le travail a facon
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RACHAT D’OR LE TRAVAIL A FACON : UNE OPPORTUNITE POUR LE BIJOUTIER Un bon client vous apporte l’alliance en or du grand-père et trois chaînettes en vous priant de transformer son métal en joli bracelet : une opportunité de fidéliser votre client, à condition de bien respecter la réglementation. Il faut savoir que la réglementation en matière de transformation de vieil or est particulièrement complexe et que si vous ne la respectez pas à la lettre, c’est vous et personne d’autre, qui en cas de contrôle, risquez d’être poursuivi. On peut émettre un premier principe : - ou bien vous avez un atelier intégré et la transformation de l’or de votre client se fera au sein de l’entreprise ; dans ce cas, il pourra rester propriétaire du métal tout au long de l’opération, et ne paiera, à la livraison du bijou fini que le service rendu (façon + TVA). - ou bien la transformation se fera à l’extérieur de l’entreprise ; vous devrez alors vous porter acquéreur du métal en l’achetant à votre client au cours de la broutille et lui facturer le bijou fini à vos conditions habituelles. LA TRANSFORMATION A LIEU AU SEIN DE L’ENTREPRISE C’est le cas le plus simple. Vous n’avez pas à acheter le métal, il restera la propriété de votre client tout au long de l’opération. Mais vous devez pouvoir prouver que c’est bien son or et non pas celui de Mme X ou Y qui a servi à réaliser le bracelet de ses rêves. Bien entendu, vous avez un poinçon de maître. Il faut donc : A LA PRISE DE COMMANDE - prévoir le temps nécessaire à la fabrication entre la réception du métal et la livraison du bijou terminé, - tenir compte de la perte normale de 10 % subie au cours de la transformation. 10 grammes de broutille donneront au plus un bracelet de 9 grammes. Si le poids du bijou est inférieur de plus de 10 % au poids de la broutille, vous devez rendre à votre client l’or résiduel. A LA LIVRAISON, le client paiera le service rendu et les taxes sur le coût de ce service, c’est-à-dire la façon incluant la transformation, l’affinage du métal et sa remise au titre, le droit d’accise (ce qu’on appelait autrefois droit de garantie) sur 9 grammes, frappés du coefficient multiplicateur normal de l’entreprise (en général +/- 2,5), la TVA sur l’ensemble. Soit, pour prendre un exemple, en €uros : EX 1 – « AU SEIN DE L’ENTREPRISE » Façon pour 9 gr d’or HT 82,32 € Droit d’accise 0,42 € X 9 3,78 € Prix de revient HT 86,10 € A multiplier par coeff. de l’entreprise (2,5) Le client aura à payer 215,25 € dont TVA 19,6 à régler au trésor 42,18 € Soit Prix de vente HT 173,07 € EX 2 – « HORS DE L’ENTREPRISE » - Achat de l’or au client : 10 g X 7,25 € (prix du jour de la broutille) 72,47 € taxe à payer 8 % 5,79 € A remettre au client 66,67 € Par chèque ou par avoir de caisse. - A la livraison : Bracelet 9g X 7,25 € 65,23 € Droit d’accise 0,42 € X 9g 3,78 € Façon du fournisseur 82,32 € Prix de revient HT 151,33 € 378,33 € LA TRANSFORMATION A LIEU HORS Prix de vente (X 2,5) TTC Reprise de l’or 66,67 € DE L’ENTREPRISE Le client aura à payer 311,66 € DEPOT DES BROUTILLES – Le bijoutier doit se rendre acquéreur du métal, payé au prix normal de la broutille (attention aux prix C’est la procédure qui a été retenue par dérisoires), déduction faite de la taxe de l’administration et qui a été confirmée par 8 %*. Il doit faire établir par le client une plusieurs jugements/affaire Moulin et facture de vente, inscrire la transaction sur le Vincendon en cour d’appel, pourvoi en livre de police, régler par chèque - ou en cassation rejeté). Si elle n’est pas respectée, espèces jusqu’à 1 100€ - et reverser la taxe les infractions relevées peuvent être les au Trésor en fin de mois (en même temps que suivantes : la TVA) en utilisant un formulaire à prendre A la commande : au centre des impôts indirects. - défaut d’inscription de l’or remis sur le livre, - défaut de présentation de facture