Des
extraits de son dernier livre Mes quatre femmes furent lus par la
comédienne d'origine guadeloupéenne Marie-Noëlle Eusèbe.
Osange Silou-Kieffer, journaliste, joua le rôle de médiatrice ;
•
une table ronde, « quel est notre besoin de mémoire ? »,
le 3 mai. Le trafic et l'esclavage ont mis en place des processus d'aliénation dont les séquelles
subsistent, aujourd'hui encore, chez des hommes et des femmes de la Caraïbe. «Comment
vivre, pour certains, avec ce sentiment de honte, voire d'infériorité ?». Question taboue pour
les uns, mais sûrement pas pour d’autres, écrivains, philosophes, penseurs, ethnopsychiatres,
- 39 -
de plus en plus nombreux à se pencher sur ce problème. Il est temps, en effet, de reprendre
confiance, d'aller voir, de plus près et au plus profond de soi, ce qu'il en est. «Comment
s'approprier cette histoire douloureuse ?». «Quelle mémoire partager et avec qui ?». Autour de
la médiatrice, Osange Silou-Kieffer, participaient notamment au débat Anne Lescot, membre
du CPME, Ali Moussa Iye, chef de la section Histoire et Culture à l’UNESCO, responsable
de la « Route de l'esclavage et des abolitions de l'esclavage» et Philippe Pichot, coordinateur
des « Routes des abolitions » ;
•
le concert du groupe Bwakoré, le 12 mai : jazz band martiniquais, venu pour l’occasion de
son île, Bwakoré a proposé des compositions originales ancrées dans le patrimoine musical
caribéen – biguine, bèlè – associées à la mazurka. Il revisite les standards d'Eugène Mona ou
de Pierre Louiss, en associant aux musiques traditionnelles des univers sonores
contemporains. Il s’est également produit à Sarcelles le 16 mai, opération montée avec le
soutien de cette ville et de l’association des femmes du quartier Watteau ;
•
le festival Regards sur l’esclavage, du 9 au 13 mai : alors qu'était célébré le 200e
anniversaire de l'abolition de la traite par les Britanniques et que la journée du 10 mai se
trouvait plus fortement encore inscrite sur le plan national, la deuxième édition du festival de
cinéma « Regards sur l'esclavage » s’est consacrée à l'émergence des sociétés issues de la traite
négrière, dans le Nouveau Monde, ainsi qu'aux conditions de vie et aux révoltes des esclaves.
Des thèmes et des regards croisés comme autant de témoignages, autant de pièces pour
reconstituer le puzzle d'une mémoire encore fragmentaire.
Le festival « Regards sur l’esclavage »
Sous la direction artistique de Catherine Ruelle (RFI), qui animait aussi les débats, ont eu lieu :
- un « focus » sur trois cinéastes originaires des diasporas. Charles Burnett, africain-américain,
dont le travail venait récemment d'être mis en lumière par Tony Morrisson au musée du Louvre, et
dont le musée Dapper fut le premier à diffuser les films en 1980. Il a présenté Niightjohn (1996) et Nat
Turner (2003). Sergio Giral, cubain auteur d'une trilogie consacrée à l'esclavage et à la construction de
la société cubaine, avec El Otro Francisco (1974) et Maluala (1979). John Akomfrah, britannique
d'origine ghanéenne, réalisateur de Testament (sélectionné à la Semaine de la Critique - festival de
Cannes, 1988) ;
- un « focus » sur les Antilles : JeanClaude Flamand Barny, guadeloupéen,
dont la série en six épisodes Tropique
amers, passée sur France 3 à partir du 10
mai 2007 a rencontré un large public ;
- « les mots pour le dire », le 20 mai :
attentif aux rapports que les jeunes
entretiennent avec leur culture, le musée
Dapper s'implique régulièrement en
milieu scolaire et associatif. À son
initiative, différents ateliers ont été créés.
Depuis septembre 2006, les élèves de
première du lycée Jean Lurçat (Paris 13e)
ont mené, avec leur professeur Laurence
Gadeau, une réflexion sur la maîtrise de l'expression écrite et orale à travers le conte. En novembre
2006, Jean-Claude Duverger, venu de Martinique, évoqua dans leur établissement les contes antillais
et les techniques de l’oralité. Dans le cadre de la seconde édition de Mémoire partagée, les artistes
- 40 -
SheinB, auteure, interprète, slameuse, et le comédien américain Thomas M. Pollard ont animé un
atelier d’écriture avec ces mêmes élèves, les initiant à la « nouvelle poésie des maux » qu’est le slam,
autour des thèmes de la colonisation, de l’esclavage et de l’histoire. Le dimanche 20 mai, le spectacle
monté par ces jeunes a investi le musée pour une émouvante représentation.
A la médiathèque des Trois Mondes (5e)
La médiathèque des Trois Mondes, entreprise culturelle à but non lucratif, favorise la diffusion en
France et dans le monde de films documentaires et fictions d'Afrique, d'Asie, ou d'Amérique latine,
afin de contribuer à équilibrer les regards, souvent trop occidentaux, sur les cultures de ces continents
et les migrations. Son catalogue comprend plus de deux cents titres en vidéo, et des films 35 et 16 mm
en distribution.
Le 10 mai fut l'occasion de proposer six DVD pour l'année 2007 :
• La Ultima cena de Tomas Gutierrez Alea (120 min., 1976, Cuba), en version espagnole ou
française. A la fin du XVIIe siècle, à la Havane, un riche propriétaire de sucrerie, blanc et
catholique, lave les pieds de douze esclaves noirs et les réunit à sa table. Superbe reconstitution
historique et parabole sur la lutte des classes, le racisme et le système colonialiste.
• Le Courage des autres de Christian Richard (92 min., 1983, fiction, Burkina Faso), en français,
avec commentaires de Sotigui Kouyaté. Parmi les captifs d'un marché, un personnage
mystérieux initie le jeune chef pour lui donner la force de diriger la révolte des futurs esclaves.
Un des rares films sur la traite négrière de l'intérieur de l'Afrique à la côte où les bateaux
occidentaux, en partance pour les Amériques, attendent leur sinistre
cargaison.
• La Noire de… de Sembene Ousmane (60 min., 1966 - 1962, fiction,
Sénégal), en français. Une jeune bonne sénégalaise suit ses patrons
retournant dans leur pays, à Antibes. Le plaisir de la découverte de ce
nouveau monde se transforme vite en déconvenue profonde.
Isolement, mépris des patrons, racisme ambiant, tâches ménagères
incessantes… la poussent au suicide. Un exemple d'esclavage
moderne pour le premier long métrage africain. Il reçut en 1966 le
Tanit d'or à Carthage, le Grand prix au Festival mondial des arts
nègres et le Prix Jean Vigo.
• Little Senegal de Rachid Bouchareb (93 min., 2003, fiction,
Afrique/Etats-Unis), en anglais, français, et allemand. Alloune, guide
à la Maison des esclaves de Gorée, part en Amérique à la recherche
de descendants de ses ancêtres, déportés comme esclaves. Un
périple des plantations du Sud à Little Senegal, le quartier africain de
Harlem où l'on découvre que les Afro-Américains ignorent tout de
leurs racines et considèrent les Africains nouvellement arrivés
comme une menace à leur intégration économique.
• Manderlay de Lars Von Trier (140 min., 2005, fiction, Etats-Unis), en
anglais, français, et français. Une comédie morale ambiguë sur le
passage d'état d'esclave à celui d'affranchi en Alabama.
• Racines de D.Greene, J. Erman, M.J. Chomsky, G. Moses (564 min.,
1977, fiction, E.-U.), en français, anglais, allemand, espagnol,
néerlandais, norvégien, danois, polonais et turc. L'histoire de Kunta
Kinté, déporté d'Afrique en 1767 et vendu comme esclave aux
Etats-Unis, qu’Alex Haley avait fait connaître au monde entier par son célèbre roman, Roots.
Le catalogue de la médiathèque peut être consulté en ligne sur www.cine3mondes.com.
- 41 -
A la gare de Paris Nord (10e)
Le collectif DOM TOM des cheminots CGT de Paris Nord a
publié dès le 20 février 2007 sur son site internet un texte,
L’esclavage aboli, commémoration du 10 mai 2007. Ce document
rappelle que « les hommes naissent libres et égaux en droit »,
énumère les étapes historiques de 1794, 1802 et 1848 vers la
liberté, et affirme le devoir d’en entretenir la mémoire par un
jour équivalent en métropole à celui des dates fériées dans les
départements d'outre-mer. Il insiste sur l’impérieuse nécessité
de continuer à lutter contre toutes les formes d’exploitation
moderne. Créé en 1978, ce collectif inscrit depuis de
nombreuses années ce thème dans ses activités et débats, aux
côtés de revendications pour la continuité territoriale et
l’amélioration des conditions de travail.
A l’hôpital Saint-Louis (10e)
La CFDT AP-HP a organisé une rencontre et une exposition
conviviales à l’hôpital Saint-Louis.
A la maison natale de Victor Schœlcher, 132 rue SaintDenis (Paris 10e)
Victor Schœlcher naquit en 1804 au n°132 de la rue Saint-Denis, dans le 10e arrondissement, dans une
demeure aujourd’hui disparue. La société historique du 10e arrondissement, Histoire et Vies, dont le
siège se situe justement au même numéro, entretient sa mémoire, en liaison avec d’autres sociétés
historiques parisiennes concernées.
En 2004, le bicentenaire de sa naissance, inscrit dans le calendrier des
célébrations nationales, fut marqué par des expositions, conférences,
promenades guidées dans les lieux marqués par sa présence et son
activité politique et militante : le 14e arrondissement qui a donné son
nom à une rue en l’an 2000 et préserve les souvenirs d’Arago, autre
membre du gouvernement provisoire artisan du décret d’abolition, le
20e dont le cimetière du Père Lachaise abrite les sépultures des deux
hommes, le 5e arrondissement où
la dépouille de Schœlcher fut
transférée en 1849, le 9e
arrondissement où siège le Grand
Orient
de
France,
puisque
Schœlcher, comme tant de ses contemporains, appartenait à la
franc-maçonnerie…
Les plaques commémoratives apposées rue Saint-Denis,
hommage offert au moyen de souscriptions recueillies en 1948-49,
lors du centenaire de l’abolition de l’esclavage, par un comité
fédéral d’outre-mer, se trouvaient dégradées au fil du temps.
L’association et la mairie du 10e se sont concertées pour les
restaurer, et ont choisi de tenir l’inauguration le 10 mai 2007.
- 42 -
A la place de la Nation (12e)
Les Associations COFFAD, MNH, Alliance Pan Africaine, ANC,
Kolors, 4 Contre ADP, IACD, Collectif Alert2neg, Armada, Collectif
Faty Koumba ont
appelé,
« pour
l’Honneur
et
le
Respect », au grand
rassemblement,
devenu traditionnel,
du 10 mai 2007 place
de la Nation en fin d’après-midi. Le rendez-vous
s’était donné Place des Antilles pour s’unir autour
d’hommages rendus à de grandes figures historiques
(Steve Biko, Martin Luther King, Malcom X, Nelson
Mandela, Delgrès…), mais aussi afin de témoigner par
des histoires, des contes, de la musique, de la danse,
du chant de vécus relatifs à la circonstance. Sans oublier les discours de diverses personnalités (Jos
Rovélas, Joby Valente) entrecoupés par les salves d’applaudissement du public et de percussions de la
compagnie Ka « Bwa Bandé des Antilles ».
A l’hôtel Holiday Inn, rue de Lyon (12e)
La fédération des agences internationales
pour le développement (AIDE fédération),
regroupement international d’associations, a
pour vocation de contribuer aux actions des
institutions spécialisées des Nations unies et
de l’Union européenne.
Après avoir tenu une manifestation le 10
mai 2006 à Marseille, elle a lancé un appel
sur internet pour une journée de réflexions
et conférences le 11 mai 2007 à l’hôtel
Holiday Inn parisien, L'esclavage : histoire et
mémoire partagées. Le travail de mémoire : pour un
avenir commun à visage humain, en partenariat avec l’association Black Stars. Au programme :
- allocution d'ouverture par Abdelkbir El Hakkaoui, président d'AIDE Fédération ;
- interventions d’Elvire Maurouard, écrivaine et enseignante, « Comment Haïti devient-elle la première
République noire ? » ; Claude Ribbe, écrivain, « L'enjeu de la mémoire » ; Kofi Yamgnane, ancien
secrétaire d'Etat à l'intégration, « Le devoir de mémoire, pour une citoyenneté assumée » ; questions
des participants puis allocution de clôture par Myriam Salah-Eddine, adjointe au maire de Marseille et
membre du haut conseil à l'intégration ;
- projection du Voyage sans retour (1989) en présence du réalisateur Pierre Pommier et de Robert
Pouderou, qui l’a aidé pour le scénario, puis débat. Ce film montre le trafic triangulaire qui a brisé des
millions d’Africains. De la capture en brousse, à Gorée en face de Dakar, jusqu’aux Antilles et à
Bordeaux, Nantes et la Rochelle, un conteur sénégalais évoque l’enfer de l’esclavage.
De nombreuses photographies sont visibles sur le site d’AIDES :
http://www.aide-federation.org/3/esc2007/photo/index.html.
- 43 -
A la salle Maurice Ravel, porte de Vincennes (12°)
Le conseil représentatif des associations noires (CRAN) a organisé le 10 mai un colloque, Ecrire
l'histoire, l'histoire des Noirs. Après une conférence inaugurale de Christiane Taubira, plusieurs
intervenants prirent la parole, avec des tables rondes permettant les échanges avec le public. Etaient
présents Jean-Luc Baillet (membre de la commission « Mémoires et Savoirs » du CRAN), Eric Fassin
(sociologue, école nationale supérieure), Anne Lafont (historienne de l'art, université de Marne-laVallée), Elikia Mbokolo (historien, École des hautes études de sciences sociales, EHESS), Louis SalaMolins (philosophe, Paris I), Pap N’Diaye (historien,
EHESS), Diana Pinto (historienne, expert auprès du
Conseil de l'Europe), Michelle Riot-Sarcey (historienne,
Paris VIII), Juliette Smeralda (sociologue, université Marc
Bloch), Benjamin Stora (historien, CNRS), Françoise
Vergès (politologue, London university), vice-présidente
du CPME.
Le sujet abordé était assez inédit en France. Comme
l'indique le titre, il s'agissait moins de réfléchir à l'histoire
des noirs en tant que telle, qu’à la manière dont elle fut
traitée, ou maltraitée, depuis l'époque de l'esclavage. Les
enjeux philosophiques, politiques et sociaux furent
largement débattus, et comparés à ceux d'autres groupes
sociaux, notamment les Arabes, les Juifs, les femmes, car
il s'agit de réfléchir d'une manière générale à l'histoire de
la domination sociale, telle qu'elle se vit, telle qu'elle
s'écrit.
Ainsi, l’analyse de Pap N’Diaye a porté sur « Les Noirs de France comme objet », celle d’Éric Fassin
sur « la whiteness », Elikia Mbokolo «les noirs de France face à l’esclavage, au racisme et à la
colonisation jusqu’en 1914 ». Dans l’après-midi, les deux actrices Firmine Richard et Isabelle Micottis
lurent des extraits du Code noir et des textes d'Olympe de Gouges, militante révolutionnaire des droits
des femmes et des esclaves. Le CRAN et de nombreux intellectuels militent pour qu'entrent au
Panthéon Olympe de Gouges et la mulâtresse Solitude, autre figure historique, et féminine, de la lutte
contre l'esclavage.
Au théâtre du Lierre (13e)
Le théâtre du Lierre a investi et transformé en 1980 un ancien hangar de réparation de locomotives de
la SNCF. De l'architecture d'origine, il reste les
fermes en bois qui montent jusqu'à treize mètres
de haut, créant de l’espace, et donnant charme et
caractère à la lumière. Il se trouve aujourd’hui
dans un arrondissement en pleine rénovation,
proche de la bibliothèque nationale de France,
intégré dans un quartier neuf à caractère culturel.
La direction du théâtre tient à établir des
passerelles entre les arts de la scène (texte, chant,
musique et mouvement), mais aussi entre les
cultures et les savoirs traditionnels et
contemporains. Depuis 1988, le lieu accueille des
compagnies et ensembles musicaux ayant donc
une démarche parallèle sur l'alliance des diverses
disciplines artistiques.
- 44 -
La compagnie de danse Difé kako, souvent accueillie, programmait le soir du 10 mai une conférence
dansée et un bal-concert, avec, en parrain et invité, Dédé Saint-Prix. Chantal Loïal, directrice
artistique, voulait célébrer cette date symbolique avec grâce et gravité, par le langage chorégraphique.
A l'origine de Difé kako, expression antillaise qui signifie littéralement « quelque chose qui chauffe », il
y a la volonté de chercher une gestuelle nouvelle. Créée en 1994, la compagnie se fonde sur un
métissage des danses africaines et antillaises, une danse de l'exil mâtinée de rigueur technique et de joie
de l'improvisation. Elle se produit outre-mer, en métropole et à l’étranger.
A la Bellevilloise (20e)
Africaphonie, lieu des cultures afro-contemporaines, rassemble les artistes de l'Afrique, de la Caraïbe,
de l'océan Indien, de la France et de l'Amérique
autour de la mémoire partagée. Il avait, à la
Bellevilloise, invité Dédé Saint-Prix, Richard
Borhinger, Gérald Toto, Mike Ibrahim, Fenoamby,
Mr Toma, Tiwony, Daddy Mory, Philemon,
Delphine 2, Magga, Elsa Martine, Igo Drané, Mo
Dj…
Modeste, auteur et compositeur né au Togo,
chroniqueur
musical sur TV5, a
été à l’initiative d’un clip et du titre Africaphonie composé pour la
commémoration de l’esclavage le 10 mai 2006, et diffusé sur TV5
Monde en présence de Salif Keita. Son deuxième album, EWE, a été
enregistré entre novembre 2006 et janvier 2007. L’artiste a choisi le
10 mai pour le présenter en concert live à la Bellevilloise et pour la
sortie numérique de son nouvel album.
Au paradis… à Paris et ailleurs
L’événement international intitulé « Esclaves au paradis »,
organisé en collaboration avec les associations Gens de la
Caraïbe et Collectif2004images, comprenait :
•
une exposition photographique de Céline Anaya Gautier
du 15 mai au 15 juin 2007, à l’Espace Spring Court (Paris
11e), sur les bateys de la République Dominicaine. Un
batey est une plantation de canne à sucre travaillée par
des travailleurs haïtiens. Quatre-vingts images révèlent
des visages tracés par le temps, le temps des labeurs de
l’industrie sucrière, des joies, des larmes, de la force, de
la résignation. Des visages qui, loin des clichés-touristes,
fixent une République Dominicaine autre. La
photographe Céline Anaya Gautier et l’ingénieur du son
Esteban Colomar Enguix ont pu s'introduire de mars à
mai 2005, avec de très grands risques, dans la région
frontalière dominico-haïtienne et dans la région de San
Pedro de Macoris. Ils y ont partagé la vie des coupeurs de cannes haïtiens et des habitants des
camps de travail, les «bateys», grâce à deux prêtres, Christopher Hartley et Pedro Ruquoy,
présents sur le terrain pour aider et défendre ces hommes et femmes sans avenir et dénoncer
- 45 -
•
•
•
leur réduction en esclavage, parfois depuis des générations. Une animation autour de ces
visages, des illustrations sonores rendaient audibles les voix de ces victimes. Un colloque, Sang,
sucre et sueur s’est déroulé le 16 mai 2007 à l'école nationale supérieure de chimie de Paris (Paris
5e) avec des tables rondes préparées par Jean-Marie Théodat, spécialiste des relations haïtianodominicaines et l'association Collectif2004images, comprenant une dizaine d'intervenants
internationaux.
un cycle de films et documentaires :
The Sugar Babies de Amy Serrano le 17
mai et The Price of Sugar le 18 mai suivi
de Braceros de Gérard Maximin au
MK2 Parnasse (Paris 6e), en présence
des réalisateurs.
une tournée nationale à travers les
FNAC Forum de Paris et Marseille et
les réseaux Amnesty International et
Collectif Haïti de France.
un livre et un CD en appui à
l’événement sont parus en librairie le
10 mai. Une partie des fonds sera
versée à la fondation du père Hartley.
L’exposition devait se rendre à Montréal du 19
au 23 septembre 2007, dans le cadre de la 3e
édition du festival international du film haïtien
de cette ville d’Amérique du Nord.
Dans les régions métropolitaines
En Île-de-France
La tournée du Requiem Noir, de Dakar au bassin parisien
Après sa création au Sénégal en décembre 2006 le Rap-Oratorio, hommage à Léopold Sédar Senghor, a
séjourné en Île-de-France à partir du 10 mai 2007, à l'occasion du centenaire de sa naissance et du
deuxième centenaire de la loi anglaise de mars 1807 portant abolition de la traite.
Seigneur
Dieu,
pardonne
à
l'Europe
blanche
!
Et il est vrai, Seigneur, que pendant quatre siècles de lumières
Elle a jeté la bave et les abois de ses molosses sur mes terres
Et les chrétiens, abjurant Ta lumière et la mansuétude de Ton cœur,
Ont éclairé leurs bivouacs avec mes parchemins, torturé mes talibés,
déporté mes docteurs et mes maîtres de science.
Leur poudre a croulé dans l'éclair la fierté des tatas et des collines
Et leurs boulets ont traversé les reins d'empires vastes comme le jour
clair, de la Corne de l'Occident jusqu'à l'Horizon oriental.
(L.S.Senghor)
Honorer la mémoire des victimes de l'esclavage, rendre hommage à la vitalité des cultures issues de
cette histoire par la création d'un spectacle musical est le fruit de la volonté de Pierre Lunel, ancien
président de l'université Paris 8 - Vincennes - Saint Denis, délégué interministériel pour l'orientation et
l'insertion professionnelles des jeunes. Il s’agissait de célébrer deux dates en même temps, séparées par
- 46 -
un siècle, mais dont la charge symbolique est forte des mêmes valeurs : l'apport au monde de la
culture afro-créole.
Léopold Sédar Senghor, né le 9 octobre 1906, a redonné avec Césaire et d'autres ses lettres de
noblesse à la civilisation noire et exalté son apport à l'humanité. Un siècle auparavant, le parlement
anglais votait en 1807 une loi abolitionniste appliquée avec une efficacité sensible dès la première
moitié du XIXe siècle et qui servira de modèle pour tous les abolitionnistes de la traite et de l’esclavage
jusqu'à la loi française inspirée par Victor Schœlcher en 1848. Le centenaire de Senghor et le
bicentenaire de l'abolition de la traite appelaient une commémoration conjointe.
Elle a débuté en décembre 2006 au Sénégal pour s'achever en juin 2007 en France. Elle mettait à
l'honneur le chant choral, notamment à travers un hommage à Julien Jouga, maître de chœur et ami de
Senghor, et y associait le compositeur espagnol Enrique Muñoz,
le rappeur sénégalais Didier Awadi, Yandé Codou Sène, griotte
attitrée de Senghor, et l'ensemble vocal Soli-Tutti dirigé par
Denis Gautheyrie. Elle reposait principalement sur la création
d'un oratorio - le Requiem Noir - , et intégrait un colloque, des
actions pédagogiques et une exposition.
L'oratorio raconte l'histoire de la traite négrière et des abolitions
en dénonçant les formes contemporaines de l'esclavage. Le
spectacle s'ouvre, avec en prélude l'œuvre posthume de Julien
Jouga Requiem Noir, qui donne son titre au spectacle, interprétée
par trente choristes sénégalais, les solistes de l’ensemble vocal
Soli-Tutti, le Didier Awadi et Yandé Codou Sène.
A cette pièce brève chantée en latin et en ouolof succédait
l'0ratorio, sur un livret de Pierre Lunel et Aïssatou Diamanka
Besland, écrit avec la collaboration de Sokhna Benga et Julie
Peghini. En première partie, une œuvre originale pour chœurs
d’Enrique Muñoz, Au sommet de la Montagne, interprétée par Soli-Tutti, les chœurs et le récitant sous la
direction de Denis Gautheyrie. Yandé Codou Sène, accompagnée de ses chanteurs et percussionnistes,
a assuré la transition par une prestation exceptionnelle avec des chants en langue sérère — la langue
maternelle de Senghor. Pour la deuxième partie, Didier Awadi et ses musiciens ont composé une
création musicale originale tournée vers « l'Afrique qui regarde en l'avenir, l'Afrique qui espère,
l'Afrique qui se libère ! », avec la participation des chœurs. Au final du Rap-oratorio les chœurs sont à
nouveau réunis pour une courte pièce chorale d'inspiration gospel d'Enrique Muñoz, Elégie à Martin
Luther King, d'après un poème de Senghor. Plus de quatre-vingts choristes d’Île-de-France se sont
retrouvés en même temps sur scène.
Participèrent au projet le ministère de la culture et du patrimoine historique de la République du
Sénégal, l'organisation internationale de la francophonie (OIF), l'ambassade de France au Sénégal, le
conseil régional d'Île-de-France, le ministère français chargé de la culture, les conseils généraux des
Hauts-de-Seine, du Val d'Oise, du Val-de-Marne, des Yvelines, la fondation Sonatel/Sénégal, la
fondation France Télécom, Air Sénégal International, avec la collaboration technique de l'institut
français Léopold Sédar Senghor et du théâtre Daniel Sorano (Dakar), de l'université Paris 8Vincennes-Saint-Denis, et de l'université Cheikh Anta Diop (Dakar) et de neuf municipalités
françaises.
En effet, neuf concerts ont été donnés entre mai et juin en partenariat avec les collectivités locales : le
10 mai à Drancy (93), le 12 mai à Clichy-sur-Seine (92), le 15 mai à Bondy (93), le 22 mai à SaintDenis, le 23 mai à Sarcelles (95), le 9 juin à Bezons (92), le 12 juin à Choisy-le-Roi, le 16 juin aux
Mureaux, le 21 juin à Drancy, et le 23 juin à Meudon (92).
- 47 -
Parmi les actions de sensibilisation menées, le rappeur Didier Awadi a rencontré des jeunes des
Mureaux pour échanger sur son parcours et son travail dans la création de Requiem Noir.
Aubervilliers (93)
La municipalité a rendu un hommage à Rosa Parks et à la lutte contre l’esclavage et le racisme :
•
•
•
une exposition sur Rosa Parks, au
11 de la rue Pasteur, visible jusqu’au
11 mai ;
l’inauguration par le maire d’une
place Rosa Parks sur le parvis du
marché du centre. Une plaque
résume la lutte de cette Africaineaméricaine qui refusa de se lever
dans un bus pour laisser sa place à
un Blanc ;
une rencontre-débat, Rosa Parks et
les droits civils des noirs aux Etats-Unis
avant 1965 » à la salle des mariages
de l’hôtel de ville.
La mairie présentait aussi deux expositions dans le hall de l’hôtel de ville :
•
•
du 23 au 30 avril, Victor Schœlcher ;
du 7 au 12 mai, L’esclavage, une histoire des droits de l’homme.
Enfin, le 23 mai, le service Droit des femmes et lutte contre les discriminations de la ville lançait, salle
des mariages, un débat sur la place de l’histoire de l’esclavage dans la mémoire collective française, avec Mme
Belmas, conseillère à l’UNESCO, M. N’Diaye, historien, M. Lozès, président du CRAN, M. Mesnard,
membre du comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire. Le peintre Michel Lemaître
inaugura ensuite son exposition.
Bagneux (92)
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Jumelée depuis 1999 avec Grand-Bourg (île de Marie-Galante, Guadeloupe), Bagneux a célébré, cette
année, le combat des esclaves contre leur condition. Sur l’initiative de Jean-Claude Félix-Tchicaya,
maire adjoint chargé de la jeunesse, membre fondateur du collectif Devoirs de mémoires, furent
inaugurées le 10 mai 2007 la place de la Liberté ainsi qu’une statue en mémoire de Solitude.
Née en Guadeloupe, cette mulâtresse, célébrée dans un roman éponyme d’André Schwarz-Bart en
1972, illustre le rôle, trop souvent oublié, joué par les femmes dans la lutte contre l’esclavage. Née
d’un colon et d’une esclave, elle-même plongée dans la servitude, puis libérée par la première abolition
en 1794, elle se joignit, en 1802, au commandant Delgrès et aux autres marrons, lorsque Napoléon
rétablit l’esclavage. Contre les soldats du général Richepance chargé de mâter la résistance, elle
combattit, les armes à la main. Retranchée avec les insurgés à Matouba, elle les vit mourir au combat
les 26, 27 et 28 mai. Capturée, condamnée à mort, elle
bénéficia du cruel privilège réservé à l’époque aux
prisonnières enceintes : on attendit que le petit esclave naisse,
pour la pendre au lendemain de son accouchement. En 1999,
la commune des Abymes en Guadeloupe honora son nom en
érigeant une statue à sa mémoire sur le boulevard des Héros.
Sa panthéonisation a fait l’objet, de même que celle d’Olympe
de Gouges, d’une intense campagne dès le début de l’année
2007, avec des articles dans la presse et appels aux présidentiables. Aux côtés du 8 mars, journée des
femmes, le 10 mai fut l’occasion, avec cette inauguration, de contribuer à la sensibilisation. A noter
que le ministère de l’intérieur, en avril 2007, a donné son nom à une salle de l’Hôtel Beauveau, siège
des services et du cabinet.
