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LES ÉCO WEEK-END - VENDREDI 29 NOVEMBRE 2013 19 WEEKEND CULTURE «Kanyamakan», coup de cœur du FIFM p.22 ENTRETIEN Rencontre avec Tomek, le cracheur d’art p.23 HOMMAGE Kacimi, le poète des toiles... Othman Naciri fait sa «saga» ● En février, les amoureux du cinéma marocain feront la découverte du premier long-métrage des frères Naciri : «Saga», l’histoire des hommes qui ne reviennent jamais. Un titre atypique, une histoire touchante et des acteurs triés sur le volet que son réalisateur, Othman Naciri, va tenter de nous raconter… p.20-21 p24 LES ÉCO WEEK-END - VENDREDI 29 NOVEMBRE 2013 20 Culture BILLET Jihane Bougrine [email protected] À quelques heures du tapis rouge… M arrakech sera bientôt rouge, rouge comme le tapis que fouleront les stars! Elle s’apprête à briller au rythme des flashs des photographes, des soirées mondaines, des projections de films et des belles découvertes, et peut-être rencontrera-t-elle quelque(s) mauvaise(s) surprise(s). La ville accueillera des stars blasées aux artistes passionnés. Des maestros comme James Gray, Bruno Dumont, Abbas Kiarostami et Nicolas Winding Refn partageront leur savoir en assurant des masterclass. On rendra hommage à Juliette Binoche ou Sharon Stone en ouverture du festival, pour «glamouriser» un évènement déjà glamour… Le savoir est également transmis à travers les cinécoles présidées par Nourredine Lakhmari, Atiq Rahimi ou encore Sylvie Testud pour donner l’envie d’aller plus haut ! La 13e édition du Festival international du film de Marrakech qui commence en grande pompe aujourd’hui avec une projection du Roméo & Juliette indien des temps modernes, Ram-Leela, sous le regard d’un président du jury qui, a lui seul, fait du FIFM un évènement grandiose: Sir Martin Scorsese. Il jugera les films en compétition à l’aide de la brillante Marion Cotillard et du grand Park Chan Wook…À quelques heures du tapis rouge, on s’apprête, on se prépare, on se projette, mais on n’a pas tout à fait conscience de l'intensité de ce qu’on s’apprête à vivre …et heureusement ! ● ● Saga, c’est plusieurs histoires à la fois. Comme dans la vie réelle ! Othman Naciri fait sa «saga» ● En février, les amoureux du cinéma marocain feront la découverte du premier long-métrage des frères Naciri : «Saga», l’histoire des hommes qui ne reviennent jamais. Un titre atypique, une histoire touchante et des acteurs triés sur le volet que son réalisateur, Othman Naciri, va tenter de nous raconter… 4 acteurs emblématiques, autour d’un casting des plus impressionnants, «Saga, l’histoire des hommes qui ne reviennent jamais» est sûrement le film marocain de l’année prochaine. Une histoire qui a tout l’air d’être bien ficelé, de belles images et une vraie bande originale. Comment résister à l’envie de ne pas en savoir plus ? «Saga, ce sont plusieurs histoires à la fois, qui au final, n'en font qu'une. L'histoire d’Omar, un pervers narcissique qui manipule son meilleur ami Lahcen pour l'impliquer dans un trafic d'organes. L'histoire de Lahcen qui tente de se reconstruire loin de l'emprise de son ami, et quarante ans plus tard, l'histoire d’Ali qui tente de com- «Le plus intéressant a été de travailler avec 4 grands acteurs, aux personnalités très fortes». prendre pourquoi son père est arrêté ainsi que l'histoire de Saïd qui tente de comprendre qui est son père», explique Othman Na- ciri, qui signe là son premier court-métrage après avoir fait parler de lui, avec le court-métrage à succès : Sin palabras. «C'est également et surtout un film de femmes, car au passage ces 4 hommes croiseront dans leurs vies respectives des femmes, seules, courageuses, solidaires et très déterminées, qui les marqueront. Ces hommes qui partent et ne reviennent pas, c'est à la fois de la lâcheté et de la détermination courageuse. Libre à chacun de juger selon sa propre lecture du film», continue le réalisateur qui a fait plaisir à sa caméra en captant l’émotion unique de Raouia, ou encore la sensibilité de Jalila Talemsi, ou encore en donnant LES ÉCO WEEK-END - VENDREDI 29 NOVEMBRE 2013 21 Culture ● Le tournage qui devait durer une semaine s’est déroulé sur deux mois, à cause de tracasseries administratives et des imprévus financiers. leurs premières chances à des nouveaux visages comme la talentueuse Fatima Zohra Lahouitar, qui a fait une apparition ramarquée dans «Rock the Casbah», ou encore la pétillante Mouna Rmiki, qui a joué dernièrement le rôle de Maria dans la version arabe de «West Side Story». «J'ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec un grand nombre d'artistes de talent sur des personnages parfois très complexes. Nous avons au Maroc un grand nombre d'artistes qui méritent qu'on leur offre une tribune», précise le réalisateur, lequel a eu à faire à quatre fortes personnalités, à savoir Mourad Zaoui, Said Bey, Fehd Benchemsi et Omar Lotfi. Un exercice qui n'est pas des plus faciles, lorsqu’il s’agit de gérer 4 figures remarquées du cinéma marocain. «J'ai contacté les 4 comédiens personnellement pour leur proposer leurs rôles respectifs. Chacun des quatre acteurs a sa propre manière de travailler selon sa méthode, mais également selon les besoins du personnage. Les quatre étant très professionnels, nous avons beaucoup appris les uns des au- tres, notamment pour des rôles et des personnages parfois différents de leur registre habituel ou ceux nécessitant une préparation physique ou psychologique particulière». Une psycologie particulière et de la patience surtout afin de mettre au monde une histoire qui se tient et qui pourra être crédible face à un public marocain exi- Saga sera présenté à Tanger dans le cadre du Festival national du film. geant. «En 2009, j'avais un premier scénario que j'ai fini par mettre à la poubelle, j'en écrirai un second en 2010 que j'ai également jeté. Au final, je déterre mes 2 anciens scénarios, j'en prends le meilleur pour obtenir ce film après 14 versions. Avec mon coscénariste Yann Bouard, nous peaufinons la dernière version, que j'ai également modifiée durant le tournage. Le tout aura pris 3 ans», continue Othman Naciri, qui a dû faire face à plusieurs difficultés sur le terrain, qu’il n’avait pas imaginé sur le papier. «Il faut être patient. C'est à mon sens la principale difficulté, pour lever les fonds nécessaires (ce qu'offre le Maroc est très bien, mais souvent insuffisant). Autre difficulté, avoir la possibilité de faire le vide pendant l'écriture, et se recentrer exclusivement vers ce qui mènera à ce film. Ce n'est pas toujours gagné lorsqu'on doit avoir d'autres activités autour, mais aujourd'hui, je crois avoir la technique. Le tournage n'a pas été facile, pour plusieurs raisons. Comme pour tous les tournages, nous avons dû faire face à des situations financières souvent inattendues. Nous avons été obligés d'interrompre le tournage initialement pour une semaine, qui s'est finalement transformée en deux mois, pour ensuite interrompre de nouveau un mois, pour une histoire de visas espagnols. Sans parler du froid glacial dans le Haut Atlas et le tournage en zone douanière de Sebta qui n'était pas gagné d'avance». Des difficultés, un tournage parfois chaotique et des aventures inattendues, n’auront pas gain de cause puisque même avec quelques semaines de retard, le film est en boite, avec une postproduction réalisée dans de jolies conditions, à Buenos Aires. Une destination authentique qui va influencer le réalisateur même dans la musique du film. «La musique a été entièrement écrite, composée et enregistrée à Buenos Aires en Argentine. Je voulais permettre à des artistes d'horizons lointains de revisiter notre culture à leur sauce. Lorsque le compositeur argentin Pablo Lopez Ruiz a vu le film pour la première fois, il était fasciné par notre pays qu'il ne connaissait absolument pas ainsi que par son cinéma. La fraîcheur de son regard lui a permis de composer une musique inclassable, à l'image du film peut-être». Sûrement. Ce film inclassable essaiera de trouver une place voire une catégorie dans les festivals où il sera invité. «Saga sera présenté à Tanger dans le cadre du FNF. D'autres