Dossier éCrire Une Fable Ac Orleans Tours Fr
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Dossier : écrire une fable La fable est la plupart du temps un récit court avec un minimum de personnages mus par une péripétie simple. Sa structure est souvent basée sur des jeux d’opposition entre les deux personnages, l’état initial et l’état final… et l’émergence d’une morale. Exemple : Personnage Lièvre Tortue Cigale Fourmi Rôle narratif Victime Héros Victime Héros Rôle thématique Négligence, vantardise Persévérance, ponctualité Oisiveté Prévoyance, avariste Rôle rhétorique Contre-exemple Exemple Contre-exemple Exemple, Neutre I. Les types d’écriture possible : Le pastiche : c’est quand on écrit en écrivant le style d’un auteur ou les lois d’un genre. Exemple : écrire « à la manière de … » sur un thème de son choix. Les élèves choisissent un thème qui leur tient à cœur, qui les scandalisent dans notre époque (écologie, guerre…) et mettent en scène des animaux qui représentent des personnages politiques, historiques, vedettes… La parodie : c’est une réécriture qui transforme un texte déjà existant avec une visée humoristique, burlesque, satirique, polémique. Exemple : A propos de « La cigale et la fourmi », on pourrait envisager de prendre le contre pied de la morale originelle et d’écrire la suite … la cigale s’en va et rencontre un producteur qui apprécie ses chansons, la prend en mains, l’engage pour des tournées, la fait passer à la télévision. Le succès est total, fulgurant et la fortune assurée. Pour en savoir plus PARODIE Réécriture : il existe un texte de base dont Type d'opération on s'est inspiré. demandée PASTICHE Écriture : on s'inspire d'un style, d'un genre donné, sans référence à une oeuvre particulière. Type de démarche Changement de visée de ce modèle (visée de la parodie). Registre ludique Parodie ludique : le texte est réécrit pour faire sourire. Changement de visée de ce style ou de ce genre (visée du pastiche). Pastiche ludique : un nouveau texte est créé qui évoque le style ou le genre pastiché, en faisant sourire car on y place de nombreuses figures stéréotypées. Registre satirique Parodie burlesque : la réécriture travestit le texte en modifiant le registre. Parodie satirique : le texte dévie encore plus de la trajectoire initiale et caricature le modèle. Parodie polémique : le détournement vise un défaut humain ou social. Pastiche héroïco-comique : le personnage parle d'une façon inhabituelle, dans un registre très choisi. Pastiche satirique : le personnage s'exprime de façon tellement exagérée qu'il est caricaturé. Pastiche polémique : derrière le personnage caricaturé, c'est tout un pan de la société qui est violemment critiqué. Baderot Christophe CPC généraliste 10-2005 1 Exemples Parodie ludique : la marionnette d’un Pastiche ludique : une interview de sportif (vedette) personnage célèbre (artiste, BD, Gaston qui rappelle toutes les interviews de sportif, avec Lagaffe…) dans un cadre inhabituel leurs réponses stéréotypées sur les raisons d'une (politique, film policier…). victoire ou d'une défaite. Parodie burlesque : le discours d’un hommePastiche satirique : la même interview avec un politique, d’un footballeur, d’une artiste (pris sportif manifestement idiot, caricaturé avec cruauté. dans la presse) devient comique ou grossier Pastiche polémique : l’écart entre le discours et les faits, l'inhumanité de la mondialisation aux mains Parodie satirique : la marionnette du des grandes compagnies. présentateur laisse apparaître le peu de «déontologie» du milieu médiatique, face au pouvoir politique par exemple. Une création originale et « sans appui » II. Des pistes possibles de travail : A partir d’un texte existant (registre de la parodie si on y met de « l’humour ») : 1. Réécrire une fable en utilisant essentiellement du dialogue entre les personnages Exemples : L’enfant et le maître d’école, Les deux coqs… 2. Réécrire une fable en changeant les registres de langue : - langage familier - langage contemporain 3. Modifier la tonalité (l’humeur) de la fable en passant du triste au comique… par l’apport d’un personnage nouveau qui fait des commentaires « OFF », prend partie de manière subjective, en « remet une couche » en répétant certains propos… 4. Exagération