Invité par ses amis métropolitains pour cette occasion, Patrice Tirolien, maire de Grand-Bourg, a
relaté, dans son discours, l’histoire émouvante de cette figure emblématique, et la force de l’acte choisi
par la commune des Hauts-de-Seine. Il y a aussi mentionné le cas de l’esclave Gertrude à Petit-Bourg
qui fut brûlée vive, de la Jamaïcaine Nanny, qui mena un combat opiniâtre à la tête des marrons et
obtint la signature d’un Traité avec les Britanniques. Il a rappelé le caractère particulier de 2007,
déclarée « Année de la commémoration de l’Abolition de la traite par l’Angleterre ». Saluant comme
« une grande avancée la reconnaissance par la France de l’esclavage comme fait historique », et la
décision de lui consacrer la journée du 10 mai, il a évoqué le travail,
indispensable, des historiens, et les débats actuels autour de la
colonisation.
De son côté, Marie-Hélène Amiable, maire de Bagneux, s’est félicitée que
la municipalité, le conseil local de la jeunesse, la maison citoyenne, les
centres sociaux et culturels se soient impliqués dans le 10 mai dès 2006,
avec pour objectif de se tourner vers « ce passé que nous avons tous en
commun », et d’adresser un hommage « aux victimes et aux résistants de
ce cauchemar qui dura plus de quatre cent cinquante ans ». Elle a
souligné la « persistance de l'esclavage dans nos sociétés
contemporaines », dénonçant les discriminations qui font du nom ou de
la couleur de la peau un obstacle à l'accès à un emploi ou à un logement.
La statue, composée de bois d’Afrique et de métal, est, selon son
créateur, le sculpteur Nicolas Alquin, « le premier mémorial au monde dédié à tous les esclaves
résistants ». L’œuvre rappelle le “Nègre de fer mis au fer dans sa propre peau“, selon les mots des
artistes et de la compagnie SourouS qui ont fait revivre Solitude.
Enfin, pour illustrer les dimensions mémorielle et historique de l’esclavage, la maison citoyenne
Thierry Ehrhard a tenu une journée de manifestation avec une conférence-débat ouverte à tous les
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Balnéonais intéressés. Des jeunes de Bagneux ont aussi réalisé des courts métrages, suivis d’un débat
lors de la projection.
Cergy-Pontoise (95)
L’université de Cergy a renouvelé son engagement avec
cette année un colloque et une conférence les 9 et 10
mai, dans la salle de conférences des Chênes II. Par
ailleurs le centre de recherche « Textes et francophonies »
a proposé des lectures.
Après une introduction de Christiane Chaulet Achour,
sur « la difficile percée de la voix des esclaves », plusieurs
thèmes furent abordés par :
• Marie Frémin (universitaire), « parcours et
voix d’esclaves : de quelques témoignages ».
Le but était de faire connaître l’existence de
témoignages d’esclaves et de montrer leurs parcours,
comme Jacobs, Douglass consul en Haïti, de Josiah
Henson qui aurait servi de modèle à Harriet Beecher
Stowe pour l’Oncle Tom. Il publie d’abord en 1849
La vie de Josiah Henson, ancien esclave et désormais habitant
du Canada, racontée par lui-même ; puis en 1858. La
Vérité plus étrange que la fiction. L’histoire de sa propre vie
racontée par Josiah Henson et finalement en 1876 Uncle
Tom’s Story of His Life. An Autobiography of the Rev. Josiah Henson (Mrs. Harriet Beecher Stowe’s "Uncle
Tom"). From 1789 to 1876. With a Preface by Mrs. Harriet Beecher Stowe, and an Introductory Note by
George Sturge, and S. Morley, Esq., M. P. Autrement dit, il endosse lui-même le personnage de
fiction. Ce sujet se voulait un prolongement de ce que Lucia Dumont avait présenté le 10 mai
2006.
• Maud Vauléon (universitaire), « L’évolution d’un regard sur l’esclavage (Césaire,
Glissant, Chamoiseau, Pulvar) ». Les auteurs martiniquais abordent le thème de l’esclavage et
de la souffrance originelle de manières différentes au fil du temps. Cela est particulièrement visible
à travers leurs oeuvres.
A cette occasion, l’association Carrefour du Soleil a proposé, placée
sous le slogan « Mémoire d’espoir », lors de la commémoration du
jeudi 10 mai, parc de la préfecture, un rassemblement pour honorer
la mémoire des victimes de l’esclavage, autour de la stèle Neg Mawon,
et la projection du film Passage du milieu de Guy Deslauriers à 20h 30
au cinéma Royale, suivie d’un débat.
Cette association existant depuis 1994, a pour vocation première de
faire connaître les valeurs de la société antillaise, notamment
culturelles et historiques. Par ailleurs, elle promeut l'échange
interculturel, facteur de richesses et d'un mieux-vivre ensemble.
Champigny-sur-Marne (94)
- 50 -
Plusieurs manifestations ont été initiées par la ville, les services municipaux dont la bibliothèque
André-Malraux, le centre Olivier Messiaen, et les associations.
A la bibliothèque, le public adulte et enfantin put ainsi venir écouter, le temps d'un spectacle, des
récits de vie, contes merveilleux et souvenirs d'enfance, d'Afrique aux Amériques, de femmes peu
communes qui ont osé dire non.
La conteuse professionnelle Suzy Ronel et son complice le guitariste Serge Tamas, de la compagnie
Palémanlou, proposaient « Trace(s) d’Elles, Récit-Conte des Caraïbes en musique».
Formée à l’art du conte dès l’enfance par ses proches, Suzy Ronel fut révélée par le grand prix des
conteurs de Chevilly-Larue en 1999.
Serge Tamas, médaillé d'argent au conservatoire de Cachan, formé à la guitare classique, au jazz, la
composition à l'american school de Paris, aux percussions avec P. Cheriza Felenus, représenta la
Caraïbe à La Journée Mondiale de l'U.N.E.S.C.O. Il accompagne depuis de nombreuses années la
conteuse haïtienne Mimi Barthélémy. Il intervient régulièrement auprès des directions régionales des
affaires culturelles (DRAC), bibliothèques municipales et centres culturels.
Portraits de Serge Tamas et Suzy Ronel.
Clichy-la-Garenne (92)
Municipalité et associations veillent à restituer aux Clichois cette part de l'histoire de France que furent
la traite, l’esclavage et leurs abolitions : rappel des réalités de la traite négrière, lors de débats et
manifestations culturelles organisées en 2006, conférence sur l'origine des noms aux Antilles,
présentée par l'association des Africains et Antillais de Clichy. Le mardi 20 mars 2007 avait eu lieu la
pose de la première pierre d’une école qui portera le nom de Toussaint Louverture. La dernière école
ouverte sur la commune, deux ans auparavant, portait le nom de Léopold Sedar Senghor.
- 51 -
Le 10 mai 2007, après un dépôt de gerbes, la projection à l’Hôtel de ville du film Toussaint Louverture,
Haïti et la France de Laurent Lutaud (Same films), précéda une conférence – débat sur "Toussaint
Louverture, sa vie, son oeuvre…" animée par Jean Metellus. S’y joignait
une exposition en partenariat avec le conseil des étrangers, de la danse
et des chants d’esclaves, une collation.
C’est autour également de Toussaint que s’articula le vendredi 11 mai :
Samba Bathily Diallo, maire de Ouakam (arrondissement de Dakar),
Lionel Etienne, ambassadeur d'Haïti en France, Jean Metellus, écrivain
haïtien, conviés par Gilles Catoire à parrainer cette commémoration,
évoquèrent le destin du premier général noir de la République, artisan
de l'indépendance de son pays.
Le 12 mai, au théâtre Rutebeuf, fut donné le spectacle musical Requiem
noir, conçu, mis en scène et dirigé par Pierre Lunel, en collaboration
avec la direction de la coopération décentralisée et du devoir de
mémoire de Clichy. L’hommage s’inscrivait dans le bicentenaire de la
loi anglaise de mars 1807 portant sur l’abolition de la traite des noirs et du centenaire de la naissance
de Léopold Sédar Senghor.
Colombes (92)
Le 12 mai, de 14h à 23h00 à la MJC-théâtre de Colombes, l’association ACUPA invitait à un spectacle
en l’honneur des Mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions :
•
à partir de 14h, rencontre autour de l’exposition Blanc sur Noir, un siècle d’humour blanc… sur les
Noirs. Elle présente et questionne, à partir de documents inédits datant du début du XXe siècle jusqu’à
nos jours, nombres de stéréotypes à travers la publicité, la presse quotidienne et humoristique
européenne et nord-américaine. Le vernissage fit intervenir Cheryl Ann Bolden, artiste contemporaine
et archiviste afro-américaine (Precious Cargo), avec la participation d’artistes invités pour un
happening « surprise » ;
•
suivit « Slamer’s Delight n°2 », soirée de slam sur le thème « Pigments, Névralgie », d’après le
recueil de poésie du même nom écrit par Léon Gontran Damas.
- 52 -
Drancy (92)
L’esclavage, crime contre l’humanité, trouve un écho particulier à Drancy, qui y a consacré plus d’un
mois de sensibilisation. Rendre hommage aux victimes, raconter sans ellipses aux petits et grands cette
page douloureuse de l'histoire et ainsi, en assurer la transmission, tels étaient les objectifs des rendezvous qui jalonnèrent les mois de mai et juin :
•
•
•
le 10 mai en ouverture (journée de commémoration) et le 21 juin pour clôture (fête de la musique),
les représentations de Requiem noir ;
en mai, une exposition, Les anneaux de la mémoire, réalisée par l'association du même nom et
particulièrement destinée au public scolaire, présentée à la médiathèque Georges Brassens ;
le 23 mai, un hommage de la ville, un an après l’inauguration de la sculpture de Christian Mois
érigée en mémoire des victimes de l'esclavage, reproduction de celle offerte par la Guadeloupe à
Gorée. Comme en 2006, une touche festive orchestrée par Drancy Outre Mer salua l'événement
avec une grande fête antillaise ouverte à tous.
- 53 -
• le jeudi 24 mai, projection du film Victor Schœlcher à l'Espace culturel, précédé de l'intervention
de Catherine Ruelle, critique de cinéma à RFI ;
• des rendez-vous avec des auteurs et des artistes. Le 8 juin, Tanella Boni, professeure et
écrivaine ivoirienne (Une vie de crabe ; Les baigneurs du
Lac Rose ; Matins de couvre-feu ; Les nègres n’iront jamais au
paradis. Photographie ci-contre). Le 15 juin, Gérard
Pitiot, Fabienne Kanor, écrivaine française d'origine
martiniquaise et le rappeur engagé Didier Awadi.
Gérard Pitiot a proposé un voyage musical sur une
pirogue qui descend tranquillement les rivières de la
poésie afro-caribéenne. De chaque coup de pagaie
jaillirent, ruisselants, les vers de Léopold Sédar
Senghor, de Léon-Gontran Damas ou d'Aimé Césaire.
Et comme pour venir les rejoindre, la jeune
génération, de René Depestre à Frankétienne, en
passant par Tanella Boni, leur fit écho. Construit
autour des poètes fondateurs du mouvement de la
négritude, courant littéraire créé après la Seconde
Guerre mondiale rassemblant des écrivains noirs francophones, Chants pirogue, album
enchanteur aux sonorités jazzy et métissées, invite au voyage ;
• l’exposition de l'Unesco réalisée en 2004 lors de l’année internationale pour commémorer la
lutte contre l’esclavage et son abolition, Devoir de
mémoire : le triomphe sur l'esclavage, à l'Espace
culturel. Elle met l'accent sur le rôle central joué
par la traite dans la construction du monde
moderne, montrant notamment, dans le contexte
de l'esclavage américain, comment les Africains
ont jeté les bases du développement social,
culturel, politique et économique afro-américain ;
• le 19 juin, rencontre avec l’historien Marcel
Dorigny, membre du comité pour la mémoire de l’esclavage, docteur de l'université Paris I,
maître de conférences au département d'histoire de l'université de Saint-Denis, auteur de la
thèse Les Doctrines sociales et économiques d'un groupe politique dans la Révolution française : les Girondins,
publiée à Paris en 1992. Ses recherches portent sur divers thèmes : la place de l'esclavage dans
les doctrines libérales du XVIIIe siècle, les courants anti-esclavagistes et abolitionnistes, les
processus d'abolition dans les colonies d'Amérique... Il est notamment membre du comité des
travaux historiques et scientifiques (CTHS) du ministère de la recherche.
Ecouen (95)
Du 4 au 12 mai 2007, l’association Zest’ de solidarité a présenté de nouveau son exposition Au
fait…c’est quoi l’esclavage? au centre culturel Simone Signoret d’Écouen. Une plongée au cœur de
l’histoire au travers de quinze panneaux ( L’esclavage dans l’Antiquité, La vie dans les plantations, Les grandes
figures de l’abolition, L’esclavage moderne…), associés à deux parcours-enquêtes pour les enfants et les
adolescents. Cette année, un nouveau panneau, abordant l’esclavage dans les colonies d’Amérique
latine viendra compléter l’exposition, destinée à tous.
Créée en 2006 à l’occasion de la première commémoration de l’abolition de l’esclavage et de la traite
négrière, l’association Zest’ de Solidarité, composée d’étudiant(e)s de tous horizons a pour objectifs
d’organiser des évènements musicaux, culturels et artistiques ; de favoriser les actions collectives de
solidarité en développant des partenariats avec les acteurs socioculturels locaux ; de soutenir des
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projets-jeunes. Ses activités s’articulent autour de trois axes majeurs : l’un à caractère éducatif, les
autres à caractère socioculturel et humanitaire.
Houilles (Yvelines, 78)
Victor Schœlcher est mort à Houilles en 1893, le soir
de Noël, dans la maison de campagne qu'il louait au
24, rue d'Argenteuil. La ville lui a érigé un buste en
1904, détruit par les nazis, reconstruit en 1949. Elle
s’est jumelée avec celle de Schœlcher en Martinique
depuis 1998, à l'occasion du 150e anniversaire de
l'abolition de l'esclavage. En 2004, pour le bicentenaire
de la naissance de l’abolitionniste, la cité, entre autres
manifestations et actions, a élaboré une exposition
virtuelle, L’esclavage, une histoire des droits de l’homme
http://victor.Schœlcher.houilles.fr/).
L’actualité ovilloise accorde donc une place privilégiée au 10 mai. La commémoration, cette année,
s’est faite en présence de la famille de l’illustre citoyen et devant son monument.
L’Île-Saint-Denis (93)
Depuis octobre 2005, date du premier salon du commerce équitable, les trois villes d’Île-Saint-Denis,
Gorée (Sénégal) et Sainte-Anne (Martinique) ont entamé une réflexion sur le commerce triangulaire
équitable et son avenir : échanges nouveaux de savoirs et de compétences dans les domaines de la
santé, de la distribution d’eau, du traitement des déchets et de l’artisanat. L’association pour un
commerce triangulaire équitable (ACTE) s’est donné pour but à la fois de faire connaître et
comprendre l’histoire de l’esclavage et de la traite négrière, et de mettre en place des échanges de
commerce moderne respectant une éthique.
Les trois cités ont des points communs. Insulaires, de
faible densité démographique, elles représentent les trois
continents ayant pratiqué la traite négrière : l'Afrique, les
Caraïbes, l'Europe. Touristiques, métissées, écologiques,
elles utilisent la langue française.
La seconde journée de mémoire du 10 mai 2007 vit
continuer ce partenariat par une rencontre avec les maires des trois communes : Augustin Senghor
(Gorée), Garcin Malsa (Saint-Anne) et Michel Bourgain (L'Île-Saint-Denis). De nombreuses autres
manifestations ont été organisées :
- au collège Alfred-Sisley à 10h, rencontre avec les trois maires, et prestation des élèves de l'atelier
slam ;
- à 12h en mairie (salle des mariages), un point presse. A 12h30, un repas antillais et sénégalais fut
servi dans les cantines ;
- de 14h à 16h salle Cachin un groupe de parents a travaillé autour des droits et des discriminations ;
- à 16h30, devant l'école Jean-Lurçat, une initiation aux percussions ;
- à 18h, ouverture de l’exposition historique, photos sur Gorée et Saint-Anne, buffet antillais et
sénégalais, fresque et web-radio en direct ;
- de 18h30 à 20h, musique, danse, slam et vidéo avec Capoeira Macaques, New Caraïbes Expression et
Zeor ;
- 55 -
- à 20h30, débat sur la mémoire contemporaine de l'esclavage et la lutte contre les discriminations
avec Marcel Dorigny, historien, membre du comité pour la mémoire de l'esclavage et Dominique
Soppo, président de SOS racisme.
Malakoff (92)
L'artiste peintre Sacha Baraz a commémoré la traite, l’esclavage et leurs abolitions le 10 mai 2007 dans
son atelier de la Villa Rose, à Malakoff. Il y a ouvert une exposition d’arts plastiques célébrant
l’Afrique et ses visages. Ce globe-trotter, a déjà été sollicité pour des expositions dans des lieux
prestigieux tel le carrousel du Louvre, L'UNESCO, l'Orangerie du Sénat.
Montreuil (93)
•
Colloque « Christianisme, esclavage, liberté et mémoire »
Tenu par Agapé France au palais des congrès de l’Est parisien du 10 au 12 mai, il est né du désir
d'encourager les protestants évangéliques à contribuer au débat sur la problématique de la traite et de
l'esclavage des Noirs, par un outil de dialogue constructif au service des Églises pour jeter un pont
non seulement entre celles-ci et les pouvoirs publics et nos contemporains.
Agapé est une association membre de la fédération protestante de France et de l’alliance évangélique
française. Parmi ses partenaires, la communauté des Églises d’expression africaine et les Églises
haïtiennes et afro-caribéennes de France.
Abordé dans une approche interdisciplinaire à travers plusieurs thématiques relevant de l’histoire, de la
philosophie, de la théologie, de la psychologie et de la sociologie, le colloque de Montreuil s’est
intéressé, au-delà de la question historique, aux empreintes de l’esclavage dans le monde
contemporain : 700 000 à 2 millions de femmes et d’enfants entraînés dans ce commerce chaque
- 56 -
année, selon des chiffres de l’UNICEF, qui désigne l’Asie du Sud-Est, l’Afrique de l’Ouest et du
Centre comme les régions du monde les plus touchées. Jean-Claude Girondin, docteur en sociologie
et directeur du projet, lui a consacré un site internet (www.dixmai.com).
A travers un travail de recherche et une action pastorale, Jean-Claude Girondin a mis en évidence le
vécu des chrétiens antillais ou réunionnais en France. Il est important, pour lui, d’organiser une
manifestation à une date anniversaire de la loi de 2001. Jean-Claude Girondin est l’auteur d’une thèse
de doctorat, Religion, ethnicité (créolité) et intégration parmi les protestants évangéliques de la région parisienne.
La signification chrétienne de cette initiative lui apparaît clairement. Le théologien John Stott écrivait
que « le mal inhérent à l’esclavage, comme au racisme, est qu’il détruit ou nie la dignité d’hommes
créés à l’image de Dieu. Nous pourrons ainsi ensemble apporter des réponses spécifiques aux
conséquences psychosociologiques de l’esclavage en marchant dans le chemin de la liberté que donne
le Christ ; Si donc, c’est le Fils qui vous donne la liberté, alors vous serez vraiment des hommes libres
(Jn 8,36) ».
Christianisme, esclavage, liberté et mémoire, le thème générique de la rencontre s’applique d’une part
à l’histoire de l’Afrique et des Antilles, et donc en particulier aux tragédies que constituent les traites
négrières, l’esclavage, la colonisation, et, d’autre part, à l’apport de chrétiens protestants engagés dans
la lutte pour l’abolition de l’esclavage. Le colloque a tourné autour de quatre axes : historique,
théologique, sociologique et philosophique. Il était destiné à un vaste public : universitaires, étudiants
et lycéens, églises protestantes et catholiques, organisations de la société civile, antillais et africains
ainsi que toutes les personnes qui portent un intérêt ou une passion pour l’Afrique et le monde noir
en général.
Image du film Passage du Milieu de Guy
Deslauriers, image d’Agapé
Introduit par Jacques Blocher (directeur de
l’institut biblique de Nogent, directeur
administratif de la faculté libre de théologie
évangélique de Vaux-sur-Seine), il a comporté une
exposition, La mer c’est l’Histoire, la projection du
film Le Passage du Milieu de Guy Deslauriers, enfin,
une série de conférences ponctuées de spectacles,
gospels et chants traditionnels créoles :
-
« entre mémoire de l’esclavage et rêve d’humanité, la vision prophétique du passé des écrivains
antillais », par Philippe Chanson, théologien de l’université de Genève, anthropologue ;
« William Wilberforce, une figure de l’abolitionnisme chrétien. Son influence sur
l’abolitionnisme français », par Franck Bourgeois, pasteur de l'Eglise réformée de France et
aumônier aux armées, doctorant ;
- 57 -
-
-
-
« Un Ethiopien peut-il changer sa peau : le traitement des différences phénotypiques dans la
Bible », par Alain Nisus, professeur de théologie systématique à la faculté Libre de théologie
évangélique de Vaux-sur-Seine ;
« l’apôtre Paul face à l’esclavage de son temps », par Jacques Buchhold, professeur de Nouveau
Testament à la faculté libre de théologie évangélique, Vaux-sur-Seine ;
« du commerce négrier au combat abolitionniste, l’implication du protestantisme français dans
l’esclavage des noirs », par Jean-François Zorn, professeur à la faculté protestante de
Montpellier ;
« du devoir de mémoire au droit à l’histoire, l’expérience des cultures de la Caraïbe », par
Daniel Maximin, poète, romancier et essayiste ;
« la traite négrière entre mémoire et histoire », par Gaston Kelman, écrivain ;
« l’espérance, une permanence au-delà des conjonctures », avec Fabrice Desplan, docteur et
chercheur du CNRS (Groupes Sociologies Religions Laïcité) ;
« la problématique de l’esclavage dans la littérature antillaise, avec Jacob Labeth, professeur
agrégé d’histoire-géographie, doctorant ;
« la mémoire et l’oubli chez Paul Ricœur », par Olivier Abel, professeur de philosophie éthique
à la faculté libre de théologie protestante de Paris ;
« Les philosophes des Lumières et l’abolition de l’esclavage : l’écueil de la tolérance ? », par
Majagira Bulangalire, président de la communauté des Églises d’expression africaine en France
(CEAF).
Visions d’esclavages
Avec Visions d'Esclavages, du 9 au 16 mai, au Café La Pêche à Montreuil, l'association Catharsis
proposait plusieurs regards, d'où le pluriel. Traite négrière avec le commerce triangulaire mais aussi
l'esclavage dit moderne, esclavage sexuel, esclavage des enfants, etc., à travers différents arts :
photographie, sculpture, peinture, illustration, courts métrages… Pour l'association, il s'agit de donner
des outils à chacun pour mieux appréhender notre histoire commune, mieux se comprendre et vivre
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ensemble. Mais aussi de redéfinir une nouvelle citoyenneté, à l'heure où de nouveaux changements se
profilent pour notre pays. Visions d'Esclavages, c'est tout d'abord une rencontre entre citoyens
d'horizons et de milieux différents. Cette richesse ne s'arrête pas là car il s'agit aussi de rencontrer de
jeunes artistes, qui par leur engagement artistique s’expriment et participent à ce devoir de mémoire.
Le programme comprenait :
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une exposition du 9 au 16 mai, dont le vernissage se tint le 10 mai en présence de Delphine
Monnereau, sculpteur, Clément Descas, peintre, sculpteur, Valérie Nkogo Ndong, peintre,
illustratrice, Peste19, graffeur, ©Nubianz, photographe, Matthieu Davette, photographe,
Tutus Mobio et White Laugh, peintres, et Mad, graffeur. Tous avaient carte blanche pour
produire une œuvre ou un court-métrage de cinq minutes sur leur vision de l’esclavage ;
la projection vidéo de trois courts métrages réalisés spécialement pour Visions d'Esclavages
par Théodore Sanchez, Vincent Pompignoli, Sylvain Certain & Nicolas Gans (co-réalisateurs) ;
un débat animé par la journaliste et ex-sportive de haut niveau Maryse Ewanjé-Epée autour de
la question « Esclavage et inconscient collectif, quelles sont les répercussions et l'impact
sociologique en 2007? ». Intervenants : Maryse Ewanjé-Epée, journaliste spécialiste des
relations afro-européennes ; Kohndo, rappeur, Mamadou Mahmoud Ndongo, écrivain ;
Olivier Besancenot du comité Devoirs de Mémoires ; Taki Ngom, anthropologue...
le 11 mai, un concert avec Sandra Nkaké, Kohndo, les Kalash, Dany Dan, Daz-Ini et Matt
Moerdock.
Pantin (93)
L'association Poupées des Tropiques propose une série de poupées de la Caraïbe, d'Afrique, AfroAméricaine, de la diaspora noire en général, par Rosina Mondor. Pour le 10 mai 2007, une série
spéciale a représenté des scènes de l'histoire de l'esclavage, qui peuvent servir de support pédagogique.
Saint-Denis (93)
La Fédération syndicale des activités postales et de télécommunications a proposé une journée de
mobilisation consacrée à la mémoire de l’esclavage et à la continuité territoriale à la Bourse du Travail,
ponctuée d’un débat, d’une cérémonie et d’un rassemblement devant le siège de La Poste.
D’autre part, à la Cathédrale Basilique de Saint-Denis, le 10 mai, s’est tenue une soirée d’hommage et
de témoignages organisée par l’Appel des 93, avec concert symphonique et lecture de textes.
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Sarcelles (93)
Concert de Jazz band du groupe
Bwakoré
Le groupe Bwakoré de jazz band
martiniquais, venu pour l’occasion de son
île, après une escale au musée Dapper à
Paris, s’est également produit à Sarcelles le
16 mai, salle André Malraux.
L’opération a reçu le soutien de la ville et de
l’association des femmes du quartier
Watteau.
Exposition à la Maison de l’outre-mer,
Bouts de vie, points de vue
Du vendredi 11 mai au samedi 9 juin 2007, à la
maison de l’outre-mer de Sarcelles, une
exposition a mis en scène une perception
d'artistes de différentes cultures, peintres,
sculpteurs, photographes, graphistes, poètes,
écrivains, danseurs et musiciens sur l'esclavage
et la liberté dans la société contemporaine, à
partir de la réflexion de Patsy Bland tirée de
Paroles d'esclaves, " les jours du fouet " de James
Melon : « Libre ? Est-ce que quelqu'un peut
être vraiment libre? N'est-ce pas vrai que tout
le monde que vous connaissez est l'esclave de
quelqu'un ou de quelque chose ? ».
Le Vésinet (78)
Mimi Barthélemy et la compagnie Ti Moun
Fou ont créé le 9 mai 2007 la pièce Le
Fulgurant au théâtre du Vésinet, présentée
ensuite dans divers théâtres d’Île-de-France
entre mai et novembre. Le spectacle se
construit autour de deux contes, l’un haïtien,
l’autre cubain. Le premier raconte la lutte d’un
veau (Loraj Kale) contre un vieux taureau
despotique et sanguinaire, le second les
exploits d’Uafi le fulgurant, envoyé sur terre
par les dieux afin de lutter contre le dérèglement dû aux violences. Pour Mimi Barthélemy, écrivaine et
conteuse, les deux récits expriment « ces chocs violents et féconds qui donneront naissance à cette
mosaïque culturelle qui nous caractérise, nous les gens de la Caraïbe » : l’extermination des
Amérindiens, l’esclavage, les catastrophes naturelles… Pour elle, Le Fulgurant est aussi « l’expression
du monde contemporain, sujet lui aussi aux violences les plus terrifiantes ». Comme en écho à nos
aspirations les plus urgentes pour construire un monde meilleur, Le Fulgurant est un héros qui
menace, tonne, combat toutes formes d’arbitraire et d’injustice. « Il traduit notre volonté de donner à
l’être humain sa dignité et son intégrité, de recréer les conditions d’une vie respectueuse de notre
environnement et d’une relation harmonieuse avec nos anciens, nos descendants et nos congénères,
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proches et différents. Le Fulgurant est donc un travail de mémoire
qui s’inscrit tout naturellement dans le cadre de la célébration de
l’abolition de l’esclavage du 10 mai 2007. Il sera créé à cette
occasion ».
Evry (91)
A l’hôtel de ville, le 10 mai, en soirée, des spectacles et films :
• une chorégraphie interprétée par des enfants de
l'association Jeunesse Arc-en-Ciel, suivie de danses
traditionnelles par des enfants de l'association Horizon
Tropical ;
• un extrait du documentaire Du Mali au Mississippi de
Martin Scorsese, voyage depuis les rives du fleuve
retraçant les
origines du
blues, au Niger, au Mali, jusqu'aux champs de
coton et aux arrière-salles bricolées du delta du
Mississippi ;
• un temps d'échanges entre le public et Ayoko
Mensah, rédactrice en chef de la revue
Africultures et responsable éditoriale pour la
danse :
• un buffet, puis un concert par l'association TF
Gospel Singers.
Il s’y est ajouté une exposition, du lundi 7 au vendredi
11 mai, 1848, l'esclavage aboli, composée de dix-neuf
panneaux : libertés conquises, libertés octroyées aux
colonies françaises.