festivals sont prévus courant 2014, nous attendons le retour de Berlin, de Cannes, de Locarno, de Toronto et de Sundance notamment». En attendant, Othman Naciri ne se repose pas sur ses lauriers, il pense déjà au second opus : «Un second long-métrage dont j'ai posé les bases. Vous êtes sûre que vous voulez des détails ?». Pourquoi des détails quand les images finiront par parler d’ellesmêmes, puisque si les hommes ne reviennent jamais, les images ● sont toujours fidèles ! LES ÉCO WEEK-END - VENDREDI 29 NOVEMBRE 2013 22 Culture «Kanyamakan», coup de cœur du FIFM LECTURE ● Le film d’action réalisé par Said C. Naciri « Kanyamakan» a été selectionné comme coup de cœur du Festival international du film de Marrakech. Une projection grand public est prévue sur Jamaâ El Fna le 3 décembre. ● Kanyamakan est le plus hollywoodien des films marocains. K anyamakan, le long-métrage d’action réalisé par Said C. Naciri a été sélectionné dans la catégorie coup de cœur du Festival du film de Marrakech. Une projection grand public en avant-première est prévue le 2 décembre 2013 au palais des congrès et le 3 décembre sur la place Jamaâ el fna, où a été tournée une partie du film. C’est la première fois qu’une production marocaine sera à l’honneur sur la place mythique de la ville rouge à l’occasion du Festival. «Avec Kanyamakan, j’ai voulu rendre hommage au cinéma que j’aime, à la croisée des chemins entre Indiana Jones, les westerns de Sergio Leone et des films de Quentin Tarantino», a déclaré Said C. Naciri. «C’est aussi une expression cinématographique de la grande tradition orale des «halqas» de Marrakech. Nous avons d’ailleurs pris des acrobates de Jamaâ el fna que nous avons formés, pour faire les cascades du film». Kanyamakan est un film d’action tourné dans le style des plus grands blockbusters américains. L’histoire suit les aventures d’Amir, qui à la suite d’un braquage de banque, trahit ses complices et s’enfuit avec le butin vers le désert où il tente de se réfugier dans un village. Il y sera accueilli par le tyrannique Sharkan qui sème la terreur sur cet océan de sable. Amir est aussitôt envoyé dans les geôles de la Kasbah de Sharkan, où il fait la rencontre de Shahin, chef de la plus ancienne et de la plus prestigieuse des tribus. Le casting est à la hauteur des ambitions du film. Il réunit, entre-autres, Afif Benbadra, comédien cascadeur qui a joué dans «Sherlock Holmes : Jeu d’om- bre » ou «Danny The Dog», Sarah Kazemy, qui a joué l’un des rôles principaux dans «En secret» de Maryam Keshavarz, ou Anas El Baz, acteur principal de Casanegra. Les cascades et scènes de combat de Kanyamakan ont été dirigées par El Achi Mohamed, dit Moha, cascadeur et chorégraphe assistant dans Banlieue 13, Le Transporteur, Angel-A, L’incroyable Hulk et Tekken et chorégraphe principal de la série Transporter. Pendant près d’un an, Moha a entraîné les jeunes acrobates de Jamaâ el fna pour participer au tournage du film. Contribuant à fonder une véritable école marocaine de la cascade, Moha a su initier ces jeunes très doués aux techniques spécifiques des acrobaties cinématographiques, des combats et du Parkour (déplacement libre urbain à travers des franchissements spectaculaires popularisé par la troupe des Yamakasi). Kanyamakan est le plus hollywoodien des films marocains. Avec 600 plans d’effets visuels, la première course-poursuite en voiture filmée à Jqmaâ el fna et dans les ruelles de la médina, une réalisation musclée aux standards internationaux, une bande son originale qui décoiffe réunissant le grand Rachid Taha et les incontournables Hoba Hoba Spirit, le long-métrage de Said C. Naciri a tout pour devenir un blockbuster du cinéma marocain et l’un des champions du box office 2014. ● Un réalisateur passionné Said C. Naciri reçoit pour ses sept ans une camera VHS qui ne le quittera plus. De là, naîtra sa passion pour le cinéma qui le mènera à la Los Angeles Film School dont il sort diplômé en réalisation en 2002. La même année, il tourne «Casbah Story» avec Brian Taylor et Mark Neveldine au sein de son équipe. Ils