d’un trait de caractère, d’un trait physique qui modifierait la trame et la morale : Exemple : « Le loup et l’agneau ». Le loup est bon et se refuse à respecter son statut de mangeur d’agneau… (lien avec « Le loup sentimental » de G. De Pennart école des loisirs 5. Changement de contexte - le lieu : dans une banlieue, dans un pays chaud, froid… - les personnages sont d’autres animaux 6. Modification de la suite et fin d’une fable connue, prise à contre pied de la morale originelle : Exemple : « La cigale et la fourmi ». A la fin de la fable, la cigale part dépitée mais rencontre un producteur qui apprécie ses talents et l’engage pour un tour de chants qui lui assure ensuite succès, gloire et fortune… Baderot Christophe CPC généraliste 10-2005 2 Sans support texte existant 1. Partir de proverbes inducteurs qui servent de morale (on les prend tels quels ou que on les détourne) Choix de deux animaux (ou plus) qui s’opposent en fonction de les qualité qu’on leur prête Mise en fable : Exemples : a. « Bien mal acquis ne profite jamais » voleur / honnête : un renard vole un loup… b. « L’air ne fait pas la chanson » « L’habit ne fait pas le moine » se méfier des apparences : un jeune animal et un adulte… c. « Il n’est pire eau que l’eau qui dort » se méfier des apparences : Le chêne et le saule, la souris et l’éléphant… d. « A malin, malin et demi » malin / sot e. « Il n’y a pas de sot métier, il n’y a que sottes gens » sot / intelligent f. « Mettre la charrue avant les bœufs » pondération, réfléchi / empressement, irréfléchi g. « La nuit porte conseil » précipitation, impulsivité / temps de réflexion h. « Comme on fait son lit, on se couche » on n’a que ce qu’on mérite i. « Loin des yeux loin du cœur » l’absence ou l’éloignement vient à bout des meilleurs sentiments j. «Qui s’y frotte s’y pique » risque, inconscience / prudence k. « Chat échaudé craint l’eau froide » prudence – peur de ce qui a déjà nuit l. « Avoir les yeux plus gros que le ventre » gourmand / raisonnable m. « On ne fait pas d’omelette sans casser d’eau » il faut peiner pour y arriver n. « Les fous font les modes, les sages les suivent » création, inventivité / norme, habitude o. « Pas de nouvelles, bonnes nouvelles » inquiétude / calme p. « Qui ne dit mot consent » rébellion / acceptation q. « Les chiens aboient, la caravane passe » certitude, confiance en soi / critiques r. « Couper l’arbre pour avoir le fruit » empressement, cupidité s. « Point de roses sans épines » t. « Il ne faut pas dire : fontaine je ne boirai pas de ton eau » « Il ne faut jurer de rien » u. « Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre » v. « Il n’y a pas de fumée sans feu » w. « Le chat est parti, les souris dansent » x. « Ce qui est dit est dit » y. « Rira bien qui rira le dernier » z. « Qui va à la chasse perd sa place » aa. « Les conseilleurs ne sont pas les payeurs » bb. « Deux avis valent mieux qu’un » cc. « Abondance de bien ne nuit pas » dd. « Les absents ont toujours tort » ee. « A cœur vaillant rien d’impossible » ff. « Aide-toi, le ciel t’aidera » gg. « Apprenti n’est pas maître » hh. « A quelque chose, malheur est bon » ii. « Bien mal acquis ne profite jamais » jj. « Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois » kk. « Beaucoup de bruit pour rien » ll. « Bon à tout, propre à rien » 2. Partir de morales inversées où l’on adopterait le point de vue du « second » personnage Exemples : - Pour « Le loup et l’agneau » la morale deviendrait « La raison du plus faible est toujours la meilleure » et servirait de base à la création d’une fable. - Pour « Le lion et le rat » la morale deviendrait « On a souvent besoin d’un plus grand que soi »… 3. Partir de jeux de cartes, de jeux de tarot, de 7 familles, choisir deux personnages qui s’opposent (par leur physique, couleur, famille…) 4. A partir de livres comme la série « Max et Lily » éditions Galligram (Max est jaloux… est maladroit…) ou « les goûters philo » éditions Milan (Prendre son temps et perdre son temps, Ce qu’on sait ou on ne sait pas…) pour en dégager une morale et une histoire. Baderot Christophe CPC généraliste 10-2005 3 III. Comparaison de fables « Le renard et le bouc » par Esope, Phèdre, La Fontaine. ESOPE Les différentes versions Qui est piégé au début? Discours