En Alsace, Lorraine et Franche-Comté
Jeudi
La Route des abolitions : Champagney et Fort de
Joux (Doubs), Emberménil (Meurthe-et-Moselle),
Fessenheim (Haut-Rhin)
La Franche-Comté, l’Alsace et la Lorraine ont créé en 2004 une
route des abolitions de l’esclavage, matérialisée par quatre lieux
emblématiques mis en réseau. Il s’agit, entre autres, de perpétuer
la mémoire de cette tragédie, de faire découvrir l’histoire du
processus des abolitions de l’esclavage en France et ses grandes
figures, de prolonger le combat contre l’esclavagisme et le
racisme à travers diverses actions, notamment pédagogiques. La
route unit :
- Champagney, rendue célèbre par son cahier de
doléances, qui en mars 1789 réclamait l’abolition de
l’esclavage. Sa maison de la négritude et des droits de
l’homme accueille chaque année près de 5 000 visiteurs ;
- la maison de l'abbé Grégoire, à Emberménil (Meurtheet-Moselle). Le célèbre abbé de la Révolution, curé de
cette bourgade, défendit les droits des juifs et des noirs,
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se battit pour la première abolition le 4 février 1794 ;
le fort de Joux, près de Pontarlier (Doubs), prison d’État où mourut Toussaint Louverture le 7
avril 1803 ;
la maison Schœlcher, à Fessenheim (Haut-Rhin), gardienne du souvenir de l’auteur du décret
d’abolition du 27 avril 1848.
Les sites ont proposé des journées portes ouvertes,
une cérémonie pour la pose d’une plaque en souvenir
des victimes de l’esclavage, financée par le ministère
de la culture et de la communication, ainsi que la
mise en ligne du site internet de "la route des
abolitions". L’exposition itinérante inaugurée l’an
dernier au Sénat se trouvait à Nancy. Une sculpture
florale des portraits de l'abbé Grégoire et de
Toussaint Louverture a été réalisée dans les jardins
du château de Lunéville.
Metz
Le centre culturel, artistique et associatif Les Trinitaires
accueillit le 10 mai en soirée de la musique, une conférence, une
exposition, une projection vidéo, de la musique et de la danse
maloya, avec l’association Dodol Océan Indien (ADOI), « pour
revivre notre histoire ».
Mulhouse
Au musée des Beaux-Arts, des élèves des collèges Kennedy de
Mulhouse et Twinger de Strasbourg ont exposé des peintures et des
linogravures réalisées sur l’esclavage, guidés par leurs professeurs
d'arts plastiques Katty Rubal et Marie-Pierre Chanvillard.
Nancy
Le hall de l’hôtel de ville a ouvert ses portes du 12 au 26 mai 2007 à une exposition, L'esclavage d'hier à
nos jours - Et demain ? composée de vingt-sept panneaux, avec textes, images, photos et commentaires.
Le 11 mai 2007, à l’Autre Canal, l’association Ti Piment, créée il y a trois ans pour mieux faire
connaître l’île de la Réunion, proposait « la route orientale de l’esclavage : identités et racines, le poids
d’un héritage complexe ». Une soirée introduite par la projection du film de Jim Damour « les chemins
de la mémoire » retraçant la route de l’esclavage dans l’océan Indien. Après avoir parcouru Madagascar,
Zanzibar et le Mozambique, le réalisateur a voulu nous montrer les chemins de la mémoire d’un passé
méconnu. Puis s’en est suivie une table ronde modérée par Sarah Polacci, animatrice à France Bleue
Sud Lorraine, avec pour intervenants Hubert Gerbeau (chercheur au centre d’étude et de recherches
sur les sociétés de l’océan Indien, lauréat du premier prix de thèse sur l’esclavage du CPME en 2005),
Danyel Waro (musicien), Luis Tomas Domingos (anthropologue, Mozambique) et Klara Boyer Rossol
(doctorante sur Madagascar et les descendants des esclaves mozambicains). Une soirée sans frontière
où public et intervenants ont partagé leurs connaissances, leurs valeurs afin de se rappeler et ne pas
oublier que l’esclavage dans l’océan Indien a existé. On peut écouter cette table ronde sur le site
www.lautrecanal.fr/spip.php?article118.
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Schlierbach (village proche de Mulhouse)
L’association Art humanitaire de Schlierbach, présidée par Lucette D'Amico, a basé sa 10e sur le
thème de l'esclavage. Cette association de bénévoles et d’artistes aide les enfants des rues, notamment
au Lar dos Caritas, crèche de Recife au Brésil, par des fonds récoltés à l’occasion de manifestations
artistiques. Cette année, sculpteurs et peintres ont invité le public du 11 au 13 mai 2007 sur Le bateau
Liberté, décor réalisé dans la salle polyvalente. Le voyage au cœur de l’histoire et de la créativité s’est
déroulé avec les élèves de l’école du village, qui ont eux aussi travaillé sur l’esclavage. Un peu plus tôt,
cent cinquante neuf bougies furent allumées par des enfants, sensibilisés à l'histoire de l'esclavage par
des ateliers fréquentés durant l'année à l'Escale.
Cronenbourg
Le centre social et culturel Victor Schœlcher de la ville de Cronenbourg, près de Strasbourg, a proposé
une exposition et plusieurs animations durant la semaine au 12 mai 2007 :
- Victor Schœlcher, un homme contre l'esclavage suivi d'un échange avec Pierre Greib au centre social ;
- le jeudi 10 mai, une soirée de commémoration à partir de 19 h au centre socioculturel L'Escale
(78 rue du Dr-François, à la Robertsau).
Lunéville
Le conseil général de Lorraine a proposé une exposition, La route des abolitions, avec conférences et
débats, dans la cour du Rocher du château de Lunéville, du 9 mai au 30 septembre.
Strasbourg
Histoire et Anthropologie, Le Détour, Homnisphères, Le Syndicat Potentiel ont proposé diverses
activités :
• un colloque sur « La France, l’Europe, l’esclavage et la question noire : des
commémorations aux réparations ? », avec l’intervention du Carrefour de réflexion et
d’action contre le racisme anti-noir ;
• la projection du documentaire La route des esclaves (Thalassa, FR3, 1998) et de l’interview de
Louis Sala-Molins « A propos du Code Noir et de l’esclavage » (FR3, 1998) ;
• une table ronde, autour de l’ouvrage Esclaves noirs, maîtres blancs. Quand la mémoire de l’opprimé
s’oppose à la mémoire de l’oppresseur, Paris, Homnisphères (2006), en présence des auteurs,
Yoporeka Somet, Kofi Adu Manyah, Buata Malela, Martial Ze Belinga, Bassidiki
Coulibaly, Aggée C. Lomo Myazhiom ;
• en soirée, un buffet afro-caribéen.
Le cercle européen de représentation des Antilles-Guyane (CERAG) de Strasbourg et les associations
d'originaires d'outre-mer d'Alsace (Maïdo, Brownie, Djoliba, Sabou, Kaz'enpaye, Bougainvilliers,
Flamboyants, Antillais et Guyanais du Haut-Rhin), avec les artistes Greg Creantor et Coco Rosier, ont
organisé une journée de souvenir le samedi 12 mai à la salle des fêtes de Hoenheim.
En Aquitaine
Bordeaux
La mise à disposition au sein du musée régional d'une grande salle consacrée à l’esclavage, la mise en
réseau avec Nantes sont en cours. S’y ajouteront Bristol, Porto et Bilbao, villes jumelles.
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Le musée d’Aquitaine propose de créer chaque année, vers le 10 mai, des Rencontres atlantiques. Pour
2007, le choix s’est porté sur l’Île de Saint-Domingue – Haïti, Cette île prédominante dans le
commerce colonial du 18e siècle. A la veille de la Révolution, les trois quarts du commerce colonial
bordelais s’effectuent avec elle. Les Bordelais y sont très présents. Le fils de Toussaint-Louverture a
vécu dans la capitale de l’Aquitaine. Pétion, premier président de la république de Haïti était un
mulâtre, fils d’un colon qui en était originaire.
Un colloque international s’est déroulé du 10 au 11 mai 2007, une exposition de peintures haïtiennes y
fut associée, prolongée jusqu'au 30 novembre 2007.
De nombreuses personnalités ont été invitées pour le
colloque : Michel-Philippe Lerebours, (conservateur du musée
d'art haïtien du collège Saint-Pierre), Michel Hector
(notamment professeur d'histoire à l'Université d'Etat d'Haïti
(UEH), Bénédicte Monville (EHESS), Natacha Giafferi
(Collège de France), Léon-François Hoffmann (professeur
émérite, Université de Princeton), Carlo Célius (Ecole du
Louvre, EHESS), etc.
L’exposition de peintures haïtiennes d'inspiration vaudou a
montré près de quatre-vingt dix toiles et pièces de ferronnerie
d'artistes appartenant à la collection privée constituée par M. et
Mme Arnaud de Bordeaux. Ces oeuvres invitent à découvrir
un univers imaginaire coloré où se côtoient dieux, esprits,
figures surnaturelles et animaux tout droit sortis des visions
d'artistes tels que André Pierre, Richard Antilhomme ou le
groupe Saint Soleil, auquel André Malraux consacre un
chapitre dans son ouvrage L'intemporel. L’art populaire traduit
les préoccupations de la vie quotidienne, les beautés de la
nature et l’imagerie du Vaudou. Ces œuvres ne représentent presque jamais le réel mais s'attachent à
évoquer des situations rêvées rejoignant ainsi le rôle dévolu au vaudou, dès ses origines : rendre
vivable des situations atroces, la déportation et l'esclavage. Des objets de la collection extraeuropéenne du musée, une collection de gravures et de documents historiques du fonds Châtillon
donnent des repères pour découvrir l’histoire d’Haïti.
Les archives municipales, jusqu’au 15 juin, montraient une sélection de
documents historiques rattachés à ces thématiques.
Par ailleurs le jeudi 10 mai 2007 fut marqué par deux cérémonies, l'une
par la mairie et l'autre par l’association Divercités.
Mérignac
Michel Sainte-Marie, député-maire de Mérignac, s’est associé au 10 mai à travers la relation forte
nouée depuis plus de vingt-cinq ans avec Kaolack, deuxième ville du Sénégal. Ce jumelage permet
chaque année à des lycéens, des enseignants ou des associations d’aller à la rencontre des habitants de
Kaolack et de mieux connaître une histoire commune tourmentée.
Bègles
A l’initiative du groupe local des verts une commémoration, avec dépôt de gerbes, a eu lieu au rond
point Louis Delgrès, qui s’opposa au rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe le 10 mai 1802.
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Outre les militants et de nombreux anonymes, étaient présents : Noël Mamère député maire de
Bègles, Jean Jacques Paris, conseiller général.
Pessac
Dans le cadre de l’événement « Esclaves au Paradis », le cycle de conférences animées par Colette
Lespinasse en partenariat avec les groupes locaux d’Amnesty International s’est déroulé le 17 mai à
Canejan et Pessac, en collaboration avec Volontaires pour l’Avenir.
Pessac, depuis dix-huit ans, accueille en novembre le festival du film d’histoire, dont la
programmation s’adresse tout particulièrement aux scolaires. En 2007, le thème fut « Liberté, liberté
chérie ! ». A la « classe citoyenne » de collège fut proposé de traiter l’héritage de l’esclavage, avec la
projection de Little Senegal de Rachid Bouchareb.
En Basse et Haute-Normandie
Cherbourg
La bibliothèque Jacques Prévert présenta du 3 mai au 2 juin, sur l’initiative de la conservatrice,
Jacqueline Vastel, une exposition de documents tirés sur la traite des esclaves par les Européens, axés sur la
« justification » donnée à ce commerce et à la condition faite aux hommes, aux femmes, aux enfants
dans les Antilles et en Louisiane, ainsi qu’aux rares voix qui s'élevèrent contre cette pratique, au
XVIIIe siècle, avec Montesquieu, Diderot... Des livres du fonds ancien, ouverts aux pages
intéressantes, en témoignent. Le 10 mai, des lycéens sont venus lire des textes du Code noir.
Cette bibliothèque et médiathèque municipale, fondée en 1832, se place au deuxième rang de la
région, après Caen, par son importance et son rayonnement. Elle conserve un riche ensemble
d'ouvrages, notamment anciens : cinquante mille livres, dont vingt-six incunables, et deux collections
réputées : sur la botanique du XVIIIe siècle les grands voyages des XVIIIe et XIXe siècles.
Rouen
La bibliothèque François Truffaut de Petit-Quevilly a commémoré le
10 mai 2007 en présentant de nouveau son exposition de 2006,
donnant la chance à ceux qui ne l’avaient pas vue de la découvrir.
Pascal Rigaud, conseiller communautaire de l'agglomération de
Rouen, y a joint une nouvelle initiative : le public a été invité à un
rendez-vous le 10 mai place de la cathédrale pour une rencontre avec
un groupe de capoeira, un des héritages culturels de l'esclavage, afin
de mieux expliquer le sens de cette journée.
Une conférence, De l'esclavage à la République des couleurs, s’est tenue à
Elbeuf-sur-Seine, animée par Pascal Rigaud avec pour invité Gilles
Gauvin, membre du comité pour la mémoire de l'esclavage (CPME).
En Bourgogne
Mâcon
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La ville a proposé l'exposition Schœlcher, Lamartine et l’abolition de l’esclavage, du 10 mai au 31 décembre
2007, afin d'évoquer l'engagement de l’écrivain et homme politique à travers des documents conservés
au musée éponyme.
A cette occasion, on put découvrir ou redécouvrir ses
représentations de l’écrivain, ses discours sur l'abolition de
l'esclavage (séance du 22 avril 1835, 15 février 1838, 10 février
1840, 10 mars 1842), sa biographie de Toussaint Louverture
(publiée en 1850) et quelques pièces de vaisselle aux armes de
Lamartine fabriquées dans la manufacture de porcelaine de
Victor Schœlcher.
Documents accompagnés de panneaux pédagogiques mettant
en avant, notamment, les liens entre Alphonse de Lamartine et
Victor Schœlcher. L'exposition a bénéficié du soutien de la
DRAC de Bourgogne.
En Bretagne
Le voyage du Saint-Louis, navire négrier, au 18e siècle
En 2006, le musée de la compagnie des Indes de Lorient avait
présenté une exposition d’une centaine d’objets sur cette ville
et la traite aux XVII et XVIIIe siècle. Lorient a armé près de cent soixante bateaux pour des
expéditions de traite, et s’y trouvait le siège de la compagnie des Indes mise en place pour la
colonisation.
Pour le 10 mai 2007, les archives départementales du Morbihan ont reconstitué les péripéties du
voyage du Saint-Louis, navire négrier lorientais, d’Europe à l’Afrique puis aux Antilles et en Louisiane,
enfin le retour à Lorient, de 1729 à 1731. L’animation, qui montre le bateau sur la mappemonde et
comprend des notices sur chaque étape reposant sur son histoire véritable, est disponible en ligne :
http://www.morbihan.fr/UserFile/Media/Flash/AD56/main.htm. Elle intéressera les jeunes, les
enseignants, les associations, toutes les personnes curieuses de retracer l’histoire et la vie quotidienne
de ces expéditions, avec leurs aléas climatiques, de ravitaillement, de négociation, les révoltes
d’esclaves… à partir d’un exemple concret.
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En Languedoc-Roussillon
Montpellier
Les manifestations de l’organisation unifiée des peuples négro-africains (OUPNA)
•
Le 10 main « une marche du souvenir » partie de la place Albert 1er, une
projection-débat sur Le Code Noir ou le marbre de l’horreur, une veillée
mémorielle avec danses et chants sacrés du Monde Noir ainsi qu’un
hommage aux nègres marrons et combattants abolitionnistes suivis de la
projection du film Amistad.
• Le 11 mai, deux conférences, Les Africains ont-ils vendu leurs frères Antillais ?, un concert
de tambours et percussions Afrique/Caraïbes/Brésil avec le Groupe Savannah Mujik. Le conférencier
était Jean Charles Coovi Gomez, égyptologue, philosophe et historien, spécialisé dans les relations
entre les civilisations anciennes de la vallée du Nil et celles du golfe du Bénin, coordinateur du Comité
scientifique pour la rédaction d’une Histoire générale des Noirs en France, membre fondateur du
Centre international d’étude, de recherche et de prospective sur les civilisations du Monde Noir.
•
Le 12 mai, deux conférences-débats, l’une sur la traite négrière européenne : vérité et mensonges avec
Jean-Philippe Omotunde, auteur, chercheur en histoire et enseignant à l’institut Africa Maât à Paris,
l’autre sur les véritables financiers de la Révolution française et industrielle avec Jean-Charles Coovi Gomez. La
journée s’acheva sur un concert de Gospel.
•
Le 13 mai, causerie sur « le mouvement des Droits civiques. Une dynamique irréversible » et
repas de clôture autour de la gastronomie du monde noir : Afrique, Antilles, Brésil, Guyane, Réunion.
L’OUPNA regroupe dix-sept associations : OUPNA, Mapât Force, AIEEN, Africa Maât,
MENAIBUC, Ti Conodo, Karakwela, La Case, Nomad et toi ?, Solidarité Dom-Tom, Koumbaya,
Gospelize it, Mocase, Africa Djemea, Mayi Mava, Culture métisse, Savannah Mujik.
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Les manifestations du « comité du 10 mai »
Créé pour unir diverses associations et individus afin de commémorer, avec le plus de justesse
possible, cette page noire de notre passé et l’abolition de l’esclavage, il a proposé un spectacle en
soirée, Soleil nègre, à la maison Léo Lagrange, avec les groupes Gospel Heart et Squartet (gospel) ;
Ishiah Shaka et Akoustreet (reggae); Bias (hip-hop); NS4 Crew (Maloya); Balla Ngom (poésie) ; Ti
Comodo (percussions) ; Tony Savannah (musique et peinture caribéennes. Le comité participa aussi à
la marche en centre ville du 10 mai 2007.
Perpignan
L’université de Perpignan Via Domitia a tenu trois jours d’études autour de l’esclavage, du 9 au 11 mai
sur l’initiative du groupe de recherche et d’études sur les Noir-e-s d’Amérique latine (GRENAL) et de
l’équipe du centre de recherches ibériques et latino-américaines (CRILAUP). Thème choisi : Enjeux de
races en Afriques, Amériques, Caraïbes : littératures, manuels scolaires, musiques, droit, discours anthropolotiques,
politiques, critiques, mémoires… Les chercheurs du GRENAL-CRILAUP accueillaient des homologues de
Colombie, du Gabon, mais aussi de Strasbourg, Reims, Troyes et Montpellier.
L’objectif principal recherché était moins de définir la « race » en tant qu’objet polymorphe instable
que de réfléchir sérieusement, à partir de débats et travaux existants et les possibles qu’ils ouvrent, sur
les efficaces qu’engendre « l’imaginaire racial » en tant qu’impensés, tropes, hiérarchies naturalisées,
métaphores, métonymies, non formulées, etc. depuis l’entrée violente en modernité occidentale (15e
siècle), et ses héritages actuels. Il s’agissait aussi de s’interroger sur la pertinence de la « race » en tant
que catégorie d’analyse et la capacité d’agir (agency) à laquelle elle a donné lieu chez les sujets
subalternes Noir-e-s.
Le 9 mai vit se succéder présentations, débats, interventions,
projection des diapositives des Traites négrières d’Olivier PétréGrenouilleau, visionnage du film La Ultima cena de T. G. Alea. La
journée du 10 mai fut plus particulièrement consacrée à l’exposition
des avancées dans leurs travaux des doctorant-e-s membres du
GRENAL-CRILAUP, suivie de la projection de Camp de Thiaroye,
film du sénégalais Ousmane Sembene, et d’un débat sur le
colonialisme. Le 11 mai, la réflexion porta sur les Pourtours de la
Caraïbe, migrations forcées ? Entre Afrique, Europe et Caraïbes, mais aussi
sur le documentaire Mellila, l’Europe au pied du mur » d’A. Girardeau et
d’une intervention suivie d’un débat sur L’enjeu des hiérarchies raciales.
De la fiction à la réalité : l’exemple de Le Meilleur des mondes d’Aldous
Huxley. Le lendemain fut consacré aux politiques coloniales,
notamment en Algérie, à la traite transatlantique et à la projection du
film Les zoos humains de Pascal Blanchard et Eric Deroo.
En Midi-Pyrénées
Toulouse
Dans le cadre de l’événement Esclaves au Paradis, le Collectif Haïti de l’agglomération toulousaine
(C.H.A.T.), organisa une conférence à la Chapelle le vendredi 11 mai 2007, animée par Colette
Lespinasse, dans le but d’alerter le public sur les conditions de travail des Haïtiens dans les
plantations de canne à sucre à Saint Domingue (République Dominicaine), en collaboration avec
France Amérique Latine, CODEV Occitanie, et d’autres associations.
- 68 -
Dans le Nord-Pas-de-Calais
Dunkerque
La ville et « Libres ! », comité dunkerquois de la commémoration de l'abolition de l'esclavage (comité
libres 59) » ont pour la seconde année organisé des manifestations :
• le jeudi 10 mai, Francine Plovier, Présidente de l’association Malfanm Fanm Potomitan a fait
dire une messe commémorative animée par une chorale de blues, suivie d'un lâcher de ballons et d'une
réception (verre de l'amitié) ;
• le vendredi 11 mai, projection de L'avenir est ailleurs, suivie d'une conférence débat, animée
de témoignages et d'intervention diverses, puis réception ;
• le samedi 12 mai, grande soirée antillaise au palais du Kursaal, en première partie un mini
concert par un artiste "zouk", en deuxième partie, une grande soirée zouk animée par un DJ ;
• le 13 mai, mini tournoi de foot.
Le comité Libres 59 rassemble les Ateliers d’insertion du Nord, le CEFI, Radio Rencontre,
l’association Accompagnement, l’association des Antillais du littoral, l’association des étudiants
africains du littoral.
Lille, Villeneuve d’Ascq
La ville de Lille et l'association Formation Assistance ont
voulu mettre l’accent, du 7 au 21 mai 2007 mai, sur
l'apport à l'espace républicain français des populations
qui connurent l'esclavage :
• du 7 au 21 mai, exposition sur Saint George,
vernissage le 11 mai au Palais du
département ;
• le 9 mai, rencontre à la librairie Furet du
Nord sur la Grande place pour une signature
autour de l'ouvrage Les Nègres de la République
de Claude Ribbe, qui donna une conférence
ce jour à la Maison d'éducation permanente,
place George Lyon sur le thème « il y a-t-il
une question noire en France ? » ;
• le 10 mai à 18h30, au Grand Carré de l'hôtel
de ville, la commémoration officielle s’est
articulée autour d'un concert de Gospel.
En Pays de la Loire
Nantes
•
Une salle au musée des Ducs de Bretagne
Après quinze ans de travaux et trois ans de fermeture totale, le château des ducs de Bretagne,
métamorphosé, a réouvert ses portes au public le 9 février 2007. Devenu Musée de France, ce
bâtiment, le plus ancien avec la cathédrale, se consacre à l’histoire de la ville et de la région. Il propose
sept séquences chronologiques et thématiques, dont l’une plus particulièrement consacrée au passé
négrier de Nantes :
- le château, Nantes et la Bretagne jusqu'au 17e siècle ;
- Nantes, fille du fleuve et de l'océan ;
- 69 -
-
le négoce et l'or noir au 18e siècle ;
Nantes en Révolution ;
un port colonial et industriel (1815-1940) ;
la nouvelle forme d'une ville (1940-1990) ;
une métropole atlantique, aujourd'hui et demain.
Une longue séquence est consacrée à l’apogée du commerce colonial nantais très largement fondé sur
la traite des Noirs. Elle se déploie dans sept salles du Grand Logis : « un port du grand large », « une
capitale négrière », « chez les messieurs du commerce » et « la ville des négociants ». Elle décrit les
mécanismes économiques du premier port négrier de France, et ses conséquences sur le
développement de la ville.
Reconstitution du port de Nantes en trois dimensions, en 1756.
Parmi les circuits élaborés pour les scolaires, l’un s’intitule « Nantes et la traite négrière », qui s’adresse
aux 3e cycles de primaires et aux collégiens. Il y est associé un dossier pédagogique en ligne à
destination des enseignants, avec une bibliographie et une webographie. On peut également visionner
la reconstitution en trois dimensions de la ville en 1756, et parmi les premiers fascicules publiés par les
éditions du Château figure Nantes et la traite négrière d’Olivier Pétré-Grenouilleau.
Les manifestations du 10 mai et le projet de mémorial
La ville et le collectif du 10 mai ont proposé un programme varié, du 3 au 10 mai. Les associations
membres du collectif du 10 mai sont l'AAGLA (association des Antillais et Guyanais de LoireAtlantique), Afrique Loire, Afrique Promo Culture, Les Amis du Bélé, Amougnan, les Anneaux de la
mémoire, ASNA 44 (association des Sénégalais de Nantes), Le CRAN (conseil représentatif des
associations noires), Les Faussaires, Flambo'ka, Mémoire de l'Outre Mer, Métisse à Nantes, Nantes
Talensac, Passerelle Noire, Regards croisés, Via Preciosa, l'association nantaise des amis de Haïti.
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Image de synthèse représentant le mémorial
En 2009, un mémorial sera érigé sur le quai de la Fosse. Conçu comme un cheminement méditatif, il
s’insèrera entre la passerelle Schœlcher et le pont Anne-de-Bretagne, là où accostaient les navires du
commerce triangulaire. A ce même emplacement eut lieu la cérémonie officielle du jeudi 10 mai à 17
heures. Cette commémoration prévoit un ensemble d’expositions, conférences, débats, animations
musicales, conçues en lien avec le collectif des associations du 150e anniversaire de l’abolition de
l’esclavage. Chaque année, depuis 1986, on jette des fleurs dans la Loire parce que, explique Octave
Cestor avec beaucoup de poésie, « elle est le seul témoin, cette eau qui relie les continents et qui fut le
tombeau de milliers d’Africains ».
Voici quel était le programme :
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jeudi 3 mai : projection du documentaire-fiction Citoyen Grégoire, réalisé par Patrice Forget et
Jean-Claude Perron ;
lundi 7 mai : pièce de théâtre Au-delà de l’horizon, présentée par les élèves de CM2 de l’école
André-Lermitte et leur enseignante Annie Mothès, aboutissement d’un travail de réflexion et
de création autour de la question de la traite et de l’esclavage ;
mercredi 9 mai : tables rondes et conférences. Les sujets : L’esclavage, les traites, les luttes contre
l’esclavage et les abolitions : quels messages pour un mémorial ?, Les enjeux de mémoire autour de l’esclavage et
des abolitions, L’internationalisation de la question de l’esclavage : la place de la traite française par rapport
aux traites internationales, Résistances, révoltes et abolitions en Amérique-Caraïbes et en Afrique,
Participation des Noirs à la traite atlantique et résistances africaines à son abolition au 19e siècle. Une
Marche de mémoire suivie d’un spectacle eut lieu ensuite sur l’Île Gloriette ;
jeudi 10 mai : ouverture de l’exposition La traite négrière atlantique, l’esclavage et leurs abolitions :
l’exemple nantais, puis du village de la mémoire avec des expositions et stands des associations.
Sur l’Île Gloriette, l’après-midi et en début de soirée, animations musicales et culturelles. A
17h, cérémonie officielle, jet de fleurs, suivis d’une minute de silence. Le soir, conférencedébat sur le « Droit de mémoire, devoir de mémoire », puis concert avec en première partie les
Faussaires, Simon Nwambeben (Cameroun), enfin Hass Mosa à l’Olympic.
Une autre exposition intitulée Un mémorial à l’abolition de l’esclavage à Nantes présentait les
grandes étapes du projet, avec des esquisses, des documents du comité de pilotage (quai de la
Fosse du 10 au 13 mai).
Le Collectif « Marche des esclaves » avait organisé en 2006 une marche silencieuse en « tenue
d'esclave » dans les rues de la ville, avec ralliement à la place du Commerce – où se sont déroulées
quelques scènes évocatrices de la traite négrière et de l'esclavage. Pour sauvegarder l'esprit de cette
action et la pérenniser, « Passerelle noire » a été créée. Cette nouvelle association favorise le
rapprochement des différentes communautés noires (Afrique, Caraïbes…), cherche à promouvoir
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leurs cultures respectives, accompagne des projets visant à les mettre en valeur et organise chaque
année, à la veille de la journée de commémoration, « La Marche des esclaves » - qui constitue un de
ses axes de réalisation prioritaires.
En 2007, Passerelle noire a proposé en soirée un spectacle son et lumière, place de la PetiteHollande : La Marche des esclaves. En France, en 1822, quelque part sur les bords de la Loire, dans les
jardins d'une demeure paisible, chez la famille Lagarde, règne l'insouciance et le confort. Leurs deux
enfants, un garçon et une fille, ont respectivement 18 et 20 ans. Sa femme Lisbeth seconde le mari
dans ses affaires. Il a investi et fait fortune dans le négoce du « bois d'ébène ». Et ce soir ils reçoivent
leurs amis pour fêter leur départ aux Antilles où ils viennent d’acquérir plusieurs hectares de terres.
Par André Joseph Gélie, écrivain, président de l'association et Marcel Zang, musicien.