élaboreront ensemble une technique de prise de vue en roller blade, qu'ils utiliseront pour filmer une course poursuite dans les ruelles de la médina de Marrakech. Son amour pour le cinéma de genre le pousse à réaliser «Kanyamakan», un conte moderne à la croisée des chemins entre le western spaghetti et le film d'aventure. Histoire de la modernité La modernité n'est ni un concept sociologique, ni un concept politique, ni à proprement parler un concept historique. C'est un mode de civilisation caractéristique qui s'oppose au mode de la tradition, c'est-à-dire à toutes les autres cultures antérieures ou traditionnelles. La question de la modernité ouvre des perspectives lourdes de sens. Outre le fait qu'elle déborde largement la Querelle des Anciens et des Modernes, elle nous renvoie à la question de la vie politique, mais surtout à la mise en cause de l'esprit historique, qui voit un aujourd'hui toujours moins radieux que demain. La modernité ne correspond pas à une vision future du monde, mais à l'inscription du futur dans le présent... à moins que la modernité ne se nourrisse des formes les plus anciennes du monde. Dans une de ces lumineuses synthèses, dont il a le secret, Jacques Attali dessine la grande histoire de la modernité, qui est une histoire des hommes et de comment ils se rêvent. Jacques Attali, Éditions Robert Laffont, 230 DH. Le capital au XXIe siècle La répartition des richesses est une question cruciale. Fruit de quinze ans de recherches, cette étude, la plus ambitieuse jamais entreprise sur cette question, s'appuie sur des données historiques et comparatives bien plus vastes que tous les travaux antérieurs. Si la diffusion des connaissances apparaît comme la force principale d'égalisation des conditions sur le long terme, à l'heure actuelle, le décrochage des plus hautes rémunérations et, plus encore, la concentration extrême des patrimoines menacent les valeurs de méritocratie et de justice sociale des sociétés démocratiques. En tirant de l'expérience des siècles passés des leçons pour l'avenir, cet ouvrage montre que des moyens existent pour inverser cette tendance. Thomas Piketty, Éditions Seuil, 320 DH. LES ÉCO WEEK-END - VENDREDI 29 NOVEMBRE 2013 23 Interview TOMEK Kawiak sage des cultures au Maroc existe entre les Berbères, les gens du Rif, du Sud, entre les Français, les Espagnols, les Portugais et même les Polonais, les juifs …. Je suis un Polonais marocain, avec ma carte de résident valable. Je cherche des traces de Polonais qui sont venus ici à Artiste polonais L’humour est le remède à tous les maux, toutes es oppressions. partir du 17e siècle. Dans les cimetières, certains on fait écrire «J’ai vécu heureux parmi vous». Quel extraordinaire message de métissage! Le métissage, c’est aussi la télévision avec 36 chaînes piratées tous les jours et les téléphones portables… Rencontre avec Tomek, un cracheur d’art ● Pochoirs, bombes, tampons, graffitis...Tomek jette avec brutalité son talent sur la toile. C’est son «mektoub», dit cet artiste, qui a fait le voyage de la Pologne à Tanger. Les ÉCO : Vous utilisez la peinture pour «cracher» vos mots. De quels «mots» ou «maux» parlez-vous, et surtout quel est leur pouvoir, selon vous ? Tomek Kawiak : Cracheur de mots, cela veut dire que l’on mâche ses mots, on cherche des mots dans sa bouche, dans son cerveau, on analyse, on traduit en plusieurs langues et on s’interroge. On écoute des mots de la rue, des mots de tous les jours, des mots populaires, en arabe on dit darija (dialecte). Exemple: houna, zid, yallah, kif kif et d’autres… On navigue entre deux crachats sur les trottoirs des rues et on crache après sur des toiles, avec des pochoirs, de la bombe, des graffitis, des tampons, etc. Les mots sont les images de tous les jours du bon sens populaire. Associés avec ironie, voire humour, ils déclenchent la rigolade sur mes toiles. Par exemple dell-dzill: cela veut dire passer de l’ombre à la lumière. Zéro-sifr = chiffre= vide. Quel message souhaitez vous faire passer à travers votre travail ? Un message sans prétention, car dans