direct Place de la morale Morale PHÈDRE LA FONTAINE »Le Renard et le Bouc dans « Le Renard et le Bouc» sous- « Le Renard et le Bouc» le puits» titre : « les méchants se tirent du péril, en y jetant les autres» Le renard seul Le renard et le bouc ensemble Renard (la ruse) Renard (la leçon) Renard (la ruse) Placée en fin, après la leçon Placée en début, à la suite du du renard sous-titre ------------------« De même chez les hommes: « Lorsqu'un homme se voit dans si l'on a du sens, il convient un grand péril, il ne songe qu'à trouver moyen de s'en tirer, d'examiner l'issue d'une quoi qu'il puisse en coûter entreprise avant de s'y aux autres.» attaquer.» Dialogue du renard (la ruse) et du bouc Discours du renard (la leçon) Placée en fin, après la leçon du renard « En toute chose il faut considérer la fin.» LE RENARD ET LE BOUC DANS LE PUITS Un renard tombé dans un puits se vit contraint d'y rester, faute de pouvoir en remonter. Or un bouc assoiffé vint au même puits; avisant le renard, il lui demanda si l'eau était bonne. Feignant la joie dans son malheur, le renard fit longuement l'éloge de l'eau, prétendant qu'elle était excellente, et engagea le bouc à descendre à son tour. N'écoutant que son désir, le bouc plongea sans plus réfléchir; dès qu'il se fut désaltéré, il chercha avec le renard un moyen de remonter. Le renard lui dit qu'il avait une idée qui pourrait les sauver tous les deux: «Appuie donc tes pattes de devant contre la paroi et incline tes cornes: je monterai sur ton dos, puis je te hisserai à mon tour. » Le bouc se rangea de bon cœur à ce deuxième avis; le renard, escaladant en trois bonds ses pattes, grimpa sur son dos, d'où il prit appui sur ses cornes, atteignit l'orifice du puits et se disposa à prendre le large. Comme le bouc lui reprochait de ne pas respecter leur accord, le renard se retourna: «Mon gaillard», lui dit-il, «si tu avais autant de cervelle que de barbe au menton, tu ne serais pas descendu sans songer d'abord au moyen de remonter ! De même chez les hommes: si l'on a du sens, il convient d'examiner l'issue d'une entreprise avant de s'y attaquer. ÉSOPE La version de Phèdre s'intitule : « Les méchants se tirent du péril, en y jetant les autres : le Renard et le Bouc.» Lorsqu'un homme se voit dans un grand péril, il ne songe qu'à trouver moyen de s'en tirer, quoi qu'il en puisse coûter aux autres. Un Renard était tombé par mégarde dans un puits, et ne pouvait en sortir parce que le bord était trop haut. Un Bouc qui avait soif vint au même endroit, et demanda au Renard si l'eau était bonne, et s'il y en avait beaucoup. Celui-ci, pour le faire tomber dans le piége, lui dit: «Descends cher ami; l'eau est si bonne, et j'ai tant de plaisir à boire, que je ne puis la quitter. » Le Bouc descendit, le Renard monta sur ses grandes cornes, se tira hors du puits, et laissa au fond le Bouc fort embarrassé. PHEDRE Baderot Christophe CPC généraliste 10-2005 4 « La cigale et la fourmi » d’Anouilh et de La Fontaine LA CIGALE La cigale ayant chanté Tout l'été, Dans maints casinos, maintes boîtes Se trouva fort bien pourvue Quand la bise fut venue. Elle en avait à gauche, elle en avait à droite, Dans plusieurs établissements. Restait à assurer un fécond placement. Elle alla trouver un renard, Spécialisé dans les prêts hypothécaires Qui, la voyant entrer l’œil noyé sous le fard, Tout enfantine et minaudière, Crut qu'il tenait la bonne affaire. «Madame, lui dit-il, j'ai le plus grand respect Pour votre art et pour les artistes. L'argent, hélas! n'est qu'un aspect Bien trivial, je dirais bien triste, Si nous n'en avions tous besoin, De la condition humaine. L'argent réclame des soins. ll ne doit pourtant pas devenir une gêne. A d'autres qui n'ont pas vos dons de poésie Vous qui planez, laissez, laissez le rôle ingrat De gérer vos économies, A de trop bas calculs votre art s'étiolera. Vous perdriez votre génie. Signez donc ce petit blanc-seing Et ne vous occupez de rien. » Souriant avec bonhomie, « Croyez, Madame, ajouta-t-il, je voudrais, moi, Pouvoir, tout comme vous, ne sacrifier qu'aux muses!» ll tendait son papier. «Je crois que l'on s'amuse», Lui dit la cigale, l’œil froid. Le renard, tout sucre et tout miel, Vit un regard d'acier briller sous le rimmel. «Si j'ai frappé b votre