Au forum de la FNAC de Nantes, l'association des Antillais et Guyanais de Loire-Atlantique a
présenté du 10 au 12 mai une exposition de photographies concernant notamment les récoltes et les
rhumeries, à l’origine du commerce triangulaire.
En Picardie
Amiens (60)
La Région et l’Union des Africains (UDA) ont mené une série d’actions de sensibilisation. Leur
objectif : se souvenir des erreurs passées et s’ouvrir aux autres pour lutter
efficacement contre les discriminations raciales. Une cérémonie officielle
s’est déroulée le 10 mai au carré de la République à Amiens. Différentes
associations membres de l’Union des Africains, les instances picardes qui
travaillent sur la lutte contre les discriminations et plusieurs ambassades
ont participé à cette première
manifestation régionale.
Saint-Leu d’Esserent (60)
Cette commune du Val d’Oise a conçu
une affiche et proposé, dans la salle
d’art et culture un débat, des lectures de
textes historiques et de poèmes, un
spectacle musical et de la danse.
En Poitou-Charentes
La Rochelle
La direction des affaires culturelles de la ville coordonnait le
programme :
• Expositions et animations au musée du Nouveau Monde
Pour son 25e anniversaire et le second 10 mai, le Musée s’ouvrait à une exposition de Serge Diantantu,
illustrateur du livre de Joseph N'Diaye Il fut un jour à Gorée... L'esclavage raconté à nos enfants, avec, durant
la journée, des animations pédagogiques destinées aux classes élémentaires, une présentation du
musée, premier lieu de réflexion en France autour de la traite, de l'esclavage et de la colonisation aux
Antilles, par Jacques de Cauna (université de Pau et CNRS), une invitation à la découverte du site
internet et du CD interactif sur la traite négrière rochelaise par des étudiants de la Flash. Serge
Diantantu a débattu de son exposition devant une classe du lycée Saint-Exupéry.
- 72 -
•
Un parcours thématique « sur les traces du
commerce triangulaire »
L’association Mémoria pour la mémoire de la traite de
l'esclavage a guidé les visiteurs l’après-midi du 10 mai pour
un parcours thématique, « sur les traces du commerce
triangulaire à La Rochelle ».
•
Jet de fleurs symbolique dans le port,
accompagné de lectures de textes, de chants :
•
Au quai Duperré et au théâtre de l'Utopie,
« journées contre l'esclavage » les 11 et 12 mai. Exposition,
projection, lecture, dîner, concert, défilés traditionnels,
coordonnés par l'association Map Monde.
Serge Diantantu devant le musée
Rochefort-sur-mer
Les quais et la Corderie de Rochefort autrefois
Dans l’enceinte du musée de l’ancienne école de médecine navale s’est tenu un colloque le 30 mai
2007. Cette journée de formation proposée dans le cadre du plan académique de formation mais
ouverte à tous les collègues intéressés portait sur l’enseignement des questions sensibles dont celle de
l’esclavage et des traites négrières. Y participaient M. Roland (conservateur du musée), M. Borne
(directeur de l’institut européen en sciences des religions), M. Poncin (doctorant de l’université de
Trèves) et M. Cadiou (professeur, service éducatif du musée).
La Corderie de Rochefort, aujourd’hui, restaurée.
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En Provence Alpes-Côte d’Azur (PACA)
Marseille
Dans le cadre de l’action « Esclaves en paradis » s’est tenue le 10 mai une rencontre à la FNAC
Marseille avec Colette Lespinasse, directrice du Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Haïti), en
partenariat avec les groupes locaux d’Amnesty International et le Collectif Haïti de Provence.
Les associations Afriki Djigui Theatri, l'Arcade et l'union
des femmes du monde noir ont proposé :
- une conférence le jeudi 10 mai par le professeur JeanCharles Coovi Gomez sur " la véritable histoire de
l'esclavage des noirs : du crime contre l'humanité au crime
contre la mémoire » ". D’origine béninoise, M. Gomez est
égyptologue, philosophe et historien, spécialisé dans
l'étude des relations culturelles entre les civilisations
anciennes de la vallée du Nil (Nubie, Égypte ancienne) et
celles du golfe du Bénin, directeur de l'institut
d'égyptologie et des civilisations africaines (IECA),
coordinateur du comité scientifique pour la rédaction d'une histoire générale des Noirs en France,
fondateur du Centre d'étude, de recherche et de prospective sur les civilisations du monde noir.
- une exposition du 11 au 31 mai De l'abolition de l'esclavage à l'indépendance formelle.
Vitrolles
Le mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) de Vitrolles a diffusé le 10
mai 2007 un communiqué pour « rendre hommage à tous ceux - hommes politiques, intellectuels,
militants- qui ont oeuvré depuis des siècles, pour que cessent définitivement ces pratiques inhumaines
et pour qu'enfin leurs victimes soient reconnues ». Il s’y félicite de « la juste reconnaissance, très
importante dans la lutte contre le racisme » de la loi Taubira. « La Journée nationale commémorative
du 10 mai, instituée en 2006, est une étape importante du travail qui, des mémoires particulières,
construira pour notre pays une Histoire enfin partagée par tous. La transmission de ce patrimoine
revêt à nos yeux un enjeu éducatif fondamental, aussi soutenons-nous le projet des 4e6 du Collège
Henri Bosco de Vitrolles et de leurs professeurs qui organiseront une performance artistique sur la
place de l'hôtel de ville de Vitrolles, le vendredi 11 mai dans l'après-midi. Nous souhaiterions qu'en
liaison entre la municipalité et la jeunesse de la ville un espace mémoriel soit installé à Vitrolles ».
En Rhône-Alpes
A Lyon
Le 10 mai 2006 s’était tenue une marche s'est place des Terreaux à l’appel de plusieurs dizaines
d’associations. A cette occasion fut créé un site internet éphémère, www.10mai2006.org, sur lequel on
pouvait consulter les photographies de la commémoration. Le 10 mai 2007, les associations afrocaribéennes ont à nouveau invité la population à une journée de recueillement, de réflexion et de
partage :
- cérémonie inter-religieuse à l'église de Saint-Jean ;
- chorale a cappella avec le public, en ouverture de programme sur la place Antonin Poncet, par
le groupe de gospel Espérance Chrétienne ;
- cérémonie officielle de dépôt de gerbe par la RADDHO, place Antonin Poncet en présence
du sénateur-maire, des responsables de la municipalité de Lyon et des associations ;
- marche silencieuse et pacifique par le collectif Conscience Collective ;
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-
arrivée place des Terreaux, montage de l’œuvre symbolique par l'artiste peintre Nora
Boudjémaï ;
- concert de Gospel avec le groupe Espérance
Chrétienne, place des Terreaux ;
- conférence-débat Mémoires et histoires de l’esclavage,
problématiques et perspectives dans l’atrium de l’hôtel
de Ville, en présence de Ali Moussa Lye, chef du
programme « la Route des Esclaves », division
des politiques culturelles et du dialogue
interculturel à l’UNESCO, et de Jean-Michel
Deveau, vice-président du comité scientifique
du même programme, avec également MM. Sala
Trabelsi et Louis Sala Molins ;
- lecture d'un poème d’Aimé Césaire par une
jeune fille de l’AMAF, suivie de la projection
dans l'Atrium du film Tropiques Amers de JeanClaude Flamand-Barny.
Vénissieux
La MJC Le Cadran de Vénissieux, les 10 et 12 mai 2007,
a organisé un événement dans le cadre de la journée de
mémoire, avec la volonté de travailler les notions autour du « mieux vivre ensemble », de la
connaissance des différentes cultures et de la prise en compte de l’autre dans toute sa richesse et sa
diversité.
« Conscients qu'il existe encore aujourd'hui ce qu'il est courant
d'appeler l'esclavage moderne, ils nous est apparu indispensable
d'aborder ces différentes questions par le biais de la
commémoration de l'abolition de l'esclavage, en considérant notre
devoir de mémoire et la nécessité de compréhension des différents
phénomènes sociaux et économiques qui régissent les rapports
sociaux ».
L’action se décline autour de trois objectifs :
- créer un moment de rencontre les 10 et 12 mai autour des cultures
allant de l'Afrique aux Caraïbes ;
- permettre l'expression des différentes cultures et sensibiliser la
jeunesse aux différentes formes d'expression ;
- interpeller et sensibiliser aux phénomènes socio-économiques
existants qui annihilent la personne.
Plusieurs modalités sont retenues, pour avoir un large éventail
d'expression : cinématographique, orale (théâtre et contes), musicale (afro-caraïbéenne, slam, rap...) :
- le 10 mai, une soirée en partenariat avec le cinéma Gérard Philippe, pour accueillir le gospel
Sweet Preachers, puis la projection de Little Senegal (2001) de Rachid Bouchareb, suivie d’une
conférence sur l’accueil des sans abris. Intervenants : Martine Buhrig, responsable d’accueils,
et Aliou Seye, politologue et socio-anthropologue, enseignant-chercheur à Lyon II ;
- le 12 mai, au parc de la MJC Le Cadran, un marché africain avec une dizaine d’exposants, une
exposition sur la Réflexion autour du théâtre avec le théâtre des accueils des Droits de l’homme,
des contes africains, un arbre à palabres sous forme de slams, des expressions musicales :
Sekta et Djimmi (Roots), Malkhema (rap créole), Jeff Jell (Sénégal), Rucangola
(Brésil/Angola).
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Villeurbanne
La projection de Little Senegal s’est déroulée le 10 mai à 20h30
à la Rotonde de l'institut national des sciences appliquées (INSA).
Une conférence/débat s’est tenue ensuite sur le thème de l'esclavage
et ses répercussions dans notre société et sur la vie de tous les jours
des fils d'esclaves. Pour faire connaître cette journée, une animation
par un groupe de percussions africaines a eu lieu à midi au grand
restaurant de l'INSA.
Grenoble
Le comité d'action sociale des originaires d'outre-mer de l'Isère
(CASOMI) s’est réuni pour cette seconde commémoration.
Le comité « traite négrière/esclavage », créé sous forme d’association
fin 2005, a organisé, avec la mairie, une commémoration pour la Journée du 10 mai, ainsi que les
troisièmes Rencontres sur la traite négrière et l’esclavage, du 7 au 12 mai 2007.
La cérémonie s’est tenue sur le parvis des droits de l’homme, là où, le 14 mai 2005, avait été posée une
plaque en l’honneur du combat de Toussaint Louverture.
Le maire, Michel Destot, a prononcé un discours, dont voici des extraits :
« Regarder notre histoire en face, c’est prendre en compte toutes les mémoires qui composent notre
société et assurer ainsi notre cohésion sociale. Commémorer l’abolition de l’esclavage, qui fut un crime
contre l’humanité, c’est honorer les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité qui sont indissociables
de notre République »…« Voilà pourquoi le travail mémoriel des dernières années doit être préservé et
encouragé. Avec la loi Taubira-Delannon du 10 mai 2001 reconnaissant le caractère de crime contre
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l’humanité de l’esclavage et de la traite négrière et avec la décision du président Jacques Chirac
d’instaurer une journée nationale de commémoration, beaucoup a été fait sur le plan national. A
Grenoble, ville de liberté, nous avons bien entendu voulu accompagner ce mouvement en posant une
plaque en hommage à Toussaint Louverture à deux pas de l’ancien hôtel de ville, là où la Révolution
française trouva son berceau le 7 juin 1788, lors de la journée des Tuiles. Il s’agit pour nous, comme il
s’agissait pour l’Etat en décidant d’une journée nationale de commémoration, de rendre justice et
mémoire aux victimes d’un
crime contre l’humanité qui
appartient à notre histoire ainsi
qu’à leurs descendants.
Le sens d’une commémoration
comme
la
nôtre,
c’est
l’affirmation de l’universalité et
de l’indivisibilité de l’espèce
humaine. Ce ne sont pas là
seulement des valeurs abstraites
mais des principes à respecter de
façon concrète, comme le font
les Grenoblois, les citoyens de
notre ville cosmopolite. L’égalité
des droits nous enrichit tous
humainement».
Outre cette cérémonie, l’association Quartier Laduprey et le comité traite négrière/esclavage : devoir
de mémoire – devoir de Réparation ont proposé une soirée dès le lundi 7 mai à l’ADAEP (cours
Berriat) : SOUND SYSTEM (roots, reggae, dancehall, nu-roots) avec Winston Mc Anuff (Jamaïque),
Cosmic Soul (Paris), Sélecta Herbie avec Jah Tool et Stone Kalaam, Lion Sound System (Grenoble),
Sélecta Solfayah avec Ivan, Amel et Sista Amayah, conteur martiniquais, une exposition de Milo
Vouimba, sculpteur martiniquais, et un stand d’artisanat.
Le 10 mai, ce fut une marche aux tambours, partie de la rue Félix Poulat pour une arrivée au parvis
des droits de l’homme (jardin de ville), puis le 11 mai en fin d’après-midi la projection d’un film et un
débat sur Nég Levé : une expression du mois de mai, de Gérard Théobald, au cinéma Le Club en présence
du réalisateur, le vernissage de l’exposition Matinik Nou La, de Milo Vouimba, puis Simul’actif La
Boite Noire, avec Afric Impact, une conférence-débat : Traite négrière et esclavage: aujourd’hui une loi, une
date...doit-on continuer le combat pour la reconnaissance ?, par Emmanuel Gordien, des conférences-débat
« De la traite négrière à l’esclavage au racisme anti-Noir, par Kanyana Mutombo et Les nouveaux discours
révisionnistes sur la traite négrière et l’esclavage, par Philippe Lavodrama. Les rencontres s’achevèrent le 12
mai par un repas. Elles se sont tenues notamment à l’espace Victor Schœlcher, 89 avenue de
Grenoble, Seyssinssam.
Cinévilleneuve, impulsé par les associations de quartiers, soutenu par la ville de Grenoble et le conseil
général, a programmé Little Senegal le 10 mai à l’espace 600.
« Trois jours pour la liberté » ont été proposés du 14 au 16 mai 2007 en partenariat avec l’Antenne
Jeunes Campus de Grenoble. Le 14 mai, à la maison des associations, un stand d’information s’est
ouvert dans le cadre de l’action « Esclaves au Paradis », organisé par Pour que l’esprit vive avec le
Collectif Haïti de France et Amnesty International notamment. Le 15 et le 16 mai, ce sont le droit
d’asile place Félix Poulat et le droit à l’éducation sur l’esplanade Mitterrand qui ouvrirent un stand.
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Chambéry
Dans le cadre de l’action « Esclaves au Paradis » s’est tenue le 9 mai une rencontre avec Colette
Lespinasse, directrice du GARR (Haïti), en partenariat avec les groupes locaux d’Amnesty
International, ici avec VOAM Haïti Savoie.
Outre-mer
En Guadeloupe
Comme on l’a vu plus haut (voir plus haut la rubrique « Académie de Clermont-Ferrand »), des élèves
de Baillif, lieu de naissance du Chevalier Saint-George, se trouvaient le 10 mai avec les élèves du
collège de Saint-Yorre, pour un spectacle relatant la vie de ce personnage.
Les jeunes de Guadeloupe (Baillif) et métropole (Saint-Yorre) le 10 mai 2007, dans l’Allier.
En Guyane
Pour la première année, en 2006, « le mois de la mémoire » s’était déroulé du 10 mai 2006 au 10 juin
2006, journée de commémoration de l’abolition définitive de l’esclavage en Guyane en 1848. Dans les
faits, l’attente des établissements scolaires et l’étendue du territoire ont conduit à la prolongation de
l’action au delà de la période définie. L’année civile s’acheva, ainsi, en décembre, sur un voyage
pédagogique destiné aux membres des clubs UNESCO du second degré : la visite des hauts-lieux de la
lutte contre les discriminations et l’esclavage en France hexagonale par un groupe de 25 élèves, de six
établissements des Clubs UNESCO (C.U), rejoints par une classe C.U du Sénégal et des élèves de
l’Essonne invités à partager cette expérience.
En 2007, la Guyane a renoué avec ce calendrier, qui permet des actions de fond et une riche actualité
durant plusieurs semaines autour de ce thème. Quelques exemples.
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L’action de l’association Kakrémentô
Dans le cadre de ses actions pour la valorisation des mémoires guyanaises, l’association a constaté
qu’aucun monument officiel ne commémorait les mémoires, les luttes, les résistances des esclaves de
l’espace guyanais. Elle a donc lancé dès le début de 2007 auprès des plasticiens locaux un appel à la
conception et/ou la réalisation d’un monument, en choisissant, pour date de clôture de la remise des
projets, le 10 mai 2007, et comme jour de dévoilement de l’œuvre lauréate, le 10 juin suivant.
L’ensemble des œuvres des candidats, en outre, devait être présenté sur écran géant lors de la
troisième édition du festival Cinéma d’Afrique organisée par Krakémantô et l’association Audace le
week-end des 9 et 10 juin à Kamalakuli.
Affiche de l’appel aux artistes
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Saint-Laurent du Maroni
Première action forte du tout nouveau service des affaires culturelles de la mairie de Saint-Laurent, le
mois de la Commémoration a battu son plein. Lancé officiellement le 10 mai 2007, en présence de
Mme Juliana Rimane, députée, cet événement se veut la manifestation de l'engagement de la mairie de
Saint-Laurent pour rendre hommage à l'histoire.
Un mois plutôt qu'une seule journée, car « un mois de commémoration permet vraiment aux
personnes d'avoir le temps d'échanger, d'avoir le temps de la réflexion (…). Cela permet véritablement
la réappropriation de cette histoire très douloureuse, notamment pour les jeunes générations. Je pense
qu'il est très important que les plus jeunes assimilent ce qu'a été cette période de l'esclavage et ce qui a
fondé l'ensemble des communautés en Guyane, dans toute la Caraïbe et dans toute l'Amérique », a
expliqué le directeur du service culturel.
Vue de la Ville de Cayenne dans le nouveau Monde prise de la Pointe de l’Eguille. Musée d’Aquitaine.
Sous la coordination de ce service et du contrat de ville, les associations ont proposé au public des
manifestations culturelles, sportives, gastronomiques et de détente ainsi que des rencontres et des
débats autour du thème de l'abolition de l'esclavage jusqu'au 10 juin, date officielle de l'abolition en
Guyane. Quelques écoles et collèges ont proposé également des expositions et des activités.
• L'hôtel de ville a reçu les oeuvres de l'artiste plasticien Jean-Claude Triveillot de l'association
Kemiraybe dans le salon d'honneur du 10 mai au 10 juin 2007.
• La bibliothèque municipale Icek Baron a proposé dans ses locaux son fonds de lecture sur ce thème.
• Le centre culturel et de loisirs a lancé le 10 mai, l'opération « l'esclavage vu sur le net ».
• Le collège IV a participé à différentes animations avec sa chorale (gospel).
• L'association Lakaza présenté Slamalakuli : textes en slam, rap et ragga.
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En Martinique
Ouverture du site internet Paroles d’esclavage
Journaliste à FR3, puis pour RFO, auteur en 2004 de Noirs dans les
camps nazis » (éditions du serpent à plume), accompagné du caméraman
Daniel Sainte-Rose, Serge Bilé a entrepris de sillonner durant une année
la Martinique pour recueillir le témoignage de descendants d’esclaves,
dont le plus âgé a 105 ans. Ces derniers font revivre les récits familiaux
entendus de leurs ancêtres, sur la dureté des travaux agricoles, les fugues, les sévices, mais aussi les
traditions musicales.
«L’idée m’est venue soudain après une discussion avec des jeunes martiniquais lors d’une fête
d’internet», raconte Serge Bilé dans une émission et un article sur internet de RFI qui lui furent
consacrés (article du 9 mai 2007). «Les jeunes se plaignaient du manque d’information sur l’histoire de
leur île. Je leur ai demandé ce qu’ils faisaient pour combler ce manque, à l’heure où tout le monde s’est
emparé de la Toile». Le journaliste reprend la question à son compte et décide d’agir. Serge Bilé qui a
déjà réalisé plusieurs documentaires et essais (Les Bonis de Guyane, Maurice le saint noir, Noirs dans les
camps nazis, la légende du sexe surdimensionné des Noirs), convainc le caméraman Daniel Sainte-Rose de le
suivre pour retracer la période de l’esclavage. Premier objectif : les maisons de retraite de la
Martinique. Ils y trouvent les anciens, qui n’ont pas la mémoire si défaillante que ça.
Les témoignages sont mis progressivement en ligne depuis mi-avril 2007 : descendants d'esclaves ou
de maîtres, noirs, mulâtres, blancs. Tous mêlés remplissent les pages manquantes des livres d'histoire.
(http://www.parolesdesclavage.com/index-esclavage.html) pour transmettre cette mémoire de la
Martinique. Serge Bilé envisage, ensuite, de s’intéresser aux autres territoires français concernés.
Le 10 mai 2007, les internautes, déjà au nombre de 7 900 depuis l’ouverture, pouvaient découvrir in
vivo, par vidéo, une trentaine de récits : Léopold Zami, 94 ans, dont l’arrière-grand-mère avait vécu la
douloureuse traversée puis durement travaillé dans les champs de canne et de manioc ; Jenny
Poyonne, 95 ans, dont l’aïeule narrait les danses, sauts et chants de liesse qui saluèrent l’abolition, etc.
Le journal Libération en a tiré un article. Fin novembre 2007, le nombre de visiteurs dépassait 31 000.
« J’ai créé ce site, explique le journaliste, pour donner la parole aux «Anciens» afin qu’ils disent
l’esclavage tel que leurs grands parents et arrière-grands-parents l’ont directement vécu et eux-mêmes
raconté à leurs enfants et petits-enfants d’alors, devenus aujourd’hui septuagénaires, octogénaires,
nonagénaires et centenaires».
«Je me sentais méprisée par ma grand-mère», se souvient Gisèle Jannas.
«Elle m’aimait, mais…» Le père de Gisèle était blanc, sa mère noire. La
grand-mère fumait le cigare, le soir, au clair de lune et racontait l’histoire
de l’arrière-arrière-grand-père de Gisèle, libéré par la volonté du baron
d’Angleberne, qui lui donna une terre. Un fier, cet affranchi. Il va vendre
sa canne à sucre à la ville, s’arrête au bar d’un hôtel uniquement
fréquenté par des Blancs. «Il fait noir, aujourd’hui», entend-il lorsqu’il
commande sa boisson. Il allume alors un cigare, tire de sa poche un billet de banque.
Avec le bout incandescent de son cigare… il le brûle.
Eugène Nestoret, 105 ans, a chanté devant sa famille réunie pour son anniversaire une
très vieille chanson de libération : «Souviens-toi Saint-Domingue,(…) la liberté, la
liberté a posé son drapeau pour ne plus jamais voir revenir l’esclavage».
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Colloque de la société des Amis des archives et des Archives départementales de la
Martinique : « Enseigner l'Histoire dans la Caraïbe hier et aujourd'hui : fragmentations,
influences, perspectives ».
L'enseignement de l'histoire aux Antilles est au cœur des débats
publics depuis les années 1990. Les questions qui se posent :
-
-
-
De quelle manière l’histoire fut-elle enseignée aux
enfants des Antilles françaises depuis l’instauration de
l’école publique ?
Comment, aujourd’hui, les différents pays de la Caraïbe
abordent-ils l’enseignement de l’histoire coloniale, et la
question d’une histoire nationale ?
Comment l’enseignement de l’histoire a-t-il pu
influencer la formation et l’évolution de l’esprit public
dans ces pays ?
Le colloque a permis à plusieurs historiens de renom,
spécialistes de l'histoire antillaise et de l'histoire contemporaine
ainsi qu'à de jeunes chercheurs de situer le sujet dans une
perspective historique. L’objectif était de toucher autant le
grand public que les professeurs du premier et du second
degré, en proposant une approche pédagogique et diversifiée.
Une série d'événements s’est donc déroulée de mars à mai,
dont une suite de conférences dans les communes et à Fort-deFrance. Un colloque de clôture a permis de croiser les
approches et les regards sur l'histoire et son enseignement dans
la Caraïbe.
Le calendrier était le suivant :
• 23 avril, à l’hôtel du département, présentation du
Guide des sources de l'esclavage : un outil pour la connaissance de
l'histoire ;
• 26 avril, à l’office de la culture du Lamentin, une soiréedébat sur le sujet Les adaptations des programmes scolaires : pourquoi, comment ? ;
• 10 mai, à l’Atrium de Fort-de-France, Paroles d'anciens enseignants, soirée de témoignages sur la
place de l'histoire et de l'environnement des Antilles dans les programmes scolaires. Cette
soirée de grands témoins a permis aux spectateurs de mieux comprendre le rôle des
professeurs dans la transmission du savoir pour ce qui concerne le choix des évènements.
• 18-19 mai, colloque international à l’hôtel du Département, Enseigner l'histoire dans la Caraïbe,
hier et aujourd'hui : fragmentation, influences, perspectives. ? Avec la participation de Sir Roy Augier
(Sainte-Lucie), Michèle Oriol (Haïti), Verene Sheperd (Jamaïque), Pablo Arco (Cuba), Antonio
Gatzambide (Puerto-Rico), Véronique Chalcou, Danielle Bégot, Jacques Adélaïde-Merlande,
Jean-Pierre Sainton (Guadeloupe), Catherine Coquery-Vidrovitch, Marcel Dorigny, Eric
Mesnard, François Durpaire (France), Léo Elisabeth, Benoît Fricoteaux, Elisabeth Landi,
Gilbert Pago, Edouard Delépine, Cindy Mencé, Lauriane Zacharie (Martinique)…
Les partenaires de l’opération étaient le conseil général, la DRAC et le rectorat de Martinique, le
conseil de la culture, le SCEREN CRDP, l’habitation Saint-Étienne, le groupe Bernard Hayot, la
cistillerie du Simon, le groupe SGCA, RODOM, le CMAC-Atrium, Air Caraïbes.
- 82 -
Exposition du 18 mai au 27 juillet, Archives
départementales, Fort-de-France : Enseigner l'histoire
dans la Caraïbe : un siècle de pédagogie.
A travers des archives de l'Instruction publique à la
Martinique, d'anciens manuels martiniquais et guadeloupéens
et des ouvrages scolaires contemporains de la Caraïbe, un
parcours visuel de plus d'un siècle d'enseignement de l'histoire
a été proposé aux visiteurs. Les Archives départementales, la
Société des Amis des Archives mais aussi beaucoup d’autres
associations et particuliers ont participé à la réalisation de
l’exposition.
En Nouvelle-Calédonie
Sur l'initiative du comité afro-créole
et du comité 150 ans après, une stèle
a été inaugurée le 10 mai place du
Mwa Kaa à Nouméa. Le programme de la journée a comporté l’arrivée des
délégations sur la place du Mwa Kaa, puis la coutume d'entrée par la troupe
de Richard Digoué. Une danse et une lecture de deux textes ont précédé
l’accueil coutumier des délégations. La cérémonie autour de la stèle s’est
conclue par une danse afro-créole. Divers discours se sont tenus, des
comités, du représentant de l'Etat, des représentants du Congrès, du
Gouvernement, des Provinces et enfin du Sénat coutumier. Des danses
africaines, antillaises, réunionnaises se sont déroulées avant le Grand Pilou,
qui a scellé le pacte entre les communautés. La foule s’est disloquée après la
coutume d'au revoir.
À La Réunion
Cérémonie d’hommage pour une mémoire partagée
La Région Réunion, la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise et la Chaire UNESCO ont
organisé une cérémonie le matin du 10 mai 2007 au conservatoire national de Région (Saint-Denis), en
souvenir de toutes celles et ceux qui, partout dans le monde, furent victimes de l’esclavage colonial et
luttèrent contre cette forme de servitude dans toutes les colonies, ainsi qu’à leurs alliés en Europe et
en Afrique. Lors de la cérémonie des élèves ont lu une centaine de noms de ces combattants de la
liberté pour les inscrire dans nos mémoires et les faire résonner dans un espace public.
Chaque 20 décembre, l’île célèbre la « Fèt Kaf », symbole de liberté des esclaves réunionnais, date qui
rappelle que cette terre a connu l'esclavage pendant plus de deux siècles. Mais bien qu’unique et
particulière, l’histoire de la Réunion ne peut être isolée. En s’associant au 10 mai, l’objectif était de
construire une mémoire partagée, de faire prendre conscience, en Métropole, que cet événement
concerne toute la nation ; ce n’est pas seulement l’histoire de l’Outre-mer, c’est celle de la France toute
entière, et de l’humanité.
Manifestations à Sainte-Suzanne
La commune de Sainte-Suzanne a tenu à célébrer le 10 mai en partenariat avec la maison des
associations, l’OMCTL et d’autres services municipaux comme celui de l’animation, « pour permettre
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à la jeunesse de s’approprier son histoire et son identité, et ainsi mieux se projeter dans l’avenir », a
souligné l’adjointe au maire chargée de la culture, Angélina Imira.
Concours de dessin au niveau des écoles et des Cases, exposition à la bibliothèque et dans la cour de
l’école Antoine-Bertin, projection de diapositives, et surtout une conférence-débat animée par
l’historien de l’association Rasine Kaf, Philippe Bessière, ont eu lieu.
Invocation aux ancêtres à l’Entre-Deux
Environ 200 à 250 personnes ont répondu à l’invitation de l’association “Capitaine Dimitile”, pour
une journée de commémoration, d’invocation des ancêtres et de célébration festive, au bout du
chemin Bœuf, à l’Entre-Deux.
