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m o n d e a r a b e L E T T R E H E B D O M A D A I R E D ' I N F O R M AT I O N S S T R AT É G I Q U E S Directeur : Guy Perrimond - Rédacteur en chef : Rashid Saeed - 28 novembre 2013 - n° 799 ISRAËL : NE PAS IRRITER PÉKIN Sanctuarisation Le gouvernement israélien, qui se veut à la pointe de la lutte antiterroriste et a tendance à donner des leçons aux autres pays sur ce front, est très embarrassé par une affaire impliquant la Chine. Sous la pression de Pékin, les autorités auraient en effet interdit à un ancien agent du Shin Beth de témoigner devant un tribunal américain, à la demande des familles de 22 victimes d'attentats-suicides palestiniens en Israël. Cet agent, Uzi Shaya, est en mesure de fournir des informations sur des transferts de fonds effectués par la Bank of China par l'intermédiaire de ses branches américaines et européennes pour financer des organisations terroristes. Selon les autorités israéliennes, il pourrait révéler des secrets d'Etat, notamment des informations sur le contre-terrorisme. A en croire les médias israéliens, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a mis son veto à ce témoignage, pour ne pas compromettre les échanges commerciaux très fructueux entre Israël et la Chine. Les familles des victimes accusent la Bank of China, un établissement public, d'avoir servi pour le transfert de fonds destinés au Hamas et au Djihad islamique. Parmi les plaignants figurent les proches de Daniel Wultz, un jeune américain de 16 ans tué par un kamikaze palestinien du Djihad islamique en 2006 à Tel Aviv. Les familles réclament des centaines de millions de dollars de dédommagements auprès de tribunaux américains en se fondant sur la législation antiterroriste outre-Atlantique. Leur dossier dépend, toutefois, en grande partie du témoignage d'Uzi Shaya, qui est en mesure de détailler à quel point la Bank of China était au courant des transferts de fonds effectués au profit du Hamas et du Djihad islamique. Cet agent a notamment fait partie d'une délégation de responsables du contre-terrorisme qui ont rencontré leurs homologues chinois lors d'une visite à Pékin en avril 2005. A cette occasion, les Israéliens avaient prévenu les Chinois que la Bank of China procédait à d'importantes opérations financières «suspectes» au bénéfice dʼorganisations palestiniennes, tout en pressant les autorités de Pékin d'y mettre fin. Uzi Shaya devait comparaître devant un tribunal de New York ces derniers jours. Dans une lettre adressée le 29 août aux avocats des familles de victimes, cet agent a affirmé qu'il avait reçu un ordre formel de ne pas témoigner. Attaqué par les médias, le bureau de Benjamin Netanyahu a affirmé, la semaine dernière, que tout en étant «fermement engagé dans la lutte contre le terrorisme et la sécurité des Israéliens», il était obligé de s'assurer que les informations recueillis par des agents israéliens restaient confidentielles. (suite page 2) En visite à Tripoli, le 21 novembre, le secrétaire dʼEtat britannique des Affaires étrangères pour le Moyen-Orient, Hugh Robertson, a pressé les autorités libyennes de renforcer la mise au pas des milices islamistes qui contrôlent la plus grande partie du pays. Sa visite intervient deux jours après les déclarations de la ministre italienne des Affaires étrangères, Emma Bonino, selon laquelle des éléments djihadistes et des membres d'Al-Qaida pourraient se trouver parmi les migrants qui débarquent à Lampedusa en provenance des côtes libyennes. La responsable italienne a indiqué que le Comité politique et de sécurité (COPS) et le Comité permanent de sécurité intérieure (COSI) au sein du Conseil européen devraient bientôt se pencher sur la situation en Libye. LʼUnion européenne redoutant de plus en plus que ce pays se transforme en un sanctuaire dʼAl-Qaida et dʼautres groupes djihadistes. Sur le terrain, de violents affrontements ont opposé, cette semaine, les forces gouvernementales libyennes et Ansar al-Charia, important groupe djihadiste présent à la fois en Tunisie et en Libye, qui a attaqué la base militaire de Barak, dans le sudouest du pays. Les assaillants auraient réussi à mettre la main sur dʼimportantes quantités dʼarmes et de munitions. Cela alors quʼun ancien responsable de lʼarmée libyenne, le général Khalifa Haftar, a admis que des groupes salafistes dirigés par Abdelhakim Belhadj avaient mis la main sur une dizaine de missiles Scud