Le Bulletin - Académie royale de langue et de littérature françaises

Transcription

Le Bulletin - Académie royale de langue et de littérature françaises
Le Bulletin
de l’Académie royale de langue et de littérature françaises DE BELGIQUE
Séance publique
Maeterlinck, notre contemporain ?
Christian Angelet Une jeunesse gantoise – Maxime BenoîtJeannin De l’importance d’être Georgette (ou de la difficulté de la
biographie) – Jacques Cels Gaston Compère hyperlecteur – Julien
Roy Mettre Maeterlinck en scène
Communications
Marie-José Béguelin Ferdinand de Saussure après un siècle – Guy
Vaes Un intime écheveau d’horizons – Jacques De Decker
Wagner chez les Belges – Éric Brogniet L’influence des poètes
arabes préislamiques sur la naissance de l’amour courtois chez les
troubadours de langue d’oc – Philippe Jones La création et l’image
mentale – Robert Darnton Le numérique et l’avenir du livre –
Raymond Trousson Musique et musiciens dans À la recherche du
temps perdu – Jean-Baptiste Baronian Portrait du romancier au
dictaphone – Daniel Droixhe Aux origines de l’Académie royale de
Belgique (1835-1837). Attraction flamande, occultation wallonne –
Yves Namur De la table à l’écrit, petit traité des gourmandises
littéraires (III). Dodin-Bouffant et son double chinois
Hommage à Pierre Ruelle
Marc Wilmet Pierre Ruelle. Fragments de souvenirs – Jacques
Charles Lemaire Pierre Ruelle, professeur à l’U.L.B. Quelques
anecdotes
Prix de l’Académie en 2010
Ceux qui nous quittent
Hubert Nyssen par Jacques De Decker
Tome LXXXIX – N° 1-2-3-4 – Année 2011
© Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique
Palais des Académies, Rue Ducale 1, 1000 Bruxelles
www.arllfb.be
De l’importance d’être
Georgette (ou de la difficulté
de la biographie)
Par M. Maxime Benoît-Jeannin
La biographie est un genre littéraire très ancien. Certains hommes,
certaines femmes frappent notre imagination, et nous désirons alors
retracer le plus fidèlement possible les petits et les grands événements de leurs vies. Après avoir écrit la biographie de ce grand
violoniste que fut Eugène Ysaye, j’ai éprouvé le besoin de raconter
l’histoire de Georgette Leblanc. Avant de voir son nom citer au
cours de mes recherches sur Eugène Ysaye, au milieu des années
quatre-vingt, dans les programmes de la Libre Esthétique et les
mémoires de Madeleine Maus, j’ignorais tout d’elle. Mais ce nom,
Georgette Leblanc, me fit me souvenir de Maurice Leblanc, dont
j’avais lu uniquement jusque-là les aventures d’Arsène Lupin.
Avaient-ils un rapport ? Et comment ! Ils étaient frère et sœur. Puis
je trouvai rapidement, en occasion, les Souvenirs de Georgette
Leblanc, qui me rapprochèrent de Maurice Maeterlinck, fort oublié
à l’époque et que moi-même, je dois dire, je connaissais assez mal,
à part sa poésie et Pelléas et Mélisande, bien entendu… Cette
lecture me fit comprendre que j’avais trouvé le personnage idéal,
parce qu’il me mettait en relation avec mes préoccupations les plus
secrètes. Je me lançai donc dans un programme de lectures
ambitieux qui m’entraîna dans une exploration du symbolisme
européen assez complète… et ainsi de suite… J’avançais… une
découverte en appelant une autre. Cette quête dura une dizaine
d’années. Un jour que je feuilletais une brassée de feuilles dactylographiées réunissant l’essentiel de la correspondance de Georgette
19
De l’importance d’être Georgette (ou de la difficulté de la biographie) Maxime Benoît-Jeannin
20
Leblanc avec Maeterlinck, je fus frappé par quelques lignes d’une
courte lettre datée du 23 juin 1898, où la cantatrice évoquait un
certain Sébastien Melmoth. Or, je savais qu’Oscar Wilde, en exil en
France après sa libération de la geôle de Reading, le 19 mai 1897,
