THESE_EL ASRI
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UNIVERSITÉ MOHAMMED V – AGDAL FACULTÉ DES SCIENCES RABAT N° d’ordre : 2468 THÈSE DE DOCTORAT Présentée par EL ASRI Sanae Discipline : Chimie Spécialité : Matériaux et Environnement Nouveaux matériaux de structure apatite préparés à partir du phosphate naturel marocain à applications environnementales Soutenue le 19 Novembre 2009 Devant le jury Président : A. SAOIABI, Professeur à la Faculté des Sciences, Rabat Examinateurs : A. ZRINEH, Professeur à la Faculté des Sciences, Rabat H. HANNACHE, Professeur à la Faculté des Sciences Ben M’sik, Casablanca T. CORADIN, Directeur de recherche, CNRS- Paris France A. LAGHZIZIL, Professeur à la Faculté des Sciences, Rabat M. HAMAD, Professeur à la Faculté des Sciences, Rabat A. ZERIOUH, Professeur à l’Ecole Royale Navale, Casablanca Invités : A. ALAOUI BENZAKROUM, Maître de recherche CERPHOS, Casablanca R. M’HAMDI, Maître de recherche CERPHOS, Casablanca Faculté des Sciences, 4 Avenue Ibn Battouta B.P. 1014 RP, Rabat – Maroc Tel +212 (0) 37 77 18 34/35/38, Fax : +212 (0) 37 77 42 61, http://www.fsr.ac.ma Dédicace A mon père A ma mère A ma famille A tous ceux qui me sont chers Avant propos Le travail que nous présentons dans ce mémoire a été réalisé à la Faculté des Sciences de Rabat dans le cadre d’une convention de recherche (CR/RC172/06) entre le Laboratoire de Chimie Physique Générale (LCPG) et le Centre d’Etude et de Recherche des Phosphates Minéraux (CERPHOS) de Casablanca. Je tiens tout d’abord à exprimer toute ma reconnaissance et ma profonde gratitude à mes directeurs de thèse, Messieurs Ahmed SAOIABI et Abdelaziz LAGHZIZIL, professeurs d’enseignement supérieur à la Faculté des Sciences de Rabat, pour avoir dirigé ce travail avec beaucoup d’intérêt et de patience et pour leurs suivis et leurs conseils judicieux. Je suis particulièrement reconnaissante à Monsieur Jamal MAGHNOUJ, Directeur de CERPHOS, pour l’intérêt particulier qu’il a bien voulu accorder à ce travail en acceptant son financement. J’exprime mes sincères remerciements à nos collaborateurs au CERPHOS, Messieurs A. ALAOUI BENZAKROUM, R. M’HAMDI, A. HAKAM et K. EL ABBASSI, pour l’intérêt scientifique qu’ils ont porté à cette étude. Mes remerciements vont également à Monsieur Thibaud CORADIN, Directeur de Recherche CNRS et directeur de recherche au Laboratoire de Chimie de la Matière Condensée (CMC) de Paris, Collège de France, qu’il trouve ici l’expression de ma respectueuse gratitude pour sa collaboration et l’intérêt qu’il a donné à ce travail. Je remercie profondément Monsieur le professeur A. SAOIABI d’avoir accepté de présider le Jury de cette thèse. Mes sincères remerciements vont au professeur A. LAGHZIZIL pour l’intérêt constant qu’il a apporté à ce travail, qu’il soit également très vivement remercié d’avoir accepté d’être membre du jury. Je suis honorée que Monsieur Thibaud CORADIN, ait accepté d’être membre du jury de ce travail et autant que rapporteur de cette thèse. Mes remerciements s’adressent à Monsieur Abdellah ZRINEH, professeur d’enseignement supérieur et chef du département de chimie à la Faculté des Sciences de Rabat, autant que rapporteur de cette thèse et pour sa présence parmi les membres de Jury afin de juger le contenu de ce travail. Je suis sensible à l’honneur que me fait Monsieur Hassan HANNACHE, professeur d’enseignement supérieur à la Faculté des Sciences Ben M’sik-Casablanca, d’être rapporteur en acceptant de faire partie du jury de cette thèse. Je voudrais remercier sincèrement Monsieur Abdelouahhab ZERIOUH, professeur d’enseignement supérieur à l’Ecole Royale Navale de Casablanca, autant que rapporteur de ce travail en acceptant d’examiner le contenu de cette thèse. Je tiens aussi à remercier Monsieur Mohamed HAMAD, professeur d’enseignement supérieur à la Faculté des sciences de Rabat, d’avoir accepté de participer au membre de jury de cette thèse. Mes remerciements vont également à Monsieur Ahmed ALAOUI, maître de recherche et responsable du Laboratoire Structure et Caractérisation Physique (LSCP) au CERPHOS et à Monsieur Rachid M’HAMDI, chargé de recherche au Laboratoire Eaux et Environnement (LEE) au CERPHOS, pour l’honneur qu’ils me font en acceptant de se joindre aux membres de jury. Je tiens à remercier les membres de l’UATRS-CNRST, en particulier Messieurs B. JABER, K. ANOUAR, M. BENISSA et Mademoiselle H.OUADDARI, pour leur aide à la caractérisation et à l’analyse chimique de quelques produits présentés dans ce travail, sans oublier de remercier les membres du Laboratoire CMC-Collège de France et Dr. K. LAHLIL de l’école polytechnique de Paris. Je remercie vivement les membres du Laboratoire Structure et Caractérisation Physique (LSCP) du CERPHOS, en particulier Messieurs O.SEKKATE, O.JERANI, A. MOBARAK, T.WAJIH ainsi que Madame I. ADDIOUI, qui m’ont toujours réservé un accueil chaleureux pendant mon séjour au CERPHOS. Mes remerciements vont également aux enseignants-chercheurs et mes collègues du Laboratoire de Chimie Physique Générale de la Faculté des Sciences de Rabat, qui m’ont aidé directement ou indirectement à réaliser ce travail, en particulier Meryem, Jamila, Karima et Sanaa. Enfin, une grande part de mes remerciements va tout particulièrement à mes parents, à mes frères, et sœurs, qui ont joué évidemment un très grand rôle dans cette thèse en me donnant un environnement idéal dans mon enfance et en m'enseignant les valeurs d'humanité et d'honnêteté avec lesquels j'ai essayé d'aborder mon travail scientifique. Leur soutien moral et matériel m’a été indispensable tout au long de ces années. J’espère que ce travail leurs témoignent toute ma reconnaissance et mon estime à leurs égards. Sommaire Introduction générale............................................................................................................... 1 Partie I : Aperçu Bibliographique Chapitre I : Problématiques des effluents industriels et méthode de traitement............... 5 I. Généralités sur les rejets liquides........................................................................................ 6 I. 1. Les métaux lourds ....................................................................................................... 6 I. 2. Les polluants organiques........................................................................................... 13 II. Propriétés d’adsorption des phosphates naturels et des apatites synthétiques................. 16 II. 1. Stabilisation des métaux lourds dans les sols par les apatites ................................. 17 II. 2. Utilisation des apatites naturelle et synthétique pour l’élimination des métaux lourds des solutions aqueuses........................................................................................... 17 Chapitre II : Structure, méthodes de synthèse et fonctionnalisation de la surface des apatites..................................................................................................................................... 24 I. Généralités sur la structure et la substitution dans le réseau apatitique ............................ 25 I. 1. Structure.................................................................................................................... 25 I. 2 . Substitutions............................................................................................................. 27 II. Méthodes de synthèse...................................................................................................... 27 II. 1. Synthèse par voie sèche........................................................................................... 28 II.2. Synthèse par voie humide......................................................................................... 28 II. 3. Relation entre les paramètres de synthèse et les propriétés texturales .................... 31 III. Fonctionnalisation de la surface de l’apatite .................................................................. 32 III. 1. Greffage des organophosphates ............................................................................. 32 III. 2. Greffage des organophosphonates ......................................................................... 33 III. 3. Action des autres additifs non phosphatés ............................................................. 34 Partie II : Synthèse et caractérisation de nouveau matériaux apatitiques à partir du phosphate naturel de Benguérir Chapitre III : Caractérisation physico-chimique du phosphate naturel de Benguérir (Maroc).................................................................................................................................... 38 I. Echantillonnage................................................................................................................. 39 II. Caractérisation du phosphate naturel de Benguérir......................................................... 40 II. 1. Examen par diffraction des rayons X ...................................................................... 40 II. 2. Examen par spectroscopie infrarouge...................................................................... 42 II. 3. Examen par spectroscopie de résonance magnétique nucléaire à l’état solide........ 43 II. 4. Analyses thermiques................................................................................................ 45 II. 5. Analyses chimiques ................................................................................................. 47 II. 6. Propriétés texturales ................................................................................................ 48 Chapitre IV : Elaboration et caractérisation des apatites modifiées à partir du phosphate naturel de Benguérir............................................................................................ 52 I. Procédure expérimentale de l’élaboration des apatites modifiées .................................... 53 II. Caractérisation des produits préparés .............................................................................. 55 II. 1. Examen par diffraction des rayons X ...................................................................... 55 II. 2. Examen des apatites préparées par spectroscopie infrarouge.................................. 57 II. 3. Examen par spectroscopie RMN à l’état solide....................................................... 59 II. 4. Analyses thermiques (ATG/ATD)........................................................................... 59 II. 5. Analyses chimiques ................................................................................................. 62 II. 6. Mesure de la surface spécifique des apatites préparées par la méthode BET ......... 63 II.7. Morphologie des apatites par MEB .......................................................................... 65 Chapitre V : Fonctionnalisation de la surface des apatites phosphocalciques par greffage de l’aminotriméthylenphosphonate ...................................................................................... 68 I. Préparation des apatites greffées....................................................................................... 69 I. 1. Quelques caractéristiques physico-chimiques de l’acide aminotriméthylenphosphonique (ATMPP) .................................................................................................. 70 I. 2. Mode opératoire ........................................................................................................ 70 II. Caractérisation des produits préparés .............................................................................. 71 II. 1. Examen par diffraction des rayons X ...................................................................... 71 II. 2. Examen par spectroscopie infrarouge...................................................................... 74 II. 3. Examen par spectroscopie RMN- MAS du 31P et du 13C à l’état solide ................. 76 II. 4. Analyses thermiques (ATG/ATD) des apatites greffées ......................................... 77 II. 5. Analyses chimiques des composés greffés .............................................................. 80 II. 6. Propriétés texturales des apatites greffées ............................................................... 80 Partie III : Applications des apatites préparées comme matériaux de rétention des micropolluants : métaux lourds et phénol Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié .......................................................................... 87 I. Méthodes et matériels ....................................................................................................... 88 I. 1. Description des essais d’adsorption .......................................................................... 88 I. 2. Matériel et réactifs .................................................................................................... 89 II. Processus d’adsorption des ions monométalliques.......................................................... 90 II. 1. Analyse acido-basique des groupements de surface................................................ 90 II. 2. Suivi du pH du mélange réactionnel durant le processus d’adsorption................... 91 II. 3. Cinétique d’adsorption ............................................................................................ 93 II. 4. Isothermes d’adsorption des ions monométalliques................................................ 94 III. Description des Modèle de Freundlich et de Langmuir ................................................. 96 III. 1. Modèle de Freundlich............................................................................................ 96 III. 2. Modèle de Langmuir .............................................................................................. 98 IV. Mécanismes d’adsorption ............................................................................................ 103 V. Affinité adsorptive des cations multi-métalliques Pb-Cu-Zn........................................ 105 VI. Effet du greffage des apatites sur l’élimination des ions Pb2+ ..................................... 107 Chapitre VII : Adsorption du phénol sur les matériaux apatitiques : Cinétiques et isothermes ............................................................................................................................. 109 I. Procédures expérimentales.............................................................................................. 110 I. 1. Les adsorbants........................................................................................................ 110 I. 2. L’adsorbat ............................................................................................................... 110 I. 3. Dispositif expérimental........................................................................................... 111 I. 4. Méthode d’analyse .................................................................................................. 111 II. Etude cinétique d’adsorption ......................................................................................... 112 II. 1. Modèles cinétiques de l’adsorption ....................................................................... 114 II. 2. Modèle cinétique du premier ordre ....................................................................... 114 II. 3. Modèle cinétique du pseudo second ordre ............................................................ 115 II. 4. Modèle cinétique de diffusion ............................................................................... 116 III. Etude de l’influence de quelques paramètres sur la capacité d’adsorption.................. 118 III. 1. Influence de pH de la solution.............................................................................. 118 III. 2. Influence de la masse de l’adsorbant.................................................................... 120 IV. Isothermes d’adsorption............................................................................................... 121 V. Régénération du support apatitique............................................................................... 125 Conclusion générale ............................................................................................................. 127 Références bibliographiques…………………….…………………… ………………… 130 Figure II. 1 : Projection sur le plan de base (001) de la maille de l’hydroxyapatite selon Young 26 (1975). Figure II. 2 : Localisation des ions OH-, F- et des lacunes au sein du réseau apatitique. 26 Figure III. 1 : Diagrammes de diffraction des rayons X du phosphate naturel à différentes 41 températures de calcination. Figure III. 2 : Spectre infrarouge du phosphate naturel de Benguérir étuvé à 100°C. 43 Figure III. 3a : Spectre de la résonance magnétique nucléaire du phosphore à l’état solide 43 (RMN-31P) du phosphate naturel de Benguérir. Figure III. 3b : Spectre RMN- MAS 29Si du phosphate naturel de Benguérir. 43 Figure III. 3c : Spectre RMN -MAS 13C du phosphate naturel de Benguérir. 44 ___ Figure III. 4 : Thermogramme ATG ( ) et sa dérivée DTG (----) du phosphate naturel de 46 Benguérir. Figure III. 5 : Thermogrammes ATG (a) et ATD (b) du phosphate naturel obtenus à différentes 47 vitesses de chauffage. Figure III. 6 : Analyse dispersive en énergie des R.X (EDAX) des éléments chimiques 48 constitutifs du phosphate naturel. Figure III. 7 : Isothermes d’adsorption et désorption de l’azote par le phosphate naturel de 49 Benguérir. Figure III. 8 : Distribution volumique des tailles des pores du phosphate naturel calculée selon 50 la méthode de BJH. Figure III. 9 : Images de MEB du phosphate naturel de Benguérir à deux résolutions 51 différentes. Figure IV. 1 : Dissolution du phosphate naturel de Benguérir en fonction du pH en milieu 55 HNO3. Figure IV. 2 : Diffractogrammes des produits préparés et étuvés à 100°C 56 Figure IV. 3 : Diagrammes de diffraction des RX des apatites synthétisées et calcinées à 800°C 56 pendant 3 heures. Figure IV. 4 : Spectres d’absorption IR des apatites préparées et étuvées à 100°C 58 Figure IV. 5 : Spectres d’absorption IR des apatites préparées et calcinées à 800°C. 58 Figure IV. 6 : Diagramme de diffraction des RX du résidu après attaque acide du phosphate 59 naturel PNB. Figure IV.7 : Thermogrammes (ATG) des apatites préparées à partir du phosphate naturel 61 marocain. Figure IV. 8 : Analyse thermique différentielle (ATD) des apatites préparées à partir du 61 phosphate naturel. Figure IV. 9 : Analyse par EDAX des éléments constitutifs de l’apatite PNM1, comparée à 63 celle du phosphate naturel PNB. Figure IV. 10 : Isothermes d'adsorption et désorption de N2 sur les apatites préparées à partir 64 du phosphate naturel. Figure IV. 11 : Clichés de microscopie électronique à balayage des matériaux phosphatés 66 étuvés à 100 °C. Figure V. 1 : Structure de l’acide aminotriméthylenphosphonique. 69 Figure V. 2 : Diagrammes de diffraction des rayons X des précipités préparés en présence de 72 l’ATMPP à différents taux de greffage et étuvés à 100°C. Figure V. 3 : Diagrammes de diffraction des rayons X de l’apatite greffée par 2,5 de l’ATMPP 73 étuvée à 100°C puis calcinée à 600°C et 800°C. Figure V. 4 : Diagrammes de diffraction des rayons X des précipités préparés en présence de 73 l’ATMPP à différents taux de greffage et calcinés à 800°C. Figure V. 5 : Spectres IR des produits préparés à différents taux de greffage et étuvés à 100°C. 74 Figure V. 6 : Spectres IR des produits préparés à différents taux de greffage et calcinés à 76 800°C. Figure V. 7 : Spectres RMN-MAS 13C des matériaux greffés. 77 Figure V. 8 : Analyse thermogravimétrique des apatites greffées. 78 Figure V. 9 : Analyse thermique différentielle (ATD) des apatites greffées. 79 Figure V. 10 : Isothermes d’adsorption et désorption de N2 sur les apatites greffées et étuvées à 81 100°C. Figure V. 11 : Images de la microscopie électronique à balayage des matériaux apatitiques 83 greffés. Figure VI. 1 : Variation du pH en fonction du temps des solutions aqueuses des phosphates 91 brut et modifié (pH0 = 5). Figure VI. 2 : Suivi du pH durant le processus d’adsorption des ions Pb2+, Cu2+ et Zn2+ sur (a) 92 PNB et (b) PNM. (Conc. Init. du métal C0 = 100 mg/L, dose du phosphate = 2 g/L). Figure VI. 3 : Cinétique d’adsorption des ions métalliques Pb2+, Cu2+ et Zn2+ sur les 94 phosphates (a) PNB et (b) PNM (pH=5, C0 = 100 mg/L). Les rapports M / PNB et M / PNM (M=Pb, Cu et Zn) désignent l’adsorption du métal sur les phosphates PNB et PNM. Figure VI. 4 : Effet de la concentration initiale des solutions aqueuses des ions métalliques 95 Pb2+, Cu2+ et Zn2+ sur leur adsorption par les deux matrices apatitiques PNB et PNM. (pH = 5, temps = 3 h, T = 25 °C). Figure VI. 5: Représentations linéaires du modèle de Freundlich relatives à l’adsorption des 97 ions Pb2+,Cu2+ et Zn2+ sur le phosphate naturel PNB (a) et le phosphate modifié PNM (b). Figure VI. 6: Représentations linéaires du modèle de Langmuir relatives à l’adsorption des 99 ions Pb2+, Cu2+ et Zn2+ sur le phosphate nature PNB (a) et le phosphate modifié PNM (b). Figure VI. 7: Simulation de l’isotherme d’adsorption des ions Pb2+ (a), Cu2+ (b) et Zn2+ (c) par 101 le PNB selon les modèles de Langmuir et Freundlich, comparée aux données expérimentales. Figure VI. 8 : Simulation de l’isotherme d’adsorption des ions Pb2+ (a), Cu2+ (b) et Zn2+ (c) par 102 le phosphate naturel modifié PNM selon les modèles de Langmuir et Freundlich, comparée aux données expérimentales. Figure VI. 9 : Concentration des ions Ca2+ libérés par les phosphates PNB (a) PNM (b) et celle 103 du métal disparu de la solution au cours du processus d’adsorption des ions métalliques sur ces matériaux. Figure VI. 10 : Capacité d’adsorption maximales des ions Pb2+, Cu2+et Zn2+ dans le mélange 106 ternaire sur le phosphate naturel PNB. Figure VI. 11 : Capacités d’adsorption maximales des ions Pb2+, Cu2+ et Zn2+ dans le mélange 106 ternaire sur le phosphate naturel modifié PNM. Figure VII. 1 : Structure du phénol. 111 Figure VII. 2 : Spectre d’absorption UV-visible du phénol en milieu aqueux (C0= 5 ppm, 112 pH=6 et T=25°C). Figure VII. 3 : Influence du temps du contact sur l’adsorption du phénol aux surfaces des 113 poudres apatitiques. Figure VII. 4 : Représentations linéaires du modèle cinétique du premier ordre pour différents 115 couples phénol-apatites. Figure VII. 5 : Représentations linéaires du modèle cinétique du pseudo second ordre pour 116 différents couples phénol-apatites. Figure VII. 6 : Modèle de la diffusion intraparticulaire relatif à l’adsorption du phénol sur les 117 supports d’apatites. Figure VII. 7 : Suivie du pH durant le processus d’adsorption du phénol sur les adsorbants 119 PNB et PNM. Figure VII. 8 : Effet du pH sur l’adsorption du phénol sur les phosphates naturel brut (PNB) et 119 modifié (PNM). Figure VII. 9 : Influence de la masse de l’adsorbant sur l’adsorption du phénol par les 121 phosphates naturels brut PNB et modifié PNM (C0= 20 ppm, pH=6, t=3 h, T=25°C, V=100 ml). Figure VII. 10 : Effet de la concentration initiale du phénol sur le pouvoir de rétention des 122 apatites. Figure VII. 11 : Représentations linéaires du modèle Langmuir de l’adsorption du phénol sur 124 le phosphate naturel et les apatites étudiées. Figure VII. 12 : Représentations linéaires du modèle Freundlich de l’adsorption du phénol sur 124 le phosphate naturel et les apatites étudiées. Tableau I. 1 : Effets néfastes de certains métaux lourds sur l’homme, les animaux et les 7 végétaux. Tableau I. 2 : Rétention de certains métaux lourds par précipitation chimique sur Ca(OH)2. 8 Tableau I. 3 : Effet de certains coagulants sur l’élimination des métaux lourds des solutions 9 aqueuses Tableau I. 3 : Rétention des ions Zn2+ et Cu2+ par la membrane YM10 activée par le chitosan 10 Tableau I. 4 : Adsorption de certains métaux lourds sur différents types d’argiles. 11 Tableau I. 6 : Capacité de rétention des ions Pb2+, Cu2+ et Zn2+ par différents minerais 18 phosphatés. Tableau II. 1 : Exemples de substitutions dans la structure apatitique. 27 Tableau II. 2 : Précurseurs de calcium et du phosphore utilisés dans la préparation de 31 l’hydroxyapatite par le procédé sol-gel. Tableau III. 1 : Paramètres cristallographiques du phosphate naturel de Benguérir comparés à 42 ceux des apatites naturelles et synthétiques. Tableau III. 2 : Composition chimique du phosphate naturel de Benguérir. 47 Tableau IV. 1 : Notation des produits synthétisés selon les paramètres de synthèse imposés. 54 Tableau IV. 2 : Pertes de masses calculées à partir des courbes ATG dans les trois domaines 60 de température. Tableau IV. 3 : Composition chimique des apatites préparées. 62 Tableau IV. 4 : Valeurs de la surface spécifique des apatites préparées à partir du phosphate 65 naturel. Tableau V. 1 : Caractéristiques de l’aminotriméthylenphosphonate utilisé. 70 Tableau V. 2 : Quantités de l’ATMPP utilisées au cours de la préparation des apatites 71 greffées. Tableau V. 3 : Pertes de masses calculées à partir des courbes ATG des apatites greffées. 78 Tableau V. 4 : Dosage de calcium et de phosphore des matériaux greffés 80 Tableau V. 5 : Valeurs de la surface spécifique des apatites greffées 81 Tableau V. 6 : Effet du nombre de fonctions amines du greffant sur la capacité d’adsorption 82 de l’apatite greffée. Tableau VI. 1 : Capacités d’adsorption maximales expérimentales des deux phosphates PNB 96 et PNM vis-à-vis du métal. Tableau VI. 2 : Constantes des modèles de Langmuir et de Freundlich. 100 Tableau VI. 3 : Capacités d’adsorption maximales des ions Pb2+, Cu2+ et Zn2+ dans le ternaire 105 Pb-Cu-Zn pour chaque phosphate utilisé. Tableaux VI. 4 : Capacités d’adsorptions des matériaux greffés à différents taux de greffage 107 vis-à-vis des ions Pb2+. Tableau VII. 1 : Caractéristiques physico-chimiques des adsorbants utilisés. 110 Tableau VII. 2 : Caractéristiques du phénol utilisé. 111 Tableau VII. 3 : Constantes cinétiques des différents modèles appliqués au processus 118 d’adsorption du phénol sur les apatites étudiées. Tableau VII. 4 : Corrélation entre les propriétés d’adsorption du phénol sur les matériaux 122 phosphatés et les caractéristiques texturales des adsorbants. Tableau VII. 5 : Constantes obtenues lors de l’application des modèles d’adsorption du 125 phénol sur les matériaux phosphatés selon Langmuir et Freundlich. Tableau VII. 6 : Régénération des adsorbants phosphatés par leur calcination à 500°C (C0 = 20ppm). 