impact macroéconomique des baisses de charges sur les bas salaires

Transcription

impact macroéconomique des baisses de charges sur les bas salaires
Direction Générale du Trésor
et de la Politique Économique
IMPACT MACROÉCONOMIQUE
DES BAISSES DE CHARGES SUR
LES BAS SALAIRES
Charles-Antoine GIULIANI
Document de travail
Juin 2005
IMPACT MACROECONOMIQUE DES BAISSES DE CHARGES
SUR LES BAS SALAIRES
Charles-Antoine GIULIANI
Document de travail
Juin 2005
Ce document de travail n’engage que son auteur. L’objet de sa diffusion
est de stimuler le débat et d’appeler commentaires et critiques.
MINISTERE DE L’ECONOMIE
DES FINANCES ET DE L’INDUSTRIE
Direction générale du Trésor et de la politique économique
139, rue de Bercy - 75572 - PARIS Cedex 12
Je tiens à remercier Jean-Luc Schneider, Laurent Ménard, Marc-Antoine Lacroix et Benjamin Delozier pour leurs
commentaires et suggestions. Je demeure seul responsable de toutes les insuffisances qui pourraient subsister.
Sommaire
Résumé
3
Abstract
4
I-
L'enrichissement de la croissance en emploi en Europe pendant
les années 90
6
II -
Niveau de production potentiel et emploi des moins qualifiés et
des plus qualifiés dans le cadre d’un allègement de charges
10
III -
Les allègements de charge financés ont un impact positif sur le
potentiel de production et l'emploi s’ils sont ciblés sur des
travailleurs sans marges de négociation
20
IV -
Les allègements de charge financés moins spécifiquement ciblés
ont un impact incertain sur le potentiel de production
23
V-
Conclusion
26
VI -
Application : effet des allègements existants
27
VI.1 -
Hypothèses retenues
27
VI.2 -
Positionnement du modèle par rapport à la littérature pour un allègement non
financé
28
VI.3 -
Résultats du modèle pour un allègement financé
33
VI.4 -
Graphiques de variantes
39
VII - Annexes analytiques
53
VII.1 -
Modélisation et log-linéarisation du cas général
53
VII.2 -
Résolution du modèle et démonstration des principaux résultats
55
VII.3 -
Elasticités revenu de l'offre de travail et de substitution capital travail
macroéconomiques
58
Bibliographie
61
2
Résumé
Pendant les années 90, certains pays de la Zone Euro ont mené des politiques de baisse des cotisations
sociales sur les bas salaires afin de faciliter le retour à l'emploi des travailleurs moins qualifiés. Ces
politiques ont conduit à ce que les économistes appellent un « enrichissement de la croissance en emploi ».
En effet, sur cette période, à croissance économique donnée, l'emploi a connu en moyenne une progression
plus élevée qu'auparavant. Du point de vue de l'emploi des moins qualifiés, le succès de la baisse des charges
sur les bas salaires est indubitable (Partie I).
L'objet de l’analyse présentée ici est d'étudier l'impact macroéconomique de moyen terme de baisses de
charges sur le travail moins qualifié. L’analyse est menée dans le cadre d’un modèle macroéconomique
d’équilibre général. Ce type d’approche permet de comprendre les mécanismes de bouclage à l’œuvre et
d’apprécier les effets de long terme sur la croissance et l’emploi d’une mesure donnée. Le modèle présenté
ici est un enrichissement du modèle déjà présenté par Carnot et Quinet (2003) : il ajoute une fonction d’offre
de travail des moins qualifiés, laquelle dépend de leur salaire réel. Il permet également d’examiner les
conséquences du financement des allègements sur les moins qualifiés par une hausse de charges sur les plus
qualifiés (Partie II).
Un allègement de charge ciblé sur des salariés moins qualifiés sans pouvoir de négociation salariale conduit
à une augmentation de l’emploi moins qualifié et de la production, et laisse inchangé voire augmente
l’emploi plus qualifié ; et ceci même lorsque l’allègement de charge sur les bas salaires est financé par une
hausse des charges sur le reste de la population active de manière à laisser inchangées les recettes de finances
publiques (Partie III).
Les conséquences d’un allègement touchant des travailleurs disposant de suffisamment de pouvoir de
négociation pour revendiquer une partie de cet allègement sous forme d’une hausse de leur salaire sont plus
complexes. Si la mesure n’est pas financée, i.e. conduite sans rien changer aux paramètres des finances
publiques, elle est favorable à l’emploi moins qualifié, à l’emploi plus qualifié et à la croissance.
Si la mesure est financée par une hausse des charges sur le travail plus qualifié, l'effet sur l'emploi total et sur
le potentiel de production est moindre. En effet, des baisses ainsi financées modifient le coût du travail en
faveur des moins qualifiés mais pèsent parallèlement sur le niveau d'emploi des plus qualifiés dont le coût a
augmenté. Les entreprises substituent alors le travail moins qualifié au travail plus qualifié. L’effet sur le
niveau de production dépend alors des caractéristiques relatives des fonctions d’offre de travail des deux
types de travailleurs. Notamment, moins l’offre de travail des salariés peu qualifiés réagit au salaire réel, plus
l’impact sur la croissance est faible (Partie IV).
La conclusion centrale de ce travail est que pour peu qu’elles soit bien ciblées, les politiques de transfert de
charges entre travail moins et plus qualifié peuvent être bénéfiques à la fois pour l'emploi et la croissance.
Pour autant, lorsque l’offre de travail peu qualifié réagit peu au salaire, un arbitrage entre emploi et
croissance peut apparaître. Dans ce cas, les allègements s'apparentent à une politique de redistribution
(Partie V).
Le modèle est appliqué à l’étude des allègements de charge sur les bas salaires, qui touchent près de la moitié
de la population active. Il permet d’abord de souligner la grande incertitude qui entoure leur impact sur
l’emploi, incertitude qui reflète notre médiocre connaissance des paramètres d’intérêt sous-jacents.
Toutefois, le modèle donne une estimation centrale qui permet de confirmer l'importance des effets sur
l’emploi des allègements de charge sur les bas salaires.
Mots-clé : modèle d'équilibre général, offre de travail, cotisations sociales.
Classification JEL : .E24 - J 32.
3
Abstract
During the 1990s, some Euro Area countries led important policy changes aimed at reducing unemployment
rates for low-paid workers thanks to rebates on employers’ social security contributions on low-income
employees. As a result, during this period, economic growth was unusually "job rich": employment
responded more buoyantly to output growth than it had in the past. Indeed, the long standing trend of falling
employment among lower-skilled/lower-paid workers came to a halt around that time (Part I).
This paper examines the medium term macroeconomic impact of these rebates on employers’ social security
contributions on low-income workers (Part II).
Rebates on employers’ contributions on wages of workers with no wage bargaining power increase both
potential output and employment of low-paid workers, while leaving unchanged the level of employment of
skilled workers, even in the case where these rebates are financed through an increase in social contribution
on higher wages (Part III).
When rebates apply to workers with some wage bargaining power, the macroeconomic impact of these cuts
is less straightforward since workers managed to bargain part of them into a rise of their wages. However,
when rebates are not financed through a rise in another tax, employment of both lower and higher-skilled
workers increases, so does potential output.
When these rebates are financed by a rise in higher-skilled-workers social contributions, the overall impact
on output and total employment is lower. In this case, the cost of low-skilled labour decreases even more
compared with that of high-skilled workers. Firms will then substitute higher skilled work for lower skilled
work. The final effect on potential output depends on the elasticity of labor supply relative to wage of each
type of workers. The higher the wage bargaining power of low-skilled workers (i.e. the smaller the labor
supply elasticity), the lower the impact on potential output (Part IV).
On the whole, well targeted shifts of social contributions between lower and higher skilled workers can
benefit both employment and output. However, when rebates on employers social contribution apply to
workers that are not stimulated enough by the rise of their real income due to the cuts, these transfer policies
must address a dilemma between employment and growth and can be considered as redistribution policies
(Part V).
The impact of social contribution rebates decided in the late 1990s in France, which benefit about half of the
labour force, is examined within the framework of this model (Part VI).
Keywords : general equilibrium model, labour supply, social contributions
JEL classification : .E 24 - J 32.
4
I - L'enrichissement de la croissance en emploi en Europe pendant les
années 90
Pendant les années 90, les économistes ont pu observer dans la Zone Euro un « enrichissement de la
croissance en emploi ». En effet, sur cette période, à croissance économique donnée, l'emploi a connu en
moyenne une progression plus élevée qu'auparavant.
Cet enrichissement peut également se lire dans le contraste des variations des taux de participation1 et de
chômage2 entre les Etats-Unis, la Zone Euro et la France (voir graphiques 1 et 2)3. Sur 1993-2003, le taux de
participation a augmenté de 3 points en France et dans la Zone Euro et a baissé d’1 point aux États-Unis,
réduisant d'autant l'écart initial en faveur des États-Unis. Le taux de chômage a perdu 2 points dans la Zone
Euro, près d’1,5 point en France pour moins de 1 aux États-Unis, réduisant là aussi l'écart entre les deux
zones. Au total, le taux d'emploi s'est globalement amélioré de 4,3 points en Zone Euro sur la décennie, de
3,6 points en France alors qu'il stagnait aux Etats-Unis (graphique 3).
Graphique 1 : évolution du taux de chômage des Etats-Unis, de la Zone Euro entre 1993 et 2003
14%
12%
Pourcentage
10%
8%
6%
4%
2%
0%
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
Année
Etats-Unis
Zone Euro
France
(Source OCDE)
Graphique 2 : évolution du taux de participation des Etats-Unis, de la Zone Euro entre 1993 et 2003
80%
75%
Pourcentage
70%
65%
60%
55%
50%
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
Année
Etats-Unis
Zone Euro
France
(Source OCDE)
1
2
3
Défini comme le rapport de la population active âgée de 15 à 64 ans à la population totale âgée de 15 à 64 ans.
Défini comme le rapport de la population non employée âgée de 15 à 64 ans à la population totale âgée de 15 à 64 ans.
Voir DPAE n° 37, «Écarts de croissance et de productivité Zone Euro/États-Unis : un usage prudent de ces écarts s'impose», Laurent Ménard.
5
Graphique 3 : évolution du taux d’emploi des Etats-Unis, de la Zone Euro entre 1993 et 2003
80%
78%
76%
74%
Pourcentage
72%
70%
68%
66%
Les évolutions divergentes des taux d’emploi en
France et en zone Euro de celles des Etats-Unis
sont une manifestation de l’enrichissement de la
croissance en emploi
64%
62%
60%
58%
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
Année
Etats-Unis
Zone Euro
France
(Source OCDE)
En France, le succès des allègements de charge semble pouvoir se lire dans l’évolution de l’emploi non
qualifié. Environ 5 millions de personnes en France occupaient un emploi non qualifié en France, soit autant
qu’en 1982. Le nombre d’actifs ayant un emploi non qualifié a régulièrement décliné dans les années quatrevingts jusqu’en 1994, date à partir de laquelle l’emploi non qualifié n’a cessé d’augmenter, sauf en 2002.
Graphique 4 :Part de l’emploi non qualifié en France
29%
28%
27%
Pourcentage
26%
25%
24%
23%
22%
21%
20%
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
Année
% de l'emploi salarié
(source INSEE)
6
% de l'emploi salarié équivalent temps plein
2002
Par ailleurs, les données internationales d’emploi par qualification (recensées par l’OCDE depuis 1997
uniquement) montrent que la Zone Euro et la France ont très nettement abaissé le taux de chômage des
moins qualifiés, alors qu'il est resté constant aux Etats-Unis (graphique 5).
Graphique 5 : variation du taux de chômage par qualification initiale des Etats-Unis, de la Zone Euro
et de la France entre 1997 et 2002
2.0%
1.0%
0.0%
Pourcentage
-1.0%
-2.0%
-3.0%
-4.0%
-5.0%
-6.0%
-7.0%
Primaire
Secondaire
Secondaire supérieur
Supérieur
Niveau de formation initiale
Etats-Unis
Zone euro
France
(Source OCDE)
Les évolutions du taux de participation ont été moins contrastées mais également plus favorables pour la
Zone Euro (graphique 6). L’évolution en France est difficile à interpréter : les moins qualifiés ont diminué
leur participation mais celle des moyennement qualifié a tout autant augmenté que celle des plus qualifiés.
Graphique 6 : variation du taux de participation par qualification initiale des Etats-Unis, de la Zone
Euro et de la France entre 1997 et 2002
2.0%
1.5%
1.0%
Pourcentage
0.5%
0.0%
-0.5%
-1.0%
-1.5%
-2.0%
-2.5%
-3.0%
Primaire
Secondaire
Secondaire supérieur
Supérieur
Niveau de formation initiale
Etats-Unis
Zone euro
France
(Source OCDE)
7
Au total, le taux d’emploi des moins qualifiés a fortement augmenté dans la Zone euro (graphique 7). En
France, le taux d’emploi des moins qualifiés a reculé ; ce chiffre peut en partie s’expliquer par un départ à la
retraite anticipée d’une part importante des travailleurs moins qualifiés. Peut être que cela peut également
s’interpréter comme une occupation de plus en plus forte de postes non qualifiés par des travailleurs
qualifiés.
Graphique 7 : variation du taux d’emploi par qualification initiale des Etats-Unis, de la Zone Euro et
de la France entre 1997 et 2002
6.0%
5.0%
4.0%
Pourcentage
3.0%
2.0%
1.0%
0.0%
-1.0%
-2.0%
-3.0%
Primaire
Secondaire
Secondaire supérieur
Supérieur
Niveau de formation initiale
Etats-Unis
Zone euro
France
(Source OCDE)
Ces évolutions tendent à accréditer la thèse selon laquelle l'amélioration globale du taux d'emploi dans la
zone euro à la fin de la décennie résulterait pour partie de l'intégration dans l'emploi de moins qualifiés ou
l’occupation de postes non qualifiés par des qualifiés auparavant au chômage.
Ce phénomène peut être relié aux politiques décidées en faveur de l'emploi, notamment les baisses des
cotisations sociales sur les bas salaires et la plus grande attention portée à l'évolution du coût minimal du
travail. Ces politiques de l'emploi ont permis de réemployer des travailleurs qualifiés au chômage et peut-être
aussi de réduire le travail au noir.
Cette étude a pour objectif de proposer une méthode d’évaluation théorique de l'impact sur le potentiel de
croissance et sur l'emploi d'une baisse des cotisations sociales en faveur du travail moins qualifié, qu’elle soit
financée ou non par une hausse de cotisations sociales sur le travail plus qualifié.
8
II - Niveau de production potentiel et emploi des moins qualifiés et des plus
qualifiés dans le cadre d’un allègement de charges
La plupart des chiffrages de l'impact des baisses de charge sur l'emploi et le potentiel de production ont été
réalisés de manière économétrique sur des données observées. D’autres chiffrages ont été réalisés ex ante,
i.e. à partir d’hypothèses sur le marché du travail mais sans bouclage macroéconomique (voir partie VI.2) ou
sans offre de travail.
Le modèle développé ici tente de prendre en compte les effets de bouclage macroéconomique des mesures
d’allègements de charge en schématisant les principaux phénomènes économiques que l'on suppose à
l'oeuvre : la substitution entre travail plus qualifié et moins qualifié dans la production suite à l’évolution de
leurs coûts relatifs, les différences d'incitation pour les travailleurs moins et plus qualifiés suite à l'évolution
de leurs pouvoirs d'achat respectifs, les effets de retour liés à l'évolution du potentiel de production et de
l'emploi.
Le modèle utilisé est un enrichissement de celui déjà présenté par Carnot-Quinet4. Il ajoute une offre de
travail des moins qualifiés et examine la sensibilité des résultats à ce paramètre. De plus, il examine les
conséquences d’un allègement de charge financé sous différentes conditions (ex post, ex ante, avec ou sans
assurance chômage) par une hausse des charges sur le travail plus qualifié.
Ce modèle est dit « structurel » ou « classique ». Il n'est pas adapté à la prévision de phénomènes
conjoncturels ou de court terme mais permet d'examiner l'évolution de long terme du niveau de production
potentielle et de l’emploi après une réforme structurelle. L’hypothèse principale est que, sauf rigidités fixées
par l’Etat (comme le SMIC), les prix sont supposés parfaitement flexibles afin d’équilibrer l’offre et la
demande pour les facteurs de production : travail moins qualifié, travail plus qualifié et capital. Le capital est
supposé parfaitement mobile internationalement ; son coût est donc arbitré par les marchés internationaux et
supposé exogène.
L’interprétation économique d’un changement de taxation sur le travail moins qualifié ou le travail plus
qualifié peut être conduite graphiquement. Les graphiques utilisés représentent dans un plan le niveau de
travail moins qualifié effectivement utilisé(en abscisse) et le niveau de travail plus qualifié (en ordonnée).
Ces niveaux sont déterminés par l’intersection de deux courbes.
La première courbe, décroissante, dénommée offre de travail agrégé (et notée OTA), associe pour un niveau
de recettes fiscales donné, une quantité de travail moins qualifié à une quantité de travail plus qualifié . La
seconde courbe, croissante, dénommée demande de travail agrégé (et notée DTA) associe, pour un coût
relatif du travail, charges comprises, donné, une quantité de travail moins qualifié à une quantité de travail
plus qualifié.
II.1 - La demande de facteurs de l’entreprise
La production totale (soit le Produit Intérieur Brut, PIB) Y est supposée résulter de la combinaison de trois
facteurs : le travail moins qualifié N , le travail plus qualifié Q et le capital K . Le travail moins qualifié est
supposé taxé à hauteur de ϕ et le travail plus qualifié à hauteur de ψ . Le prix de production est noté P . Le
coût d'une unité de travail moins qualifié est donc de (1 + ϕ )W , où W est le salaire effectivement perçu par
les travailleurs et celui du travail plus qualifié de (1 + ψ ) Z , où Z le salaire effectivement perçu par les plus
qualifiés. Le coût de location d'une unité de capital pour la production est noté CK . Ce coût comprend non
seulement la nécessité de rémunérer les actionnaires à hauteur du taux d’intérêt et la nécessité de maintenir le
stock de capital intact en compensant sa dépréciation. L'efficience du travail moins qualifié est notée E et
celle du travail plus qualifié est notée F ; l'efficience mesure combien d'unités de travail sont réellement
nécessaires pour fabriquer une unité de production. Plus l'efficience est élevée, moins il faut d'unités de
travail. Pour faciliter l'exposé, le raisonnement est mené sur les taux de croissance. Les grandeurs
économiques seront notées en majuscules et leurs taux de croissance seront notés en minuscule.
4
Voir le complément B du rapport n°30 «Plein-emploi» du Conseil d'analyse économique de Jean Pisani-Ferry et le n°1 de 2003 des Recherches
économiques de Louvain.
9
L’économie est supposée en concurrence parfaite. Les profits sont donc nuls et la valeur ajoutée équilibre
exactement le coût d'utilisation des facteurs :
PY = W (1 + ϕ ) N + Z (1 + ψ ) Q + CK K
Les rendements sont supposés constants : un doublement de la quantité de travail moins et plus qualifié et du
stock de capital résultent en un doublement de la quantité produite.
La conjugaison de ces deux hypothèses de concurrence parfaite et de rendements constants permet de
démontrer que les facteurs de production sont utilisés et rémunérés à hauteur de leurs rendements moyens.
Notons α la part de la rémunération, charges comprises, du travail moins qualifié dans la valeur ajoutée (soit
(1 + ϕ )WN ) et β celle du travail plus qualifié, charges comprises également (soit β = (1 + ψ ) ZQ ). Une
α=
PY
PY
utilisation optimale des facteurs implique qu'une augmentation d'un pour cent du travail moins qualifié, du
travail plus qualifié ou du stock de capital conduisent respectivement à une augmentation de α , β ou
1 − α − β pour cent de la production. Ceci s'écrit sous la forme d'une équation dite de production :
y = α n + β q + (1 − α − β ) k
(1)
De même, puisque les entreprises sont supposées ne faire aucun profit, la formation des prix est faite de
façon à respecter ces ratios. Une augmentation de un pour cent du coût du travail moins qualifié, du travail
plus qualifié ou de la location du capital conduit à une hausse de α , β ou 1 − α − β pour cent du coût de la
production et donc des prix de vente. Ceci s'écrit sous la forme d'une équation dite de formation des prix des
5
facteurs :
(
)
(
)
p = α w + ϕ + β z + ψ + (1 − α − β ) cK
(2)
Comme l’économie est supposée semi-ouverte, la balance courante n'est pas modélisée mais le taux d'intérêt
réel est supposé exogène, hypothèse censée refléter une parfaite mobilité internationale du capital et un
arbitrage parfait par les marchés internationaux du coût du capital. Le coût du capital évolue donc
proportionnellement au niveau des prix, comme indiqué plus haut :
cK = p
(3)
L’entreprise est supposée produire au coût le plus bas possible et donc optimiser l’utilisation de chacun des
trois facteurs de production : le travail moins qualifié, le travail plus qualifié et le capital. Ces facteurs de
production sont supposés partiellement substituables les uns aux autres.
Par simplification, travail plus qualifié et capital sont supposés parfaitement complémentaires. Cette
hypothèse revient à supposer que le capital ne peut être utilisé que par les travailleurs plus qualifiés.
L'utilisation optimale des facteurs de production nécessite que travail plus qualifié et capital restent dans un
rapport constant. Toute variation de ce rapport se traduirait par un gâchis de ressources : un accroissement de
l'utilisation d'un seul de ces deux facteurs ne permet pas d'accroître la production. Ainsi, une augmentation
du nombre de machines outils dans une entreprise ne se traduira pas par un accroissement du volume de
production si des salariés plus qualifiés supplémentaires ne sont pas employés en parallèle à due proportion.
L’hypothèse de parfaite complémentarité entre travail plus qualifié et capital se traduit par le fait qu’ils
doivent évoluer au même rythme :
q=k
(4)
En revanche, le travail moins qualifié est supposé partiellement substituable au travail plus qualifié et au
capital. Cette hypothèse revient à supposer, par exemple, que la production d'un même bien peut être soit
réalisée par des machines outils pilotées par des travailleurs plus qualifiés, soit manuellement par des
travailleurs moins qualifiés.
Le comportement des entreprises conduit à ajuster le rapport de l'utilisation de ces facteurs dans la
production en fonction de leurs coûts relatifs et de leur élasticité de substitution que l'on notera σ .
5
ϕ
10
n'est pas le taux de croissance de
ϕ
mais celui de 1 + ϕ :
ϕ=
dϕ
1+ϕ
. De même pour ψ .
Quantité de travail plus qualifié et de capital
Graphique 8 : différentes combinaisons de facteurs pour un même niveau de production
Une infinité de combinaisons (travail
moins qualifié, travail plus qualifiécapital) sont possibles pour obtenir un
même niveau de production.
Le niveau de travail moins qualifié
retenu et donc de travail plus qualifiécapital va dépendre du coût relatif de ces
facteurs
Y'
Pour un même niveau d’emploi
moins qualifié, l’utilisation de
plus d’emploi plus qualifié va
permettre d’augmenter le niveau
de la production.
Le niveau de production en Y ' est
donc supérieur à celui en Y .
Y
Quantité de travail moins qualifié
Graphique 9 : une seule combinaison de facteurs pour un niveau de production et un coût relatif des
facteurs donné
Quantité de travail plus qualifié et de capital
B
Y'
Ensemble des combinaisons productives retenues par
une entreprise pour un coût relatif des facteurs donné.
A
Pour produire un niveau équivalent à Y , l’entreprise
demandera du travail moins qualifié et du travail plus
qualifié-capital comme donné au point A . Pour
produire un niveau équivalent à Y ' , l’entreprise
demandera des facteurs comme indiqué en B
Y
Quantité de travail moins qualifié
11
En taux de croissance, une augmentation de un pour cent du coût relatif du travail moins qualifié (dont
l’augmentation s’écrit w + ϕ ) par rapport à celui du couple travail plus qualifié-capital (dont l’augmentation
1 
β
β z + ψ + (1 − α − β ) cK  car ce couple est composé à hauteur de
de travail plus
s’écrit