dans les arsenaux de lʼancienne armée libyenne. Ils auraient transféré quelques uns de ces missiles aux combattants dʼAQMI dans le sud et le sudouest libyen. Prolifération salafiste au Yémen La mort du jeune Algérien Machroum Ahmed, lors dʼune attaque à la roquette, par des rebelles houthistes, dʼune madrassa salafiste de Dammaj, près de Saada (nord du Yémen), met en lumière le rôle de ces institutions sunnites qui constituent un vivier pour Al-Qaida. Des dizaines dʼautres étudiants étrangers, notamment algériens, avaient été tués dans cette région, au cours des dernières semaines. Le conflit entre rebelles houthistes (de confession zaïdite), soutenus par lʼIran, et les mouvements salafistes dans cette zone voisine de la frontière saoudienne (voir TTU n° 797) tend à sʼétendre. Les mouvements salafistes liés à Al-Qaida, combattus par lʼarmée gouvernementale dans le sud du Yémen, sʼimplantent à présent dans le nord, montagneux et difficile dʼaccès, profitant de lʼabsence de lʼarmée et de lʼétat dʼanarchie qui y règne. De là, certains éléments djihadistes sʼinfiltrent en territoire saoudien et gagnent lʼIrak et la Syrie. PAGE 2 Politique et stratégie TTU MONDE ARABE - N° 799 - 28 NOVEMBRE 2013 ➤ Priorité à la sécurité Le nouveau vice-ministre algérien de la Défense, le général Ahmad Gaïd Salah, qui est également chef dʼétat-major de lʼarmée, est très médiatisé depuis la rentrée à Alger du président Bouteflika en juillet dernier, suite à son hospitalisation en France. Avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, cʼest le responsable gouvernemental qui a été reçu le plus souvent par le président, du moins si lʼon en croit les médias officiels, avec une dernière apparition télévisée le 23 novembre. Ce qui illustre la priorité aux questions de sécurité quʼaffiche le pouvoir. Ainsi, la protection des frontières est désormais au cœur du dispositif sécuritaire du pays comme lʼa montrée lʼannonce, au début du mois, de la création de 80 postes-frontières, essentiellement dans le Sahara, chacun étant gardé par une unité dʼune quarantaine de soldats. Sur le plan intérieur, la lutte contre le terrorisme islamique nʼa pas permis de réduire lʼactivité des groupes retranchés dans les divers maquis algériens. Depuis le mois de janvier dernier, près de 200 terroristes ont été abattus, principalement en Kabylie et autour des Aurès, soit sensiblement le même chiffre quʼau cours de la même période de lʼannée 2012. Cette stagnation sʼexplique par la dégradation de la sécurité dans les pays voisins (Libye, Mali et Tunisie), qui servent de sanctuaires à divers groupes terroristes. A noter enfin que les forces armées du pays bénéficient de moyens accrus. En effet, la loi de finances pour 2014, votée le 12 novembre, consacre une hausse annuelle dʼun milliard de dollars des crédits alloués à la Défense, à 12,45 milliards. Les forces navales sont les premières bénéficiaires de ces dépenses, le contrat pour lʼacquisition de deux sous-marins russes Kilo 636M étant notamment sur le point dʼêtre signé. ISRAËL : NE PAS IRRITER PÉKIN (suite de la page 1) «Après un examen du dossier, l'Etat d'Israël est arrivé à la conclusion qu'il ne peut pas permettre à un responsable officiel de dévoiler des d'informations portées à sa connaissance durant ses fonctions officielles. La divulgation de telles informations nuirait à la sécurité du pays et interférerait dans la coopération internationale qui s'est instaurée dans la lutte contre le terrorisme», a indiqué un communiqué embarrassé du Premier ministre. Selon plusieurs médias israéliens, les Chinois ont refusé de fermer les comptes utilisés par les organisations palestiniennes, malgré les mises en gardes israéliennes. Pour faire pression sur Pékin, les autorités israéliennes ont, dans un premier temps, soutenu la plainte déposée par les familles des victimes. Benjamin Netanyahu, responsable en tant que Premier ministre du Shin Beth, chargé de la lutte antiterroriste, a toutefois fait volte-face à la suite de pressions. Les responsables chinois auraient notamment menacé, selon les médias, d'annuler la visite que Netanyahu a effectuée à Pékin en mai dernier. PARIS SʼOCCUPE DU DOSSIER LIBANAIS Après lʼaccord intérimaire sur le programme nucléaire iranien et l'annonce de la date de la conférence Genève II sur la Syrie, la diplomatie française tente de garantir la stabilité du Liban. Subissant les répercussions du conflit syrien, cette stabilité est de