se faisait appeler Sebastian Melmoth. J’enquêtai. À cette date, il se
trouvait bien à Paris et habitait l’hôtel d’Alsace, rue des BeauxArts, où il s’était inscrit sous le nom de Melmoth. Pour moi,
Melmoth était, avant d’être le pseudonyme que s’était choisi Wilde,
le héros d’un personnage de roman noir anglais publié en 1820, par
le Révérend Charles Maturin. Son livre s’intitulait : Melmoth,
l’homme errant, et il avait été fort admiré par André Breton et ses
amis surréalistes. Plus tard, après la parution de mon livre, j’apprendrai pourquoi Wilde avait choisi ce nom de Melmoth comme
pseudonyme, pas seulement par admiration pour le chef-d’œuvre de
Maturin et parce que Melmoth était « l’homme errant », mais aussi
parce que Maturin était un oncle de sa mère. Quant à « Sébastien »,
c’était en référence au saint criblé de flèches, ce capitaine mis à
mort sous Dioclétien. Et c’était bien ce qui était arrivé à Wilde, puni
de deux ans d’emprisonnement dans un des pénitenciers les plus
durs d’Angleterre, où l’on pendait les condamnés à mort et où l’on
persécutait les prisonniers au point de les empêcher de dormir.
Enfin, oui, c’était donc bien d’Oscar Wilde dont Georgette Leblanc
entretenait « son Maurice ». Puis je dénichai un article publié par
Les Nouvelles littéraires (25 octobre 1945), signé par un certain
Guillot de Saix — peut-être un pseudonyme —, ancien « nègre » de
Willy, le premier mari de Colette. Cet article narrait la rencontre
entre Maeterlinck, Georgette Leblanc et Oscar Wilde. Guillot de
Saix ayant utilisé, fidèle à sa vieille technique, des extraits des
Souvenirs et d’un texte que Georgette avait écrit sur Wilde, pour
composer son article, ce dernier n’était pas vraiment de première
main. Le « nègre » de Willy n’avait pas été témoin de cette
rencontre. Mais maintenant, je pouvais être certain que Georgette,
« son Maurice » et Wilde s’étaient vraiment connus. Naturellement,
j’exprimai mes doutes et mes tâtonnements dans le chapitre intitulé
Oscar Wilde de la biographie elle-même. La courte lettre, qui
m’avait apporté la preuve de la rencontre, quelles que soient ses
circonstances, entre Georgette et Wilde, et sans doute Maeterlinck,
disait ceci : « Mon Maurice, je t’aime. Ne fais pas d’imprudences.
[?] N’oublie pas le livre Entrevisions pour Sébastien Melmoth…
rue des Beaux-Arts, Paris. C’est un devoir que de ne pas négliger le
plaisir que l’on peut faire à ce grand homme. » Cette phrase
sublime, seule Georgette pouvait l’écrire. Elle exprimait toute la
compassion de la diva pour le paria qu’était devenu Wilde.
Entrevisions est le titre d’un recueil de poèmes de Charles van
Lerberghe, paru en 1898, chez Lacomblez, à Bruxelles. On sait que
Maeterlinck critiqua sévèrement le manuscrit de son ami avant sa
publication. Les poèmes étaient, selon lui, empreints de « naïveté »,
pleins de « rhétorique » et d’une « fadeur » désespérante. Il y
relevait un « abus d’eau de rose, etc. ». Le manuscrit, avec l’accord
de l’auteur et de son « comité de lecture » qui se composait, outre
Maeterlinck, d’Albert Mockel et de Fernand Séverin, fut émondé,
réduit, les poèmes châtiés, et le titre, choisi par Van Lerberghe,
devint Entrevisions. Le recueil était maintenant composé de trois
parties : « Jeux et songes », « Le Jardin clos » et « Sous le
portique ». Pourquoi ce livre aurait-il fait particulièrement plaisir à
Oscar Wilde ? C’est difficile à cerner. Georgette lui en avait-elle dit
quelques mots ? Je le suppose. Van Lerberghe était l’un des grands
amis de Maeterlinck. Il n’y aurait rien eu d’extraordinaire à ce
qu’elle lui en parlât, surtout si Wilde lui avait demandé ce qui était
lisible en français dans l’actualité littéraire de l’année 1898.