125 Introduction générale Introduction générale Pendant de nombreuses années, notre planète n’a cessé d’être considérée comme un réservoir inépuisable de matières premières. Cependant, l’exploitation croissante de ce réservoir l’a transformée en une décharge. En effet, l’activité humaine portant sur l’extraction, la transformation et l’utilisation de cette matière première constitue une source indiscutable de déchets domestiques, industriels et agricoles courant un risque fatal à l’homme et à l’environnement. Les changements climatiques, la disparition de certaines espèces végétales ou animales en sont les premiers signes. Ils sont le résultat d’une pollution de plus en plus croissante qui entraîne un déséquilibre dans notre écosystème. Au cours de ces dernières années, la prise de conscience du danger que représente la pollution de notre espace de vie est une réalité et une nécessité qui doit se manifester par une lutte sous toutes ses formes par l’ensemble des acteurs sociaux et industriels. La pollution concerne tous les compartiments de notre environnement, l'eau, l'air, et le sol. Par ailleurs, la pollution de l'eau a pris la grande part des préoccupations environnementales, du fait que les ressources en eau sont limitées et les volumes des eaux usées générées par les différents secteurs d'activités deviennent de plus en plus importants. A l’instar des autres pays bien avancés au niveau de la protection de l’environnement, le Maroc a promulgué des lois qui contraindraient les industriels en fonction de leur activité à s’équiper d’unités de traitement des eaux usées pour diminuer la charge polluante de ces effluents. Dans ce cadre, notre projet de thèse, convenu entre le CERPHOS et la Faculté des Sciences de Rabat, porte sur le traitement des effluents industriels chargés en substances nocives. Ce projet vise, dans l’immédiat, la préparation de matériaux de haute valeur ajoutée à vocation polyvalente à base de phosphate naturel. A long terme, notre travail constituera une base de procédés physico-chimiques de traitement dans l’installation de stations d’épurations. Ces dernières sont en réelle augmentation dans notre pays, du fait de leurs mises en place -1- Introduction générale dans plusieurs unités industrielles. Notons, cependant, que l’action de ces stations est essentiellement la diminution de la charge polluante sans toutefois conduire à une réutilisation des eaux épurées. Les techniques de traitement dans ces stations diffèrent selon la qualité des eaux polluées, cependant les procédés physico-chimiques tels que la coagulation, la floculation, la filtration membranaire et l’adsorption sur certains matériaux sont les plus employés. Bien que ces processus soient efficaces en matière de réduction de la charge polluante, le coût de la technique est un handicap lorsqu’il est onéreux. Par conséquent, le traitement des eaux par l’adsorption sur des matériaux naturels répond à cette contrainte. Parmi ces matériaux naturels testés, nous pouvons citer l’utilisation des argiles, le charbon actif et d’autres matériaux dérivant de déchets de végétaux, pour l’adsorption des métaux lourds et d’autres substances organiques. L’étude des apatites naturelles et synthétiques a permis d’évaluer leurs capacités d’adsorption vis-à-vis des éléments radioactifs, des protéines, des colorants…. D’autres recherches ont montré l’intérêt de fixer différents types de molécules (polymère, acide, matière organique,..) sur la matrice apatitique, plus particulièrement l’hydroxyapatite, afin d’améliorer leurs propriétés d’adsorption telles que la surface spécifique, la porosité et les sites actifs. L’utilisation des adsorbants à base de phosphate naturel de structure apatitique pour l’élimination des métaux lourds et des substances organiques n’ayant été que rarement abordée. Il est donc nécessaire de développer des recherches scientifiques sur des apatites naturelles et synthétiques afin de contribuer à la valorisation des phosphates qui représentent, pour le Maroc, une source de richesse naturelle d’une grande importance. Ce travail est structuré en trois grandes parties : L’étude bibliographique, divisée en deux chapitres, constitue la première partie de ce manuscrit. Le premier chapitre rassemble les données essentielles sur les méthodes physicochimiques de dépollution des rejets liquides et les techniques de dépollution les moins onéreuses et adaptées à ces polluants, notamment l’adsorption. Le deuxième chapitre est consacré au rappel détaillé sur la structure des apatites, leurs méthodes de synthèse et les déférentes possibilités de modification de leur surface par greffage de molécules organiques. -2- Introduction générale La deuxième partie de ce manuscrit, qui constitue la première partie expérimentale de ce travail, est scindée en trois chapitres. Le chapitre trois est consacré à l’échantillonnage et à la caractérisation du phosphate naturel marocain de Benguérir à partir du quel nous allons synthétiser différentes nouvelles matrices apatitiques. Dans le chapitre quatre, nous décrivons les méthodes d’élaboration des apatites modifiées à partir du phosphate naturel. La caractérisation des matériaux préparés est effectuée en utilisant des techniques variées capables d’identifier leurs propriétés structurales et morphologiques. La fonctionnalisation de la surface de l’apatite par l’addition des aminophosphonates fait l’objet du cinquième chapitre. Nous avons essayé de préparer de nouveaux matériaux hybrides à différents taux de greffage de l’acide triméthylènephosphonique (C3H12NO9P3). Les matériaux hybrides ainsi synthétisés ont été caractérisés par différentes techniques physico-chimiques adéquates. Ensuite, la détermination du pouvoir adsorbant du phosphate naturel et des nouveaux matériaux préparés vis-à-vis des espèces inorganiques (Pb2+, Cu2+, Zn2+ ) et organiques (phénol) dissoutes dans des solutions aqueuses font l’objet de la troisième partie de ce travail. L’étude relative à l’élimination des ions métalliques par les matrices apatitiques préparées fait l’objet du chapitre six. Le dernier chapitre est consacré à l’adsorption du phénol sur le phosphate naturel et certaines apatites synthétiques sélectionnées. Enfin, notre mémoire se termine par une conclusion générale relatant les principaux résultats de cette étude et les perspectives. -3- Partie I Aperçu Bibliographique Chapitre I Problématiques des effluents industriels et méthodes de traitement Chapitre I : Problématiques des effluents industriels et méthodes de traitement Introduction Les effluents industriels désignent tous les rejets liquides issus des procédés d’extraction ou de transformation des matières premières en produits industriels [1]. Ces rejets sont extrêmement hétérogènes, leurs compositions chimiques varient en fonction du procédé mis en œuvre et notamment du domaine industriel. Ils couvrent un large spectre de polluants chimiques de nature différente : matières organiques (hydrocarbures, phénol, pesticides,…) et minérales (métaux lourds, radioéléments, fluorures, phosphore…) à divers degré de toxicité. La grande diversité de ces effluents requiert un traitement spécifique pour chaque type d’effluent. Dans notre étude, nous nous intéressons plus particulièrement à l’élimination des métaux lourds et du phénol en raison de leurs implications dans plusieurs problèmes environnementaux et sanitaires. Les techniques de dépollution des rejets métalliques et phénoliques les plus répandues seront succinctement abordées dans ce chapitre. I. Généralités sur les rejets liquides I. 1. Les métaux lourds De nos jours, le problème des métaux lourds est devenu de plus en plus préoccupant. Une caractéristique commune des effluents industriels est liée au fait qu’ils contiennent presque toujours des métaux toxiques. La protection de l’environnement impose que les métaux contenus dans les effluents industriels soient éliminés jusqu’aux teneurs admises par les normes internationales. I. 1. 1. Toxicité Les éléments métalliques sont naturellement présents dans les roches et les sols. Leur présence dans les milieux aquatiques résulte généralement des processus naturels, mais sont aussi dus aux activités humaines. Ils proviennent généralement des unités industrielles (traitement de surface et métallurgie, industrie chimique, etc...), de l’activité minière et de certains usages agricoles. Certains métaux, dits oligoéléments, sont indispensables (Fe, Cu, Zn,…), mais en très faible quantité ; ils permettent le fonctionnement de certains métabolismes aussi bien chez les végétaux, les animaux que chez l’homme [2]. En quantité importante, ils peuvent engendrer des effets indésirables voire toxiques [3,4]. D’autres métaux -6- Chapitre I : Problématiques des effluents industriels et méthodes de traitement lourds tels que Pb, Hg, Cr et Cd sont, en revanche, très toxiques même à l’état de traces. Les principaux effets de certains métaux lourds sont énumérés dans le tableau I.1. Les effets décrits dans ce tableau justifient bien la mise en place de techniques de traitement adéquates ainsi que d’une réglementation spécifique destinée à limiter au maximum les rejets des métaux toxiques dans le but de la protection de l’environnement. Tableau I. 1 : Effets néfastes de certains métaux lourds sur l’homme, les animaux et les végétaux [5]. Espèce Forme Effets écologiques Effets possibles sur l’homme -Toxicité aigue dès 0,1mg/L chez - Bioaccumulation Pb - En suspension les algues et poissons. - Saturnisme (atteinte - Dissous Pb2+ - Effet sur la reproduction des neurophysiologique, troubles rénaux poissons. et cardio-vasculaires) - Hématopatie -Toxique à des doses inférieures à - Gastro-entérites Cu - En suspension 1 mg/L. - Dissous - (Cu+ et Cu2+) - Cirrhose de foie Diminution de l’activité - Nécroses photosynthétique. - Scléroses - Altération des branchies des poissons, retard dans leur ponte. -Toxicité aigue pour le milieu - Une atteinte du système nerveux Zn - Soluble Zn2+ aquatique à partir de quelques - ZnCl2 : irritation des muqueuses - forme colloïdale mg/L respiratoires et gastro-intestinales, - Perturbe la croissance des ulcérations cutanées végétaux par détérioration de - ZnO : eczémas, fièvres, lésions l’appareil chlorophyllien pulmonaires à forte dose. I. 1. 2. Quelques procédés de traitement Aujourd’hui, différentes techniques de traitement des eaux contaminées par les métaux lourds sont à la disposition des industriels. Même si quelques unes d’entre elles ont déjà fait leur preuve, les difficultés et les inconvénients rencontrés pour chaque technique ont incité à la recherche d’autres techniques plus avantageuses et au développement des techniques classiques de traitement des effluents industriels. En effet, les axes actuels de recherche -7- Chapitre I : Problématiques des effluents industriels et méthodes de traitement s’orientent principalement vers deux tendances : un procédé de coût très bas et des effluents dont la qualité respecte les normes internationales imposées. Pour cela, les traitements physico- chimiques sont les méthodes les plus répondues industriellement. Ainsi, elles ont fait l’objet de plusieurs travaux de recherche [6-8]. L’objectif principal de ces études est l’amélioration de l’efficacité du procédé adéquat à la rétention du maximum d’éléments toxiques tout en cherchant à optimiser les conditions opératoires, qui dépendent principalement des réactions chimiques et des phénomènes physiques. Dans cet aperçu bibliographique, nous donnons une liste non exhaustive des techniques physico–chimiques de traitements actuellement utilisées telles que la précipitation chimique, la coagulation - floculation, la filtration membranaire et l’adsorption tout en évoquant à la fois leurs intérêts et les conditions qui limitent leur application. a) Réactions de précipitation Ce procédé est basé sur la précipitation des ions métalliques M2+ en solution par l’ajout d’un agent de précipitation tel que la chaux [7]. Le solide ainsi formé est sous forme d’un hydroxyde du métal M(OH)2 selon l’équation de la réaction suivante: Il est largement utilisé dans la rétention des métaux lourds provenant des effluents inorganiques [8]. A l’échelle industrielle, il était appliqué aux industries de la galvanoplastie [9]. A l’échelle du laboratoire, plusieurs études ont été réalisées sur des solutions synthétiques contenant des métaux lourds à des concentrations initiales bien définies et avec différents agents de précipitation. Quelques résultats sont consignés dans le tableau I. 2. Tableau I. 2 : Rétention de certains métaux lourds par précipitation chimique sur Ca(OH)2. Espèce Concentration initiale Taux de Références en métal (mg/L) rétention (%) Zn2+ 450 99,77 [6] Cu2+ 150 99,67 [6] Pb2+ 37 96 [10] La précipitation chimique peut être envisagée pour le traitement des effluents inorganiques grâce à la disponibilité de la chaux et la simplicité du protocole expérimental. -8- Chapitre I : Problématiques des effluents industriels et méthodes de traitement En dépit de ces avantages, la technique a été confrontée à plusieurs contraintes limitant ainsi son utilisation, en particulier : - L’utilisation des quantités importantes de réactifs. - La production des boues et leur stockage qui ont un impact environnemental à long terme et nécessite un traitement ultérieur. b) Coagulation – floculation Le principe de la coagulation est basé sur la déstabilisation des particules colloïdales en suspension dans les effluents par l’ajout d’un agent coagulant facilitant ainsi leur agglomération [8, 11]. Ce procédé est toujours suivi par la floculation pour favoriser les contacts entre les particules déstabilisées qui s’agglutinent pour former un floc facilement éliminable par décantation et filtration. Des coagulants inorganiques donnent des résultats satisfaisants comparés aux coagulants organiques. Quelques exemples sont reportés dans le tableau I. 3. Tableau I. 3 : Effet de certains coagulants sur l’élimination des métaux lourds des solutions aqueuses. Ions Zn2+ Cu 2+ Coagulant Quantité de Concentration initiale Taux de Références coagulant (mg/L) du métal (mg/L) rétention % Na2S 100 450 99,91 [6] Polysulfate 25 20 99,60 [12] ferrique Lors de l’application de ce procédé, on rencontre de nombreuses contraintes notamment la production de grandes quantités de boue et la difficulté de régénération des coagulants dans le but de leur réutilisation, ce qui demande des coûts supplémentaires. c) Procédés membranaires Une membrane est une barrière, de très faible épaisseur, à travers laquelle des solutions passent d’une manière sélective sous l'effet d'une force d'entraînement [13]. Les procédés membranaires sont largement utilisés dans le dessalement de l’eau de mers, leurs applications pour le traitement des effluents industriels inorganiques est en pleine expansion depuis plusieurs années [14]. Selon la qualité de l’eau désirée, on distingue la microfiltration, l’ultrafiltration ou encore l’osmose inverse. L’action de ces techniques diffère selon la taille -9- Chapitre I : Problématiques des effluents industriels et méthodes de traitement des pores des membranes [15]. La composition chimique de la membrane est un paramètre très important puisque la rétention peut être liée au mécanisme réactionnel entre les solutés et les éléments chargés de cette membrane. A titre d’exemple, Juang et coll. [16] ont étudié la rétention des ions Cu2+ et Zn2+ contenus dans des solutions synthétiques sur une membrane de nature cellulosique commercialisée sous le nom YM10 activée par le chitosan. Le tableau I. 4 présente les résultats obtenus par ces auteurs. Tableau I. 4 : Rétention des ions Zn2+ et Cu2+ par la membrane YM10 activée par le chitosan [16]. Ion métallique Concentration initiale du Taux de rétention métal (mg/L) (%) Cu2+ 79 100 Zn2+ 81 95 La meilleure rétention de la membrane activée est liée à la présence des groupements amines dans sa matrice qui peuvent complexer les ions métalliques. Actuellement, des recherches sont menées dont le but de mettre en œuvre de nouvelles membranes à des prix abordables. En effet, ces procédés restent très limités dans leurs applications car ils nécessitent des investissements importants à cause du coût élevé du procédé. d) Adsorption L’adsorption se définit comme étant un processus résultant d’une accumulation nette des substances à l’interface d’un solide. Le terme adsorption ne précise pas la nature de la réaction entre les solutés et le solide. C’est un phénomène qui regroupe plusieurs mécanismes tels que la complexation à la surface du solide, la diffusion et l’échange ionique. On distingue deux catégories d’adsorption suivant le type d’interaction mis en jeu : • La physisorption due à des interactions interatomiques (de type liaison hydrogène), intermoléculaires (interaction de type Van Der Waals) et sont le plus souvent réversibles et d’une intensité modérée. Ces interactions peuvent être liées aux sites actifs de la surface. • La chimisorption implique, quant à elle, la formation de liaisons chimiques. En d’autres termes, l’interaction se produit par échange électronique entre deux atomes. Ces liaisons, de courte longueur (< 30 Ǻ), sont sélectives, quant au site d’adsorption et peuvent -10- Chapitre I : Problématiques des effluents industriels et méthodes de traitement être irréversibles. Quelques exemples cités dans la littérature concernant les propriétés d’adsorption des métaux lourds par différents adsorbants naturels ou synthétiques seront décrits dans cette section. i) Utilisation des argiles Les argiles sont connues comme adsorbants de certains ions métalliques en les maintenant dans un état d’échange. Plusieurs types d’argiles sont utilisés en particulier la montmorillonite, la bentonite et la kaolinite grâce à leurs propriétés d’adsorption et leur capacité d’échange cationique intéressante. Le processus d’adsorption des métaux lourds sur différents types d’argiles à l’état naturel ou activé a été réalisé à l’échelle du laboratoire et industrielle. La capacité d’adsorption de certaines argiles vis-à-vis des ions Pb2+, Cu2+, Zn2+ que nous avons choisis pour tester nos adsorbants phosphatés est donnée par le tableau I. 5. Tableau I. 5 : Adsorption de certains métaux lourds sur différents types d’argiles. Ions Adsorbants Type du Capacité procédé d’adsorption (mg/g) Cu2+ 3,04 Zn2+ Montmorillonite-Na Cu2+ Montmorillonite Zn2+ modifiée par SDS Colonne Cu Pb2+ 3,61 [17] 16,13 Batch Kaolinite 2+ Références 13,27 [18] 3,70 Kaolinite-HA Batch 8,60 [19] Kaolinite Batch 31,75 [20] D’après les résultats donnés dans le tableau I. 5, la capacité de rétention des ions métalliques dépend d’une part de leur réactivité avec les groupements constitutifs de la surface de l’argile et d’autre part de la nature de l’adsorbant et de type de procédé mis en œuvre. En effet, à titre d’exemple, la capacité d’adsorption des ions Cu2+ et Zn2+ fixés par une montmorillonite modifiée par l’ajout du dédocylesulfate de sodium (SDS) est meilleure que celle sur la même argile modifiée par NaOH. La capacité de rétention de cette argile avec des -11- Chapitre I : Problématiques des effluents industriels et méthodes de traitement molécules SDS a été expliquée par la formation de piliers stables possédant une certaine distribution homogène des pores. Par ailleurs, la capacité de rétention des argiles reste toujours moins importante que celle d’autres adsorbants naturels. ii) Utilisation du charbon actif Le charbon actif est actuellement l’un des adsorbants le plus utilisé pour l’élimination des composés organiques et quelques métaux lourds en traces. Les procédés d’adsorption sur le charbon actif, sous ses diverses formes, reposent sur l’accumulation à sa surface des polluants contenus dans l’eau usée via des interactions électrostatiques. Ils sont appliqués sous des conditions bien spécifiques. De nombreuses études ont été décrites dans la littérature comme celle de Nertz et coll.[21] qui ont montré que 93 % des ions Cu2+ présents dans une solution synthétique de 10 mg/L ont été éliminés par le charbon actif granulé à pH = 4. D’autres travaux ont montré aussi que l’utilisation du procédé en colonne pour l’élimination des ions Zn2+ est plus efficace que celui en filtre [22-23]. La modification de la surface du charbon actif par son association avec d’autres groupements acides, basiques et polymères influe positivement sur sa capacité d’adsorption. De nombreuses études ont montré que la fonctionnalisation de la surface favorise l’efficacité de l’adsorption du charbon actif quelque soit sa nature et la méthode utilisée [24]. En raison de sa faible capacité de rétention des métaux lourds et de son coût qui reste relativement élevé, les industriels ont des réserves sur son utilisation pour le traitement de leurs effluents inorganiques ouvrant ainsi la voie à la découverte d’autres adsorbants dérivant de plusieurs sources naturelles telles que les déchets des industries agroalimentaires et les phosphates naturels. iii) Les déchets verts et sous produits industriels Les produits naturels disponibles en grande quantité ou certains déchets industriels et agricoles peuvent présenter un potentiel adsorbant intéressant pour le traitement des eaux usées [25-26]. Le choix de ces matériaux doit se faire en fonction de leur pouvoir adsorbant et de la quantité disponible géographiquement. -12- Chapitre I : Problématiques des effluents industriels et méthodes de traitement iiii) Les phosphates naturels et les apatites synthétiques De nombreuses études ont été réalisées pour évaluer le pouvoir de rétention des phosphates naturels et synthétiques vis-à-vis des métaux lourds contenus dans les sols et les eaux [27-28]. Le processus de rétention des métaux dépend largement des caractéristiques physicochimiques de ces phosphates de calcium, en particulier leurs surfaces spécifiques et le rapport molaire Ca/P. Les mécanismes de rétention des métaux lourds par les phosphates naturels et synthétiques sont principalement [29- 31] : - La complexation des ions à la surface faisant intervenir les groupements P-OH; - La dissolution – précipitation ; - Le processus d’échange ionique. Dans le cadre du développement d’un procédé de traitement des eaux usées et de la valorisation du phosphate marocain, notre travail s’intéresse à l’élimination des métaux lourds et autres substances organiques par le phosphate naturel marocain et ses dérivés de structure apatitique. I. 2. Les polluants organiques Les polluants organiques sont des molécules définies par les propriétés suivantes : - Toxicité : elles présentent un ou plusieurs impacts nuisibles prouvés sur la santé humaine et l’environnement. -Persistance dans l'environnement : ce sont des molécules qui résistent aux dégradations biologiques naturelles. -Bioaccumulation : les molécules s'accumulent dans les tissus vivants et leurs concentrations augmentent le long de la chaîne alimentaire. En plus de leurs propriétés de persistance et de bioaccumulation, ces molécules ont tendance à se déplacer de très longues distances et se déposer loin des lieux d'émission. C’est le cas par exemple des pesticides, des colorants, des hydrocarbures et du phénol et ses dérivés. I. 2. 1. Les pesticides Ce sont des produits généralement synthétiques introduits dans l’environnement pour protéger les récoltes agricoles et lutter contre les vecteurs de maladie. Ils sont divisés en différentes familles caractéristiques à savoir les insecticides organochlorés organophosphorés, les herbicides du type aryloxyacides, la triazine et les urées substituées. -13- et Chapitre I : Problématiques des effluents industriels et méthodes de traitement Pour contribuer à minimiser les risques de ces produits phytosanitaires, des essais photochimiques par oxydation et par adsorption ont été réalisés [32-33]. I. 2. 2. Les colorants Les colorants occupent une place importante dans les composés organiques synthétiques. Ils sont utilisés en grande quantité dans les industries de textile, d’encre, de plastique, de cosmétique et de la tannerie. Leurs rejets dans les systèmes aquatiques causent des dommages à l’environnement en raison de leur toxicité, ce qui impose leur traitement. Cependant, la complexité de ces polluants et leur couleur affecte énormément l’efficacité des traitements classiquement appliqués. Les essais de décoloration des eaux usées de l’industrie de textile et quelques solutions colorées ont été réalisées sur divers adsorbants en particulier le charbon actif [34], l’argile [35] et les phosphates [36]. I. 2. 