mes messages, il n’y a pas de dictature des images. Tout est libre et relatif, voire extraordinaire comme «amourhoub-love», «Kif kounti ou kif welliti» ou «Ya hasra» ! Cela veut dire: avant c’était mieux, il y a une certaine nostalgie de l'époque. La lecture se fait en anagramme, voire en palimpseste. À l’envers ou à l’endroit. Vivre la liberté des messages. Il y a une note d'humour dans vos sculptures. Est-ce que l'humour revient systématiquement dans votre travail ? L'humour revient systématiquement dans mon travail, car j’ai connu la dictature communiste dans ma jeunesse. Ça ne rigolait pas! Rigoler de la vie, c’est vivre en légèreté. L’humour est primordial dans la vie, sinon on dépérit, on cesse de vivre. Rigoler, c’est défier des mektoubs. Dans le mot Mektoub, il y a les syllabes de mon prénom, «to» et «mek», donc je gère mon mektoub à ma façon. Expliquez-nous ce mélange des cultures présent dans votre travail. Qui est Tomek, et comment a-t-il atterri au Maroc ? Dans le mot «métissage », il y a le mot «message». 2 choses sont ici imbriquées. Le métis- ●●● «Je suis un Polonais marocain. Je cherche des traces de Polonais qui sont venus ici, à partir du 17ème siècle». Quel est votre processus de travail ? Avez-vous un rituel particulier ? Travailler est une obsession chez moi, une forme de religion artistique. Je suis dans l’art depuis près de 50 ans. Plus de 100 expositions individuelles ont été organisées dans le monde entier. L’Art, c’est ma vie ! Tous les jours je réalise dessins, peintures, céramiques et sculptures dans mes ateliers en France, en Italie ou au Maroc. En 40 ans, j’ai réalisé environ 3.000 pièces vendues dans le monde entier. Le travail pictural se fait sur des toiles de grand format, toujours de dimension 2x1,40m, les séries comptent entre 50 et 100 pièces. En sculpture, j'utilise du bronze ou de l'aluminium. Quels sont vos projets ? Mes projets sont simples: travailler jusqu’à 100 ans minimum, après on verra ! Partager ma production avec les autres dans le monde. Aider des causes humanitaires, comme le Sida, ou combattre la pauvreté, être humaniste. Chercher des dialogues avec les autres par le biais de l’Art. Sculpter notre existence afin de la tourner vers l’in● telligence. LES ÉCO WEEK-END - VENDREDI 29 NOVEMBRE 2013 24 Hommage Q/R Abderrahim Chaabane, Directeur du Musée de Bank Al Maghrib Kacimi, le poète des toiles... ● Le musée de Bank Al-Maghrib rend hommage à un des plus grands peintres contemporains marocains, décédé il y a 10 ans : Mohamed Kacimi. L’exposition, qui s’intitule «L’art comme un geste extrême» regroupe 55 œuvres qui racontent le parcours d’un homme, sur la vie d’un artiste écorché vif… D epuis le 28 novembre jusqu’au 30 mars, le musée de Bank AL Maghrib célèbre le talent du peintre marocain Mohamed Kacimi. Plus de 55 œuvres sont exposées et représentent un résumé du travail de l’artiste entre 1965 et 2003. L’œuvre d’un artiste qui a marqué par son engagement, sa passion et son talent. Un talent pluriel, qui commence par une recherche de soi, d’un «équilibre», qu’il trouve dans l’abstrait en voulant témoigner de la condition humaine. Intellectuel et poète, il s’engage de plus en plus dans la politique et prend parti, après des voyages en Irak et au Liban entre autres. Le natif de Meknès vit entre Témara et Paris et n’est pas prédestiné à une carrière de peintre, puisqu’il est d’abord éducateur pour en- fants. La rencontre avec la plasticienne Jacqueline Brodskis sera déterminante, et très vite, il trouve en lui cette poésie et cette mélancolie qu’il saura retranscrire sur toile et qui fera de lui un acteur reconnu de l’art au Maroc. En effet, l’artiste qui était contemporain Kacimi est considéré comme le pionnier de l’art contemporain marocain. avant l’heure, un avant-gardiste en quelque sorte, était un réel défenseur des droits de l’homme, dont le travail retranscrit la condition de l'homme et de la vie. Gilbert Lascautlt dira, d’ailleurs sur son œuvre : «Souvent dans les toiles des dernières années, des corps surgis- sent : corps nus, sans