"Saga", la famille douloureuse de Jonathan
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"Saga", la famille douloureuse de Jonathan
Toutelaculture Soyez libre, Cultivez-vous ! http://toutelaculture.com "Saga", la famille douloureuse de Jonathan Capdevielle On ne sort jamais d'un spectacle de Jonathan Capdevielle totalement serein. Il marque au fer rouge nos âmes, toujours. Jerk, c’était il y a sept ans pour nous, la première fois, on l'aura vu trois fois depuis. La première fois on avait rencontré un fin jeune homme, sexy à en crever qui incarnait, par la marionnette et la ventriloquie un violeur d'adolescents morts. Quelle est la rage qui anime ce performeur incroyable ? La réponse dans Saga. [gallery ids="377294,377295,377296,377297"] Avant Saga, il y a donc eu Jerk puis Adishatz/Adieu. Ce dernier spectacle au titre en Gascon posait la question de l'enfance et de l'adolescence d'un jeune gay dans une terre où "on est pas des Pédés !" est une formule de courtoisie. Avec Saga, il continue d'explorer la question de la construction identitaire au sein d'une famille en province. Ici, nous sommes dans les Pyrénées, un peu loin de Tarbes, à Ger, un village inaccessible à moins d'être du coin. Sur scène, il y a d'abord le son d'un Amstrad que les plus de vingt ans connaissent bien, et il y a un texte, comme un préambule qui nous amène sur la route de l'enfance, comme dans une machine à remonter le temps. On rencontre, dans la voix de Jonathan bientôt de dos et sans micro pour cause de problèmes techniques délirants, la sœur Sylvie, son mari, les oncles, les tantes, les grands mères, l'extravagant Emile dont le mec est mort du Sida. Ça n'a l'air de rien car ici nous sommes dans l'absolue normalité du pire. Cette famille-là est toutes les familles avec son lot de gentils et de méchants, de cons et d'intelligents. "JoJo", le surnom est 1/2 Toutelaculture Soyez libre, Cultivez-vous ! http://toutelaculture.com insupportable autant que débillisant, grandit tant bien que mal à 10 bornes du lycée, il rêve de faire l'acteur et pour cela se prête au jeu des jobs de figurants assez humiliants dans un centre commercial ET culturel. On est dans le petit ici, dans les rêves riquiqui des petites villes. Il y a "les gens" qui parlent, disent des "conneries", dans un accent rond, chaud, qui vient chercher dans les graves. On entend comme une litanie : "Sans déconner ! ". On ressent le "cagnard" et les longues soirées à refaire tourner le même monde dans le même rond sous la véranda qu'on imagine. Il y évidement un chien de garde qui remplace la sonnette, c'est aussi ça la voix de Capdevielle. Sur scène ils sont quatre, Jonathan Capdevielle donc, accompagné de Marie Dreistadt, Jonathan Drillet et Frack Saurel. Ils sont la famille, les amis, les autres. Pour écrire cette biographie d'une violence inouïe, Capdevielle a invité sa sœur, Sylvie et Jonathan Drillet. Nous sommes dans un presque documentaire qui confronte les regards d'enfants posés sur un monde d'adultes, relus avec le regard d'un homme aujourd'hui. Nous sommes surtout dans un Chabrol où l'entre-soi de la sociabilité au village fait que les histoires prennent des allures de western. Saga dérange car le parti pris scénographique anti-réaliste nous oblige à ne pas nous attendrir, même quand les comédiens chantent en chœur "Je sais pas" de Céline Dion. Les teintes kitsch viennent ici noircir un tableau fait de petites misères, de petites humiliations et de grands malheurs aussi. Jonathan Capdevielle porte le récit populaire au rang de la performance, il tape juste en confrontant chacun de nous au misérables accommodements de l'adolescence. Visuel : ©Estelle Henania Tournée : Du mardi 14 au vendredi 17 avril à 20h30 à la Maison des Arts de Creteil et les 11 et 12 juin à la Rose des vents. 2/2 Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)