AMBASSADE DE FRANCE EN THAÏLANDE SERVICE
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AMBASSADE DE FRANCE EN THAÏLANDE SERVICE ÉCONOMIQUE Le Conseiller Economique Mai 2013 L’INTERNATIONALISATION DES ENTREPRISES THAÏLANDAISES La hausse sensible des flux d’IDE thaïlandais à l’étranger au cours de ces dernières années souligne le renforcement du processus d’internationalisation des entreprises thaïlandaises. Dotées pour la plupart d’une bonne santé financière et bénéficiant d’un environnement règlementaire de plus en plus favorable, elles ne cessent de multiplier les projets d’investissements en Asie du Sud-est, destination phare des IDE thaïlandais, mais également en Chine et en Occident. Sécurisation de la chaîne de production, des approvisionnements en matières premières et ressources naturelles, recherche de croissance et de nouveaux marchés, stratégie de diversification ou encore accès aux compétences et technologies, les motivations des groupes thaïlandais à s’internationaliser sont multiples. Mais, toutes découlent d’un objectif commun, celui de gagner en compétitivité dans l’optique de s’imposer comme des acteurs incontournables de la globalisation économique, notamment dans la perspective de l’Asean Economic Community fin 2015. 1/ L’internationalisation des entreprises thaïlandaises n’est pas un phénomène nouveau Le premier investissement thaïlandais à l’étranger remonte aux années 1950. La Bangkok Bank, qui est désormais présente dans plus d’une dizaine de pays (Chine, Malaisie, Indonésie, Japon, Taiwan, Singapour, Vietnam, Birmanie, Philippines, Laos, USA et Royaume-Uni), s’est en effet implantée à Hong Kong en 1954. Toutefois, ce phénomène est resté marginal dans les trois décennies qui ont suivi en raison d’un cadre règlementaire contraignant et du très faible nombre d’entreprises ayant la capacité de s’internationaliser. Ce n’est véritablement qu’à partir des années 1980 que les investissements directs thaïlandais à l’étranger ont commencé à se développer. Ils ont connu la progression la plus forte au sein de l’ASEAN sur la période 2000-2011. Avec un stock d’IDE sortant multiplié par 16 entre 2000 et 2011, la Thaïlande s’est imposée, en quelques années, comme l’un des principaux investisseurs étranger des pays de l’ASEAN. Quasiment absente en 2000 avec un stock d’IDE sortant de l’ordre de 2.2 Mds USD, le Royaume se positionne aujourd’hui à la 3ème place derrière Singapour et la Malaisie, avec un stock d’IDE sortant de l’ordre de 33.2 Mds USD en 2011. Quatre sociétés thaïlandaises – Charoen Pokphand Group, Indorama Venture, PTT et Thaï Union Frozen - figurent dans la liste 2013 du Boston Consulting Group relative aux 100 premières multinationales de pays émergents. D’autre part, 16 d’entre elles figurent au classement Forbes 2013 des 2000 plus grandes entreprises mondiales : PTT, Siam Commercial Bank, Kasikornbank, PTT Global Chemical, Siam Cement, Bangkok Bank, Krung Thai Bank, Charoen Pokphand Food, Advanced Info Service, Thai Beverage, Bank of Ayudhya, CP All, Thai Oil, In Touch, Total Access Communication et Tanachart Capital. Classées selon une pondération égale des ventes, des bénéfices, des actifs et de la valeur marché, les firmes thaïlandaises comptent parmi celles ayant connu la plus forte croissance. Si la Thaïlande, 28ème investisseur mondial, se situe encore à un rang inférieur à la Corée du Sud, à Singapour et à la Malaisie (24ème), ses investissements à l’étranger sont de plus en plus nombreux et jouissent d’un fort potentiel de développement. 