Du bâti à l`artisanat - Rouillé "Le bourg"
Transcription
Du bâti à l`artisanat - Rouillé "Le bourg"
COMMUNAUTE DE COMMUNES DU BATI A L’ARTISANAT : LE BOURG DE ROUILLE LE BOURG DE ROUILLE L’origine du bourg est très ancienne. Bien que des hommes y soient présents depuis la préhistoire, Rouillé, comme tant d’autres lieux, naît à l’époque gallo-romaine. La première mention de Rouillé saisie dans les textes date de 889. Elle apparaît dans un document du chapitre de Saint-Hilaire sous la forme « Roliacus villa ». Le toponyme « Rouillé » fait probablement référence au domaine d’un personnage gallo-romain du nom Rulius. En effet, une coutume s’était répandue chez les Celtes soumis à Rome : le nom donné à leurs terres est un mot hybride composé de deux éléments : le premier, un gentilice romain, et le second, le suffixe celtique acus. Au 5ème siècle, quand les Francs passent le Rhin et s’installent dans notre territoire, beaucoup de biens tombent en déshérence et deviennent propriété des chefs Francs. Clovis, pour remercier Dieu de son triomphe, fait abandon d’une partie de son fisc royal aux établissements ecclésiastique alors existants. Il en fut ainsi pour Rouillé. Il y a dans les chartes du chapitre de Saint-Hilaire, un acte de donation de Clovis à cette abbaye. Avant 1790, la paroisse de Rouillé faisait partie de l’archiprêtre d’Exoudun et de la châtellenie de Lusignan. Le chapitre de Saint-Hilaire était le principal seigneur et haut justicier de la paroisse. Au Moyen-Age, à quelques kilomètres de la ville de Poitiers, Rouillé est un lieu de passage obligé sur l’itinéraire des pèlerins allant de Lusignan à Saint-Maixent (abbaye prestigieuse, grâce à ses reliques) en direction de Saint-Jacques de Compostelle. L’appellation définitive actuelle de Rouillé n’apparaît dans les textes qu’à partir de 1596. Les habitants reçoivent le nom de rullicois. Un blason, confectionné au 20ème siècle, rappelle le passé seigneurial très présent dans la contrée : les familles Garnier de Boisgrollier, Gourjault de Venours et Moysen de l’Augerie. L’église : A l’époque mérovingienne ou carolingienne, Rouillé possédait une église où les moines de Saint-Hilaire venaient accomplir les fonctions de culte. Elle devait être construite au même endroit que l’église actuelle, comme l’indiquent les cercueils de pierre mis à jour lors de la suppression du vieux cimetière. Détruite sans doute lors des invasions Normandes, il n’en reste aucune pierre qui rappelle cette époque. Reconstruite à l’époque romane, elle fut depuis, plusieurs fois remaniée. Au Moyen-Age, les églises sont orientées vers l’Est, afin que le sanctuaire donne vers le soleil levant, vers Jérusalem. Or, on s’aperçoit que pour l’église Saint-Hilaire, le chœur est dirigé vers le sud-est. Il semble qu’à Rouillé, le passage du chemin de Saint-Sauvant ou les anciennes constructions d’une villa gallo-romaine, aient déterminé la direction et l’implantation des murs de l’église. Elle se présente actuellement avec un clocher-porche qui donne accès à une nef unique de trois travées, ouvrant sur un transept et un chœur à chevet plat. La partie la plus ancienne est localisée à l’extrémité du bras sud du transept, comme on peut facilement s’en rendre compte de l’extérieur avec la porte romane dite de Saint-Hilaire. Ruinée à la Révolution, l’église servit de temple protestant pendant quinze ans. Elle fut rendue au culte en 1813. Entre 1856 et 1881, la nef fut reconstruite sur un modèle roman. En 1875, un petit clocher carré, situé au-dessus du transept, est démoli pour laisser place à l’actuel clocher porche. Non loin de l’église existait une grange dimière. Ce bâtiment avait pour fonction le stockage de la « dîme », impôt de l'ancien régime portant principalement sur les revenus agricoles collectés en faveur de l’Eglise. Le temple : L’histoire de Rouillé se rattache surtout à celle des populations protestantes de l’ouest. Rouillé, situé dans la bordure orientale du Poitou protestant, est une enclave, au milieu d’un pays catholique. Les anciennes seigneuries réformées du sud de la commune servirent d’asile à la nouvelle doctrine de Calvin. Le culte protestant se déroule tout d’abord en plein air, puis dans l’église après la Révolution. En 1813, le Consistoire demande au Préfet de l’autoriser à acheter l’ancienne grange dimière qui, vendue comme bien national, pouvait servir de Temple. Le local est vaste mais très délabré. En 1869, le Conseil municipal entreprend de construire un nouveau temple. Il est achevé en 1884 sur les plans de l’architecte Royer. C’est un édifice néo-roman, tout en pierre, d’une superficie de 404 m2, pouvant accueillir 846 personnes. Le pignon de la façade principale est orné d’une grande rosace en vitrail, réalisée dans la seconde moitié du 20ème siècle. En 1993, la construction d’un orgue est confiée à Jean-Pascal Villard, facteur d’orgue de Thenezay. Il est inauguré le 3 décembre 1995. Sa vocation première est d'accompagner les offices religieux, mais aussi de réaliser des concerts de qualité. Cette ambition culturelle pourrait, ainsi, accroître le rayonnement du temple de Rouillé, cinquième temple français en superficie et le plus grand de l'Église Réformée dans le Grand Ouest de la France. En 1901, une chapelle