presse - Unzero Films
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PRESSE IL GIOVEDI de Dino Risi CINOQUE BLOGS / LIBERATION / EDOUARD WAINTROP (26/10/2011) www.cinoque.blogs.libération.com Giovedi, un très bon Risi Il en est des cinéastes comme des peintres et des écrivains, ils ont des périodes fastes et d'autres qui le sont moins. La période faste de Dino Risi est assurément située durant ce début des années 60, très exactement la première demi-décennie. Il giovedi, que nous allons découvrir ces jours-ci dans deux salles à Paris, le Mac Mahon et le Reflet Médicis, vient trois ans après Una Vita Difficile, deux ans après Il Sorpasso (Le fanfaron) et la Marche sur Rome, un an après les Monstres… Les monstres… c'est après la sortie de ce film que Risi a été qualifié de cynique par certains critiques français. Parce qu'il voyait dès 1963 le processus de pourrissement de la société italienne, la diffusion du mal en profondeur, des standards de pensée de la classe dominante, des réflexes de la société de consommation gâter tout un peuple. Ces travers, ces inclinations, il les avait dénoncés dès Una Vita Difficile, un film qui évoquait l'après guerre et les trahisons des idéaux de la résistance… Cynique Risi ? Non, plutôt lucide, mais à une époque où ce n'était pas de mise, quand une bonne partie des cinéastes et des scénaristes italiens croyaient encore au communisme. Cynique Risi? Il Giovedi démontre plutôt qu'il restait un tendre, un amoureux invétéré de ses semblables… Son héros, ou antihéros, Dino Versini, est un bon à rien, un paresseux miteux, sans le sou et sans travail qui, au réveil, déclare à Elsa, sa belle (et interprétée par Michèle Mercier, pour une belle c'est une belle) qu'il a rêvé avoir discuté d'égal à égal avec le milliardaire Aristote Onassis, lui avoir expliqué qu'il ne pouvait lui prêter de l'argent car pour lui aussi, Dino, les temps étaient difficile «et tout ça en grec…» Dino se la raconte; il croit être libre parce qu'il refuse d'officialiser un tant soit peu sa relation avec Elsa, dont il fuit les responsabilités. Il croit être irrésistible alors qu'il est juste charmant et saoulant… Heureusement, c'est aussi un cœur d'or. Ce jeudi du titre, il doit aller le passer avec son fils Roberto, alias Robertino, qu'il a eu avec une femme riche venue du nord (de Suisse, d'Allemagne?). Il doit passer la journée avec le môme de 8 ans et surtout ne pas décevoir ce fils de riche. Si possible même l'épater. Il loue une belle américaine (une voiture), qu'il sait à peine faire marcher, lâche son enfant au milieu de garnements de son âge, mais pauvres, sur un terrain vague, où ils jouent au foot. Robertino se débrouille bien, s'amuse... Malheureusement son paternel veut trop montrer qu'il est dans le coup. «Qui c'est ce cassecouilles?», demande un "bambino" à Robertino -«Mon père.» répond celui-ci. Robertino n'est pas dupe. Dans le duo qu'il forme avec Dino son père, c'est lui l'adulte et Dino qui fait l'enfant. Il est clair qu'il ne le prend pas au sérieux dans ce carnet intime qu'il tient avec application et ne veut faire lire à personne, mais que Dino va découvrir par inadvertance. Si ce film est une histoire d'initiation, c'est celle du fanfaron tendre, qui veut exercer son métier de père. C'est ainsi qu'Il Giovedi laisse entendre sa petite musique. Ce caractère affirmé, le film le doit au regard très doux que pose Risi sur son loser, son "perdente"… et au jeu parfaitement adapté de Walter Chiari. Un acteur étrange qui aurait pu voir sa carrière décoller avec son succès dans Bellissima de Luchino Visconti en 1951, où il fut remarqué en donnant la réplique à Anna Magnani. Aurait pu car, de fait, Chiari, acteur essentiellement comique, se satisfaisait de films secondaires. Son nom était plus célèbre par la place qu'il prenait dans la chronique rose des journaux populaires grâce aux idylles avec des étoiles de calibre divers qu'il multipliait, avec la belle Elsa Martinelli, avec la sublime Lucia Bosé, avant qu'elle ne tombe raide amoureuse du toréador Miguel Dominguin, avec la princesse Maria Gabrielle de Savoie et même avec Ava Gardner, fraichement séparée de Frank Sinatra. Il passait alors pour un séducteur jovial… Un peu ce que le personnage du film de Risi, Dino Versini a du être dans sa prime jeunesse… Quand il conçut Robertino avec sa richissime nordique... Dans ce qui aurait pu être le "prequel" de ce Il Giovedi à découvrir d'urgence.