2/ Les investissements thaïlandais se concentrent majoritairement en Asie, mais tendent de plus en plus à s’orienter vers les pays occidentaux a) L’ASEAN continue d’être la principale destination des investissements thaïlandais La proximité géographique et les affinités culturelles ont été, et sont toujours, à l’origine des investissements thaïlandais majoritairement dirigés vers les pays de l’ASEAN. La perspective de la création de l’AEC en 2015 apparaît aussi aujourd’hui comme un nouveau facteur explicatif de la concentration géographique des IDE thaïlandais dans cette zone. Les entreprises sont présentes dans les pays les plus développés de la zone tels que l’Indonésie, destination très prisée des investisseurs thaïlandais, ou encore Singapour qui a accueilli pas moins de 3.08 Mds USD en 2011, contre 1.6 Mds USD en 2009. Les pays les moins développés de l’ASEAN, tels que la Birmanie, le Laos ou encore le Cambodge, attirent également de plus en plus les investissements des PME et grands groupes thaïlandais. b) La Chine, le Japon ou encore Hong-Kong restent des destinations attractives. En 2011, les firmes thaïlandaises ont investi un total de 2,6 Mds USD à Hong Kong, 2,3 Mds USD en Chine et 833 M USD au Japon. La Chine s’avère être une cible privilégiée, notamment pour les banques thaïlandaises. La Kasikorn Bank, sur le point d’ouvrir une nouvelle branche à Chengdu, prévoit de s’implanter dans le sud et l’ouest de la Chine. Siam Commercial Bank devrait, quant à elle, y installer un bureau de représentation en 2013. Ce pays demeure également la principale destination du groupe Charoen Pokphand, puissant conglomérat thaïlandais, qui a racheté à HSBC, en décembre 2012, 15.5% du capital de China’s Ping an Insurance, la première compagnie privée d’assurance chinoise. c) Les groupes thaïlandais tendent également à orienter leurs investissements vers des destinations plus lointaines avec un intérêt croissant pour les pays occidentaux En dépit de la conjoncture économique en Europe, les groupes thaïlandais y voient une zone prometteuse comme en témoignent les récents investissements emblématiques dans le domaine alimentaire et la distribution, respectivement opérés par Thaï Union Frozen et le groupe Central. Double A et PTT Global Chemical se sont également projetés vers l’étranger en investissant récemment dans notre pays. III/ Des stratégies multiples opérées par les entreprises thaïlandaises dans une logique de croissance et de compétitivité « L’internationalisation est l’un des principaux moyens de renforcer la compétitivité des entreprises des pays en développement » déclarait la Commission des entreprises, de la facilitation du commerce et du développement lors de la 9ème session de la CNUCED en 2005. Il s’agit ainsi de la philosophie adoptée par les firmes thaïlandaises dont les motivations stratégiques sont diverses. a) Une stratégie de sécurisation de la chaîne de production, d’approvisionnement en matières premières et d’accès aux ressources naturelles principalement attribuable aux entreprises minières, de pétrole et industries de gaz. Afin de sécuriser son accès aux ressources naturelles et de renforcer ses canaux de distribution dans un contexte de hausse de la consommation d’énergie du pays, PTT mène une stratégie de croissance à l’international. Présent en Algérie, au Kenya, au Mozambique, au Canada, en Australie ou encore en Nouvelle-Zélande, le groupe accorde également beaucoup d’importance aux investissements en Asie, notamment en Birmanie où il s’est d’ailleurs imposé comme l’un des deux investisseurs leader dans l’énergie. Dans une logique de sécurisation de sa production et de ses approvisionnements en matières premières, Siam Cement Group a quant à lui choisi d’investir en Iran et dans les pays de l’ASEAN. Dans une perspective similaire, Banpu a opéré des investissements dans le secteur minier au Laos alors que Saha-Union s’est implanté en Chine dans le secteur énergétique. b) La recherche de meilleurs coûts de production Même si ce n’est pas la principale motivation de leur internationalisation, certaines firmes opèrent des investissements à l’étranger dans le but de réduire leurs coûts de production. La société Pranda Bijoux a par exemple investi en Chine, en Indonésie et au Vietnam. C’est également l’alternative retenue par le groupe Saha-Union qui s’est implanté en Chine. c) Une stratégie de pénétration de nouveaux marchés par acquisition de marques et investissements emblématiques La recherche de nouveaux marchés est devenue une nécessité en raison de l’environnement de plus en plus concurrentiel dans lequel les firmes thaïlandaises évoluent. Afin