1−α
1−α
1−α − β
qualifié et à hauteur de
de capital) conduit à une baisse de σ pour cent de l'utilisation relative du
1−α
travail moins qualifié par rapport au travail qualifié. Ceci s'écrit sous la forme d'une équation dite de
demande des facteurs :
(
)
(
)
(
)
1 


n − q = −σ  w + ϕ −
β z + ψ + (1 − α − β ) cK  


1−α


(5)
Le graphique 8 permet de visualiser les mécanismes en jeu. La courbe (Y) représente les différentes
combinaisons possibles de facteurs pour aboutir au même niveau de production6. De moins en moins de
travailleurs moins qualifiés et plus de travailleurs plus qualifiés et de capital sont utilisés pour produire la
même quantité, au fur et à mesure que l'on se déplace vers la droite sur la courbe (Y). La courbe (Y’) utilise
plus de travail plus qualifié pour un même niveau de travail moins qualifié et réciproquement. Le niveau de
production en (Y’) est donc supérieur à celui sur la courbe (Y).
Le graphique 9 illustre le rôle des coûts relatifs des facteurs dans la détermination de leur utilisation par
l’entreprise. Pour un niveau de production donné et un coût relatif donné, l’entreprise demande exactement
un certaine quantité de chacun des facteurs : pour produire un niveau (Y), elle demande une quantité de
facteurs comme donnée en A et pour un niveau (Y’) une quantité comme donnée en B.
II.2 - Offre de travail des moins qualifiés et des plus qualifiés
Le travailleur moins qualifié représentatif, tout comme le travailleur plus qualifié représentatif, arbitre son
1
offre de travail en fonction de son pouvoir d'achat. En taux de croissance, en notant
l'élasticité revenu de
λ
1
celle du travail plus qualifié, cet arbitrage signifie qu'une augmentation
ρ
de un pour cent de l'offre de travail nécessite une augmentation de λ ou ρ pour cent du salaire réel pour
respectivement les moins qualifiés et les plus qualifiés. Ceci se traduit par les équations d'offre de travail :
l'offre de travail moins qualifié et
w − p = λn
(6)
z − p = ρq
(7)
Ces élasticités revenu sont des propriétés locales et dépendent du niveau de salaire autour duquel le
raisonnement en taux de croissance est effectué. Elles permettent de déterminer des variations localisées de
l’offre de travail du fait de variations localisées du revenu réel : à l’extrême, certains travailleurs sont prêts à
travailler pour n’importe quel revenu supplémentaire, pour survivre si leur salaire est nul, tandis que les
mêmes ne seraient pas prêts à travailler une heure supplémentaire, quel que soit le montant d’augmentation
de rémunération proposé, si leur salaire était déjà extrêmement élevé. Le graphique 10 permet de comprendre
comment l’offre de travail, aussi bien des moins qualifiés que des plus qualifiés, est déterminée.
De manière générale, plus le salaire réel proposé est élevé, plus l’offre de travail est importante, comme
donné par la courbe (O). L’offre de travail correspond à un nombre d’unités de travail utilisées par les
entreprises et peut représenter soit des hommes, soit des heures. Cette spécification est relativement
indifférente dans le cas d’un examen des conséquences d’un allègement de charges mais ne le serait pas dans
le cas d’une réforme de la durée du travail. Les déterminants conduisant à cette offre de travail n’ont pas
besoin d’être connus : travailleurs qui préfèrent travailler un plus grand nombre d’heures par semaine,
chômeurs qui acceptent un emploi, salariés âgés qui reculent l’âge de leur retraite, travailleurs émigrés, etc.
6
A chaque point du plan peut être associée une courbe d'isoproduction. Si cette courbe se situe «au-dessus» d'une autre courbe d'iso-production, elle
correspond à un niveau de production supérieur car elle emploie par définition plus d'au moins un des deux facteurs : travail moins qualifié ou capital
élargi (combinaison du travail plus qualifié et du capital).
12
Pour autant, des limites légales viennent réguler le marché du travail. D’une part, l’heure de travail ne peut
être rémunérée en deçà d’un salaire minimum, le SMIC, donné par la courbe (W). D’autre part, l’offre de
travail ne peut excéder une certaine quantité d’heures travaillées fixée légalement (durée légale du travail par
employé, âge de départ à la retraite, interdiction du travail des enfants, régulations sur l’immigration, etc.),
donnée par la courbe (L). Au total, du fait de ces contraintes, l’offre de travail effective correspond à la
courbe (WOL) formée par les sections en traits continus des courbes (W), (O) et (L).
Graphique 10 : offre de travail en fonction du salaire réel
O
Salaire réel
Le travail ne peut être
proposé au-delà de sa
durée légale
Dans cette zone, le salaire des
travailleurs et le niveau de leur offre
de travail est déterminé par un
équilibre de marché.
Les travailleurs prêts à
travailler à moins que le
SMIC sont également
prêts à travailler au
SMIC
Plus le salaire réel proposé est élevé,
plus l’offre de travail est importante
SMIC
W
Limites légales et
L physiques au travail
Quantité de travail offerte
Le graphique 11 permet alors de comprendre comment l’équilibre sur le marché du travail se traduit en
termes d’emploi et de rémunération. La quantité de travailleurs effectivement employée est l’intersection
d’une courbe de demande des entreprises (D, D’ ou D’’) et de la courbe d’offre (WOL).
Lorsque la demande de travail (D) coupe la courbe (WOL) sur sa partie commune avec (W), la demande de
travail des entreprises est contrainte par le salaire minimum : les entreprises voudraient embaucher plus de
travailleurs en les payant moins. Ceux-ci seraient également disposés à travailler pour cette rémunération
plus faible mais la législation empêche la réalisation de cet équilibre, intersection de (D) et de (O). Dans ce
cas, le chômage est dit involontaire.
En revanche, si la demande de travail (D’) coupe l’offre de travail (WOL) en un point où le salaire est
supérieur au salaire minimum et où la quantité de travail demandée est inférieure à la quantité totale (i.e. sur
sa partie commune avec la courbe (O) ), le salaire et le niveau d’emploi sont déterminés par un équilibre de
marché. Dans ce cas, le chômage est dit volontaire.
Enfin, lorsque la demande (D’’) de travail coupe l’offre de travail sur sa partie commune avec (D), la main
d’œuvre est en quantité insuffisante et les entreprises embauchent autant que la limite légale leur permet.
Comme la quantité de travail offerte est alors limitée, les salariés peuvent négocier un salaire plus élevé que
celui qui permettrait déjà de tous les embaucher.
13
Graphique 11 : différents équilibres possibles pour l’offre et la demande de travail
D
D'
L
Salaire réel
C
O
En C, l’entreprise ne peut
embaucher autant de travailleurs
moins qualifiés qu’elle le souhaite
car elle est limitée en quantité.
Elle doit payer ses salariés plus
cher pour les garder.
D''
En A, l’entreprise ne peut
pas embaucher autant de
travailleurs moins qualifiés
qu’elle le souhaite car elle
doit les payer au SMIC.
B
En B, l’entreprise et les
travailleurs négocient un salaire
permettant d’atteindre l’équilibre
de marché
W
A
E
Quantité de travail offerte
II.3 - Offre et demande de travail dans le cadre d’un allègement de charges
Les considérations précédentes sur la demande et l’offre de travail peuvent être mises à profit pour étudier
l’impact d’allègements de charges, financés ou non par une augmentation de charges sur le travail plus
qualifié. Sous certaines hypothèses7, un tel impact peut être déterminé graphiquement dans un plan donnant
la quantité de travail moins qualifié en abscisse et la quantité de travail plus qualifié en ordonnée. Le nouvel
équilibre est alors l’intersection d’une offre de travail généralisée, dite « offre de travail agrégée » et d’une
demande de travail généralisée, dite « demande de travail agrégée ».
Le nombre d'unité de travail utilisées sera noté L = N + Q . En notant π i.e. la proportion de travailleurs
moins qualifiés parmi l’ensemble des travailleurs, cette relation s'écrit en taux de croissance :
l = π n + (1 − π ) q
(8)
Tous les prix sont déterminés par rapport à P . Ceci revient à fixer p = 0 dans les équations (ce qui annule
également la variation du coût du capital) et à lire tous les autres prix comme des prix relatifs.
La combinaison des équations respectives de la formation des prix et des offres de travail ainsi que de la
demande des facteurs et les offres de travail permet de résumer l'ensemble des équations à la résolution du
système suivant, qui détermine le taux de croissance du travail moins qualifié et du travail plus qualifié en
fonction des évolutions de la taxation. Ces équations sont détaillées en (9) et (10) et déterminent
respectivement les courbes (DTA) et (OTA) :
(1 + σλ ) n − 1 +