Un moment intense de recueillement sur le passé pour y puiser les forces de construire, aujourd’hui et
demain. L’association travaille à restaurer un site mémorable par la présence de nombreux marrons
(esclaves fugitifs), dont le célèbre “capitaine Dimitile”.
La manifestation s’est ouverte par une marche de deux heures environ à travers un sentier botanique
menant du lieu-dit le Portail à la planèze du Dimitile. Le long du parcours, des stèles en mémoire aux
esclaves marrons tels que Dimitile ou Laverdure. Le reportage photographique était assuré par
RunWeb, qui a mis les clichés et le récit en ligne ( www.runweb.com).
L’invocation aux ancêtres a été lue en trois langues, malgache, créole, français par Vololona Hajaso
Picard, enseignante à l’Université. Lui succéda un moment de partage avec les chants a capella des
Chœurs du Botswana, la guitare de Thierry Gauliris, le roulèr de Davy Sicard, Christine Salem et les
Vwa Dheva. Chants et danses du maloya se sont poursuivis tout l’après-midi.
Appel aux ancêtres
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Traduction française du texte de l’invocation
Nous voici, Ancêtres vénérés, pour vous demander de nous permettre d’accomplir ici les rites et la fête que nous avons
préparée. Nous nous tenons tous ensemble ici debout, venus de toutes parts, de La Réunion, de Madagascar, d’Afrique,
d’Europe et de nombreux autres pays que nous ne saurions tous énumérer ici. Nous venons pour vous demander votre
protection, votre bénédiction, et par-dessus nous venons célébrer la commémoration nationale de l’abolition de l’esclavage.
Nous la célébrons ici Aujourd’hui, car c’est jour de fête et nombreux sont les gens qui ont tenu à venir ici au Dimitile
pour ce grand jour. Oui c’est un jour de fête, et c’est aussi un jour de recueillement car nous pensons à ces hommes et
femmes innombrables qui sont morts, que l’on a tués, qui se sont révoltés dans l’esclavage comme dans leur recherche
infatigable de la liberté. C’est pourquoi notre père et mère (= Ancien investi d’une autorité spirituelle) Monsieur Miko
vous présente, en notre nom à tous ces offrandes, en gage de respect, et d’hommage.
Vue du rempart du plateau de Dimitile
L’inauguration du lycée Saint-Paul IV, lycée du 10 mai
Le 10 mai 2006, devant les représentants de l’État, du conseil général, devant la députée et le maire,
Paul Vergès, président du conseil régional, avait posé la première pierre du 43e lycée de l’Île, à SaintPaul, en lui donnant le nom de la journée des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs
abolitions. L’inauguration est intervenue le 27 août 2007, mais fut l’occasion pour le président de la
région, dans un nouveau discours devant les élus mais aussi le sous-préfet, le recteur, le proviseur, de
revenir sur la signification de ce nom. « Nous avons derrière nous quelques siècles d’histoire, dont la
moitié relève de l’esclavage. C’est pour la population réunionnaise, un grand problème politique,
économique et psychologique. On ne subit pas la moitié de son histoire innocemment. Nous avons
cet héritage, même s’il y a eu des efforts pour étouffer cette histoire. Ce n’est que ces dernières
décennies que nous avons tenté de nous réapproprier notre histoire et notre culture, d’où l’importance
de signaler la dénomination proposée pour cet établissement, qui est celle du « lycée du 10 mai ».
Après avoir souligné que ce sont les habitants des colonies françaises qui ont tenté de faire vivre les
dates de l’esclavage, parfois dans la honte, parce que rejetées par le monde politique de l’époque, il a
déclaré que « le fait que cette mémoire ressurgisse aujourd’hui est un événement considérable. Le
parlement français a décidé que le 10 mai, c’est le peuple de France qui célèbre la lutte pour l’abolition
de l’esclavage, que ce même peuple est appelé à réfléchir sur la condition de l’esclavage et de son
abolition. C’est donc une reconnaissance historique ».
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A l’étranger
Au Sénégal
Une cérémonie officielle d’ouverture à Gorée
En présence de l’ambassadeur de France au Sénégal, le maire de Gorée, M. Augustin Senghor, a déposé
une gerbe de fleurs sur l’esplanade des droits de l’homme, et lancé un appel solennel pour que « le devoir
de mémoire (de l’esclavage et de la traite) soit reconnu et assumé en tant que tel de par le monde entier,
par toutes les nations ». Henriette Zoughébi, élue de la région Île-de-France, s’était rendue à Gorée pour
l’événement.
Programme de mobilité « Inter Pares »
Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, avait
proposé, dans son discours de Gorée le 10 mai 2006, de créer deux chaires croisées sur la traite négrière et
l’esclavage. La mémoire de l’esclavage a donc été le premier thème retenu dans le cadre du nouveau
programme de mobilité, intitulé « Inter Pares », mis en place par la Direction générale de la coopération
internationale et du développement (DGCID) du ministère des affaires étrangères (MAE).
Le Premier Festival International du Conte et de la Parole, « Esclavages et traites négrières »
Il s’est tenu à Gorée du 10 au 12 mai 2007, dans le cadre de la journée nationale décidée par le
gouvernement français, à laquelle le Sénégal s’était déjà associé en 2006. Il s’agit d’une première mondiale :
jamais auparavant aucun Festival n’avait été entièrement consacré au thème des Esclavages et Traites
Négrières.
« Nous avons décidé d’évoquer les esclavages, plutôt
que l’esclavage, pour élargir le débat. Nous voulons
aborder l’esclavage qui a été antérieur à la traite tout
comme les formes modernes, actuelles de l’esclavage »,
a déclaré à l’AFP Maya Varichon, responsable de la
communication du festival.
Vingt conteurs professionnels sont venus des trois
continents concernés par la traite, Africains comme
Babacar Mbaye Ndaak, Bouna Bocam, Joseph
N’Diaye (Sénégal), Jorus Mabiala (Congo), Manféï
Obin (Côte d’Ivoire), Français, Québécois, une
Amérindienne, une Afro-américaine, un Suisse, une
Allemande, un Guyanais, un Antillais, un Haïtien.
Il s’y ajoutait des universitaires, des hommes et
femmes de lettres d’ici et d’ailleurs : Wole Soyinka,
Lilian Kesteloot, Prof.Mamadou Ba, des griots, des
musiciens, des danseurs et danseuses, au nombre de
cinquante, la chorale de Gorée, une fanfare.
Trois jours et trois nuits durant, les spectacles de
contes, d’une durée d’une heure environ, alternaient avec les interventions musicales, les chants, la
danse, la parole. Le Festival se déroulait en plusieurs endroits différents de l’île de Gorée, spécialement
- 86 -
aménagés à cet effet. De nombreux jeunes, écoliers, étudiants, lycéen et des enseignants de Gorée, de
Dakar et de la région y assistèrent à côté du grand public national et étranger.
L’opération a bénéficié du soutien du Conseil régional d’Île-de-France, de l’ambassade de France à
Dakar, de la mairie de Gorée, de l’Unesco et du Goethe Institut.
A l’Ile Maurice
Potomitan,
site
de
promotion des cultures et
des
langues
créoles
s’intéresse au CAPES
créole, informe sur les
travaux du GEREC, et
propose, également, de
nombreux liens, une
sélection
d’actualités,
manifestations
et
ouvrages d'intérêt pour la
vie créole du monde :
dans
les
DOM,
l’hexagone mais aussi
l’Europe… Il a accueilli sur ses pages un article de Khal Torabully intitulé « 10 mai 2006/2007 : un
engagement pour les mémoires ». Le but de l’auteur est « de rappeler la symbolique de cette journée et
de mettre en perspective sa prégnance dans une île Maurice, et dans « un espace universel, qui
conjuguera deux mémoires : celle de l’engagisme et celle de l’esclavage ».
Le paysage culturel Le Morne est un symbole universel de résistance contre l’esclavage. Le projet est
d’accompagner le classement de l’Aapravasi Ghat et du Morne par un événement annuel nommé
«Partage de mémoires», « afin que Maurice devienne un haut-lieu non pas de la concurrence victimaire
mais d’un nécessaire dialogue entre les mémoires et histoires de l’engagisme et de l’esclavage » cet
événement annuel se tiendra, sous le patronage de l’Unesco, afin d’impulser la dynamique nécessaire,
résultant du classement.
L’inscription du site au Patrimoine Mondial a été soumis à l’Unesco (février 2007). Son entourage a un
caractère sacré que vénèrent tous les descendants d’esclaves Il a une hauteur d’environ 556 mètres.
Deux canaux profonds dont celui de La Prairie et de La Passe de l’Ambulante rejoignent la haute mer
et le lagon. C’est là où des bateaux d’esclaves ont traversé pour rejoindre la terre. Les esclaves marrons
ont franchi ces deux passes pour retourner dans leur pays ou pour trouver la liberté.
Sur la côte Sud-Ouest il y a beaucoup d’éléments historiques et culturels restés intacts. La péninsule
du Morne est un paysage culturel important qui fait parti du patrimoine national de l’île et comprend
de nombreux aspects qui se fondent avec sa qualité naturelle : l’aspect tangible (les caves sur la
montagne) et l’aspect intangible (dont l’histoire orale et un certain nombre d’expressions artistiques
ayant un symbole fort associé à la montagne et qui concerne la résistance contre l’esclavage et des
expressions de liberté). Vu l’importance de cet endroit sur le plan national, le Gouvernement
mauricien a proclamé ce site “Patrimoine National“ le 24 janvier 2006 et ce paysage est protégé par le
“National Heritage Fund Act” de 2003 et “Le Morne Heritage Trust Fund Act” de 2004 pour diriger et
protéger le site du Morne, préserver son Symbole, encourager les recherches sur l’esclavage et le
marronage. Le dossier du Morne sera débattu en juin 2008 au World Heritage Committee qui se tiendra
au Canada.
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En Grande-Bretagne
Au Royaume-Uni, l’année entière était consacrée au bicentenaire de l’abolition de la traite en 1807, et
surtout le 25 mars 2007. Année particulière donc pour l’esclavage en Europe.
Le 10 mai fut l’occasion, en France, de donner à cette commémoration un écho sans doute supérieur à
celui qu’elle avait eu en mars dans les médias hexagonaux, et de comparer les situations des deux pays
vis-à-vis de ce pan de mémoire partagé. C’est pourquoi un détour s’imposait pour le rapport du
CPME de 2007.
Le CPME note l’appropriation depuis plusieurs années par les musées et les équipements culturels du
Royaume Uni de la traite et de l’esclavage, à travers des galeries permanentes ou des expositions
temporaires, où l’objet témoin est confronté à une installation d’art contemporain. Les musées
accueillent colloques et séminaires sur ces thèmes. La recherche, nous l’avions déjà signalé dans notre
rapport 2005, est bien plus avancée au Royaume-Uni où les chercheurs ont développé des approches
transversales et transcontinentales. Les travaux de ces recherches nourrissent le travail des artistes, et
vice versa. Nous assistons à une diffusion plus ancienne et plus large de la connaissance sur ces
thèmes. Cependant, il faut aussi noter que ces thèmes ne vont pas sans controverse, notamment
autour de la place du racisme créé par l’esclavage colonial, dans les discriminations contemporaines.
La comparaison doit donc tenir compte de tous ces éléments : une recherche plus ancienne, plus
transversale, une intégration des thèmes de la traite et de l’esclavage dans les musées, mais aussi une
perception chez les descendants d’esclaves d’une menace de régression révisionniste.
Le site internet de l’ambassade de France de l’autre côté du Channel a publié l’allocution du président
français de la République Jacques Chirac le 30 janvier 2006, où il annonçait la création de la journée du
10 mai, mais aussi celle d’un centre national de mémoires de l’esclavage.
RFI, des sites sur la toile comme lesogres.org (article de Milton Dassier le 10 mai) ont rendu compte
des actions menées de l’autre côté du tunnel. Grâce à l’action d’associations de la mémoire, les ports
anglais ont enfin assumé leur mémoire coloniale et esclavagiste, en touchant l’intérêt du grand public.
Ce pays s’était déjà doté d’un Caribbean Center à Londres, davantage tourné vers l’actualité de cette
zone, dont les migrants et immigrants sont fortement représentés au Royaume-Uni et concentrés dans
certains quartiers. Plus de 50% des originaires de la Caraïbe vivant au Royaume-Uni sont dans le seul
Inner London, et surtout dans le fameux quartier jamaïcain de Brixton, Lambeth. Plusieurs
associations ont regretté que l’Angleterre se donne le seul rôle dans l’abolition de la traite, minimisant
le rôle fondamental des captifs qui se révoltaient, qui refusaient la servitude. Elles ont aussi souligné
l’absence de réflexion sur les conséquences actuelles de cette saignée du continent africain.
Tony Blair, Premier ministre, sur BBC News, a affirmé que la Grande-Bretagne assume sa part de
responsabilité dans l’esclavage, en regrettant qu’il fût légal à cette époque. « It is hard to believe what
would now be a crime against humanity was legal at the time » (Il est difficile de croire que ce qui est
aujourd’hui un crime contre l’humanité était légal à l’époque).
L’ONU pour sa part a fait du 26 novembre 2006 , par une décision, une date particulière du 25 mars.
Communiqué du 26 novembre 2006 :
L’Assemblée générale des Nations-Unies, a décidé que le 25 mars 2007 serait la Journée
internationale de commémoration du bicentenaire de l’abolition de la traite transatlantique. Les États
Membres ont rappelé que la traite des esclaves et les séquelles de l’esclavage sont au cœur de
situations d’inégalité sociale et économique profonde, de haine, d’intolérance, de racisme et de parti
pris dont continuent de pâtir à ce jour les personnes d’ascendance africaine.
L’objectif de cette journée est d’honorer la mémoire de ceux qui ont péri à cause de l’esclavage,
notamment en subissant les horreurs de la traversée de l’Atlantique, en se révoltant et en résistant à
- 88 -
leur asservissement. Elle vise également à promouvoir l’enseignement aux générations futures de
l’histoire et des conséquences de l’esclavage et de la traite des esclaves.
Londres
Le Musée des Docklands (London Museum in Docklands), installé dans un entrepôt autrefois
consacré aux produits importés des plantations caribéennes, a ouvert le 10 novembre 2007 une galerie
« Sucre et Esclavage », premier lieu permanent consacré au rôle de la capitale dans la traite
transatlantique et à cette forme de servitude.
Le musée avait également annoncé son intention le 22 mars 2007 de présenter sa candidature à une
inscription transnationale sur la liste du patrimoine mondial (projet Unesco- Route de l'Esclave avec
partenaires en Afrique et en Barbade).
En 2007, le bicentenaire de l’abolition de la traite, fin de 400 ans d’esclavage, fut marqué par une série
d’actions sur toute l’année. 40e anniversaire du Carnaval de Notting Hill avec costumes, photographies
et vidéos, débats sur l’identité, l’impact de l’Empire et de la colonisation. Le musée de Victoria et
Albert, Londres (The V&A), South Kensington, London, musée d’art et de design fondé au XIXe
siècle, avait organisé en 2004 une exposition Black British Style. En 2007, le Victoria et Albert a ouvert
l’exposition Uncomfortable Truths: The Shadow of Slave Trading on Art & Design, avec les œuvres de onze
artistes internationaux : El Anatsui, Tapfuma Gutsa (Zimbabwe), Romuald Hazoumé (Bénin), AnissaJane, le vidéaste américain Michael Paul Britto, Lubaina Himid, Christine Meisner, Keith Piper, Yinka
Shonibare MBE, Julien Sinzogan, Fred Wilson. L’exposition posait des questions dérangeantes, dont
les réponses ne sauraient être définitives : pourquoi l’esclavage est-il si souvent abordé comme
déconnecté du présent ? pourquoi la traite transatlantique apparaît-elle comme une question « noire »
plus qu’une question humaine se posant aux blancs comme aux noirs ? pourquoi des dates (et
pourquoi ces dates) de commémoration ? comment entendons-nous les rôles respectifs des bourreaux
et des victimes vus de notre point de vue actuel ? qu’apprendre de l’histoire de la résistance à
l’esclavage ? comment l’esclavage a-t-il bénéficié (ou pénalisé) le monde où nous vivons actuellement ?
etc. Pour ces artistes, l’esclavage n’appartient pas qu’au domaine de l’écrit, les œuvres d’art contribuent
à sa connaissance et au débat.
L’exposition comprenait également des espaces avec des objets et illustrations sur les produits de
consommation de l’élite liés à la traite, chocolat, café, tabac, sur les serviteurs noirs dans les foyers
britanniques, la Grande-Bretagne et les Indes de l’Ouest, les représentations de l’esclavage et de
l’abolitionnisme, l’or et les esclaves.
Bristol
Bristol a ouvert en 2002 un grand musée de l’Empire et du Commonwealth, qui expose 500 ans
d’histoire, de la colonisation à l’actualité, en passant par l’esclavage (Bristol compte une importante
population d’origine caribéenne). Il a accueilli en 2007 l’exposition « Breaking the chains », pour
laquelle est prévue une tournée internationale.
Liverpool
En 1994, Liverpool ouvre la Transatlantic Slavery Gallery dans son musée maritime, la première du
genre au monde, et s’est dotée en 2006 d’un centre international de recherche sur l’esclavage, lié à son
université, et le 23 août 2007, jour international fixé par l’Unesco, à l’occasion du bicentenaire de
l’abolition de la traite transatlantique, d’un musée international de l’esclavage (Liverpool International
Slavery Museum), sur les quais.
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Exposition Les Vérités inconfortables.
Œuvre de Yinka Shonibare
- 90 -
V
LES MEDIAS :
LA PRESSE, LES RADIOS ET LA TÉLÉVISION, LE
LIVRE ET INTERNET
Dans la presse
La presse écrite et radiophonique, régionale et nationale, a largement couvert les différentes
manifestations du 10 mai 2007 avec des émissions assorties de débats. Une revue de presse est
disponible au centre de documentation du secrétariat d’Etat à l’outre-mer, rassemblée par le comité
pour la mémoire de l’esclavage.
De nombreux éditoriaux des journaux nationaux ou régionaux ont évoqué la présence des deux
Présidents de la République, MM. Chirac et Sarkozy, au jardin du Luxembourg. Certains sont revenus
sur le passé colonial de la France et l’histoire de l’esclavage, beaucoup ont rendu compte de la série
télévisée Tropiques Amers, la première en France sur ce thème. Quelques exemples parmi tant d’autres.
Hervé Chabaud, dans L’Union, a déclaré que « S’il est un domaine où la France doit marquer une
continuité c’est par le témoignage de son inlassable envie de combattre l’esclavage sous toutes ses
formes parce qu’en droit, il est pour elle, un crime contre l’humanité. La ratification de la convention
du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains n’est pas qu’un symbole. Elle
donne des moyens pour échanger des informations et traquer les exploiteurs qui s’acharnent et
persécutent les plus faibles. La France doit agir dans le respect de ce qu’elle est et sur ce point Chirac
et Sarkozy se rejoignent ».
Dans Libération, l’historien Claude Liauzu a estimé que la société française doit conduire un travail en
profondeur, notamment à l’école, sur son passé esclavagiste. Il se montre très critique sur ce genre de
cérémonie qui “... permet aux politiques de se donner bonne conscience en reconnaissant les crimes
du passé, mais ne règle aucun des problèmes du présent. Je crois beaucoup plus à un travail en
profondeur, à l’école. Il faut donner un sens à cette période de la traite, expliquer pourquoi ça s’est
passé ainsi et dans le monde entier.”
Le site Rue89.com propose un dossier assez complet sur cette question , avec des interviews de
plusieurs personnalités : Benjamin Stora, Louis-Georges Tin, Lilian Thuram, Esther Benabassa et
d’autres.
Le journal en ligne Politique.net a consacré une page à l’histoire des abolitions et à l’origine du choix
du 10 mai.
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A la radio
France Culture
Mardi 10 avril 2007 : « esclavage, quoi de neuf ? ».
Dans l'émission du soir furent posées les questions «Faut-il garder la date du 10 mai comme la date
officielle de commémoration de l'abolition de l'esclavage ? Toussaint Louverture doit-il être reçu au
Panthéon ? » A un mois de la deuxième commémoration officielle de la mémoire de la traite négrière,
de l'esclavage et de leurs abolitions, Jean Lebrun a proposé de faire un point sur l'état des archives et
des connaissances autour de la question de l'esclavage. Pour en parler ont été reçus, entre autres, Nelly
Schmidt, membre du comité pour la mémoire de l'esclavage et chercheuse au CNRS sur l’histoire de la
Caraïbe. Les auditeurs pouvaient contribuer à l’émission en participant à un blog où leurs réflexions,
points de vues et questions étaient enregistrés.
Jeudi 10 mai : « les Matins » ont accueilli l'écrivain martiniquais Edouard Glissant, qui publiait ce
jour les Mémoires des esclavages (Gallimard).
RFI
L’émission « Les visiteurs du jour » animée par Hervé Guillemot du lundi au jeudi 11h10-11h40-12h10
a reçu Edouard Glissant le 10 mai.
« Plein Sud » (22h 40) a reçu le mardi 8 mai Françoise Verges, historienne auteur des ouvrages sur la
colonisation et la mémoire de l'esclavage (colonialisme et colonisation française, la mémoire enchaînée, penser
l'esclavage aujourd'hui ...), vice-présidente du COME, et Assani Fassassi, professeur en sociologiepolitique, originaire du Bénin et auteur du Sursaut de l'Afrique qu'on achève.
« La vie en vrai » par Laurent Sadoux, Sophie Ekoué et Marianne Lessard (13h30) a le mercredi 9 mai
présenté le festival Regards sur l’esclavage , organisé par RFI au musée Dapper. L’invitée était Catherine
Ruelle, chargée de la programmation et un cinéaste. Entretiens conduits par Sarah Tisseyre.
A l’occasion de la journée nationale pour la mémoire de l’esclavage, Sarah Tisseyre a reçu Marc
Tardieu, auteur de Procès d’un négrier et Daniel Lieuze, qui a parlé du spectacle musical Requiem noir (qui
entend honorer les victimes de l’esclavage et rendre hommage à la vitalité des cultures issues de cette
histoire).
Le 12 mai, émission « 2007 : bicentenaire de l’abolition de la traite en Grande-Bretagne ».
Au-delà de leur côté festif, les commémorations sont devenues un véritable objet d’étude pour les
historiens. Célébrer avec le plus grand éclat et tout au long de l’année 2007 le bicentenaire de
l’abolition de la traite des esclaves par le Royaume-Uni n’est donc pas une décision anodine du
gouvernement britannique. La traite et l’esclavage des Noirs sont devenus des enjeux de mémoire très
sensibles aux Amériques et en Afrique aussi bien qu’en Europe. Quels sont les débats, les projets et
les dynamiques que suscite la commémoration britannique en Grande-Bretagne et dans son ancien
empire ? Avec Olivette Otele (Université Paris XII).
Enfin l’émission « Reines d’Afrique » proposée par Kidi Bebey avait invité Serge Bilé et la slameuse
Delphine II.
- 92 -
Divergences FM
Cette radio de Montpellier a reçu lors de l’une de ses émissions « andalouce » de mars 2007, le porteparole du comité du 10 mai , Rico ainsi que le rappeur Bias, Elsa Guiroudou de l’association Trouvba
d’Oc et deux membres du groupe de rap réunionnais NS4 Crew afin d’évoquer la préparation de cette
commémoration dans la ville.
A la télévision
France 2
Le 6 mai, l’émission « Thé ou café », produite et présentée par Catherine Ceylac tous les samedis et
dimanches à 7h00, a reçu Christiane Taubira pour évoquer le 10 mai. Fut visionné un reportage, Trois
générations d’Antillais.
22:55 Lumières noires
Société (2007) - Durée : 1 h 00 4:3 TP
Réalisateur : Bob Swaim
Dénigré, décrié et soigneusement passé sous silence, le premier colloque des intellectuels et artistes
noirs s'est tenu à Paris en 1956, à la Sorbonne. Parmi les 27 intervenants, la fine fleur intellectuelle
noire des Etats-Unis, de l’Afrique noire et des Caraïbes. Parmi les vingt-sept intervenants on pouvait
trouver Amadou Hampaté Bâ, Léopold Sedar Senghor et Cheikh Anta Diop, Aimé Césaire et Frantz
Fanon, le Jamaïcain Marcus James, l’afro-américain Richard Wright, l’haïtien Jean Price Mars, René
Depestre, Edouard Glissant, James Baldwin, Claude Lévi-Strauss, Joséphine Baker et Louis
Armstrong représentent aussi les artistes.. C’est Picasso qui signa l’affiche de la manifestation. Utilisant
les rares images photographiées et filmées durant ce congrès, le documentaire a raconté comment et
pourquoi un tel événement a pu voir le jour, comment et pourquoi les autorités de l’époque (Français,
Américains et Soviétiques) ont cherché à perturber cette manifestation, à en dénigrer les conclusions,
à en étouffer la portée. Il montre aussi comment les intellectuels noirs ont pris conscience des
nombreuses fractures et divisions idéologiques au sein de leur communauté.
23:55 Strange Fruit, une chanson pour l'espoir
Musique (2002) - Durée : 1 h 00 4:3 Réalisateur : Joel Katz
L'histoire de la chanson Strange Fruit, immortalisée en 1939 par Billie Holiday et écrite par un
enseignant juif qui avait assisté au lynchage de Noirs. Strange Fruit (en français : fruit étrange) a fait le
tour du monde. La chanteuse afro-américaine Billie Holiday l’interpréta pour la première fois en 1939,
au café Society à New York. Ce morceau écrit et composé par Abel Meeropol compte parmi les
réquisitoires artistiques les plus vibrants contre les lynchages couramment pratiqués dans le sud des
Etats-Unis ; elle est en outre considérée comme l’une des premières manifestations du mouvement
pour les droits civiques dans ce pays. Le terme « Strange Fruit » est d’ailleurs devenu synonyme de
lynchage. Le «Strange Fruit » évoqué dans le morceau est le corps d’un noir pendu à un arbre. La
puissance émotionnelle du texte tient à son évocation de la vie rurale traditionnelle dans le sud des
Etats-Unis, qu’il confronte à la dure réalité du lynchage. Ainsi, on peut lire dans la deuxième strophe :
« Scène pastorale du vaillant Sud, Les yeux exorbités et la bouche tordue, Parfum du magnolia doux et
frais, Puis une soudaine odeur de chair brûlée ».
France 3
•
Jeudi 10 mai Tropiques amers, série de France 3 en cinq épisodes.
- 93 -
La série, est réalisée par Jean-Claude Barny et produite par Élizabeth Arnac. Le scénario est dû à deux
femmes, Virginie Brac et l’historienne Myriam Cottias, spécialiste de l’esclavage aux Antilles, membre
du Centre International de Recherches sur les Esclavages du CNRS. Parmi les acteurs, Jean-Claude
Adelin, Fatou N’Diaye, Léa Bosco, Jacky Ido, Kevin Dust, Jean-Michel Martial, Thiam Aïssatou.
France 3 a dévoilé en prime-time le premier épisode. qui retrace la vie quotidienne d’une plantation à
la Martinique entre 1788 et 1810, est présenté comme la première grande fiction française sur
l’esclavage. Relatant l’évolution du milieu des propriétaires des plantations et les différentes formes de
résistance des esclaves, ce film grand public met aussi en scène sur fond d’intrigues à
rebondissements, d’amours et de pardons, les relations entre maîtres et esclaves de maison. Leur
interdépendance semble inextricable.
« Je suis né aux Antilles, a déclaré Jean-Claude
Barny, et j’attendais depuis longtemps qu’un tel film
puisse se faire. Avec ou sans moi : peu importe !
Que l’on puisse montrer d’une façon sincère et
authentique le parcours d’une communauté. Cette
histoire s’inscrit dans une démarche de
sensibilisation et d’ouverture que je trouve
importante. Que la télévision et plus spécialement
le service public, fasse ce genre de démarche,
qu’elle accomplisse sa fonction d’éveil en terme
d’outil d’ouverture auprès du citoyen, est vraiment
intéressant ».
Consacré à l'esclavage dans les Antilles il y a deux
cents ans son premier épisode du jeudi soir 10 mai
2007, à 20h55 a attiré 4,7 millions de téléspectateurs
pour, se plaçant ainsi en 2ème position des
audiences, selon les chiffres de Médiamétrie
communiqués le vendredi 11 mai par la chaîne. La
part d'audience s'est élevée à 19,9%.
Audience de Tropiques Amers
10 mai 2007
17 mai 2007
24 mai 2007
4 700 000 téléspectateurs
4 250 000 téléspectateurs
4 250 000 téléspectateurs
19, 9 % de parts d’audience
18, 00 % de parts d’audience
18, 03 % de parts d’audience
La chaîne propose un site internet sur la série, avec un résumé, une présentation de l’équipe,
des images et extraits vidéo, une interview de Lilian Thuram, une chronologie de l’histoire de
l’esclavage, un forum. http://programmes.france3.fr/tropiques-amers/serie.htm
•
France 3 a fait également de l’album pour enfants Histoires de l'esclavage racontées à
Marianne l’un de ses coups de cœur
L’ouvrage, publié le 10 mai 2007, est d’Alain Foix avec des illustrations de Benjamin Bachelier
(Gallimard jeunesse Giboulées). Le site de la chaîne en présente le résumé, et donne aussi une
bibliographie commentée d’autres ouvrages récemment parus sur l’esclavage.
