en est aujourd`hui des études sur l`art italien et le fascisme

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en est aujourd`hui des études sur l`art italien et le fascisme
ART ITALIEN CONTEMPORAIN
Le fascisme vu par les artistes du Ventennio à la Seconde République
Journée d'étude – 23 mai 2014
INTRODUCTION / Première partie
L'idée de présenter le sujet du fascisme traité par les artistes avant et après la deuxième Guerre
mondiale est venue d' Emilia Héry. Quand nous nous sommes connues, nous avons constaté que
nous étions complémentaires: elle étudie la présence du thème du fascisme dans l'art après la
Deuxième Guerre Mondiale et moi le rapport de la politique culturelle fasciste avec les artistes
italiens résidant à Paris.
Le fascisme a été pour une longue période abandonné des sujets d'étude car il était devenu tabou: on
voulait oublier cette période et ses horreurs. Mais étudier le Fascisme, ce n'est pas seulement parler
d'horreur. En Italie, par exemple, la politique culturelle fasciste était aussi importante que la
politique tout court, car le régime avait la conscience qu' à travers l'art, il s'agissait de défendre
l'image du Pays. Le Fascisme était engagé dans l’aide aux jeunes artistes et dans le dialogue entre
les arts utilisant l'image comme un outil puissant de persuasion et de communication de masse. En
ce sens, il est très intéressant d'étudier la stratégie du régime qui cherchait des collaborateurs
capables de construire à l'étranger l' image d'un pays très cultivé. Il est indéniable que cette stratégie
a laissé des traces dans l'histoire de l'art.
Récemment, on a commencé à revaloriser le fascisme à travers l'étude des documents et des fonds
d'archives avec un nouveau point de vue détaché des logiques politiques, donc plus objectif.
Aujourd'hui, nous allons approfondir l'image des personnages controversés qui ont fait partie du
scénario fasciste, ou qui auraient voulu en faire partie, mais nous allons aussi observer l'image que
le Fascisme a voulu donner de lui-même à l'étranger.
Pour commencer, Paolo Rusconi nous illustrera pour la première fois, et avec des matériaux inédits,
le personnage de Pietro Maria Bardi tombé mystérieusement en disgrâce, alors qu'il avait revêtu un
rôle important dans la promotion de la culture grâce à une galerie d'art subventionnée par
Mussolini.
Moi je vous parlerai de Emanuele Sarmiento, un personnage insaisissable qui donna sa collection
d'art au Musée de Grenoble pour gagner la reconnaissance officielle de Mussolini mais qui, en
même temps, porta un groupe d'artistes italiens à la consécration en les faisant entrer dans la
collection d'un musée français.
À suivre, Myriam Métayer illustrera comment la communication et la conviction de masse sont
encadrées par les différentes formes d' «art public» typiques de cette période. On verra aussi
comment l’usage de la propagande des images de Mussolini est caractérisé par le nationalisme des
icônes, et comment cette propagande était perçue par la France.
Pour terminer la matinée, Chiara di Stefano nous expliquera le rapport entre le second futurisme un art a priori exclusivement italien, lié au fascisme - et la vision d'un art universel et extraterritorial. Elle se centrera en particulier sur le rôle que Paris a pu jouer pour ces artistes, et sur les
différences engendrées par cette situation avec ceux restés au delà des Alpes.
Je donne maintenant la parole à Emilia, qui va vous présenter la deuxième partie de notre journée.
Maddalena Tibertelli De Pisis
INTRODUCTION / Deuxième partie
Au milieu des expositions consacrées à la culture sous le fascisme (en 2011, L'art pour le
consensus, de Sironi à Depero, 1922-1935, à Predappio ; en 2013, Années Trente. Les arts en Italie
au-delà du fascisme, à Florence ; en 2014, Fascisme dernier acte, à Gênes), au milieu des tableaux
du mouvement Novecento (Novecento, L'art entre les deux guerres, à Forlì en 2014) ou ceux du
groupe futuriste (Giacomo Balla, génie futuriste, à Rome en 2010, ou toujours à Rome, Mario
Sironi, dessins et temperas du futurisme à l'après-guerre en 2014), au milieu de tous ces
événements qui mettent en lumière la production artistique sous le fascisme, quelle place est laissée
à cette période historique dans la création contemporaine? C'est cette question qui sera le fil d'ariane
des interventions de cet après-midi.
Il se trouve que depuis les années 2000, les artistes italiens abordent à nouveau le thème du
Ventennio. Bartolomeo Pietromarchi parle en 2011 d'un,
« « besoin d'histoire » […] qui dans les années deux-mille se fait toujours plus pressant et présent, au point
d'induire les artistes à repenser l'histoire avec une approche analytique et linguistique, ou bien en reprenant les
suggestions de Mauri [Fabio Mauri] sur l'idéologie et le langage. »1
Mais pour comprendre les enjeux de cette création contemporaine, il faut d'abord revenir aux
lendemains du fascisme2. Durant le Ventennio, le régime avait mis en place des structures
1 Bartolomeo Pietromarchi, Italia in opera. La nostra identità attraverso le arti visive, Torino, Bollati Boringhieri,
2011, p. 158.
institutionnelles très puissantes pour encourager et encadrer la production artistique. Que
deviennent-elles alors pendant la I ère République ? Caroline Pane nous montrera toutes les
ambiguités d'une transition qui s'établit entre rupture et continuité. Le regard porté par les artistes
contemporains sur le fascisme est également lié à l'évolution de l'historiographie sur ce thème.
Quelle lecture est aujourd'hui faite du Ventennio ? Et plus précisément, quelle interprétation
historique est faite de l'art sous le fascisme ? Lucia Piccioni nous parlera à ce sujet de l'historien
Carlo Ludovico Ragghianti qui, et je reprends les mots de Lucia, « organise à Florence la première
exposition de l'après-seconde-guerre dédiée à l'art de la période fasciste ».
Après l'intervention de Lucia, il sera temps de s'intéresser à la création contemporaine sur le thème
du fascisme. Jacopo Benci a présenté cette année à la Salle Santa Rita à Rome lors d'une exposition
intitulée Passages dans la ville prisionnière, deux œuvres vidéo : l'une, Passaggi-Durchgänge
(2011) consacrée à la prison de via Tasso à Rome, et l'autre, Nella città prigioniera (2014), travail
artistique sur le témoignage du cinéaste italien Citto Maselli. Un autre témoignage artistique est
celui de Renzo Vespignani, qui de 1972 à 1975 élabore un cycle pictural d'une centaine d’œuvres
intitulé Tra due guerre, consacré au fascisme, de sa naissance couronnée par la figure mythique de
Gabriele d'Annunzio, à sa fin. Ce travail me permettra d'ouvrir la question de la réception critique
d'une œuvre picturale sur le Ventennio à la moitié des années 1970 en Italie.
Laissons maintenant la parole à Monsieur Paolo Rusconi et aux “smorfie meschine” de Pietro Maria
Bardi.
Emilia Héry
2 Dans l'après-guerre, plus que les événements eux-mêmes, n'est-ce pas finalement l'absence de certains faits qui a
participé à la construction d'une mémoire sélective, partielle, du fascisme ? Dans son livre Les péchés de mémoire,
la Nuremberg italienne manquée, Michele Battini nous parle justement d'une absence, celle laissée par l'avortement
des procès contre les responsables du système d'occupation allemand en Italie. Mais il explique également comment
les manipulations de la mémoire par le politique, ont fait de la rencontre de la société italienne avec son passé, un
rendez-vous toujours manqué.

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