porte, Sachant le taux exorbitant que vous prenez, C'est que j'entends que la chose rapporte. Je sais votre taux d'intérêt. C'est le mien. Vous l'augmenterez Légèrement, pour trouver votre bénéfice. J'entends que mon tas d'or grossisse. J'ai un serpent pour avocat. Il passera demain discuter du contrat.» L’œil perdu, ayant vérifié son fard, Drapée avec élégance Dans une cape de renard (Que le renard feignit de ne pas avoir vue), Elle précisa en sortant: «Je veux que vous prêtiez aux pauvres seulement... » (Ce dernier trait rendit au renard l'espérance.) «Oui, conclut la cigale au sourire charmant, On dit qu'en cas de non-paiement D'une ou l'autre des échéances, C'est eux dont on vend tout le plus facilement. Maître Renard qui se croyait cynique S'inclina. Mais depuis, il apprend la musique. Le Cigale d'Anouilh, Éditions de La Table Ronde, 1967. En résumé, il conviendrait de : - IV. Lire des fables Les comparer entre elles : La Fontaine /Esope, La Fontaine/ fables modernes Mettre en évidence les éléments d'une fable (opposition exemple – contre exemple, moralité) Lire des fables et trouver leurs morales …et écrire une fable / des fables Bibliographie et sites • Quelques sites : www.ac-amiens.fr – atelier d'écriture www.ac-grenoble.fr - fables à la manière de … Baderot Christophe CPC généraliste 10-2005 5 V. A propos des fables de LA FONTAINE De la fable avant la Fontaine Comme le conte et le mythe, la fable fait partie d'un fonds culturel, dans lequel plusieurs générations d'écrivains ou de moralistes ont puisé. Il existait avant La Fontaine tout un corpus scolaire venant des fabulistes grecs (surtout Ésope - le recueil de Névelet avec traductions latines a été constamment réédité -), des fabulistes latins (surtout Phèdre, lui-même adaptateur d'Ésope), des fabulistes de la Renaissance (surtout l'Italien Abstemius). La fable fait partie du genre de l'apologue, c'est-à-dire de ces courts récits susceptibles d'illustrer une vérité morale. On notait d'ailleurs, avant La Fontaine, une grande flexibilité des leçons tirées de ces histoires. A la leçon pédagogique traditionnelle pouvait se substituer, au gré de l'actualité et de l'humeur de chacun, des « morales » bien différentes, dans l'ordre de l'allusion politique notamment. On verra aussi des morales galantes. Toutefois cette flexibilité deviendra plus grande encore lorsque La Fontaine aura lui-même mis le genre à la mode. La Fontaine est en effet celui qui élève ce genre essentiellement scolaire et gnomique à la qualité littéraire. La théorie de la fable chez La Fontaine Dans ses premières fables, La Fontaine a affirmé sa conception très classique du genre, destiné à allier l'instruction et l'agrément : "En ces sortes de feinte il faut instruire et plaire." (VI, 1). Instruire ? La Fontaine le dit gravement dans la préface, mais moins gravement quand il s'adresse au chevalier de Bouillon (V, 1) : "Je tâche d'y tourner le vice en ridicule / Ne pouvant l'attaquer avec des bras d'Hercule." Plaire ? Il le faut, car "Une morale nue apporte de l'ennui" (VI, 1), et "on ne considère en France que ce qui plaît, c'est la grande règle, et pour ainsi dire la seule" (Préface). Pour plaire, il faut introduire de la gaieté, mais le mot doit être entendu dans un sens raffiné : "Je n'appelle pas gaieté ce qui excite le rire, mais un certain charme; un air agréable qu'on peut donner à toutes sortes de sujets, même les plus sérieux" (ibid.). Ensuite, on peut étudier l'avertissement (en prose), la dédicace (en vers), aux fables VIII, 4 et IX, 1, et aussi à l'épilogue (après le livre XI). La doctrine de base, instruire et plaire, n'a évidemment pas changé, mais on note des nuances nouvelles : La Fontaine, plus sûr de lui - il a conscience d'avoir été un pionnier -, manifeste le sentiment de sa gloire (voir IX, 1 et l'épilogue). Il se laisse aller plus librement aussi au plaisir de conter : LES ANIMAUX DANS LES FABLES La recherche littéraire se préoccupe souvent de pénétrer les principes qui ont présidé à la composition de recueils discontinus, comme les Maximes de La Rochefoucauld, les Caractères de La Bruyère ou les Fables de La Fontaine. On peut essayer de rapprocher certaines fables en fonction d’une certaine similitude : - Les « fables doubles » : au livre