plus en plus écornée, notamment par les affrontements intercommunautaires à Tripoli et une série dʼattentats meurtriers, dont le dernier en date a visé lʼambassade dʼIran à Beyrouth (voir TTU n° 798). En outre, les autorités libanaises sont confrontées à un afflux de réfugié syriens, dont le nombre atteindrait 1,4 million de personnes, dont beaucoup sont parqués dans des camps de réfugiés frontaliers. Paris sʼinquiète également du blocage politique, le nouveau président du Conseil, Tammam Salam, nommé en avril dernier, nʼayant toujours pas réussi à former de gouvernement. Ce qui augure mal de la possibilité dʼélire un successeur au président Michel Sleiman, dont le mandat expire en mai 2014. Pour parer à l'éventualité dʼun vide institutionnel à cette échéance, la diplomatie française s'active dʼores et déjà. Ainsi, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a reçu cette semaine, au Quai dʼOrsay, le président du Conseil démissionnaire, Najib Mikati, tandis quʼà Beyrouth, lʼambassadeur de France, Patrice Paoli, a organisé un dîner avec deux députés du Hezbollah, Ali Fayad et Nawar Sahili, ainsi que le responsable des relations internationales de ce parti, Ammar Moussaoui. Malgré lʼinscription de l'aile militaire du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes de lʼUnion européenne, Paris maintient donc le dialogue avec cette formation, qui sʼest octroyée la représentation de la communauté chiite libanaise. Par ailleurs, des contacts discrets se sont déroulés récemment à Paris avec l'ancien président du Conseil Saad Hariri et le dirigeant druze Walid Joumblatt, qui nʼauraient néanmoins débouché, pour lʼinstant, sur aucun résultat. Si le Hezbollah maintient son exigence du “tiers de blocage” dans le prochain gouvernement hypothétique de Tammam Salam, Saad Hariri, chef du camp sunnite, campe sur une position dure, subordonnant le dialogue avec le Hezbollah à son désengagement du conflit syrien. Face à ce blocage, Paris sʼemploie à activer des médiations régionales, notamment celle de lʼArabie Saoudite (où réside Hariri), afin dʼéviter au Liban un vide politique semblable à celui des années 2007-2008. BPC “DIXMUDE” : UNE QUESTION DE COÛTS Le BPC “Dixmude” de la marine française, parti officiellement patrouiller dans le Golfe de Guinée, transporte du matériel roulant et des blindés qui seront débarqués à Douala (Cameroun). Des unités blindées en partance pour Bangui... Parmi les raisons expliquant lʼenvoi du BPC “Dixmude” plutôt que le choix dʼun moyen de transport aérien, figurent les impératifs dʼéconomies budgétaires. Le ministère français de la Défense a préféré éviter le recours aux Antonov An-124 ukrainiens, dont la location aurait coûté beaucoup plus cher que lʼenvoi du bâtiment de la marine française. Politique et stratégie PAGE 3 TTU MONDE ARABE - N° 799 - 28 NOVEMBRE 2013 LIBYE : UN ACCORD EN TROMPE LʼŒIL Avec la poursuite des protestations populaires à Tripoli, la pression sʼaccentue sur le gouvernement dʼAli Zeidan, surtout après que le président du Conseil local de Tripoli (municipalité), Sadat Al-Badri, eut pris la défense des manifestants. Le déploiement de près de 3 000 soldats à Tripoli, après le retrait des milices, est accueilli avec scepticisme par les observateurs, qui doutent que ces éléments obéissent réellement au chef dʼétat-major de lʼarmée. Après les violents affrontements de la semaine dernière (voir TTU n° 797), le gouvernement a conclu un accord avec les milices, notamment celles de Misrata, ce qui avait permis leur retrait de la capitale et leur retour dans leurs bases. Alors que les hommes du Conseil militaire de Tripoli, commandés par Abdelhakim Belhadj demeurent en ville, les milices de Zenten auraient rejeté lʼaccord. Leurs forces se seraient déployées à 20 km au sud-ouest de Tripoli, dans les régions de Saaïdiya, Sabiʼa et Bir Ghanam, qui sont sous le contrôle de la grande tribu des Ouarchafana. Rappelons que les milices de Zenten étaient les premières à entrer à Tripoli à la chute de lʼancien régime, en août 2011. Elles représentent toujours une force importante, réparties principalement entre les brigades dʼalQaaqaa (7 500 hommes), de Sawaʼek (9 500 hommes) et de Madani (750 hommes). Par ailleurs, selon des sources occidentales, les éléments algériens et tunisiens appartenant au groupe tunisien Ansar al-Charia ont traversé le territoire libyen pour se rendre en Cyrénaïque et prêter main forte aux groupes salafistes