7
Voir annexe VII.1
14
β
σ 

σρ  q = −
(1 − α )ϕ − βψ 
1−α
1−α 

(DTA) (9)
αλ n + βρ q = −αϕ − βψ
(OTA) (10)
Ces courbes sont écrites en taux de croissance. Les courbes correspondantes en variables en niveau peuvent
localement être assimilées à ces hyperboles :
N 1+σλ Q
β


−  1+
σρ 
 1−α 
= ϕ −σψ
N αλ Q βρ = ϕ −αψ − β
σ
β
1−α
(11)
(12)
La demande de travail agrégée (voir graphique 12) donne l’ensemble des combinaisons (travail moins
qualifié, travail plus qualifié) possibles pour un rapport des taux de prélèvement travail moins qualifié/travail
plus qualifié donné. Chaque combinaison correspond alors à la quantité de travail moins qualifié et de travail
plus qualifié demandée par les entreprises pour ce rapport de taux de taxation donné. La détermination de ces
combinaisons possibles tient compte non seulement de la demande des entreprises en travail moins et plus
qualifiés mais également de l’offre de travail des moins et plus qualifiés : c’est en cela qu’il s’agit d’une
demande de travail « agrégée ». La courbe (9) (ou (11) en niveau) correspondante est une hyperbole
croissante dans le plan ( P, Q ) . Pour un niveau relatif de taxation des facteurs donnés ( (1 − α ) ϕ − βψ = 0 en
σ
β
taux de croissance, ou encore ϕ −σψ 1−α constant localement), une augmentation de la taxation du travail
plus qualifié doit être accompagnée d’une augmentation de la taxation du travail moins qualifié : la
demande de travail agrégée est croissante. L’augmentation du coût de ces deux facteurs se traduira par une
diminution de la demande par les entreprises de ces deux facteurs.
L’offre de travail agrégée (OTA) donne l’ensemble des combinaisons (travail moins qualifié, travail plus
qualifié) possibles pour un niveau de prélèvement donné. Chaque combinaison correspond alors à une
taxation particulière du travail moins qualifié et du travail plus qualifié qui permet de dégager les recettes
fiscales correspondantes. La détermination de ces combinaisons possibles tient compte non seulement de
l’offre de travail des moins qualifiés et des plus qualifiés mais également du comportement des entreprises
(les combinaisons possibles retenues tiennent compte de la condition de profit nul des entreprises) : c’est en
cela qu’il s’agit d’une offre de travail « généralisée ». La courbe (10) (ou (12) en niveau) correspondante est
une hyperbole décroissante dans le plan ( P, Q ) . Pour un niveau de prélèvement donné total donné (soit
αϕ + βψ = 0 en taux de croissance, ou encore ϕ αψ β constant localement), une augmentation de la taxation
du travail moins qualifié permet de baisser la taxation du travail plus qualifié. La rémunération réelle après
taxe du travail plus qualifié augmente et l’offre de travail plus qualifié avec ; le même phénomène joue en
sens inverse sur l’offre de travail moins qualifié.
Lorsque la mesure d’allègement de charges sur les moins qualifiés est financée par reprofilage, la baisse de
recettes liés à la baisse de la taxation sur le travail moins qualifié doit être exactement compensée par une
hausse de recettes sur le travail plus qualifié. La compensation est réalisée de manière à ce que les recettes
exprimées en points de PIB demeurent constantes, ce qui s'écrit :
αϕ + βψ = 0
(13)
Ceci correspond à un calibrage des finances publiques ex ante, qui ne tient pas compte de la baisse des
dépenses d’assurance chômage, et qui n’est également valable ex-post que si les taux de cotisations sociales
ex ante sur le travail moins et le travail plus qualifié sont égaux, et si les variations des parts des salaires des
moins qualifiés et des plus qualifiés dans la valeur ajoutée sont négligeables. Cette approximation n’est pas
faite dans la section VI consacrée à une application numérique, où les financements sont réalisés ex post.
En conséquence, dans ce cas, la courbe (OTA) ne se déplace pas et le nouvel équilibre se situe toujours
dessus.
Le graphique 12 permet de comprendre l’intuition derrière l’offre de travail agrégée. Supposons que nous
nous intéressions aux conséquences d’un allègement de charges autour d’un point où le chômage des moins
qualifiés est involontaire. Dans ce cas, l’offre de travail des moins qualifiés est localement plate : il n’est pas
nécessaire que les entreprises augmentent la rémunération des moins qualifiés pour en embaucher davantage.
Cette hypothèse implique que la rémunération des moins qualifiés ne va pas varier : c’est par exemple ce qui
15
se passe au niveau du SMIC. Dans ce cas, l’élasticité revenu du travail moins qualifié est infinie : une
augmentation infinitésimale du revenu conduirait à faire que tous les moins qualifiés voudraient travailler.
L’équation de l’offre de travail agrégée s’écrit alors :
βρ q = −αϕ − βψ
Supposons maintenant que les charges sur le travail moins qualifié soient diminuées et que cette mesure soit
financée par une hausse des charges sur le travail plus qualifié (dans ce cas l’offre de travail agrégée se
résume à q = 0 ). Nous allons montrer que la variation du salaire réel (ou net) des plus qualifiés est nulle et
que leur offre de travail demeure identique8. En première approximation, l’hypothèse de financement
implique que la hausse du taux apparent des charges sur le travail plus qualifié doit se faire dans le rapport
inverse des masses salariales respectives, taxes comprises, des plus et des moins qualifiés. Comme les
entreprises sont supposées ne pas faire de profit et n’ont pas à augmenter le niveau de rémunération des
moins qualifiés pour en embaucher davantage, elles répercutent l’ensemble de la baisse de leurs coûts sur le
travail moins qualifié en hausse de rémunération du facteur limitant, le travail plus qualifié. Au total, la
hausse de la rémunération brute du travail plus qualifié proposée par les entreprise augmente d’un montant
semblable à celui des charges. Le salaire net réel des plus qualifiés ne varie pas et leur offre de travail reste la
même. Comme le montre la figure 13, pour un niveau de prélèvement donné, lorsque le travail moins
qualifié est involontaire, le niveau de travail plus qualifié est fixe à l’équilibre quel que soit le profilage des
allègements entre travail moins et plus qualifié ( q = 0 ).
Quantité de travail plus qualifié et de capital
Graphique 12 : demande de travail agrégée
Ensemble des combinaisons
productives possibles retenues par
une entreprise pour un rapport de
taxation entre travail moins et plus
qualifié donné
Quantité de travail moins qualifié
8
Le chômage des plus qualifiés est supposé volontaire : en effet, qualification et niveau de rémunération sont équivalents dans le modèle considéré et
les plus qualifiés doivent forcément être rémunérés au-delà du SMIC pour que le salaire moyen de l’économie soit différent du SMIC.
16
Quantité de travail moins qualifié
Salaire réel des plus qualifiés
Les allègements sont conduits au
niveau du SMIC uniquement
Quantité de travail plus qualifié et de capital
Salaire réel des moins qualifiés
Graphique 13 : offre de travail agrégée lorsque le chômage des moins qualifié est involontaire
Quantité de travail plus qualifié
Pour un niveau de prélèvement donné, la quantité de travail plus
qualifiée employée est fixe
Quantité de travail moins qualifié
17
Les allègements sont conduits audelà du SMIC
Quantité de travail plus qualifié et de capital
Quantité de travail moins qualifié
Salaire réel des plus qualifiés
Salaire réel des moins qualifiés
Graphique 14 : offre de travail agrégée lorsque le chômage des moins qualifiés est volontaire
Quantité de travail plus qualifié
Pour un niveau de prélèvement donné, une infinité de
combinaisons d’offre de travail moins et plus qualifiés
peuvent exister à l’équilibre
Une augmentation de la taxation du travail plus
qualifié diminuera la quantité de travail plus qualifié
offert et augmentera, à niveau de prélèvement global
donné, l’offre de travail moins qualifié
Quantité de travail moins qualifié
18
Le graphique 14 illustre également une offre de travail agrégée mais lorsque le chômage des moins qualifiés
est volontaire. Ce graphique permet donc d’illustrer les conséquences d’allègements de charge qui sont ciblés
sur des salariés pouvant négocier une partie de la baisse des allègements sous forme d’augmentation de leur
rémunération.
Dans ce cas, l’offre de travail des moins qualifiés est pentue : les entreprises doivent augmenter la
rémunération des moins qualifiés pour en embaucher davantage. Supposons maintenant que les charges sur
le travail moins qualifiées soient diminuées et que cette mesure soit financée par une hausse des charges sur
le travail plus qualifié. Comme dans le cas précédent, en première approximation, l’hypothèse de
financement implique que la hausse du taux apparent des charges sur le travail moins qualifié doit se faire
dans le rapport inverse des masses salariales respectives, taxes comprises, des plus et des moins qualifiés à la
baisse de charge sur le travail moins qualifie. Comme les entreprises sont supposées ne pas faire de profit,
elles répercutent l’ensemble de la baisse de leurs coûts sur le travail moins qualifié et de la hausse du coût du
travail plus qualifié en changeant les niveaux de rémunération. La rémunération du travail plus qualifié
augmente mais dans une moindre proportion que précédemment puisque l’entreprise doit tout de même
augmenter le salaire réel des moins qualifiés pour en embaucher davantage. Au total, la quantité de travail
plus qualifié diminue et la quantité de travail moins qualifié augmente : l’offre de travail agrégée est
donc décroissante comme le montre la figure 14.
Ces deux graphiques illustrent l’importance d’une définition précise des « moins » et « plus » qualifiés pour
étudier l’impact d’un allègement de charge. Un allègement de charges sur des salariés sans pouvoir de
négociation, ou même une hausse de SMIC, s’étudiera dans le cadre d’un graphique similaire au graphique
13. Un allègement de charge profilé sur des bas salaires sur des travailleurs avec pouvoir de négociation
salariale s’étudiera dans le cadre d’un graphique similaire au graphique 14.
Lorsque l’allègement est financé ( αϕ + βψ = 0 ), le niveau de recettes fiscales est fixe et donc l’emploi des
moins qualifiés et des plus qualifiés se déplace le long de cette courbe (qui s’écrit alors αλ n + βρ q = 0 ).
III - Les allègements de charge financés ont un impact positif sur le potentiel
de production et l'emploi s’ils sont ciblés sur des travailleurs sans marges de
négociation
Dans cette partie, par opposition à la partie suivante, il est supposé que le chômage des moins qualifiés est
involontaire. En d’autres termes, l’emploi des moins qualifiés est contraint par la demande et les entreprises
peuvent augmenter leur utilisation de travail moins qualifié sans avoir à augmenter le salaire réel des
travailleurs moins qualifiés. C’est le cas décrit dans la figure 13. Cette propriété n’est valable que lorsque la
mesure d’allègements envisagée est explicitement ciblée sur des salariés moins qualifiés sans pouvoir de
négociation salariale.
L’effet d’un allègement de charge va être examiné de manière graphique (voir graphique 15). Le niveau de
production d'équilibre est déterminé par l'intersection d'une courbe d’offre de travail agrégée (OTA) et d'une
courbe de demande de travail agrégée (DTA).
La courbe (OTA) correspond à l'offre de travail pour un niveau de prélèvement donné. Comme tous les
travailleurs moins qualifiés veulent travailler indépendamment de leur rémunération nette, la courbe est une
droite horizontale, comme vu lors de l’examen de la figure 13. Si le niveau de prélèvement total diminue, la
courbe se déplace vers la haut : le salaire réel des plus qualifiés augmente et les travailleurs plus qualifiés
sont plus enclins à travailler. En cas de mesures d’allègements de charges par reprofilage, cette courbe ne se
déplace pas.
La courbe (DTA) correspond à la demande de facteur travail pour un coût relatif des facteurs donné. Si le
coût relatif du travail moins qualifié diminue, cette courbe se déplace vers la droite : pour un même niveau
de travail plus qualifié, les firmes demanderont plus de travail moins qualifié. A contrario, si le coût relatif
du travail moins qualifié augmente, la courbe se déplace vers la gauche.
19
Graphique 15 : effet d’un allègement de charges NON FINANCE ciblé, pas de négociation salariale
des moins qualifiés
Quantité de travail plus qualifié et de capital
DTA
DTA'
A'
A
OTA'
L’emploi des moins et des plus
qualifiés augmente, ainsi que le
potentiel de production
Y'
OTA
Y
Quantité de travail moins qualifié
Allègement non financé, pas de négociation salariale des moins qualifiés (graphique 15)
Examinons les conséquences d'un allègement non financé des charges sur le travail moins qualifié
(graphique 15). L’équilibre avant réforme est supposé se situer au point A et le niveau de production
correspondant est donné par la courbe (Y) :
•
L'offre de travail qualifié augmente : en effet, la rémunération nette du travail moins qualifié ne
bouge pas (car les travailleurs moins qualifiés sont indifférents à leur salaire, qui n'a pas besoin d'augmenter)
et la réduction des coûts liée à la baisse des charges bénéficie entièrement à la rémunération nette du travail
qualifié, puisque le raisonnement est mené en concurrence parfaite (la baisse de charges ne peut pas être
durablement captée par le profit et le coût du capital est supposé exogène). Au total, la courbe (OTA) se
déplace vers le haut et devient (OTA').
•
Du fait de la réduction du coût relatif du travail moins qualifié, la demande de travail se déplace vers
le bas et la droite, de (DTA) vers (DTA'). Le nouvel équilibre se situe alors au point A'.
•
Au total, l'emploi des moins qualifiés, l'emploi des plus qualifiés et la valeur ajoutée (courbe de
niveau de production (Y')) augmentent.
Allègement financé, pas de négociation salariale des moins qualifiés (graphique 16)
Les conséquences d'un allègement de charges sur le travail moins qualifié financé par une augmentation des
charges sur le travail plus qualifié peuvent se lire sur le graphique 16. Comme dans le cas précédent,
l’équilibre avant réforme est supposé se situer au point A et le niveau de production correspondant est donné
par la courbe (Y) :
•
Le niveau de prélèvement moyen sur le travail ne variant pas, l'offre de travail ne bouge pas et les
courbes (OTA) et (OTA') se confondent.
•
En revanche, la demande de travail se déplace vers le bas et la droite, comme dans le cas précédent
car le coût relatif des facteurs varie de la même façon.
20
•
Au total, l'emploi des plus qualifiés n'augmente pas mais l'emploi des moins qualifiés augmente
si bien que la valeur ajoutée augmente également. Le nouvel équilibre se situe au point A'. Logiquement,