Cependant, Entrevisions célébrait l’éveil à l’amour de la femme.
« Le rêve de son âme enfin se réalise, / Et c’est une adorable et
soudaine surprise. » Difficile de voir en quoi Wilde aurait pu être
séduit par ce thème. Van Lerberghe était bien conscient de ce qui le
séparait de Maeterlinck : « Nous avons le même idéal d’art, presque
la même vision (…), écrit-il à Fernand Séverin, la principale différence qu’il y a entre nous, c’est que lui préfère le crépuscule et moi
l’aube — et qu’il a du génie. »
Combien de temps Georgette a-t-elle fréquenté Wilde ? Nous
sommes en juin 1898. Wilde a été enterré le 3 décembre 1900 au
cimetière de Bagneux. Entre ces deux dates, Georgette a été très
occupée par son métier et sa relation avec Maeterlinck. Il n’est pas
certain qu’elle ait eu beaucoup de temps à consacrer à Wilde. Si elle
a eu tendance, parfois, à romancer certains détails de sa vie, elle est
pourtant très fiable en ce qui concerne ses rencontres, ses pensées
et ses actions. J’ai pu le vérifier maintes fois. En dehors d’une
ascendance paternelle inventée — elle prétendit que son père, né à
Venise, s’appelait en réalité Bianconi — elle n’a guère eu tendance
à transformer la réalité de sa vie. N’oublions pas tout ce qu’elle n’a
pas révélé, tout ce qu’elle a passé volontairement sous silence et
que j’ai pu découvrir. Son autobiographie publiée ne couvre au fond
que ses années avec Maeterlinck, ce qui constitue seulement une
petite partie de sa vie, même si leur relation dura vingt-trois ans. Et
durant cette période, les épisodes de son histoire personnelle furent
riches et multiples. Elle n’eut donc pas besoin d’en rajouter. Ainsi,
on peut s’étonner aujourd’hui qu’elle ait été la compagne de
Maurice Maeterlinck — futur prix Nobel de littérature —, et dans
la même période, l’amie de Mallarmé et de Rodin, tout en apportant
un réconfort moral à Oscar Wilde. N’oublions pas non plus qu’elle
21
De l’importance d’être Georgette (ou de la difficulté de la biographie) Maxime Benoît-Jeannin
22
entretint, pendant quelque temps au moins, de bonnes relations avec
Octave Mirbeau. Que le sceptique et très contrôlé Jules Renard
l’admira, comme en témoigne son Journal. Ne lui donna-t-il que
des émotions artistiques ? On l’ignore, puisque son journal intime
fut publié, vraisemblablement émondé par sa veuve, Marinette, qui
détruisit le manuscrit original. Que Zola, lorsque Georgette participa à la création de l’opéra d’Alfred Bruneau, L’Attaque du moulin,
tiré de son œuvre, fut sensible à son charme. Que Gide, qu’elle
irritait, lui concédait cependant quelque talent. Que le metteur en
scène français d’avant-garde Lugné-Poe, qui la détestait parce
qu’elle refusait son magistère, estimait qu’elle était si bonne
comédienne qu’elle était parvenue à le rouler, lui qui, en tant que
directeur du théâtre de l’Œuvre était un truand sans vergogne.
Qu’elle fut l’amie de Massenet, qu’elle connut de près Fauré et
Debussy, Eugène Ysaye et tant d’autres compositeurs et musiciens.
Qu’elle fréquenta Colette jusqu’en 1914. Qu’après sa rupture avec
Maeterlinck, le cinéaste Marcel L’Herbier la fit tourner dans
L’Inhumaine, alors qu’elle avait déjà cinquante-cinq ans. Qu’elle
eut une aventure sentimentale avec Gabriele D’Annunzio, en
janvier 1925. Autour de 1900, bon nombre d’écrivains et de journalistes moins prestigieux que les déjà nommés, de Paul Adam à
Georges Maurevert, en passant par Camille Mauclair ou Maurice
Rollinat, sans oublier le Sâr Péladan, fondateur de la Rose-Croix,
furent de ses familiers. On peut donc, sans exagérer, écrire que cette
femme fit la plus forte impression sur ses contemporains. On s’est
souvent trompé à son sujet et on lui a rarement rendu justice. Par
certains côtés, elle dérangeait. La biographie que je lui ai consacrée
montre bien cela.