visage, sans sexe évident, androgynes peutêtre, anges peut-être. Ce sont, en tout cas, des corps dépouillés, réduits à l’essentiel. Ce sont des corps-signes, éléments éparpillés d’un incertain alphabet de chair. Ce sont également des figures disséminées d’un improbable traité des mouvements et des gestes. En ce corps, l’acte se fait chair et la mobilité s’incarne. On s’interrogera sur les rapports de ces corps figurés et de ce que Kacimi nomme: «Le corps de la peinture». Les corps, les âmes, les visages sans expression, l’expression du néant, du vide, de la souffrance, du bonheur, des instants qui ont compté…un tout qui, comme l’a si bien dit sa fille Batoul Kacimi a permis de «libérer ses œuvres enfin». Une aubaine pour les amoureux de l’art qui peuvent profiter des merveilles de Kacimi jusqu’au 30 mars prochain au ● Musée de Bank Al Maghrib. ●●● La rencontre avec la plasticienne Jacqueline Brodskis sera déterminante, et très vite, il trouve en lui cette poésie et cette mélancolie qu’il saura retranscrire sur la toile et qui fera de lui un acteur reconnu de l’art au Maroc. Les ÉCO : Pourquoi cet hommage à Kacimi, maintenant ? Abderrahim Chaabane : Kacimi pour les amateurs de l’art, c’est le pionner de l’art contemporain marocain. C’est le point numéro un. Deuxièmement, le dénouement de la succession et de l’héritage de Kacimi, n’a eut lieu que dernièrement, on a donc eu l’occasion de montrer aux gens ce qui a longtemps été caché dans sa maison à Temara. Surtout que le legs de l’artiste s’élève à 1.647 œuvres. Nous avons donc décidé, dans le cadre de la politique culturelle du musée qui est de promouvoir les grands peintres comme Gharbaoui, pour ne pas les oublier…La troisième raison, c’est le dixième anniversaire de sa mort. Il est important de marquer le coup Vous avez sélectionné 55 toiles sur les 1.000 trouvées. Le choix a-t-il été difficile ? Nous avons travaillé en collaboration avec la Compagnie marocaine des œuvres et objets d'art, pour essayer d’expliquer le parcours de l’artiste de ses débuts, dans son travail de recherhce, à son accomplissement la vieille de sa mort. Il a peint jusqu’à la fin. Il s’agissait de choisir un échantillon représentatif du travail effectué durant toutes ses années, de 1965 à 2003. C’est regrettable que l’oeuvre de Kacimi ait été vraiment reconnue après sa mort... Vous savez, c’est un peu le destin de tous les peintres reconnus même dans le monde, mais surtout au Maroc. Ce n’est que lorsque l’on perd un grand artiste que l’on se rend compte de son importance. Dans le cas de Kacimi, c’est un peu différent. Il a eu une reconnaissance de son vivant . Après sa mort, cela s’est intensifié bien sûr, mais il était vraiment reconnu de ● son vivant … LES ÉCO WEEK-END - VENDREDI 29 NOVEMBRE 2013 25 Cinéma DiCaprio, loup de la bourse DANS LES SALLES ● Martin Scorsese présente avec un nouveau chef-d’œuvre porté par son acteur fétiche, Léonardo DiCaprio. «Le loup de Wall Street» est déjà préssenti pour de nombreux titres en 2014. Sortie le 25 décembre. droits d’adaptation, l’ancien boursicoteur n’a pas hésité plus longtemps. Le tournage du film aurait dû débuter en 2007, seulement la grève de la Writers Guild of America (scénaristes américains), qui a fait trembler Hollywood pendant plus d’un an, a inquiété la Warner Bros au point que celle-ci s'était retirée du projet. C’est finalement Red Granite qui reprendra le flambeau et signera sa toute première production. Quand aux acteurs, jusqu’à ce que Christine Ebersole auditionne, c’est Julie Andrews, célèbre pour avoir incarné Mary Poppins, qui devait interpréter Leah Belfort. Blake Lively (Krista Coughlin dans «The Town») et Rosie Huntington-Whiteley (Carly dans «Transformers 3 - La Face cachée de la histoire tourne autour de Jordan Belfort, un lune») ont longtemps été pressenties pour incarner courtier en bourse de Long Island, qui re- Nadine. Teresa Palmer (Julie dans «Warm Bodies») fuse de collaborer avec les autorités dans et Amber Heard (Miss San Antonio dans «Machete le cadre d’une vaste affaire de corruption à Kills») ont