le niveau de production d'équilibre (courbe (Y')) se situe au-dessus de l'état initial mais au-dessous du niveau
du cas non financé.
Graphique 16 : effet d’un allègement de charges FINANCE, pas de négociation salariale des moins
qualifiés
Quantité de travail plus qualifié et de capital
Y'
DTA
DTA'
Y
A
A'
L’emploi des moins qualifiés
augmente, l’emploi des plus qualifiés
stagne et le potentiel de production
augmente
OTA'
OTA
Quantité de travail moins qualifié
Conclusion sur les conséquences d’un allègement de charges sur des travailleurs sans pouvoir de
négociation salariale
Dans tous les cas, non financé ou financé par reprofilage, un allègement de charges sur des travailleurs sans
pouvoir de négociation salariale, par exemple sur les travailleurs payés au SMIC, se traduit par une hausse du
niveau de production potentiel et de l’emploi des moins qualifiés. Au pire, l’emploi plus qualifié stagne.
Toutefois, ce résultat repose fondamentalement sur l’hypothèse que ces allègements sont conduits sur une
population sans pouvoir de négociation. Ce cas où l'offre de travail des moins qualifiés est indifférente à la
variation du salaire réel est le seul cas où, même lorsque la mesure est financée, aucune baisse de travail plus
qualifié n'est enregistrée. En effet, le travail moins qualifié n'est alors pas une ressource rare, au même titre
que le capital dans une économie ouverte : le coût réel du travail n'a pas besoin d'augmenter pour que l'offre
de travail moins qualifié augmente. Il reste donc constant. Ainsi, toute baisse de charge sur le travail moins
qualifié profite en réalité pour un montant équivalent au pouvoir d'achat et à l'offre de travail des plus
qualifiés. Cette augmentation annule la hausse de charges permettant de financer la mesure, si bien que l'effet
sur l'offre de travail plus qualifié est nul. Au total, avec la hausse du travail moins qualifié et la stagnation du
travail plus qualifié, le potentiel de production augmente.
21
IV - Les allègements de charge financés moins spécifiquement ciblés ont un
impact incertain sur le potentiel de production
Le cas étudié précédemment n’est applicable qu’à des allègements ciblés explicitement sur le salaire
minimum ou sur des travailleurs sans pouvoir de négociation salariale. Supposer que les travailleurs moins
qualifiés sont prêts à travailler pour n'importe quel salaire est une hypothèse relâchée dans cette partie.
L’effet d’un allègement de charge peut aussi être examiné graphiquement (voir graphique 17). Le niveau de
production d'équilibre est ici aussi déterminé par l'intersection d'une courbe d’offre de travail agrégée (OTA)
et d'une courbe de demande de travail agrégée (DTA).
La courbe (OTA) correspond à l'offre de travail pour un niveau de prélèvement donné. Dans cette partie, la
courbe d'offre de travail n'est plus horizontale mais décroissante : pour un niveau de prélèvement donné, plus
la production utilisera du travail plus qualifié, moins le travail moins qualifié pourra être rémunéré et moins
le travail moins qualifié sera offert et utilisé. Il s’agit du cas envisagé sur le graphique 14 Si le niveau de
prélèvement total diminue, la courbe se déplace vers le haut et la droite : le salaire réel moyen augmente et
l’ensemble des travailleurs sont plus enclins à travailler. En cas de mesures d’allègements de charges par
reprofilage, cette courbe ne se déplace toujours pas.
La courbe (DTA) correspond à la demande de facteur travail pour un coût relatif des facteurs donné et se
déplace vers la droite si le coût relatif du travail moins qualifié diminue.
Allègement non financé, travailleurs avec pouvoir de négociation salariale (graphique 17)
Examinons les conséquences d'un allègement non financé au-delà du SMIC des charges pesant sur le travail
moins qualifié (graphique 17). L’équilibre avant réforme est supposé se situer au point A et le niveau de
production correspondant est donné par la courbe (Y) :
•
L'offre de travail qualifié augmente : en effet, la rémunération moyenne du travail augmente et la
courbe (OTA) se déplace vers le haut et devient (OTA').
Graphique 17 : effet d’un allègement de charges NON FINANCE, travailleurs avec pouvoir de
négociation salariale
DTA'
A'
Quantité de travail plus qualifié et de capital
DTA
OTA'
A
L’emploi de travail moins qualifié augmente,
celui de travail plus qualifié également, le
potentiel de production augmente
Y'
OTA
Y
Quantité de travail moins qualifié
22
Graphique 18 : effet d’un allègement de charges FINANCE, travailleurs avec pouvoir de négociation
salariale , cas favorable
Quantité de travail plus qualifié et de capital
Y
A
Y'
DTA
DTA'
La quantité de travail moins qualifié
augmente, celle de travail plus qualifié
diminue, le potentiel de production augmente
A'
OTA'
OTA
Quantité de travail moins qualifié
Graphique 19 : effet d’un allègement de charges FINANCE, travailleurs avec pouvoir de négociation
salariale , cas défavorable
Quantité de travail plus qualifié et de capital
DTA
A
Y
L’emploi des moins qualifiés augmente,
celui des plus qualifiés diminue, le
potentiel de production recule
DTA'
A'
Y'
OTA'
OTA
Quantité de travail moins qualifié
23
•
Du fait de la réduction du coût relatif du travail moins qualifié, la demande de travail se déplace vers
le bas et la droite, de (DTA) vers (DTA'). Le nouvel équilibre se situe alors au point A'.
•
Au total, l'emploi des moins qualifiés, l'emploi des plus qualifiés et la valeur ajoutée (courbe de
niveau de production (Y')) augmentent.
Allègement financé, travailleurs avec pouvoir de négociation salariale (graphiques 18 et 19)
Les conséquences d'un allègement de charges sur le travail moins qualifié financé par une augmentation des
charges sur le travail plus qualifié peuvent se lire sur les graphiques 18 et 19. L’équilibre avant réforme est
supposé se situer au point A et le niveau de production correspondant est donné par la courbe (Y) :
•
Le niveau de prélèvement moyen sur le travail ne variant pas, l'offre de travail ne bouge pas et les
courbes (OTA) et (OTA') se confondent.
•
En revanche, la demande de travail se déplace vers le bas et la droite, comme dans le cas précédent
car le coût relatif des facteurs varie de la même façon.
•
Au total, l'emploi des moins qualifiés augmente alors que l'emploi des plus qualifiés diminue.
Le nouvel équilibre se situe au point A'. Le niveau de production d'équilibre est indéterminé (courbe (Y')). Il
est toujours inférieur au niveau atteint par une mesure non financée (graphique 18 contre graphique 17) mais
il peut également être inférieur au niveau de production avant mesure (graphique 19).
Dans le cas examiné par la figure 18, le travail moins qualifié est suffisamment plus élastique à son
revenu que le travail plus qualifié pour que la production augmente in fine. Le rapport des élasticités
des offres de travail est suffisant pour compenser le rapport des élasticités de substitution entre le couple
travail plus qualifié-capital et travail moins qualifié. La hausse des charges sur le travail plus qualifié
diminue la quantité de travail qualifié offerte et utilisée. Mais le travail moins qualifié est suffisamment
sensible à la hausse de sa rémunération. Son accroissement fait plus que compenser la perte de travail
qualifié pour la production et bien sûr pour l'emploi total.
Dans le cas examiné par la figure 19, la courbe d'offre de travail est plus proche de la verticale : l'offre
de travail des moins qualifiés est peu sensible au salaire réel. Le déplacement le long de cette courbe
d'offre de travail se traduit par un nouvel équilibre où le niveau de production est plus faible. L'offre de
travail moins qualifié n'augmente pas suffisamment pour compenser les pertes de potentiel liées à la plus
forte taxation du travail plus qualifié. Les travailleurs moins qualifiés ne sont pas suffisamment motivés pour
travailler plus longtemps par rapport à la démotivation créée chez les plus qualifiés. La croissance a donc
pâti de la mesure. L'emploi peut augmenter ou diminuer.
Conclusion sur les conséquences d’un allègement de charges sur des travailleurs moins qualifiés avec
pouvoir de négociation salariale
Au total, s'il faut que la rémunération des moins qualifiés augmente pour qu'ils reprennent un emploi, l'effet
des baisses de charge financées sur le potentiel de production est incertain. L'effet dépend de la motivation
que créera la perspective de rémunération plus élevée pour les moins qualifiés relativement à la démotivation
qui résultera de la baisse du pouvoir d'achat des plus qualifiés. Trois zones théoriques peuvent être
délimitées : une zone où l'emploi total et le potentiel de production augmentent, une zone où l'emploi total
augmente mais où le potentiel de production recule, et enfin une zone limite où l'emploi total et la production
reculent.
En d'autres termes, quand on procède à une baisse des charges sur les bas salaires financée par une hausse
des charges sur les autres salariés, il y a toujours enrichissement du contenu en emploi de la production. Il
faut plus d'emplois pour produire une unité de richesse. Mais il n'y a pas nécessairement hausse du potentiel
global de production par rapport à des charges strictement proportionnelles au salaire.
24
V - Conclusion
Les résultats obtenus sont relativement généraux et nécessitent seulement pour hypothèses une plus faible
productivité des travailleurs moins qualifiés par rapport aux plus qualifiés et une plus grande substituabilité
de leur travail au capital que pour les plus qualifiés (voir annexes VII.1 et VII.2). Ils permettent d’esquisser
quelques recommandations de politique économique.
Quelques réserves à la modélisation retenue
•
L'impact sur l'emploi et la valeur ajoutée ont été calculés en supposant une efficience du travail
constante. Intuitivement, le retour à l'emploi de travailleurs moins qualifiés est toutefois susceptible
d'améliorer leur niveau d'efficience moyen alors que la baisse de l'emploi des plus qualifiés peut jouer en
sens inverse. Un chiffrage moins stylisé exigerait de regarder ces phénomènes en détail ;
•
Bien que classique, l’hypothèse de parfaite mobilité du capital est particulièrement forte et les effets
seraient probablement moins tranchés si le capital était moins mobile par rapport au travail ;
•
Les trappes à bas salaires et leurs conséquences macroéconomiques ne sont pas examinées dans le
cadre de ce modèle. Une des conclusions du modèle sont de cibler au maximum des allègements de charge
sur les salaires les plus faibles pour créer un maximum d’emplois, quitte à pentifier très fortement la forme
des allègements. Une des conséquences de cette démarche serait de créer davantage de trappes à bas
salaires ;
•
L’unité de travail de référence qui est déterminée à l’équilibre peut être des hommes ou des heures.
Si, dans la plupart des cas, la distinction ne change pas les résultats, des mesures de réduction ou
d’allongement du temps de travail nécessitent un raisonnement en heures travaillées et une hypothèse
supplémentaire pour convertir ce chiffre en chômage structurel.
Les allègements de charge sur des populations sans pouvoir de négociation salariale, par exemple
ciblés au niveau du SMIC, sont toujours favorables à la croissance et à l’emploi
Un allègement de charges sur des travailleurs sans pouvoir de négociation salariale financé par augmentation
des charges sur le reste de la population active est la réforme pouvant potentiellement créer le plus d’emplois
moins qualifiés pour un montant d’allègement donné.
Les allègements de charge sur des travailleurs pouvant négocier une partie de l’allègement sous forme
d’une hausse de leur rémunération peuvent avoir à opérer un arbitrage entre croissance et emploi
Une politique de baisses de charges sur le travail moins qualifié ciblé sur des travailleurs pouvant négocier
leur rémunération peut être favorable à la fois à l'emploi et à la croissance à condition d’un ciblage adéquat.
Une petite variation du salaire réel des populations ciblées doit les conduire à fortement augmenter leur offre
de travail. De tels allègements correspondent à une optimisation de la fiscalité dont tous les travailleurs
peuvent bénéficier, à tout le moins à travers la création de richesse supplémentaire.
Si le ciblage est insuffisamment précis, un reprofilage des baisses de charges conduit à arbitrer entre
croissance et emploi. L'emploi moins qualifié augmente mais production potentielle et emploi qualifié
peuvent reculer : il peut s’agir alors de redistribution qui a un coût en terme de croissance.
L’offre de travail doit être mieux analysée
Pour savoir jusqu’où les allègements de charge sont favorables à la croissance, une bonne connaissance de
l’élasticité revenu en fonction de la qualification est nécessaire et il est souhaitable de tenter de la mesurer à
l’avenir. La forme de la courbe d’offre de travail en fonction du niveau de qualification est une donnée
déterminante.
25
VI - Application : effet des allègements existants
VI.1 - Hypothèses retenues
Le modèle précédent a permis de montrer l’importance de l’élasticité revenu des offres de travail des moins
qualifiés et de plus qualifiés pour le sens des effets sur le PIB et l’emploi d’un allègement de charges. Le but
de cette partie est de présenter une application numérique et de montrer que, si les effets peuvent varier très
fortement du fait des paramètres en jeu, les résultats sont relativement robustes dans la zone la plus probable
de ces paramètres.
Des tests de sensibilités sont réalisés sur trois variables :
•
l’élasticité de substitution travail moins qualifié - travail plus qualifié/capital ;
•
l’élasticité revenu de l’offre de travail des moins qualifiés ;
•
l’élasticité revenu des plus qualifiés.
Les variantes présentées étudient les conséquences des allègements de charge dans trois cas différents :
•
des allègements non financés ;
•
des allègements financés par une hausse des charges sur le travail plus qualifié, toutes les autres
finances publiques étant fixées ex post en points de PIB ;
•
des allègements financés qui tiennent compte de la baisse des dépenses en assurance chômage du fait
de l’augmentation de l’emploi, toutes les autres finances publiques hors assurance chômage étant fixées ex
post en points de PIB.
Les applications numériques correspondent aux chiffres de 2001 pour la France. Le montant d'allègement
correspond à une application pleine de la loi Fillon. Ces allègements ont fait partie d’un ensemble complexe
de mesures incluant des hausses de SMIC horaire et des modifications du temps de travail hebdomadaire
légal. La variante présentée ici est donc canonique et ne peut permettre de relire les données
macroéconomiques observées depuis 2001. Elle doit plutôt être interprétée comme une indication de ce qui
pourrait se passer si on revenait aujourd’hui sur les allègements de charges sans toucher aux autres
