reunionite - LE BLOG DES HOSPITALIERS FO SANTE

Transcription

reunionite - LE BLOG DES HOSPITALIERS FO SANTE
La « réunionite aiguë »
à l’assaut du bon sens !
Faut-il supprimer
réunions ?
toutes
les
La « réunionite aiguë » selon une
expression désormais consacrée, est
certainement un des maux du travail des
plus dévastateurs. Si presque partout
l’expression
« dialogue social »
est
claironné (dia = à travers et logue = logo =
langage = à travers le langage) c’est
qu’effectivement on ne dialogue plus, on
se réunit ! Quant au terme « social », c’est
un peu comme un camion poubelle dans
lequel on entasse tout et n’importe quoi
pour le compresser par la suite ou le
réduire en cendres. Plus on éructe les
mots « dialogue social » moins on se
comprend ! Pourquoi la France n’adopte telle pas le modèle d’organisation
apprenante qui donne de formidables
résultats en matière de bien être au travail
dans les pays du nord de l’Europe avec
une très bonne santé économique ? Parce
qu’en France la majorité ambiante du
patronat pense que seul le pouvoir peut
diriger l’entreprise ou le service ! Le jour
où la parole de ceux qui sont au plus près
du travail sera entendue par ceux qui
organisent le travail alors oui on pourra
parler de dialogue social.
Mais en attendant ce jour, et comme il
n’existe quasiment plus de dialogue
bidirectionnel entre les différents acteurs,
entre ceux qui produisent et ceux qui
organisent, la nouvelle organisation du
travail conduit à formater dans des
réunions tous les débats entre le bonjour
du matin et le bye bye du soir (lorsque ce
minimum d’humanité existe encore !)
Alors, puisque réunion il doit y avoir, il
convient de prévoir des dizaines de salles qui
ne sont jamais libres dans lesquelles il faut,
selon le nombre de « réunionneurs » l’eau,
les verres, le tableau blanc, le vidéo
projecteur, la multiprise et si la convivialité
est invitée, les petits croissants qui
accompagnent le bon café que la cuisine a
préparé pour l’occasion et qui est acheminé
par un chauffeur depuis les cuisines centrales
qui sont à l’autre bout de la ville et tout ceci
organisé et planifié par un, voire deux salariés
temps plein.
Se réunir dans quel but ?
Il est inutile de reprendre tous les objets de
toutes les réunions de tous les services de
tout l’établissement. Ce qu’il y a de sûr, c’est
qu’en regardant l’évolution générale de
l’hôpital par exemple, on peut constater que
plus il y a de réunions, moins ça marche ! Les
anges du pays des « bisounours » ou « des
petit lapins roses » diront bien entendu qu’il
n’y aucun rapport bien sûr ! Si l’hôpital ne
marche pas « c’est la faute à… », « y a qu’a il
faut qu’on… » et si vous voulez on peut même
se réunir pour en parler.
En fait, à force de réunions, on pourrait
même convaincre les plaignants du mal-être
au travail de se former pour comprendre
enfin combien il est important pour eux de se
conformer aux contraintes actuelles du travail
pour retrouver un esprit constructif seul
capable d’embrasser le bonheur et le bienêtre au travail.
Pour ces génies de la
psychiatrisation
du
travail l’homme doit
s’adapter au travail !
Pour quel résultat ?
Prenons le seul exemple des cadres de
proximité.
Le boulot essentiel d’un cadre normal,
c'est-à-dire d’un salarié qui veut manager
d’autres salariés avec ménagement, c’est
d’animer une équipe, de rester attentif à
toutes les situations qui peuvent poser
problème, de veiller au bon accueil des
patients et de leur famille pour que les
meilleurs soins soient dispensés dans un
cadre agréable, détendu et souriant.
Pour que cela soit possible il lui suffit
simplement d’être présent auprès du vrai
travail. Celui qui est fourni par l’équipe
qu’il anime et qu’il manage avec
ménagement.
Or qu’en est-il ? En quelques années (30
ans)
les
réformes
successives ont
transformé le surveillant de service
(présent dans le service et porteur de la
parole de son équipe) en cadre de
proximité (le plus souvent absent et ne
faisant que descendre les ordres). Ce
dernier est happé par des tâches
accessoires au cœur de son métier qui
l'éloignent de sont vrai travail. Le cadre de
proximité n'est plus là ou il devrait être !
Cela conduit au blocage du travail par lequel
chacun doit se débrouiller pour faire au
mieux ! Et comme ça bloque, la meilleure des
solutions c’est de se réunir pour voir où ça
bloque !
Et lorsqu’on s’aperçoit que c’est au niveau de
la présence du cadre dans le service que ça
bloque on va se réunir pour savoir comment
on pourrait faire pour débloquer ! Etc.. Etc
On marche sur la tête !
Ce qu’en pense FO :
Si les « réunionneurs-chefs » essentiellement
les directeurs, apprenaient l’écoute de ceux
qui travaillent, (organisation apprenante), ils
permettraient de donner davantage de temps
au vrai travail pour se réaliser. Ils
permettraient aux cadres de remplir leurs
missions en les libérant de la réunionite aigüe
et assurer leur présence au cœur du travail.
En fait la réunionite aiguë sert le plus souvent
à donner de l’importance à ce qui n’en a
pas ! Ou bien, à combler l’impossibilité que
rencontrent les salariés de faire entendre
leurs demandes pour effectuer un travail de
qualité.
Si vous n’êtes pas d’accord avec ça, on peut
toujours se réunir pour en discuter !
Toutes les semaines un nouvel article sur les conditions de travail
des personnels hospitaliers