locaux. Ils ont été poursuivis par des forces de sécurité libyennes, ce qui a entraîné de violents affrontements à Benghazi depuis le début de cette semaine. La section libyenne du groupe Ansar al-Charia est pointée du doigt dans divers attentats terroristes, notamment l'attaque contre le consulat américain à Benghazi, en septembre 2012, qui avait provoqué la mort de l'ambassadeur Christopher Steven. Après la capture dʼAbou Anas al-Libi à Tripoli le mois dernier, Washington exerce toujours des pressions sur les autorités de Tripoli afin quʼelles mettent la main sur les auteurs de cette attaque et procèdent à lʼarrestation du Tunisien Abou al-Ayad, chef dʼAnsar al-Charia, qui se trouverait toujours en Libye. UNE NOUVELLE ÉTAPE AU MALI Le premier tour des élections législatives maliennes, qui sʼest tenu le 24 novembre, a davantage mobilisé les observateurs que les électeurs, avec un taux de participation de 38 % (contre plus de 50 % à lʼélection présidentielle). En même temps, 8 000 observateurs avaient été déployés pour le scrutin : 6 000 nationaux accrédités par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et 2 000 internationaux, de lʼUnion européenne, avec une centaine de délégués, de la CEDEAO, de lʼUnion africaine, ou encore de lʼOrganisation internationale de la Francophonie (OIF). La mission européenne, qui a évalué «positivement les opérations électorales» et sʼest félicitée du contexte sécuritaire globalement apaisé et de «grande liberté dʼexpression» dans lequel ce premier tour sʼest déroulé, ne sʼest en pas vraiment inquiétée : dans son rapport de mission dʼobservation (MOE UE) du 25 novembre, lʼUE se contente dʼen appeler à la «mobilisation de la classe politique et des citoyens pour améliorer le taux de participation au second tour». Considéré par la communauté internationale comme la dernière étape dans le processus de stabilisation politique du pays, ce scrutin focalise toute lʼattention des partenaires étrangers et des bailleurs de fonds multilatéraux. La relance de lʼéconomie et la mise en œuvre effective des projets de développement et de reconstruction, dont certains sont déjà financés, sont en effet conditionnées à lʼinstallation dʼune gouvernance avec des institutions de lʼEtat légitimées par les urnes. Dʼoù la nécessité dʼun dispositif visible et important de surveillance pour parer à toute accusation dʼirrégularités qui lʼentacheraient et nuiraient à la phase suivante. De son côté, lʼambassade américaine a également organisé une mission dʼobservation, preuve dʼune volonté de parier sur lʼavenir du pays. Les EtatsUnis, qui sʼétaient pourtant montrés hostiles, tout au long de la crise malienne, à une intervention militaire prônée par Paris, ont en effet investi près de dix millions de dollars pour contribuer à lʼorganisation de ces élections. ➤ Nomination à Islamabad Après des semaines de spéculations, le président pakistanais a approuvé la proposition du Premier ministre Nawaz Sharif de nommer le général Raheel Sharif chef dʼétatmajor de lʼarmée, en remplacement du général Ashfaq Pervez Kayani. Avant sa promotion au grade de général, Raheel Sharif occupait le poste dʼinspecteur général en charge de l'évaluation et de la formation à lʼétat-major pakistanais. Il a notamment commandé le XXXe Corps (Gujranwala) basé dans le Penjab, de même que lʼacadémie militaire de Kakul, après avoir notamment servi au sein du IVe corps basé à Lahore. Pour sa part, le lieutenant-général Haroon Aslam, considéré comme lʼun des principaux favoris pour succéder à Kayani, devrait partir à la retraite au printemps prochain. Egalement promu, le général Rashid Mehmood a été nommé président du comité des chefs dʼétat-major. Le général Mehmood, qui dirigeait le IVe corps depuis 2010, fut notamment le secrétaire militaire de l'ancien président Rafiq Tarar. Il a occupé le poste de directeur adjoint des services de renseignement (ISI) sous le commandement du général Kayani. La cérémonie de passation de commandement devrait avoir lieu à la fin de la semaine à Rawalpindi. ➤ Lʼagonie de Radio Surobi La radio communautaire Radio Surobi, créée à lʼinstigation des forces françaises en décembre 2009 sur la base militaire de Tora, dans le district de Surobi, nʼen finit plus dʼagoniser. Elle continuait dʼémettre depuis la base, malgré le départ des troupes françaises en juillet 2012, et désormais sous lʼautorité de lʼarmée afghane, grâce à des fonds de lʼambassade de France, par