Le symbolisme du labyrinthe - Université Populaire de Philosophie

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Le symbolisme du labyrinthe - Université Populaire de Philosophie
CONFÉRENCE DU FORUM DES SAVOIRS
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
LE SYMBOLISME DU LABYRINTHE
Symbole de la condition humaine
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Email : [email protected]
Site : www.alderan-philo.org
conférence N°1000-062
LE SYMBOLISME DU LABYRINTHE
Symbole de la condition humaine
conférence d’Éric Lowen donnée le 3/9/2014
à la Maison de la philosophie à Toulouse
La figure du labyrinthe se trouve dans de nombreuses traditions : de la Crète minoenne à
Cnossos à l’Amérique précolombienne, de la Norvège néolithique aux cathédrales
chrétiennes... Pourquoi des civilisations si éloignées dans le temps et l’espace ont-elles
développé de manière convergente de telles figures ? Quelles différences entre labyrinthes,
dédales, cheminements et spirales ? Y a-t-il une signification commune à cette figure au-delà
de la diversité des cultures qui l’utilisent ?
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LE SYMBOLISME DU LABYRINTHE
Symbole de la condition humaine
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Le cheminement initiatique du labyrinthe mène au coeur de soi-même.
Carl Gustav Jung
I
PRÉSENTATION
1 - Une figure symbolique récurrente dans les cultures, qui semble archétypale
2 - Ancienneté et quasi-universalité du labyrinthe
3 - Ce qui soulève plusieurs questions
II
LE LABYRINTHE A TRAVERS LES CIVILISATIONS ET L’HISTOIRE
1 - Dans les cultures paléolithiques
2 - Dans les cultures néolithiques européennes
3 - En Australie, omniprésents dans le «temps du rêve»
4 - En Amérique précolombienne
5 - En Chine
6 - En Egypte
7 - La Crète antique, le palais de Cnossos
8 - Dans le monde grec, le mythe classique de Thésée, du Minotaure, de Dédale et d’Icare
9 - Dans la Rome Antique
10 - Dans la Chrétienté médiévale, les labyrinthes cathédrales
11 - En Occident, après la Renaissance, le temps des jardins labyrinthes
12 - Les labyrinthes ludiques, des jeux populaires très anciens
13 - Et dans nôtre culture présente, l’apparition de nouveaux sens labyrinthiques
III
LES DIFFÉRENTS TYPES DE LABYRINTHES
1 - Toute structure labyrinthique n’est pas forcément labyrinthe
2 - Il faut une structure axialisée : du départ vers l’arrivée (point central)
3 - Il faut l’intention signifiante du labyrinthe
4 - Qui dit labyrinthe dit «labyrintheur», maitre du labyrinthe et maitre initiateur
5 - Un temps de mystère, que recèle le labyrinthe ?
6 - Labyrinthes (positif) et Dédales (négatif)
7 - Labyrinthe unicrusal et labyrinthe multicursal
8 - Labyrinthes et spirales, potentiellement proches mais souvent bien différent
IV
LES SIGNIFICATIONS DU LABYRINTHE
1 - Les significations matricielles du labyrinthe, à différencier des significations secondaires
et contextuelles d’utilisation culturelles
2 - Un modèle archétypal de l’existence humaine : symbole de la condition humaine
3 - Le symbole général pour évoquer un itinéraire exigeant, laborieux, menant à un bien supérieur
4 - Des cheminements initiatiques
5 - La quête du centre devient la quête de soi - le labyrinthe intérieur, chemin de sagesse
6 - Labyrinthe protecteur ou labyrinthe prison
7 - Des significations non contradictoires, l’ambivalence du labyrinthe
V
CONCLUSION
1 - Inspiration naturaliste, mais créations humaines
2 - Une spécificité occidentale du labyrinthe en raison du mythe grec
3 - Les labyrinthes, chemins de sagesse - intérieurs et extérieurs
4 - Faire face au labyrinthe extérieur
5 - Affronter notre labyrinthe intérieur pour se trouver soi-même
ORA ET LABORA
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Document 1 : Exemple de peinture rupestre néolithique de nature labyrinthique.
Document 2 : Dans les civilisations scandinaves, la pratique de labyrinthe de cailloux sont courants (ici,
celui en galet de l’île de Wier, Finlande).
Document 3 : En Afrique noire, la représentation du labyrinthe est présente, principalement sous forme de
jeu.
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Document 4 : Le labyrinthe en Amérique.
Labyrinthe en forme de spirale à Nazca (au centre Maria Reiche, la grande spécialiste des géoglyphes de
Nazca). Il servait pour des cheminements cérémoniels.
Couverture de cheval amérindienne.
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Document 5 : Le labyrinthe en Égypte. Selon Hérodote, le labyrinthe le plus ancien aurait été construit par
Amenemhat III, pharaon de la XIIe dynastie, qui aurait fait construire près du lac Moéris (actuel BirketKaroun) un palais funéraire comportant une suite de 3000 salles et couloirs sur plusieurs niveaux.