dite église évangélique (protestants orthodoxes) est élevée sur la route de Saint-Maixent. Maisons du bourg : La Guerre de Cent Ans provoque d’importants dégâts sur le bâti de Rouillé, laissant peu de vestiges moyenâgeux. Actuellement, le bourg est constitué essentiellement de maisons du 19ème et 20ème siècle. Ce sont généralement des maisons hautes, constituées de deux niveaux, plus les combles. Les toits sont à deux ou quatre pentes, couverts d’ardoises et ornés de lucarnes assez différentes les unes des autres. Les façades présentent en général une grande symétrie. Les fenêtres deviennent de plus en plus petites vers le haut, ce qui contribue à créer un effet d’allègement du bâtiment. Dans la rue de la Libération, on peut admirer des sculptures ornant la façade de quelques maisons. L’emblème des « Compagnons du Tour de France » se trouve sur la façade de l’ancienne maison de Monsieur Girault, sculpteur. On peut remarquer dans la rue Basse, deux maisons datant du 15ème siècle dont une fut la maison natale de Clémentine Trouvé (jeune fille de 13 ans, guérie miraculeusement à Lourdes, le 21 août 1891). En 1836, un bureau de poste voit le jour, il ne cessera de changer d’emplacement. La mairie s’installe à sa place actuelle en 1840. La gare : La gare ferroviaire de Rouillé est ouverte le 7 juillet 1856 par la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans. Elle est située sur la ligne Poitiers – La Rochelle. Le camp d’internement : Pendant la dernière Guerre mondiale, l’Occupation donne une triste notoriété à Rouillé à cause d’un camp d’internement installé en mai 1941 non loin de la gare de Rouillé. Il était destiné avant tout aux détenus politiques, notamment communistes, de droit commun, aux indésirables étrangers et aux trafiquants du marché noir. Il est fermé après une attaque des Forces françaises de l’intérieur le 11 juin 1944. Il a par la suite servi, de septembre 1946 à octobre 1947, de lieu de détention pour les femmes poursuivies à la Libération. Le monument aux morts : Face aux conséquences dévastatrices de la guerre 14-18, les rullicois ont ressenti le besoin d’aménager un lieu de recueil, d’hommage et de mémoire aux victimes de la guerre. Le 27 novembre 1921 fut inauguré un monument élevé à la mémoire des enfants de la commune « morts pour la France ». Il représente un poilu débout tenant un drapeau dans ses bras. Les écoles : Au début du 19ème siècle, il existait dans le bourg de Rouillé, en dehors des écoles des Sœurs et des Frères, une école protestante de garçons, dont M. Rossignol était le directeur, et une école protestante de filles. La laïcisation de l’enseignement par Jules Ferry (loi du 28 mars 1882) fera apparaître l’école communale gratuite et obligatoire. En 1905, la commune de Rouillé fait édifier une école de filles près de la ligne de chemin de fer. Puis une nouvelle école de garçons est construite près de la mairie. Les salles furent réaménagées et forment l’actuelle salle polyvalente. En 1964, les écoles du bourg sont transférées dans un bâtiment neuf, construit à l’emplacement de l’ancien camp. Les locaux de l’ancienne école de filles accueillent successivement la cantine puis l’école maternelle. L’artisanat : Le bourg de Rouillé connait un essor économique, commercial et artisanal tout au long du 19ème et du 20ème siècle. Tous les corps de métiers sont représentés. Le docteur Frison veille sur la santé de la population, route du Grand Breuil, où il a installé chez lui une sorte de pharmacie-épicerie tenue par son épouse. Banques, compagnies d’assurances et même la perception sont présentes. On s’habille et on achète le linge de maison chez Manceau, aujourd’hui établissement centenaire. En 1930, une pompe à essence est installée chez un garagiste, près de l’église, pour les premières automobiles. Charrons, maréchaux-ferrants, bourreliers sont en nombre suffisant pour subvenir aux besoins des paysans et de leurs chevaux. Epicerie, coiffeurs, merceries et quincailleries longent les rues, sans oublier un banc-étal de poissonnerie, tenu par une femme, tous les jours sous les halles. Nombreux sont les cafés où les rullicois peuvent se désaltérer, notamment les jours de marchés et foires. Près du passage à niveau, l’hôtel des Voyageurs hébergeait les gens de passage. Rouillé, c’est aussi les établissements Bannier qui ont débuté par de la friperie. Le marché de Rouillé a lieu tous les vendredis matins. Il existe officiellement depuis le 16 juillet 1863. Ce fut cette même année que les vieilles halles furent construites pour le prix de 2.448 francs. Elles furent restaurées en 1994. C’est une construction à plan rectangulaire. La charpente, recouverte de lattes en bois, et la toiture en tuiles, sont soutenues par seize piles en maçonnerie de pierres. C’est sous ces halles, et aux abords, qu’avaient lieu les transactions : vente de volailles, d’œufs, de beurre et de fromages. Des foires avaient lieu au moins cinq fois par an, surtout en janvier et février car il n’y a pas de travaux agricoles en hiver. Lié dès l’origine à la vente des produits agricoles du terroir et à l’approvisionnement du panier de la ménagère, il continue d’être fidèle à sa vocation après bien des évolutions. Le marché couvert existe depuis 1967.