le biais de lʼAgence Acbar, qui coordonne lʼaction dʼune centaine dʼONG en Afghanistan. Or, Radio Surobi sera à court de fonds à la fin décembre. La radio semble de nouveau victime de la suspicion quʼon lui a prêtée depuis sa création en décembre 2009, à savoir être un vecteur des opérations militaires dʼinfluences (OMI). PAGE 4 Industrie et matériels TTU MONDE ARABE - N° 799 - 28 NOVEMBRE 2013 ➤ M346 pour la Pologne “BAGUETTE MAGIQUE” : INCERTITUDES FINANCIÈRES Le futur avion d'entraînement avancé de l'armée de l'air polonaise pourrait être “made in Italy”. C'est du moins ce que laissent entendre des sources polonaises. L'offre dʼAlenia Aermacchi (M346) serait la plus intéressante du point de vue financier par rapport à celle des deux autres concurrents en lice, en l'occurrence BAE Systems et Lockheed Martin. Le prix proposé par l'avionneur italien est de 1,16 milliard de zloty, chiffre qui correspond au budget prévu par Varsovie, soit 1,2 milliard de zloty (280 millions d'euros environ), alors que ceux de BAE Systems et de Lockheed Martin s'élèvent respectivement à 1,7 milliard et 1,8 milliard de zloty. Varsovie devrait faire connaître son choix d'ici à la fin du premier trimestre 2014. Le nouveau système israélien d'intervention de roquettes et de missiles, surnommé Magic Wand (baguette magique), a passé un important test technique, mais des incertitudes budgétaires planent sur ce projet. Initialement cet équipement, dont le développement est en partie financé par les Etats-Unis, devait devenir opérationnel l'an prochain, mais cette échéance devrait être repoussée à 2015. Magic Wand a été développé pour intercepter des engins de moyenne portée. Rappelons que le système Arrow, déjà opérationnel, a été conçu contre des missiles balistiques, alors que les batteries dʼIron Dome sont destinées à détruire en vol des roquettes à courte portée. Magic Wand, développé par Rafael et le groupe américain Raytheon (qui met au point le lanceur), est parvenu pour la première fois à intercepter une roquette dans le désert du Néguev. Parmi les innovations de Magic Wand figure notamment la tête du missile intercepteur, qui n'est pas symétrique, contrairement à tous les autres missiles. Il a la forme d'un dauphin tout en étant équipé d'un grand nombre de détecteurs. Le système est censé couvrir l'ensemble du pays et peut détruire en vol des missiles de croisière iraniens volant à basse altitude. Les coupes dans les budgets de la défense israélienne et américaine pourraient toutefois retarder la mise au point des dernières phases du projet dans la mesure où les commandes fermes sont, pour le moment, insuffisantes. ➤ Le Spartan pour Lima Le ministère péruvien de la Défense a sélectionné Alenia Aermacchi (groupe Finmeccanica) pour la fourniture de deux avions de transport tactique C-27J Spartan. La valeur du contrat, qui sera finalisé d'ici la fin de l'année, est de l'ordre de 100 millions d'euros, celui-ci comprenant le support logistique et la formation des équipages. La décision péruvienne intervient après trois ans de négociations avec l'avionneur italien. Outre l'Aeronautica Militare Italiana (AMI), le Spartan a été commandé en 74 exemplaires par plusieurs pays (Australie, Bulgarie, Etats-Unis, Grèce, Lituanie, Maroc, Mexique, Roumanie et Tchad). Le C-27J a été sélectionné également par la Slovaquie (contrat en cours de définition). ➤ Palagos à DCI Jean-Michel Palagos, directeur adjoint du cabinet du ministre français de la Défense, est depuis la semaine dernière membre du conseil dʼadministration de DCI. Il devrait être élu président par ses pairs, le 9 décembre, et sera remplacé à son poste par Paul Serre, conseiller économique et financier de Jean-Yves Le Drian. UN SAUT QUALITATIF POUR LA MARINE ÉGYPTIENNE Malgré lʼannonce du gel des livraisons de matériel militaire américain au Caire, la marine égyptienne vient de réceptionner le “Soleiman Ezzat”, le premier des patrouilleurs rapides lance-missiles de type Ambassador MK III commandés par Le Caire en 2004 auprès du chantier américain VT Halter Marine. Une seconde unité, le “Fouad Abou Zekry”, devrait être transférée en Egypte avant la fin de l'année, suivie des deux dernières unités de la série en 2014. Avec un déplacement de 500 tonnes pour 60 mètres, ces bâtiments peuvent atteindre une vitesse de pointe de 41 nœuds et affichent un rayon dʼaction de 3,700 km à 15 nœuds. Ces unités de surface, mises en œuvre par une trentaine