d’atteindre leur objectif, nombreuses sont celles qui se tournent vers une stratégie d’acquisitions de marques impliquant des investissements emblématiques. C’est le cas de Central Group qui, désireux de pénétrer le marché du luxe en Europe, a fait l’acquisition, de l’enseigne italienne Rinascente, pour 335M USD en juin 2011, et du grand magasin danois, Illum, en 2013. Son ambitieux programme d’investissement de 50Mds USD, pour les 5 ans à venir, témoigne également de sa volonté de renforcer davantage encore sa position en Asie avec l’ambition de devenir le second développeur de centres commerciaux de luxe de la région. Les récentes opérations réalisées par Thai Union Frozen, rachat de Petit Navire en France, John West en Grande-Bretagne et Chicken of the Sea aux Etats-Unis, lui ont permis de devenir le plus grand producteur de thon au niveau mondial. Le groupe Minor, qui a fait l’acquisition de l’enseigne alimentaire Riverside en Chine en 2012, poursuit également une stratégie de rachat de marque. Thaï Beverage a quant à lui opéré un investissement de 11 Mds USD en 2012 pour une prise de participation de plus de 90% au capital de la puissante société singapourienne Fraser&Neave. Loin de se contenter de cette opération conséquente, le groupe continue de porter un vif intérêt à Marie Brizard dont il est candidat à la reprise. Double A a, pour sa part, racheté, en janvier 2013, une usine papetière française qui lui permettra d’accroître ses capacités de production et d’accéder à de nouveaux marchés en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient. d) L’accès aux compétences et technologies Les entreprises n’investissent pas uniquement pour abaisser leurs coûts de production ou pour pénétrer de nouveaux marchés. Elles le font aussi pour accéder à des technologies et acquérir des compétences, essentielles quant à l’accroissement de leur compétitivité et à la montée en gamme de l’industrie thaïlandaise. Le groupe PTT, par le biais de la coentreprise Vencorex, prévoit notamment d’investir dans la recherche et le développement dans deux de ses sites de production, en France et aux Etats-Unis. Pour mémoire, associée au groupe suédois Perstorp PTT Global Chemical a racheté l’an dernier un ancien site de production de polyuréthane de Rhodia, dans la région Rhône Alpes. IV/ En proposant d’actualiser le cadre règlementaire, l’internationalisation des entreprises thaïlandaises le gouvernement participe à Les investissements des entreprises thaïlandaises à l’étranger devraient très prochainement bénéficier d’un assouplissement règlementaire ainsi que d’un soutien institutionnel et financier accru. C’est ainsi que la Banque de Thaïlande devrait prochainement permettre aux sociétés cotées d’investir librement et de façon illimitée à l’étranger. Concernant les investissements de portefeuille à l’étranger, elle a pour projet d’autoriser les investisseurs institutionnels, y compris les sociétés cotées, d’investir comme ils le souhaitent dans des actifs étrangers. Actuellement, seules les sociétés cotées dont l'actif est d’au moins 160 millions de dollars sont autorisés à investir à l'étranger. Les investissements de portefeuille sont limités à 50 millions de dollars pour les entreprises et 20 millions de dollars pour les particuliers. Conclusion : A un moment où l’attractivité de notre territoire constitue l’une des priorités de notre gouvernement, les ambitions internationales des groupes thaïlandais doivent être perçues comme une opportunité. Si elle devait se confirmer, l’appréciation du Bath ne pourra que favoriser leurs desseins. J’organiserai, au moment de la visite de M. Cuvillier, un déjeuner avec les présidents des principaux groupes dans le but de promouvoir l’attractivité de notre territoire. ANNEXES Evolution des flux et stocks sortants d’investissements thaïlandais à l’étranger (en millions USD) Source : CNUCED Principales destinations des stocks sortants d’investissements directs thaïlandais à l’étranger (En millions USD) Source : Bank of Thailand Cartographie des investissements directs à l’étranger des pays de l’ASEAN