VII, le couple Le Héron - La Fille et le couple La Laitière et le pot au lait Le Curé et le Mort ; au livre VIII, L'Horoscope (deux histoires parallèles), Le Bassa et le Marchand (livre VIII) et Le Berger et le Roi (livre X), apologues qui en contiennent un autre en abyme. - Les « fables d'intention ou de facture similaires » ont pu se trouver éloignées pour éviter la monotonie, et aussi, peut-être, pour atténuer l'effet polémique qu'aurait risqué de produire le groupement de plusieurs fables satiriques (sur le roi, par exemple). Livres Animaux seuls I. Les Animaux malades de la peste III. Le Rat qui s'est retiré du monde IV. Le Héron VII VI. La cour du Lion VII. Les Vautours et les Pigeons XII. Les deux Coqs XV. Le Chat, la Belette et le Baderot Christophe CPC généraliste Hommes seuls Animaux et hommes II. Le Mal Marié IV. La Fille V. Les souhaits IX. La Laitière et le Pot au VIII. Le Coche et la lait X. Le Curé et le Mort Mouche XI. L'Homme qui court après la Fortune et l'Homme qui l'attend dans son lit XIII. L'ingratitude et Discours A Madame de Montespan XVII. Un Animal dans la Lune 10-2005 6 petit Lapin XVI. La tête et la queue du Serpent III. Le Lion, le Loup et le Renard VII. Le Chien qui porte à son cou le dîné de son Maître IX. Le Rat et l'Huître XII. Le Cochon, la Chèvre et le Mouton XIV. Les obsèques de la VIII Lionne XV. Le Rat et l'Éléphant XVII. L'Âne et le Chien XXI. Le Faucon et le Chapon XXII. Le Chat et le Rat XXIV. L'Éducation XXV. Les deux Chiens et l'Âne mort IX l'injustice des Hommes envers la Fortune XIV. Les Devineresses I. La Mort et le Mourant II. Le Savetier et le Financier IV. Le pouvoir des Fables VI. Les Femmes et le Secret XI. Les deux Amis XIII. Tircis et Amarante XVIII. Le Bassa et le Marchand XIX. L'avantage de la Science XX. Jupiter et les Tonnerres XXIII. Le Torrent et la Rivière XXVI. Démocrite et les Abdéritains V. L'Homme et la Puce VIII. Le Rieur et les Poissons X. L'Ours et l'Amateur des jardins XVI. L'Horoscope XXVII. Le Loup et le Chasseur I. Le Dépositaire Infidèle IV. Le Gland et la Citrouille V. L'Écolier, le Pédant et le II. Les deux Pigeons Maître d'un jardin III. Le Singe et le Léopard VI. Le Statuaire et la statue X. Le Loup et le Chien maigre de Jupiter XIV. Le Chat et le Renard VIII. Le Fou qui vend la XVII. Le Singe et le Chat Sagesse XVIII. Le Milan et le IX. L'Huître et les Plaideurs Rossignol XII. Le Cierge Les deux Rats, le Renard et XIII. Jupiter et le Passager l'Œuf XV. Le Mari, la Femme et le Voleur XVI. Le Trésor et les deux Hommes VII. La Souris métamorphosée en Fille XIX. Le Berger et son troupeau XI. Rien de trop Discours à Madame de la Sablière X II. La Tortue et les deux Canards III. Les Poissons et le Cormoran VI. L'Araignée et l'Hirondelle VII. La Perdrix et les Coqs XII. La Lionne et l'Ourse I. L'Homme et la Couleuvre IV. L'Enfouisseur et son V. Le Loup et les Compère Bergers IX. Le Berger et le Roi VIII. Le Chien à qui on a XIV. Discours à M. le XIII. Les deux Aventuriers Duc de la coupé les oreilles et le Talisman X. Les Poissons et le Rochefoucauld XV. Le Marchand, le Berger qui joue de la Gentilhomme, le Pâtre et le flûte fils de Roi XI. Les deux Perroquets, le Roi et son Fils XI I. Le Lion V. Le Lion, le Singe et les deux ânes VI. Le Loup et le Renard IX. Les Souris et le ChatHuant II. Les Dieux voulant instruire un Fils de Jupiter IV. Le songe d'un habitant III. Le Fermier, le Chien du Mogol Épilogue. et le Renard VII. Le Paysan du Danube VIII. Le Vieillard et les trois jeunes Hommes On peut constater que, sur 92 pièces, 14 fables mettent en scène l'animal et l'homme, 35 l'animal seul. Baderot Christophe CPC généraliste 10-2005 7 Les animaux restent toujours présents dans plus de la moitié des fables. La présence des animaux dans les fables est constante depuis l'Antiquité : leurs mœurs les plus apparentes fournissaient un équivalent acceptable des mœurs humaines. Si La Fontaine a commis des erreurs dans la description faite de certains animaux, c’est qu’il s’appuyait sur la science et de la terminologie de son temps (la distinction entre chameau et dromadaire n'était pas fixée, et qu'un serpent entrait très bien dans la catégorie "Insectes". Certains animaux qui nous sont aujourd'hui bien connus ne l'étaient pas