dʼhommes et dotées de huit missiles antinavires RGM-84 Harpoon Block 1G et dʼun canon de 76 mm Super Rapid dʼOto Melara, devraient représenter un saut qualitatif important pour la marine égyptienne. En matière de défense aérienne, ces navires sont notamment dotés dʼun lanceur Mk-31 à 21 missiles surface-air à courte portée RIM-116 RAM et dʼun canon à tir rapide de 20 mm de type Phalanx. RIYAD RENFORCE SES CAPACITÉS AÉRIENNES “ISR” Des “spotters” britanniques ont noté, début novembre, lʼescale sur lʼaéroport de Londres-Luton de deux bi-turbopropulseurs Beechcraft King Air 350i portant les marquages de la force aérienne saoudienne. Selon certaines sources, plusieurs autres appareils de ce type affichant des marquages saoudiens ont été observés, ces dernières semaines, sur le site de lʼindustriel, à Wichita (Kansas). En 2012, Riyad avait fait part de son intérêt pour lʼacquisition de huit appareils de ce type, afin de renforcer ses capacités de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR). Un contrat alors estimé à environ 250 millions de dollars pour une première tranche de quatre appareils. Dérivés des MC- 12W Liberty, mis en œuvre par l'US Air Force en Irak et en Afghanistan, les King Air 350i saoudiens devraient être dotés dʼun radar à ouverture synthétique (SAR) et de divers systèmes de renseignement électronique (SIGINT/ELINT). Lʼarmée de lʼair saoudienne disposait déjà de deux King Air 350i mis en œuvre par le 19e escadron installé sur la base aérienne dʼAl Kharj. Ces nouveaux appareils de renseignement pourraient être attribués à deux escadrons de la force aérienne saoudienne, constitués pour lʼoccasion. Industrie matériels PAGE 5 TTU MONDE ARABE - N° 799 - 28 NOVEMBRE 2013 ADCOM PRÉSENTE LE “GLOBAL YABHON” Le constructeur émirati ADCOM Systems a dévoilé au Salon aéronautique de Dubaï, qui sʼest tenu du 17 au 21 novembre, son projet de drone de type HALE (haute altitude et longue endurance), baptisé Global Yabhon. Mesurant 18 m de long, pour 25 mètres, le Global Yabhon offre, selon le constructeur, un poids maximal au décollage de 10 tonnes, soit une charge utile de 6,5 tonnes. Tout comme le Yabhon United 40, un autre drone HALE développé par ADCOM, le Global Yabhon est doté et deux plans dʼailes permettant de générer plus de portance quʼun appareil conventionnel et notamment d'opérer avec des moteurs moins puissants. Alors que l'appareil était présenté à Dubaï équipé de deux turboréacteurs sous les ailes, une version dotée de deux turbopropulseurs pourrait également être développée, selon le groupe, qui table sur un premier vol dʼessai dès lʼannée prochaine. Ce drone HALE, susceptible dʼêtre employé pour des missions de combat, était muni, sur des points dʼemport externes, de deux missiles air-sol Namrod ainsi que de deux torpilles légères A244 de la société WASS (Whitehead Sistemi Subacquei). Cette entreprise, filiale du groupe Finmeccanica, a en effet passé un accord avec le groupe ADCOM Systems pour l'intégration d'un système d'arme anti-sous-marine sur un drone Yabhon United 40. Ce futur système HALE sera ainsi le premier drone au monde en mesure d'effectuer des missions de ce type. Pour ces torpilles, ADCOM Systems indique avoir développé un kit leur permettant de réaliser un vol plané de 70 km avant leur entrée dans lʼeau. A noter que la société WASS est déjà présente aux Emirats Arabes Unis, où elle a livré aux forces armées locales des torpilles légères pour unités de surface et hélicoptères de lutte anti-sous-marine. Enfin, le drone était présenté au Salon de Dubaï avec, sous son fuselage, deux maquettes dʼun missile dʼune portée de 200 km, en cours de développement par le groupe émirien. ALGER SʼINTÉRESSE AUX DRONES ÉMIRIENS LʼAlgérie figure parmi les clients intéressés par les drones du constructeur émirien ADCOM Systems, indiquent des sources industrielles. Alger a longtemps misé sur une possible acquisition de MQ-1 Predator / MQ-9 Reaper américains, mais les lenteurs des négociations avec lʼadministration américaine semblent désormais pousser à lʼexploration dʼautres pistes dʼéquipements. Lʼarmée de lʼair algérienne ne dispose actuellement que de drones tactiques Seeker, du groupe sudafricain Denel Dynamics, et de drones Falco de lʼItalien Selex. Des engins jugés inadaptés à des missions de surveillance, notamment des zones frontalières, et de protection des sites pétroliers dans le sud du pays, exposés à des attaques de groupes terroristes. Alger