Pour ce qui concerne plus spécialement Oscar Wilde, je peux donc
affirmer maintenant et sans risque d’erreur que Maeterlinck,
Georgette et Wilde dînèrent ensemble un soir de juin 1898, chez
Georgette Leblanc, au 5, Villa Dupont, dans cette voie privée qui
donnait sur la rue Pergolèse. De retour à Paris, en janvier 1898,
après un séjour à Naples en compagnie de lord Alfred Douglas alias
« Bosie », Wilde s’établit d’abord à l’hôtel de Nice, rue des BeauxArts, avant d’émigrer, parce que c’était moins cher, à l’hôtel
d’Alsace, dans la même rue, en mars. Il y mourut le 20 novembre
1900. La preuve que la rencontre avait bien eu lieu, c’est une lettre
de Wilde à son ami Robert Ross, son exécuteur testamentaire, qui
me l’apporta. Il lui écrit, en effet, parlant de Georgette Leblanc et
de Maurice Maeterlinck :
Ils ont une petite maison charmante — près du bois de Boulogne
— toute en murs blancs et meubles verts, avec des photographies
de tableaux de Burne-Jones — des tas de livres, des chandeliers de
bronze hollandais et des cuivres. Lui, c’est un bon garçon [en
français dans le texte] — bien entendu, il a complètement renoncé
à l’art. Il ne pense qu’à rendre la vie saine, d’esprit et de corps — et
à libérer l’âme des entraves de la culture. L’art lui fait à présent
l’effet d’une maladie, et La Princesse Maleine, d’une absurdité de
sa jeunesse.
On reconnaît bien dans ces quelques lignes le Maeterlinck avec
lequel on est maintenant familier, le critique acerbe de ces œuvres
de jeunesse qui enchantèrent Mirbeau. « J’ai dîné avec lui, continue
Wilde, la veille du jour où il partait pour Londres. » Il ne partirait
pas seul, Georgette l’accompagnant. À Londres, ils assisteront, en
compagnie de Van Lerberghe, aux représentations de Pelléas et
Mélisande, la pièce, avec une musique de scène de Gabriel Fauré,
ce qui eut le don d’énerver Debussy. Le lendemain de cette représentation, Georgette et Maeterlinck croiseront Albert Carré, le
directeur de l’Opéra-Comique, avec qui Georgette aura bientôt
maille à partir. Wilde s’interrogeait sur ce Pelléas et Mélisande
anglais. Il avait questionné son ami Ross : « Tu ne m’as jamais rien
dit sur Pelléas et Mélisande ? Etait-ce absurde ? » Comme s’il avait
voulu dire : était-ce si absurde que cela ? De Londres, Georgette
écrivit à son frère Maurice Leblanc ce qu’elle pensait de la représentation de Pelléas et Mélisande au Prince of Wales Theater :
Très grande impression, très très scénique. La pièce gagne à la
scène à mon avis et pourtant ils n’ont pas respecté les coupures de
Maurice !… C’est en somme une succession de tableaux merveilleux. Grande impression d’art mais je ne pouvais en avoir d’autres,
ne comprenant pas assez. Très bien monté. Cependant, on peut
faire dix fois mieux avec très peu de retouches.
Ont-ils l’occasion, Wilde et elle, d’en parler plus tard ? Peut-être.
Rien, en tout cas, ne nous permet de l’affirmer avec certitude. Nous
sommes maintenant dans la zone d’ombre de toute biographie.
Impossible de suivre jour après jour, comme à la trace, un personnage. Ce que l’on a mûrement avancé peut être remis en cause par
la découverte d’une lettre ou d’un nouveau témoignage. Bref, si
l’on ne veut pas donner dans l’hagiographie, la plupart du temps, on
reste dans l’incertitude. L’intuition supplée parfois à la faiblesse de
la documentation. Le bon biographe doit être un écrivain, pas seulement un collecteur de faits vrais.