Cependant, l’interprétation de ce bâtiment comme labyrinthe est une interprétation grecque, à partir du
mythe de Thésée et du Minotaure. Pour les égyptiens, cet édifice était surtout un temple funéraire.
Les Égyptiens s'étaient trouvés libres après le règne d’Héphaïstos. Mais, incapables en tout temps
de vivre sans roi, ils s'en donnèrent douze, en divisant l'Égypte entière en douze lots [...] Une de
leurs décisions fut de laisser un monument commun qui rappelât leurs noms : ceci décidé, ils firent
construire un labyrinthe au-dessus du lac Moéris et proche de la ville qu'on appelle Crocodilopolis .
Hérodote
Livre II, 148
Tablette égyptienne représentant le temple funéraire du Pharaon Amenemhat III à Crocodipolis.
Représentation imaginaire de ce labyrinthe égyptien par d'Athanasius Kircher (1602-1680)
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Document 6 : Le labyrinthe en Crète, lieu d’origine des récits du Minotaure et du palais de Dédale. En
Crète, la plus ancienne représentation labyrinthique retrouvée à ce jour est au revers d'une tablette d'argile
retrouvée à Pylos, elle date de la période minoenne.
Le motif du labyrinthe, qui est repris plus tard sur le monnayage de Cnossos à l’époque antique. Statère
d’argent de Cnossos (450 AJC)
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Document 7 : Paradoxalement, si c’est dans la Grèce antique que se développe le mythe de Thésée et du
Minotaure, de Dédale et d’Icare, les grecs seront peu intéressés par le labyrinthe. Ils seront surtout attentifs
à l’affrontement héroïque de Thésée contre le Minotaure, de même qu’à l’exemple positif de Dédale
(incarnation de la mesure) et à l’exemple négatif d’Icare, incarnation de l’Hubris.
Thésée tue le Minotaure (amphore à figures rouges, Louvre).
Chute d'Icare par Saraceni.
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Document 8 : Le labyrinthe à l’époque romaine. Les romains, reprenant le mythe de Thésée et du
Minotaure, seront eux beaucoup plus attentifs au labyrinthe et à sa signification. Il deviendra une
représentation autonome, acquérant de plus en plus d’importance.
Mosaïque romaine de Rhétie représentant le labyrinthe, Thésée et le Minotaure.
Fresque de la villa du labyrinthe à Pompéi.
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Document 9 : Exemple de résurgence de la figure du labyrinthe dans la chrétienté : labyrinthe circulaire
simple de la Cathédrale de Chartres sur base carré (4) élémentaire (les 4 éléments et surtout les 4
évangélistes) à finalité 6 (normalement divisé en 2, soit 12, chiffre total des apôtres). Le labyrinthe est
composé de onze anneaux (plus 1, celui du centre). A l’extérieur, un cercle de 113 festons gravés de vers du
miserere.
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Document 10 : Labyrinthe orthogonal (8) sur base carrée de la cathédrale d’Amiens (construit vers 1230,
détruit en 1828, reconstruit à l’identique en 1894).
Labyrinthe de la cathédrale d'Amiens.
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En 1288 était posée entre la quatrième et cinquième travée de la nef centrale, une dalle en
carreaux de pierre bleu-noir de Belgique et de pierre blanche de Senlis, représentant un
labyrinthe de forme octogonale contenu dans un carré de 12 m 14 de côté. Au centre une pierre
de forme octogonale portait sur son pourtour une inscription en patois picard gravée sur une
bande de cuivre : « (Pour) Mémoire quand l'œuvre de l'église de céans fut commencée et finie il
est écrit au milieu de la maison de Dédale, en l'an de grâce 1220, fut l'œuvre de céans
premièrement commencée, Evrard évêque béni et le roi de France Louis qui fut fils de Philippe
le Sage. Le maître d'œuvre est Maître Robert surnommé de Luzarches. Maître Thomas fut
après lui (surnommé) de Cormont, et après lui son fils Maître Regnault qui fut maître d'œuvre fit
placer cette inscription l'an de l'incarnation 1288 ». (transcription moderne, Remarquez l'erreur :
en 1220 le roi était encore Philippe Auguste et non son fils Louis VIII). Au centre de la pierre
était figurée une croix fleuronnée, tracée non pas dans l'axe de l'église, mais suivant les
diagonales de l'octogone: les branches indiquaient de la sorte la direction des points cardinaux.
A leur extrémité un ange; entre elles, les figures de l'évêque fondateur, Evrard de Fouilloy, et les
maîtres-maçons, Robert de Luzarches, Thomas de Cormont, Renaud de Cormont.
Véronique ALEMANY
La Cathédrale d'Amiens (Catalogue de l'Exposition 1980-1981, p. 124)
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Document 11 : Labyrinthe erratique sur base carrée de la cathédrale de Saint-Omer (construit au XIIème.