3. Le phénol et ses dérivés a) Toxicité du phénol Les composés phénoliques représentent un réel problème dans les eaux polluées. Ils proviennent de la plupart des procédés chimiques utilisant des produits aromatiques, notamment l’industrie du papier, du coton, du plastique et des raffinages pétrochimiques. Une concentration du phénol de 1 ppm peut provoquer des effets secondaires sur le développement de certaines espèces de poisson, alors qu’une exposition à des concentrations de 10 ppm est considérée létale pour la plupart des espèces marines [37]. Les eaux polluées par ces produits nécessitent un traitement sévère à cause de leur haute toxicité. Des législations ont été mises en place pour réglementer la teneur en phénol dans les eaux résiduaires. Ainsi aux Maroc, la concentration maximale du phénol dans l’eau potable a été fixée à 0,02 ppm [38]. b) Méthodes de traitement Plusieurs méthodes de traitement ont été proposées pour l’élimination du phénol qui peuvent être classées en deux grandes catégories : - Les méthodes non destructives : elles visent simplement à extraire les substances toxiques du milieu pollué, en les faisant passer d’une phase à l’autre. Ces techniques sont généralement accompagnées de procédés de recyclage ou de récupération. Ces méthodes font intervenir les techniques physico-chimiques suivantes [39- 40]: * La filtration membranaire (osmose inverse, microfiltration) *L’adsorption (argile, charbon actif,…). -14- Chapitre I : Problématiques des effluents industriels et méthodes de traitement - Les méthodes destructives : elles transforment les substances organiques toxiques en d’autres produits. Les techniques de traitement font intervenir généralement les procédés suivants [41- 42] : * Biologiques par traitement aérobie et anaérobie. * Chimiques par oxydation (ozone, oxygène, chlore et eau oxygénée). La purification des eaux polluées par voies biologiques (aérobie, anaérobie) est généralement la dernière étape d’une série de procédés de traitement. Elle n’assure, en effet, qu’une élimination partielle du phénol. Le traitement biologique est en perpétuel développement. Un des objectifs de recherche est actuellement la mise au point de nouvelles bactéries spécifiques, dans le but d’améliorer sensiblement la biodégradation du phénol. En revanche, les techniques d’oxydation chimiques sont essentiellement appliquées au : - traitement des polluants organiques présents en faibles concentrations, - prétraitement avant les procédés biologiques pour diminuer la charge polluante. - traitement des eaux usées chargées de constituants non biodégradables. Les oxydants les plus souvent utilisés sont le chlore, l’ozone et l’eau oxygénée. Par conséquent, la formation des métabolites nocives telles que les dérivés chlorés (acides mono, di et trichlorés) est le défaut majeur de ces procédés. Quant aux méthodes non destructives, la technique d’adsorption est largement employée pour réduire certains composés phénoliques. Parmi les supports solides proposés, le charbon actif est l’agent le plus utilisé. Il peut adsorber jusqu’à trois fois son poids, en produits organiques grâce à sa texture poreuse et sa grande surface spécifique [43]. Le charbon peut ensuite être brûlé ou régénéré par pyrolyse, mais ce procédé est coûteux. Actuellement, de nombreux tests d’adsorption du phénol ont été réalisés sur d’autres supports moins onéreux tels que les argiles et les sous produits agricoles. Nous rapportons brièvement quelques résultats de certaines études concernant le phénol et ses dérivés sur des supports naturels. Banat et coll. [44] ont étudié la sorption du phénol sur une bentonite en deux milieux différents en présence du méthanol et de cyclohexane. Ils ont conclu que cette sorption dépend fortement de la solution dans laquelle le phénol était dissous, et que le phénol présente une forte affinité vis-à-vis de l’argile en présence du cyclohexane. Le pouvoir adsorbant des matériaux argileux peut être amélioré par -15- Chapitre I : Problématiques des effluents industriels et méthodes de traitement la modification de leurs propriétés structurales et texturales à travers la fonctionnalisation de la surface de l’argile. Lin et coll. [45] ont mené une étude sur la fixation du phénol et du chlorophénol sur une bentonite greffée par une fonction amine. Ils ont montré que la capacité d’adsorption de cette dernière a été améliorée surtout pour le chlorophénol en comparaison avec la bentonite non traitée. D’autres supports naturels silicatés ont été aussi étudiés tels que la silice, l’alunite, la perlite et la dolomite. Le choix du bon adsorbant a été basé principalement sur l’abondance et la disponibilité du matériau. A côté de ces supports naturels, d’autres adsorbants à base de sous produits agricoles [46], agroalimentaires [47] et industriels [48] ont été développés et testés à l’échelle laboratoire. Différents paramètres ont été pris en compte au cours du phénomène d’adsorption des composés phénoliques sur divers supports notamment le pH, la température, la concentration et la nature de l’adsorbant. II. Propriétés d’adsorption des phosphates naturels et des apatites synthétiques Les apatites naturelles et synthétiques ont été largement utilisées, grâce à leur grande capacité d’adsorption et d’échange ionique. Elles sont capables d’immobiliser différents métaux lourds tels que Cu2+, Cd2+, Zn2+et Pb2+ [28-31, 49-50] et diverses molécules organiques comme les colorants [51] et les pesticides [52-53]. Leur capacité d’adsorption a été aussi exploitée dans des réactions de catalyse [54]. L’utilisation potentielle du phosphate naturel dans la rétention du phosphore a été étudiée à plusieurs reprises [55-56]. Les résultats obtenus sur le phosphate naturel marocain sont les meilleurs, comparés aux mêmes minerais d’origines américaines et canadiennes. La présence des minéraux tels que la calcite et la dolomite dans l’apatite sédimentaire est très bénéfique pour la rétention du phosphore grâce à la bonne dissolution de ces minéraux carbonatés. Il en résulte une augmentation du pH du milieu réactionnel et de la concentration des ions Ca2+ en solution, ce qui favorise la précipitation du phosphate de calcium. Ces résultats ont été confirmés par Brix et coll. [57] lors de leur étude relative à la rétention du phosphore par la calcite. Autres mélanges phosphatés (scories -calcite-apatite) ont été aussi testés avec succès à l’échelle laboratoire et semi- pilote [58]. -16- Chapitre I : Problématiques des effluents industriels et méthodes de traitement Par ailleurs, les essais de décoloration des eaux usées de l’industrie de textile et quelques solutions synthétiques colorées du bleu de méthylène, du jaune réactif 28, et du jaune basique 125 par l’utilisation de l’apatite naturelle marocaine (région de Khouribga) ont montré que l’adsorption du colorant sur cette apatite dépend amplement de la masse de l’adsorbant et du pH du milieu. La capacité d’adsorption est maximale à pH basique pour les colorants cationiques et à faible pH pour les colorants anioniques [36]. A notre connaissance, aucun travail sur l’élimination des composés phénoliques par les phosphates naturels n’a été réalisé. Dans la suite, nous limitons évidement notre rappel bibliographique sur l’élimination des métaux lourds par les apatites naturelles et synthétiques. II. 1. Stabilisation des métaux lourds dans les sols par les apatites Parmi les méthodes de stabilisation in situ des ions métalliques dans le sol, l’utilisation des phosphates est une méthode courante pour réduire la mobilité des métaux lourds dans les sols contaminés. Elle est notamment considérée comme une méthode peu chère et très efficace pour le traitement des sols contaminés au plomb [59]. L’ajout des apatites synthétiques ou naturelles permet la précipitation de minéraux phosphato-métalliques qui sont peu solubles et géochimiquement stables comme le cas de la pyromorphite Pb10(PO4)6X2, (X = OH−, Cl−, F−) [60]. La stabilisation in situ des métaux lourds dépend de la granulométrie de particules phosphatées [61]. Une granulométrie faible des particules (< 3,5µm) facilite mieux la stabilité des ions Pb2+, Zn2+, Cu2+ et Cd2+, ce qui est expliqué par la variation de la surface spécifique, qui augmente avec la diminution de la granulométrie des particules. II. 2. Utilisation des apatites naturelles et synthétiques pour l’élimination des métaux lourds des solutions aqueuses Des efforts significatifs ont été fournis pour évaluer la capacité de rétention du phosphate naturel vis-à-vis des métaux lourds dans les eaux polluées [62]. Les phosphates testés sont de structure et de compositions minéralogiques différentes. Cependant, dans notre étude bibliographique, nous n’envisageons que ceux ayant une structure apatitique. -17- Chapitre I : Problématiques des effluents industriels et méthodes de traitement II. 2. 1. Efficacité d’adsorption des apatites Différentes capacités d’adsorption des ions métalliques ont été reportées dans la littérature. Elles sont souvent liées aux conditions opératoires (concentration initiale, pH, température,…) et amplement à la composition chimique et la teneur du minerai en P2O5. La plus grande affinité des phosphates naturels a été observée avec les ions Pb2+ et le taux de sorption maximal atteint 115 mg/g pour le phosphate marocain de Khouribga [63]. Les ions Cu2+ et Zn2+ sont également retenus par les apatites mais en quantité plus faible que celle de Pb2+. Quelques résultats relatifs à la rétention de ces ions sont énumérés dans le tableau I. 6. Tableau I. 6. : Capacité de rétention des ions Pb2+, Cu2+ et Zn2+ par différents minerais phosphatés. Minerai Capacité d’adsorption (mg/g) Références Pb2+ Cu2+ Zn2+ Khouribga (Maroc) 115,34 - - [63] Marocain (gisement indéfini) 76 34 18,36 [64] Metlaoui (Tunisie) 12,78 10,46 8,54 [65] Florida (USA) 28,6 23,63 17,24 [66] Turquie - 10,80 - [67] Jhabua (Inde) 47,09 48,8 43,53 [68] La capacité de rétention du phosphate naturel peut être améliorée par son activation, qui est basée surtout sur la modification des propriétés de sa surface par la création de sites actifs ou l’amélioration de sa porosité. L’activation dépend de plusieurs facteurs en particulier la granulométrie du phosphate et les conditions de son traitement. Dans ce qui suit, nous décrivons quelques travaux relatifs à la modification de la surface du phosphate naturel provenant de différents minerais à savoir ceux du Maroc et de la Tunisie. a) Traitement chimique Moflih et coll. [63] ont modifié les propriétés de la surface d’un échantillon de phosphate marocain extrait du minerai de Ouled Abdoun (Khouribga) afin d’évaluer son -18- Chapitre I : Problématiques des effluents industriels et méthodes de traitement pouvoir de rétention des ions Pb2+. Ils ont procédé par l’attaque acide nitrique (1 M) pendant deux heures d’une fraction de minerai, de diamètre compris entre 100 et 400 µm. L’analyse par diffraction des rayons X de la poudre du phosphate activé (PA) a montré une structure apatitique identique à celle du phosphate brut, mais avec une surface spécifique de l’ordre de 22 m²/g, légèrement supérieure à celle du phosphate de référence (14 m²/g). Par conséquent, le traitement chimique effectué n’affecte pas beaucoup la surface spécifique. Au cours de cette étude comparative, les auteurs ont évalué l’influence du pH, de la température et de la surface spécifique sur le pouvoir de rétention des phosphates naturel brut et modifié vis-à-vis des ions Pb2+. Ils ont obtenus une capacité d’adsorption du phosphate activé légèrement supérieure à celle du phosphate brut. Cependant, le lien entre l’activation du phosphate naturel et les propriétés de la surface n’était pas bien expliqué dans cette étude comparée aux apatites synthétiques. Une autre étude similaire a été réalisée par Elouar et coll. [65] sur un minerai tunisien de granulométrie comprise entre 200 et 500 µm et d’une surface spécifique de 13,5 m²/g. L’activation de ce minerai est effectuée d’abord par un traitement basique (1 M NaOH) pendant 2 h puis le solide récupéré est ensuite traité par l’acide nitrique de la même manière que celle décrite précédemment pour le phosphate naturel marocain. Le phosphate activé obtenu conserve la structure apatitique avec une surface de l’ordre de 22 m²/g. Les analyses chimiques ont montré que le traitement basique a permis de réduire une fraction des ions fluorures, tandis que les carbonates ont été éliminées par l’attaque acide. Le pouvoir adsorbant du phosphate activé a été aussi testé au cours de cette étude vis-à-vis des ions Pb2+, Cd2+, Cu2+ et Zn2+ en étudiant l’effet du pH, de la concentration initiale du métal, de la température et de la surface spécifique. La capacité d’adsorption des ions Pb2+ est moins intéressante que celle des adsorbants testés par Moflih et coll. [63]. En comparant les résultats expérimentaux menés par Moflih et coll. [63] avec ceux obtenus par Elouear et coll. [65] sur l’activation du phosphate naturel, nous constatons que la surface spécifique reste presque inchangée quelque soit le traitement effectué et ne reflète pas les résultats trouvés. Par contre, nous pouvons expliquer l’amélioration du pouvoir de rétention par la création de sites actifs hydroxyles à la surface lorsque la matière organique intercalée dans la matrice apatitique est éliminée par attaque acide, ce qui favorise le phénomène de complexation des espèces métalliques. -19- Chapitre I : Problématiques des effluents industriels et méthodes de traitement b) Traitement thermique Comme nous l’avons décrit précédemment et dans le but d’utiliser le phosphate naturel marocain comme étant un adsorbant efficace pour le traitement des eaux usées, Aklil et coll. [69] ont effectué aussi un traitement thermique d’un échantillon du phosphate naturel brut à une température de 900°C pendant 2h. Le matériau obtenu est lavé et recalciné pendant 30 min à la même température, et enfin broyé pour obtenir une granulométrie comprise entre 63 à 125 µm. La valeur de la surface spécifique de la fluorapatite obtenue est excessivement faible (1 à 2 m²/g). Le phosphate calciné a été testé pour l’élimination des ions Pb2+, Cu2+ et Zn2+ des solutions aqueuses synthétiques. Les expériences d’adsorption ont été menées sur 5 grammes d’adsorbant par litre de solution en utilisant la méthode en Batch. La capacité maximale de rétention est obtenue à pH initial de 5, selon l’ordre suivant : Pb2+ >Cu2+> Zn2+. A titre comparatif, nous notons que le phosphate traité chimiquement retient plus d’ions Pb2+ que celui traité thermiquement. Cependant, les apatites synthétiques possèdent une meilleure rétention des métaux lourds qui est due à leur surface spécifique élevée. Dans le cas des hydroxyapatites synthétiques, la présence des fonctions P-OH à la surface joue un rôle important dans l’amélioration de leur pouvoir de rétention. II. 2. 2. Mécanisme d’adsorption Les études relatives à la connaissance du mécanisme responsable de la fixation des ions métalliques sur la surface des apatites synthétiques et naturelles sont variées. Par contre, les discussions sur la nature des groupes fonctionnels de la surface du phosphate sur la fixation des espèces toxiques sont quasi-absentes. Ainsi, la réactivité de la surface des minéraux apatitiques est très souvent confondue avec leur structure. D’une manière générale, plusieurs mécanismes physico-chimiques interviennent au cours des transferts de la phase liquide vers la phase solide notamment l’adsorption, l’échange ionique, la dissolution et la précipitation. En effet, ces processus de rétention peuvent intervenir simultanément, avec une bonne contribution des interactions des cations métalliques avec la surface de l’adsorbant. -20- Chapitre I : Problématiques des effluents industriels et méthodes de traitement La dissolution de l’apatite entraîne la libération des ions Ca2+ qui s’échangent avec les ions métalliques pour former la phase minérale correspondante et la stabilité de nouveaux matériaux formés dépend du cation échangé. Au cours de ce processus, le rayon ionique et l’électronégativité de l’ion métallique s’avèrent les principaux paramètres de ce mécanisme. LeGeros et coll. [70] ont démontré que les ions ayant un rayon ionique supérieur à celui du calcium (0,99Å) sont les mieux incorporés dans le réseau apatitique. Cette théorie est en bon accord avec les résultats trouvés par Sona et coll. [62] qui ont étudié la rétention des ions Pb2+(1,20Å), Cu2+(0,79 Å), Zn2+ (0,75 Å) et Co2+(0,65 Å) pris individuellement sur une froncolite naturelle, dont la teneur en P2O5 est supérieure à 20 %. L’ordre de la rétention donné par ces auteurs est le suivant : Pb2+> Cu2+ > Zn2+ > Co2+. La description du mécanisme de rétention des cations métalliques diffère selon la nature du métal et de l’adsorbant. Nous limitons notre rappel, dans ce qui suit, sur trois ions métalliques à savoir Pb2+, Cu2+ et Zn2+. La diversité des résultats décrits dans la littérature nous permet de classer les affinités de ces ions vis- à -vis de la surface de l’apatite. L’élimination des ions Pb2+ des solutions aqueuses par les apatites naturelles et synthétiques a reçu une attention particulière par rapport aux autres métaux lourds à cause de la toxicité de cet élément et de la stabilité du précipité formé après le processus de son adsorption. Sur la base des résultats expérimentaux, le mécanisme de fixation a été décrit comme l’adsorption du plomb sur la surface de l’apatite, suivi par une substitution cationique avec le calcium [71], qui peut être représenté par l’équilibre suivant : Ca10(PO4)6(OH)2 + x Pb2+ Ca10-xPbx(PO4)6(OH)2 + xCa2+ Parallèlement à ce mécanisme, plusieurs auteurs [66] ont évoqué le phénomène de dissolution/précipitation, qui peut être décrit par les équations des réactions suivantes : Ca10(PO4)6F2 + 12H+ 10Ca2+ + 6 H2PO-4 + 2 F- 10Pb2+ + 6 H2PO-4 + 2 F- Pb10(PO4)6F2 + 12 H+ Par ailleurs, la combinaison de plusieurs mécanismes a également été proposée [72]. Sur la base des modèles cinétiques, le processus de fixation des métaux lourds par les solides étudiés a été expliqué par un troisième mécanisme très rapide correspondant à la -21- Chapitre I : Problématiques des effluents industriels et méthodes de traitement complexation des ions Pb2+ sur la surface à l’aide des sites ≡POH de l’apatite, selon l’équation de la réaction : POH + Pb2+ POPb+ + H+ Ce mécanisme a été confirmé par le suivi de la libération des protons H+ dans le milieu réactionnel durant le processus d’adsorption des ions Pb2+ sur une froncolite américaine [66]. Les auteurs de cette étude ont observé une diminution du pH de la solution étudiée de 6,80 à 5,30 dès les premières minutes du processus d’adsorption. L’élimination des ions Pb2+ en présence d’autres espèces métalliques compétitives a été étudiée autant sur les apatites synthétiques que les apatites naturelles. Les expériences d’adsorption ont été réalisées sur une froncolite américaine dont la teneur en P2O5 est supérieure à 30 % [66]. Le taux de rétention des ions Pb2+ diminue en présence des ions Cu2+ et Zn2+ et que cette diminution est en relation avec la concentration des espèces métalliques compétitives dans la solution. Ils ont proposé le mécanisme de complexation à la surface de l’adsorbant comme étant le mécanisme principal de fixation de ces deux espèces avec une contribution de 74,5% pour les ions Cu2+ et de 95,7% pour les ions Zn2+. Parallèlement aux études réalisées sur la rétention des ions Pb2+ sur le phosphate américain, d’autres études citées dans la littérature sont profondément en désaccord avec la nature des interactions entre les solutés cationiques (Cu2+et Zn2+) et les adsorbants apatitiques. Les hypothèses proposées sont pourtant nombreuses mais ne permettent de dégager aucun mécanisme de fixation satisfaisant. Ainsi, la complexation à la surface, la coprécipitation et la diffusion dans le solide sont suggérées. L’étude de la rétention des ions métalliques sur les apatites naturelles est conditionnée par plusieurs paramètres à savoir le pH, la température, la concentration initiale du métal, le temps de contact, les rapports molaires métal/Ca et P/métal et la surface spécifique de l’adsorbant. Sarioglu et coll. [67] ont étudié la rétention des ions Cu2+ sur une fluoroapatite carbonatée extraite des minerais turques dont la teneur en P2O5 est de 30,97% et d’une granulométrie comprise entre 63 et 125 µm. Ils ont évalué tous les paramètres influençant le phénomène d’adsorption et ont constaté que la quantité adsorbée du métal augmente lorsque le pH de la solution diminue et atteint la valeur 4. Le paramètre de la surface spécifique -22- Chapitre I : Problématiques des effluents industriels et méthodes de traitement n’était pas évoqué dans cette étude expérimentale. Par ailleurs, plusieurs auteurs ont démontré que la surface spécifique influe énormément sur la capacité de rétention du phosphate naturel. Conclusion Au cours de ce rappel bibliographique relatif à la description des méthodes physicochimiques les plus répondues pour le traitement des substances nocives, nous avons constaté que chacune de ces techniques possède ses spécifications et ses inconvénients et qu’il n’existe aucune technologie universelle permettant de piéger tous les éléments toxiques présents dans un effluent industriel. Le choix d’une technique, par rapport aux autres, reste lier au coût du processus qui ne doit pas être onéreux d’une part et l’efficacité de rétention d’autre part. D’ailleurs, les techniques du traitement par adsorption sont avérées les meilleures à adopter puisqu’elles mettent en jeu souvent des produits naturels. La disponibilité et l’abondance locale de l’adsorbant sont aussi des facteurs primordiaux pour le choix d’une telle application. Dans un pays comme le Maroc où le phosphate est en abondance, l’exploitation et la valorisation de ce minerai comme agent potentiel de la dépollution s’avèrent très intéressantes. -23- Chapitre II Structure, méthodes de synthèse et fonctionnalisation de la surface des apatites -24- Chapitre II : Structure, méthodes de synthèse et fonctionnalisation de la surface des apatites Introduction Différentes matrices apatitiques sont actuellement utilisées, ou en développement, pour stabiliser des déchets provenant de diverses origines : cations métalliques, substances organiques. Parmi celles-ci, les hydroxyapatites sont couramment étudiées pour piéger et stocker les métaux lourds contenus dans les effluents liquides. Dans ce chapitre, nous présentons la structure, les différentes méthodes de synthèse des apatites ainsi que la fonctionnalisation de leur surface par des groupements organiques et inorganiques. I. Généralités sur la structure et la substitution dans le réseau apatitique I. 1. Structure Les apatites admettent la formule chimique Me10(XO4)6Y2 où Me est un cation divalent (Ca2+, Pb2+, Ba2+…), XO4 un oxyanion (PO43-, VO43-, SiO44- …) et Y un anion monovalent (F-, Cl-, OH-…). L’apatite de référence est la fluoroapatite de formule Ca10(PO4)6F2. La structure du cristal de la fluoroapatite a été établie par Naray-Szabo et Mehmel (1931) [73 - 74] et repris depuis par plusieurs auteurs. D’après Bonel [75] et Young [76], la fluoroapatite cristallise dans un système hexagonal, dont sa structure semblable à l’hydroxyapatite est schématisée par la figure II.1. L’arrangement quasi-compact des ions XO4 constitue le squelette de la structure apatitique. Cet assemblage rigide fait apparaître deux types de tunnels : - Le premier de diamètre égal à 2,5 Å environ (dans le cas des apatites phosphocalciques) est occupé par des cations Me, qui sont au nombre de 4 par maille et présentent une symétrie de site Ch et sont notés Me (I). Ils sont placés sur les axes ternaires en position z = 0 et z = 1/2 et sont entourés de 9 atomes d’oxygènes. - Le second tunnel de diamètre plus grand que le précédent (3 à 4,5 Å dans le cas des apatites phosphocalciques), contient les 6 autres cations Me qui sont notés Me(II). Ils sont situés à la périphérie du tunnel et présentent une symétrie de sites Cs. Ces cations sont positionnés à z = 1/4 et z = 3/4 de la maille suivant l’axe sénaire hélicoïdal en formant deux triangles équilatéraux alternés autour de cet axe. Leur coordinance est égale à 7, ils sont -25- Chapitre II : Structure, méthodes de synthèse et fonctionnalisation de la surface des apatites entourés d’oxygènes et d’anion Y- (Figure II.2). Le long de l’axe de ces tunnels sont distribués les anions Y-, dont la localisation varie suivant leur nature. L’existence des tunnels confère aux apatites des propriétés physico-chimiques voisines de celles des zéolites. Une autre propriété remarquable des apatites est d’admettre des lacunes qui n’existent jamais en site XO4, mais peuvent se localiser en site cationique Me et anionique Y. Figure II. 1 : Projection sur le plan de base (001) de la maille de l’hydroxyapatite selon Young (1975) [76] Figure II. 2 : Localisation des ions OH-, F- et des lacunes au sein du réseau apatitique. -26- Chapitre II : Structure, méthodes de synthèse et fonctionnalisation de la surface des apatites I. 2. Substitutions La structure apatitique est susceptible d’accepter un grand nombre de substitutions [77-78] ce qui peut modifier fortement leurs propriétés physico-chimiques. Un exemple non exhaustif de ces substitutions est donné dans le tableau II.1. Tableau II. 1 : Exemples de substitutions dans la structure apatitique. Me XO4 Y Ca2+ Cd2+ Sr2+ PO43- SiO44- AsO43- OH- F- Cl- Mg2+ Ba2+ Pb2+ SO42- MnO43- VO43- Br- I- lacune Na+ K+ Eu3+ CrO43- CO32- HPO42- S2- O2- CO32- Selon les règles de substitution de la Diadochie [78], plusieurs types de substitution sont possibles : - Substitution d’un ion par un autre ion de même taille, mais de charge différente. Cette substitution ne change pas les paramètres cristallins. - Substitution d’un ion par un autre ion de même charge, mais de taille différente, entraîne une distorsion du réseau cristallin et par conséquent une variation des paramètres de la maille. - Substitution d’un ion par un ion de taille et de charges différentes. Ce type de substitution nécessite une compensation de charges, celle-ci peut être réalisée par : - Substitution couplée : * (Ca2+, F-) → (Ln3+, S2-) * (Ca2+, PO43-) → (Ln3+, SiO44-) ou (Na+, SO42-) - Création de lacunes : * (OH-, OH-) → (CO32-, lacune). * (OH-, OH-) → (O2-, lacune). II. Méthodes de synthèse Plusieurs grandes voies de synthèse sont utilisées pour la préparation des apatites. Elles peuvent être subdivisées en deux grands groupes selon leur protocole : il s’agit de la voie sèche et de la voie humide. La voie humide est caractérisée par l’emploi des solvants alors que la voie sèche n’emploie que le traitement thermique des poudres. La pureté, la -27- Chapitre II : Structure, méthodes de synthèse et fonctionnalisation de la surface des apatites morphologie et le degré de cristallinité des produits obtenus diffèrent selon la méthode employée et les conditions expérimentales imposées. II. 1. Synthèse par voie sèche La synthèse par réaction solide-solide consiste à chauffer un mélange réactionnel, constitué de divers sels de cations et d’anions dans un rapport Me/XO4 égal à 1,67. Ce mélange doit être parfaitement homogène pour permettre une réaction totale. Dans la littérature, il existe différents protocoles expérimentaux employant différents couples de réactifs [79-80]. Les principaux protocoles des réactions mises en jeu sont : 3Ca3(PO4)2.xH2O + Ca(OH)2 Ca10(PO4)6(OH)2 + xH2O (Réaction 1) 6 CaHPO4 + 4 Ca(OH)2 Ca10(PO4)6(OH)2 + 6H2O (Réaction 2) Ces méthodes permettent d’obtenir des produits de grande pureté, elles ne sont envisageables que dans le cas d’une production de produits à haute valeur ajoutée tels que les biomatériaux utilisés pour les prothèses à cause de leur coût énergétique qui reste très élevé. II.2. Synthèse par voie humide La synthèse par voie humide est la méthode la plus utilisée. Cette voie de synthèse regroupe plusieurs méthodes, nous ne citons que celles les plus répondues dans la littérature à savoir la méthode de l’hydrothermale, de la double décomposition, de la neutralisation et du sol -gel. III. 2. 1. Voie hydrothermale Cette technique permet la synthèse des poudres d’hydroxyapatite (HAP) avec la cristallinité et la morphologie désirées. Le principe de cette méthode consiste à travailler à pressions et températures élevées. Dans ces conditions, l’état liquide du milieu réactionnel est conservé. Les réactifs utilisés sont variés, nous citons à titre d’exemple les couples (CaO, H3PO4) et ( Ca(OH)2, CaHPO4,2H2O) [81] qui se font selon les équations des réactions suivantes : 10 CaO + 6H3PO4 Ca10(PO4)6(OH)2 + 8H2O -28- Chapitre II : Structure, méthodes de synthèse et fonctionnalisation de la surface des apatites 4 Ca(OH)2 + 6 CaHPO4,2H2O Ca10 (PO4)6 (OH)2 + 4H2O Le coût énergétique très élevé de cette méthode dans un système fermé reste l’handicape limitant son application industrielle. II. 2. 2. Voie par double décomposition La méthode par double décomposition [81-84]consiste à ajouter de façon contrôlée une solution d’un sel cationique des ions Ca2+ dans une solution des ions PO43- à une température de 80°C. Le précipité est ensuite lavé et séché. Cette technique permet également d’obtenir des apatites mixtes (contenant deux cations différents) avec une maîtrise du rapport Me1/Me2. Les sels des deux cations sont introduits simultanément dans le réacteur avec le rapport atomique Me1/Me2 désiré. L’étude bibliographique révèle une variété de réactifs de sels de calcium et de phosphore employés par cette méthode. La préparation la plus courante est celle décrite par la réaction suivante [85] : 10 Ca(NO3)2,4H2O + 8 NH4OH + 6 (NH4)HPO4 Ca10(PO4)6(OH)2 + 20 NH4NO3 + 46 H2O La plupart des études citées dans la littérature ne s’intéressent pas seulement à l’emploi des réactifs mais aussi aux divers paramètres influençant la synthèse, nous citons en particulier : -Le temps de la réaction de précipitation et de la maturation. -La température de la réaction de synthèse. -Le pH du milieu réactionnel. -Le type d’agitation (mécanique ou magnétique). -Le rapport atomique Ca/P. -La vitesse d’ajout des réactifs, …etc. Liu et coll. [86] décrivent la chronologie des différentes réactions nécessaires à l’obtention de l’hydroxyapatite (HAp) à travers les étapes intermédiaires suivantes : 1°) Formation de phosphate octocalcique (OCP) très instable : (Ca8H2(PO4)6,5H2O, Ca/P = 1,33) ; 2°) Transformation très rapide de l’OCP en phosphate de calcium amorphe (ACP) : (Ca3(PO4)2, xH2O, Ca/P = 1,50) ; -29- Chapitre II : Structure, méthodes de synthèse et fonctionnalisation de la surface des apatites 3°) Transformation progressive de l’ACP en hydroxyapatite déficiente en calcium (DCP) : (Ca10−x(HPO4)x(PO4)6−x(OH)2−x,nH2O) 0 < x < 1 qui conduit finalement à l’obtention d’une hydroxyapatite HAp stable et stœchiométrique (Ca/P = 1,67). Une relation entre le rapport Ca/P, la température et le temps de la réaction a été aussi discutée dans cette étude. En effet, les résultats obtenus sont en bon accord avec ceux antérieurement décrits par de nombreux auteurs [78, 85]. Ces derniers ont constaté que lorsque le temps de la réaction est supérieur à 24 h, le rapport Ca/P est invariable et très proche de 1,67. Ils ont défini un temps minimum de maturation pour l’obtention de HAp stœchiométrique. A la température de 25°C, le temps doit être supérieur à 7 heures. II. 2. 