composantes du paquet dont ils faisaient initialement partie.
Les allègements Fillon ont été choisis comme scénario variantiel, plutôt que les allègements Juppé car ils
concernent une plus grande partie de la population active. Il y a donc plus de chances pour que l’offre de
travail des moins qualifiés concernés par la mesure soit moins élastique que celle des moins qualifiés
concernés par les allègements Juppé. En conséquence, les résultats de cette partie ne peuvent être simplement
étendus aux allègements dits « Juppé » dont le ciblage de la mesure était plus strict. Les allègements
« Juppé » ont probablement été plus favorables en termes d’emploi et de croissance.
Les valeurs retenues sont de :
•
une valeur ajoutée du secteur marchand de 1042 Md €,
•
une masse salariale super-brute du secteur marchand de 550 Md €,
•
une masse salariale nette de 300 Md €,
•
un montant de 24 Md € consacré à l'assurance chômage,
•
un taux de chômage de 8,7 %,
•
des salariés moins qualifiés représentant 44,5 % de la masse salariale totale,
26
•
des salariés moins qualifiés représentant 61 % des heures de main d'œuvre,
•
une complémentarité parfaite entre travail plus qualifié et capital,
•
ante,
un taux de cotisations sociales identique sur le travail moins qualifié et le travail plus qualifié ex
•
une baisse de charges sur le travail moins qualifié d'un montant de 21,4 Md €.
Ces chiffres correspondent à un taux apparent ex ante de charges salariales de 82 % et à une réduction de ces
charges sur les moins qualifiés de 16 points.
VI.2 - Positionnement du modèle par rapport à la littérature pour un allègement non financé
Cette partie présente les résultats du modèle pour le cas des allègements de charge dits « Fillon » dans un
cadre non financé.
Les élasticités de l'offre de travail des moins et plus qualifiés à leurs revenus réels ont été calibrées de
manière à ce que l'élasticité de l'offre de travail total à son revenu réel soit de 1/4, valeur retenue dans le
modèle macroéconométrique MESANGE. En effet, la mesure d’une élasticité macréoconomique de l’offre
de travail à son revenu réel implique l’existence d’une relation entre élasticité de l’offre de travail moins
qualifié à son revenu réel et élasticité de l’offre de travail plus qualifié à son revenu réel (voir annexe
VII.3.a). Quatre cas ont été retenus :
•
une élasticité revenue infinie des moins qualifiés : ils n’ont aucun pouvoir de négociation salariale ;
•
une élasticité revenue égale des moins et des plus qualifiés : l’offre de travail ne dépendrait pas du
niveau de salaire ;
•
une élasticité revenus plus forte chez les moins qualifiés que chez les plus qualifiés : à mi-chemin
entre les deux hypothèses précédentes, les moins qualifiés pourraient négocier une partie de la baisse de
charge sous forme de hausse de revenu mais, dans une moindre mesure que ne pourraient le faire les plus
qualifiés. C’est le scénario le plus probable ;
•
un cas extrême où les plus qualifiés sont plus élastiques que les moins qualifiés : le pouvoir de
négociation des moins qualifiés est plus fort que celui des plus qualifiés. Le calibrage est établi de manière à
ce qu’il n’y ait aucune création d’emploi dans le cadre d’un allègement financé sans tenir compte de
l’assurance chômage.
De même, l'élasticité de substitution entre travail moins qualifié et le couple travail plus qualifié-capital varie
entre 0,7 et 1,7. La littérature estime cette élasticité entre 0,7 et 1,2, le cas 1,7 représentant un cas extrême.
Pour le scénario le plus probable, elle a été fixée à 1,2, ce qui permet d'observer une élasticité de substitution
entre le travail total et le capital de 0,4, la même valeur que retenue MESANGE. En effet, la mesure d’une
élasticité macroéconomique entre utilisation relative des facteurs travail et capital implique une relation entre
élasticité des substitution travail plus qualifié-capital et entre élasticité de substitution travail moins qualifiétravail plus qualifié (voir annexe VII.3.b).Cette élasticité de substitution a toutefois peu d'influence dans les
résultats numériques comme il sera vu par la suite.
Les tableaux 2 à 5 résument les résultats de variantes non financées et le coût par emploi créé. Le tableau 2
correspond au cas le plus favorable où les moins qualifiés sont infiniment sensibles à une petite variation de
leur revenu réel, i.e. comme si leur emploi était entièrement contraint par la demande. Le tableau 3
correspond au cas le plus probable, où l’élasticité revenu des moins qualifiés est plus forte que celle des
plus qualifiés, sans être infinie. Le tableau 4 donne les résultats pour des élasticité revenu équivalentes chez
les moins qualifiés et les plus qualifiés. Enfin, le tableau 5 donne les résultats dans un cas particulièrement
défavorable où l’élasticité revenu des plus qualifiés est plus forte que celle des moins qualifiés.
Avec une mesure non financée, les effets sur le potentiel de production, sur l'emploi moins qualifié, plus
qualifié et l'emploi total sont toujours positifs. Plus l'élasticité revenu de l'offre de travail des moins et des
27
plus qualifiés est forte, plus les effets sur le potentiel de production et l'emploi sont importants et
inversement.
Le scénario central retenu (tableau 3) correspond à une élasticité revenu de l’offre de travail des moins
qualifiés supérieure à celle des plus qualifiés mais non infinie. Pour des allègements de charge ciblé au-delà
du SMIC, puisque concernant près de 45 % de la population active, ce scénario parait le plus probable. Le
coût par emploi serait alors de 37 000 €.
Les autres tableaux permettent de comprendre la sensibilité aux paramètres.Le coût moyen par emploi
lorsque l’élasticité revenu des moins qualifiés est supposée infinie (tableau 2) est estimé entre 6 000 € et
14 000 €9, soit entre 3 et 5 fois moins que le coût estimé dans le scénario central. Le tableau 4 donne le coût
par emploi dans le cas où travailleurs moins et plus qualifiés auraient la même élasticité revenu : il serait de
66 000 €. Enfin, le tableau 5 donne pour référence le coût par emploi dans un des cas les plus défavorables,
fort peu probable, où les plus qualifiés sont plus élastiques à leur revenu réel que les moins qualifiés : le coût
devient de 86 000 €.
Les études ayant examiné les conséquences des allègements de charge dit « Juppé » estiment le coût de
création d'un nouvel emploi entre 9 000 et 33 000 € (voir tableau 1). Ces études ont pour la plupart pour
hypothèse sous-jacente une élasticité infinie de l'offre de travail des moins qualifiés à leur revenu réel, par
exemple comme si ces allègements avaient été conduits uniquement au niveau du SMIC. Par ailleurs, la
plupart de ces chiffrages ont été réalisées de manière économétrique sur des données observées. Dans ce type
d'étude, toute l'augmentation de l'emploi qui n'est pas expliquée par ses déterminants traditionnels est
attribuée aux allègements de charge mais les effets de bouclage macroéconomiques ne sont pas pris en
compte.
Le modèle permet de retrouver les ordres de grandeur des estimations précédentes : pour une élasticité de 1,2
entre travail moins qualifié et le couple travail plus qualifié-capital, et une élasticité revenu infinie des moins
qualifiés, le coût par emploi est de 8 000 €
Toutefois, le coût du scénario central de 37 000 € par emploi dépasse la fourchette haute des estimations
précédentes. Cependant, le cadre est légèrement différent des allègements « Juppé », qui étaient plus ciblés
sur les bas salaires et devaient donc proportionnellement créer plus d’emplois.
9
En fonction de l’hypothèse retenue pour l’élasticité de substitution entre travail moins et plus qualifié est entre 0,7 et 1,2. Parmi les 4 cas examinés,
c’est le seul où cette élasticité de substitution a une véritable influence.
28
Tableau 1 : mesures précédentes des conséquences de la ristourne dégressive sur les bas salaires pour
les allègements « Juppé » et un montant de la mesure ex ante de 7 Md €10
Etude
Méthode
Effet sur l’emploi des allègements
Coût par
en vigueur en 1997 (7 Md €)
emploi
Malinvaud (1998)
Maquette analytique
300 000 à 400 000 emplois au bout
17 000de 10 ans
23000 €
Administration
Maquette analytique
250 000 emplois au bout de cinq ans
28 000 €
économique (INSEEDP-DARES)
Audric, Givort et Prost Maquette analytique de
210 000 emplois à long terme avec
33 000 €
(2000)
Salanié (2000)
une élasticité de substitution du
travail non qualifié aux autres
facteurs de 0,7
Laffargue (2000)
Maquette analytique
210 000 emplois à long terme avec
9 000€ /
une élasticité de 0,7 ; 800 000
33 000 €
emplois avec une élasticité de 2,5
L’Horty (2000)
Maquette analytique
280 000 emplois à long terme avec
25 000 €
une élasticité de 1
Laroque et Salanié
Estimation économétrique à
490 000 emplois à long terme
14 000 €
(2000)
partir de données
individuelles sur les ménages
Crépon et Desplatz
Analyse statistique ex post à
420 000 emplois dès 1997
17 000€
(2003)
partir des données
individuelles d’entreprises
10
Voir DPAE n°21, « Un essai de bilan économique des mesures prises depuis quinze ans pour stimuler l'emploi en France », Marc-Antoine Lacroix,
Bertrand Martinot, Laurent Menard
29
Tableau 2 : impact macroéconomique d’allégements de charges non financés pour une élasticité
revenu infinie de l’offre de travail des moins qualifiés (montant ex ante : 21,4 Md €)
Elasticité revenu des moins qualifiés : ∞ Elasticité revenu des plus qualifiés : 0,14
Variation par rapport au compte
central
Valeur ajoutée marchande (%)
Emploi moins qualifié (%)
Emploi plus qualifié (%)
Emploi total (%)
Nombre d'emplois créés
Coût par emploi (€)
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 0,7
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,2
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,7
3,2
10
1
6,5
1 575 000
14 000
5
17,1
1
10,8
2 650 000
8 000
6,9
24,8
1
15,5
3 775 000
6 000
Une élasticité revenu infinie de l’offre de travail des moins qualifiés aboutit à un coût par emploi
extrêmement faible (8 000 € pour une élasticité travail moins-plus qualifié de 1,2), ce qui démontre l’intérêt
d’allègements de charges ciblés au niveau du SMIC.
Scénario central pour un allègement non financé
Ce scénario est le plus vraisemblable, situé à mi-chemin entre une élasticité revenu infinie des moins
qualifiés et une élasticité revenu égale de l’offre de travail des moins et plus qualifiés.
Tableau 3 : impact macroéconomique d’allégements de charges non financés pour une élasticité
revenu plus forte de l’offre de travail des moins qualifiés que des plus qualifiés (montant ex ante :
21,4 Md €)
Elasticité revenu des moins qualifiés : 0,5 Elasticité revenu des plus qualifiés : 0,18
(soit une élasticité revenu de l’offre de travail totale de 0,25 voir annexe VII.3)
Variation par rapport au compte
central
Valeur ajoutée marchande (%)
Emploi moins qualifié (%)
Emploi plus qualifié (%)
Emploi total (%)
Nombre d'emplois créés
Coût par emploi (€)
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 0,7
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,211
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,7
1,1
3,2
0,4
2,1
500 000
43 000
1,1
3,6
0,3
2,3
575 000
37 000
1,2
3,8
0,2
2,4
600 000
36 000
Ce scénario présente un cas où l’offre de travail des moins qualifiés est plus élastique que celles des plus
qualifiés. Le coût par emploi est beaucoup plus élevé que dans le cas précédent car les travailleurs moins
qualifiés négocient une partie du montant des allègements en augmentation de leur salaire réel.
11
Comme le coût par emploi obtenu est relativement indépendant de l’élasticité de substitution travail moins qualifié-travail plus qualifié, la valeur de
1,2 a été retenue pour le scénario central. Cette valeur est la seule cohérente avec une élasticité de substitution capital travail de 0,4 comme utilisée
dans MESANGE.
30
Tableau 4 : impact macroéconomique d’allégements de charges non financés pour une élasticité
revenu identique de l’offre de travail des moins et plus qualifiés (montant ex ante : 21,4 Md €)
Elasticité revenu des moins qualifiés : 0, 25 Elasticité revenu des plus qualifiés : 0, 25
Variation par rapport au compte
central
Valeur ajoutée marchande (%)
Emploi moins qualifié (%)
Emploi plus qualifié (%)
Emploi total (%)
Nombre d'emplois créés
Coût par emploi (€)
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 0,7
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,2
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,7
0,7
1,9
0,3
1,3
300 000
71 000
0,7
2
0,2
1,3
325 000
66 000
0,7
2,1
0,2
1,3
325 000
66 000
Le coût par emploi est probablement surestimé dans la mesure où l’hypothèse sous-jacente à ce résultat est
une disposition à travailler identique chez les moins et plus qualifiés.
Tableau 5 : impact macroéconomique d’allégements de charges non financés pour une élasticité
revenu inférieure de l’offre de travail des moins qualifiés que des plus qualifiés (montant ex ante :
21,4 Md €)
Elasticité revenu des moins qualifiés : 0,18 Elasticité revenu des plus qualifiés : 0,36
Variation par rapport au compte
central
Valeur ajoutée marchande (%)
Emploi moins qualifié (%)
Emploi plus qualifié (%)
Emploi total (%)
Nombre d'emplois créés
Coût par emploi (€)
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 0,7
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,2
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,7
0,6
1,4
0,3
1
250 000
86 000
0,6
1,5
0,2
1
250 000
86 000
0,5
1,6
0,2
1
250 000
86 000
Ce scénario correspond à un des cas les plus défavorables envisageables, où la disposition à travailler des
moins qualifiés est plus faible que celle des plus qualifiés. Le coût par emploi est probablement le coût
maximal envisageable et très peu probable.
31
VI.3 - Résultats du modèle pour un allègement financé
Les tableaux suivants présentent les résultats d’allègements de charges financés suivant deux hypothèses :
•
les tableaux 6 à 9 présentent des variantes où la baisse de recettes fiscales liées aux baisses de
charges est exactement compensée ex post par une hausse des charges sur le travail plus qualifié de manière
à ce que : 1/ les recettes non affectées à l'assurance chômage exprimées en points de PIB se maintiennent au
niveau ex ante, 2/ les recettes affectées à l'assurance chômage soient proportionnelles en points de PIB au
nombre de chômeurs ;
•
les tableaux 10 à 13 présente les résultats d’un reprofilage ex post qui ne tient pas compte de la
baisse des dépenses en assurance chômage.
Les simulations des tableaux 6 à 9 sont censées être plus réalistes que celles des tableaux 10 à 13.
Le nombre de points dont il faut augmenter (ou diminuer) les cotisations sociales du travail plus qualifié pour
maintenir un niveau de recettes exprimé en points de PIB par chômeur constant est indiqué dans ces