Cette figure géométrique carrée est réalisée à partir d'un assemblage de 2 401 carreaux, 1 240 noirs et 1
161 blancs et 49 par côté. Le labyrinthe est la copie, au quart de sa grandeur, de celui qui se trouvait dans le
transfert nord de l'abbaye Saint-Bertin (aujourd’hui détruit). Cette figure donne l'impression d'un long
méandre blanc qui permet de gagner un centre lumineux constitué de neuf carreaux blancs placés au pied
d'une croix noire. Il se veut symbole des difficultés de la vie sur le chemin qui conduit à Dieu.
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Document 12 : A la Renaissance, la culture humaniste remet à l’honneur le récit de Thésée et du Minotaure,
du labyrinthe et d’Ariane, qui devient ainsi un élément de la culture classique.
«La maison de Dédale avec, au centre, le Minotaure», miniature du Liber Florldus de Lambert,
manuscrit du XVème siècle (Musée Condé de Chantilly).
Le combat de Thésée et du Minotaure, détail d'un tableau représentant l'histoire de Thésée. Peinture du
Maître des Cassoni Campana – peinture italienne fin XVème-début du XVIème siècle.
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Document 13 : Autre grand classique de l’adaptation du labyrinthe, les jardins labyrinthes. À la
Renaissance, les jardins italiens multiplient les labyrinthes : on s’y promène, on s’y perd, on y complote, on y
badine. Cette légèreté efface le caractère sacré et parfois menaçant des grands labyrinthes anciens, ceux
des cathédrales gothiques, ceux de la Grèce du Minotaure.
Ici, celui de Versailles réalisé par Le Nôtre, malheureusement détruit à la révolution.
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Document 14 : Le Labyrinthe du parc du château de Merville près de Toulouse est un des plus grands
labyrinthes de buis d’Europe. Il est classé Monument Historique et labellisé Jardin Remarquable. Elaboré au
XVIIIe siècle par le Marquis de Chalvet-Rochemonteix, Sénéchal de Toulouse, il constitue aujourd’hui une
des plus originales promenades de la région toulousaine.
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Document 15 : Depuis les années 1990, les jardins labyrinthe sont redevenus à la mode et se sont
multipliés.
Labyrinthe éphémère en maïs, construit en 1996, à Reignac sur Indre, photo de Y. Arthus-Bertrand.
En 1996, année de la création à Reignac-sur-Indre, en Touraine, du plus grand labyrinthe végétal
du monde, 85 000 visiteurs sont venus se perdre au milieu d’un dédale de 4 ha. Depuis, chaque
été, un labyrinthe éphémère de maïs ou de tournesols sort de terre. Récolté à l’automne, il renaît
l’année suivante sous une forme différente, grâce à une technique éprouvée de semis et de
traçage.
Labyrinthe des jardins de Longlead House, Wiltshire, Warminster, Grande-Bretagne.
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Document 16 : Le labyrinthe aujourd’hui : exemple de la place du labyrinthe, autour de la fontaine de la vie,
Vigeland Park, à Oslo, Norvège, 1906. Surface : 1200 m2, le chemin à parcourir est d’environ trois
kilomètres de long, il a une entrée et une sortie différente, contrairement à la plupart des labyrinthes.
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Livres généraux sur la notion de labyrinthe
- L’homme et ses labyrinthes, Angèle Kremer-Marietti, L’Harmattan, 1999
- Les chemins de sagesse, traité du labyrinthe, Jacques Attali, Fayard, 1996
- La Géométrie du labyrinthe, Patrick Conti, Albin Michel, coll. Questions de - N° 104, 1996
- Le labyrinthe d'Arioste - essai sur l'allégorie, le légendaire et le stupéfiant, Marcel Schneider, Édition
Grasset 2003
Livres sur les labyrinthes à travers le monde
- Le Jardin comme labyrinthe du monde, Hervé Brunon (dir.), PUPS-Musée du Louvre, 2009
- L'Univers secret du labyrinthe, Paul de Saint-Hilaire, éditions Robert Laffont, coll. Les énigmes de
l'Univers, 1992
- Labyrinthes, France de Ranchin, édition Hatier, coll. Plaisir des Jeux, 1983
- Les nouveaux labyrinthes, France de Ranchin, édition Hoëbeke, 1989
- Labyrinthes et dédales du monde, Janet Bord & Jean-Clarence Lambert, édition Les Presses de la
Connaissance, 1977
Livres sur les origines crétoises du labyrinthe
- Les civilisations égéennes du Néolithique et de l’Âge du bronze, R. Treuil, P. Darcque, J.-C. Poursat &
G. Touchais, PUF, 1990
- Le livre des labyrinthes - Histoire d'un mythe et d'un symbole, Paolo Santarcangeli, Edition Gallimard, 1974
Livres sur les labyrinthes des cathédrales
- Chartres, le labyrinthe déchiffré, John Ketley-Laporte, O. Ketley-Laporte, édition Jean Michel Garnier, 1996
- Le Labyrinthe de la cathédrale de Reims, édition Sides, 1996
- Les mystères de la cathédrale de Chartres, Louis Charpentier, 1966
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