3. Voie par neutralisation La méthode par neutralisation consiste à neutraliser une solution du lait de chaux en y ajoutant une solution d’acide orthophosphorique. La précipitation dépend de la dissolution de Ca(OH)2, de la diffusion des ions Ca2+et OH− ainsi que de l’hydrolyse de H3PO4 , ce qui rend complexe le contrôle de la réaction afin d’obtenir des poudres de caractéristiques désirées [87]. Cette méthode est très utilisée dans le cas de la préparation des apatites au baryum Ba10(PO4)6X2 (X = OH-, F-), et donne une apatite stoechiométrique de structure bien cristallisée [88]. Cependant, la méthode de neutralisation reste intéressante en vue d’une application industrielle, elle permet d’obtenir de grandes quantités d’hydroxyapatite pure avec peu de matériel. Généralement, la plupart des synthèses par voie humide entraînent la formation d’une HAp non stœchiométrique (rapport Ca/P ≠ 10/6) [89-90]. Après un traitement thermique à une température supérieure à 800°C, d’autres phases non apatitiques peuvent apparaître [91]. Rapport molaire Ca/P Phases <1,667 HAp + βCa3(PO4)2 > 1,667 HAp + CaO II. 2. 4. Voie par sol-gel Le principe du procédé sol-gel est basé sur la polymérisation de précurseurs organométalliques de type alcoxydes M(OR)n. Après une hydrolyse contrôlée de cet alcoxyde, -30- Chapitre II : Structure, méthodes de synthèse et fonctionnalisation de la surface des apatites la condensation des monomères conduit à des ponts oxo puis à un oxyde organique. La polymérisation progressive de ces précurseurs conduit à la formation des oligomères puis des polymères en augmentant ainsi la viscosité du milieu réactionnel. Ces solutions polymériques conduisent à des gels qui permettent une mise en forme aisée des matériaux (films denses et transparents, poudres ultrafines, céramiques, ...) utilisés dans de nombreuses applications technologiques [92]. Le procédé sol-gel est la technique la plus appropriée pour la synthèse des nanohydroxyapatites, puisqu’elle permet un contrôle précis des paramètres de ce processus. De plus, ce procédé favorise la réduction de la température de la réaction et par conséquent minimise le coût énergétique. Les précurseurs du phosphate et du calcium sont très variés dans la littérature, nous citons dans le tableau II. 2 quelques exemples. Le coût élevé de ces réactifs est l’handicape principal de ce procédé. Tableau II. 2 : Précurseurs de calcium et du phosphore utilisés dans la préparation de l’hydroxyapatite par le procédé sol-gel. Précurseur de calcium /solvant Précurseur de Références phosphore/solvant Diétoxide de calcium/ éthanol Triéthylphosphite/éthanol [93] Nitrate de calcium/éthanol Triéthylphosphate/éthanol [94] Glycoxide de calcium/éthylène Pentaoxide phosphorique [95] glycol (P2O5)/éthanol ou butanol ou éthanoldiol II. 3. Relation entre les paramètres de synthèse et les propriétés texturales Les valeurs des surfaces spécifiques publiées dans la littérature sont très variées et dépendent des paramètres de synthèse [90, 96-97]. Les résultats de certaines études [96] ont montré que l’augmentation de la température active la croissance cristalline des grains, ce qui inhibe la nucléation et entraîne la diminution de la surface spécifique. Contrairement au temps de maturation, un accroissement de plus de 24 h à l’ambiante, permet d’obtenir des surfaces spécifiques de l’ordre de 150 m²/g. L’influence du choix des réactifs de départ est également discutée dans cette étude. De leur part, El Hammari et coll. [97], ont synthétisé une -31- Chapitre II : Structure, méthodes de synthèse et fonctionnalisation de la surface des apatites hydroxyapatite par la méthode de neutralisation en milieu eau-éthanol de surface spécifique voisine de 235 m²/g. La diversité des méthodes de synthèse des apatites aboutit à l’amélioration de leurs propriétés physico-chimiques (structurale, texturale, mécanique, etc…). Plusieurs chercheurs se sont intéressés à la modification de la surface des apatites afin d’améliorer leur réactivité vis-à-vis des substances nocives. III. Fonctionnalisation de la surface de l’apatite La fonctionnalisation de la surface d’une hydroxyapatite est réalisée selon des procédés en phase liquide. Partons d’une surface bien structurée, les molécules sont greffées directement et d’une manière covalente sur la matrice apatitique. Ce greffage doit être homogène et préserve la structure apatitique. Les récents progrès scientifiques en nanotechnologie ont montré l'intérêt qu’apportent les nanoparticules par leurs propriétés physico-chimiques. Cette section est relative à une étude bibliographique des procédés permettant la modification des surfaces des apatites. III. 1. Greffage des organophosphates L’hydroxyapatite possède des charges et des sites actifs hydrogénés à sa surface comme dans le cas de la silice poreuse : il s’agit de sites amphotères ≡Ca-OH et ≡P-OH [98] Ci-après nous représentons les équilibres et les constantes des réactions qui y sont afférentes : ≡PO- + H+ ↔ ≡CaOH2+ log Kp = 6,68 ± 0,1 ≡POH ↔ ≡ CaOH + H+ log KCa = -9,70 ± 0,1 Ces sites hydrogénés sont capables de réagir avec les additifs organiques pour former des matériaux hybrides organiques-inorganiques. L’incorporation des organophosphates tels que l’hexylphosphate, le décylphosphate et l’acide pyrophosphorique [99] a été bien étudiée. La plupart de ces composés greffés conservent la valeur de la surface spécifique, mais ils modifient les propriétés acido-basiques et la composition chimique de la surface de l’HAp. La majorité des matériaux apatitiques greffés sont destinés à des applications médicales (prothèses, implants) afin de résoudre les dérèglements de l'activité ostéoclastique à l'origine de nombreuses pathologies osseuses. -32- Chapitre II : Structure, méthodes de synthèse et fonctionnalisation de la surface des apatites D’autres études ont montré la possibilité de greffer un polymère organique phosphaté à la surface de l’hydroxyapatite par précipitation et ont conclu que les ions OH- de la surface de l’hydroxyapatite sont échangés avec les groupements des phosphates alkyles [100]. III. 2. Greffage des organophosphonates Les organophosphonates sont des composés organiques dont la formule brute est RPO(OH)2. Ils sont très connus par leur pouvoir complexant des métaux. L’étude relative à la modification de la surface des apatites par les organophosphonates, à cause de leurs affinités vis-à-vis de celle-ci, a attiré l’intention de plusieurs chercheurs [101-102]. Cependant, ces études restent très modestes par rapport à d’autres composés organophosphorés. Une des récentes études est celle réalisée par Choi et coll.[103], qui ont procédé par le greffage d’un polymère d’acide phosphonique vinyle (APV) avec des taux de greffage variés au sein de l’HAp, préalablement préparée par double décomposition. Ce procédé de greffage a été réalisé en présence des entités équimolaires de K2S2O8 et Na2S2O5. L’action de l’APV a été bien remarquée par l’amélioration de la surface spécifique qui passe de 73,5 m²/g pour HAp pure à 138 m²/g pour celle greffée à un taux de greffage de 12,5%. Contrairement, le rapport Ca/P passe de 1,67 à 1,32, expliqué par l’augmentation des groupements P-OH fixés sur sa surface. Cette valeur de la surface spécifique reste relativement faible par rapport à celle obtenue par El Hammari et coll. [104]. Ces derniers auteurs ont mené une étude expérimentale inédite, permettant de préparer deux hydroxyapatites par la méthode de neutralisation de Ca(OH)2 par NH4H2PO4 et en présence de deux espèces d’organophosphonates (C6H5PO(OH)X (X = OH, H) pris séparément. Ces derniers ont été introduits avec les réactifs de synthèse à des pourcentages variés. L’étude structurale des poudres obtenues, par diffraction des rayons X, révèle une structure apatitique mal cristallisée. Après traitement à 800°C, une bonne cristallisation a été obtenue suite à la dégradation thermique des groupements phényles C6H5. A des taux de greffage élevés, l’apparition des phases secondaires β-Ca3(PO4)2 et CaO a été aussi détectée en plus de celle de l’apatite. Les apatites ainsi préparées ont des surfaces spécifiques plus importantes de l’ordre de 267 m²/g comparée à 140 m²/g pour HAp pure. La forte diminution des diamètres des pores (de 15 à 7 nm) a été expliquée par le désordre moléculaire au sein du réseau apatitique provoqué par la présence des espèces organiques. -33- Chapitre II : Structure, méthodes de synthèse et fonctionnalisation de la surface des apatites III. 3. Action des autres additifs non phosphatés La modification de la surface des molécules organiques phosphatées par greffage d’autres molécules organiques a été aussi étudiée. Nichola et coll.[105] ont tenté l’estérification de la surface apatitique par l’action de l’alcool dodécylique et aussi par la silice. Il s’est avéré que l’introduction de ce dernier dans la structure de l’apatite a une influence importante sur sa stabilité et sa surface spécifique. Oberto et coll.[106] ont récemment mené une étude comparative du pouvoir de rétention de l’apatite greffée par des organosilanes portant des groupements amine vis-à-vis des ions métalliques Cu2+ et Co2+. Une nette diminution de la surface spécifique des apatites greffées en fonction de l’augmentation du nombre de la fonction amine porté par les groupements silanes est remarquée. Par ailleurs, la capacité de rétention est proportionnelle avec le nombre de ces groupements. Ces auteurs ont conclu que les fonctions amines contribuent par leur caractère complexant dû aux doublets libres de l’azote à côté des groupements P-OH de la surface de l’HAp à retenir les ions métalliques. Conclusion Cette étude bibliographique révèle deux principales voies de synthèses des hydroxyapatites : la voie sèche et la voie humide. La réaction des espèces organiques portant des groupements phosphatés et phosphonatés au sein de la matrice apatitique permet d’augmenter sa réactivité vis-à-vis des adsorbats, qui se traduit généralement par l’augmentation de la surface spécifique, du nombre de groupements fonctionnels P-OH à la surface de HAp et de la charge de la surface. Le greffage des organosilanes portant des fonctions amines entraîne l’augmentation de la capacité d’adsorption de l’HAp vis-à-vis des métaux lourds selon des réactions de complexation entre les groupements amines et les cations métalliques. A partir de cette synthèse bibliographique et en nous inspirant de divers protocoles de synthèses des apatites, nous axons notre travail sur l’élaboration de nouvelles apatites en vue de leur utilisation comme matériaux dépolluants lors du traitement des effluents industriels. Du fait que la synthèse de l’hydroxyapatite nécessite des réactifs commerciaux souvent chers, -34- Chapitre II : Structure, méthodes de synthèse et fonctionnalisation de la surface des apatites et dans le but de valoriser le phosphate naturel marocain, nous avons jugé utile d’utiliser ce minerai comme produit de base de notre synthèse. -35- Partie II Synthèse et caractérisation de nouveaux matériaux apatitiques à partir du phosphate naturel de Benguérir Cette partie a fait l’objet de deux publications dans des revues scientifiques et trois communications internationales : - Journal of Thermal Analysis and Calorimetry 95(2009) 15-19. - Journal of Colloid and Surfaces A: Physicochemical and Engineering Aspects 350 (2009) 73-78 - Congrès sur les Résonances Magnétiques CRM (2008). - COVAPHOS III (2009). - REMCES 11 (2009). -36- Les apatites suscitent un vif intérêt en tant que substituts osseux grâce à leur composition chimique voisine de celle des tissus calcifiés des vertèbres, os et dents. En dépit de leur intérêt considérable dans les domaines médical et environnemental, les phosphates à structure apatitique sont demeurés longtemps en marge des préoccupations des scientifiques. Il a été ainsi possible de préparer et d’étudier systématiquement des apatites de complexité croissante. La recherche et le développement des méthodes de synthèse des adsorbants à base de phosphate de calcium, capables d’être des fixateurs des polluants organiques et inorganiques, constituent les principaux axes de recherche de notre Laboratoire de Chimie Physique Générale de la Faculté des Sciences de Rabat. A cet effet, nous avons entrepris un travail consistant à préparer des hydroxyapatites mésoporeuses de surfaces spécifiques importantes et d’apporter une contribution à l’étude des propriétés d’adsorption de ces matériaux. L’originalité de ce travail est la synthèse de phosphates de calcium, de structure apatitique de haute valeur ajoutée, à partir du phosphate naturel marocain de Benguérir. -37- Chapitre III Caractérisation physico-chimique du phosphate naturel de Benguérir (Maroc) -38- Chapitre III: Caractérisation physico-chimique du phosphate naturel de Benguérir (Maroc) Introduction L’écorce terrestre renferme un nombre important de gisements phosphatés d’origine ignée et sédimentaire [107]. Ces derniers qui tiennent leur source de l’accumulation des ossements d’espèces marines il y a des millions d’années sont les plus importants en nombre et volume. Ils se répartissent dans plusieurs parties du monde généralement en zone côtière peu profonde, et se présentent avec des propriétés chimiques et physiques très variées. Les phosphates marocains sont les plus importants aussi bien en quantité qu’en qualité. Ces gisements se localisent dans les gisements de Gantour (Youssoufia et Benguérir), de Messkala (Chichaoua), d’Oued Eddahab (Boucraâ) et d’Ouled Abdoun (Khouribga). La composition minéralogique de ces phosphates est assez complexe mais elle correspond généralement à la fluoroapatite phosphocalcique. Cette dernière se trouve associée et/ou substituée à de multiples composés minéraux et organiques qui forment la stérile, appelée généralement la gangue. Les gisements de Benguérir disposent de réserves importantes en phosphates. Elles se caractérisent par une variation lithochimique qui se traduit par une diminution de l’abondance des grains de phosphates des parties inférieures et supérieures. Ceci permet de distinguer trois principales couches : sommitale, principale et supérieure. Avant d’entamer la préparation des apatites synthétiques à partir du phosphate naturel de ce gisement, une caractérisation de ce minerai est jugée utile pour déterminer ses caractéristiques minéralogiques et chimiques. Les techniques de caractérisation utilisées sont en particulier la diffraction des RX (DRX), la spectroscopie infrarouge à transformée de Fourrier (IR-TF), la résonance magnétique nucléaire à l’état solide (RMN-MAS), les analyses thermiques (ATG/ATD) et les analyses chimiques. La mise en valeur du phosphate de Benguérir permettra de produire de nouveaux matériaux phosphatés à vocation particulière. I. Echantillonnage Pour être utilisé comme matériau de base de notre synthèse, le phosphate naturel doit avoir un profil général bien déterminé. L’homogénéité de l’échantillon et sa granulométrie doivent être bien maîtrisées. Un échantillon de phosphate de Benguérir est prélevé au niveau -39- Chapitre III: Caractérisation physico-chimique du phosphate naturel de Benguérir (Maroc) de la couche IV (fourni par le Centre de Recherche des Phosphates Minéraux CERPHOSCasablanca). Il a subi un traitement préalable pour éliminer les impuretés associées aux minéraux phosphatés comme indiqué ci-dessous : *Séparation granulométrique : la séparation par voie humide consiste en un lavage à l’eau selon la technique d’attrition suivi d’un tamisage en trois fractions, F1<100µm, F2 comprise entre 100 et 400 µm et F3> 400 µm. Seule la fraction F2 riche en phosphate naturel est conservée et séchée à l’étuve. *Broyage : le broyage avec tamisage permet de ramener la granulométrie du phosphate à une zone entre 63 et 125 µm. Cette dimension correspond à une norme couramment utilisée pour les catalyseurs [108]. La caractérisation physico-chimique de l’échantillon a été effectuée par différentes méthodes d’analyses qualitative et quantitative. II. Caractérisation du phosphate naturel de Benguérir II. 1. Examen par diffraction des rayons X Le phosphate naturel a été caractérisé par diffraction des rayons X à différentes températures de calcination (Figure III.1). Le diffractomètre utilisé est un Philips PW131. A la température ambiante, la majorité des raies de diffraction observées sont attribuées à la phase apatitique. D’autres phases secondaires sont aussi présentes et attribuées au SiO2 quartz et à la fluorine CaF2. Nous notons aussi une bonne résolution des pics de diffraction des RX, ce qui traduit une bonne cristallinité du phosphate naturel. Quelques pics relatifs à la calcite ont été aussi identifiés. Des diagrammes similaires des DRX ont été identifiés pour d’autres phosphates naturels marocains à savoir ceux des gisements de Khouribga [63] et de Youssoufia [51, 109-110]. Le traitement thermique du minerai à 600°C révèle une seule phase apatitique exempte de toutes autres phases étrangères. La disparition des pics relatifs au quartz peut être -40- Chapitre III: Caractérisation physico-chimique du phosphate naturel de Benguérir (Maroc) expliquée par la transformation de ce dernier en silicate de calcium amorphe ou par l’incorporation de SiO2 dans le réseau apatitique pour donner une apatite phosphosilicatée. * SiO 2 + CaF2 1000°C 800°C 600°C * * 20 * 25 100°C + 30 * 35 40 45 50 55 2 Théta (degré) Figure III. 1 : Diagrammes de diffraction des rayons X du phosphate naturel à différentes températures de calcination. Les paramètres cristallographiques du phosphate naturel sont calculés et leurs valeurs sont données dans le tableau III. 1. La comparaison de ces paramètres à celles d’autres apatites synthétiques et naturelles reportées dans la littérature nous permet de prévoir que le phosphate étudié est composé principalement d’une Froncolite, apatite naturelle généralement bien cristallisée. -41- Chapitre III: Caractérisation physico-chimique du phosphate naturel de Benguérir (Maroc) Tableau III. 1 : Paramètres cristallographiques du phosphate naturel de Benguérir comparés à ceux des apatites naturelles et synthétiques [78]. Paramètre Phosphate Hydroxyapatite Fluorapatite Froncolite cristallins naturel étudié a 9,360 9,421 9,372 6,889 6,882 6,888 ≤ 9,360 (variable avec la teneur en CO2 et H2O) ≤6,890 (variable c avec H2O) II. 2. Examen par spectroscopie infrarouge L’appareil utilisé, dans cette étude, est un spectromètre à transformée de Fourier Brüker IFS66v. Le domaine spectral étudié s’étend de 4000 cm-1 à 400 cm-1 avec une résolution de 2 cm-1. Une masse de 2 mg de poudre préalablement broyée dans un mortier en agate est mélangée avec 300 mg de KBr. Ce mélange est pressé sous forme de pastille dans une matrice en acier. L’analyse par spectroscopie IR met en évidence plusieurs bandes en particulier celles attribuables aux ions PO43- (Figure III. 2). Les bandes d’absorption symétrique et antisymétrique des groupements PO4 se situent dans le domaine compris entre 1100 et 950 cm-1 et celles de déformation entre 571 et 601 cm-1. Ces résultats sont en bon accord avec ceux obtenus pour d’autres apatites phosphocalciques synthétiques [78, 90, 97]. Nous avons identifié aussi les bandes d’adsorption caractéristiques des carbonates à 1458, 1430 et 871 cm-1. Le spectre IR du phosphate naturel de Benguérir ne présente aucune bande d’absorption caractéristique des ions hydroxyles OH- à 3560 et 630 cm-1, ce qui confirme que ce phosphate est une fluoroapatite carbonatée. D’autres bandes attribuables à la présence des traces des composés carbonylés apparaissent vers 1800, 1640, 790 et 648 cm-1. Dans le domaine de 780 à 800 cm-1, nous observons des bandes qui pourraient être attribuées à la vibration des groupements silicates. -42- Transmittance (%) Chapitre III: Caractérisation physico-chimique du phosphate naturel de Benguérir (Maroc) 4000 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500 -1 Fréquence (cm ) Figure III. 2 : Spectre infrarouge du phosphate naturel de Benguérir étuvé à 100°C. II. 3. Examen par spectroscopie de résonance magnétique nucléaire à l’état solide Cette technique nous a permis d’identifier le dénombrement de sites cristallographiques du phosphore, du silicium et du carbone présents dans le phosphate naturel marocain de Benguérir. Les spectres RMN-MAS (Magic Angle Spinning) ont été enregistrés sur un spectromètre Bruker MSL 300 avec un temps de contact de 1 ms et une vitesse de rotation de 4 KHz. Les figures III. 3a, III. 3b et III. 3c rassemblent respectivement les spectres RMN-MAS du 31P, du 29Si et du 13C. 2,9 ppm (a) -100 -50 0 50 100 Déplacement chimique (ppm) Figure III. 3a : Spectre de la résonance magnétique nucléaire du phosphore à l’état solide (RMN31P) du phosphate naturel de Benguérir. -43- -107 Chapitre III: Caractérisation physico-chimique du phosphate naturel de Benguérir (Maroc) (b) -140 -120 -100 -80 -60 Déplacement chimique (ppm) Figure III. 3b : Spectre RMN- MAS 29Si du phosphate naturel de Benguérir. (c) -100 -50 0 50 100 150 200 250 300 Déplacement chimique (ppm) Figure III. 3c : Spectre RMN 13C du phosphate naturel de Benguérir. Sur le spectre RMN-MAS 31P (Figure III. 3a), un seul signal du phosphore à 2,9 ppm (versus H3PO4) est observé. Ceci confirme la présence d’un seul site cristallographique du phosphore comme nous l’avons déjà observé dans le cas des apatites phosphocalciques -44- Chapitre III: Caractérisation physico-chimique du phosphate naturel de Benguérir (Maroc) synthétiques [96, 104]. Ces résultats confirment aussi ceux obtenus par diffraction des RX, qui indiquent que le phosphate naturel de Benguérir est constitué uniquement du phosphate apatitique [111-112]. Sur le spectre RMN-MAS 29 Si (Figure III. 3b), une seule raie de résonance a été détectée à -107 ppm caractéristique de SiO2-quartz [113]. Par contre, le spectre RMN-MAS 13 C (Figure III. 3c) de ce minerai présente plusieurs pics vers 41, 66, 88, 132, 142, 149, 169 et 175 ppm relatifs aux différents environnements structuraux du carbone [111]. En effet, les carbonates peuvent remplacer les phosphates (type B) et les ions hydroxydes (type A) dont le domaine de résonance est compris entre 150 et 180 ppm. Les résonances comprises entre 40 et 150 ppm et celles du domaine 180 - 240 ppm sont attribuables à la résonance de différents carbones organiques présents dans le phosphate naturel marocain de Benguérir. II. 4. Analyses thermiques Généralement, une substance soumise à un traitement thermique peut subir une modification de ses propriétés physico-chimiques à savoir le changement de phase, la modification de structure et la décomposition. L’analyse thermogravimétrique a pour objet d’enregistrer en continu la variation de la masse d’un échantillon lors d’un cycle thermique. Cette technique est couplée à l’analyse thermique différentielle (ATD), qui est basée sur l’étude de l’énergie dégagée ou absorbée par le matériau étudié quand il subit des transformations physiques ou chimiques. Le comportement thermique du minerai de Benguérir a été étudié par analyse thermogravimétrique ATG et sa dérivée DTG (Figure III. 4). L’analyse du thermogramme montre trois principales pertes de masses : La première perte de 0,8 % observée entre la température ambiante et 118°C correspond à la désorption physique de l’eau. La seconde perte est de 1,5 %, située entre 118°C et 420°C est attribuable à la désorption de l’eau de structure et à la décomposition de quelques matières organiques peu liées au réseau apatitique. -45- Chapitre III: Caractérisation physico-chimique du phosphate naturel de Benguérir (Maroc) La dernière et principale perte de masse de 4,5% se situant entre 420°C et 1000°C correspond principalement à la décomposition des carbonates, qui sont déjà détectés par spectroscopies IR et RMN du carbone. Au delà de 1000°C, une faible perte de masse est observée, due au départ des molécules d’eau lors des transformations 753°C 100 + 0 .8 % DTG 0 ,3 5 0 ,3 1 .5 % 98 0 ,2 5 97 0 ,2 + 94 5 % + 343°C 95 135°C 96 98°C Perte de masse (%) 99 TG 0 ,1 + 0 ,0 5 93 92 0 0 ,1 5 Deriv. perte de masse (%/min) structurales. 200 400 600 800 1000 0 1200 T e m p é r a tu r e (° C ) Figure III. 4 : Thermogramme ATG (___) et sa dérivée DTG (----) du phosphate naturel de Benguérir. A partir de ce thermogramme, la température optimale pour la calcination du phosphate naturel est de 1000°C. Par conséquent, les résultats de l’ATG et de diffraction des RX montrent qu’à partir de 1000°C le phosphate naturel de Benguérir est stable sous forme d’une fluoroapatite Ca10(PO4)6F2. Aussi, le traitement thermique ATG/ATD du phosphate naturel de Benguérir à différentes vitesses de chauffage (10, 20, 30°C/min) est aussi effectué au cours de cette étude. (Figure III. 5). Nous constatons que les pertes de masses totales obtenues sont presque les mêmes aux différentes vitesses imposées. La perte de masse totale du minerai étudié est d’environ 7 %, une valeur inférieure à celle obtenue pour d’autres minerais marocains (minerai de Youssoufia (20,8 %)) [109-110]. Cette différence peut être expliquée par la -46- Chapitre III: Caractérisation physico-chimique du phosphate naturel de Benguérir (Maroc) variation de la composition chimique du phosphate naturel d’un gisement à l’autre qui est due principalement aux mécanismes de formation des éléments phosphatés au cours des ères (a) 762 754 (b) 99 30 °C/min 20 °C/min 10 °C/min 350 210 98 97 30°C/min 657 727 96 20°C/min 364 95 167 124 93 312 10°C/min 159 94 113°C Perte de masse (%) 700 100 676 géologiques [107]. 200 92 200 400 600 800 1000 1200 400 600 800 Température (°C) Température (°C) Figure III. 5 : Thermogrammes ATG (a) et ATD (b) du phosphate naturel obtenus à différentes vitesses de chauffage. II. 5. Analyses chimiques L’analyse élémentaire des principaux éléments constitutifs du phosphate naturel est effectuée à l’aide d’un spectromètre ICP-AES (THERMO FLASH2). Le choix des raies analytiques a été effectué de manière à éviter les interférences spectrales qui sont les problèmes majeurs rencontrés en spectrométrie d’émission à plasma inductif. Les résultats sont rapportés dans le tableau III. 2. Les teneurs de ces éléments sont aussi confirmées par l’analyse dispersive en énergie des R.X (EDAX) (Figure III. 6). Tableau III. 2 : Composition chimique du phosphate naturel de Benguérir. Eléments Ca P Si F Ca/P % massique 37,847 15,027 1,65 2,84 1,95 -47- 1000 Chapitre III: Caractérisation physico-chimique du phosphate naturel de Benguérir (Maroc) Figure III. 6 : Analyse dispersive en énergie des R.X (EDAX) des éléments chimiques constitutifs du phosphate naturel. Le rapport molaire Ca/P est de l’ordre de 1,97, valeur légèrement supérieure à celle d’une apatite phosphocalcique stéochiométrique (Ca/P = 1,667). Cette différence de rapport est liée à la présence dans le minerai de carbonates et d’autres impuretés comme nous l’avons détecté par spectroscopies infrarouge et RMN à l’état solide. L’ensemble de ces résultats confirme que le phosphate PNB est une Froncolite. II. 6. Propriétés texturales II. 6. 