pourrait ainsi notamment évaluer le drone Male (Medium altitude/longue endurance) Yabhon-R2 ; mais surtout le drone de type HALE (High altitude/longue endurance) Yabhon United 40 Block 5, qui a effectué son premier vol en mars dernier. Ce drone turbopropulsé, dʼune envergure de 17,53 m pour 11,3 m de long, afficherait une vitesse de croisière de 120-200 km /h et disposerait dʼune autonomie de plus de 100 heures, pour un plafond opérationnel de plus de 7 000 mètres. Le Yabhon-40 Block 5 peut être doté dʼun radar à ouverture synthétique (SAR) et emporter 1 050 kg de charge utile, dont quatre missiles air-sol Namrod dʼun poids de 30 kg et dʼune portée de 60 km, installés sur des points dʼemport externes. Lʼappareil dispose, en outre, dʼun barillet permettant le stockage et le lancement de six missiles Namrod stockés en soute. Au début de cette année, la Russie a également fait part de son intention d'acquérir au moins deux engins de ce type. ➤ “Combat Caravan” à Dubaï A lʼoccasion du Salon de Dubaï, les Emirats Arabes Unis présentaient pour la première fois des Cessna AC-208 Combat Caravan, mis en œuvre par la force aérienne émirienne. Une version armée du turbopropulseur de Cessna, jusquʼà présent officiellement en service aux seins des armées libanaise et irakienne. Equipé dʼune boule électro-optique L-3 Wescam MX-15D installée sous le nez, lʼappareil émirien était présenté doté de deux pylônes sous voilure permettant la mise en œuvre de quatre missiles AGM- 114 Hellfire. Lʼarmée de lʼair émirienne dispose dʼune demidouzaine de Cessna C-208. ➤ Plagiat pakistanais Lʼarmée pakistanaise a réceptionné ses premiers drones de conception locale, baptisés Burraq et Shahpar, indique un communiqué de lʼétatmajor pakistanais. Le drone Shahpar avait été dévoilé lʼan dernier lors du Salon IDEAS 2012 de Karachi et présenté comme un engin offrant une autonomie de sept heures pour un rayon dʼaction de 250 km. Cependant, lʼengin présenté à Karachi et une photographie diffusée de la maquette du drone Burraq viennent renforcer les présomptions selon lesquelles les deux engins ne sont que des variantes du drone chinois CH-3. En 2009, les responsables de lʼarmée de lʼair pakistanaise avaient fait part de leur intérêt pour ce drone, capable dʼemporter notamment deux roquettes AR-1 à guidage laser chinoises. ➤ La DARPA et le cyber La DARPA américaine lance une nouvelle compétition à lʼattention des industriels et des universitaires en matière cyber. Le Cyber Grand Challenge récompensera de 2 millions de dollars pour la première place, 1 million pour la seconde et 750 000 dollars pour la troisième, les équipes parvenant à créer de nouveaux algorithmes permettant de détecter et de contrer en quelques secondes toute intrusion cyber. PAGE 6 Repères TTU MONDE ARABE - N° 799 - 28 NOVEMBRE 2013 Afrique du Nord : des pays sous perfusion Depuis la fin de lʼété dernier, à la suite du renversement du président Mohammed Morsi, le Qatar, jusquʼalors ostensible soutien des Frères musulmans, a disparu de la scène nord-africaine. Un effacement qui sʼest accentué avec le remplacement à Doha de lʼémir Hamad ben Khalifa Al Thani par son fils Tamim. Lʼinfluence qatarie a été immédiatement remplacée par celle de lʼArabie Saoudite, des Emirats et du Koweït (voir TTU n° 784), des pays désireux dʼappuyer financièrement le nouveau régime égyptien et les courants opposés aux fondamentalistes dans la région, notamment en Tunisie. Dʼautres concours se sont également manifestés, tels ceux de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et de la Banque européenne dʼinvestissement (BEI), même si, pour lʼinstant, une certaine réserve prévaut encore de leur part vis-à-vis de lʼEgypte des généraux. La méfiance à lʼégard du Qatar est désormais telle quʼelle va jusqu'à remettre en cause le développement de projets pétroliers. Elle a ainsi provoqué le retrait de Qatar Petroleum International dʼun projet de raffinerie jusquʼalors préparé conjointement avec Tunis. Dʼune capacité de 250 000 à 300 000 barils/jour pour un investissement de 3 milliards de dollars, lʼusine aurait permis au pays de renforcer ses ressources en devises grâce à lʼexportation des produits raffinés. Mais le pétrole brut alimentant le projet devait, en raison de lʼinsuffisance de la production locale, provenir de Libye et dʼAlgérie. Un schéma trop incertain, compte tenu de lʼimage désormais négative de Doha dans la région. Dans ce contexte, ce