également auditionné pour le rôle tant Wall Street. «Le loup de Wall Street» est une adap- convoité. C’est finalement la jeune actrice austratation du roman éponyme écrit par Jordan Belfort lienne Margot Robbie qui réussira à tirer son épingle en personne à sa sortie de prison en 2005. D’ail- du jeu et aura la chance de tourner dans un film de leurs, quand l'ouvrage est sorti, Leonardo DiCaprio Martin Scorsese… Pour l’anecdote, pendant la et Brad Pitt se sont livrés à un combat sans merci scène de baiser entre Leonardo DiCaprio (Jordan pour en acquérir les droits, surenchérissant au Belfort) et Joanna Lumley (Tante Emma), le comépoint . En apprenant que Martin Scorsese réaliserait dien était tellement nerveux que 27 prises ont été le film si son nouvel acteur fétiche obtenait les nécessaires. ● L’ Le casse-tête est bien chinois ● «Casse-tête chinois» est le troisième volet de la trilogie entamée avec «L'auberge espagnole» et «Les poupées russes». Ce long-métrage réalisé par Cédric Klapisch, est interprété par Romain Duris. Sortie le 4 décembre. X avier a maintenant 40 ans. On le retrouve avec Wendy, Isabelle et Martine quinze ans après «L’auberge espagnole» et dix ans après «Les poupées russes». La vie de Xavier ne s’est pas forcément arrangée et tout semble même devenir de plus en plus compliqué. Désormais père de deux enfants, son virus du voyage l’entraîne cette fois à New York, au beau milieu de Chinatown. Dans un joyeux bordel, Xavier cherche sa place en tant que fils, en tant que père, en tant qu’homme en fait ! Séparation. Famille recomposée. Homoparentalité. Immigration. Travail clandestin. Mondialisation. La vie de Xavier tient résolument du casse-tête chi- nois ! Cette vie, à l’instar de celle que l'on peut mener à New York à l’époque actuelle, à défaut d’être cohérente et calme, vient en tout cas nourrir sa plume d’écrivain. Les vies des personnages principaux ont naturellement changé depuis «Les poupées russes». On y retrouve ainsi 10 ans plus tard Xavier, notre héros globe-trotteur, toujours incarné par Romain Duris et désormais père de deux enfants. Cédric Klapisch a attendu de réunir suffisamment de choses intéressantes à raconter avant de tourner cette suite, mais également que son acteur fétiche ait lui-même des enfants dans la vraie vie pour que son personnage soit plus crédible : «Je n’aurais peut-être pas refait ce troisième film s’il n’avait pas eu d’enfants», confie-t-il. Si Romain Duris y retrouve logiquement Kelly Reilly et Cécile de France pour la troisième fois de sa carrière, «Casse-tête chinois» marque la quatrième collaboration entre l’acteur et Audrey Tautou, qui se sont également donnés la réplique dans «L'écume des jours» de Michel Gondry. ● FONZY Durée : 1h43 min Genre : Comédie Avec : José Garcia, Lucien JeanBaptiste, Audrey Fleurot... Diego Costa - sous le pseudonyme de Fonzy - a donné son sperme à de nombreuses reprises pour un protocole de recherche. 20 ans plus tard, Diego est livreur dans la poissonnerie familiale. Malgré ses 42 ans, il est resté un adolescent irresponsable et gaffeur. Lorsque que sa fiancée Elsa lui annonce qu'elle est enceinte, son passé resurgit : il découvre qu'il est le géniteur de 533 enfants ! Tous les jours 14h15, 17h, 19h45, 22h30. Il était temps Durée : 2h03 min Genre : Comédie romantique Avec : Domhnall Gleeson, Rachel Mcadams, Bill Nighy... Au lendemain d'un réveillon de jour de l'An encore décevant, le père de Tim révèle à son fils que tous les hommes de la famille ont, depuis toujours, la faculté de voyager dans le temps. Tim ne peut pas changer le cours de l'histoire mais il peut changer ce qui se passe et s'est passé dans sa vie. Il décide d'améliorer son existence... en se trouvant une petite amie. Malheureusement les choses ne s'avèrent pas si simples qu'il pensait... Tous les jours 14h15, 17h, 19h45, 22h30. GRAVITY Durée : 1h31 min Genre : Science-fiction Avec : Sandra Bullock, George Clooney... Pour sa première expédition spatiale, le docteur Ryan Stone, experte en ingénierie médicale, accompagne l'astronaute chevronné