1. Mesure de la surface spécifique La surface développée par unité de masse du solide, qui tient compte de toutes les irrégularités de surface à l’échelle moléculaire, est l’une des caractérisations les plus importantes de ses propriétés physico-chimiques. La mesure de la surface spécifique des apatites préparées a été réalisée à l’aide d’un appareil « Micrométrics ASAP 2010 » qui utilise le procédé d’adsorption en multicouches de gaz d’azote à 77 K selon la théorie de Brunauer, Emett et Teller (BET). Elle repose sur la détermination de la quantité de gaz nécessaire pour fixer une couche monomoléculaire à la surface du solide. La connaissance du volume de ce gaz fixé, nous permet de déterminer la surface recouverte et donc l’aire spécifique du matériau étudié. L’échantillon à analyser doit être évacué de toutes molécules d'eau ou de -48- Chapitre III: Caractérisation physico-chimique du phosphate naturel de Benguérir (Maroc) CO2, qui peuvent être déposées sur la surface de l'échantillon. Pour ce faire, nous procédons à un dégazage de l'échantillon sous vide (à pression réduite < 10-4 Torr) et à une température de 200°C (en prenant soin de respecter les propriétés physiques de l'échantillon). La masse de l'échantillon dégazé est notée afin d’en tenir compte lors du calcul final de la surface spécifique. L’isotherme d’adsorption-désorption de l’azote par le phosphate naturel de Benguérir est illustrée par la figure III. 7 et qui est de type IV selon la classification de Brunauer. La surface spécifique du matériau étudié, déterminée par la méthode de BET, est de l’ordre de 20 m2/g, valeur très faible comparée à celle des apatites synthétiques reportées dans la littérature [114-116]. La distribution du volume poreux a été déterminée selon la méthode de BJH et représentée par la courbe illustrée par la figure III. 8. Cette courbe présente deux populations dont le diamètre moyen de la principale distribution est 20 nm. La première population peut être due à l’existence des traces d’argile insolubles, tandis que la seconde est caractéristique d’une surface mésoporeuse du phosphate de calcium. 40 30 3 ( cm /g, STP) Volume d'azote adsorbé 50 20 10 0 0 0,2 0,4 0,6 Pression relative P/P 0,8 1 0 Figure III.7 : Isothermes d’adsorption et désorption de l’azote par le phosphate naturel de Benguérir. -49- Chapitre III: Caractérisation physico-chimique du phosphate naturel de Benguérir (Maroc) 3 2 Surface cumulative (m /g) 3 ,5 2 ,5 2 1 ,5 1 0 ,5 0 0 20 40 60 80 100 D ia m è tr e m o y e n (n m ) Figure III. 8 : Distribution volumique des tailles des pores du phosphate naturel calculée selon la méthode de BJH. II. 6. 2. Caractérisation morphologique par microscopie électronique à balayage L’observation au microscope électronique à balayage (MEB) couplée à l’analyse dispersive en énergie des rayons X (EDAX) montre que le phosphate naturel de Benguérir est constitué essentiellement de particules phosphatées de formes irrégulières ou parfois fois arrondies (Figure III. 9). Cette variété de particules, en plus des particules de l’apatite, est liée à la présence de débris osseux, de débris organiques ainsi que de grains de quartz. Ces observations confirment la structure identifiée auparavant par diffraction des rayons X et par spectroscopie d’absorption infrarouge. -50- Chapitre III: Caractérisation physico-chimique du phosphate naturel de Benguérir (Maroc) Figure III. 9 : Images de MEB du phosphate naturel de Benguérir à deux résolutions différentes. Conclusion Les différentes techniques d’analyses utilisées, au cours de cette étude, ont permis de caractériser le phosphate naturel de Benguérir. Ce minerai est une fluorapatite carbonatée possédant une faible surface spécifique comparée aux apatites synthétiques. Cette caractérisation physico-chimique permettra, sans doute, de déterminer le traitement approprié (attaque acide, greffage des particules,…) en vue d’une telle valorisation de ce minerai. -51- Chapitre IV Elaboration et caractérisation des apatites modifiées à partir du phosphate naturel de Benguérir -52- Chapitre IV : Elaboration et caractérisation des apatites modifiées à partir du phosphate naturel de Benguérir Introduction Les procédés de synthèse des apatites phosphocalciques stéochiométriques sont nombreux et largement étudiés. Néanmoins, les poudres apatitiques considérées pour cette étude feront l’objet de tests à vocation environnementale. Elles seront utilisées comme matériaux pour immobiliser des substances nocives issues des effluents industriels. Il est donc souhaitable d’utiliser une méthode de production économique n’engendrant que peu de sous produits polluants d’une part, et aboutit à des poudres de grandes surfaces spécifiques d’autre part. La préparation des apatites phosphocalciques, qui utilise des réactifs de calcium et de phosphore issus des produits commerciaux, est généralement très coûteuse. Dans ce travail, nous avons essayé de combiner les méthodes de préparations décrites dans la littérature et d’utiliser des précurseurs naturels des ions Ca2+ et PO43- à partir du phosphate naturel marocain, tout en optimisant les paramètres de synthèse pour obtenir des nanoparticules du phosphate de calcium de structure apatitique. Cette démarche constitue le point original de notre travail. I. Procédure expérimentale de l’élaboration des apatites modifiées En nous inspirant des méthodes utilisées pour la synthèse des apatites phosphocalciques, nous avons préparé trois matériaux tout en variant les paramètres de synthèse à savoir le type de solvant (eau, éthanol), la température de synthèse et le temps de maturation. Le principe de notre synthèse est basé sur la réaction de dissolution du phosphate naturel dans l’acide nitrique (HNO3) pour libérer particulièrement les ions Ca2+ et PO43-. Le solide est ensuite obtenu par précipitation des ions en solution à l’aide d’une solution ammoniacale (NH4OH à 25%). Une masse de 30 g du phosphate naturel collecté du minerai de Benguérir est introduite dans un réacteur de 2 L contenant 500 mL d’eau distillée. La réaction de dissolution du minerai est réalisée par l’ajout d’un volume de 20 mL d’une solution d’acide nitrique HNO3 concentrée (65%). Le mélange réactionnel est maintenu sous agitation continue à l’aide d’un agitateur magnétique pendant une durée optimale de 3 heures à la température ambiante. -53- Chapitre IV : Elaboration et caractérisation des apatites modifiées à partir du phosphate naturel de Benguérir Après dissolution totale du phosphate naturel brut (noté PNB), le mélange obtenu est filtré sous vide. Le pH a été optimisé à 2 pour la réaction de dissolution (Figure IV.1). Cette valeur de pH permet la dissolution totale du PNB avec un rapport molaire Ca/P = 1,70, valeur proche de celle caractéristique de la synthèse d’une apatite stéochiométrique (Ca/P = 1,67). Le filtrat obtenu est ensuite neutralisé par un volume de 200 mL d’ammoniaque concentré (25%). Le pH du mélange est ensuite ajusté à la valeur 10 pour éviter la formation des phosphates acides. Le précipité formé est laissé sous agitation magnétique pour se mûrir. Dans le but d’obtenir des nanoapatites de haute porosité, nous avons varié le temps de maturation, la température de la réaction de précipitation et le solvant. Les conditions de synthèse sont regroupées dans le tableau IV.1. A l’issue de la maturation, le précipité est filtré sous vide, lavé à l’eau distillée puis séché à l’étuve à 100°C pendant 24 heures. Pour la synthèse à la température de 75°C, un montage à reflux est utilisé. Nous notons que le rendement de la production du phosphate de calcium synthétisé à partir du phosphate naturel marocain de Benguérir dépasse 80%, sachant qu’il contient des impuretés insolubles dans les conditions du pH et de la température utilisées. Rendement = Masse du précipité étuvé x 100 Masse du phosphate naturel Tableau IV. 1 : Notation des produits synthétisés selon les paramètres de synthèse imposés. Notation du produit Température Temps de synthétisé de synthèse maturation PNM1 25°C 24 h Eau distillée PNM2 75°C 3h Eau distillée PNM3 25°C 24 h Eau- éthanol -54- Solvant utilisé Chapitre IV : Elaboration et caractérisation des apatites modifiées à partir du phosphate naturel de Benguérir %P % Atomic ratio Ca/P % Ca 100 12 Atomic ratio Ca / P 10 80 8 60 6 40 4 20 1.70 2 0 0 0 1 2 3 4 5 pH Figure IV. 1 : Dissolution du phosphate naturel de Benguérir en fonction du pH en milieu HNO3. II. Caractérisation des produits préparés II. 1. Examen par diffraction des rayons X L’analyse par diffraction des rayons X montre que les matériaux préparés sont relativement mal cristallisés et constitués d’une phase unique de structure apatitique (Figure IV. 2). Toutes les raies des diagrammes de diffraction des rayons X sont indexées dans le système hexagonal du groupe d'espace P63/m. Nous remarquons que les raies de diffraction du solide préparé à 75°C (produit noté PNM2) s’affinent et deviennent résolues et intenses, ce qui traduit une amélioration de la qualité cristalline de l’apatite préparée. L’ajout de l’éthanol dans le mélange réactionnel à 25°C (produit noté PNM3) inhibe la croissance des cristallites et aboutit à une apatite mal cristallisée. -55- * Chapitre IV : Elaboration et caractérisation des apatites modifiées à partir du phosphate naturel de Benguérir * SiO 2 + CaF PNB * *+ * 2 PNM3 PNM2 PNM1 20 25 30 35 40 45 50 55 60 2 théta (degré) Figure IV. 2 : Diffractogrammes des produits préparés et étuvés à 100°C Le traitement thermique à 800°C des différentes apatites synthétisées conduit à des apatites bien cristallisées (Figure IV. 3). L’absence de phases étrangères explique la stœchiométrie de ces apatites. PNM3 PNM2 PNM1 20 25 30 35 40 45 50 55 60 2 théta (degré) Figure IV. 3 : Diagrammes de diffraction des R.X des apatites synthétisées et calcinées à 800°C pendant 3 heures. -56- Chapitre IV : Elaboration et caractérisation des apatites modifiées à partir du phosphate naturel de Benguérir II. 2. Examen des apatites préparées par spectroscopie infrarouge La figure IV.4 illustre les spectres d'absorption infrarouge des produits préparés, sur lesquels nous décelons aisément les bandes d’absorption attribuables aux groupements PO4 et OH dans le réseau de l’apatite. Comme nous l’avons décrit auparavant, les bandes d’absorption des ions PO43- se caractérisent par deux domaines d’absorption situés entre 1100900 cm-1 et 600-500 cm-1 selon le type de l’apatite. Les bandes du premier domaine correspondent aux vibrations symétriques et antisymétriques de la liaison P-O (ν1+ ν3) et celles du second domaine sont attribuables aux vibrations de déformation de la liaison O-P-O (ν2 + ν4). Nous constatons que les bandes d'absorption des ions PO43- subissent un léger déplacement vers les basses fréquences lorsque la température de la synthèse augmente (cas du PNM2). Ceci est dû à l’établissement d’un ordre structural dans l’apatite lorsque la température de réaction augmente. En outre, nous observons d’autres bandes de faible intensité à 1460,1430 et 875 cm-1 caractéristiques des fréquences de vibration des ions carbonates. Par ailleurs, les bandes d’absorption relatives aux fréquences de vibration des ions - OH du réseau apatitique sont situées à 3560 et 630 cm-1. Cependant, la résolution structurale de ces bandes dépend de la température de réaction et de la nature du solvant. Une bonne résolution de ces bandes a été observée après la calcination des produits préparés à 800°C (Figure IV. 5). En effet, les spectres IR enregistrés après traitement thermique à 800°C des apatites préparées à différentes températures sont caractéristiques d’une hydroxyapatite phosphocalcique dont les bandes d’absorption dues aux groupements OH apparaissent nettement vers 3560 cm-1 et 630 cm-1. Nous remarquons aussi que les bandes de vibration liées aux carbonates disparaissent, ce qui explique la décomposition totale de ces groupements à cette température. -57- Chapitre IV : Elaboration et caractérisation des apatites modifiées à partir du phosphate naturel de Benguérir Transmittance (%) PNM3 PNM2 PNM1 PNB (phosphate naturel) 4000 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500 -1 Fréquence (cm ) Figure IV. 4 : Spectres d’absorption IR des apatites préparées et étuvées à 100°C PNM3 PNM2 PNM1 δ OH 800 750 700 650 600 550 500 450 400 4000 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500 -1 Fréquence (cm ) Figure IV. 5 : Spectres d’absorption IR des apatites préparées et calcinées à 800°C. -58- Chapitre IV : Elaboration et caractérisation des apatites modifiées à partir du phosphate naturel de Benguérir II. 3. Examen par spectroscopie RMN à l’état solide Les spectres RMN du phosphore 31 P à l’état solide ont été enregistrés pour les trois apatites. Un seul signal du phosphore vers 2,8 ppm (versus H3PO4) est observé et identique à celui obtenu dans le cas du phosphate naturel marocain de Benguérir. Ceci confirme la présence d’un seul environnement du phosphore dans les apatites préparées à partir du phosphate naturel. Aucune raie de résonance du silicium n’a été détectée dans les spectres RMN-29Si des apatites préparées, contrairement au phosphate naturel où nous avons décelé un pic à -107 ppm caractéristique de la présence du quartz. Ces résultats sont en bon accord avec ceux obtenus par diffraction des R.X, qui indiquent que les matériaux synthétisés sont exempts de toute trace de silicate [111, 117-118]. Nous notons que la silice contenue dans le phosphate naturel est retrouvée dans le résidu solide après dissolution de PNB comme le confirme son diagramme de diffraction des RX présenté par la figure IV. 6. De plus, l’analyse par spectroscopie RMN du 13 C présente un seul pic à-156 ppm indique la présence des carbonates dans les apatites préparées comme ce qui a été montré par la spectroscopie IR. 20 25 30 35 40 45 50 2 théta (degré) Figure IV. 6 : Diagramme de diffraction des RX du résidu après attaque acide du phosphate naturel PNB. II. 4. Analyses thermiques (ATG/ATD) Nous avons suivi le comportement thermique des apatites préparées par analyse thermogravimétrique (ATG) couplée à l’analyse thermique différentielle (ATD) de la température ambiante jusqu’à 1000 °C sous un courant gazeux du mélange argon - air, avec une vitesse de montée en température de 10°C/min. -59- Chapitre IV : Elaboration et caractérisation des apatites modifiées à partir du phosphate naturel de Benguérir La figure IV. 7 regroupe les courbes ATG des apatites préparées et montre des pertes de masse continues entre la température ambiante et 1000 °C. Le tableau IV. 2 donne les valeurs des pertes de masses calculées à partir des courbes ATG. Tableau IV. 2 : Pertes de masses calculées à partir des courbes ATG dans les trois domaines de température. ∆m1 ∆m2 ∆m3 ∆m % 25-200°C 200-500°C 500-1000°C Totale PNM1 4,66 2,02 0,69 7,37 PNM2 4,00 2,23 0,84 7,07 PNM3 3,40 2,32 1,40 7,12 Les pertes de masses enregistrées s’effectuent en trois étapes. La principale perte de l’ordre 4 % du poids total du matériau se fait entre la température ambiante et 200°C, tandis que la seconde perte, qui est de l’ordre de 2 % de poids, est observée entre 200 et 500°C. Au delà de 500°C, une dernière perte de masse produite par l’augmentation de la température est attribuée à la fois à la désorption de l’eau de structure et à la décomposition des carbonates. Les courbes ATD relatives aux apatites synthétisées (Figure IV. 8) montrent la présence d’un effet endothermique à une température voisine de 110°C, attribuable à la désorption des molécules d’eau adsorbées à la surface de ces matériaux. A des hautes températures, nous observons deux pics exothermiques compris entre 350-400°C et 650780°C, caractéristiques de la combustion de la matière organique contenue dans les solides. -60- Chapitre IV : Elaboration et caractérisation des apatites modifiées à partir du phosphate naturel de Benguérir 100 Perte de masse (%) 98 96 94 PNM2 92 PNM1 PNM3 90 200 400 600 800 1000 Température (°C) Figure IV. 7 : Thermogrammes (ATG) des apatites préparées à partir du phosphate naturel 650°C 110°C EXO 330°C marocain. 780°C ENDO PNM3 PNM2 PNM1 0 200 400 600 800 1000 Température (°C) Figure IV. 8 : Analyse thermique différentielle (ATD) des apatites préparées à partir du phosphate naturel. -61- Chapitre IV : Elaboration et caractérisation des apatites modifiées à partir du phosphate naturel de Benguérir II. 5. Analyses chimiques L'analyse quantitative des éléments présents dans les apatites préparées à partir du phosphate naturel permet de déterminer sa composition aux erreurs expérimentales près. Les résultats de cette analyse sont regroupés dans le tableau IV. 3. Tableau IV. 3 : Composition chimique des apatites préparées. Apatites % Ca %P Rapport atomique Ca/P PNB 37,84 15,02 1,95 PNM1 38,66 15,33 1,95 PNM2 34,71 15,07 1,76 PNM3 38,06 16,69 1,75 D’après les données du tableau IV.3, nous remarquons que le rapport Ca/P varie selon les conditions de synthèses utilisées. Ce qui indique que la température de réaction joue un rôle important dans la précipitation des ions Ca2+ en présence des ions PO43- pour former une apatite pseudo-stœchiométrique (Ca/P=1,75). Par contre, à 25°C, nous obtenons une apatite PNM1 non stœchiométrique de rapport molaire Ca/P = 1,95. Ces analyses chimiques ont été aussi confirmées par l’analyse dispersive en énergie des R.X (EDAX) (Figure IV. 9). Nous constatons en particulier que l’intensité relative du pic caractéristique du fluor est presque nulle dans le cas de PNM1 contrairement à celui du PNB, ce qui confirme que les matériaux, que nous avons préparés à partir du phosphate naturel marocain, sont des hydroxyapatites. Ce résultat est en bon accord avec ceux obtenus par spectroscopie IR. De même, aucun pic dû à la présence du silicium dans nos échantillons n’a été détecté, ce qui corrèle bien avec les résultats de la RMN du silicium et ceux de la diffraction des R.X. -62- Chapitre IV : Elaboration et caractérisation des apatites modifiées à partir du phosphate naturel de Benguérir Figure IV. 9 : Analyse par EDAX des éléments constitutifs de l’apatite PNM1, comparée à celle du phosphate naturel PNB. II. 6. Mesure de la surface spécifique des apatites préparées par la méthode BET La figure IV. 10 regroupe les isothermes d’adsorption et désorption de N2 à 77 K sur la surface des trois apatites préparées. -63- Chapitre IV : Elaboration et caractérisation des apatites modifiées à partir du phosphate naturel de Benguérir 800 PNM3 3 Volume adsorbé (cm /g STP) (échelle arbitraire) 600 400 PNM2 200 PNM1 0 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 Pression relative (P/P ) 0 Figure IV. 10 : Isothermes d'adsorption et désorption de N2 sur les apatites préparées à partir du phosphate naturel. Les isothermes obtenues sont caractérisées par une augmentation progressive de la quantité adsorbée en fonction de la pression relative pour des valeurs de P/P0 inférieures à 0,60. Pour des pressions relativement élevées, les isothermes se présentent par un palier de saturation, caractéristique des adsorbants mésoporeux dans lesquels il y a une condensation capillaire. Le processus de la désorption n’est pas réversible, ce qui est caractérisé par une hystérésis de la désorption par rapport à l’adsorption. L’isotherme ainsi observée est du type IV selon la classification de 1’IUPAC, caractéristique d'une adsorption dans les mésopores. A faible pression, l'adsorption est plus forte dans les pores en raison de la forte interaction gazsolide suivie d'une asymptote horizontale relative au remplissage des mésopores. Dans le cas du solide PNM1, nous constatons une large hystérésis traduisant une mésoporosité très nette. -64- Chapitre IV : Elaboration et caractérisation des apatites modifiées à partir du phosphate naturel de Benguérir Les surfaces spécifiques des apatites étudiées ont été déterminées selon la méthode de BET en utilisant des données d'adsorption dans la gamme de la pression relative de (P/P0) allant de 0,05 à 0,25. Le tableau IV. 4 regroupe les valeurs des surfaces spécifiques des matériaux apatitiques préparés. Tableau IV. 4 : Valeurs de la surface spécifique des apatites préparées à partir du phosphate naturel. Composés Surface spécifique (m2/g) PNM1 150 PNM2 100 PNM3 96 Phosphate naturel (PNB) 20 D’après les résultats du tableau IV. 4, nous remarquons que la valeur de la surface spécifique du solide PNM1 est relativement supérieure à celle des autres matériaux. La surface spécifique tend à diminuer lorsque la température de synthèse augmente. En effet, l’augmentation de la température améliore le degré de cristallinité du matériau et les particules s’agrandissent de plus en plus, ce qui limite l’existence des pores à la surface du solide en favorisant le phénomène de croissance granulaire par rapport à la nucléation [117, 119]. Par conséquent, la grande valeur de la surface spécifique de l’apatite PNM1 est due principalement à la taille des cristallites. Il nous semble ainsi qu’une apatite de grande surface spécifique pourrait avoir des propriétés d’adsorption et d’échange ionique intéressantes comparées à celles du phosphate naturel. II.7. Morphologie des apatites par MEB Les poudres sont préalablement métallisées avec l’or afin d’assurer la conduction des électrons et aussi éviter les effets de charge. La figure IV. 11 présente les images de la microscopie électronique à balayage (MEB) des poudres apatitiques synthétisées. Il s’agit des formes irrégulières de l’ordre d’une centaine de nanomètres surtout dans le cas de l’apatite PNM1. -65- Chapitre IV : Elaboration et caractérisation des apatites modifiées à partir du phosphate naturel de Benguérir PNM2 PNM1 PNM3 Figure IV. 11 : Clichés de microscopie électronique à balayage des matériaux phosphatés étuvés à 100 °C. Conclusion Au cours de cette étude, nous avons montré qu’il est possible d’obtenir des apatites ayant des surfaces spécifiques importantes à partir du phosphate naturel marocain. Les données relatives à la préparation des apatites nous ont permis de mettre en évidence l’influence de quelques paramètres de synthèse sur la cristallinité et la surface spécifique des matériaux préparés. Dans la suite de notre étude, nous nous sommes intéressés à la recherche des additifs organiques dans le but d’obtention des organoapatites poreuses de grande surface spécifique -66- Chapitre IV : Elaboration et caractérisation des apatites modifiées à partir du phosphate naturel de Benguérir et d’une composition de surface modulable, capables d’acquérir de bonnes propriétés de rétention. Après une étude bibliographique approfondie, nous avons opté pour la synthèse des apatites modifiées par leur greffage d’un aminophosphonate moins coûteux. Les précurseurs Ca2+ et PO43- sont toujours parvenus par attaque acide du phosphate naturel de Benguérir. Ainsi, les apatites greffées que nous allons préparer nous serviront de support pour éliminer les métaux lourds contenus dans les solutions synthétiques. -67- Chapitre V Fonctionnalisation de la surface des apatites phosphocalciques par greffage de l’aminotriméthylenphosphonate -68- Chapitre V : Fonctionnalisation de la surface des apatites phosphocalciques par greffage de l’aminotriméthylenphosphonate Introduction Les propriétés physico-chimiques des matériaux dépendent essentiellement de leur procédé d’élaboration. Leurs caractéristiques physico-chimiques déterminantes sont en particulier leur surface spécifique et leur composition chimique. Par conséquent, ce chapitre est consacré à la fonctionnalisation de la surface de l’apatite par un aminophosphonate. Ce procédé permet de contrôler et favoriser les sites actifs de la surface de l’apatite, ce qui va conditionner les propriétés des bons adsorbants. Les applications des apatites greffées sont basées sur leurs propriétés physico-chimiques en particulier la réactivité de leur surface. Ces caractéristiques peuvent être combinées à son aptitude à moduler les interactions physicochimiques spécifiques par modification chimique de sa surface. Dans le cas présent, il s’agit de combiner les propriétés complexantes des fonctions amines et l’introduction d’un phosphonate garantissant une surface spécifique modulable. En combinant toutes ces possibilités en l’utilisation dans une seule molécule, les aminophosphonates sont les plus adaptés à fonctionnaliser la surface de l’apatite préparée à partir du phosphate naturel. I. Préparation des apatites greffées Des études antérieures réalisées dans notre laboratoire [104, 116] ont permis de synthétiser des nanoparticules à différents taux de recouvrement du phosphonates. Les organophosphonates retenus au cours de ces études sont ceux portant des chaînes aliphatiques et aromatiques et leur greffage est réalisé en milieu aqueux. On peut considérer ce processus comme modification chimique in situ du réseau cristallin des produits formés. Dans notre présente étude, nous allons nous intéresser au greffage de aminotriméthylenphosphonique N(-CH2- PO(OH)2)3 (noté ATMPP) (Figure V. 1). Figure V. 1 : Structure de l’acide aminotriméthylenphosphonique. -69- l’acide Chapitre V : Fonctionnalisation de la surface des apatites phosphocalciques par greffage de l’aminotriméthylenphosphonate I. 1. Quelques caractéristiques physico-chimiques de l’acide aminotriméthylenphosphonique (ATMPP) L’ATMPP choisi de formule moléculaire brute C3H12NO9P3, est un composé commercialisé sous forme d’une solution aqueuse à 50% de pureté. Il est stable dans les conditions standard de température et de pression. D’autres caractéristiques de ce composé sont regroupées dans le tableau V. 1. Tableau V. 1 : Caractéristiques de l’aminotriméthylenphosphonate utilisé. Masse moléculaire 299,5 g/mol Apparence liquide de couleur transparente Point de fusion -14 °C Densité 1,300 Réactivité chimique Agent oxydant I. 2. Mode opératoire Le protocole expérimental de la préparation des apatites greffées est similaire à celui décrit dans le chapitre IV. Après dissolution totale d’une masse de 20,6 g du phosphate naturel, la solution obtenue est filtrée et la quantité de l’ATMPP est introduite en proportion variable par rapport au phosphore inorganique libéré du phosphate naturel sous forme de H3PO4. Le pH du mélange réactionnel après dissolution est compris entre 1 et 2. La réaction de précipitation est effectuée par l’ajout de NH4OH à 25%. Le pH du milieu réactionnel est maintenu à 10 pour éviter la précipitation d’autres formes de phosphates acides. Le mélange réactionnel est laissé se mûrir pendant 24 heures à la température ambiante sous agitation magnétique continue, puis filtré et lavé à l’eau distillée. Le solide obtenu est séché à l’étuve à 100°C pendant une nuit. Le taux de greffage du phosphore organique (PO3) de l’ATMPP par rapport au phosphate inorganique PO4 du phosphate naturel est exprimé par le pourcentage en phosphore Porg/Pinorg et donné par la relation suivante : %P = Porg Pinorg -70- x100 Chapitre