Chaque écrivain a sa propre vision de l`homme, et l

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Chaque écrivain a sa propre vision de l`homme, et l
Chaque écrivain a sa propre vision de l’homme, et l’expose, même de façon involontaire
(rare) mais surtout de façon volontaire, implicitement ou explicitement. Le plus généralement,
l’auteur soulève des questions universelles en rapport à la réelle complexité des facettes de l’être
humain. Et, par le biais de ces personnages fictifs, ils répondent à ces questions qui sont parfois
posées de façon implicite dès le début du roman, lors de l’incipit. Le roman et ses personnages
permettent aux lecteurs d’enrichir leur connaissance de l’homme.
Nous pouvons nous demander dans quelle mesure, comment, le personnage fictif de roman,
créé par l’écrivain, nous apporte une meilleure connaissance de l’homme. Nous tenterons de
répondre le plus complètement possible à cette question, tout d’abord en abordant la présentation
générale du ou des personnages. Puis nous mettrons en lien les actes et les pensées de ces
personnages, en plus de ce à quoi ils sont confrontés.
La présentation, qu’elle soit physique ou morale, des personnages, débute parfois dès l’incipit
et s’étale tout au long du roman, ou alors elle peut être inexistante ou quasiment inexistante.
Cette présentation nous permet, nous lecteurs, de savoir d’emblée si l’auteur veut discréditer
la thèse de son personnage (en le rendant niais par exemple) ou au contraire appuyer sa thèse et
donc, dans ce cas-là, la vision de l’homme du personnage est celle de l’auteur. Ce que reflète le
personnage est en accord avec ce que souhaite l’auteur. De plus, il faut préciser que le meilleur outil
de l’auteur pour apporter quelque chose aux lecteurs est son personnage. Grâce à celui-ci l’écrivain
expose ce qu’il désire. Par exemple, dans Gargantua, de François Rabelais, son personnage
éponyme lui permet de façon intelligente et parfois futile de proposer sa vision de l’homme, envers
les étudiants de la Sorbonne, qu’il critique, par exemple. Victor Hugo, lui, dans Claude Gueux et
dès l’incipit, critique la société, il a donc une vision négative de la société, puisqu’il présente un
personnage éponyme qui, par le biais de la société, va se trouver métamorphosé et va passer de
« honnête ouvrier » à « voleur ». ceci est un exemple simple de la connaissance de l’homme que
Hugo veut nous faire passer. L’incipit de L’enfer nous offre lui aussi une présentation du
personnage. Cette représentation est légère dans la description mais commence directement en
posant des questions concernant l’homme : « Suis-je heureux », le narrateur répond d’ailleurs à
cette question rhétorique en démontrant pourquoi il l’est à l’aide d’un raisonnement à apparence
logique. Dans l’incipit du roman de Philippe Claudel, Le rapport de Brodeck, nous rentrons
directement dans le sujet sans présentation des personnages. C’est uniquement par la suite que
Claudel nous proposera sa vision de l’homme grâce à un Brodeck confronté à des horreurs.
La présentation des personnages de roman fait office de première approche de la vision de
l’être humain de l’écrivain pour les lecteurs.
Cette présentation est suivie du roman qui propose des situations auxquelles le personnage est
confronté ainsi que ses agissements et ses pensées.
Dans A l’Ouest rien de nouveau, de Erich Maria Remarque, les personnages sont confrontés à
la guerre et ses horreurs. On perçoit aisément que les personnages sont marqués au plus profond de
leur âme. Lors du retour du personnage principal chez lui, nous avons, comme avec Brodeck, un
personnage meurtri et renfermé sur lui-même. La guerre est un moyen courant des écrivains pour
faire passer leur vision puisqu’il est connu que l’homme révèle sa vraie nature lorsqu’il est
confronté à la guerre et ce qui en découle. Et lorsque la vraie nature d’un personnage est révélée, la
vision de l’homme de l’auteur devient explicite, ce qui permet aux lecteurs d’enrichir leur
connaissance et leur vision de l’être humain. Dans Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley, les
personnages sont confrontés à une société utopique où tout est réglé, où les gens sont répartis dans
des classes (Alpha, Oméga, Epsilon …) en fonction de leur intelligence. Gargantua et quelque peu
semblable puisqu’il vit dans une société utopique également. Toute idée utopique de société révèle
une vision de l’homme et du monde quelque peu particulière puisque le meilleur des mondes
n’existe pas. Tout personnage fictif vivant dans celles-ci reflète donc une vision humaniste de
l’homme très spéciale. Brodeck, lui, fait face à une déshumanisation et aux horreurs des camps,
notamment avec le pendu journalier choisi au hasard, ou alors sa soumission et sa propre
déshumanisation en chien face aux militaires. L’utilisation de personnage marqué par des faits
propose une vision très souvent négative de l’être humain. C’est par ce biais que le lecteur en
apprend plus sur l’être humain, sur sa façon de se comporter face aux faits.
Les actes et la pensée sont également des outils mis en place par l’auteur pour proposer sa
vision de l’homme, par exemple, le fait que les humains soient assez stupides pour faire des guerres
inutiles avec Gargantua et la bataille des fouaces, bataille qui partit de rien et arriva nulle part.
Brodeck fit également des actes lourds de conséquences qui entraînent la mort d’une femme et de
son fils dans le wagon qui les emmenait dans un camp. Acte qui rongea l’ami de Brodeck de
culpabilité, et il se laissa donc mourir. Des situations particulières pour une vision de l’homme sans
doute, et malheureusement, très réaliste.
Les personnages sont constitués de leurs faits, de leurs pensées et de leurs réactions en général
face à des situations inhabituelles. Ils permettent aux lecteurs de s’identifier, de comprendre, de
réfléchir et d’analyser ces personnages pour en tirer une vision de l’être humain semblable à celle
de l’écrivain.
Les personnages sont l’outil principal de l’auteur, ils permettent à celui-ci de faire bon
nombre de choses visant à proposer des idées aux lecteurs, qui leur donnent la chance d’enrichir
leur connaissance du monde et de l’homme puisque les personnage font office de marionnettes
humaines. Ils sont parfois là pour montrer du doigt les défauts humains et créer une société parfaite
dite utopique. Le problème est peut-être la réalité de cette vision de l’homme, tant d’auteurs nous en
proposent des variées, sont-elles réelles ?