tableaux.
Lorsque les créations d'emplois sont très nombreuses, la baisse du nombre de chômeurs permet de diminuer
les cotisations sociales sur le travail plus qualifié. Parfois, le chômage est plus que totalement résorbé, ce qui
correspondrait à une augmentation du taux de participation ou de la durée du travail.
Comme dans le cas non financé, plus l'élasticité revenu de l'offre de travail des moins qualifiés est forte, plus
les effets sur le potentiel de production et l'emploi sont importants.
Toutefois, les effets sur la VA marchande et l'emploi ne sont pas identiques au cas non financé. Trois zones
peuvent être délimitées.
•
dans le tableau 6, pour une élasticité revenu infinie de l'offre de travail des moins qualifiés, la VA
marchande, l'emploi des moins qualifiés et des plus qualifiés augmentent. En effet, compte tenu de la très
forte hausse de l'emploi moins qualifié, le nombre de chômeurs diminue fortement si bien que les charges sur
l'emploi qualifié peuvent également être diminué après bouclage ; l'emploi plus qualifié augmente donc
également ;
•
dans le tableau 7, où l'élasticité revenu des moins qualifié demeure plus importante que celle des plus
qualifié sans rester infinie, la VA marchande et l'emploi des moins qualifiés augmentent mais l'emploi des
plus qualifiés diminue ;
•
enfin, dans les tableaux 8 et 9, la VA marchande et l'emploi des plus qualifiés reculent alors que
l'emploi des moins qualifiés augmente. Dans ces cas, l'élasticité revenu des travailleurs moins qualifiés est
insuffisante pour compenser la perte de production potentielle liée à la désincitation créée chez les plus
qualifiés du fait de la baisse de leur pouvoir d'achat liée à la hausse des charges.
Le nombre le plus probable d’emploi créés, de l’ordre de 475 000, comme donné par le tableau 7, est trois
fois plus faible que celui qui pourrait être calculé (de l’ordre de 1 750 000) avec une élasticité revenu infinie
des moins qualifiés et une élasticité de substitution travail moins qualifié-travail plus qualifié de 0,7, valeur
la plus souvent retenue par les études précédentes.
Les tableaux 10 à 13 montrent pour référence les résultats sans prise en compte de la baisse des dépenses
d’assurance chômage. Dans tous les cas, les créations d’emplois sont légèrement plus faibles. Dans le cas du
scénario central, les créations d’emplois ne sont que de 425 000 contre 475 000 avec assurance chômage.
32
Tableau 6 : impact macroéconomique d’allégements de charges financés ex post par reprofilage en
tenant compte de l’assurance chômage pour une élasticité revenu infinie de l’offre de travail des moins
qualifiés (montant ex ante : 21,4 Md €)
Elasticité revenu des moins qualifiés : ∞ Elasticité revenu des plus qualifiés : 0,14
Variation par rapport au compte
central
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 0,7
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,2
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,7
Valeur ajoutée marchande (%)
Emploi moins qualifié (%)
Emploi plus qualifié (%)
Emploi total (%)
Nombre d'emplois créés
Hausse de charges sur le travail
plus qualifié (points)
4
10,8
1,7
7,3
1 775 000
-9,4
6,4
18,7
2,4
12,3
3 000 000
-16,7
8,6
26,7
2,6
17,3
4 225 000
-19
La mesure est surfinancée du fait de la hausse des recettes de cotisations sociales liées à la croissance de
l’emploi et à la baisse des dépenses d’indemnisation chômage. Une élasticité revenu infinie de l’offre de
travail des moins qualifiés aboutit à une création d’emploi total particulièrement élevée (1 775 000 en
retenant la valeur d’élasticité de substitution travail moins/plus qualifié la plus couramment utilisée dans les
études précédentes). Le nombre de création d’emplois dépend fortement de la valeur de cette élasticité : pour
une élasticité moyenne de 1,2, le nombre d’emplois double presque (3 000 000).
Scénario central pour un allègement financé ex post par reprofilage avec assurance chômage
Ce scénario est le plus vraisemblable, situé à mi-chemin entre une élasticité revenu infinie des moins
qualifiés et une élasticité revenu égale de l’offre de travail des moins et plus qualifiés.
Tableau 7 : impact macroéconomique d’allégements de charges financés par reprofilage en tenant
compte de l’assurance chômage pour une élasticité revenu plus forte de l’offre de travail des moins
qualifiés que des plus qualifiés (montant ex ante : 21,4 Md €)
Elasticité revenu des moins qualifiés : 0,5 Elasticité revenu des plus qualifiés : 0,18
(soit une élasticité revenu de l’offre de travail totale de 0,25, voir annexe VII.3)
Variation par rapport au compte
central
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 0,7
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,2
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,7
Valeur ajoutée marchande (%)
Emploi moins qualifié (%)
Emploi plus qualifié (%)
Emploi total (%)
Nombre d'emplois créés
Hausse de charges sur le travail
plus qualifié (points)
0,5
2,9
-0,3
1,7
400 000
7,9
0,6
3,5
-0,3
2
475 000
6,9
0,7
3,7
-0,4
2,1
525 000
6,5
Les valeurs dépendent peu de l’élasticité de substitution travail moins qualifié-plus qualifié. Par rapport à des
allègements conduits au niveau du SMIC, le nombre d’emplois créés est trois fois plus faible (475 000)
lorsque les travailleurs moins qualifiés négocient une partie du montant des allègements en augmentation de
leur salaire réel. L’écart avec une mesure non financée n’est pas très important. Les charges sur le travail
plus qualifié augmentent de 6,9 points pour une baisse de 16 points des charges sur le travail moins qualifié.
33
Tableau 8 : impact macroéconomique d’allégements de charges financés ex post par reprofilage en
tenant compte de l’assurance chômage pour une élasticité revenu identique de l’offre de travail des
moins et plus qualifiés (montant ex ante : 21,4 Md €)
Elasticité revenu des moins qualifiés : 0, 25 Elasticité revenu des plus qualifiés : 0, 25
Variation par rapport au compte
central
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 0,7
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,2
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,7
Valeur ajoutée marchande (%)
Emploi moins qualifié (%)
Emploi plus qualifié (%)
Emploi total (%)
Nombre d'emplois créés
Hausse de charges sur le travail
plus qualifié (points)
-0,3
1,6
-1
0,6
150 000
11,4
-0,4
1,8
-1,1
0,7
175 000
11,2
-0,4
1,9
-1,2
0,7
175 000
11,1
Les valeurs dépendent peu de l’élasticité de substitution travail moins qualifié-plus qualifié. Le nombre
d’emplois créés est particulièrement faible (175 000). L’hypothèse sous-jacente à ce résultat est une
disposition à travailler identique chez les moins et plus qualifiés.
Tableau 9 : impact macroéconomique d’allégements de charges financés ex post par reprofilage en
tenant compte de l’assurance chômage pour une élasticité revenu inférieure de l’offre de travail des
moins qualifiés que des plus qualifiés (montant ex ante : 21,4 Md €)
Elasticité revenu des moins qualifiés : 0,18 Elasticité revenu des plus qualifiés : 0,36
Variation par rapport au compte
central
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 0,7
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,2
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,7
Valeur ajoutée marchande (%)
Emploi moins qualifié (%)
Emploi plus qualifié (%)
Emploi total (%)
Nombre d'emplois créés
Hausse de charges sur le travail
plus qualifié (points)
-0,9
1,1
-1,6
0,1
25 000
12,9
-1,1
1,3
-1,9
0,1
25 000
13
-1,1
1,4
-2
0,1
25 000
13
Les valeurs dépendent peu de l’élasticité de substitution travail moins qualifié-plus qualifié. Ce scénario
correspond à un des cas les plus défavorables envisageables, où la disposition à travailler des moins qualifiés
est plus faible que celle des plus qualifiés. Le nombre d’emplois créés est très faible, de l’ordre de 25 000.
34
Tableau 10 : impact macroéconomique d’allégements de charges financés ex post par reprofilage sans
tenir compte de l’assurance chômage pour une élasticité revenu infinie de l’offre de travail des moins
qualifiés (montant ex ante : 21,4 Md €)
Elasticité revenu des moins qualifiés : ∞ Elasticité revenu des plus qualifiés : 0,14
Variation par rapport au compte
central
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 0,7
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,2
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,7
Valeur ajoutée marchande (%)
Emploi moins qualifié (%)
Emploi plus qualifié (%)
Emploi total (%)
Nombre d'emplois créés
Hausse de charges sur le travail
plus qualifié (points)
2,5
9,2
0,3
5,7
1 400 000
9,4
4,5
16,5
0,5
10,3
2 500 000
6,9
6,6
24,4
0,7
15,2
3 700 000
4,3
L’assurance chômage ne diminue pas et les créations d’emploi sont plus faibles que dans les 4 tableaux
précédents. Une élasticité revenu infinie de l’offre de travail des moins qualifiés aboutit à une création
d’emploi total particulièrement élevée (1 400 000 en retenant la valeur d’élasticité de substitution travail
moins/plus qualifié la plus couramment utilisée dans les études précédentes). Le nombre de créations
d’emplois dépend fortement de la valeur de cette élasticité : pour une valeur de 1,2, le nombre d’emplois
double presque (2 50 000).
Scénario central pour un allègement financé ex post par reprofilage sans assurance chômage
Ce scénario est le plus vraisemblable, situé à mi-chemin entre une élasticité revenu infinie des moins
qualifiés et une élasticité revenu égale de l’offre de travail des moins et plus qualifiés.
Tableau 11 : impact macroéconomique d’allégements de charges financés par reprofilage sans tenir
compte de l’assurance chômage pour une élasticité revenu plus forte de l’offre de travail des moins
qualifiés que des plus qualifiés (montant ex ante : 21,4 Md €)
Elasticité revenu des moins qualifiés : 0,5 Elasticité revenu des plus qualifiés : 0,18
(soit une élasticité revenu de l’offre de travail totale de 0,25, voir annexe VII.3)
Variation par rapport au compte
central
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 0,7
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,2
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,7
Valeur ajoutée marchande (%)
Emploi moins qualifié (%)
Emploi plus qualifié (%)
Emploi total (%)
Nombre d'emplois créés
Hausse de charges sur le travail
plus qualifié (points)
0,2
2,8
-0,7
1,4
350 000
12,6
0,2
3,3
-0,8
1,7
425 000
12,6
0,3
3,6
-0,9
1,9
450 000
12,6
Par rapport au cas où les allègements sont conduits au niveau du SMIC, le modèle théorique donne un
nombre d’emplois créés trois fois plus faible (425 000) lorsque les travailleurs moins qualifiés négocient une
partie du montant des allègements en augmentation de leur salaire réel. L’écart avec un mesure non financée
n’est pas très important. Les charges sur le travail plus qualifié augmentent de 12,6 points pour une baisse de
16 points des charges sur le travail moins qualifié.
35
Tableau 12 : impact macroéconomique d’allégements de charges financés ex post par reprofilage sans
tenir compte de l’assurance chômage pour une élasticité revenu identique de l’offre de travail des
moins et plus qualifiés (montant ex ante : 21,4 Md €)
Elasticité revenu des moins qualifiés : 0, 25 Elasticité revenu des plus qualifiés : 0, 25
Variation par rapport au compte
central
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 0,7
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,2
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,7
Valeur ajoutée marchande (%)
Emploi moins qualifié (%)
Emploi plus qualifié (%)
Emploi total (%)
Nombre d'emplois créés
Hausse de charges sur le travail
plus qualifié (points)
-0,5
1,6
-1,2
0,5
125 000
13,1
-0,5
1,8
-1,3
0,6
150 000
13,2
-0,6
1,9
-1,4
0,6
150 000
13,2
Le nombre d’emplois créés est particulièrement faible (150 000). L’hypothèse sous-jacente à ce résultat est
une disposition à travailler identique chez les moins et plus qualifiés.
Tableau 13 : impact macroéconomique d’allégements de charges financés ex post par reprofilage sans
tenir compte de l’assurance chômage pour une élasticité revenu inférieure de l’offre de travail des
moins qualifiés que des plus qualifiés (montant ex ante : 21,4 Md €)
Elasticité revenu des moins qualifiés : 0,18 Elasticité revenu des plus qualifiés : 0,36
Variation par rapport au compte
central
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 0,7
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,2
Elasticité de
substitution travail
moins qualifié - travail
plus qualifié de 1,7
Valeur ajoutée marchande (%)
Emploi moins qualifié (%)
Emploi plus qualifié (%)
Emploi total (%)
Nombre d'emplois créés
Hausse de charges sur le travail
plus qualifié (points)
-0,9
1,1
-1,6
0
0
13,1
-1,1
1,3
-1,9
0
0
13,1
-1,2
1,4
-2
0
0
13,2
Ce scénario correspond à un des cas les plus défavorables envisageables, où la disposition à travailler des
moins qualifiés est plus faible que celle des plus qualifiés. Le nombre d’emplois créés est nul.
36
VI.4 - Graphiques de variantes
Les graphiques 20 à 31 présentent l'évolution de la valeur ajoutée marchande, de l'emploi total, de l'emploi
moins qualifié et de l'emploi plus qualifié en fonction de l'élasticité revenu de l'offre de travail des plus ou
moins qualifiés pour des allègements de charges non financés ou financés.
Le calibrage retenu est celui des allègements « Fillon », soit pour 21,4 Md €.
La valeur retenue pour l’élasticité de substitution travail entre moins qualifié et travail plus qualifié-capital
est de 1,2, valeur compatible avec l’élasticité de substitution capital-travail de 0,4 retenue pour MESANGE.
Les graphiques 20 à 27 représentent face à face les résultats sur les variables macroéconomiques examinées
d’allègements de charges non financés et financés en tenant compte de l’assurance chômage. Les graphiques
20, 22, 24, 26 sont donc cohérents avec les tableaux 2 à 5 tandis que les graphiques 21, 23, 25, 27 sont
cohérents avec les tableaux 6 à 9.
Les graphiques 28 à 31 sont donnés pour référence et représentent des allègements financés où les baisses de
dépenses liées à la diminution des besoins en assurance chômage ne sont pas pris en compte. Les graphiques
28 à 31 sont cohérents avec les tableaux 10 à 13.
Une courbe en pointillés qui correspondrait à une élasticité revenu macroéconomique de 1/4 équivalente à
celle retenue pour MESANGE est représentée sur ces graphiques. En effet, comme explicité dans l’annexe
VII.3, l’élasticité de substitution capital-travail globale n’est compatible qu’avec certaines valeurs de
l’élasticité de substitution travail moins qualifié-travail plus qualifié. Le point marqué d’une croix
correspond à des élasticités revenu identiques pour le travail moins et plus qualifié, toujours compatible avec
la valeur de 1/4.
37
Graphique 20 :