V : Fonctionnalisation de la surface des apatites phosphocalciques par greffage de l’aminotriméthylenphosphonate En tenant compte de trois fonctions -PO(OH)2 présentes dans l’acide aminotriméthylenphosphonique et la pureté de ce dernier, les quantités de l’ATMPP utilisées à différent taux de greffage sont données dans le tableau V. 2. Tableau V. 2 : Quantités de l’ATMPP utilisées au cours de la préparation des apatites greffées. Taux de greffage (%) Phosphore inorganique (à partir de 20,6 g du phosphate naturel, % P = 15,027) Quantité de l’aminophosphonate (mmol) 0,0 0,00 2,5 0,833 5,0 0,10 mol 1,666 10,0 3,333 15,0 5,00 II. Caractérisation des produits préparés La caractérisation des matériaux hybrides organiques - inorganiques obtenus par différents taux de greffage de l’ATMPP s’est principalement fait par diffraction des rayons X (DRX), spectroscopie infrarouge (IR), analyse thermique (ATG/ATD) et la mesure de la surface spécifique. II. 1. Examen par diffraction des rayons X Les diffractogrammes des produits préparés en présence de l’ATMPP à différents taux de greffage et étuvés à 100°C sont regroupés dans la figure V. 2. L’analyse de ces diagrammes montre que les matériaux préparés ont une structure apatitique quelque soit le taux de greffage. La cristallinité de ces produits diminue en fonction de l’accroissement du taux de greffage de l’ATMPP. Ce qui révèle la présence des nanoparticules et un désordre important des cristallites dans la matrice apatitique. La présence de l’ATMPP à des concentrations élevées crée un désordre structural et inhibe la cristallisation de l’apatite. Cette inhibition est due à la complexation des ions Ca2+ par les fonctions amines présentes dans l’ATMPP. -71- Chapitre V : Fonctionnalisation de la surface des apatites phosphocalciques par greffage de l’aminotriméthylenphosphonate 15% 10 % 2,5 % 0% 20 25 30 35 40 45 50 55 60 2 Théta (degré) Figure V. 2 : Diagrammes de diffraction des rayons X des précipités préparés en présence de l’ATMPP à différents taux de greffage et étuvés à 100°C. L’étude structurale des apatites greffées en fonction de la stabilité thermique des matériaux préparés est présentée. A titre d’exemple, la figure V. 3 illustre le suivi de l’évolution structurale de l’apatite modifiée par un taux de greffage de 2,5% en fonction de la température de calcination. D’après cette figure, nous constatons la disparition de la phase apatitique et l’apparition de nouvelles phases à partir de 600°C. Les diagrammes de diffraction des RX des produits préparés à différents taux de greffage et calcinés à 800°C sont illustrés par la figure V. 4. -72- Chapitre V : Fonctionnalisation de la surface des apatites phosphocalciques par greffage de l’aminotriméthylenphosphonate 800 °C 600°C 100 °C 20 25 30 35 40 45 50 55 60 2 Théta (degré) Figure V. 3 : Diagrammes de diffraction des rayons X de l’apatite greffée par 2,5 % de l’ATMPP étuvée à 100°C puis calcinée à 600°C et 800°C. * * * ∆∆ * * : phase non apatitique ∆: phase apatitique ∆ 15 % 10 % 5% 2,5 % 0% 20 25 30 35 40 45 50 55 60 2 Theta Figure V. 4 : Diagrammes de diffraction des rayons X des précipités préparés en présence de l’ATMPP à différents taux de greffage et calcinés à 800°C. -73- Chapitre V : Fonctionnalisation de la surface des apatites phosphocalciques par greffage de l’aminotriméthylenphosphonate Les diffractogrammes des précipités greffés par l’ATMPP révèlent l’existence d’autres phases étrangères attribuées à d’autres formes de phosphates de calcium principalement (βCa3(PO4)2) quelque soit le taux de greffage. Leurs raies sont bien résolues et traduisent une bonne cristallinité des matériaux calcinés à 800°C. Cependant, lors de l’utilisation des produits greffés comme étant des adsorbants, nous allons tenir compte d’une part de la non-dégradation des amines présentes dans l’aminophosphonate et de la conservation des propriétés de surface des adsorbants préparés d’autre part. Dans ces conditions, le traitement thermique des apatites greffées est à écarter. Dans ce contexte, les apatites greffées et étuvées peuvent être des fixateurs de cations métalliques à cause de la présence des fonctions amines. II. 2. Examen par spectroscopie infrarouge Pour mettre en évidence l‘association des groupements (PO(OH)2)3 greffés à la matrice apatitique, l’examen par spectroscopie IR-TF des matériaux apatitiques étuvés à 100°C et calcinés à 800°C nous semble nécessaire . Les spectres d’absorption infrarouge obtenus, lors de cette étude, sont représentés sur les figures V. 5 et V. 6. Transmittance (%, u.a) 15 % 10 % 2,5 % 4000 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500 -1 Fréquence (cm ) Figure V. 5 : Spectres IR des produits préparés à différents taux de greffage et étuvés à 100°C. -74- Chapitre V : Fonctionnalisation de la surface des apatites phosphocalciques par greffage de l’aminotriméthylenphosphonate Sur tous les spectres IR des solides étudiés, les bandes de vibration des groupements PO4 de la structure apatitique ont été détectées avec un léger déplacement vers les hautes fréquences lorsque le taux de greffage augmente. Ce déplacement de fréquence est lié au désordre structural et à la nature de la liaison P-O qui provient aussi bien du phosphore inorganique qu’organique. Ce résultat a été constaté dans d’autres études, surtout celles réalisée par EL Hammari et coll. [104, 116]. Le schéma ci-dessous illustre le type de liaison entre les deux anions PO43- et PO32- avec les cations Ca2+. Dans le cas des apatites greffées, nous avons constaté l’absence des bandes de vibration de l’ion hydroxyle OH- situées vers 3500 et 630 cm-1. Ce qui traduit la réactivité du phosphonate avec les ions Ca2+ de type II pour donner la liaison Ca-O-P-CH2-N-. Des bandes attribuables aux groupements phosphonates sont aussi observées surtout dans les spectres des apatites greffées à des taux élevés, en particulier celle située vers 1486 cm-1due au vibrateur C-P. Les bandes d’absorption IR correspondantes au vibrateur N-P sont chevauchées par celles associées aux carbonates et aux phosphates. D’autres bandes de vibrations ont été observées dans le domaine de fréquence compris entre 2000 et 2900 cm-1 attribuables aux vibrations des liaisons C-H. Les spectres IR des échantillons préalablement calcinés à 800° C, montrent que les bandes correspondantes aux vibrations des liaisons alkyles disparaissent à cette température. Parallèlement à cette observation, les bandes caractéristiques des groupements PO4 sont bien résolues et l’apparition de nouvelles bandes dans les domaines compris entre 900-1200 cm-1 et entre 500-600 cm-1, attribuables aux bandes d’adsorption des groupements PO4 non apatitiques sont révélées, ce qui confirme les résultats de diffraction des -75- Chapitre V : Fonctionnalisation de la surface des apatites phosphocalciques par greffage de l’aminotriméthylenphosphonate RX qui montrent que le traitement thermique à 800° C des produits greffés altère la phase apatitique. Transmittance (%, u.a) 15 % 10 % 5% 2,5 0% (PNM1) 4000 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500 -1 Fréquence (cm ) Figure V. 6 : Spectres IR des produits préparés à différents taux de greffage et calcinés à 800°C. II. 3. Examen par spectroscopie RMN- MAS du 31P et du 13C à l’état solide Afin d'obtenir des informations sur la confirmation de greffage et la nature de la liaison entre les phosphonates et les autres espèces constitutives de l’apatite préparée, nous avons procédé à son étude par spectroscopie de résonance magnétique nucléaire RMN-MAS du 31P et du 13 C. D’après les résultats de cette analyse RMN-MAS 31 P des matériaux greffés, nous notons l’apparition d’un pic supplémentaire vers 19,3 ppm en plus de celui situé à 3,0 ppm caractéristique du phosphore inorganique habituellement détecté dans la structure apatitique. Ce pic additionnel, de faible intensité, n’est attribuable qu’au phosphore organique des groupements des phosphonates comme nous l’avons observé dans les travaux de recherche de El Hammari et coll.[116] lors de l’étude de greffage des alkyls et des phénlyphosphonates au sein de la matrice apatitique. De plus, les spectres RMN-MAS 13C présentés dans la figure V. 7 permet d’identifier des résonances relatives au carbone contenu dans les matériaux greffés. Deux pics de résonance ont été détectés : le premier est situé à 160 ppm attribuable au -76- Chapitre V : Fonctionnalisation de la surface des apatites phosphocalciques par greffage de l’aminotriméthylenphosphonate carbone des groupements CO32-, tandis que le second est situé vers 60 ppm caractéristique du carbone de la molécule ATMPP greffée dans la structure apatitique. Par conséquent, les résultats de la spectroscopie RMN sont en bon accord avec ceux obtenus par diffraction des RX et spectroscopie IR, ce qui confirment le greffage de l’ATMPP in situ dans la matrice apatitique. Figure V. 7 : Spectres RMN-13C des matériaux greffés. II. 4. Analyses thermiques (ATG/ATD) des apatites greffées Comme nous l’avons décrit auparavant dans le chapitre IV, les thermogrammes des apatites greffées donnent deux types de pertes de masse qui se différencient par les cinétiques des comportements thermiques et par la composition chimique des solides à analyser. La figure V. 8 donne les courbes ATG des apatites greffées à différents taux de l’ATMPP. -77- Chapitre V : Fonctionnalisation de la surface des apatites phosphocalciques par greffage de l’aminotriméthylenphosphonate 100 Perte de masse (%) 98 96 94 2,5% 92 90 5% 10% (I) (II) 200 (III) 400 600 15 % 800 1000 1200 Température (°C) Figure V. 8 : Analyse thermogravimétrique des apatites greffées. Les pertes de masses associées à chacun des trois domaines de température sont reportées dans le tableau V.3. Celles enregistrées dans le domaine de température qui s’étend de l’ambiante à 200°C sont attribuées à la désorption de l’eau de surface. Le second domaine (II) est caractérisé par une perte de masse importante liée à la dégradation de la matière organique surtout celle de l’aminophosphonate. Nous constatons que la perte de masse augmente avec le taux de greffage, ce qui confirme la réactivité de ce greffant avec les ions Ca2+. Au-delà de 950°C, nous notons une perte de masse moins importante relative au départ de l’eau lors des transformations structurales. Tableau V. 3 : Pertes de masses calculées à partir des courbes ATG des apatites greffées. Taux de ∆m ∆m ∆m ∆m greffage Domaine (I) Domaine (II) Domaine (III) totale (%) 2,5% 0,64 4,49 1,73 6,61 5% 2,7 4,92 0,93 8,55 10% 1,8 6,03 1,95 9,78 15% 2,4 7,05 1,95 11,40 -78- Chapitre V : Fonctionnalisation de la surface des apatites phosphocalciques par greffage de l’aminotriméthylenphosphonate Les courbes d’analyses thermiques différentielles (ATD) des poudres préparées, sont données par la figure V. 9. Elles présentent divers comportements thermiques : un de nature endothermique à une température voisine de 120°C attribuable au départ de l’eau adsorbées à la surface des solides, et les autres de nature exothermique, situés au-delà de 380°C selon le taux de greffage, sont dûs en même temps à la combustion de la matière organique et à la transformation structurale de la phase apatitique à d’autre phases. Les résultats des analyses thermiques confirment aussi que le greffage de l’aminophosphonate ATMMP s’effectue in situ du réseau apatitique par la présence du pic exothermique situé vers 400°C. Exo 15% Endo 10 % 5% 2,5 % 200 400 600 800 1000 1200 Température (°C) Figure V. 9 : Analyse thermique différentielle (ATD) des apatites greffées. -79- Chapitre V : Fonctionnalisation de la surface des apatites phosphocalciques par greffage de l’aminotriméthylenphosphonate II. 5. Analyses chimiques des composés greffés L’analyse chimique des composés greffés par l’ATMPP a été réalisée par ICP-AES. Les résultats obtenus sont regroupés dans le tableau V.4. Nous constatons que le rapport Ca/P diminue au fur et à mesure que le taux de greffage augmente. Cette diminution peut être expliquée par la réactivité des ions Ca2+ avec les phosphonates ATMPP. Tableau V.4 : Dosage du calcium et du phosphore des matériaux greffés Taux de greffage % Ca %P Ca/P 0% 38,66 15,335 1,95 2,5 % 34,31 16,24 1,61 5% 34,41 17,10 1,55 10 % 34,39 17,39 1,53 II. 6. Propriétés texturales des apatites greffées II. 6. 1. Mesure de la surface spécifique L’allure de l’isotherme d’adsorption est le meilleur révélateur des caractéristiques texturales des matériaux étudiés. C’est une donnée expérimentale objective qui doit être prise en considération avant de tenter d’obtenir des informations sur l’utilisation de ce matériau dans divers domaines d’application et en particulier lors du processus d’adsorption. La figure V. 10 illustre les isothermes d’adsorption-désorption de N2 à 77K sur la surface des apatites greffées. Sur ces isothermes, nous notons la présence d’une hystérésis suggérant la mésoporosité de la surface des matériaux greffés dans lesquels se produit une condensation capillaire. Rappelons aussi que ces isothermes d’adsorption-désorption de N2 sont de type IV selon la classification de l’IUPAC. Les boucles d’hystérésis s’étalent sur une gamme de pressions relatives assez large selon le taux de greffage de l’ATMPP. Ce qui explique la variation de la porosité de l’apatite greffée. -80- Chapitre V : Fonctionnalisation de la surface des apatites phosphocalciques par greffage de l’aminotriméthylenphosphonate 3 Volume d'azote adsorbé (cm /g) 300 (u.a) 200 2,5 % 100 5% 15 % 0 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 Pression relative (P/P ) 0 Figure V. 10 : Isothermes d’adsorption et désorption de N2 sur les apatites greffées et étuvées à 100°C. Le tableau V. 5 donne les valeurs des surfaces spécifiques des matériaux greffés. Une bonne surface spécifique a été obtenue pour un taux de greffage de 2,5 % (193 m2/g). Cette valeur est plus importante que celle obtenue pour l’apatite PNM1 préparée (0%) et décrite dans le 4ème chapitre de ce mémoire. Tableau V. 5 : Valeurs de la surface spécifique des apatites greffées. Taux de greffage 0% 2,5 5 10 15 Phosphate naturel Surface spécifique (m2/g) 150 193 150 145 88 20 La diminution de la surface spécifique des apatites en fonction du taux de greffage est liée à l’arrangement structural de l’aminophosphonate dans la surface du solide. Ces résultats sont en bon accord avec ceux obtenus par Oberto et coll. [106] lors de l’étude de la modification de la surface de l’hydroxyapatite par des organosilanes en vue de leur utilisation dans le traitement des eaux usées. Ces auteurs ont montré que la capacité de rétention -81- Chapitre V : Fonctionnalisation de la surface des apatites phosphocalciques par greffage de l’aminotriméthylenphosphonate augmente avec le nombre de fonctions amines même si la surface spécifique diminue comme le montre le tableau V. 6. Ceci indique aussi que la surface spécifique n’est pas le seul critère lié au processus d’élimination des cations métalliques contenus dans les eaux polluées. Tableau V. 6 : Effet du nombre de fonctions amines du greffant sur la capacité d’adsorption de l’apatite greffée [106]. Apatites greffées Nature de R Nombre de SBET Capacité de rétention fonctions 2 (mmol/g) (m /g) amine Apatite de référence Cu2+ Co2+ - 0 58 0,69 0,3 NH2 1 15,5 1,5 1,28 Apatite- HN(CH2)2NH 2 11 1,8 1,48 (CH3)3Si(CH2)3R NH(CH2)2NH- 3 5 1,98 1,66 (CH2)2NH II. 6. 2 Morphologie des grains Les images que nous avons obtenues par MEB des apatites greffées par l’ATMPP (FigureV. 11) montrent qu’elles sont fortement agglomérées et denses que l’apatite non greffée. Les agglomérats se présentent sous différentes tailles variant de l’ordre de 1µm selon le taux de greffage. -82- Chapitre V : Fonctionnalisation de la surface des apatites phosphocalciques par greffage de l’aminotriméthylenphosphonate 2,5 % 5% 10 % 15 % Figure V. 11 : Images de la microscopie électronique à balayage des matériaux apatitiques greffés. -83- Chapitre V : Fonctionnalisation de la surface des apatites phosphocalciques par greffage de l’aminotriméthylenphosphonate Conclusion L’élaboration et la caractérisation des matériaux hybrides organiques-inorganiques ont été la cible de ce chapitre. En effet, cette étude nous a permis de déterminer les caractéristiques des apatites greffées par l’aminotriméthylenphosphonate en milieu aqueux dont la porosité et la composition chimique de la surface ont été contrôlées par le taux de greffage. Différents pourcentages de greffage de l’acide aminotriméthylenphosphonique ont été introduits dans le réseau apatitique afin de pouvoir étudier leurs effets sur les modifications structurale et texturale de ces matériaux. Les résultats obtenus sont nécessaires comme données de base pour interpréter et commenter les principaux résultats d’adsorption qui seront obtenus par la suite lors des essais d’adsorption des métaux lourds. -84- Partie III Applications des apatites préparées comme matériaux de rétention des micropolluants : métaux lourds et phénol Cette partie a fait l’objet de deux publications dans des revues scientifiques internationales : 1- Water Research 43 (2009) 313-318. 2- Journal of Hazardous Materials (Submitted 2009) -85- Le développement de procédés d’adsorption sur le phosphate naturel a mené les chercheurs à élaborer des phosphates de plus en plus spécifiques. Le phosphate naturel brut n’a pas de propriétés adsorbantes particulièrement intéressantes, par ailleurs, lorsqu’il subit un traitement adéquat, les modifications des propriétés physico-chimiques de sa surface lui octroient de nouvelles caractéristiques. Pour cela, nous avons synthétisé et caractérisé une apatite ayant une surface spécifique importante et une structure désordonnée à partir du phosphate naturel (chapitre IV ) afin de l’utiliser comme adsorbant des substances organiques et inorganiques présents dans les solutions aqueuses. La capacité de rétention de ces espèces par l’apatite synthétique sera comparée à celle du phosphate naturel de faible surface spécifique. Des études expérimentales concernant l’adsorption des substances polluantes inorganiques (métaux lourds) et organiques (phénol) des solutions aqueuses par le phosphate naturel marocain et des apatites synthétiques ont été entreprises. Cette étude est réalisée dans le but de valoriser le phosphate naturel marocain et ses dérivés et de mettre en évidence l’importance de certains paramètres expérimentaux, notamment le pH, la concentration initiale de la substance adsorbable et la masse d’adsorbant. Elle a permis également d’analyser la nature des phénomènes qui participent à la rétention des polluants sur divers supports étudiés et d’interpréter les capacités d’adsorption relatives suivant la nature du métal et de l’adsorbant. La capacité d’adsorption de ces phosphates a été interprétée en termes d’isothermes d’adsorption en exploitant les différents modèles et leurs équations linéarisées. -86- Chapitre VI Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié -87- Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié Introduction Plusieurs procédés de traitement ont été essayés pour éliminer les métaux lourds contenus dans les effluents industriels. On peut citer l’utilisation des adsorbants synthétiques et naturels. Plusieurs travaux de recherche montrent le rôle joué par les apatites naturelles et synthétiques dans ce domaine [63, 102, 120]. Le taux d’élimination des métaux lourds des solutions aqueuses dépend largement des caractéristiques de l’adsorbant et des paramètres expérimentaux imposés (pH, dose d’adsorbant, température, …). Les résultats de ces études montrent que les apatites synthétiques retiennent les ions métalliques beaucoup mieux que les apatites naturelles. La meilleure performance d’adsorption de celles-ci est liée à leur porosité, qui permet de leur offrir une meilleure capacité de rétention des métaux lourds. Néanmoins, le coût d’élaboration de ces apatites limite parfois l’application du procédé pour le traitement des effluents industriels. Dans notre étude, nous nous sommes intéressés à l’utilisation du phosphate naturel de Benguérir pour l’élimination des ions métalliques Pb2+ Cu2+, et Zn2+ des solutions aqueuses synthétiques. Les capacités d’adsorption seront comparées avec celles d’une apatite dérivée du phosphate naturel par la méthode de dissolution/précipitation (Chapitre IV). L’étude a été faite dans des conditions proches du traitement des eaux industrielles moyennement acides. I. Méthodes et matériels I. 1. Description des essais d’adsorption La démarche utilisée pour mettre en évidence les interactions entre l’adsorbant et les cations métalliques repose sur une analyse des solutions issues des essais en <<batch >>. Ces essais sont basés sur la mise en contact d’une suspension d’une poudre apatitique à l’équilibre thermodynamique et d’une solution aqueuse des ions métalliques Pb2+, Zn2+ et Cu2+. Cette méthode présente avant tout l’intérêt d’être simple et rapide à mettre en œuvre. Les solutions mères des ions métalliques sont préparées à raison de 2 g/L du métal en faisant dissoudre une masse convenable de Pb(NO3)2, Cu(NO3)2,3H2O et Zn(NO3),H2O dans de l’eau distillée. Les solutions diluées de ces ions sont préparées à partir des solutions mères. L'eau distillée que nous avons utilisée au cours de nos essais, aussi bien pour la préparation -88- Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié des réactifs que des solutions synthétiques de métal est caractérisée par un pH variant entre 6,60 et 6,80. Un point sensible de cette méthode est la dispersion de la phase solide dans la solution par agitation. Celle-ci peut entraîner une abrasion des surfaces et une modification des propriétés surfaciques. Pour cette raison, le contact solide-liquide est maintenu sous agitation continue à 200 tr/ min dans un agitateur mécanique rotatif à multi postes. Les études cinétiques et les isothermes d’adsorption ont été réalisées dans les mêmes conditions opératoires : une masse de 200 mg d’apatite est introduite dans un réacteur de volume V=100 mL de la solution. On ajuste le pH avec l’eau acidifiée pour avoir une solution à pH0 = 5. L’agitation est maintenue pendant 3 heures à température ambiante (≅ 25°C). La solution est centrifugée à 240 tours/min pendant 30 min puis filtrée pour se rassurer de l’inexistence des particules solides de l’adsorbant. Le pH final de la phase liquide est mesuré. Les cinétiques d’adsorption sont suivies pour une concentration initiale du métal constante de 100 mg/L. Le temps d'équilibre est déterminé à partir du moment où la concentration du métal adsorbée reste constante et au-delà duquel un palier de saturation est observé. Les teneurs des ions Pb2+, Cu2+ et Zn2+ résiduels et ceux des ions Ca2+ libérés dans la solution sont conservées par l’ajout de quelques gouttes de HNO3 dilué (2%) avant d’être analysés par spectrométrie d’émission atomique par couplage en plasma induit (ICP-AES) ou à défaut par spectroscopie d’absorption atomique. L'instrument expérimental, que nous avons utilisé au cours de ce dosage, est étalonné à l’aide de quatre solutions commerciales. La limite de détection dans les solutions aqueuses acidifiées est de 2 µg/L. Les quantités adsorbées (qa) ont été calculées par différence entre les concentrations initiales (C0) et finales (Ce) : qa = C0 − Ce ⋅V m avec m = 200 mg et V = 100 mL. Le pourcentage d’élimination a été calculé selon l’expression : %= C 0 − Ce x100 C0 I. 2. Matériel et réactifs Le pH-mètre utilisé est de type HANNA, menu d’une électrode combinée en verre Orion - pH et étalonné avec des solutions tampon Orion de pH 4 et 7. L’agitation des -89- Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié réacteurs est effectuée à l’aide d’un agitateur rotatif à multipostes de type Buhler KS10. Les réactifs utilisés au cours de cette étude sont d’une haute pureté (type MERK). Les métaux et le calcium sont dosés à l’aide d’un spectromètre d’émission atomique par couplage en plasma induit (ICP - AES) ULTIMA 2 JOBIN YVON (UATRS-CNRSTRABAT) ou par spectroscopie d’absorption atomique (Institut d’hygiène de Rabat). II. Processus d’adsorption des ions monométalliques II. 1. Analyse acido-basique des groupements de surface Le contact des particules d’apatites avec l’eau peut conduire à un relargage des ions, ce qui peut produire une modification des propriétés physico-chimiques du milieu aqueux étudié à savoir le processus de dissolution, la variation de la conductivité et du pH. Cette étape permet de séparer les échanges ioniques liés au mécanisme de fixation du métal par les apatites de ceux liés aux propriétés physico-chimiques de celles-ci. La mesure du pH de la solution en présence des phosphates étudiés donne une première indication sur la nature acido-basique des espèces présentes à la surface des solides. Le protocole expérimental qui conduit à cette mesure est le suivant : une poudre de phosphate de masse convenable est pesée puis immergée dans de l’eau distillée sous agitation magnétique et le pH de la solution est examiné en fonction du temps. Au cours du trempage, les espèces solubles de la surface passent en solution, dont le pH nous renseigne sur la nature acido-basique de ces espèces chimiques. La variation du pH en fonction du temps pour les phosphates naturel brut PNB et modifié PNM est reporté dans la figure VI. 1. -90- Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié 9 H O/PNB 8,1 H O/PNM 2 pH 2 7,2 6,3 5,4 0 50 100 150 200 250 Temps (min) Figure VI. 1 : Variation du pH en fonction du temps des solutions aqueuses des phosphates brut et modifié (pH0 = 5). A partir de cette figure, nous constatons que le pH de la solution aqueuse phosphatée augmente progressivement en fonction du temps d’un pH0= 5 jusqu’au pH d’équilibre qui varie selon la nature du phosphate. Le pH à l’équilibre du système H2O/PNB est supérieur à celui de H2O/PNM. Les espèces basiques présentes à la surface de ces phosphates sont responsables de cette augmentation du pH de 5 à 8,98 et 7,90 respectivement pour PNB et PNM. Ce résultat relatif à cette variation du pH confirme donc la présence des espèces basiques en particulier les ions carbonates et hydroxyles à la surface de ces matériaux. Par ailleurs, la libération de ces substances basiques est plus importante dans le cas du phosphate brut PNB que celui modifié PNM. Ceci est dû certainement à la présence de plusieurs formes de carbonates dans la matrice de PNB. II. 2. Suivi du pH du mélange réactionnel durant le processus d’adsorption Le but de ces expériences est de contrôler le pH du mélange réactionnel lors de la fixation des ions métalliques Pb2+, Cu2+ et Zn2+ des solutions aqueuses par les apatites naturelle et synthétique. Ceci nous aide à élucider le mécanisme de la rétention de ces ions par les adsorbants étudiés. La valeur du pH = 5 des solutions initiales est convenablement choisie pour avoir un milieu comparable aux effluents industriels généralement acides. La cinétique de la variation du pH lors de l’adsorption des différents ions métalliques est illustrée par la figure VI. 2. -91- Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié En présence des ions Pb2+ , à titre d’exemple, nous constatons une diminution de pH qui atteint des valeurs de pH = 6,1 pour PNM et 5,8 pour PNB, comparées à celles de 7,8 et 8,9 enregistrées en absence de ces ions. En outre, le palier d’équilibre de la variation du pH en fonction du temps s’établit pour une durée qui ne dépasse pas 40 min pour les deux poudres apatitiques. Cette diminution du pH des suspensions phosphatés pourrait s'expliquer par une migration d'ions H+ de la phase solide apatitique vers la solution qui résulte de la compétition entre les protons et les cations métalliques. Ces résultats sont en bon accord avec des études antérieures [50, 65]. 