•
France 3 Bordeaux
- 94 -
Le samedi 6 mai, l’émission hebdomadaire « Côté Docs » a programmé Mémoires d’esclaves,
documentaire écrit et réalisé par François Rabaté avec la participation d’Henri Sylvère-Cissé. Cette
coproduction de France 3 Île-de-France Centre, Bleu comme une orange production et RFO évoque
le questionnement identitaire de Stéphane, jeune antillais, et Linda, française d’origine beninoise et
réunionnaise, qui vont à la rencontre, en région parisienne, à Nantes, à Bordeaux, d’acteurs de la
négritude française célèbres comme Lilian Thuram, Bam’s… ou anonymes.
France 3 Bordeaux a également consacré un reportage d'America Lopez et Gladys Cuadrat aux deux
cérémonies parallèles du 10 mai, avec les interviews de Karfa Diallo, président de "DiversCité", et
d’Hugues Martin, premier adjoint au maire de Bordeaux. Il est possible de consulter également les
dossiers consacrés à l'esclavage, établis par la rédaction nationale de France 3 et par les équipes de
France 5.
•
France 3 Normandie
Abolition de l'esclavage - Le 10 mai est, en France depuis 2006, la journée nationale de l'abolition de
l'esclavage. En Normandie, Honfleur et le Havre faisaient partie des principaux ports négriers du pays.
Le Havre était même au deuxième rang juste derrière Nantes. Des centaines de bateaux en sont partis.
http://normandie.france3.fr/info/30732908-fr.php
France 5
La chaîne a mis en ligne un dossier pédagogique qui présente un panorama historique de l’esclavage,
une interwiew de Christiane Taubira, l’allocution en vidéo du président de la République du 30 janvier
2006 annonçant le choix du 10 mai, des ressources bibliographiques et des liens.
http://education.france5.fr/esclavage/eleves
RFO
Une rubrique Noires mémoires a été créée en avril 2007. Elle contient la liste des films, des entretiens,
des dossiers, des portraits, des liens utiles, des lois, des textes utiles pour mieux comprendre les enjeux
de l’esclavage et de sa mémoire, et une rubrique spéciale pour le 10 mai.
Cette rubrique sur le 10 mai rassemble les traces des émissions données ce jour :
-
le documentaire Le Panthéon des mémoires Réalisation : Karim Akadiri Soumaila.
le documentaire Negra sur la vie des Afro-préruviens. Réalisateur : Franck Schneider.
L’émission Ôtrement dit a rassemblé des personnalités pour débattre autour de la date du 10
mai : Françoise Vergès, vice-présidente du Comité pour la mémoire de l’esclavage, historienne
et professeur à Londres et en
Californie, François Durpaire,
professeur d’histoire à la
Sorbonne, auteur de France
blanche, colère noire, Jean-Claude
Félix Tchikaya du collectif
devoir de mémoire, adjoint au
maire de Bagneux, ville qui
venait d’inaugurer une stèle
en l’honneur de Solitude.
Le mémorial Cap 110
de Laurent Valère, Anse Caffard,
Martinique.
- 95 -
-
-
-
-
Le magazine Studio M invitait Papa Noël, vétéran de l’âge d’or de la musique congolaise pour
parler de son album Café noir, mélange de rumba, merengue, zouk et de rumberos africains.
Laurent Valère, peintre, sculpteur et concepteur du Cap 110, le mémorial de l’esclavage, érigé à
l’Anse Caffard, en Martinique lors du 150ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage en
1998, vint parler de son intérêt pour toutes les
formes d’arts plastiques. Céline Anaya Gautier vint
présenter son exposition « Esclaves au Paradis »
composée de 80 clichés et complétée par une
ambiance sonore composée, entre autres de chants
haïtiens.
Un autre magazine Studio M fut consacré à la série
télévisée Tropiques Amers.
Dans Cargo, furent accueillies la chanteuse francocamerounaise Sandra Nkake et Céline Anaya
Gautier qui exposait les "Esclaves au paradis" à
Paris et publiait un ouvrage sur la "survie" des
coupeurs de canne Haïtiens en République
Dominicaine. A l’occasion de la journée du 10 mai,
Cargo fit vivre les ambiances sonores de la commémoration au Musée Branly, au Musée
Dapper qui exposait la "Mémoire Partagée" du 2 au 20 mai et de la soirée spéciale organisée à
RFO.
La grande soirée en direct de RFO animée par Jean-Manuel Dupont a vu se succéder pendant
plus de deux heures, les musiciens et chanteurs qui représentent les différents courants de la
musique noire, depuis l’esclavage jusqu’aux temps modernes Dee dee Bridgewater, Manu
Katché et Kery James, et plus de 20 artistes dont le percussionniste Guem, Valérie Louri, Miss
Dominique, le pape de la Salsa africaine Papa Noël, les Zouk Machine, Patrick Saint Eloi,
Jean-Marc Reyno, Lord Kossity, Mayra Andrade et les MC Macriado, Synguila, Mikidache,
Marcio Faraco, Tiwony, et le très prometteur chanteur de Jazz du centre de Formation Music
Academy International Nicolas qui s’est approprié le titre Summertime de Gershwin. Le but
était d’honorer, de façon festive, le souvenir des esclaves, et de commémorer l’abolition de
l’esclavage en mettant en avant tout l’héritage musical qui a découlé de l’histoire des
populations noires.
Un entretien avec le présentateur Jean-Manuel Dupont sur les choix qui ont présidé à la soirée
musicale du 10 mai, placée sous le signe de la diversité. Présence de Maryse Condé, de Firmine
Richard pour l’actualité de la commémoration. « Musiques de Dee Dee Bridgewater pour le
jazz vocal, qui fait un retour très remarqué sur les musiques africaines traditionnelles dans son
dernier album. Manu Katché, percussionniste de renommée mondiale, à qui la diversité est
chère puisqu’il a mis en rythme un spectre très large de musiques. Enfin, Kery James
représente les musiques les plus actuelles, engagées, rythmées et synthétiques par excellence,
par rapport à une histoire, pour elles, bien présente ». Mary-Jo Alie, bonne connaisseuse des
musiques noires et un musicologue pour expliquer de façon résumée la complexité de ces
métissages entre cultures et musiques. L’émission a cherché à « redéfinir de manière originale
l’anniversaire des abolitions dans une société multiculturelle. La musique est un support tout
trouvé pour cela. Forme d’expression centrale dans l’histoire de la diaspora noire, la musique
témoigne d’une sensibilité et d’une audace harmonique directement inspirée de la privation de
liberté. Des work songs jusqu’à la naissance du jazz, des Negro spirituals jusqu’au Blues, en
passant par la Soul, la Funk et le Rhythm’n’blues, jusqu’au rap, la musique noire est souvent
un prêche déguisé. Mais, vous avez raison pour la dimension veillée : l’originalité de la
musique noire est aussi le facteur déterminant de l’ambiance d’improvisation qui accompagne
cette soirée, où chacun des participants est amené à se rencontrer ».
- 96 -
France ô
L’émission « Studio M » sur France Ô a reçu le 28 avril trois comédiens de Tropiques Amers : JeanClaude Adelin, Lucette Salibur et Jean-Michel Martial. On peut voir en ligne l’intégralité de l’émission.
Public Sénat
La chaîne du Palais du Luxembourg a accompagné toute la journée une manifestation qui a
commencé le matin par l’inauguration, dans le jardin, du premier monument national sur l’esclavage.
11:30 « Commémoration de l'abolition de l'esclavage ».
Émission spéciale - Durée : 1 h 15.
13:30 « Noirs de France ». Catégorie société - Durée : 0
h 30, 4:3 TP, Réalisateur : Arnaud Ardoin
Des rencontres avec différentes personnalités de la
communauté noire. Depuis les jardins du Luxembourg.
Au programme notamment, l'inauguration du
monument Le cri, l'écrit de Patrice Hyber, en présence
de Jacques Chirac, Christian Poncelet et Nicolas
Sarkozy.
14:55 « Bibliothèque Médicis, Magazine culturel » - Durée : 1 h 20, 4:3 TP Présentateur : Jean-Pierre
Elkabbach. Les traites négrières Jean-Pierre Elkabbach recevait auteurs, intellectuels, experts,
scientifiques et politiques pour une heure de débat sur des sujets d'actualité.
Le 18H : Spécial « Commémoration de l'abolition de l'esclavage »
20:45 Noirs. L'identité au cœur de la question noire. Durée : 1h00
Alors que la France commémore l'abolition de l'esclavage, la «question noire» continue de se poser
dans le pays. Réalisateurs : Arnaud Ngatcha et Jérôme Sesquin (2006).
22:00 « Bouge la France! Magazine politique »
Spécial Commémoration de l'abolition de l'esclavage
22:45 « Commémoration de l'abolition de l'esclavage ». Émission spéciale - Durée : 0 h 45 4:3 TP
Depuis les jardins du Luxembourg. Au programme notamment, l'inauguration du monument de
Patrice Hyber, en présence de Jacques Chirac, Christian Poncelet et Nicolas Sarkozy.
LCP
Jeudi 10 mai, 20h45. Noirs, l’identité au cœur de la
question noire. Un documentaire d’Arnaud Ngatcha
et Jérôme Sesquin (2006), coproduit par France 5,
France 3, Arno Production et Tabo Tabo Films.
Durée : 1h
Chaîne Histoire
Émission par Franck Ferrand sur La Chaîne
Histoire à l’occasion de la journée de
commémoration de l’abolition de l’esclavage en
2007. Sur le plateau : Harlem Désir, André Larané (Herodote.net) et JP Omotunde.
- 97 -
Le livre
Comme l’an dernier, plusieurs ouvrages sont sortis le 10 mai ou autour du 10 mai, qui fut également
l’occasion d’évoquer parutions récentes ou à venir. On observe que les éditeurs choisissent souvent,
pour le thème de l’esclavage, une date de parution qui permet la mise en place des livres à partir du 27
avril, date de l’abolition de 1848, et leur valorisation ensuite le 10 mai. Les textes qui présentes ici les
livres sont tirés des résumés des éditeurs.
Les ouvrages suivants sont sortis le 10 mai 2007 :
•
•
Alain Foix, Toussaint Louverture, Folio biographies,
Gallimard. Écrivain, philosophe, réalisateur et
dramaturge, Alain Foix, né en Guadeloupe, est également
directeur de théâtre et de centres de création et de
diffusion artistique. Il a dirigé la scène nationale de la
Guadeloupe, le théâtre Le Prisme à Saint-Quentin-enYvelines, La Muse en circuit, centre de création musicale,
et dirige actuellement Quai des arts. Lauréat du Grand
Prix Beaumarchais de l'écriture théâtrale de la Caraïbe en
2004, son travail de réalisateur a été récompensé par un
premier prix de documentaire au festival Vues d'Afrique
de Montréal en 1989. Parmi ses œuvres, ouvrages pour
enfants et romans, notamment Ta mémoire, petit monde,
paru chez Gallimard en 2005.
Alain Foix, Histoires de l'esclavage racontées à Marianne,
illustrations de Benjamin Bachelier, Gallimard-Jeunesse
Giboulées, à partir de 8 ans.
Députée junior de Franche-Comté au Parlement des enfants,
Marianne s'égare dans les couloirs de l'Assemblée. Elle découvre une
étrange pièce sombre, dans laquelle des bustes en sucre de toutes les
couleurs, blanc, brun, roux, candi, d’abord inquiétants, s'animent les
uns après les autres pour lui raconter l'histoire de l'esclavage et son
abolition : Toussaint Louverture, Victor Schœlcher, Louis Delgrès,
Dessalines, l'abbé Grégoire, la mulâtresse Solitude, la Vénus
Hottentote, tous héros, victimes ou combattants, de l'époque de
l'esclavage. Un CD joint au livre raconte l'histoire en la ponctuant de
chants traditionnels créoles et de percussions.
•
Édouard Glissant, Mémoire des esclavages, avant-propos de
Dominique de Villepin, Gallimard et La Documentation
française
L’auteur se propose de poser les jalons d’une réflexion, de préciser les
contours d’un futur Centre national consacré à la traite, à l'esclavage et à
ses abolitions :
« Et s’il y a une raison de fonder un Centre national autour d’un pareil
sujet, c’est-à-dire, de cet esclavage-ci plus particulièrement, oui de cet
esclavage-ci, africain, caraïbe, américain, transindien, européen, alors que
nous savons que tous les esclavages sont également monstrueux et hors
humanité, peut-être la trouvons-nous avant tout dans ceci qu’il a
- 98 -
intéressé la plupart du monde connu à l’occident du monde, c’est-à-dire qu’il a établi un lien d’un ton
nouveau entre pays et cultures, que ce lien on a voulu le faire méconnaître, qu’il a brassé un nombre
incalculable de beautés dans un nombre aussi incalculable de supplices, qu’il en est résulté la
créolisation de ce grand pan du monde, créolisation aussi belle que sa démocratisation, qui a répercuté
sur une partie de notre monde actuel et qui a fait que nous y sommes entrés, et qu’alors ce Centre doit
être national parce que c’est là le meilleur chemin pour en démultiplier toutes les approches et toutes
les résonances internationales.
Ce centre national sera ce que les descendants des esclaves et les descendants des esclavagistes en
feront ensemble, ils cessent dès lors d’être des descendants de quoi que ce soit, ils deviennent des
acteurs lucides de leur présent, pour la raison, ou le lieu-commun, qu’ils entrent ensemble dans le
monde, notre monde. Nous savons que les non-dits et les interdits nous barrent tout accès à la
sérénité souhaitable de cette totalité monde, et entretiennent l’énormité des conflits qui l’agitent.
L’utopie semble devenir plus qu’une inconséquence. Considérons dès lors que c’est un ouvrage de
sécurité publique, le plus sûr en vérité, que de repérer, partout dans les espaces de nos sociétés, et de
neutraliser, ces trous noirs des histoires des humanités. » La conception et l'organisation de chacun
des domaines d'activité de ce futur centre sont présentées en détail dans le dernier chapitre.
•
La traduction en français d’un livre de Hanss Fässler sur la
participation suisse à l'esclavage et à la traite transatlantique a été
lancée le 10 mai aux éditions Duboiris, avec une conférence à Paris.
L’ouvrage était paru en 2005 aux éditions Rotpunktverlag, Zürich, sous
le titre: Reise in Schwarz-Weiss: Schweizer Ortstermine in Sachen Sklaverei
(Zürich 2005.
•
Myriam Cottias et Arlette Farge, De la
nécessité d’adopter l’esclavage en France.
Texte anonyme de 1797 présenté par
les deux auteures, paru le 10 mai 2007.
L’histoire de l’esclavage a récemment ressurgi dans le débat
contemporain, rompant ainsi de manière violente le silence
dans lequel elle avait été maintenue. L’universalisme
républicain a été largement secoué par l’exclusion ressentie par
les descendants des anciens esclaves. C’est dans ce contexte
que Myriam Cottias et Arlette Farge découvrirent ce document,
inédit et troublant. Dans la France d’après la Révolution, ce
texte, daté de 1797, prône le rétablissement de l’esclavage
comme remède à l’indigence et à la délinquance. Il témoigne de l’idée, dont on retrouve trace
tout au long du siècle, que l’esclavage pourrait faire le « bonheur » du petit peuple miséreux et
résoudre le problème social de la pauvreté. Myriam Cottias, historienne du fait colonial au
CNRS, à l’université des Antilles-Guyane et à l’EHESS, dirige le centre international de
recherche sur les esclavages : acteurs, systèmes, représentations, au CNRS. Arlette Farge est
historienne, spécialiste du peuple au 18e siècle. Elle est directrice de recherche au CNRS et
enseigne à l’EHESS.
•
Paru également le 10 mai, De la traite et de l’esclavage des Noirs d’Henri Grégoire, présenté par Aimé
Césaire, chez Arléa. De la chaire aux tribunes de la Révolution, Henri Grégoire a mené un
combat sans concession pour l'égalité de tous les hommes, jusqu'au décret du 16 pluviôse
an II (5 février 1794) : « La Convention nationale déclare aboli l'esclavage des Nègres dans
toutes les colonies. En conséquence, elle décrète que tous les hommes sans distinction de
couleurs, domiciliés dans les colonies, sont citoyens français et jouissent de tous les droits
- 99 -
assurés par la Constitution. » Aimé Césaire le rappelle avec gravité : « les paroles d'Henri
Grégoire sont de celles qu'un petit-fils d'esclave ne peut relire sans émotion ».
•
Schœlcher, Victor, Esclavage et colonisation
Textes choisis et annotés par Emile Tersen, introduction d’Aimé
Césaire, avant-propos de Ch.-A. Julien et préface de Jean-Michel
Chaumont, paru le 15 mai 2007 chez PUF, dans la Collection
Quadrige. 256 p.
"Ainsi donc, évoquer Schœlcher, c'est rappeler à sa vraie fonction
un homme dont chaque mot est encore une balle explosive.
Que son oeuvre soit incomplète, il n'est que trop évident. Mais
ce serait puérilité et ingratitude que de la sous-estimer." (A.
Césaire). Ainsi se termine la préface d'Aimé Césaire pour la
publication, en 1948, d'un choix de textes de Victor Schœlcher
célébrant le centenaire de l'abolition. Il s'agit d'un ouvrage
fondamental puisque des historiens y ont rassemblé pour la
première fois l'essentiel des textes de combat de Schœlcher
avant l'abolition, son décret de 1848 et tous les écrits d'intervention du célèbre abolitionniste
français jusqu'à sa mort.
Autres ouvrages
Parmi bien d’autres, quelques exemples de livres parus de mars à mai, sachant qu’il en paraît toute
l’année sur ces thèmes.
•
Nègre, Négrier, Traite des nègres, Trois articles du Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse. Editeur : Bleu
Autour. Publication : 22/3/2007 Nègre. Que faire de ce mot tabou ? Surtout pas le taire, mais
l'interroger, pense Françoise Vergès, qui retrace son destin chargé. Lire, par exemple, l'article « Nègre »
du Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse. Republié ici, cet article d'un héritier des
Lumières exhume un racisme brut, qui perdure de nos jours. Alors, ne pas se borner à s'indigner, on
risquerait de réduire le « Noir » à sa couleur. « Il faut d'abord comprendre comment le 'blanc' est
devenu une couleur qui s'est parée du masque de l'universel mais qui opère comme une ligne de
partage. » Puis Noirs et Blancs devraient ensemble questionner les mémoires et les contradictions des
uns et des autres, engager des luttes pour l'égalité. « Ce sont ces passerelles qui affaibliront la ligne de
couleur », conclut Françoise Vergès, et qui permettront, en la dépassant, « d' inventer une démocratie
post-raciale. »
•
Schnakenbourg, Christian, Histoire de l'industrie sucrière en Guadeloupe aux XIXe et XXe siècles,
Volume 2, La transition post-esclavagiste, 1848-1883. Paru le 8 mars 2007 chez L'Harmattan. Etude
consacrée à l'industrie sucrière en Guadeloupe durant la période où s'opère précisément le passage de
l'esclavage au salariat. Le recours à l'immigration indienne, les bouleversements du marché sucrier et la
création d'un système bancaire moderne jouent un rôle majeur dans cette transition en même temps
que se développe l'industrialisation de la production sucrière.
•
Le Dictionnaire de la colonisation française aux éditions Larousse, dirigé par Claude Liauzu,
professeur émérite à l’université Paris VII Denis Diderot, est sorti le 4 avril 2007. Le livre compte
soixante-dix auteurs, nombre d’entre eux assez jeunes. Parmi eux figurent des historiens originaires
des Départements d’outre-mer français (DOM), des spécialistes des anciennes colonies. Le conseil
scientifique se compose d’Hélène d’Almeida Topor, Pierre Brocheux, Myriam Cottias, Jean-Marc
Regnault. Accompagnés de seize pages d’atlas, les articles se consacrent aussi bien à « République et
colonisation », qu’à l’« Afrique noire », le « budget » de l’expansion coloniale, « capitalisme et
colonisation », les « Abolitions de l’Esclavage », « la départementalisation de La Réunion », les figures
- 100 -
célèbres ou négligées de l’histoire, les termes à connaître (« cafre », « marron »…), sans oublier un
article sur « Le comité pour la mémoire de l’esclavage », rédigé par sa vice-présidente Françoise
Vergès. Sept-cents notices permettent de rechercher directement une information, de passer d’un
thème à un autre, en fonction de la multiplicité des facettes du fait colonial. Le chapitre Temps forts
en présente les principales étapes. Des dossiers synthétiques sur des questions générales font le point
des connaissances et des débats. Des cartes, un index (des personnes, des lieux et des thèmes)
facilitent la lecture.
•
Les Âmes du peuple noir de William Edgard Burghardt Du Bois, éditions La
Découverte, 26 avril 2007.
« Le problème du XXe siècle est le problème de la ligne de partage des
couleurs ». Telle est l'intuition fondamentale de Du Bois. Dans ce
recueil d'essai publié en 1903, il évoque l'étendue du racisme américain
et donne à voir au monde la réalité de l'expérience quotidienne afroaméricaine dans l'Amérique de la ségrégation. Il tisse les souvenirs
autobiographiques et les paraboles épiques avec les analyses historiques
et sociologiques, construisant ainsi l'unité culturelle et politique du
peuple noir à partir de la multiplicité de ses âmes individuelles. Dans cet
ouvrage qui a inspiré l'essentiel de la conscience collective noire, sont
évoquées l'étendue du racisme américain et la réalité de l'expérience
quotidienne afro-américaine dans l'Amérique de la ségrégation.
•
Myriam Cottias, La question noire : histoire d'une construction coloniale, Bayard, avril 2007.
L'expression "question noire" semble devenue une évidence , apparue pourtant depuis peu dans le
débat français. L'auteure interroge sa signification et son histoire. Elle fait le récit de la construction
historique de cette catégorie, "Noirs", des premiers textes des capitaines négriers du XVIIe siècle au
glissement qui s'opère au XXe siècle entre esclavage et nègre, jusqu'à la
racialisation. Manipulée par les plus extrêmes, rarement définie,
l’expression s’est répandue dans les médias sans que l’on ne s’attache
vraiment à son histoire. La tâche de la France aujourd’hui est bien
pourtant là : intégrer cette histoire, celle de la traite, de l’esclavage et de
la colonisation, à son histoire nationale. Accepter le constat que la
définition de la nation s’est faite dans des limites hexagonales et par
l’exclusion des peuples colonisés.
Myriam Cottias nous invite ici à poser les bases de ce travail d’histoire,
indispensable à une mémoire apaisée, à suivre la construction, d’un
continent à l’autre, de la catégorie « esclave » et sa racialisation tout au
long des différentes colonisations. La reconnaissance ne peut s’appuyer
que sur les expériences multiples, précisément restituées et analysées de
ces populations, sur le travail minutieux des historiens et la volonté
politique de le rendre visible. Myriam Cottias est historienne du fait colonial au CNRS, à l’université
des Antilles-Guyane et à l’EHESS. Elle dirige le Centre international de recherche sur les esclavages :
acteurs, systèmes, représentations, au CNRS.
•
Marc Ferro, Le ressentiment dans l'histoire. Paru le 27 avril 2007, chez Odile Jacob. A partir d'une
dizaine de cas de conflits sociaux ou nationaux, l'auteur tente de montrer de quelle façon le
ressentiment engendre le conflit et ne permet pas de résolution. Il prend ainsi exemple sur les
guerres entre hérétiques et catholiques, les communautés yougoslaves, etc. Permet d'expliquer
les revendications concernant l'esclavage ou la colonisation.
- 101 -
•
Hannah Crafts. Autobiographie d’une esclave. Édition établie, présentée et annotée par Henry
Louis Gates Jr. traduit de l’anglais par Isabelle Maillet, Paris, Éd. Payot & Rivages, mai 2007.
•
Abou Haydara. L’envers de l’épopée portugaise en Afrique : XVe-XXe siècles. Préface de Joseph
Ndiaye. Paris : l’Harmattan, mai 2007.
•
Margaret Tanger. Les juridictions coloniales devant la Cour de cassation : essai de contribution de la Cour
de cassation à l’émergence des droits civils des noirs dans les colonies françaises d’Amérique de 1828 à 1848.
Préface de Bruno Cotte. Paris, Economica, mai 2007.
•
Paul Butel, Histoire des Antilles françaises, paru le 3 mai 2007, Perrin, Collection Tempus. Histoire
des Antilles françaises du début de la colonisation sous Louis XIII à la départementalisation
de la Martinique et de la Guadeloupe en 1946. Plus de trois siècles de vie quotidienne, de
hiérarchie sociale et raciale, des périodes particulièrement mouvementées des îles, y compris
celle de Saint-Domingue jusqu'en 1804, ainsi que la loi d'abolition de l'esclavage de 1848.
•
Fohlen, Claude, Histoire de l'esclavage aux Etats-Unis. Paru en mai 2007, Perrin, Collection
Tempus. Indépendants en 1783, dotés depuis 1787 d'une Constitution démocratique, les
Etats-Unis n'aboliront l'esclavage qu'en 1865, trente ans après l'Angleterre. Comment cette
démocratie a-t-elle pu tolérer l'esclavage aussi longtemps ? C'est ce paradoxe central de
l'histoire américaine qu'analyse Claude Fohlen, soulignant que l'abolition de l'esclavage a fait
naître la question noire.
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Tanger, Margaret, Les juridictions coloniales devant la Cour de cassation (1828-1848). Paru en juin
2007, Economica, Collection Droit. Une étude montrant le rôle de la Cour de cassation dans
l'émancipation des Noirs des colonies françaises d'Amérique.
Littérature pour la jeunesse
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L’album illustré « Coton Blues » (Gecko Editions – mars 2007 – coll. Les Contes imaginaires)
dès 6 ans : un album de Régine Joséphine et d’Orélie Gouel. Découvrez une petite fille,
Coton, esclave qui rêve de Liberté…
L’Esclave du Fleuve des Fleuves (éd. Oskar jeunesse – mars 07 - coll. cadet dès 9 ans) de Yves
Pinguilly : l’itinéraire du jeune Gaoussou, qui est fait prisonnier en Afrique avec son amie
Akissi pour être envoyés aux Antilles. Cahier documentaire en fin d'ouvrage.
Sur la toile
Outre les sites internet de RFO, Gens de la Caraïbe, Grioo.com, Afrikara, et bien d’autres ont été
riches en informations sur le 10 mai.
Le livret n°8 « bis » d’ELOKANS a été consacré à la Mémoire. Au sommaire de cet opus, un agenda et
des interlocuteurs, mais aussi une sélection bibliographique d’ Eric Martheli.
mediacongo.net a célébré l'abolition de l'esclavage avec deux articles en forme de méditation et de
réflexion: le premier est "Gorée" un poème d'Emilie Flore Faignond extrait de son recueil
"Méandres". ...le 10 mai que chacun de nous se souvienne de Gorée... Que chacun de nous se
souvienne que nous sommes humains... Le second article " Abolition de l'esclavage mental des nègres
d'Afrique et construction d'un nouvel imaginaire " de Sylvain Kalamba NSapo (théologien - lecteur en
sociologie et en historiographie africaine)
- 102 -
Le site du MRAP d’Ille-et-Vilaine (Bretagne) a fait paraître un texte se félicitant de la « juste
reconnaissance » par la loi Taubira du crime contre l’humanité que constitue l’esclavage.
www.urban.vouvox.fr regrette que « l’esclavage reste encore un tabou de l’histoire » et qu’il ne se
réduise à un « simple chapitre dans les cours d’histoire ».
Le site du magazine « Marianne » ( www.marianne2.fr ) fournit une quarantaine de documents de 2006
ou de 2007 par son moteur de recherche. Un interview a été accordé à M. Louis-Georges TIN, porteparole du CRAN.
www.mediaslibres.com, le site d’informations alternatives de Lyon « Rébellion », le site du journal
sénégalais « le Messager » (le 14 mai 2007), le blog du « journal des enfants » et les blogs de très
nombreux élus ont fait paraître des interventions sur le sujet.
Thomas Yadan, pour Evene.fr, a rédigé pour le 10 mai un article intitulé « L’avenir du passé »,
retraçant depuis 1983, date où furent instaurées par décret les dates dans les département d’outre-mer
et à Mayotte pour l’abolition de l’esclavage, l’histoire de la commémoration, et les enjeux du 10 mai.
« En fin de compte, le travail effectué depuis le vote de la loi Taubira a permis un apaisement de la
situation à court terme, chacun attendant fermement les effets de cet engagement national. Cette
journée de commémoration est également l’occasion de multiplier les possibilités de recherches et de
développer l’enseignement dans les milieux scolaires et les universités ».
- 103 -
ANNEXES
- 104 -
1. Décret du 30 janvier 2007 portant nomination de membres du
Comité pour la mémoire de l'esclavage, NOR: DOMB0700001D
J.O n° 27 du 1 février 2007 page 1974, texte n° 67
Par décret en date du 30 janvier 2007, sont nommés membres du Comité pour la mémoire de
l'esclavage :
En remplacement de M. Serge Hermine, président de l'Association des descendants d'esclaves
noirs et de leurs amis : Mme Anne Lescot, cofondatrice et directrice de l'association Collectif 2004
Images pour la promotion de la culture haïtienne ;
En remplacement de M. Pierrick-Serge Romana, président du Comité Marche du 23 mai 1998:
M. Roger Botte, anthropologue, membre du comité de rédaction de l'association Les Anneaux de la
mémoire.