vendeur LA COMMANDE AU FOURNISSEUR – Le - défaut du paiement de la taxe de 8 %*. détaillant donne l’ordre à un fabricant A la livraison : industriel ou artisan, détenteur comme il se Insuffisance de perception de TVA doit d’un poinçon de maître, d’exécuter le Insuffisance de déclaration de recettes sur bracelet (selon notre exemple). cette opération et taxation d’office après Un problème annexe se pose alors : si le reconstitution de recette. bijou est réalisé selon un modèle du fournisseur, le bijoutier devient « fabricant Les bijoutiers comprennent difficilement par tiers » et n’a pas à posséder lui-même un cette discrimination en fonction du lieu où est poinçon de maître. Si en revanche, il s’agit effectuée la transformation et la Fédération d’un modèle qui lui est propre, il devra s’efforce de faire évoluer la réglementation. posséder un poinçon de maître, et c’est ce Les actions engagées n’ayant pas pour poinçon qui sera apposé sur le bijou (et non l’instant abouti dans le sens souhaité, nous ne celui du fabricant). pouvons que vous recommander de On admettra que le bijoutier a transmis à son n’effectuer de travail à façon qu’en vous fournisseur l’or qu’il vient d’acheter et que pliant au mécanisme retenu par celui-ci ne lui facture que son service (façon, l’administration dans l’attente d’une loi plus affinage, remise au titre, droit d’accise). favorable. LA LIVRAISON DU BIJOU - Le bijoutier doit : revendre à son client l’or qu’il lui a précédemment acheté, en utilisant le coefficient multiplicateur du magasin (plus ou moins 2,5) - lui facturer le service rendu, (prix du fabricant frappé du coefficient multiplicateur) - ajouter à l’ensemble la TVA de 19,60 %. En reprenant notre exemple précédent : ATTENTION : Dans tous les cas : - inscrire l’entrée de l’or dans le livre de police, (même si vous êtes informatisé et qu’il existe à ce titre des accords avec l’administration pour la tenue du stock), sous peine d’être éventuellement poursuivi pour recel, sans omettre poids, date, n° de carte d’identité du client, nom et adresse, - briser les bijoux devant le client pour pouvoir les inscrire comme « broutilles ». L’achat de bijoux d’occasion relève d’une autre réglementation. * (7,5 % + 0,5 % de CRDS) Taxe forfaitaire sur les ventes de bijoux, objets d’art, de collection et d’antiquité Articles 150 V bis à sexies et 1770 octies du Code général des impôts Article 42 de la loi de finances Situation antérieure Les ventes de métaux précieux, bijoux, objets d’art, de collection et d’antiquité sont soumises à une taxe forfaitaire proportionnelle au prix de vente. Cette taxe s’applique quel que soit le prix de vente pour les métaux précieux et lorsque ce prix de vente excède 3 048,98 €uros pour les bijoux, objets d’art, de collection et d’antiquité. A cet égard, pour ces mêmes objets, une décote est prévue lorsque le prix ou la valeur est compris entre 3 048,98 €uros et 4 573,47 €uros. La décote correspond dès lors à la différence entre 4 573,47 €uros et le prix ou la valeur. La taxe est exigible lorsque la vente est réalisée en France ou dans un Etat membre de l’Union européenne et en cas d’exportation, autre que temporaire, hors du territoire de l’Union européenne. Les taux de la taxe sont les suivants : - 7,5 % pour les métaux précieux ; - 4,5 % pour les bijoux, objets d’art, de collection et d’antiquité vendus aux enchères publiques réalisées en France ou sur le territoire de l’Union européenne ; - 7 % pour les bijoux, objets d’art, de collection et d’antiquité vendus autrement qu’aux enchères publiques ou exportées. Ces taxes sont majorées de la CRDS au taux de 0,5 %. Aménagements apportés par la loi de finances pour 2000 Pour les transactions sur les bijoux, objets d’art, de collection et d’antiquité, le taux de la taxe est unifié à 4,5 %. Pour les ventes et exportations de métaux précieux, le taux demeure fixé à 7,5 %. Ces taxes sont majorées de la CRDS au taux de 0,5 %.