À présent, deux lettres nous stipulent que Georgette Leblanc et
Maurice Maeterlinck ont bien rencontré Oscar Wilde. Celle de
Wilde, en personne, à son ami Ross. Celle de Georgette elle-même,
qui le nomme Sébastien Melmoth, tout en affirmant à Maeterlinck :
« C’est un devoir de ne pas négliger le plaisir que l’on peut faire à
23
De l’importance d’être Georgette (ou de la difficulté de la biographie) Maxime Benoît-Jeannin
24
ce grand homme. », phrase prodigieuse de sensibilité et de compréhension quand on y songe, phrase qui signe toute la merveilleuse
intelligence pleine d’humanité de son auteur, son absence de
préjugés et sa totale liberté. « Sebastian Melmoth » est en effet un
des parias de cette fin du XIXe siècle. À 42 ans, Wilde a été précipité du haut de sa gloire dans la misère la plus abjecte. On l’a
marqué au fer rouge. Rejeté, réprouvé, poursuivi par la haine
publique, haï, tel il était en cette fin de siècle, et il fallait avoir un
courage et un mépris des convenances peu communs pour s’entretenir avec lui et le recevoir. Par le fait qu’elle était femme, Georgette
ne pouvait espérer le moindre hommage en retour de son authentique dévouement. Mais elle sut apprécier à son juste prix leur
camaraderie où le désir sexuel n’entrait jamais. De plus, son amitié
pour les femmes la rendait sans doute sensible aux amours hors
normes. Elle a donc su voir en Wilde un poète, un homme de théâtre
et un romancier, supérieur par la création de son esprit et la douleur
de son expérience à nombre d’écrivains de son temps, sans se
laisser effaroucher par la condamnation dont il a été victime.
Comment a-t-elle été prévenue de sa présence à Paris ? Par Louis
Fabulet, ami d’enfance de Maurice Leblanc, et qui traduisit de
nombreux auteurs anglais, dont Kipling ? Ou par Léon Bazalgette
qui fréquenta son studio au début de la décennie ? Sans oublier
Félix Fénéon et le groupe de la Revue blanche, Fénéon y publiant
les poèmes de prison de Wilde ? André Gide et Édouard Ducoté, en
mai 1898, ont invité Wilde à présider un banquet offert en son
honneur. À Paris, ayant quitté Berneval (près de Dieppe), lieu de
séjour choisi après sa libération, Wilde fut moins isolé qu’on l’a
écrit. Il compte parmi ses amis le critique Henry Bauër et Octave
Mirbeau que Georgette a bien connus aussi. Ce sont les Anglais de
passage ou résidant à Paris qui l’évitent. Sauf Frank Harris, qui
l’aide financièrement et lui offre un séjour à La Napoule, près de
Cannes. Mais il est vrai que Harris était irlandais d’origine, et que
s’il vécut aussi en Angleterre, il se fit naturaliser américain dans les
années vingt.
Le jour où d’autres documents sur la relation entre Georgette
Leblanc, Maeterlinck et Oscar Wilde viendront au jour, il y aura
encore d’autres pages à écrire. C’est ainsi qu’une biographie peut
évoluer, et certains personnages paraître en devenir. C’est avec eux
que la biographie parfaite pourrait être tentée. Mais, en réalité, la
biographie parfaite n’existe pas. Il y aura toujours des zones
d’ombre, des épisodes manquants et des années floues. Pour un
écrivain, le fil conducteur d’une vie peut être la publication de ses
œuvres. Entre la naissance et la mort, il y a cette chaîne à laquelle
on peut se raccrocher. C’est le cas de Maeterlinck ou de Wilde. Pour
une artiste touche à tout comme Georgette Leblanc, dont les
activités débordent et dont les amours foisonnent, il reste toujours
quelque chose à découvrir. Ici, donc, le chapitre Oscar Wilde, provisoirement, se termine.
25

Documents pareils