de La Fontaine…) et non en fonction des classifications zoologiques actuelles, qui datent seulement du XIXème siècle. Mais il faut aussi se garder de l'erreur inverse, qui considèrerait les animaux des Fables sur un plan purement allégorique : en fait les animaux intéressaient beaucoup La Fontaine et ses lecteurs, et ils ne figurent pas seulement dans le récit en tant que symboles des hommes, mais aussi pour eux-mêmes. Ces animaux, recensés ci-dessous appartiennent à un bestiaire simple et familier, déjà identifié depuis longtemps sur le plan "psychologique" : matoiserie du Chat et du Renard, sottise du Loup, cruauté orgueilleuse du Lion... Nombre Animaux de fables alliés ou confrontés à ... Occurrences des termes Total Chien 5 âne, renard chien(s) : 49 - bassets : 1 - mâtins :3 53 Loup 5 renard, lion loup(s) : 51 51 Rat 5 éléphant, chat, renard rat(s) : 36 - raton : 5 41 Chat 4 rat, singe chat : 31 31 Lion 5 la cour des animaux - loup, renard, ourse, lion(s) : 22 - lionceau : 2 - lionne singe :4 28 Renard 3 rat, loup, chien renard(s) : 26 26 Âne 2 chien, lion, singe âne(s) : 13 - baudet(s) : 5 18 Singe 2 chat, lion singe : 13 - guenon : 1 14 Souris 2 chat-huant souris : 11 - souriceau : 1 12 Parmi les autres animaux (présents dans une seule fable), on notera la prédominance des animaux familiers ou domestiqués (ferme, basse-cour). LES MORALES "Du temps d'Ésope la fable était contée simplement; la moralité séparée, et toujours ensuite", écrit La Fontaine dans sa préface du premier recueil. Il remarque que déjà Phèdre « ne s'est pas assujetti à cet ordre ». Lui encore moins. On note une grande variété dans les rapports entre la « moralité » et le récit : - pas de morale du tout (VIII, 2 ou XI, 8) - morale en tête (VII, 2) - morale à la fois en tête et à la fin (VIII, 17 ou VIII, 1) - morale répartie en divers points du corps même de la fable (VIII, 14 ou VIII, 27) - morale-énigme : le narrateur s'interroge sur la portée d'un récit ou même hésite sur les leçons qu'il comporte (VII, 3 ou VIII, 7). Le malentendu persiste sur 1e mot "morale". Au XVIIème siècle, la morale n'était pas normative, elle était, conformément â l'étymologie, la "science des mœurs". Autrement dit, la "morale" du XVIIème siècle ressemble plus à notre psychologie et à notre sociologie qu'à notre morale. Baderot Christophe CPC généraliste 10-2005 8 D'autre part la morale traditionnelle du genre de la fable, si morale il y a, est une morale de petites gens (la légende fait d'Ésope un esclave), obligés, pour survivre, à une grande prudence, et qui peuvent difficilement s'offrir la "générosité" d'une morale aristocratique. Si l'on veut déterminer quelle est la grande leçon des Fables, on exprimera donc toujours une sorte de bon sens populaire, conforme d'ailleurs au « juste milieu » des classiques, prônant réalisme et modération. En fin de compte, les Fables offrent une image de l'homme et des conseils peu exaltants, - ce en quoi La Fontaine est en accord avec l'ensemble des moralistes de son époque et, plus généralement encore, avec l'ensemble de la littérature classique, plutôt pessimiste et sceptique sur la nature humaine. Les discours La Fontaine n'est pas un philosophe et ne prétend pas l'être. Mais c'est un amateur de philosophie, comme le montrent souvent des allusions plus ou moins précises aux doctrines. On y repère trois sujets principaux : - la question de l'âme des bêtes - la critique de l'astrologie - les erreurs des sens. Les thèmes politiques Pour déterminer les idées politiques de La Fontaine, il est difficile d'éviter les anachronismes : il s'inspire des fables antiques, dont le genre populaire commande à l'égard des grands et des gouvernants une sagesse prudente teintée d'irrévérence ou d'une résignation sans illusions. La Fontaine appartient en outre à des milieux de mécontents ou de mal aimés du pouvoir, mais il prend soin de plaire au roi en manifestant dans bien des cas son accord avec sa politique. Il est difficile aussi de saisir toutes les allusions, ce qui supposerait une connaissance singulièrement détaillée de l'histoire du XVIIème siècle et l'exacte détermination de la date de composition de chaque fable. Le lecteur moderne doit donc faire preuve ici de prudence, comme à l'égard d'ailleurs de