2. Mémoire de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions :
10 mai 2007 NOR : MENE0700871N RLR : 554-9 NOTE DE
SERVICE N° 2007-088 DU 10-4-2007 MEND GESCO B2-3
Texte adressé aux rectrices et recteurs d’académie ; au directeur de l’académie de Paris ; aux inspectrices et inspecteurs
d’académie, directrices et directeurs des services départementaux de l’éducation nationale ; aux inspectrices et inspecteurs
d’académie, inspectrices et inspecteurs pédagogiques régionaux d’histoire et de géographie.
Le 30 janvier 2006, dans son allocution prononcée à l’occasion de la réception en l’honneur du
Comité pour la mémoire de l’esclavage, le président de la République a souhaité que la France
métropolitaine honore le souvenir des esclaves et commémore l’abolition de l’esclavage. Il a choisi
pour cela le 10 mai, date anniversaire de l’adoption à l’unanimité par le Sénat de la loi N° 2001-434 du
21 mai 2001 reconnaissant la traite et l’esclavage comme un crime contre l’humanité. Le chef de l’État
a affirmé qu’“au-delà de l’abolition, c’est aujourd’hui l’ensemble de la mémoire de l’esclavage
longtemps refoulée qui doit entrer dans notre histoire : une mémoire qui doit être véritablement
partagée”.
Conformément au souhait du président de la République, le ministère de l’éducation nationale
s’est, d’ores et déjà, engagé dans une action permettant qu’au-delà de cette commémoration,
l’esclavage trouve une place plus marquée dans les programmes de l’éducation nationale à l’école
primaire, au collège et au lycée.
La note de service n° 2006-068 du 14 avril 2006, publiée au B.O. n° 16 du 20 avril 2006, a
invité les rectrices et recteurs d’académie à sensibiliser tous les acteurs du monde éducatif à la mise en
œuvre de projets relatifs à l’esclavage, à la traite et à leurs abolitions, dans le cadre des enseignements
et des actions éducatives. Cette note a permis la mise en œuvre de nombreuses actions dans les
établissements scolaires : sélection d’ouvrages pour développer le travail avec les élèves, outils
multimédias, sites internet, actions éducatives interdisciplinaires et interculturelles, spectacles, mallettes
pédagogiques, etc.
Le 10 mai 2007 sera donc l’occasion de poursuivre et de développer ces actions. Je rappelle à
ce propos la possibilité de distinguer les meilleures réalisations au titre de la mémoire de la traite
négrière et de l’esclavage offerte par le Prix des droits de l’Homme - René Cassin qui, outre les
contributions autour du thème choisi annuellement, peut également récompenser d’autres actions
réalisées dans les établissements (cf. note de service n° 2006-112 du 19 juillet 2006, publiée au B.O. n°
30 du 27 juillet 2006). En outre, sur l’initiative du Comité pour la mémoire de l’esclavage, un prix
annuel est dédié à une thèse sur l’esclavage ou ses abolitions, offrant ainsi la possibilité de publier et
faire connaître les meilleurs travaux de recherche sur ce thème.
- 105 -
Dans le cadre du dispositif des “Actions civiques”, le CIDEM, en partenariat avec la direction
générale de l’enseignement scolaire, a mis en ligne de nombreuses ressources pédagogiques à
destination du public scolaire : http://parcoursciviques.cidem.org/journees/10_mai/ De nombreuses
manifestations publiques marqueront cette journée commémorative. Dans les écoles et les
établissements scolaires, les enseignants sont appelés à organiser un moment particulier de réflexion
dans le cadre de la classe au cours duquel ils liront un texte choisi parmi ceux qui sont proposés ciaprès. Il ne s’agit pas au sens strict d’une action de nature pédagogique, ni didactique -même si les
textes peuvent appeler des explications notamment sur le contexte historique et esthétique dans lequel
ils s’inscrivent-, mais d’un moment de fraternité dans le souvenir des longues et terribles “nuits sans
nom” et “sans lune” qui furent celles des esclaves.
Je vous remercie de toute l’attention que vous accorderez à la réussite de cette journée.
Pour le ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche et par
délégation,
Le directeur général de l’enseignement scolaire
Jean-Louis NEMBRINI
Annexe
TEXTE 1
Au Port-Louis de l’Île-de-France, ce 25 avril 1769.
[...] p s. je ne sais pas si le café et le sucre sont nécessaires au bonheur de l’Europe, mais je sais
bien que ces deux végétaux ont fait le malheur de deux parties du monde. On a dépeuplé l’Amérique
afin d’avoir une terre pour les planter ; on dépeuple l’Afrique afin d’avoir une nation pour les cultiver
[...]
Ces belles couleurs de rose et de feu dont s’habillent nos dames ; le coton dont elles ouatent
leurs jupes ; le sucre, le café, le chocolat de leurs déjeuners, le rouge dont elles relèvent leur blancheur :
la main des malheureux noirs a préparé tout cela pour elles. Femmes sensibles, vous pleurez aux
tragédies, et ce qui sert à vos plaisirs est mouillé des pleurs et teint du sang des hommes [...]
Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre, Voyage à l’Isle de France, Lettre 12.
Ce document est extrait de la base de données textuelles Frantext réalisée par l’Institut national
de la langue française (INaLF)/CNRS, Gallica bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de
France.
TEXTE 2
Mes amis,
Quoique je ne sois pas de la même couleur que vous, je vous ai toujours regardés comme mes
frères. La nature vous a formés pour avoir le même esprit, la même raison, les mêmes vertus que les
Blancs. Je ne parle ici que de ceux d’Europe ; car pour les Blancs des colonies, je ne vous fais pas
l’injure de les comparer à vous ; je sais combien de fois votre fidélité, votre probité, votre courage ont
fait rougir vos maîtres. Si on allait chercher un homme dans les îles de l’Amérique, ce ne serait point
parmi les gens de chaire blanche qu’on le trouverait.
Votre suffrage ne procure point de places dans les colonies ; votre protection ne fait point
obtenir de pensions ; vous n’avez pas de quoi soudoyer les avocats : il n’est donc pas étonnant que vos
maîtres trouvent plus de gens qui se déshonorent en défendant leur cause, que vous n’en avez trouvés
qui se soient honorés en défendant la vôtre. Il y a même des pays où ceux qui voudraient écrire en
votre faveur n’en auraient point la liberté. Tous ceux qui se sont enrichis dans les îles aux dépens de
vos travaux et de vos souffrances, ont, à leur retour, le droit de vous insulter dans des libelles
calomnieux ; mais il n’est point permis de leur répondre. Telle est l’idée que vos maîtres ont de la
bonté et de leurs droits ; telle est la conscience qu’ils ont de leur humanité à votre égard. Mais cette
injustice n’a pas été pour moi qu’une raison de plus pour prendre, dans un pays libre, la défense de la
liberté des hommes. Je sais que vous ne connaîtrez jamais cet ouvrage, et la douceur d’être béni par
vous me sera toujours refusée. Mais j’aurai satisfait mon cœur déchiré par le spectacle de vos maux,
soulevé par l’insolence absurde des sophismes de vos tyrans. Je n’emploierai point l’éloquence, mais la
raison ; je parlerai, non des intérêts du commerce, mais des lois de la justice.
- 106 -
Vos tyrans me reprocheront de ne dire que des choses communes, et de n’avoir que des idées
chimériques : en effet, rien n’est plus commun que les maximes de l’humanité et la justice ; rien n’est
plus chimérique que de proposer aux hommes d’y conformer leur conduite.
Condorcet, Épître dédicatoire aux Nègres esclaves, mes amis
Texte publié en tête de la brochure intitulée “Réflexions sur l’esclavage des Nègres”, par M.
Schwartz, pasteur du Saint Évangile à Bienne, membre de la société économique de B *** [Berne],
Neufchâtel, 1781 IV - XVIII - 86 pages. Seconde édition en 1788.
TEXTE 3
Pour Alejo Carpentier
Il est des nuits sans nom
il est des nuits sans lune
où jusqu’à l’asphyxie
moite
me prend
l’âcre odeur du sang
jaillissant
de toute trompette bouchée
Des nuits sans nom
des nuits sans lune
la peine qui m’habite
m’oppresse
la peine qui m’habite
m’étouffe
Nuits sans nom
nuits sans lune
où j’aurais voulu
pouvoir ne plus douter
tant m’obsède d’écœurement
un besoin d’évasion
Sans nom
sans lune
sans lune
sans nom
nuits sans lune
sans nom sans nom
où le dégoût s’ancre en moi
aussi profondément qu’un beau poignard malais
Léon-Gontran Damas, Pigments, Paris, Les éditions Présence africaine, 1937.
TEXTE 4
Ah ! me soutient l’espoir qu’un jour je coure devant
toi, Princesse, porteur de ta récade à l’assemblée des
peuples.
C’est un cortège plus de grandeur que celui même de
l’Empereur Gongo-Moussa en marche vers l’Orient
étincelant.
Ô désert sans ombre désert, terre austère terre de pureté,
de toutes mes petitesses
- 107 -
Lave-moi, de toutes mes contagions de civilisé.
Que me lave la face ta lumière qui n’est point subtile,
que ta violence sèche me baigne dans une tornade
de sable
Et tel le blanc méhari de race, que mes lèvres de neuf
jours en neuf jours soient chastes de toute eau
terrestre, et silencieuses.
Je marcherai par la terre nord-orientale, par l’Égypte
des temples et des pyramides
Mais je vous laisse Pharaon qui m’a assis à sa droite
et mon arrière grand-père aux oreilles rouges.
Vos savants sauront prouver qu’ils étaient hyperboréens
ainsi que toutes mes grandeurs ensevelies.
Cette colonne solennelle, ce ne sont plus quatre mille
esclaves portant chacun cinq mithkals d’or
Ce sont sept mille nègres nouveaux, sept mille soldats
sept mille paysans humbles et fiers
Qui portent les richesses de ma race sur leurs épaules
musicales.
Ses richesses authentiques. Non plus l’or ni l’ambre ni
l’ivoire, mais les produits d’authentiques paysans et
de travailleurs à vingt centimes l’heure
Mais toutes les ruines pendant la traite européenne des
Nègres
Mais toutes les larmes par les trois continents, toutes
les sueurs noires qui engraissèrent les champs de
canne et de coton
Mais tous les hymnes chantés, toutes les mélopées
déchirées par la trompette bouchée
Toutes les joies dansées oh ! toute l’exultation criée.
Ce sont sept mille nègres nouveaux, sept mille soldats
sept mille paysans humbles et fiers
Qui portent les richesses de ma race sur leurs épaules
d’amphore
La Force la Noblesse la Candeur
Et comme d’une femme, l’abandonnement ravie à la
grande force cosmique, à l’Amour qui meut les
mondes chantants.
Léopold Sédar Senghor, « Chants d’ombre, Que m’accompagnent Kôras et Balafong », VIII,
in Œuvre poétique, Éditions du Seuil, Paris, 1945, réédition 2006.
TEXTE 5
[...] Le 27 avril 1848, un peuple qui depuis des siècles piétinait sur les degrés de l’ombre, un
peuple que depuis des siècles le fouet maintenait dans les fosses de l’histoire, un peuple torturé depuis
des siècles, un peuple humilié depuis des siècles, un peuple à qui on avait volé son pays, ses dieux, sa
culture, un peuple à qui ses bourreaux tentaient de ravir jusqu’au nom d’homme, ce peuple-là, le 27
avril 1848, par la grâce de Victor Schœlcher et la volonté du peuple français, rompait ses chaînes et au
prometteur soleil d’un printemps inouï, faisait irruption sur la grande scène du monde.
Et voici la merveille, ce qu’on leur offrait à ces hommes montés de l’abîme ce n’était pas une
liberté diminuée ; ce n’était pas un droit parcellaire ; on ne leur offrait pas de stage ; on ne les mettait
pas en observation, on leur disait : “Mes amis il y a depuis trop longtemps une place vide aux assises
de l’humanité. C’est la vôtre.”
- 108 -
Et du premier coup, on nous offrait toute la liberté, tous les droits, tous les devoirs, toute la
lumière. Eh bien la voilà, l’œuvre de Victor Schœlcher. L’œuvre de Schœlcher, ce sont des milliers
d’hommes noirs se précipitant aux écoles, se précipitant aux urnes, se précipitant aux champs de
bataille, ce sont des milliers d’hommes noirs accourant partout où la bataille est de l’homme ou de la
pensée et montrant, afin que nul n’en ignore, que ni l’intelligence ni le courage ni l’honneur ne sont le
monopole d’une race élue. [...]
Aimé Césaire, extrait du discours prononcé le 21 juillet 1945 à l’occasion de la fête
traditionnelle dite de Victor Schœlcher, publié dans Victor Schœlcher et l’abolition de l’esclavage, éditions Le
Capucin, Lectoure, mars 2004, p. 58.
TEXTE 6
La tristesse du diable
Silencieux, les poings aux dents, le dos ployé,
enveloppé du noir manteau de ses deux ailes,
sur un pic hérissé de neiges éternelles,
une nuit, s’arrêta l’antique foudroyé.
La terre prolongeait en bas, immense et sombre,
les continents battus par la houle des mers ;
au-dessus flamboyait le ciel plein d’univers ;
mais lui ne regardait que l’abîme de l’ombre.
Il était là, dardant ses yeux ensanglantés
dans ce gouffre où la vie amasse ses tempêtes,
où le fourmillement des hommes et des bêtes
pullule sous le vol des siècles irrités.
Il entendait monter les hosannas serviles,
le cri des égorgeurs, les te deum des rois,
l’appel désespéré des nations en croix
et des justes râlant sur le fumier des villes.
Ce lugubre concert du mal universel,
aussi vieux que le monde et que la race humaine,
plus fort, plus acharné, plus ardent que sa haine,
tourbillonnait autour du sinistre immortel.
Il remonta d’un bond vers les temps insondables
où sa gloire allumait le céleste matin,
et, devant la stupide horreur de son destin,
un grand frisson courut dans ses reins formidables.
Et se tordant les bras, et crispant ses orteils,
lui, le premier rêveur, la plus vieille victime,
il cria par delà l’immensité sublime
où déferle en brûlant l’écume des soleils :
les monotones jours, comme une horrible pluie,
s’amassent, sans l’emplir, dans mon éternité ;
force, orgueil, désespoir, tout n’est que vanité ;
et la fureur me pèse, et le combat m’ennuie.
Presque autant que l’amour la haine m’a menti :
j’ai bu toute la mer des larmes infécondes.
Tombez, écrasez-moi, foudres, monceaux des mondes !
Dans le sommeil sacré que je sois englouti !
Et les lâches heureux, et les races damnées,
par l’espace éclatant qui n’a ni fond ni bord,
entendront une voix disant : Satan est mort !
Et ce sera ta fin, œuvre des six journées !
- 109 -
Leconte de Lisle, Poèmes barbares, 1872. Ce document est extrait de la base de données textuelles
Frantext réalisée par l’Institut national de la langue française (INaLF)/CNRS, Gallica bibliothèque
numérique de la Bibliothèque nationale de France.
TEXTE 7
À propos des justifications de l’esclavage des Africains - L’ironie de Montesquieu, adversaire
de l’esclavage
“Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je
dirais : Les peuples d’Europe ayant exterminé ceux de l’Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux
de l’Afrique, pour s’en servir à défricher tant de terres. Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait
travailler la plante qui le produit par des esclaves. Ceux dont il s’agit sont noirs depuis les pieds jusqu’à
la tête ; et ils ont le nez si écrasé qu’il est presque impossible de les plaindre. On ne peut se mettre
dans l’esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout bonne, dans un corps tout
noir. On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez les Égyptiens, les
meilleurs philosophes du monde, étaient d’une si grande conséquence, qu’ils faisaient mourir tous les
hommes roux qui leur tombaient entre les mains. Une preuve que les nègres n’ont pas le sens
commun c’est qu’ils font plus de cas d’un collier de verre que de l’or qui, chez les nations policées, est
d’une si grande conséquence. Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des
hommes ; parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne
sommes pas nous-mêmes chrétiens.”
Extrait de Montesquieu, De l’Esprit des Lois, Livre XV, chap. 5 (De l’esclavage des nègres),
1748. Cité dans 1789, recueil de textes et documents du XVIIIème s. à nos jours, édité par le ministère de
l’éducation nationale et le Centre national de la documentation pédagogique, 1989, p. 14.
TEXTE 8
Des hommes qui ne consultent que leur bon sens, et qui n’ont pas suivi les discussions
relatives aux colonies, douteront peut-être qu’on ait pu ravaler les Nègres au rang des brutes, et mettre
en problème leur capacité intellectuelle et morale. Cependant cette doctrine, aussi absurde
qu’abominable, est insinuée ou professée dans une foule d’écrits. Sans contredit les Nègres, en général,
joignent à l’ignorance des préjugés ridicules, des vices grossiers, surtout les vices inhérents aux
esclaves de toute espèce, de toute couleur. Français, Anglais, Hollandais, que seriez-vous, si vous aviez
été placés dans les mêmes circonstances ? Je maintiens que parmi mes crimes les plus stupides, et les
crimes les plus hideux, il n’en est pas un que vous ayez le droit de leur reprocher.
Longtemps en Europe, sous des formes variées, les Blancs ont fait la traite des Blancs ; peuton caractériser autrement la presse en Angleterre, la conduite des vendeurs d’âme en Hollande, celle
des princes allemands qui vendaient leurs régiments pour les colonies ? Mais si jamais les Nègres,
brisant leurs fers, venaient, (ce qu’à Dieu ne plaise), sur les côtes européennes, arracher des Blancs des
deux sexes à leurs familles, les enchaîner, les conduire en Afrique, les marquer d’un fer rouge ; si ces
Blancs volés, vendus, achetés par le crime, placés sous la surveillance de géreurs impitoyables, étaient
sans relâche forcés, à coups de fouet, au travail, sous un climat funeste à leur santé, où ils n’auraient
d’autre consolation à la fin de chaque jour que d’avoir fait un pas de plus vers le tombeau, d’autre
perspective que de souffrir et de mourir dans les angoisses du désespoir ; si, voués à la misère, à
l’ignominie, ils étaient exclus de la société ; s’ils étaient déclarés légalement incapables de toute action
juridique, et si leur témoignage n’était même pas admis contre la classe noire ; si, comme les esclaves
de Batavia, ces blancs, esclaves à leur tour, n’avaient pas la permission de porter des chaussures ; si,
repoussés même des trottoirs, ils étaient réduits à se confondre avec les animaux au milieu des rues ; si
l’on s’abonnait pour les fouetter en masse, et pour enduire de poivre et de sel leurs dos ensanglantés,
afin de prévenir la gangrène ; si, en les tuant on en était quitte pour une somme modique, comme aux
Barbades et à Surinam ; si l’on mettait à prix la tête de ceux qui se seraient, par la fuite, soustraits à
l’esclavage ; si contre les fuyards on dirigeait des meutes de chiens formés tout exprès au carnage ; si
blasphémant la divinité, les Noirs prétendaient, par l’organe de leurs Marabouts, faire intervenir le ciel
- 110 -
pour prêcher aux Blancs l’obéissance passive et la résignation ; si des pamphlétaires cupides et gagés
discréditaient la liberté, en disant qu’elle n’est qu’une abstraction (actuellement telle est la mode chez
une nation qui n’a que des modes) ; s’ils imprimaient que l’on exerce contre les Blancs révoltés,
rebelles, de justes représailles, et que d’ailleurs les “esclaves blancs sont heureux, plus heureux que les
paysans au sein de l’Afrique” ; en un mot, si tous les prestiges de la ruse et de la calomnie, toute
l’énergie de la force, toutes les fureurs de l’avarice, toutes les inventions de la férocité étaient dirigées
contre vous par une coalition d’êtres à figure humaine, aux yeux desquels la justice n’est rien, parce
que l’argent est tout ; quels cris d’horreur retentiraient dans nos contrées !
Pour l’exprimer, on demanderait à notre langue de nouvelles épithètes ; une foule d’écrivains
s’épuiserait en doléances éloquentes, pourvu que n’ayant rien à craindre, il y eût pour eux quelque
chose à gagner.
Européens, prenez l’inverse de cette hypothèse, et voyez ce que vous êtes.
Abbé Grégoire, De la littérature des Nègres, 1808.
TEXTE 9
[...] En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n’ayant plus que la
moitié de son habit, c’est-à-dire d’un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe
gauche et la main droite. “Eh ! Mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais-tu là, mon ami, dans
l’état horrible où je te vois ? - J’attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit
le nègre. - Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t’a traité ainsi ? - Oui, monsieur, dit le nègre, c’est
l’usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l’année. Quand nous
travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous
voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C’est à ce prix que
vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la
côte de Guinée, elle me disait : “Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront
vivre heureux ; tu as l’honneur d’être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de
ton père et de ta mère.” Hélas! Je ne sais pas si j’ai fait leur fortune, mais ils n’ont pas fait la mienne.
Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous ; les fétiches
hollandais qui m’ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d’Adam,
blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous
cousins issus de germain. Or vous m’avouerez qu’on ne peut pas en user avec ses parents d’une
manière plus horrible.
Voltaire, extrait de Candide ou l’optimisme (édition originale de 1759). Contes en vers et en prose.
Ce document est extrait de la base de données textuelles Frantext réalisée par l’Institut national de la
langue française (INaLF)/CNRS, Gallica bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de
France.
- 111 -
Propos du Président Chirac sur la Convention du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la
3. Lutte contre la traite des êtres humains. Propos tenus par le
président de la République, M. Jacques Chirac, lors du conseil des
ministres du 9 mai 2007
(Paris, 9 mai 2007)
L’esclavage, ce n’est pas uniquement une tragédie du passé. Encore aujourd’hui, la traite des êtres
humains fait des centaines de milliers de victimes dans le monde : des enfants, des jeunes filles, des
familles entières, parfois sur plusieurs générations. Plus que jamais, nous devons nous mobiliser
contre cette infamie.
L’honneur de la France, c’est d’être à la pointe de ce combat pour la dignité et les Droits de l’Homme.
Notre pays est le premier à avoir reconnu que l’esclavage est un crime contre l’Humanité.
Avec cette convention du Conseil de l’Europe, nous allons pouvoir renforcer la coopération
internationale pour mieux lutter contre ces trafics odieux./.
(Source : site Internet de la présidence de la République)
4. Note de service n°2007-166 du 31 novembre 2007 (NOR :
MENE0701788N), Devoir de mémoire (RLR : 554-9), Mémoire de la
traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions : 2 décembre 2007,
10 mai 2008. N° 2234, B.O. N°40 du 8 NOV. 2007.
ENSEIGNEMENTS ÉLÉMENTAIRE ET SECONDAIRE
Texte adressé aux rectrices et recteurs d’académie ;au directeur de l’académie de Paris ; aux inspectrices et inspecteurs
d’académie, directrices et directeurs des services départementaux de l’éducation nationale
L’institution éducative accorde une place privilégiée aux réflexions sur l’histoire et sur la mémoire : à
ce titre, l’acquisition des savoirs indispensables à une pleine compréhension de la traite négrière, de
l’esclavage et de leurs abolitions s’inscrit dans la mission d’éducation, comme l’ont souligné les
rapports de 2005 et 2006 du comité pour la mémoire de l’esclavage adressés au Premier ministre.
Cette connaissance participe en effet à la formation d’esprits éclairés et de citoyens responsables en
favorisant la construction d’une pensée tolérante et ouverte à autrui.
1 - Deux journées dédiées dans le cadre d’un parcours civique
Dans notre système scolaire, deux dates sont dédiées à la sensibilisation des écoliers, des collégiens et
des lycéens à l’histoire de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions :
- le 2 décembre, journée internationale pour l’abolition de l’esclavage ;
- le 10 mai, date anniversaire de l’adoption à l’unanimité par le Sénat de la loi n° 2001-434 du 21 mai
2001 reconnaissant la traite et l’esclavage comme un crime contre l’humanité.
Le 2 décembre 2007, puis le 10 mai 2008, les enseignants sont appelés à organiser des moments
particuliers de réflexion et d’échange qui soient aussi des moments de fraternité dans le souvenir des
longues et terribles “nuits sans nom” et “sans lune” qui furent celles des esclaves (Léon-Gontran
Damas). Conformément aux compétences sociales et civiques inscrites dans le socle commun de
connaissances et de compétences, ces deux journées dédiées s’inscrivent dans le parcours d’éducation
civique des élèves. Dans ce cadre, des projets structurés sont mis en œuvre tout au long de l’année.
Les enseignants pourront, pour ce faire, s’appuyer sur des outils pédagogiques proposés
- 112 -
(http://eduscol.education.fr
immigration.fr
;
http://www.parcoursciviques.org)
et
http://www.histoire-
2 - Enseignements des élèves et actions éducatives
De l’école primaire jusqu’au lycée, les programmes d’enseignement prévoient l’étude de ces questions.
Il s’agira notamment de montrer comment l’abolition de l’esclavage s’inscrit dans un processus
historique de progrès pour la communauté nationale et plus largement pour l’humanité.
Dans le premier degré, les enseignants aborderont les thèmes de la traite des noirs, de l’esclavage et de
leurs abolitions en histoire, en géographie, et en éducation civique. Ils prendront appui sur les œuvres
littéraires proposées à l’étude en prolongement des programmes. Le document d’application des
programmes “littérature cycle 3” mentionne plusieurs ouvrages utiles, notamment : Deux graines de
cacao de Évelyne Brisou-Pellen, et Le Trèfle d’or de Jean-François Chabas. Dans le second degré,
principalement en classe de 4ème et de première, les programmes offrent aux professeurs la possibilité
de donner aux élèves de solides connaissances sur la traite négrière, l’esclavage et les révoltes qui ont
précédé son abolition définitive. Par ailleurs, les enseignements d’éducation civique, de lettres, de
philosophie, de langues étrangères ou encore d’éducation musicale et d’arts plastiques permettent des
éclairages nombreux et variés de cette question.
Les approches transversales, au croisement des dimensions historiques, linguistiques, littéraires et
artistiques, sont par ailleurs les bienvenues. Le thème de l’esclavage pourra ainsi être abordé, par
exemple, dans le cadre d’une réflexion pluridisciplinaire sur les droits de l’homme ; ou encore au sein
d’un projet d’éducation artistique et culturelle centré sur l’apport créatif des cultures métisses.
Les journées de commémoration, des projets spécifiques, des classes culturelles dédiées et des
expositions renforceront ces enseignements.
Elles seront également l’occasion d’élargir la réflexion à des problématiques actuelles comme la traite
des êtres humains, travail des enfants, travail forcé, etc.
Les académies sont invitées à valoriser les initiatives locales. Elles veilleront notamment à signaler les
meilleures réalisations au titre de la mémoire de la traite négrière et de l’esclavage dans le cadre du Prix
des droits de l’homme - René Cassin qui, outre les contributions des équipes autour du thème choisi
annuellement, peut également récompenser des projets ou des actions concrètes réalisés dans les
établissements.
Pour le ministre de l’éducation nationale et par délégation,
Le directeur général de l’enseignement scolaire
Jean-Louis NEMBRINI
- 113 -
5.
DE
L’ESCLAVAGE
D’HIER
A
L’ESCLAVAGE
D’AUJOURD’HUI : IMAGES ET MEMOIRES DE L’ESCLAVAGE
A L’ECRAN, ESSAI DE FILMOGRAPHIE POUR LA CLASSE
La filmographie présentée par l’article 314 du site internet www.cinehig.clionautes.org est loin
d’être exhaustive sur le sujet. Elle propose simplement quelques références en s’appuyant sur le fond
de la Médiathèque des Trois Mondes et sur les programmations du festival regards sur l’esclavage.
A partir de cette liste, quelques thématiques peuvent être dégagées au regard des programmes
de la classe de cinquième et quatrième au collège et de seconde et terminale au lycée.
1- HIER : regards sur l’Histoire de l’esclavage
Addanggaman, Roi nègre de Roger Gnoan M’Bala, fiction, Côte d’Ivoire, 95 min, 2000.
Au 18e siècle, un village du golfe de Guinée est terrorisé par Addanggaman, roi cruel et tyran
esclavagiste qui échange des prisonniers contre des armes et des produits européens. Ossei, ne
pouvant épouser la femme qu’il aime, refuse le mariage arrangé par sa famille et s’enfuit. Pendant son
absence, le village est ravagé par une attaque d’Addanggaman.
Amistad de Steven Spielberg, fiction, Etats-Unis, 152 min, 1998.
Il retrace l’odyssée d’un navire négrier aux lendemains de l’interdiction de la traite en 1839.
Caprices d’un fleuve (Les) de Bernard Gireaudeau, France, 110 min, 1996
En 1786, à la veille de la Révolution française, le vicomte Jean-François de La plaine est exilé
sur les côtes d’Afrique de l’ouest pour avoir tué en duel l’ami du roi. Devenu gouverneur de Port
Saint-Louis, un comptoir de sable livré aux caprices du fleuve, il est alors confronté à l’hypocrisie, la
corruption et l’esclavage.
Manderlay de Lars VAN TRIER, fiction, Etats-Unis, 140 min, 2005.
Manderlay est le second volet d’une trilogie de Lars Van Trier sur l’Amérique entamée en 2003
avec Dogville. C’est une comédie morale ambiguë sur le passage d’état d’esclave à celui d’affranchi.