sont maintenant auprès des institutions financières européennes et internationales quʼaffluent les demandes dʼassistance au financement des projets dʼinfrastructures des pays du Maghreb. Le “Partenariat de Deauville sur les pays en transition en Méditerranée”, créé en 2011 par le G8, joue un rôle moteur à cet égard. Outre les concours financiers déjà accordés dans ce cadre par quatorze pays, cʼest sous son ombrelle que la BERD a approuvé dès 2012 un fonds spécial de 1,3 milliard de dollars destinés au Maroc, à la Tunisie, à lʼEgypte et à la Jordanie. Des financements bilatéraux sont également en place parmi lesquels la contribution de la France auprès de ces mêmes quatre bénéficiaires atteint 2,3 milliards de dollars, dont 1,9 milliard dans lʼénergie verte et le développement urbain et rural. La Turquie a aussi accordé des facilités financières à hauteur de 500 millions de dollars à la Tunisie, 200 millions à la Libye et 2 milliards à lʼEgypte. Rappelons quʼen novembre 2012, le Premier ministre turc Erdogan sʼétait félicité dʼune nouvelle ère qui sʼouvrait entre les deux pays et avait établi des relations quʼil avait qualifiées de stratégiques avec le gouvernement de Morsi. Par la même occasion, il avait signé pas moins de vingt-sept accords commerciaux. Mais, aujourdʼhui, le soutien quʼAnkara continue dʼapporter ouvertement aux partisans des Frères musulmans a abouti à une nouvelle détérioration de ses relations avec Le Caire. Les deux pays ont donc décidé de rappeler leurs ambassadeurs respectifs, reléguant leurs relations diplomatiques au niveau des chargés dʼaffaires. Et à présent que les investissements turcs sont suspendus en Egypte, ce pays a fait savoir quʼil pourrait se tourner vers la Chine ou la Russie pour remplacer les importations en provenance de Turquie. Une situation dont lʼArabie Saoudite compte bien profiter pour imposer son influence, grâce à lʼeffort massif quʼelle déploie depuis lʼété : 10 milliards de dollars sous forme dʼassistances diverses à lʼEgypte, outre 3 milliards au Maroc et 750 millions à la Tunisie. Des aides entre les pays de la région pourraient aussi intervenir sous lʼégide de lʼUnion du Maghreb arabe créée en 1991 par lʼAlgérie, la Libye, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie. Une réunion de celle-ci est prévue le 16 décembre prochain à Tunis, afin de lancer les opérations de son vecteur financier, la Banque du Maghreb arabe pour lʼInvestissement et le Commerce. Doté dʼun capital de 500 millions de dollars, le nouvel organisme, dont le siège sera aussi à Tunis, devrait accompagner les projets dʼinfrastructures communs aux cinq Etats membres et renforcer leur intégration mutuelle. ➤ Un point pour lʼIran Signe du dégel qui sʼamorce entre lʼIran et la communauté internationale, Mohamed Hossein Adeli a été désigné comme prochain secrétaire général du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG), au cours de la réunion ministérielle qui sʼest tenue début novembre à Téhéran. Le Forum est un organisme inter-gouvernemental visant à défendre les intérêts des principaux pays producteurs de gaz naturel. Il compte parmi ses membres la Russie, lʼIran, le Qatar, le Venezuela et lʼAlgérie, qui contrôlent ensemble 73 % des réserves mondiales et 42 % de la production. Diplomate de carrière, ancien gouverneur de la Banque centrale dʼIran, Adeli a été conseiller du ministre du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, dans le gouvernement du président Khatami. Cette nomination a été acquise malgré lʼopposition des pays arabes producteurs. Ils sont également hostiles au candidat de Téhéran, Gholam Hussein Nozari, ancien ministre du Pétrole de 2007 à 2009, au poste de secrétaire général de lʼOPEP. La nomination requiert lʼunanimité. Celle-ci nʼayant pu être acquise, le mandat de lʼactuel titulaire, le libyen Abdallah Al Badri, avait été prolongé fin 2012 pour un an. ➤ Relève au sud du Liban Des éléments de la brigade “Granatieri di Sardegna” ont relevé, lundi dernier, ceux de la brigade "Pozzuolo del Friuli" dans le secteur ouest de la Finul, qui est placé sous commandement italien. ➤ Nouveau commandant Le général finlandais Mauri Koskela a été nommé chef d'étatmajor de la Mission des Nations unies au Libéria, la MINUL. Il était jusqu'à présent chef du personnel de l'armée finlandaise et avait, entre autres, dirigé le contingent finlandais en Afghanistan. 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