Un enterrement à Ornans (1850)
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Un enterrement à Ornans (1850)
Thématiques : Arts, Etats, pouvoir - Arts, ruptures, continuités - Arts, mythes, religions - UNE ŒUVRE A LA LOUPE - Gustave Courbet (1819 - 1877) Un enterrement à Ornans Technique : Huile sur toile Dimensions : 315 x 668 cm (1850) Lieu d’exposition : Musée d’Orsay, Paris. Nationalité de l’artiste : Français Mouvement Réalisme Le saviez-vous ? Membre de la Commune, accusé d’avoir fait renverser la colonne Vendôme à Paris, Courbet fut condamné à la faire relever à ses frais ! Libéré de prison, il se réfugia en Suisse. Analyse de l’œuvre Exposé au Salon de peinture de 1850, ce tableau fait scandale. En effet, Courbet peint une scène ordinaire, sur un très grand format habituellement réservé aux grands sujets d’histoire des peintures académiques. Le sujet simple et austère s’inscrit dans une composition rigoureuse, contrairement aux peintres romantiques qui expriment de grands sentiments dans des compositions complexes. Le sujet est si trivial et commun que la critique lui reproche sa « vulgarité » et sa « laideur ». De plus, les personnages sont représentés de façon très réaliste, ils ne sont ni embellis ni idéalisés. Les dieux et les héros des peintres classiques ne sont plus que de banals villageois… C’est pourquoi cette œuvre, très novatrice et provocatrice, est considérée comme représentative du Réalisme dont Courbet sera le chef de file. Ornans (en Franche-Comté) est la ville natale de Courbet, on observe d’ailleurs, à l’arrière-plan, des falaises caractéristiques de cette région. Après la Révolution, du fait du grand nombre de morts et du manque de place dans les petits cimetières situés autour des églises, on construit de nouveaux cimetières hors des villages. C’est dans un de ces nouveaux cimetières que se déroule la scène. Trois groupes de personnages se forment (les officiants à gauche, les hommes au centre et les femmes à droite, comme dans les églises). Les personnages sont des habitants d’Ornans que Courbet à fait poser un à un dans son atelier. Tous sont en deuil (vêtements noirs, les femmes tiennent des mouchoirs et pleurent le mort…). Le curé, habillé en grande pompe, lit son bréviaire (livre de prières) ; le fossoyeur, un genou à terre, écoute le discours spirituel du curé (le monde « d’en-haut ») tandis que son corps entraîne notre regard vers la terre, le monde « d’en bas » ; les porteurs du cercueil détournent leur regard du mort ; dans le groupe des hommes, on peut reconnaître le maire d’Ornans, des bourgeois, des notables et même des amis de Courbet. Deux hommes portent le costume des révolutionnaires porté un demi-siècle plus tôt (correspondant à la Première République). Courbet, qui a assisté à l’avènement de la Deuxième République (1848), met donc face-à-face la République et l’Eglise, ce qui témoigne de son engagement politique puisqu’il sera partisan de la Commune de Paris en 1871. Dans le groupe des femmes, on reconnait la mère de Courbet et ses deux sœurs. Religion, politique, classes sociales et mort se réunissent dans une réflexion sur l’au-delà (un crâne est présent sur le sol, à droite de la fosse). Courbet : « ...la peinture est un art essentiellement concret et ne peut consister que dans la représentation des choses réelles et existantes (...) de tous les objets visibles ; un objet abstrait, non visible, non existant n'est pas du domaine de la peinture ». Courbet désiret-il ici enterrer les idéaux de l’Académisme ou les grands sentiments du Romantisme ? Influences Bartholomeus Van der Helst, La Compagnie du capitaine Bicker, 1639 (détail) Ebloui par la peinture hollandaise, Courbet s’inspire par exemple de Van der Helst pour l’organisation frontale (face au spectateur) de son portrait de groupe. Ouverture John De Andrea, Allegory : After Courbet, 1988 (sculpture) Du Réalisme à l’Hyperréalisme, il n’y a qu’un pas. Comme Courbet, les artistes hyperréalistes représentent la réalité telle qu’elle est, plus vraie que nature... Téléchargez cette fiche et la biographie de l’artiste sur le site du collège, rubrique Histoire des Arts > Arts Plastiques M. Pochic