Patrimoine immobilier et affichage publicitaire

Transcription

Patrimoine immobilier et affichage publicitaire
ANALYSE
Pierre Weinstadt
membre du Conseil d’administration de l’UNPI Paris
Patrimoine immobilier
et affichage publicitaire
Les copropriétés ne génèrent que des charges et aucun revenu. Seule exception : lors
de travaux (ravalement, rénovation, etc.), les bâches de chantier sur les échafaudages
peuvent accueillir de la publicité de grand format qui procure aux syndicats de
copropriétaires des recettes plus ou moins substantielles selon l’emplacement des
immeubles. Or cette source de financement de travaux très coûteux est malmenée
par les pouvoirs publics.
Au niveau national
Nous avions attiré l’attention des lecteurs
(.G2TQRTKȌVCKTGKOOQDKNKGT, avril 2012) sur
le succès remporté par l’UNPI en 2012. Le
projet du gouvernement prévoyait une surface
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de chantier, c’est-à-dire la taille d’un timbre
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Les annonceurs se seraient détournés de
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de la surface de la bâche. Seuls les travaux
visant des économies d’énergie permettent
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de l’environnement) mais ces travaux ne
sont pas nécessairement votés lors des
ravalements, réparations ou rénovations.
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de tous les dispositifs temporaires, seules
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copropriétés ordinaires font l’objet d’une
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commerces en travaux ni celles pour des
Publicité sur Le Louvre
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25 millions de Propriétaires - Juin 2015
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événements sportifs) ni celles installées
sur les murs aveugles ou pignons ne sont
soumis à la règle des 50š2QWTVQWVGUEGU
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de la surface de la bâche.
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moins lotis que, par exemple, les entreprises
qui rénovent leur patrimoine immobilier. Si
une compagnie d’assurances fait ravaler la
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relative à cette société peut couvrir toute
la surface de l’échafaudage. Si ce même
immeuble appartient à des particuliers, une
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la surface de la bâche de chantier.
Cette surprenante inégalité de traitement,
TGRQUCPVWPKSWGOGPVUWTNGRTQƒNFGURTQRTKȌtaires (individus ou entreprises), n’a aucun
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savoir la protection du cadre de vie. Selon la
curieuse logique du code de l’environnement,
une publicité de la société Axa sur un des ses
immeubles ne porte pas atteinte au cadre de
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travaux. Pourquoi la surface de cette même
publicité doit-elle être divisée par deux si
elle est apposée sur un immeuble en travaux
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par le choix du gouvernement, en 2012, de
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ANALYSE
surface publicitaire maximum identique à
celle prévue sur les bâches des monuments
historiques en travaux (art. R. 621-90 du
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une fausse égalité car les biens du patrimoine
culturel ont en général une taille bien supérieure à celle des immeubles ordinaires. La
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pour des campagnes de communication
sur des bâtiments comme le Louvre, l’Opéra
Garnier ou le musée d’Orsay. Selon les critères
habituels des annonceurs, elle peut l’être pour
bien des copropriétés ordinaires.
Signalons au passage que l’Assemblée
nationale vient de voter, à l’occasion de
l’examen en mars 2015 du projet de loi pour
la reconquête de la biodiversité, l’abrogation
des dispositions du Code du patrimoine, en
vigueur depuis 2007, autorisant la publicité
temporaire de grand format sur les monuOGPVUJKUVQTKSWGUGPVTCXCWZ8WNGOCPSWG
de moyens de l’État et de ses collectivités, il
est regrettable de priver le patrimoine national
d’une source importante de financement
pour sa rénovation. Ainsi, à titre d’exemple,
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millions d’euros pour les églises parisiennes
délabrées alors que l’Observatoire du patrimoine religieux estime à 500 millions d’euros
la somme nécessaire aux travaux urgents
de restauration des chantiers prioritaires
de la capitale.
Publicité sur immeuble d’un assureur
Publicité sur hôtel Lutetia
Il serait temps que les pouvoirs publics
abordent avec plus d’ouverture d’esprit la
question de la publicité de grand format.
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créativité n’ont rien à envier aux réalisations
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de moins beau parmi les œuvres d’art installées dans les villes que parmi les créations
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réussies que d’autres, elles sont éphémères.
Quelques mois seulement pour ces décors
souvent renouvelés et ludiques, masquant
des chantiers disgracieux.
À Paris
Dans le prolongement de l’action au niveau
national de l’UNPI, l’UNPI Paris s’est associée, dans le cadre d’une action judiciaire, à
l’Union de la Publicité Extérieure (regroupant
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SNPI) pour obtenir de la Cour administrative
d’appel de Paris l’annulation des dispositions
relatives à l’affichage publicitaire sur les
bâches de chantier dans le Règlement local de
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publicitaire sur ces bâches. En outre, la publicité ne peut être apposée à plus de 7,5 mètres
du sol et doit obligatoirement s’insérer dans
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ce cumul de contraintes, aucun annonceur
n’a acheté la moindre surface publicitaire
aux copropriétés parisiennes depuis 2011,
réservant aux monuments historiques et aux
immeubles ordinaires dans d’autres villes que
Paris les 357 millions d’euros annuels destinés
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2013, source IREP sur le site de l’UPE).
À l’heure actuelle, les propriétaires dans la
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au moyen de la publicité les travaux de
rénovation pourtant indispensables à la
conservation et à l’embellissement du patrimoine immobilier.
La Cour administrative d’appel de Paris
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2015. Affaire à suivre.
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