1802, l’épopée guadeloupéenne de Christian Lara, fiction historique, 100 min, 2003.
Paris, 1802, Napoléon Bonaparte organise sa conquête du pouvoir. Mais d’abord, il entend
rétablir l’autorité de la France et l’esclavage à Saint-Domingue et en Guadeloupe. C’est le début de
1802, l’épopée guadeloupéenne.
Passage du milieu (Le) de Guy Deslauriers, docu-fiction, Martinique, 77 min, 1999.
Cette fiction-documentaire aborde l’esclavage en reconstituant la traversée d’un bateau négrier
sénégalais vers les Amériques. C’est la vie à fond de cale que l’africain anonyme raconte.
Tropiques amers de Jean-Claude Flamand Barny, fiction 6 × 52 min, France, 2006.
C’est une grande fresque romanesque et historique sur l’esclavage aux Antilles françaises au
17e siècle. Elle se déroule à la Martinique, dans une plantation de Cannes à sucre, entre 1875 et 1810.
Courage des autres (Le), de Christian Richard, fiction, 92 min, Burkina Faso, 1982
Au début du siècle dernier, quelque part en Afrique, un marché de brousse est attaqué par des
cavaliers esclavagistes. Parmi les trente hommes et femmes capturés, un homme mystérieux, interprété
par Sotigui Kouyaté, va aider, grâce à sa force spirituelle, les esclaves à se révolter.
Karukéra Gorée, mémoire de demain de Tony Coco-Viloin, documentaire, Guadeloupe,
2003.
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200 ans après la révolte de Kakuréra (nom donné à la Guadeloupe et qui signifie l’île aux
émeraudes), une statue de la liberté est offerte.
Nat Turner : a Troublesome Property de Charles Burnett, fiction, Etats-Unis, 58 min, 2003.
Ce film présente la vie de Nat Turner pendant les années 1830-1831, lors de sa violente
rébellion. C’est la première véritable révolte importante dans l’histoire de l’esclavage américain. Nat
Turner est alors devenu un héros de la communauté noire.
Nightjohn de Charles Bunett, fiction, Etats-Unis, 86min, 1996.
Dans une plantation du Sud des Etats-Unis, quelques années après la déclaration d’indépendance (1776), la vie d’une
jeune esclave change à jamais lorsqu’un autre esclave, un adulte, Night John, lui apprend secrètement à lire et à écrire.
Racines de John Erman, fiction, Etats-Unis, 573 min, 1977.
En 1750, dans un village de Gambie en Afrique occidentale, Binta, la femme du guerrier Omoro, met au monde leur
premier-né, Kunta Kinte. Quinze ans plus tard, Kunta Kinte, adolescent insouciant, attend d’être initié à la vie adulte.
Au même moment, à Annapolis, dans le Maryland, le capitaine Thomas Davis reçoit le commandement du « lord
Ligonier » : un bateau qui va partir pour l’Afrique chercher une cargaison d’esclaves. La grande Histoire tragique de
l’esclavage réunit les deux continents. Kunta Kinte est vendu comme esclave et débarque aux Etats-Unis en 1767.
Refusant sa destinée, Kunta résiste...
Rue cases nègres d’Euzhan Palcy, fiction, France, 103 min, 1983.
La rue cases-nègres, c’est deux rangées de cabanes en bois de chaque côté d’une route en terre battue. C’est le quartier
résidentiel des damnés de la canne à sucre. Et pour éviter de se fixer dans la Rue, il faut décrocher de la canne, il faut
s’instruire...
Traite des noirs et esclavage aux XVIIIe et XIXe siècles de Jean-Marc Masseaut et Michel
Moreau, documentaire, France, 52 minutes, 1999.
Ultima cena (La) de Tomas Gutierrez Alea, fiction, 120 min, Cuba, 1976.
Un riche propriétaire terrien invite, un Jeudi Saint, douze esclaves noirs à sa table. Le lendemain, le maître montre son
vrai visage en réprimant sauvagement leur révolte.
Victor Schœlcher de Paul Vecchiali, fiction documentaire, 90 min, 1998.
Ce film retrace le combat d’un homme pour l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises.
2- Aujourd’hui : Mémoires d’esclavages
De la quête des racines
An Alè de Irène Lichtenstein, « Documentaire-fiction », Suisse, Sénégal, 70 min, 1990.
Le film évoque la douloureuse et perpétuelle quête de leurs racines par les africains de la diaspora. C’est à travers la
chanteuse haïtienne Toto Bissainthe que ce film aborde la recherche de la mémoire sur fond d’évocation de l’esclavage et de
la déportation de millions d’Africains.
Karukera de Marie-Chantal Aiello et Paul Saadoun, documentaire, 2×50 min, 13 production, France
3, 1992.
Ce documentaire en deux volets explore les traces de l’Histoire et notamment celles laissées par l’esclavage en
Guadeloupe.
Little Senegal de Rachid Bouchared, fiction, Afrique/Etats-Unis, 93min, 2003.
Alloune, guide à la maison des esclaves de Gorée, part à la recherche de descendants de ses ancêtres, déportés comme
esclaves. Son périple le mène des plantations du Sud des Etats-Unis au quartier africain de Harlem : Little Senegal
- 115 -
(qui porte d’ailleurs le titre du film). Dans ce film Rachid Bouchared montre que les afro-américains ignorent tout de
leurs racines et considèrent les africains nouvellement arrivés comme une menace à leur intégration économique et sociale.
Mémoires d’esclavages de François Rabaté, documentaire, 52 min, France.
Ce documentaire apporte une réflexion sur la négritude et pose le problème de l’intégration des noirs dans la société
française d’aujourd’hui.
Nantes, archéologie de la mémoire de Kitia Touré, documentaire, 20 min, France, 1999.
Dans ce documentaire, l’ivoirien Kitia Touré s’intéresse aux traces de l’esclavage dans une ville occidentale : Nantes. Ce
film s’appuie sur une exposition autour de la traite organisée dans cette ville.
Noires mémoires de François Rabaté, Documentaire, 90 min, France.
Ce documentaire retrace l’histoire de la traite négrière à travers les représentation de la mémoire ou plutôt des mémoires.
Sur les traces de la mémoire. Les coulisses de la marche du 21 juin 1998 à Paris de Uteka Liroy
et Joël Liroy, documentaire suivi de témoignages, 1998.
Ce film commémore le 150e anniversaire de la deuxième abolition de l’esclavage dans les colonies françaises.
Testament de John Akomfrah, fiction, Grande-Bretagne, 80 min, 1988.
Ce film retrace le portrait lyrique d’une jeune présentatrice de télévision anglaise d’origine ghanéenne qui retourne dans
son pays natal en 1988, après 22 ans d’exil. A l’époque, la journaliste était ministre et a fui le Ghana après le coup
d’Etat contre les dirigeant indépendantiste, Khame Nkrumah. Elle revient, caméra à l’épaule, pour filmer ceux qui,
comme elle, font un retour aux sources. Retour en arrière, jusqu’à la période de l’esclavage, incursion vers l’avenir. Un
film sur la mémoire et la manière dont elle affecte les vies.
3…. à l’esclavage moderne :
Esclaves d’hier et d’aujourd’hui de Georges Pernoud, Thalassa, documentaire, France 3.
La femme seule de Brahim Fritah, documentaire, production films sauvages, 23 min, 2004.
Ce film est un témoignage raconte la trajectoire d’une jeune femme togolaise et pose le problème de l’esclavage moderne.
La noire de... de Sembène Ousmane , 1966.
Une jeune bonne sénégalaise suit ses patrons français retournant dans leur pays, à Antibes. Cependant après le plaisir
de la découverte, Diouana doit faire face à l’isolement, au mépris de ses patrons, au racisme ambiant, aux tâches
ménagères incessantes...
L’esclavage crime contre l’humanité de Tony Covo-Viloin, documentaire historique, 10 min, 1998.
Aujourd’hui l’esclavage est considéré comme un crime contre l’humanité.
Trafic d’enfants de Nils Tavernier, documentaire, Paris, Little Bear, 2001.
Ce documentaire montre des enfants esclaves et dénonce la violence exercée sur ces enfants en Afrique aujourd’hui.
Vies d’esclaves de Dominique Torres, Documentaire société, 55 min, 1996.
Aujourd’hui, l’esclavage n’a pas partout disparu. Au Sierra Leone beaucoup d’enfants sont encore concernés.
- 116 -
6. L’invocation aux ancêtres. Texte trilingue lu le 10 mai 2007 à
l’Entre-Deux, La Réunion.
Environ 200 à 250 personnes ont répondu à l’invitation de l’association “Capitaine Dimitile”, pour
une journée de commémoration, d’invocation des ancêtres et de célébration festive, au bout du
chemin Bœuf, à l’Entre-Deux.
Invocation en malgache
Tonga eto izahay ry razana hajaina, hangata-dalana amin‚ izao fomba sy fampisehoana ho ataonay
etoana. Mitsangana eto izahay daholobe avy eto la Reunion, avy any Madagasikara, avy any Afrika, avy
any Europa na avy any tany hafa maro koa tsy ho voatanisa eto, hangataka fitahiana, fahasoavana
aminareo ary indrindra indrindra hankalaza ny andro nanafoanana ny fanandevozana eo amin‚ ny
sehatra nasionaly frantsay ary ny fahafolo ny volana mey ny daty natokatana hon‚io andro io.
Androany andro fety, tsy miasa ny olona, ary dia maro ny tapaka sy namana naniry hanatrika an‚izao
fomba sy fampisehoana izao. Andro fety hoy aho, ary andro fahatsiarovana koa. Andro fahatsiarovana
ireo olona tsy hita velively izay namoy ny ainy, izay novonoina, ary koa izay nikomy sy nijaly teo
amin‚ny fanandevozana ary teo am-pitadiavana ny fahafahana. Noho izany, ireto ny zavatra kely
atolotryny raiamandreny Miko amin‚ny anaranay rehetra. Atolotra am-panajana.
Traduction créole
Zordi, nou lé la, pou demann azot - azot nout vié zansèt n’i réspèk, n’i yème -, nou lé la pou demann
azot donn anou le droi fé sérémoni-la, la fèt-la, in fèt, in sérémoni nou la-prépar pou zot. Nout tout,
tout ansanm, n’i debout atér-la. N’i sort dann tout péi : La Rénion, Madégaskar, Lafrik, Lérop, plin
d’ot péi ankor, tèlman n’ péi nou lé mèm pa kapab donn tout le nom. N’i vien demann azot avèy desi
nou, béni anou. N’i vien, pli prinsipal ankor, fé arviv, èk zot, lo souvnans ofisièl labolision lesklavaz.
N’i vien, zordi, atérla, n’i vien fé éklate nout joie pou sa gran zour-labolision-la. In bon pé demoun la
vni Dimitil pou sa. La fèt, zordi ! Vré pou vréman, la fèt zordi. An minm tan, sa in zour pou la
souvnans, lo souvnir : n’i mazine tout bann fanm, bann bononm lé mor, bann‚a la tié. Tout sak la
révolté kont lésklavaz, tout sat la rode - ki mér ki vi ! - la Liberté. Pou samèm, Gramoun Miko, i
prézant azot, pou nout tout, bann kado-la, konm in déklarasion nout réspé, nout lamour pou zot,
azot, nout vié zansèt la fine alé.
Traduction française
Nous voici, Ancêtres vénérés, pour vous demander de nous permettre d’accomplir ici les rites et la
fête que nous avons préparés. Nous nous tenons tous ensemble ici debout, venus de toutes parts, de
La Réunion, de Madagascar, d’Afrique, d’Europe et de nombreux autres pays que nous ne saurions
tous énumérer ici. Nous venons pour vous demander votre protection, votre bénédiction, et pardessus nous venons célébrer la commémoration nationale de l’abolition de l’esclavage. Nous la
célébrons ici aujourd’hui, car c’est jour de fête et nombreux sont les gens qui ont tenu à venir ici au
Dimitile pour ce grand jour. Oui c’est un jour de fête, et c’est aussi un jour de recueillement car nous
pensons à ces hommes et femmes innombrables qui sont morts, que l’on a tués, qui se sont révoltés
dans l’esclavage comme dans leur recherche infatigable de la liberté. C’est pourquoi notre père et mère
(= Ancien investi d’une autorité spirituelle) Monsieur Miko vous présente, en notre nom à tous ces
offrandes, en gage de respect, et d’hommage.
- 117 -
7. Intervention de M. Christian PONCELET, Président du Sénat, à
l'issue de l'inauguration de la sculpture de Fabrice Hyber le cri, l'écrit
en mémoire de l'esclavage, de la traite négrière et de leurs abolitions,
jeudi 10 mai 2007.
Messieurs les Ministres, mes chers collègues, cher Fabrice Hyber, Mesdames et Messieurs, chers
amis,
L'an dernier, j'avais, avec le Bureau du Sénat, choisi d'honorer l'Outre-Mer en accueillant dans le
jardin du Luxembourg une magnifique installation de l'artiste guadeloupéenne Léa de SaintJulien, la Forêt des Mânes, qui évoquait la diversité des origines des habitants de l'outre mer
français.
Le Président de la République avait choisi, le 10 mai 2006, ce cadre exceptionnel pour célébrer la
première commémoration en métropole de l'esclavage, de la traite négrière et de leurs abolitions.
Il avait, à cette occasion, annoncé l'édification d'un monument qui demeurerait le signe pérenne
de cette volonté nationale de remémoration.
Le Sénat est aujourd'hui heureux et fier de l'inauguration de cette sculpture qui, de manière
inédite et forte, a rassemblé dans l'enceinte du Sénat le Président de la République dans le
dernier acte de son mandat, et le Président nouvellement élu pour la première célébration
nationale à laquelle il participe avant la passation des pouvoirs.
Cette cérémonie émouvante à laquelle nous venons d'assister a d'autant plus de sens à nos yeux
qu'elle souligne le rôle éminent du Sénat, assemblée de Victor Schœlcher, dans le vote de tous les
textes qui ont supprimé cette infamie.
La chanson du chevalier de Piis, en 1794, saluait l'abolition réalisée par -je cite- notre « Sénat
respectable ». Fabrice Hyber, aujourd'hui, en intitulant son oeuvre, « le cri, l'écrit » a voulu
montrer qu'au cri des opprimés, répondait l'écrit des lois libératrices.
Je voudrais bien sûr, en concluant, féliciter chaleureusement Fabrice Hyber, l'un des artistes
contemporains les plus marquants de notre scène artistique, qui a remporté le concours avec une
oeuvre forte qui devient la première oeuvre d'art contemporain du jardin du Luxembourg. C'est
un fait notable pour le Sénat, particulièrement apprécié par son Président qui, depuis le début de
son mandat, a souhaité que notre assemblée soit engagée avec éclat et aussi pleinement que
possible dans la vie artistique de notre pays.
Je vous remercie de votre attention.
- 118 -
8. Textes et dates inscrits sur la plaque accompagnant le monument
Le cri, l’écrit inauguré le 10 mai 2007 au jardin du Luxembourg.
Du côté du monument :
Monsieur Jacques Chirac
Président de la République
a inauguré cette oeuvre le 10 mai 2007
à l'occasion de la journée commémorant en métropole
la mémoire de la traite négrière,
de l'esclavage et de leurs abolitions.
Le cri, l'écrit
Fabrice Yber
2007
Le cri c'est la marque de l'abolition de l'esclavage mais aussi la mise en garde contre l'esclavage
moderne.
Le cri est de peurs, de larmes mais aussi de joie.
Le cri est une métaphore de cet asservissement qui a été aboli par les textes.
Le cri c'est un dessin dans l'espace; pour le jardin devant le Sénat, il fallait un écrit!
L'abolition de l'esclavage c'est l'anneau de chaine ouvert, l'anneau fermé c'est que tout peut
recommencer,
et le piètement c'est le retour aux racines, c'est aussi la Terre qui est un hurlement...
Du côté de l'allée :
debout dans les cordages
debout à la barre
debout à la boussole
debout à la carte
debout sous les étoiles
debout et libre
Aimé Césaire
Cahier d'un retour au pays natal
4 février 1794 : 1ère abolition de l'esclavage dans les colonies françaises
17 mai 1802 : rétablissement de l'esclavage dans les colonies françaises
27 avril 1848 : abolition définitive de l'esclavage dans les colonies françaises
22 mai Martinique
27 mai Guadeloupe
10 juin Guyane
20 décembre La Réunion
10 mai 2001: vote de la loi reconnaissant l'esclavage comme un crime contre l'humanité
10 mai 2006 : 1ère commémoration en métropole de l'abolition de l'esclavage
"Le cri, l'écrit" est une commande publique de l'Etat (Ministère de la culture et de la communication)
- 119 -
9. Lettre du comité pour la mémoire de l’esclavage au ministre de
l’éducation, octobre 2007
Monsieur le Ministre
Le Comité pour la mémoire de l’esclavage prend acte des évolutions au sein de l’Education Nationale
en faveur d’une meilleure prise en compte de l’importance de l’histoire de la traite négrière, de
l’esclavage et de leurs abolitions.
La présence de nombreuses classes d’écoles primaires, de collèges et de lycées lors de la
commémoration du 10 mai 2007 au jardin du Luxembourg ainsi que l’organisation par le Sénat d’un
concert des œuvres du Chevalier de Saint-Georges à destination des scolaires ont souligné
l’importance de cette question dans l’histoire nationale. Ces manifestations auront contribué
également à mettre en valeur les établissements qui se sont investis dans des démarches innovantes.
Les nombreuses actions dans les écoles de France métropolitaine et dans l’outre-mer montrent que
très rapidement le 10 mai a été intégré aux activités éducatives.
La prise en compte par les nouveaux manuels scolaires de 4e de la question de la traite négrière et de
l’esclavage, avant même tout changement des programmes, témoigne également de la meilleure prise
en compte de cette part de l’histoire nationale que le CPME appelle de ses vœux.
La circulaire de l’Inspection générale d’histoire-géographie et d’éducation civique indiquant aux
enseignants de ces disciplines une relecture des programmes en conformité avec les impératifs du
socle commun de connaissances et de compétences a également précisé combien la question était
importante dans l’étude de l’Afrique en 5e ou dans l’étude du grand commerce européen aux XVIIe et
XVIIIe siècles.
Le CPME espère donc que les nouveaux programmes qui s’appliqueront au collège à partir de la
rentrée 2008 viendront formaliser ces premières étapes vers une approche renouvelée de notre histoire
nationale intégrant les problématiques les plus récentes de la recherche universitaire.
Le CPME tient également pour positive l’intégration au Concours des droits de l’homme René Cassin
des productions pédagogiques ayant trait à la traite négrière et l’esclavage, même si la lisibilité de ce
concours demande à être améliorée. Il serait souhaitable que l’existence de ce concours soit davantage
portée à la connaissance des enseignants et que le jury rende son palmarès avant la fin de l’année
scolaire correspondant à la date de l’inscription des établissements au concours.
Le CPME a également pris acte du B.O. du 5 avril 2007 définissant le socle commun de compétences
et de connaissances pour l’école primaire. Le CPME avait noté dans ses précédents rapports les
différents points d’ancrage de cette histoire apparus dans les programmes de 2002 (groupes,
personnages et dates repères). Il souligne l’importance d’intégrer dans les temps forts du socle
commun de connaissances une formulation explicite de l’importance de la traite négrière et de
l’esclavage dans l’histoire nationale. Il est également souhaitable que les documents
d’accompagnements qui resteront associés au socle commun ne fassent pas disparaître les acquis des
programmes de 2002.
- 120 -
Par ailleurs, le CPME insiste sur la nécessaire prise en compte par les Plans Académiques de
Formation de la question de l’enseignement de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions. Il
invite au développement d’actions pédagogiques innovantes et de leur mise en réseau au sein de
chaque Académie.
Enfin, le CPME rappelle que ces actions doivent être impérativement liées à la création d’un Centre
national de mémoire et d’histoire sur les esclavages (espace de documentation, de ressources et de
recherche universitaire). Ces objectifs demeurent des impératifs si l’on désire développer, à travers
l’enseignement scolaire, une meilleure connaissance de notre histoire nationale.
La vice-présidente du Comité pour la mémoire de
l’esclavage
Françoise Vergès
Monsieur Xavier Darcos
Ministre de l’éducation nationale
110 rue de Grenelle
75007 Paris
- 121 -
10. Crédits des images et illustrations
Tous nos remerciements vont à celles et à ceux qui nous ont permis de rédiger et illustrer ce rapport. Dans le cas où une
erreur, un oubli se serait glissés dans les crédits merci de nous en prévenir.
Page de couverture
© site paris1900.lartnouveau.com
Partie I. Éducation nationale
© M.-H. Dumeste. Collégiens à l’Assemblée nationale le 10 mai 2007 (concert de Saint-George)
© Couverture de Deux graines de cacao. Hachette Jeunesse
© M.-H. Dumeste. Collégiens à l’Assemblée nationale le 10 mai 2007 (concert de Saint-George)
© Logo du dossier Traites négrières, esclavage et abolitions. Site internet du centre national de documentation
pédagogique.
© Cidem. Kit pédagogique sur l’esclavage.
© Collège Saint-André de Choisy-le-Roi
© Affiche du projet Mémoire de l’esclavage du lycée de l’Essouriau, Les Ulis.
© Valise sur la traite négrière. Académie de Nantes
© Affiche et photographies du spectacle sur Saint-George, collège Victor Hugo de Saint-Yorre
© Travaux d’élèves. Collège de Désertine (Allier)
© Site internet Académie de Poitiers.
© Collège Jacques-Yves Cousteau de Caudelec-lès-Elbeuf
Partie II Recherche
© Logo du programme « Briser le silence » ©Unesco
© Autrement. Carte de L’Atlas des esclavages
© Affiche prix du CPME. Secrétariat d’État à l’outre-mer
© Révolte de Saint-Leu, La Réunion. http://www.historun.com
© Musée d’Aquitaine. Vue d’une habitation à la Havane, Cuba
Partie III Culture et patrimoine
© Documentation française. Couverture du Guide des sources
© Site internet « L’histoire par l’image », page d’accueil
© Lettre d’Arago à Schœlcher, Archives départementales de Martinique. Cliché M.-H. Dumeste
© Archives départementales de la Martinique : Incendie du Cap Français ; Nègre suspendu ; Manière dont combattent les
Nègres, entre les buissons ; Marche à travers un marais de la Guyane.
© Archives départementales de Loire-Atlantique, extrait d’une lettre de Sévère Hérault, économe de la plantation le
Mont-Plaisant et membre de la milice de Cayenne, à sa sœur Léonice
© Musée d’Aquitaine, Théodore Bray, Trois nègres marrons, à Surinam.
© Photo RMN / © Gérard Blot. Jean-Baptiste Belley par Girodet, Versailles, musée national du château et de
Trianon
Partie IV Manifestations du 10 mai
Paris et Ile-de-France
© Service photographique de la Présidence de la République - D. Noizet -Tous droits réservés. cérémonie
officielle autour du monument du jardin du Luxembourg. Trois photographies.
© M.-H. Dumeste, Assemblée nationale, pendant le concert. Trois photographies.
©Assemblée Nationale. Les membres du CPME et le président, M. Ollier. Photographie.
© GOF Grand Orient de France. Panthéon, affiche
©Musée Dapper, affiche
© Tropiques Amers.com, visuel
© La Noire de…, affiche du film.
- 122 -
© Le courage des autres…, affiche du film.
© CFDT, affiche pour le 10 mai
© association Histoire et Vies, plaques V. Schœlcher
© Karribean-Spirit.Com, le 10 mai 2007 place de la Nation. Deux photographies
© Photo-vidéo Aleks Cwietkow, Paris-France-Terre, 06 1164 15 66. Colloque AIDE
© CRAN, affiche du colloque « Écrire l’histoire, l’histoire de l’esclavage… »
© Difé kako
© Africaphonie
© Modeste, album Ewe
© Esclaves au Paradis… Céline Anaya Gautier (affiche et photographie)
© Requiem noir, affiche et photographie des musiciens
© ville d’Aubervilliers
© ville de Bagneux, deux photographies
©Josiah Henson, gravure
© association Carrefour du soleil, affiche pour le 10 mai 2007
© http://www.zanzibart.com/suzyronel/accueil.htm. Serge Tamar et Suzy Ronel, portraits
© Ville de Clichy, affiche
© Association Acupa. [email protected]. Affiche Slamer’Delight.
© Ville de Drancy, quatre photographies
© Ville de Houilles
© Ville de l’Île-Saint-Denis
© association Agapè France. affiche, colloque « Christianisme, esclavage, liberté et mémoire », affiche et image.
© photographie, Passage du Milieu de Guy Deslauriers
© Association Catharsis. Montreuil, affiche Visions d’esclavage
© Association Poupées des Tropiques.
© Groupe Bwakoré
© Ville Saint-Leu d’Esserent.
© Mimi Barthélemy. Le Vésinet. Le Fulgurant.
© Ville de Sarcelles, affiche « Bouts de vie, points de vue »
© Ville d’Evry, affiche pour le 10 mai
Régions métropolitaines
© La route des Abolitions, photographie et visuel
© Association Dodol Océan Indien (ADOI) de Metz, affiche pour le 10 mai
© Musée d’Aquitaine, affiche exposition sur le Vaudou
© France 3 Aquitaine Plaque commémorative de l'esclavage apposée sur les quais de Bordeaux
© Bibliothèque Truffaut de Petit Quevilly affiche pour le 10 mai 2006
© François Jouffroy (1806-1882), marbre de Lamartine, 1843 ©Musée Lamartine, clichés musées de Macon.
Lamartine, Henri Decaisne (1799 – 1852), huile sur toile,1839. ©Musée Lamartine, clichés musées de Macon.
© Archives départementales du Morbihan
© Association OUPNA
© Ville de Montpellier, journal Notre ville, numéro de juin 2007, n°314.
© affiche du film La Ultima Cena
© Musée d’Aquitaine, Portrait équestre de Toussaint Louverture sur son cheval Bel-Argent,
© Mairie de Lille et association Formation Assistance
© Musée des Ducs de Bretagne. Reconstitution en 3D
© Ville de Nantes. Image de synthèse du projet de Mémorial.
© Ville de Saint-Leu d’Esserent
© Serge Diantantu. Affiche pour l’exposition au musée du Nouveau-Monde.
© Serge Diantantu
© Ville de Rochefort
© cliché M.-H. Dumeste
© site blog mamzel-simone.over-blog.com. Le 10 mai à Marseille. Lecture de poèmes par Mademoiselle
Simone
© 10mai.org. Affiche pour le 10 mai 2007
© Le cadran de Vénissieux, MJC, affiche pour le 10 mai 2007
© Affiche film Little Senegal
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© Site Gilles Kuntz.fr. plaque commémorative inaugurée le 14 mai 2005 à Grenoble
© blog de Michel Destog. Discours du maire de Grenoble
Régions d’outre-mer
© Collège de Saint-Yorre
© Association Kakrémentô
© Musée d’Aquitaine
© S. Bilé, photographies
© Service des Archives départementales de la Martinique (affiches colloque enseignement)
© Comité afro-créole, Nouvelle-Calédonie
© Runweb. www.runweb.com. Deux photographies, l’appel aux ancêtres, et la vue sur les remparts du plateau
du Dimitile
Etranger
© Festival international du conte de Gorée, affiche
© photographie morne ©mauritius iocp
© Musée Victoria et Albert, Londres
Médias
© Capture Public Sénat
© mémorial anse Caffard
© Tropiques Amers, affiche
© Marie-Hélène Dumeste, portrait de Firmine Richard
© Chaîne Histoire
© Gallimard. Toussaint Louverture ; Histoires de l’esclavage ; Mémoires de l’esclavage
© Arléa, De la traite et de l’esclavage des Noirs
© Rotpunktverlag
© PUF, Esclavage et colonisation
© La Découverte, Les Ames du peuple noir
© Bayard, La question noire
© Evene.fr, illustration de l’article de Thomas Yadan.
Quatrième de couverture
©M. H. Dumeste. Tableau portrait du chevalier Saint-George, et accueil des membres du CPME par le
Président Ollier, lors du concert à l’Assemblée, 10 mai 2007
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Le comité pour la mémoire de l’esclavage
Le comité pour la mémoire de l’esclavage, institué par le décret du 5 janvier 2004 en application de la
loi adoptée le 10 mai 2001 qualifiant la traite négrière et l’esclavage de crime contre l’humanité a pour
mission de proposer au Premier ministre la date de la commémoration annuelle, en France
métropolitaine, de l’abolition de l’esclavage.
Il propose aux ministres chargés de l’intérieur, de la culture et de l’outre-mer l’identification des lieux
de célébration et de mémoire sur l’ensemble du territoire national et des actions de sensibilisation du
public.
Il a également pour mission de proposer aux ministres chargés de l’éducation nationale, de
l’enseignement supérieur et de la recherche des mesures d’adaptation des programmes d’enseignement
scolaire, des actions de sensibilisation dans les établissements scolaires et de suggérer des programmes
de recherche en histoire et dans les autres sciences humaines dans le domaine de la traite ou de
l’esclavage.
Il décerne un prix et remet un rapport annuel au Premier ministre.
L’accueil de membres du CPME par le président de l’Assemblée et portrait du chevalier Saint-George à hôtel de
Lassay, durant le concert du 10 mai 2007

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