9 H O / PNB 2 8 pH (a) 7 Pb / PNB Cu / PNB Zn / PNB 6 5 0 50 100 150 200 250 Temps (min) 8 H O / PNM 2 (b) pH 7 Pb / PNM 6 Cu / PNM Zn / PNM 5 0 50 100 150 200 250 Temps (min) Figure VI. 2 : Suivi du pH durant le processus d’adsorption des ions Pb2+, Cu2+ et Zn2+ sur (a) PNB et (b) PNM. (Conc. Init. du métal C0 = 100 mg/L, dose du phosphate = 2 g/L). -92- Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié Dans le cas de la rétention des ions Cu2+ et Zn2+, le phénomène est relativement différent de celui décrit dans le cas de l’adsorption des ions Pb2+ et que la libération des protons est liée à la complexation des ions Cu2+ et Zn2+ à la surface de l’adsorbant comme il est déjà décrit dans de nombreux travaux de recherche [65]. Suite aux résultats de cette étude relative à la variation du pH de ces solutions métalliques, nous proposons un mécanisme éventuel de la fixation des ions métalliques et la libération des protons H+ au cours du processus d’adsorption de ces métaux par les deux phosphates PNB et PNM selon le schéma suivant : ≡POH + Pb2+ → ≡POPb+ + H+ ≡POH + Cu2+ → ≡POCu+ + H+ ≡POH + Zn2+ → ≡POZn+ + H+ En présence des ions Cu2+ et Zn2+, la diminution de la valeur du pH est plus importante qu’en présence des ions Pb2+. Ces résultats sont similaires à ceux obtenus pour d’autres phosphates naturels Brésilien [121]. II. 3. Cinétique d’adsorption La cinétique de rétention décrit la vitesse de réaction qui permet la détermination du temps de contact mis pour atteindre l’équilibre d’adsorption. La figure VI. 3 montre les cinétiques d’adsorption des ions Pb2+, Cu2+ et Zn2+ sur les deux phosphates étudiés pour une concentration initiale du métal de 100 mg/L. Les résultats obtenus indiquent que l’adsorption est rapide dans la première période de la réaction et devient de plus en plus lente avec l’augmentation du temps de contact jusqu’à l’équilibre. Cet équilibre thermodynamique entre le métal en solution et celui fixé sur le solide est atteint avec une vitesse qui ne dépend pas uniquement de la vitesse de la diffusion des ions dans le solide et de la mobilité ionique dans le fluide mais aussi des interactions métal-phosphate. Nous constatons que les temps d’équilibre d’adsorption de ces ions métalliques diffèrent selon la matrice adsorbante. Dans le cas du phosphate naturel PNB, l’équilibre est atteint après une durée voisine de 55 min quelque soit le métal retenu. Par ailleurs, il faut une durée plus longue lors de la rétention de ces mêmes ions par le phosphate modifié (de 90 à 120 min selon la nature du métal). Cette différence du temps nécessaire à l’équilibre est liée d’une part au nombre et au type de sites actifs présents dans les adsorbants et d’autre part aux -93- Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié types d’interactions électrostatiques métal-phosphate. Ces temps d’équilibre sont de même ordre de grandeur que ceux obtenus lors de la fixation de ces mêmes ions par d’autres phosphates naturels internationaux [65]. (a) Pb / PNB 50 Cu / PNB 30 Zn / PNB a q ( mg / g ) 40 20 10 0 0 50 100 150 200 Temps (min) (b) Pb / PNM Cu / PNM Zn / PNM 40 30 a q ( mg / g ) 50 20 10 0 0 50 100 150 200 Temps (min) Figure VI. 3 : Cinétique d’adsorption des ions métalliques Pb2+, Cu2+ et Zn2+ sur les phosphates (a) PNB et (b) PNM (pH = 5, C0 = 100 mg/L). Les rapports M / PNB et M / PNM (M = Pb, Cu et Zn) désignent l’adsorption du métal sur les phosphates PNB et PNM. II. 4. Isothermes d’adsorption des ions monométalliques Dans le but de confirmer et de compléter l’étude cinétique de l’adsorption des ions Pb2+, Cu2+, Zn2+ sur la surface des phosphates PNB et PNM, nous avons entrepris l’étude des isothermes d’adsorption en faisant varier la concentration initiale de la solution métallique mise en contact avec une masse d’adsorbant de dose constante, égale à 2 g/L, pendant un temps de contact de 3 heures. Le pH est pris initialement constant de valeur 5. La figure VI. 4 -94- Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié illustre l’effet de la concentration initiale du métal sur l’élimination des ions Pb2+, Cu2+ et Zn2+ des solutions aqueuses par les deux types de phosphate PNB et PNM. 400 350 300 Pb / PNM 200 Cu / PNM a q (mg/g) 250 150 Zn / PNM 100 Pb / PNB 50 Cu / PNB Zn / PNB 0 0 300 600 900 1200 1500 C (mg/L) 0 Figure VI. 4 : Effet de la concentration initiale des solutions aqueuses des ions métalliques Pb2+, Cu2+ et Zn2+ sur leur adsorption par les deux matrices apatitiques PNB et PNM. (pH0 = 5, temps = 3 h, T = 25 °C). Nous remarquons que toutes les isothermes d’adsorption obtenues ont une allure généralement similaire, elles indiquent que lorsque la concentration initiale du métal augmente, la quantité adsorbée augmente jusqu’à un palier indiquant la saturation de tous les sites de la surface des supports. Ces isothermes d’adsorption sont de type L selon la classification de Gilles et coll. [122], qui est associé habituellement à une adsorption monomoléculaire avec une faible compétition des molécules d’eau. L’adsorption la plus importante est observée dans le cas des ions Pb2+ sur le phosphate PNM (Tableau VI. 1). En outre, nous constatons que la quantité adsorbée de ce métal sur le phosphate modifié (PNM) est 4 fois plus grande que celle adsorbée sur le phosphate naturel PNB. Cette meilleure capacité d’adsorption est en parfait accord avec les propriétés structurales et texturales de ce matériau. En effet, la modification du phosphate naturel par la méthode de dissolution- -95- Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié précipitation permet d’améliorer ses caractéristiques physico-chimiques, en l’occurrence de sa surface spécifique et son volume poreux. Ainsi, la surface spécifique de ce PNM est plus grande, ce qui permet l’amélioration de sa capacité de rétention. L’adsorption des monométalliques se fait dans l’ordre d’efficacité suivant : Pb > Cu > Zn. Ce classement est conforme aux données bibliographiques reportées dans de nombreux travaux de recherche concernant l’adsorption de ces ions métalliques sur les phosphates naturels et synthétiques. Tableau VI. 1 : Capacités d’adsorption maximales expérimentales des deux phosphates PNB et PNM vis-à-vis du métal. Capacité d’adsorption Pb Cu Zn PNB 98 57 35 PNM 352 166 152 maximale (mg/g) III. Description des Modèle de Freundlich et de Langmuir III. 1. Modèle de Freundlich C'est une équation empirique largement utilisée pour la représentation pratique de l'équilibre d'adsorption. Toutefois, les expériences ont montré qu’elle décrit bien les résultats d’adsorption des micropolluants par les solides tels que les charbons actifs, les sols et les argiles. Elle se présente sous la forme [123] : q a = K f Ce 1/n Avec : qa : quantité du métal adsorbée par gramme d’adsorbant (mg/g) Ce : concentration de l’ion métallique à l’équilibre (mg/L) 1/n, K : constantes de Freundlich qui caractérisent l’isotherme d’adsorption. f La linéarisation de l’équation précédente conduit à la relation suivante : 1 log qa = log Kf + ( ) log Ce n -96- Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié Cette équation empirique tient compte d’une distribution exponentielle des énergies des sites d’adsorption à la surface du solide et d’une adsorption en sites localisés. La représentation de log qa en fonction de log Ce donne une droite dont les constantes Kf et 1/n sont déduites respectivement de l’ordonnée à l’origine et la pente de la droite. Lorsque 1/n est proche de l’unité, il signifie qu’il y a une répartition constante du métal entre l’adsorbant et la phase liquide. Le coefficient d’adsorption Kf traduit le pouvoir adsorbant. Les représentations de log qa en fonction de log Ce relative à l’adsorption des métaux Pb, Cu et Zn sur les phosphates PNB et PNM sont données par la figure VI. 5. (a) log q a 2 1,5 1 Pb / PNB Zn / PNB Cu / PNB 0,5 -2 -1 0 1 2 3 log C e (b) 2,5 log q a 2 1,5 Cu / PNM Zn / PNM Pb / PNM 1 0,5 -2 -1 0 1 2 3 log C e Figure VI. 5: Représentations linéaires du modèle de Freundlich relatives à l’adsorption des ions Pb2+, Cu2+ et Zn2+ sur le phosphate naturel PNB (a) et le phosphate modifié PNM (b). -97- Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié III. 2. Modèle de Langmuir C'est le modèle le plus utilisé pour modéliser les résultats trouvés au cours de l'adsorption des métaux lourds en solution aqueuse. Il n’est théoriquement applicable que dans le cas des sites d’adsorption localisés, homogènes et sans interactions latérales entre les particules adsorbées. Il indique également que la réaction d’adsorption est réversible. Le modèle de Langmuir est ainsi basé sur l’existence d’un équilibre dynamique entre les entités qui se fixent et celles qui quittent la surface. Celui-ci peut être défini à l’équilibre par l’équation suivante [124] : qa = b.qm .C e 1 + b.C e La linéarisation de cette équation précédente conduit à la relation suivante : Ce 1 Ce = + qa bqm qm Avec : qa : capacité d’adsorption (mg/g) b : constante d’équilibre liée à la force d’interaction entre la molécule adsorbée et la surface du solide. qm : exprime la quantité maximale de soluté fixée par gramme de solide dont la surface est considérée comme totalement recouverte par une couche monomoléculaire. Les représentations linéaires des valeurs expérimentales de l’adsorption des ions Pb2+, Cu2+ et Zn2+ sur les phosphates étudiés selon le modèle de Langmuir sont illustrées par la figure VI. 6. Grâce à un ajustement par la méthode des moindres carré, nous obtenons pour chaque loi étudiée et pour chaque phosphate testé des droites avec lesquelles diverses constantes ont été déduites et sont regroupées dans le tableau VI.2. -98- Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié En se basant sur les coefficients de corrélation (R2) relatifs à la linéarité des droites des isothermes d’adsorption des deux modèles, nous pouvons conclure que le modèle de Langmuir est le plus probable pour caractériser l’adsorption des ions Pb2+, Cu2+ et Zn2+ sur les deux types de phosphate à l’exception du Zinc où son adsorption sur le PNB peut être décrite par les deux lois. Les valeurs de la capacité monomoléculaire qm coïncident avec celles expérimentales maximales de la quantité adsorbée de ces ions données dans le tableau VI. 1. Zn / PNB 28 (a) 21 e C /q a Cu / PNB 14 Pb / PNB 7 0 0 200 400 600 800 C (mg / L) e 5 (b) Zn / PNM Cu / PNM Pb / PNM 3 e C /q a 4 2 1 0 0 200 400 600 800 1000 1200 1400 C (mg/L) e Figure VI. 6: Représentations linéaires du modèle de Langmuir relatives à l’adsorption des ions Pb2+, Cu2+ et Zn2+ sur le phosphate nature PNB (a) et le phosphate modifié PNM (b). -99- Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié Tableau VI. 2 : Constantes des modèles de Langmuir et de Freundlich. PNM Métal PNB Langmuir Freundlich qm b R² 1/n Pb 322 0,16 0,999 0,28 Cu 167 0,13 0,999 Zn 158 0,06 0,999 Kf Langmuir R² Freundlich qm b R² 1/n Kf R² 67,78 0,764 102 0,06 0,996 0,48 6,01 0,927 0,38 21,78 0,953 57 0,31 0,999 0,30 10,08 0,941 0,45 11,60 0,981 36 0,03 0,998 0,25 7,01 0,997 Après avoir analysé les résultats expérimentaux, et établi les isothermes d’adsorption des ions métalliques Pb2+, Cu2+ et, Zn2¨+ sur les deux types d’adsorbants, nous avons entrepris de simuler systématiquement toutes les expériences que nous avons effectuées par les deux lois de Langmuir et Freundlich afin de chercher et de confirmer la meilleure représentation des points expérimentaux selon ces modèles. Les points expérimentaux simulés à partir des équations de Langmuir et Freundlich précisant la variation de la quantité adsorbée (qa) des ions Pb2+, Cu2+, Zn2¨+ sur les deux phosphates en fonction de la concentration résiduelle de la solution à l’équilibre (Ce) sont représentés sur les figures VI. 7 et 8. Ces résultats montrent que pour les ions métalliques, surtout Pb2+ et Cu2+, l'accord entre la simulation et l'expérience est acceptable. En effet, les courbes de simulation des isothermes d’adsorption de ces ions sur les deux supports nous permettent de conclure que dans le domaine de concentrations utilisées, il y a une bonne corrélation entre les données expérimentales et le modèle de Langmuir. Ce qui indique la formation d’un recouvrement monomoléculaire des sites de la surface des apatites. Ces résultats de simulation sont confirmés par les constantes de Langmuir mentionnées dans le tableau VI. 2 et qui sont déterminées graphiquement après la linéarisation de l’équation de ce modèle. Dans le cas des ions Zn2+, l’accord est admissible entre les données expérimentales et le modèle de Langmuir pour le phosphate modifié PNM. Par ailleurs, il est difficile d’engager une confirmation de corrélation entre la simulation et les résultats expérimentaux de l’adsorption du zinc sur le phosphate naturel. -100- Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié 160 Pb / PNB (a) a q (mg/g) 120 80 Freundlich Langmuir Points experimentaux 40 0 0 200 400 600 800 1000 C (mg/L) e 100 Cu / PNB (b) 60 a q (mg/g) 80 40 Freundlich Langmuir Points experimentaux 20 0 0 200 400 600 800 1000 C (mg/L) e (c) 40 Zn / PNB 35 25 20 a q (mg/g) 30 15 Freundlich Langmuir points experimentaux 10 5 0 0 200 400 600 800 1000 C (mg/L) e Figure VI. 7: Simulation de l’isotherme d’adsorption des ions Pb2+ (a), Cu2+ (b) et Zn2+ (c) par le PNB selon les modèles de Langmuir et Freundlich, comparée aux données expérimentales. -101- Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié 600 (a) Pb / PNM 500 q (mg/g) 400 a 300 Freundlich Langmuir points experimentaux 200 100 0 0 200 400 600 800 1000 1200 1400 C (mg/L)) e 300 Cu / PNM (b) a q (mg/g) 250 200 150 Freundlich Langmuir Points experimentaux 100 50 0 0 100 200 300 400 500 600 700 C (mg/L)) e 250 (c) Zn / PNM 150 a q (mg/g) 200 100 Freundlich Langmuir points experimentaux 50 0 0 100 200 300 400 500 600 700 C (mg/L) e Figure VI. 8 : Simulation de l’isotherme d’adsorption des ions Pb2+ (a), Cu2+ (b) et Zn2+ (c) par le phosphate naturel modifié PNM selon les modèles de Langmuir et Freundlich, comparée aux données expérimentales. -102- Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié IV. Mécanismes d’adsorption Pour mettre en évidence le mécanisme d’adsorption des ions métalliques sur les phosphates étudiés, nous avons analysé instantanément les ions Ca2+ libérés du solide dans la solution au cours du processus d’adsorption. La figure VI. 9 illustre la variation de la concentration des ions Ca2+ libérés en fonction de la concentration du métal retenu. Pb / PNB Concentration du calcium libéré en solution (mg/L) 50 (a) 40 Cu / PNB 30 20 Zn / PNB 10 0 50 100 150 200 Concentration du métal disparu (mg /L) Concentration du calcium libéré en solution (mg/L) 70 (b) 60 Pb / PNM 50 40 Cu / PNM 30 20 10 Zn / PNM 0 0 100 200 300 400 500 600 700 Concentration du métal disparu (mg /L) Figure VI. 9 : Concentration des ions Ca2+ libérés par les phosphates PNB (a) PNM (b) et celle du métal disparu de la solution au cours du processus d’adsorption des ions métalliques sur ces matériaux. -103- Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié Les résultats de cette figure indiquent que la libération des ions Ca2+ du solide augmente au fur et à mesure que la concentration des ions métalliques Pb2+, Cu2+ et Zn2+ retenus augmente quelque soit la matrice adsorbante. Ceci peut être lié au processus d’échange ionique entre les ions M2+ de la solution et les ions Ca2+ de l’apatite schématisé comme suit: Nous constatons que la quantité du métal fixée par chaque phosphate est plus importante que celle des ions Ca2+ libérés dans la solution quelque soit la nature du métal et le type du phosphate. Ce qui laisse supposer que les ions métalliques Pb2+, Cu2+ et Zn2+ ne sont pas totalement échangés avec les ions Ca2+ de l’apatite mais aussi adsorbés et/ou complexés à la surface comme il a été décrit précédemment. Sur la base des résultats de l’étude relative à la variation du pH et des isothermes d’adsorption ainsi que celle de l’analyse chimique du calcium libéré en solution, la fixation des ions métalliques sur les deux matrices apatitiques s’effectue par combinaison de plusieurs mécanismes comme il a été décrit dans la littérature : - Echange ionique entre les ions M2+ contenus dans la solution contaminée et les ions Ca2+ présents dans le solide. - Dissolution-précipitation : ce mécanisme est spécifique aux ions Pb2+ et se déroule en deux processus : (i) la dissolution de l’apatite phosphocalcique suivie par la précipitation d’une fluoro-hydroxypyromorphite Pb10(PO4)6(OH,F)2. Un autre mécanisme est aussi probable dans le cas de l’adsorption des ions Pb2+ sur le phosphate naturel. Il s’agit de la précipitation de la cérusite PbCO3 [121], qui est instable dans les conditions de pH inférieur à 5. - Complexation des ions métalliques à la surface du solide apatitique via la déprotonation de cette surface comme nous l’avons décrit lors de l’étude de la variation du pH durant le processus d’adsorption des ions métalliques par les phosphates étudiés. -104- Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié V. Affinité adsorptive des cations multi-métalliques Pb-Cu-Zn Les eaux industrielles contiennent en général plusieurs composés organiques et inorganiques. Afin de nous rapprocher de la composition des effluents réels et de quantifier la compétition d’adsorption entre différents métaux lourds, nous avons pensé à l’étude de la compétitivité des ions dans le mélange ternaire Pb-Zn-Cu pour mettre en évidence l’influence de la présence des ions Cu2+ et Zn2+ sur l’adsorption des ions Pb2+ et sur l’adsorption de tous les métaux lourds étudiés. La même procédure expérimentale que celle adoptée pour les ions métalliques pris individuellement a été suivie pour étudier la compétition entre eux. Trois solutions de concentration en métal de 100, 250 et 500 mg/L ont été testées. Pour une concentration initiale du métal donnée, le pourcentage de fixation (%) du métal sur le solide apatitique est donné par la relation suivante : % de fixation = q max, exp (métal compétitif) quantité retenue du métal compétitif x100 = x100 quantité totale adsorbée de tous les métaux ∑ q max, exp métal Les résultats de ces expériences sont consignés au tableau VI. 3 et la représentation graphique est donnée dans les figures VI. 10 et 11. Tableau VI. 3 : Capacités d’adsorption maximales des ions Pb2+, Cu2+ et Zn2+ dans le ternaire Pb-Cu-Zn pour chaque phosphate utilisé. Adsorbant PNB PNM Cinitial qm,exp (mg/g) % de fixation (mg/L) Pb2+ Cu2+ Zn2+ Pb2+ Cu2+ Zn2+ 100 45,5 28,0 16,4 50,61 31,15 18,24 250 78,5 38,8 20,5 56,97 28,16 14,88 500 81,5 40,1 22,5 56,56 27,83 15,61 100 46,5 40,0 28,7 40,36 34,72 24,91 250 112,2 73,7 60,6 45,52 29,90 24,58 500 200,5 100,0 62,5 55,23 27,55 27,22 -105- Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié 120 Métal adsorbé (mg / g) Multi-métal monométal 100 100 mg/L 250 mg/L 500 mg/L 80 60 40 20 0 Pb Cu Zn Pb Cu Zn Métal Figure VI. 10 : Capacité d’adsorption maximales des ions Pb2+, Cu2+et Zn2+ dans le mélange ternaire sur le phosphate naturel PNB. 300 Multi-métal mono-métal métal adsorbé (mg/g) 250 100 mg/L 250 mg/L 500 mg/L 200 150 100 50 0 Pb Cu Zn Pb Cu Zn métal Figure VI. 11 : Capacités d’adsorption maximales des ions Pb2+, Cu2+ et Zn2+ dans le mélange ternaire sur le phosphate naturel modifié PNM. Il ressort clairement de ces figures que les deux phosphates étudiés semblent avoir plus d’affinité pour les ions Pb2+. Sur la quantité totale des métaux fixés, celle des ions -106- Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié Pb2+représente plus de 40% quelque soit la concentration initiale et la matrice étudiée. Nous constatons que l’effet inhibiteur d’adsorption des ions Pb2+ sur l’élimination des ions Cu2+ et Zn2+ est plus important que le phénomène inverse. L’ordre de sélectivité observé pour les deux poudres suit la même séquence que dans le cas des ions pris séparément : Pb > Cu > Zn. Les résultats obtenus ont montré l’importance du phénomène de compétition d’adsorption surtout dans le cas de la rétention des ions Zn2+ et Cu2+ et ont confirmé une différence de mécanisme d’adsorption entre les métaux lourds compétitifs [125]. VI. Effet du greffage des apatites sur l’élimination des ions Pb2+ Afin d’améliorer les propriétés physicochimiques du phosphate naturel et d’augmenter les performances d’adsorption de ce substrat, nous l’avons fait subir un traitement par greffage de l’aminotriméthylenphosphonate selon la procédure décrite dans le chapitre V. L’étude des isothermes d’adsorption sur les matériaux greffés a été réalisée à pH initial égal à 5 selon le même protocole expérimental que celui effectué dans le cas du phosphate naturel et modifié (PNB et PNM). Dans cette section, nous limitons notre étude à l’élimination des ions Pb2+ de la solution aqueuse par son adsorption sur les apatites greffées PNM 2,5%, PNM 5%, PNM10%. Les résultats obtenus sont comparés à celle de l’apatite non greffée 0% notée précédemment PNM. Les résultats obtenus sont consignés dans le tableau VI. 4. Nous remarquons que la capacité d’adsorption augmente remarquablement avec l’augmentation de la concentration initiale quelque soit le taux de greffage. Dans le cas des apatites greffées, les capacités d’adsorption sont nettement supérieures à celle de l’apatite non greffée (PNM). Tableaux VI. 4 : Capacités d’adsorptions des matériaux greffés à différents taux de greffage vis-à-vis des ions Pb2+. Capacité d’adsorption (mg/g) en fonction du taux de Conc. initiale (mg/L) greffage 0% 2,5% 5,0% 10,0% 100 47,71 49,98 49,95 49,55 200 - 99,98 - 97,055 500 249,55 249,99 249,36 240,95 1000 342,00 423,00 475 475,85 1500 350,00 442,45 612,89 639,45 -107- Chapitre VI : Etude des processus de rétention des ions métalliques en milieu aqueux par les phosphates naturel brut et modifié Ces résultats sont en parfait accord avec le traitement subi aux matériaux apatitiques. En effet la présence des phosphonates et les fonctions amines dans la matrice de l’apatite contribue à l’amélioration de la capacité de rétention de ces adsorbants par des réactions de complexation. Des résultats similaires ont été obtenus par Oberto et coll. [107] dans le cas de l’élimination des ions Cu2+ et Co2+ par les apatites greffées par des aminosilanes. -108- Chapitre VII Adsorption du phénol sur les matériaux apatitiques : Cinétiques et isothermes -109- Chapitre VII : Adsorption du phénol sur les matériaux apatitiques : Cinétiques et isothermes Introduction L'efficacité de l'adsorption pour l’élimination du phénol et ses dérivés a fait de cette technique une alternative attractive aux méthodes classiques photocatalytique et d’oxydation. Elle est d’autant plus intéressante lorsque l’adsorbant est abondant et peu coûteux (argile, sous produits industriels, chitine…). Malgré son prix relativement élevé, le charbon actif demeure depuis longtemps le solide qui a été le plus sollicité en vue de ses capacités d’adsorption très importantes. Plusieurs équipes de recherche ont testé un certain nombre d'adsorbants naturels et synthétiques dans l’élimination du phénol et ses dérivés [126-127]. Pour notre part, nous nous sommes intéressés au phosphate naturel brut PNB, matériau très abondant, et une apatite dérivée du phosphate naturel marocain (caractérisée dans la partie IIchapitre IV de ce mémoire). Les résultats d’adsorption de ces deux phosphates sont comparés à ceux de la fluorapatite Ca10(PO4)6F2 (FAp) et les hydroxyapatites Ca10(PO4)6(OH)2 (c-HAp et p-HAp) possédant des caractéristiques structurales et texturales différentes. I. Procédures expérimentales I. 1. Les Adsorbants Au cours de ce travail, cinq types d’adsorbants de structure apatitique ont été sélectionnés et caractérisés, dont les propriétés physico-chimiques sont octroyées dans le tableau VII. 1. Tableau VII. 1 : Caractéristiques physico-chimiques des adsorbants utilisés. PNB PMN FAp c-HAp p-HAp Ca/P 1,95 1,95 1,66 1,66 1,61 %F 2,84 - 3,70 0 0 SBET 20 150 21 60 235 Cristallinité Bonne Mauvaise Bonne Bonne Mauvaise I. 2. L’adsorbat Le choix du phénol a été motivé (Figure VII. 1), d’une part par son caractère nocif pour l’environnement et d’autre part, par sa stabilité en solution aqueuse ainsi que la facilité de son dosage dans l’eau par spectroscopie UV-visible. -110- Chapitre VII : Adsorption du phénol sur les matériaux apatitiques : Cinétiques et isothermes La solution mère phénolique est préparée par la mise en solution dans l’eau distillée d’une certaine masse d’un solide phénolique de haute pureté cristalline (MERK). Dans le tableau VII. 2 sont regroupées les principales caractéristiques du phénol. Tableau VII. 2 : Caractéristiques du phénol utilisé. Tf (°C) Teb(°C) 41 Solubilité dans H2O Masse molaire (g/L) (g/mol) 93 94,11 181 Figure VII. 1 : Structure du phénol. I. 3. Dispositif expérimental L’étude de l’adsorption du phénol sur les adsorbants choisis en fonction des différents paramètres expérimentaux (pH, masse de l’adsorbant, concentration initiale du phénol) a été réalisée en régime statique en utilisant un agitateur mécanique multiposte avec une vitesse de 200 tours /min. Dans le cas des études cinétiques, des prélèvements à intervalles du temps sont effectués. La concentration résiduelle en phénol est déterminée par spectroscopie d’absorption UV-visible. I. 4. Méthode d’analyse La détermination de la concentration du phénol est effectuée par dosage spectrophotométrique dans le domaine de l’UV- visible, en utilisant la loi de Beer-Lambert : A = Ln I = ε .C.L I0 Avec: A : Absorbance, ε : Coefficient d'extinction molaire spécifique du soluté (2 103 L mol-1cm-1) -111- Chapitre VII : Adsorption du phénol sur les matériaux apatitiques : Cinétiques et isothermes L : Epaisseur de la cellule optique C : Concentration du soluté. Le spectromètre utilisé est un appareil Perkin Elmer (Lamda II) piloté par un microordinateur. La longueur d'onde du maximum d'absorption déduite de la figure VII. 2 est de 274 nm. 274 nm Toutes les mesures ont été réalisées en duplicata. Absorbance 0,3 0,2 0,1 0 200 250 300 350 400 Longueur d'ondes (nm) Figure VII. 2 : Spectre d’absorption UV-visible du phénol en milieu aqueux (C0= 5 ppm, pH0 = 6 et T = 25°C). II. Etude cinétique d’adsorption Les cinétiques d’adsorption du phénol sur les apatites sélectionnées ont été réalisées à pH0 = 6 et pour une concentration de 20 mg/L de phénol et 2 g/L de l’apatite. La figure VII. 3 représente l’évolution de la quantité adsorbée en fonction du temps. Les cinétiques de cette adsorption présentent les mêmes allures caractérisées par une forte adsorption du phénol sur l’apatite dès les premières minutes de contact phénol-apatite, suivie d’un processus lent jusqu’à l’état d’équilibre. La cinétique d’adsorption rapide pendant les premières minutes de réaction est certainement dûe au fait que le nombre de sites actifs disponibles à la surface de l’adsorbant est beaucoup plus important que celui restant après un certain temps. A l’état d’équilibre, nous constatons aussi que l’apatite poreuse p-HAp fixe davantage de phénol que les autres apatites. -112- Chapitre VII : Adsorption du phénol sur les matériaux apatitiques : Cinétiques et isothermes 6 p-HAp 5 PNM 3 c-HAp t q (mg/g) 4 FAp PNB 2 1 0 0 50 100 150 200 Temps (min) Figure VII. 3 : Influence du temps du contact sur l’adsorption du phénol aux surfaces des poudres apatitiques. Le temps d’équilibre est presque identique pour toutes les cinétiques réalisées ; il varie entre 90 et 120 min à l’exception du phénol- PNB, où cet équilibre est atteint uniquement après 60 min. Au-delà` du temps d’équilibre, nous avons constaté que la quantité du phénol fixée est constante pour tous les couples phénol-apatites. Pour une concentration initiale du phénol de 20 mg/L, prise pour étudier les cinétiques de ces processus, la capacité maximale d’adsorption des différents adsorbants phosphatés est dans l’ordre suivant : p-HAp (5,25 mg/g) > PNM (3,1 mg/g) > c-HAp (2,8 mg/g) > FAp (1,88 mg/g) > PNB (1,71 mg/g). Les constantes de vitesse d’adsorption du phénol sur les apatites synthétiques (p-HAp, c-HAp, et FAp) et les phosphates naturel brut (PNB) et modifié (PNM) ont été déterminées graphiquement en utilisant les modèles cinétiques. Pour chaque couple phénol-apatite, nous avons restreint notre étude au calcul des constantes de vitesses aux équations de Lagergreen (pseudo premier ordre), Ho et Mc Kay (pseudo second ordre) et Weber et Moris (mécanisme de diffusion intraparticulaire). -113- Chapitre VII : Adsorption du phénol sur les matériaux apatitiques : Cinétiques et isothermes II. 1. Modèles cinétiques de l’adsorption La constante de vitesse d’adsorption du pseudo premier ordre est déduite à partir du modèle établi par Lagergreen [128]. Dans le souci de se rapprocher le plus possible du mécanisme réactionnel réel, Ho et Mc Kay [129] ont opté plutôt pour un modèle cinétique d’ordre 2. Ces modèles mathématiques ont été choisis d’une part pour leur simplicité et d’autre part pour leur application dans le domaine d’adsorption des composés organiques sur les différents adsorbants naturels et synthétiques. En effet, l’équation de Lagergreen n’est valable, en général, que dans les premières minutes du phénomène d’adsorption. Par contre, l’équation de Ho et Mc Kay est utilisée pour une large gamme de temps et elle suppose un mécanisme de chimisorption contrairement aux modèles de Langmuir et Freundlich. Le modèle de Weber et Moris [130] permet de mettre en évidence le type de mécanisme de diffusion qui intervient dans la cinétique. La multilinéarité obtenue dans ce modèle indique qu’au moins deux ou plusieurs mécanismes de diffusion (interne, externe, intraparticulaire) interviennent dans le processus d’adsorption. Lorsque la diffusion intraparticulaire est impliquée dans le processus d’adsorption, la droite passe par l’origine. Dans notre étude, nous avons utilisé les lois cinétiques du pseudo premier ordre, pseudo-second ordre et le modèle de diffusion pour déterminer les constantes de vitesse d’adsorption et élucider le mécanisme d’adsorption. II. 2. Modèle cinétique du premier ordre L’expression de Lagergreen décrivant le modèle cinétique du pseudo-premier ordre, citée récemment dans plusieurs travaux [131], est donnée par l’équation suivante : dqt = K 1 (qe ,1 − qt ) dt (Eq.1) Avec qe et qt (mg/g) sont respectivement les quantités adsorbées du phénol à l’équilibre et à l’instant « t », et k1 (min-1) est la constante de la vitesse de la réaction d’adsorption. L’intégration de l’équation (Eq.1) donne : K log (q − q ) = log q − 1 t e t e,1 2,303 -114- (Eq.2) Chapitre VII : Adsorption du phénol sur les matériaux apatitiques : Cinétiques et isothermes La figure VII. 4 regroupe les représentations linéaires de log (qe-qt) en fonction du temps relatives à l’adsorption du phénol sur les cinq apatites étudiées. Les valeurs de la constante de vitesse k1 ont été déduites à partir des pentes de ces droites. 