FICHE DE RÉVISION Le conte p

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FICHE DE RÉVISION Le conte p
FICHE DE RÉVISION
Le conte philosophique
Le conte philosophique, genre créé par Voltaire au XVIIIème siècle, garde les caractéristiques du conte tout en
faisant passer un message philosophique.
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La composition du conte
• Le conte est un récit. Il a donc une structure proche de celle de la narration romanesque
respect du schéma narratif et schéma actantiel.
• Le conte philosophique se rapproche du roman d’éducation, puisque c’est à travers les
expériences d’un héros plus ou moins naïf que Voltaire veut faire passer un message. Il se
rapproche aussi du roman d’aventures, car pour faire toutes ces expériences instructives, le
héros est amené à voyager, à faire des rencontres hors du commun.
• C’est pourquoi le conte s’organise en une succession d’épisodes qui constituent chacun une
leçon pour le héros et une nouvelle aventure ; l’expérience transforme peu à peu le héros et
l’amène à tirer une morale de ce qu’il a vécu ; enfin, l’intrigue sentimentale, comme dans
Candide, connaît aussi un dénouement instructif.
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La portée du conte philosophique
• Dans les contes de Voltaire, chaque chapitre est l’occasion d’aborder un thème, conçu comme
un argument ou un exemple argumentatif ou illustratif, destinées à soutenir une thèse. Ainsi,
dans Candide, la thèse de l’optimisme défendue par le philosophe Pangloss (« Tout est pour le
mieux dans le meilleur des mondes ») est battue en brèche par chacune des expériences de
Candide, qui ne cesse de rencontrer le mal : la guerre, les catastrophes naturelles, le fanatisme,
l’esclavage, la maladie…
• Les contes de Voltaire mènent ainsi une critique morale, sociale, politique et philosophique
Candide dénonce successivement la barbarie de la guerre (« une boucherie héroïque » ),
l’esclavage (le nègre de Surinam), la condition de la femme (sort réservé à Cunégonde),
l’obscurantisme religieux (l’autodafé)…
• Cette critique passe le plus souvent par un registre satirique qui utilise massivement l’ironie ;
mais Voltaire sait aussi utiliser le registre pathétique, par exemple pour stigmatiser
l’esclavage dans Candide.
• Voltaire ne se borne pas à réfuter la thèse adverse ; il construit également sa propre thèse :
Candide, peu à peu, en arrive que seul l’homme peut être l’artisan de son propre bonheur,
grâce à un travail assidu pour rendre cette terre plus prospère (« Il faut cultiver notre jardin »).
• Cette thèse est construite dans les chapitres où Candide fait des rencontres et des expériences
positives :
• L’Eldorado, monde utopique et donc inaccessible où règne une prospérité due à la
nature, montre au moins ce que pourrait être le paradis terrestre ;
• Le derviche lui enseigne de se détourner des questionnements métaphysiques (et
donc de s’occuper de questions plus concrètes) ;
• Le vieillard enfin résume sa conception de la vie : « Le travail éloigne de nous
trois grands maux : l’ennui le vice et le besoin. »
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En fait, le conte philosophique n’offre pas seulement un témoignage sur la réalité sociale d’une
époque mais qu’elle véhicule des idéaux toujours d’actualité pour les lecteurs du XXIe siècle.
• Le conte philosophique, un témoignage sur la réalité sociale d’une époque
• La critique de l’optimisme
Elle s’inscrit dans un vaste débat philosophique sur le bonheur et sur la Providence. Voltaire s’en prend aux
théories de la philosophie allemande de Leibniz, selon laquelle le monde créé par Dieu est le meilleur
possible, même s’il contient le mal et l’injustice. Ainsi dans Candide, Pangloss est le philosophe pour qui
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tout va bien et qui refuse de remettre en cause son optimisme même devant les pires horreurs. Le conte
consiste à confronter, sous la direction de Pangloss comme maître à penser, le jeune Candide aux différents
maux qui existent partout dans le monde : car les démentis apportés à l’optimisme sont nombreux :
l’enrôlement, la guerre, l’Inquisition, la violence, l’esclavage, l’inégalité qui donne tous les droits aux
puissants, le vol, la malhonnêteté.
Ces maux ont également des sources multiples : on peut distinguer ceux qui viennent de la nature
(tremblement de terre, tempête, naufrage, maladie), ceux qui viennent des hommes (cruauté, exercice de la
violence, intolérance), ceux qui viennent des institutions (esclavage).
• L’horreur et l’indifférence divine sont partout.
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Une satire des mœurs du XVIIIe siècle
Satire religieuse : dans L’Ingénu comme dans Candide, Voltaire s’attaque au clergé chargé de tous les
péchés (immoralité, libertinage, avarice, corruption). Voltaire s’indigne aussi contre l’alliance de
l’Eglise et de la politique : L’inquisiteur dans Candide détient ainsi un véritable pouvoir politique.
Satire sociale : remise en cause des traditions, du conformisme ; critique des hommes de science dans
Candide et dans Micromégas…
Satire politique : dénonciation de la monarchie absolue, du comportement des princes ; admiration a
contrario pour le régime politique de l’Angleterre
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Mais le conte philosophique véhicule surtout des idéaux toujours d’actualité pour les lecteurs
du XXIe siècle.
Destiné à divertir par sa brièveté, le conte philosophique utilise cette caractéristique pour remplir
une fonction morale généralisable. Celle-ci est facilitée par plusieurs procédés :
Le caractère illustratif de l’histoire : le conte philosophique rapporte des situations concrètes de
manière précise mais simple, que tout lecteur peut se représenter facilement.
La portée universelle est rendue par le caractère stéréotypé des situations et des personnages : les
« héros » sont représentatifs de catégories sociales, familiales ou comportementales. Ainsi, chacun peut
se reconnaître et adapter la situation présentée à des cas connus. De même, les lieux et le temps
n’appartiennent pas à une époque nettement définie et même si l’on peut observer des références à
l’Histoire du XVIIIe siècle, elles restent généralisables.
La présence ou l’absence d’une moralité : le lecteur peut donc parvenir par lui-même à « décrypter » la
leçon. Dans bien des cas, le caractère didactique est souligné par les interventions- souvent ironiques du narrateur.
Le conte philosophique véhicule des valeurs universelles :
Refus de toute forme d’intolérance ;
Toute forme d’autoritarisme est également à bannir : comme dans l’Eldorado de Candide ou dans
Zadig, le régime idéal est celui d’une monarchie dans laquelle le pouvoir est partagé ;
Surtout, Voltaire propose un enseignement intellectuel moral : les contes philosophiques transmettent
des messages touchant à la formation de l’esprit et au comportement : réflexion, refus des préjugés et de
superstitions, pensée rationnelle et vérifiée (pas de fausse logique et d’incohérence comme dans les
propos de Pangloss). Sur le plan de la morale individuelle, le message des contes est celui de la
tolérance, du respect d’autrui, de l’honnêteté, du respect des droits, invitation à jouir de la vie avec une
certaine modération comme dans Memnon, réflexion sur le bonheur dans Candide ou dans Zadig,
réflexion sur le rapport nature / culture dans L’Ingénu.
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