Variation du PIB pour des allègements NON FINANCES
Seules les valeurs sur cette courbe sont
cohérentes avec une élasticité revenu de
l’offre de travail totale de 1/4
Elasticité revenu des plus qualifiés
Travailleurs plus qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
Valeur des élasticités
identiques, égales à 1/4
1
0.9
0.8
0.7
0.
8
0.6
0.5
2.4
1.
2
0.
4
revenu
3
2.8
2
1
0.
6
2.4
1.6
0.4
2
0.3
0.2
1.2
1.6
0.1
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Elasticité revenu des moins qualifiés
Travailleurs moins qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
L’impact sur le PIB d’un allègement non financé est toujours positif.
Il est d’autant plus élevé que le pouvoir d’achat supplémentaire distribué à la fois aux moins qualifiés et aux
plus qualifiés les incite à travailler : il augmente avec les élasticités revenus des moins et des plus qualifiés.
Des élasticités revenu identiques donnent une augmentation du PIB de 0,7 point
38
Graphique 21 :
Variation du PIB pour des allègements FINANCES EX POST
ASSURANCE CHOMAGE prise en compte
Seules les valeurs sur cette courbe sont
cohérentes avec une élasticité revenu de
l’offre de travail totale de 1/4
Elasticité revenu des plus qualifiés
Travailleurs plus qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
Valeur des élasticités
identiques, égales à 1/4
1
0.9
0.8
0.7
-3
-2 .6
-1 .4 -1
-2 .2
6
-0 .-80 .
0.6
-1 .8
2
0.0.4
3.8
2.8
3
1.
2
2.4
1.
6
-0 .2
-0 .4 0
0.5
revenu
2
1
8
0.
0.4
-1
0.3
-0 .8
-0 .6
0.2
-0 .4
0.2
-0 .2
0.6
0
0.1
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Elasticité revenu des moins qualifiés
Travailleurs moins qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
L’impact d’un allègement par reprofilage sur le PIB est indéterminé.
Il est d’autant plus élevé que le pouvoir d’achat supplémentaire distribué aux moins qualifiés les incite à
travailler (et donc augmente avec leur élasticité revenu). Il est d’autant plus faible que le pouvoir d’achat ôté
aux plus qualifiés les démotive : il diminue avec leur élasticité revenu.
Des élasticités revenu identiques donnent une baisse du PIB de 0,4 point.
39
Graphique 22 :
Variation de l’EMPLOI TOTAL pour des allègements NON FINANCES
Seules les valeurs sur cette courbe sont
cohérentes avec une élasticité revenu de
l’offre de travail totale de 1/4
Elasticité revenu des plus qualifiés
Travailleurs plus qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
Valeur des élasticités
identiques, égales à 1/4
1
0.9
0.8
0.7
revenu
4.6
2.
4
0.6
1.
2
0.5
2. 3
8
1.
6
2
3.8
0.4
0.
8
0.3
0.
6
1
0.2
0.1
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Elasticité revenu des moins qualifiés
Travailleurs moins qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
L’impact sur l’emploi total d’un allègement non financé est toujours positif.
Il est d’autant plus élevé que le pouvoir d’achat supplémentaire distribué à la fois aux moins qualifiés et aux
plus qualifiés les incite à travailler : il augmente avec les élasticités revenus des moins et des plus qualifiés.
Des élasticités revenu identiques donnent une augmentation de l’emploi total de 1,3 point.
40
Graphique 23 :
Variation de l’EMPLOI TOTAL pour des allègements FINANCES EX POST
ASSURANCE CHOMAGE prise en compte
Seules les valeurs sur cette courbe sont
cohérentes avec une élasticité revenu de
l’offre de travail totale de 1/4
Elasticité revenu des plus qualifiés
Travailleurs plus qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
Valeur des élasticités
identiques, égales à 1/4
1
0.9
0.8
0.7
4
-1 .
-1
8
-0 . -0 .6
4
-0 . 2
-0 .
0.6
0 .4
0.20
1
4.
6
2
1.
8.
2
0.6
3
0.8
0.5
3.8
0.4
4
2.
2
0.3
0.2
revenu
1 .6
0
0 .4
1
0.1
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Elasticité revenu des moins qualifiés
Travailleurs moins qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
L’impact d’un allègement par reprofilage sur l’emploi total est indéterminé.
Il est d’autant plus élevé que le pouvoir d’achat supplémentaire distribué aux moins qualifiés les incite à
travailler (et donc augmente avec leur élasticité revenu). Il est d’autant plus faible que le pouvoir d’achat ôté
aux plus qualifiés les démotive : il diminue avec leur élasticité revenu.
Des élasticités revenu identiques donnent une augmentation de l’emploi total de 0,7 point.
41
Graphique 24 :
Variation de l’EMPLOI MOINS QUALIFIE pour des allègements NON FINANCES
Seules les valeurs sur cette courbe sont
cohérentes avec une élasticité revenu de
l’offre de travail totale de 1/4
Elasticité revenu des plus qualifiés
Travailleurs plus qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
Valeur des élasticités
identiques, égales à 1/4
1
0.9
0.8
0.7
1.
6
1
0.5
4.
6
2
0.6
1.
2
revenu
2.
4
2.
8 3
3.
8
0.4
0.3
5.
4
0.2
0.1
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Elasticité revenu des moins qualifiés
Travailleurs moins qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
L’impact sur l’emploi moins qualifié d’un allègement non financé est toujours positif.
Il est d’autant plus élevé que le pouvoir d’achat supplémentaire distribué à la fois aux moins qualifiés et aux
plus qualifiés les incite à travailler : il augmente avec les élasticités revenus des moins et des plus qualifiés.
Des élasticités revenu identiques donnent une augmentation de l’emploi moins qualifié de 2 points.
42
Graphique 25 :
Variation de l’EMPLOI MOINS QUALIFIE pour des allègements FINANCES EX POST
ASSURANCE CHOMAGE prise en compte
Seules les valeurs sur cette courbe sont
cohérentes avec une élasticité revenu de
l’offre de travail totale de 1/4
Elasticité revenu des plus qualifiés
Travailleurs plus qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
Valeur des élasticités
identiques, égales à 1/4
1
0.9
0.8
0.7
2
4
2.
0.6
0.5
8
0.
83
2.
revenu
8
3.
1
0.4
2
1.
6
1.
6.
4
5.
4
0.3
0.2
0.1
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Elasticité revenu des moins qualifiés
Travailleurs moins qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
L’impact d’un allègement par reprofilage sur l’emploi moins qualifié est toujours positif.
Il est d’autant plus élevé que le pouvoir d’achat supplémentaire distribué aux moins qualifiés les incite à
travailler (et donc augmente avec leur élasticité revenu). Il est d’autant plus faible que le pouvoir d’achat ôté
aux plus qualifiés les démotive : il diminue avec leur élasticité revenu.
Des élasticités revenu identiques donnent une augmentation de l’emploi moins qualifié de 1,8 points.
43
Graphique 26 :
Variation de l’EMPLOI PLUS QUALIFIE pour des allègements NON FINANCES
Seules les valeurs sur cette courbe sont
cohérentes avec une élasticité revenu de
l’offre de travail totale de 1/4
Elasticité revenu des plus qualifiés
Travailleurs plus qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
Valeur des élasticités
identiques, égales à 1/4
1
0.9
0.8
0.7
1
0.
4
2
1.2
0.8
revenu
1.6
0.6
0.6
1.2
1
0.5
0.8
1
0.4
0.6
0.3
0.8
0.4
0.6
0.2
0.2
0.4
0.2
0.1
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Elasticité revenu des moins qualifiés
Travailleurs moins qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
L’impact sur l’emploi plus qualifié d’un allègement non financé est toujours positif.
Il est d’autant plus élevé que le pouvoir d’achat supplémentaire distribué à la fois aux moins qualifiés et aux
plus qualifiés les incite à travailler : il augmente avec les élasticités revenus des moins et des plus qualifiés.
Des élasticités revenu identiques donnent une augmentation de l’emploi plus qualifié de 0,2 point.
44
Graphique 27 :
Variation de l’EMPLOI PLUS QUALIFIE pour des allègements FINANCES EX POST
ASSURANCE CHOMAGE prise en compte
Seules les valeurs sur cette courbe sont
cohérentes avec une élasticité revenu de
l’offre de travail totale de 1/4
Elasticité revenu des plus qualifiés
Travailleurs plus qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
Valeur des élasticités
identiques, égales à 1/4
1
0.9
0.8
0.7
-3
-2 .6-2 .2
-1 .8
0.6
0.5
-1 .4
-3
-2 .6
0.4
-2 .2
-0 .6
0.3
22..438
1.2
0. 1.26
2
0.8
0
2
.
-0
0.6
-1
-1 .8
4
.
8 -0
.
-0
revenu
0.4
-1 .4
-0 .8
0.2
-1
-0 .4
-0.6
0.2
0.1
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Elasticité revenu des moins qualifiés
Travailleurs moins qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
L’impact d’un allègement par reprofilage sur l’emploi plus qualifié est indéterminé : il est négatif la plupart
du temps mais peut être positif si la baisse de taxes induites par la baisse des dépenses d’assurance chômage
suffit à compenser la perte de pouvoir d’achat des plus qualifiés.
Il est d’autant plus élevé que le pouvoir d’achat supplémentaire distribué aux moins qualifiés les incite à
travailler (et donc augmente avec leur élasticité revenu). Il est d’autant plus faible que le pouvoir d’achat ôté
aux plus qualifiés les démotive : il diminue avec leur élasticité revenu.
Des élasticités revenu identiques donnent une diminution de l’emploi plus qualifié de 1,1 points.
45
Graphique 28 :
Variation du PIB pour des allègements FINANCES EX POST
PAS D’ASSURANCE CHOMAGE
Seules les valeurs sur cette courbe sont
cohérentes avec une élasticité revenu de
l’offre de travail totale de 1/4
Elasticité revenu des plus qualifiés
Travailleurs plus qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
Valeur des élasticités
identiques, égales à 1/4
1
0.9
0.8
0.7
-2 .6
-1 .8
-2 .2
-0 .6
-1
0.5
-1 .4
-1
0
0.2
-0 .6
0.4
0
-0 .8
0.2
-0 .4
0.2
-0 .8
-0 .4-0 .2
-0 .4 -0 .2
0.4
0.3
-1 8
-0 .
-1 .4
0.6
revenu
0.6
-0 .2
0.8
-0 .6
0.4
0
0.2
0.1
0.1
0.6
1
0.2
0.3
0.4
0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Elasticité revenu des moins qualifiés
Travailleurs moins qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
L’impact d’un allègement par reprofilage sur le PIB est indéterminé.
Il est d’autant plus élevé que le pouvoir d’achat supplémentaire distribué aux moins qualifiés les incite à
travailler (et donc augmente avec leur élasticité revenu). Il est d’autant plus faible que le pouvoir d’achat ôté
aux plus qualifiés les démotive : il diminue avec leur élasticité revenu.
Des élasticités revenu identiques donnent une baisse du PIB de 0,5 point.
46
Graphique 29 :
Variation de l’EMPLOI TOTAL pour des allègements FINANCES EX POST
PAS D’ASSURANCE CHOMAGE
Seules les valeurs sur cette courbe sont
cohérentes avec une élasticité revenu de
l’offre de travail totale de 1/4
Elasticité revenu des plus qualifiés
Travailleurs plus qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
Valeur des élasticités
identiques, égales à 1/4
1
0.9
0.8
0.7
-1
0
.8
-0
2
-0 .
6
-0 .
0.6
0.2 0.4
0.6
0 .8 1
1 .2
2
1 .6
2 .4
4
-0 .
0.5
revenu
0.4
2
0.3
1 .2
0
2 .8
0 .6
0.2
0 .2
0 .8
0 .4
1
1 .6
2 .4
3
0.1
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Elasticité revenu des moins qualifiés
Travailleurs moins qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
L’impact d’un allègement par reprofilage sur l’emploi total est indéterminé.
Il est d’autant plus élevé que le pouvoir d’achat supplémentaire distribué aux moins qualifiés les incite à
travailler (et donc augmente avec leur élasticité revenu). Il est d’autant plus faible que le pouvoir d’achat ôté
aux plus qualifiés les démotive : il diminue avec leur élasticité revenu.
Des élasticités revenu identiques donnent une augmentation de l’emploi total de 0,6 point.
47
Graphique 30 :
Variation de l’EMPLOI MOINS QUALIFIE pour des allègements FINANCES EX POST
PAS D’ASSURANCE CHOMAGE
Seules les valeurs sur cette courbe sont
cohérentes avec une élasticité revenu de
l’offre de travail totale de 1/4
Elasticité revenu des plus qualifiés
Travailleurs plus qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
Valeur des élasticités
identiques, égales à 1/4
1
0.9
0.8
0.7
2
.
1
8 3
2.
0.6
6
1.
0.5
0.4
6
4.
2
8.
0
4
2.
1
8
3.
0.3
5.4
0.2
0.1
0.1
revenu
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6 0.7 0.8 0.9 1
Elasticité revenu des moins qualifiés
Travailleurs moins qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
L’impact d’un allègement par reprofilage sur l’emploi moins qualifié est toujours positif.
Il est d’autant plus élevé que le pouvoir d’achat supplémentaire distribué aux moins qualifiés les incite à
travailler (et donc augmente avec leur élasticité revenu). Il est d’autant plus faible que le pouvoir d’achat ôté
aux plus qualifiés les démotive : il diminue avec leur élasticité revenu.
Des élasticités revenu identiques donnent une augmentation de l’emploi moins qualifié de 1,8 point.
48
Graphique 31 :
Variation de l’EMPLOI PLUS QUALIFIE pour des allègements FINANCES EX POST
PAS D’ASSURANCE CHOMAGE
Seules les valeurs sur cette courbe sont
cohérentes avec une élasticité revenu de
l’offre de travail totale de 1/4
Elasticité revenu des plus qualifiés
Travailleurs plus qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
Valeur des élasticités
identiques, égales à 1/4
1
0.9
0.8
0.7
-2 .6
-3
-2 .6
-3
revenu
-2 .2
-1 .8
-2 .2
0.6
0.5
-2 .6
-1 .8
-2 .2
0.4
-1.8
-1.4
-1
-1.4
0.3
-1
-1.4
-0.8
-1
0.2
-0.6
-0.8
-0.6
-0.8
-0.4
0.1
0.1
0.2
-0.6
0.3
0.4
0.5
0.6 0.7 0.8 0.9 1
Elasticité revenu des moins qualifiés
Travailleurs moins qualifiés plus sensibles à leur revenu réel
L’impact d’un allègement par reprofilage sur l’emploi plus qualifié est toujours négatif.
Il est d’autant plus élevé que le pouvoir d’achat supplémentaire distribué aux moins qualifiés les incite à
travailler (et donc augmente avec leur élasticité revenu). Il est d’autant plus faible que le pouvoir d’achat ôté
aux plus qualifiés les démotive : il diminue avec leur élasticité revenu.
Des élasticités revenu identiques donnent une baisse de l’emploi plus qualifié de 1,3 point.
49
VII - Annexes analytiques
VII.1 - Modélisation et log-linéarisation du cas général
Cette annexe présente une modélisation plus générale des allègements de charge, avec pour hypothèses
principales une plus faible productivité du travail moins qualifié et une plus grande substituabilité du
travail moins qualifié au capital que le travail plus qualifié.
VII.1.a - Modélisation
L'impact d'un changement de répartition des charges sur le facteur travail entre travail plus qualifié et travail
moins qualifié peut être examiné à travers un modèle classique d'équilibre général.
La production Y est supposée résulter de la combinaison de trois facteurs : le travail moins qualifié N , le
travail plus qualifié Q et le capital K . Afin de mieux appréhender le fait que la complémentarité du travail
plus qualifié au capital soit plus forte que celle du travail moins qualifié, un capital élargi, noté T , est défini
comme la combinaison du travail plus qualifié et du capital.
La production totale est supposée réalisée par une infinité de firmes en situation de monopole, produisant des
biens différenciés et utilisant une technologie à rendements constants de type CES :
σ
σ −1 σ −1
σ −1