1 p-HAp e t log(q -q ) 0,5 0 PNM -0,5 -1 c-HAp PNB FAp -1,5 0 20 40 60 80 100 120 Temps (min) Figure VII. 4 : Représentations linéaires du modèle cinétique du premier ordre pour différents couples phénol-apatites. II. 3. Modèle cinétique du pseudo second ordre L’équation du modèle cinétique du pseudo second ordre est de la forme [132-133] : dqt = K 2 ( qe , 2 − qt )² dt (Eq.3) Avec k2 la constante de vitesse du second ordre de la réaction d’adsorption, dont la forme linéaire s’écrit comme suit : t 1 t = + qt K 2 q ² e , 2 q e , 2 (Eq.4) Les constantes k2 et qe,2 sont déterminées à partir de l’ordonnée à l’origine et de la pente de la droite en fonction du temps (Figure VII. 5). -115- Chapitre VII : Adsorption du phénol sur les matériaux apatitiques : Cinétiques et isothermes 120 PNB 100 FAp c-HAp PNM 60 t t/q (min.g/mg) 80 40 p-HAp 20 0 0 50 100 150 200 250 Temps (min) Figure VII. 5 : Représentations linéaires du modèle cinétique du pseudo second ordre pour différents couples phénol-apatite. II. 4. Modèle cinétique de diffusion La diffusion intraparticulaire est un mécanisme qui peut intervenir lors du processus d’adsorption. La constante de la réaction de diffusion est déterminée à partir de l’équation suivante [134] : qt = Ki t + C (Eq.5) Avec Ki la constante de diffusion intraparticulaire et C est une concentration (mg/g). La figure VII. 6 illustre la multilinéarité des droites de la quantité adsorbée du phénol en fonction de la racine carrée du temps. Nous constatons que la majorité des droites ne passent pas par l’origine, ce qui signifie que le mécanisme de la diffusion intraparticulaire n’intervient pas dans ce processus d’adsorption. -116- Chapitre VII : Adsorption du phénol sur les matériaux apatitiques : Cinétiques et isothermes p-HAp 5 4 3 c-HAp t q (mg/g) PNM FAp 2 PNB 1 0 2 4 6 8 10 12 14 0.5 (min ) Figure VII. 6 : Modèle de diffusion intraparticulaire relatif à l’adsorption du phénol sur les supports d’apatites. Les paramètres cinétiques déterminés graphiquement à partir des lois appliquées sont rassemblés dans le tableau VII. 3. D’après les résultats obtenus indiqués dans ce tableau, nous remarquons que le modèle du pseudo premier ordre est le plus adéquat pour déterminer l’ordre des cinétiques d’adsorption du phénol sur les différents adsorbants car son coefficient de corrélation R2 est proche de l’unité, à l’exception du couple phénol-PNB et PNM, dont la cinétique pourrait être de pseudo second ordre. D’après les valeurs de qe données dans le tableau VII. 3, nous constatons que la valeur calculée par le modèle du pseudo premier ordre est proche de celle déterminée expérimentalement. Parallèlement à ceci, les cinétiques d’adsorption qui découlent du modèle du pseudo second ordre peuvent ne pas être écartées du fait que les constantes caractéristiques sont presque de même ordre que celles du premier modèle [125,135-136]. Ces résultats sont en bon accord avec ceux relatifs à l’adsorption du phénol sur d’autres supports non phosphatés [129-132]. -117- Chapitre VII : Adsorption du phénol sur les matériaux apatitiques : Cinétiques et isothermes Tableau VII. 3 : Constantes cinétiques des différents modèles appliqués au processus d’adsorption du phénol sur les apatites étudiées. Equation cinétique Paramètres PNB PNM FAp c-HAp p-HAp K1 (min-1) 0,070 0,030 0,034 0,033 0,027 Pseudo premier qe,1 (mg.g-1) 1,70 3,10 2,00 2,79 5,46 ordre R2 0,983 0,986 0,997 0.998 0,999 K2 (min ) 0,088 0,093 0,214 0,122 0,011 qe,2(g.mg-1.min-1 1,80 3,60 2,42 3,33 7,65 R2 0,998 0,995 0,985 0,997 0,956 Modèle de diffusion ki(mg.g-1.min0.5) 0,328 0,329 0,303 0,407 0,708 intraparticulaire R2 0,980 0,995 0,985 0,995 0,998 -1 Pseudo second ordre III. Etude de l’influence de quelques paramètres sur la capacité d’adsorption III. 1. Influence de pH de la solution Le pH de la solution est un facteur important dans toute étude d'adsorption. Il peut conditionner à la fois la charge superficielle de l’adsorbant et la structure de l’adsorbat. Dans cette étude nous avons suivi l’évolution du pH de la solution phénol-apatite durant le processus d’adsorption (Figure VII. 7). Nous constatons que le contact des molécules du phénol avec les particules d’apatites entraîne la diminution du pH du mélange réactionnel de 8,90 à 6,5 dans le cas du PNB et de 7,86 à 6,80 dans le cas de PNM. Cette diminution du pH est liée à la neutralisation des espèces basiques issues des solides PNB et PNM lors de la déprotonation du phénol. -118- Chapitre VII : Adsorption du phénol sur les matériaux apatitiques : Cinétiques et isothermes 9 H O / PNB 2 8.5 8 H O / PNM pH 2 7.5 7 Phénol / PNM 6.5 Phénol / PNB 6 0 50 100 150 200 250 300 Temps (min) Figure VII. 7 : Suivi du pH durant le processus d’adsorption du phénol sur les adsorbants PNB et PNM. De même, nous avons suivi l’effet du pH (de 3 à 12) au cours du processus d’adsorption du phénol sur le phosphate naturel PNB et modifié PNM pour une concentration initiale de 20 ppm en phénol et de 2 g/L de l’adsorbant. Le pH de la suspension est ajusté à la valeur désirée par l’ajout d’une solution diluée de HNO3 ou de NaOH. Les résultats obtenus sont représentés sur la figure VII. 8. 4 3,5 -1 q (mg.g ) 3 PNM a 2,5 2 PNB 1,5 1 0,5 4 6 8 10 12 pH Figure VII. 8 : Effet du pH sur la rétention du phénol par les phosphates naturel brut (PNB) et modifié (PNM). -119- Chapitre VII : Adsorption du phénol sur les matériaux apatitiques : Cinétiques et isothermes L’analyse de ces résultats montre que : - la capacité d’adsorption diminue avec l’augmentation du pH du milieu jusqu’à des valeurs de 7,6 et 6,8 respectivement pour PNB et PMN. Au delà de ces valeurs, la capacité augmente relativement, mais d’une manière moins importante que dans le premier domaine de pH. - Le maximum d’adsorption est obtenu à pH = 3, il est de 1,2 mg/g pour PNB et 3,7 mg/g pour PNM. D’après la figure VII.8 et dans le cas de PNB, le point de la charge nulle est de 7,7, c’est à dire la surface du phosphate naturel est de plus en plus protonée et chargée positivement pour des pH plus acides. Ainsi, l’adsorption du phénol est favorisée par la présence des interactions donneur→ accepteur entre la charge positive du phosphate naturel et les électrons délocalisés du cycle aromatique du phénol. En milieu fortement basique (pH>7,7), la surface est négativement chargée et le phénol se trouve sous sa forme déprotonée et ionisée, par conséquent la force ionique est ainsi changée, et l’adsorption est améliorée. Le même phénomène se reproduit pour le phosphate PNM mais le point de la charge nulle est décalé vers la valeur 6,8. Ceci est lié à la composition chimique de la surface PNM. Comme le phosphate naturel brut PNB contient des impuretés comme la silice et les carbonates, elles peuvent influencer la protonation - déprotonation de la surface étudiée. III. 2. Influence de la masse de l’adsorbant Le but de cette étude est de déterminer la quantité de la poudre apatitique nécessaire pour éliminer le maximum du phénol introduit initialement dans le réacteur. Les essais d’adsorption menés à pH0=6 et une concentration initiale du phénol égale 20 ppm ont été réalisés avec la variation de la masse de la poudre introduite dans un volume de 100 mL de 2 à 10 g/L. Les résultats de cette étude sont illustrés par la figure VII. 9. -120- Chapitre VII : Adsorption du phénol sur les matériaux apatitiques : Cinétiques et isothermes Pourcentage d'élimination (%) 100 PNM 80 60 PNB 40 20 0 2 4 6 8 10 -1 Teneur de l'adsorbant (g .L ) Figure VII. 9 : Influence de la masse de l’adsorbant sur l’adsorption du phénol par les phosphates naturels brut PNB et modifié PNM (C0= 20 ppm, pH=6, t=3 h, T=25°C, V=100 ml). Nous constatons que le pourcentage d’élimination du phénol des solutions aqueuses augmente avec la teneur de l’adsorbant. Ce comportement résulte vraisemblablement du fait que le nombre de sites actifs disponibles à la surface d’adsorbant est d’autant plus important que la masse utilisée est grande, ce qui favorise mieux la rétention du phénol. IV. Isothermes d’adsorption Les isothermes d'adsorption ont été réalisées avec différentes concentrations initiales du phénol pour une dose de l’adsorbant de 2g/L. Le temps de contact est de 3 heures à 25°C et à pH = 6 pris initialement. La figure VII. 10 donne les isothermes d'adsorption du phénol sur les matrices phosphatées. -121- Chapitre VII : Adsorption du phénol sur les matériaux apatitiques : Cinétiques et isothermes p-HAp 8 PNM c-HAp a q (mg/g) 6 4 PNB FAp 2 0 0 20 40 60 80 100 120 C (mg/L) 0 Figure VII. 10 : Effet de la concentration initiale du phénol sur le pouvoir de rétention des apatites. Les courbes d’isothermes d’adsorption montrent une variation de la capacité d'adsorption du phénol, plus ou moins marquée, selon la nature de la matrice adsorbante. Nous remarquons que la capacité d’adsorption augmente progressivement avec la concentration initiale en phénol sans atteindre la saturation. L'étude comparative de ces isothermes montre que le pouvoir adsorbant de la matrice PNM est beaucoup plus important que celui des autres matériaux étudiés à l’exception de p-HAp. Les capacités d’adsorption expérimentales des différents matériaux étudiés sont regroupées dans le tableau VII. 4. Tableau VII. 4 : Corrélation entre les propriétés d’adsorption du phénol sur les matériaux phosphatés et les caractéristiques texturales des adsorbants. PNB PNM FAp c-HAp p-HAp qm,exp (mg/g) 3,85 6,50 2,90 4,40 8,09 SBET (m2/g) 20 150 21 60 235 -122- Chapitre VII : Adsorption du phénol sur les matériaux apatitiques : Cinétiques et isothermes Ces résultats se trouvent en bonne corrélation avec les propriétés structurale et morphologique des poudres apatitiques, en particulier la surface spécifique des adsorbants. Les capacités d’adsorption du phénol sur les matériaux phosphatés étudiés sont relativement importantes que celle obtenue par Lin et coll. [136] au cours de l’unique étude citée dans la littérature. Modélisation de l’isotherme d’adsorption Les isothermes de Langmuir et de Freundlich permettent d'obtenir, par régression linéaire avec une qualité statistique satisfaisante, les valeurs des constantes qm, b, KF et 1/n, qui sont déduits des droites des figures VII. 11 et 12, et sont regroupées dans le tableau VII. 5. Ces résultats sont en bon accord avec les insaturations du cycle aromatique du phénol à la surface des apatites comme le montre la figure VII.10 traduisant la variation de la quantité adsorbée en fonction de la concentration initiale du phénol. Le coefficient 1/n est inférieur à 1, ceci peut signifier que l'adsorption est plus importante pour des faibles concentrations. D’après les constantes caractéristiques des deux modèles appliqués, les valeurs 1/n sont comprises entre 0,13 et 0,73 mais la constante de corrélation R2 est de l’ordre de 0.98, inférieure à celle obtenue lors de l’application du modèle de Langmuir. De plus, les valeurs qmax sont proches de celles expérimentales à l’exception de celle PNB. En conséquence, le modèle de Langmuir est le plus probable pour caractériser le processus d’adsorption du phénol sur la plupart des apatites étudiées, ce qui montre que l’adsorption est monomoléculaire. -123- Chapitre VII : Adsorption du phénol sur les matériaux apatitiques : Cinétiques et isothermes FAp 32 28 c-HAp 24 PNB e C /q a 20 16 PNM 12 p-HAp 8 4 0 0 20 40 60 80 100 C (mg/L) e Figure VII. 11 : Représentations linéaires du modèle Langmuir de l’adsorption du phénol sur le phosphate naturel et les apatites étudiées. p-HAp 0,9 PNM PNB c-HAp 0,6 log q a FAp 0,3 0 -0,3 -0,5 0 0,5 1 1,5 2 log C e Figure VII. 12 : Représentations linéaires du modèle Freundlich de l’adsorption du phénol sur le phosphate naturel et les apatites étudiées. -124- Chapitre VII : Adsorption du phénol sur les matériaux apatitiques : Cinétiques et isothermes Tableau VII. 5 : Constantes obtenues lors de l’application des modèles d’adsorption du phénol sur les matériaux phosphatés selon Langmuir et Freundlich. Capacité d’adsorption Adsorbants maximale (mg/g) Langmuir Freundlich qmax β R² Kf 1/n R² PNB 3,85 4,900 0,110 0,997 1,482 0,723 0,986 PNM 6,50 6,800 0,250 0,998 25,644 0,695 0,995 FAp 2,90 3,393 1,049 0,994 104,610 0,392 0,996 c-HAp 4,40 3,909 0,755 0,996 58,884 0,243 0,981 p-HAp 8,09 8,269 0,027 0,998 3,5481 0,130 0,989 V. Régénération du support apatitique L’effet de la régénération sur la capacité d’adsorption des apatites a été étudié par le traitement thermique des poudres PNB, PMN et p-HAp à 500°C pendant 6 h après adsorption de 20 mg/L du phénol. Au cours des tests d’adsorption du phénol des adsorbants régénérés, nous réalisons simplement une réadsorption effective du phénol dans les mêmes conditions opératoires décrites précédemment. Pour une concentration initiale de 20 ppm, des nouvelles capacités d’adsorption ont été obtenues, qui sont relativement moins importantes à celles obtenues au début du processus d’adsorption (Tableau VII. 6). Tableau VII. 6 : Régénération des adsorbants phosphatés suite à leur calcination à 500°C (C0 = 20ppm). Poudres Capacité (mg/g) 1er cycle (mg/g) 2ème cycle (mg/g) PNB 1,71 1,04 1,00 PNM 3,14 2,98 2,89 p-HAp 5,20 4,20 4,07 La différence de capacité au cours du 1er cycle de régénération des apatites usées est due à la diminution de la surface spécifique de ces matériaux suite au traitement thermique effectué. Par contre, une légère variation de la capacité d’adsorption de l’ordre de 3% a été obtenue après le 2ème cycle de régénération des adsorbants étudiés. Par conséquent, la -125- Chapitre VII : Adsorption du phénol sur les matériaux apatitiques : Cinétiques et isothermes procédure de la régénération des apatites est simple et facile à réaliser, ce qui constitue un des avantages de ce type d’adsorbants, ceci leur confère la possibilité de la réutilisation pour plusieurs cycles de sorption. -126- Conclusion générale Les travaux décrits dans ce mémoire apportent une autre contribution à la recherche menée au laboratoire de Chimie Physique Générale de la faculté des sciences de Rabat sur les propriétés physico-chimiques des matériaux apatitiques, principalement la modification de la surface des apatites par greffage in situ de molécules organiques. Nous présentons dans ce qui suit les résultats relatifs au pouvoir adsorbant de ces matériaux apatitiques synthétisés vis à vis de certains micropolluants inorganiques et organiques susceptibles d’être présents dans les eaux polluées. L’ensemble des résultats obtenus devrait nous permettre de dégager des conclusions sur la possibilité d’utiliser ces matériaux apatitiques de grandes surfaces spécifiques pour le traitement des eaux polluées à l’échelle industrielle. De la mise en œuvre du procédé de préparation des apatites modifiées à partir du phosphate naturel de Benguérir, il est important de citer les principaux facteurs influençant la cristallinité et la surface spécifique du matériaux qui sont en particulier le temps de maturation, la température de la réaction et le type du solvant. Les résultats de caractérisation de cette synthèse montrent que les apatites préparées présentent des surfaces spécifiques et des stabilités thermiques élevées. Une surface spécifique de l’ordre de 150 m²/g a été obtenue en milieu aqueux à température ambiante. L’avantage de notre méthode de synthèse est l’utilisation des précurseurs du phosphore et de calcium à partir du phosphate naturel. Le matériau apatitique qui en résulte est économique et propice aux traitements environnementaux. Les résultats obtenus au cours de l’étude relative à la préparation des apatites greffées par des groupements aminométhylenphosphonates nous ont permis de suggérer le lien entre la nature des précurseurs utilisés et les propriétés de surfaces des matériaux préparés. Ce greffage a été réalisé en milieu aqueux et à basse température. L’introduction du phosphore organique à différents taux de greffage via les précurseurs naturels du calcium et du phosphore utilisés a permis d’améliorer les propriétés de surface des adsorbants préparés. La présence de la fonction amine dans la structure des solides acquérait à ces derniers des propriétés physico-chimiques inhérent surtout dans le processus d’adsorption. Cette nouvelle procédure de synthèse ouvre la voie à la production des phosphates contenant de multiples fonctions complexantes. -127- Dans la partie application, nous avons étudié le comportement de cette nouvelle génération de matériaux apatitiques dans l’adsorption de certains composés inorganiques (Pb2+, Zn2+, Cu2+) et organique (phénol). Les résultats obtenus nous ont permis de dégager des conclusions sur leurs pouvoirs d’adsorption et de comprendre le mécanisme et les interactions mis en jeu. L’étude comparative de l’adsorption des ions (Pb2+, Zn2+, Cu2+) pris séparément sur l’apatite modifiée noté (PNM) et le phosphate naturel (PNB) a montré l’effet de la surface spécifique du matériau préparé. En effet, l’élimination des ions Pb2+ par le phosphate naturel PNB est fructueuse. Par ailleurs, la quantité adsorbée de ces ions sur le phosphate modifié PNM (368 mg/g) est presque 4 fois plus grande que celle adsorbée sur le phosphate naturel brut PNB (98 mg/g). De même, les résultats d’adsorption des ions Zn2+et Cu2+ sur PNM sont aussi encourageants. La modélisation du phénomène d’adsorption des ions métalliques sur les deux matrices apatitiques PNM et PNB selon les deux modèles de Langmuir et Freundlich a été aussi étudiée. En nous basant sur les coefficients de corrélation R² relatifs à la linéarité des droites des isothermes d’adsorption, nous avons remarqué que le processus d’adsorption des ions Pb2+et Cu2+ sur les adsorbants étudiés suit le modèle de Langmuir. Par contre, les deux modèles peuvent à la fois décrire l’adsorption des ions Zn2+ sur les deux matrices apatitiques. En tant que solides poreux, ce matériau apatitique possède effectivement des propriétés adsorbantes importantes voire plus intéressantes que celles des matériaux cristallisés préparés classiquement par double décomposition. Parallèlement à ces résultats, nous avons examiné le comportement de ces matériaux apatitiques PNB et PNM en ce qui concerne l’adsorption de ces ions métalliques en mélange. Les essais d’adsorption sur les deux matrices nous ont permis l’accès à quelques informations jugées intéressantes. Même si la capacité d’adsorption a diminué, la plus grande affinité de ces matrices apatitiques a été observée pour les ions Pb2+. Les expériences de fixation de ces ions sur des apatites greffées à différents taux de greffage ont été réalisées dans des conditions opératoires identiques à celles sur le PNB et PNM. Nous avons remarqué que la capacité d’adsorption de ces ions métalliques (Pb2+) augmente lorsque le taux de greffage augmente et la surface spécifique diminue, nous pouvons conclure que l’adsorption sur ces matrices apatitiques n’est pas fonction de la surface spécifique comme dans le cas de PNM, la contribution de la fonction amine est très nette par son pouvoir complexant. -128- L’étude relative à la rétention du phénol en régime statique sur le phosphate naturel (PNB) et modifié (PNM) a été aussi entreprise. L’influence de certains paramètres (pH, masse de l’adsorbant, concentration initiale du phénol) sur la capacité de rétention du phénol a retenu notre attention. Les résultats expérimentaux ont prouvé que : - La cinétique d’adsorption du phénol sur PNB et PNM pourrait être considérée comme du pseudo second ordre, contrairement aux apatites synthétiques c-HAp, p-HAp et FAp, dont la cinétique est du pseudo premier ordre. - Les capacités d’adsorption obtenues sur les deux matériaux PNB et PNM sont respectivement 3,75 mg/g et 6,46 mg/g. - L’adsorption dépend du pH du milieu, avec une adsorption plus élevée à faible et à fortes valeurs de pH. - La meilleure modélisation des résultats expérimentaux est obtenue avec le modèle de Langmuir. Il aurait été en effet intéressant mais trop long d’étudier au cours de ce travail l’influence d’autres paramètres notamment la force ionique et de définir de façon plus thermodynamique les mécanismes d’adsorption de cette molécule organique sur ce nouveau matériau apatitique. Enfin, cette étude se voulait une source importante d’informations sur les apatites poreuses et greffées. Plusieurs données de caractérisation et d’application ont été générées mais la complexité du sujet laisse la voie libre à une poursuite des travaux : - Les essais d’adsorption ont été mis en œuvre par la méthode en batch dans ce travail, mais la granulométrie de ces matériaux permet d’envisager aussi des tests d’adsorption en dynamique sur colonne - Les matériaux apatitiques ont été synthétisés à l’échelle du laboratoire, nous pouvons imaginer une extrapolation de ces procédés pour une synthèse à l’échelle industrielle. - Des essais d’adsorption supplémentaires sur des effluents résiduaires industriels variés à l’échelle laboratoire s’avèrent aussi nécessaire afin d’envisager quelques applications. -129- Références [1] P. Melquiot, G. Bertolini, Atlas & dictionnaires : 1.001 mots et abréviations de l’environnement et du développement durable, RECYCONSULT (2003). [2] C. A. Kan, G. A. L. 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En effet des apatites mésoporeuses ayant des propriétés de surface importantes et stables thermiquement sont obtenues dans des conditions de synthèse moins coûteuses, par l’utilisation des précurseurs naturels de phosphore et de calcium. L’optimisation des paramètres de synthèse de l’hydroxyapatite modifiée aboutit à une surface de l’ordre de 150 m²/g, comparée à celle du phosphate naturel brut (20 m²/g). De même, des apatites hybrides sont élaborées par greffage de l’aminotriméthylènephosphonates en milieu aqueux à température ambiante et à différents taux de greffage. L’introduction de la fonction amine au sein de la matrice apatitique permet de fonctionnaliser la surface de celle-ci et de lui conférer un caractère complexant vis-à-vis des cations métalliques. L’étude texturale de ces matériaux par la méthode de BET et BJH a montré que le taux de greffage a permis de contrôle la porosité des matériaux greffés. Le comportement des matériaux ainsi préparés vis-à-vis de la rétention des micropolluants inorganiques (Pb2+, Cu2+ et Zn2+) et organique (phénol) a été bien étudié dans ce travail. Il a été montré que l’affinité des apatites préparées vis-à-vis des ions métalliques est plus importante que celle du phosphate naturel, la plus grande capacité d’adsorption de l’ordre de (640 mg/g) est obtenue pour les ions Pb2+ sur l’apatite greffée à 10 %. Le mécanisme de rétention a été proposé et le processus d’adsorption a été modéliser par les modèles de Langmuir et Freundlich. Dans le cas de l’adsorption du phénol sur le phosphate naturel de Benguérir et sur certaines apatites préparées, l’influence de certains paramètres (pH, concentration initiale, masse de l’adsorbant) sur la capacité d’adsorption a été entreprise. Les résultats encourageants du phénomène d’adsorption de ces micropolluants par les apatites que nous avons synthétisées nous permettent de penser que ces matériaux peuvent être avantageusement utilisés pour la dépollution des rejets industriels. Mots clés : Phosphate naturel, nanoapatites, greffage, phosphonates, adsorption, métaux lourds, phénol. -143-