tous les écrivains de l'Ancien Régime, obligés de dire les choses à demi-mot. Au sujet du monarque, on pourrait être surpris de l'audace de La Fontaine, mais en fait les remarques satiriques, savamment dispersées, mêlées de plaisanteries, prenaient appui sur des fables traditionnelles où ce discours était convenu. Si le Roi paraît injuste dans Les Animaux malades de la Peste (voir aussi la conclusion de la fable Le Chat, la Belette et le petit Lapin et Le Milan, le Roi et le Chasseur), peu intelligent dans Les Obsèques de la Lionne, sur certains points, cependant, La Fontaine va tout à fait dans le sens du pouvoir : les attaques contre les astrologues et les devineresses s'inscrivent dans une lutte officielle contre les "fausses sciences"; les critiques de la magistrature font écho aux réformes de la justice voulues par le roi (L'Huître et les Plaideurs). Au fond, l'attitude la plus générale de La Fontaine se prononce pour une réserve distante à l'égard de la politique : ainsi dans Le Lion, le Singe et les deux Ânes, où l'on voit le singe s'abstenir d'aborder devant le roi les problèmes les plus épineux. Les thèmes lyriques La Fontaine est sans doute le grand poète lyrique du XVIIème siècle. Parmi les thèmes abordés, on trouve : l'amour et une série de thèmes liés à ce qu'on appelle aujourd'hui la "qualité de la vie", à savoir la nature, le plaisir simple, la recherche du bonheur, la retraite spirituelle. Il arrive d'ailleurs aussi que la mort semble parfaitement injuste. Les Fables nous donnent finalement l'image d'un monde cruel, où tous les êtres s'entredévorent. Le verbe "manger" est d'ailleurs l'un des plus fréquents dans les Fables, où la prédation animale, la convoitise alimentaire, figurent d'autres rapacités chez les humains. L'art du dialogue Le dialogue est en effet essentiel dans la technique de la fable. Il est à la fois facteur de vie, auxiliaire puissant de la psychologie et ressort du drame. La parole est toujours un actant essentiel : tantôt elle constitue une faute qui mérite punition (Le Rat et l'Éléphant, Le Vieillard et les trois jeunes Hommes), même si elle reste au niveau du monologue intérieur (La Laitière et le pot au lait, Le Curé et le Mort) ; tantôt les paroles prononcées déclenchent immédiatement la catastrophe (ainsi dans La Cour du Lion, à plus forte raison dans La Tortue et les deux Canards), à moins qu'il ne s'agisse au contraire de paroles habiles qui se voient couronnées de succès (souvent les paroles du renard, celles du cerf dans Les Obsèques de la Lionne) ; tantôt enfin la fable tout entière consiste en débats oratoires (Le Chat, la Belette et le petit Lapin, L'Homme et la Couleuvre). Baderot Christophe CPC généraliste 10-2005 9 La versification Le vers de La Fontaine est libre en ce qui concerne le nombre de syllabes, en ce sens qu'il mêle librement des vers de longueurs différentes, mais il n'emploie que des vers de la prosodie française traditionnelle. Pour l'essentiel, il joue sur l'octosyllabe, le décasyllabe et l'alexandrin, avec quelques vers impairs qui créent des rythmes de chanson. En ce qui concerne les rimes. La Fontaine ne s'en tient pas aux systèmes traditionnels des rimes plates croisées et embrassées; il lui arrive même de redoubler les rimes, faisant rimer ensemble trois vers ou davantage (Le Curé et le Mort. Le Rat et l'Éléphant). Mais ses vers riment toujours, et - qui plus est - il respecte toujours la règle de l'alternance. LES MOTS LES PLUS EMPLOYÉS DANS LES FABLES (LIVRES VII A XII) LES SUBSTANTIFS LES PLUS EMPLOYÉS • • • • • • • • • • • • • jour = 220 dieu = 123 gens = 113 homme = 111 maître = 78 amour = 74 temps = 73 chose = 72 esprit = 72 roi = 71 loup = 70 animal = 69 lieu = 66 • • • • • • • • • • • • • ami = 60 chien = 60 peine = 57 cœur = 55 oeil = 53 raison = 53 soin = 53 main = 51 bien = 50 chat = 49 ciel = 47 mot = 47 renard = 47 • • • • • • • • • • • • • âme = 46 vie = 45 monde = 43 peuple = 40 rat = 40 Jupiter = 39 corps = 38 femme = 38 prince = 38 enfant = 37 an = 36 coup = 36 plaisir = 36 trait = 35 force = 34 fortune = 34 humain = 34 sort = 34 amant = 33 sujet = 33 affaire = 32 fils = 32 nom = 32 tête = 32 cour = 30 honneur = 30 • • • • • • • • • • • • • LES ADJECTIFS QUALIFICATIFS LES PLUS EMPLOYÉS beau = 107 bon = 91 grand = 80 nouveau = 51 seul = 51 sage = 46 doux = 43 premier = 40 jeune = 38 plein = 38 pauvre = 34 petit = 33 • • • • • • • • • • • • long = 31 cher = 30 fou = 28 haut = 28 vain = 28 pareil = 27 sot = 27 dernier = 25 heureux = 25 gros = 22 propre = 21 cruel = 20 • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • vrai = 20 meilleur = 17 semblable = 17 triste = 17 fort = 16 profond = 16 malheureux = 15 content = 14 ordinaire = 14 simple = 14 sûr = 14 différent = 13 • • • • • • • • • • • • fidèle = 13 grec = 13 léger = 13 saint = 13 tendre = 13 digne = 12 mauvais = 12 puissant = 12 frivole = 11 immortel = 11 noir = 11 pur = 11 LES VERBES LES PLUS EMPLOYÉS • • • • • • • • • • faire = 611 dire = 419 voir = 286 aller = 185 pouvoir = 168 vouloir = 152 venir = 142 prendre = 131 savoir = 121 mettre = 92 Baderot Christophe CPC généraliste • • • • • • • • • • donner = 79 trouver = 79 passer = 76 devoir = 73 falloir = 72 mourir = 72 laisser = 65 rendre = 63 tenir = 61 aimer = 55 • • • • • • • • • • parler = 52 porter = 52 sortir = 51 suivre = 48 servir = 45 chercher = 44 courir = 44 plaire = 43 perdre = 42 arriver = 37 • • • • • • • • • • conter = 37 tomber = 37 revenir = 33 demander = 32 quitter = 32 penser = 31 changer = 30 devenir = 30 manger = 30 apprendre = 28 10-2005 10 Les sources de La Fontaine Les fabulistes que l’on peut cités comme "sources" de la Fontaine sont: Esope: Fabuliste grec (VII° VI° siècle avant JC). Personnage à demi-légendaire, esclave bègue et bossu. D'après Plutarque, il fut mis à mort par les Delphiens. Esope vivait à la cour du roi de Lydie et écrivit des fables en s'inspirant des contes orientaux avant que La Fontaine ne s'inspirât des siens. Esope offrit à La Fontaine des canevas brefs et simplets. En fait, il donna à La Fontaine l'idée et l'intrigue de la fable que celui-ci mettait ensuite en forme. Phèdre: Ecrivain latin (15 av JC, 50 Ap JC). Il imita Esope dans ses 123 fables qui dotèrent la littérature latine d'un genre nouveau. Faërne: Né à Crémone en 1520. Il composa sur l'ordre de Pie IV 100 fables en vers imitées d'Esope, pour la plupart écrites dans un latin très élégant. Parues en 1564, soit 2 ans après sa mort, elles jouirent d'une telle popularité que Charles Perrault en fit paraître à Londres, en 1718, une belle édition dont le titre était: Verdizotti: Fabuliste italien (1530-1607). Comme Faërne, il publia 100 fables sous un titre analogue et qui traitent à peu près les mêmes sujets:Cento Favole Morali (1570). Il y a lieu de penser que c'est lui qui imita Faërne, et non le contraire. Il n'est pas impossible que La Fontaine s'en soit inspiré. Abstémius:(ou Bévilacqua): Bibliothécaire du Duc d'Urbin (Fin du XV°, début du XVI°). Il écrit en prose latine 200 fables. Elles sont parfois assez bien tournées et La Fontaine y eut recours de plus en plus dans ses dernières fables (Livres 9 à 12). Haudent: Poète normand du milieu du XVI° Siècle. Il a imité en vers, et d'assez près, toutes les fables d'Esope, au point d'en donner autant de versions différentes qu'il y a de versions différentes dans le texte original. "Trois cent soixante et six apologues d'Esope, très excellent philosophe, premièrement traduits en latin par plusieurs illustres auteurs, Laurens Valle, Erasme et d'autres, et nouvellement de latin en rythmes français par M.Guillaume Haudent", Rouen, 1547. Il est très vraisemblable que pour certaines fables, la Fontaine se soit inspiré de la version de Haudent Babrius, appelé aussi Gabrias par La Fontaine (III° siècle) A écrit un certain nombre de fables, mais qui ont été souvent égarées. Ses fables ont été déformées par un moine: Ignace qui les avait raccourcies en quatrains peu agréables à lire. La Fontaine s'inspira peu de cet auteur, si ce n'est pour certains thèmes. Les fabulistes orientaux, connus de La Fontaine par les histoires racontées par bernier, grand voyageur, de retour des Indes en 1669. La Fontaine s'inspira notamment des fables de Pilpay, dont l'original était écrit en sanscrit. La Fontaine s'en procura un exemplaire traduit en français sous le titre "Les lumières canopiques" par Gaulmin. Quelques fables tirées d'ouvrages arabes ou hébreux ont également parfois inspiré La Fontaine. Baderot Christophe CPC généraliste 10-2005 11