σ
Ys = A γ ( EN s ) + (1 − γ ) Ts σ 
pour s ∈ [ 0,1]


avec Ys la production de bien s , N s l'emploi moins qualifié et Ts le capital élargi. L'efficience du travail,
E , l'élasticité de substitution entre le capital et le travail, σ , et la contribution relative du travail et du
capital à la production, γ , sont supposées identiques entre les producteurs. Chaque producteur considère
comme donnés le coût du travail (1 + ϕ )W ( ϕ étant les taxes sur le travail et W le salaire effectivement
perçu) et celui du capital élargi C . Les biens sont supposés partiellement substituables pour le
consommateur avec une élasticité de substitution constante ε .
Le capital élargi est lui-même supposé être une combinaison CES du travail plus qualifié et du capital :
τ
τ −1 τ −1
τ −1


T = κ ( FQ ) τ + (1 − κ ) K τ 


Le coût du travail plus qualifié est noté (1 + ψ ) Z , (ψ étant la taxe sur le travail et Z le salaire
effectivement perçu) et celui du capital CK .
Cette modélisation permet d'introduire un pouvoir de marché qui se mesure dans la marge économique µ
des producteurs. Le travail moins qualifié est supposé taxé à hauteur de ϕ et le travail plus qualifié à hauteur
de ψ . Au total :
PY = µ W (1 + ϕ ) N + Z (1 + ψ ) Q + CK K 
Le coût du capital est supposé exogène et s'écrire
CK = P ( r + δ + pr − i )
50
avec r le taux d'intérêt réel, δ le taux de dépréciation, pr la prime de risque et i le taux d'inflation
anticipée.
Enfin, aussi bien le travailleur plus qualifié que le travailleur moins qualifié représentatifs arbitrent leur offre
de travail en fonction de leur pouvoir d'achat corrigé des gains d'efficience (un gain d'efficience est supposé
ne pas agir sur le taux de chômage structurel) :
N
Q
W 
 Z 
= f
= g
 et

 EP 
 FP 
est le nombre d’unité total de travail moins qualifiés possible et
où
celui de plus qualifiés.
Le nombre total d’unités de travail utilisées sera noté L = N + Q , avec π la part en volume du travail moins
N
).
qualifié ( π =
N +Q
Afin de ne pas introduire de déformations structurelles, nombre d’unités de travail des moins qualifiés et des
plus qualifiés sont supposées croître au même rythme, de même que les efficiences du travail de ces deux
populations.
Deux hypothèses sont faites :
•
le travail moins qualifié est plus substituable au capital que le travail plus qualifié ( σ > τ ) ;
•
le travail moins qualifié est moins efficient que le travail plus qualifié ( F > E ).
VII.1.b - Log-linéarisation du modèle
La dérivation du comportement des consommateurs permet d'obtenir :
Ys  Ps 
= 
Y P
−ε
en définissant Y comme la demande globale adressée aux producteurs :
ε
 ε −1  ε −1
Y =  ∫ Ys ε ds 


et P un indice global des prix :
P=
(
1−ε
∫ Ps ds
)
1
1− ε
qui vérifient :
PY = ∫ PY
s s ds
La maximisation du programme des producteurs permet alors d'écrire :
Y1, s = Y1
Les formation des prix de valeurs ajoutée peut donc s'obtenir facilement :
1−σ
µ   (1 + ϕ )W 
P = Ps = γ σ 

A


E

1
+ (1 − γ )
σ
 1−σ
1
C1−σ 
avec µ =
1

1−
ε
Les demandes de facteurs en travail moins qualifié et en capital élargi se déduisent également :
Y  µ (1 + ϕ )W 
N = ∫ N s ds =


AE  Aγ
EP 
−σ
51
Y
µ
C
T = ∫ Ts ds = 

A  A (1 − γ ) P 
−σ
La maximisation de leur profits par les producteurs de capital élargi permet d'obtenir également la formation
des prix de valeurs ajoutée pour le capital élargi et la demande en travail plus qualifié et en capital :
1
  (1 + ψ ) Z 1−τ
 1−τ
τ
1−τ

C = κ τ 
1
κ
C
+
−
(
)

K
F
 


T  1 (1 + ψ ) Z 
Q= 

F γ
FC 
 1 CK
K = T 
 (1 − γ ) C



−τ
−τ
Ce système se log-linéarise de la sorte, en notant par une lettre minuscule les dérivées logarithmiques des
µW (1 + ϕ ) N
dµ
dϕ
dψ
, ψ=
, µ% =
, α=
,
variables exprimées plus haut et en posant ϕ =
1+ϕ
1 +ψ
µ
PY
β=
µ Z (1 + ψ ) Q
PY
:
(
)
p = α w + ϕ + (1 − α ) c + µ
(1 − α ) c = β ( z + ψ ) + (1 − α − β ) cK
(
n − y = −σ µ + w + ϕ − p
)
(
)
q − t = −τ ( z + ψ − c )
t − y = −σ µ + c − p
k − t = −τ ( cK − c )
w − p = λn
z − p = ρq
l = π n + (1 − π ) q
Le prix du bien produit est choisi comme prix de référence, si bien que :
cK = 0 et p = 0
VII.2 - Résolution du modèle et démonstration des principaux résultats
Dans ce cadre général de modélisation, une mesure d’allègement de charges sur le travail moins qualifié
non financée se traduit toujours par une augmentation de l’emploi total plus forte que celle de la
production, et une augmentation aussi bien de l’emploi du travail moins qualifié que du travail plus
qualifié.
52
Une mesure financée par augmentation des charges sur le travail plus qualifié peut avoir trois effets
différents : une hausse de l’emploi total et du PIB, une hausse de l’emploi total et une baisse du PIB et
une baisse de l’emploi total et du PIB. L’emploi des moins qualifiés augmente toujours et celui des plus
qualifiés diminue toujours, sauf si l’élasticité revenu de l’offre de travail des moins qualifiés est infinie.
VII.2.a - Résolution du modèle
La résolution du système obtenu précédemment permet d'obtenir notamment la variation du PIB et des
emplois moins qualifiés et plus qualifiés suite à une variation de la taxation de leurs rémunérations :
 σβ + τ (1 − α − β ) 
ρ  αϕ + (1 + σλ ) βψ
1 +
1−α


y=−
 σβ + τα (1 − α − β ) 
(αλ + βρ ) + 
 λρ
1−α


 σβ + τα (1 − α − β ) 
 σβ + τα (1 − α − β ) 
αϕ + 1 +
ρ  αϕ + βψ
λ  βψ
1 +
α (1 − α )
β (1 − α )




et q = −
n=−
 σβ + τα (1 − α − β ) 
 σβ + τα (1 − α − β ) 
(αλ + βρ ) + 
(αλ + βρ ) + 
 λρ
 λρ
1−α
1−α




donc


σβ + τα (1 − α − β ) 
σβ + τα (1 − α − β ) 
ρ  αϕ + 1 + (1 − π )
λ  βψ
1 + π
α (1 − α )
β (1 − α )




l=−
 σβ + τα (1 − α − β ) 
(αλ + βρ ) + 
 λρ
1−α


et
y −l =
(
1 σβ (π − α ) − τα (1 − α − β )(1 − π )  βραϕ − αλβψ
αβ
(αλ + βρ )(1 − α ) + σβ + τα (1 − α − β )  λρ
)
On peut en déduire qu'une augmentation des taxes, qu'elle pèse sur le travail moins qualifié ou le travail plus
qualifié, conduit toujours à une diminution du PIB et des emplois, aussi bien qualifiés que non qualifiés.
Si les élasticités de l'offre de travail au revenu réel sont similaires dans les deux populations, une hausse de la
taxe sur les moins qualifiés est moins défavorable à la croissance qu'une hausse de taxe de même montant sur
les plus qualifiés. En effet, la plus forte complémentarité des plus qualifiés au capital implique une moindre
accumulation du capital lors d'une augmentation du coût du travail qualifié, et donc une croissance plus
faible.
En revanche, si l'élasticité de l'offre de travail des moins qualifiés à leur revenu réel est extrêmement élevée,
une baisse des charges sur les moins qualifiés est plus favorable à la croissance.
53
Enfin, une baisse des charges non financés sur le travail moins qualifié conduit à un enrichissement de la
croissance en emploi alors qu'une baisse de charge non financés sur le travail plus qualifié conduit à l'effet
12
inverse .
VII.2.b - Changement de la répartition des charges pesant sur le facteur travail entre travail moins qualifié
et travail plus qualifié
La substitution d'une taxe sur le travail moins qualifié pour une taxe sur le travail plus qualifié pour un
montant de S peut s'estimer soit avec un financement ex ante, soit avec un financement ex post. Un
financement ex ante cherche à équilibrer un certain montant à l'aide de variation des taux de taxation en
supposant que les variables macroéconomiques restent figés. Un financement ex post cherche à équilibrer un
certain montant exprimé en points de PIB de manière à conserver ce rapport après réforme.
Pour un financement ex ante, une substitution de taxe d'un montant de S correspond à une réduction de la
taxe sur le travail moins qualifié de dϕ tel que S = WNdϕ et à une augmentation de la taxe sur le travail
13
plus qualifié de − S = ZQdψ . Les variations de taxes doivent donc respecter :
ϕ=
Pour un financement ex post,
T = WNϕ + ZQψ =
µS
et αϕ = − βψ
α PY
T
( T désignant les recettes fiscales) doit être maintenu constant. Or,
PY
α PY
β PY
ϕ+
ψ
µ (1 + ϕ )
µ (1 + ψ )
T
et en négligeant les effets de second ordre de substitution entre travail moins
PY
qualifié et plus qualifié (on suppose α et β constants), la relation suivante peut être dérivée pour assurer un
financement ex post :
En annulant la dérivé de
ϕ=
µS
αϕ
βψ
et
=−
1+ ϕ
1 +ψ
α PY
Afin de permettre de résoudre le système dans un cas général sans préjuger du financement choisi, on définit
βψ
. Dans le cas de non financement, ν = 0 ; dans le cas de financement ex ante ν = 1 et
αϕ
1 +ψ
dans le cas de financement ex post, ν =
1+ϕ
ν en posant ν = −
Les relations obtenues au paragraphe précédent peuvent alors se réécrire, en éliminant ψ et en introduisant
ν :
σβ (π − α ) − τα (1 − α − β )(1 − π ) est positif. Son signe est le même que celui de
α
−α
π − α τ α (1 − α − β ) π − α τ α + β
x −α
. Or,
est une fonction croissante de x . De plus, l'hypothèse que
−
=
−
1− x
1−π σ
1−π σ 1− α
β
α+β
α
les qualifiés sont supposés plus efficients conduit à leur attribuer une rémunération supérieure et donc π >
. Par ailleurs, il a été supposé
α+β
que σ > τ .
µ (1 + ϕ )WN
Car α =
12
En
effet,
13
PY
54

σβ + τ (1 − α − β )

ρ − νσλ  αϕ
1 − ν +
1−α

y=−
 σβ + τα (1 − α − β ) 
(αλ + βρ ) + 
 λρ
1−α




σβ + τα (1 − α − β ) 
σβ + τα (1 − α − β ) 
ρ  αϕ
λ  αϕ
1 − ν +
1 − ν − ν
−
−
α
α
β
α
1
1
(
)
(
)



n=− 
et q = −
 σβ + τα (1 − α − β ) 
 σβ + τα (1 − α − β ) 
(αλ + βρ ) + 
(αλ + βρ ) + 
 λρ
 λρ
1−α
1−α




Une réduction financée ex ante des taxes sur le travail moins qualifié est toujours défavorable à la croissance
pour des élasticités offre de travail-revenu réel similaires entre travailleurs moins qualifiés et travailleurs plus
qualifiés.
Une réduction financée créera toujours des emplois moins qualifiés et détruira toujours des emplois plus
qualifiés.
L'enrichissement de la croissance en emplois peut être calculé :
y −l =
1 σβ (π − α ) − τα (1 − α − β )(1 − π )  (ναλ + βρ )αϕ
αβ
(αλ + βρ )(1 − α ) + σβ + τα (1 − α − β )  λρ
Ainsi, quand on finance moins de charges sur les moins qualifiés par plus de charges pour les plus qualifiés,
il y a toujours enrichissement de la croissance en emploi, au sens où le taux de croissance du PIB sera
toujours inférieur à celui du taux de croissance de l’emploi total.
VII.3 - Elasticités revenu de l'offre de travail et de substitution capital travail
macroéconomiques
La mesure d’une élasticité macroéconomique entre utilisation relative des facteurs travail et capital
implique une relation entre élasticité des substitution travail plus qualifié-capital et entre élasticité de
substitution travail moins qualifié-travail plus qualifié.
De même, la mesure d’une élasticité macréoconomique de l’offre de travail à son revenu réel implique
l’existence d’une relation entre élasticité de l’offre de travail moins qualifié à son revenu réel et élasticité
de l’offre de travail plus qualifié à son revenu réel.
VII.3.a - Elasticité revenu de l'offre de travail
En reprenant les notations de l'annexe 2 et en notant
macroéconomique, l'existence d'une telle élasticité s'écrirait :
WN + ZQ 1
L
P
Lε où
1
ε
l'élasticité revenu de l'offre de travail
signifie "est proportionnel à".
55
Cette équation log-linéarisée s'écrit :
WN
ZQ
( w + n) +
( z + q) − l − p = εl
WN + ZQ
WN + ZQ
En utilisant les équations des offres de travail, on obtient :
α
α
β
1+ϕ
1 +ψ
β
+
1 + ϕ 1 +ψ
(1 + λ ) + α
β
+
1 + ϕ 1 +ψ
(1 + ρ ) = (1 + ε )
Cette relation relie les élasticités revenu de l'offre de travail des moins et des plus qualifiés sous la contrainte
d'un taux apparent d'élasticité revenu de l'offre de travail de ε .
VII.3.b - Elasticité de substitution entre le capital et le travail
En reprenant les notations de l'annexe 2 et en notant γ l'élasticité apparente de substitution entre le travail et
le capital, l'existence d'une telle élasticité s'écrirait :
L
K
 WN (1 + ϕ ) + ZQ (1 + ψ ) 1 


L
CK 

−γ
qui se log-linéarise selon :
 α

β
l − k = −γ 
( w + n) +
( z + q ) − l − cK 
α+β
α + β

Or, on a également :
l − k = π ( n − k ) + (1 − π )( z − k )

= −π σ


β
1−α − β 
β

 w + ϕ − 1 − α z + ψ − 1 − α cK  + τ 1 − α z + ψ − cK  − (1 − π )τ z + ψ − cK



(
)
(
)
(
)
Le coefficient devant cK doit donc vérifier :
β 
1−α − β
σ+
τ  + (1 − π )τ = γ
1−α 
 1−α
π
ce qui permet de relier les élasticités de substitution entre travail moins qualifié et capital élargi, entre travail
plus qualifié et capital et entre travail total et capital.
56
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