Matt Kowalsky qui effectue son dernier vol avant de prendre sa retraite. Mais une catastrophe se produit lors d'une banale sortie dans l'espace. Leur navette pulvérisée, Stone et Kowalsky se retrouvent livrés à euxmêmes dans l'univers. Mais c'est peut-être en s'enfonçant plus loin encore dans l'immensité terrifiante de l'espace qu'ils trouveront le moyen de rentrer sur Terre... Tous les jours 14h15, 17h, 19h45, 22h30. CAPITAINE PHILLIPS Durée : 2h14 min Genre : Action Avec : Tom Hanks, Christopher Stadulis, Max Martini, Chris Mulkey, John Magaro, Corey Johnson, Michael Chernus... Adaptation cinématographique des événements survenus en avril 2009 au large des côtes africaines. Le capitaine Richard Phillips, marié père de deux enfants au commande d'un porte container s'était livré à un groupe de 4 pirates somaliens pour sauver son équipage. Après l'échec d'une tentative d'évasion, il fut délivré par les Navy Seals. Tous les jours 14h15, 17h, 19h45, 22h30. LES ÉCO WEEK-END - VENDREDI 29 NOVEMBRE 2013 26 Tendances RENDEZ-VOUS La fin d'année «Ladurée» Evian by Saab ● De la dentelle, de l'allure, de la pureté : voilà ce que recense aujourd'hui la nouvelle bouteille d'eau minérale Evian. L'édition limitée est une création du Libanais qui sait sublimer la femme, Elie Saab. L a bouteille d’Evian la plus «stylée» du moment vient de faire son entrée au Maroc! Habillée par Elie Saab, la bouteille d’eau minérale n’a pas fini de faire forte impression. L’eau minérale naturelle Evian perpétue son histoire avec la mode en s’associant au célèbre couturier. Dernière née d’une lignée d'associations (sept) avec de grands créateurs, la bouteille Evian édition limitée 2014 voit s’unir les deux marques autour d’un hommage commun à la pureté. La bouteille, habillée d’un motif de dentelle, n’est pas sans rappeler l’élégance et la féminité propres aux collections Elie Saab. Cette dentelle blanche et délicate à la précision architecturale, signature de la maison du couturier, se conjugue avec raffinement à la silhouette épurée de la bouteille. Le résultat incarne et symbolise le savoir-faire et la sophistication au cœur de l’univers des deux marques. L'eau d'Evian suit un parcours pendant plus de 15 ans au cours duquel, protégée par des roches imperméables, elle acquiert sa composition minérale unique et constante. Quant à lui, Saab, créateur naturellement doué, se distingue par la création de robes élégantes et intemporelles, sublimant toujours plus la silhouette féminine, et réussit son pari avec Evian. La délicate dentelle du créateur et la silhouette affinée de la bouteille Evian se conjuguent parfaitement pour offrir une vision commune de la pureté. Le créateur de 49 ans, que l’on ne présente plus, a fait du chemin depuis son premier atelier de couture à Beyrouth en 1982 alors qu’il n’avait que 18 ans. Celui qui a toujours su qu’il voulait devenir grand couturier a enchaîné les fashion weeks à Beyrouth, Paris et Rome pour aujourd'hui habiller les stars sur les tapis rouges du monde entier. On se souvient de ce grand moment en 2002 où Halle Berry vient récupérer son Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans le film À l'ombre de la haine, en larmes, dans une robe d’Elie Saab. Il devient Membre correspondant à la Chambre syndicale de la Haute Couture et ses créations ensorcellent avec cette touche alliant le charme oriental à la classe occidentale. Il jongle entre les matières nobles (taffetas, organza, zibeline, satin, etc.) qu'il associe à des matières plus fluides et légères (mousseline) ou encore fines (dentelle). La touche «Saab» est reconnaissable entre mille, ne s’imite pas et surtout ne passe pas inaperçue…ce n’est pas la bouteille ● d’Evian qui infirmera cela! ●●● La délicate dentelle du créateur et la silhouette affinée de la bouteille Evian se conjuguent parfaitement pour offrir une vision commune de la pureté. Les fêtes de fin d’année sont toujours un moment où se mêlent partage et plaisirs gourmands. C’est à l’occasion de ces instants inédits que la Maison Ladurée dévoile ses créations. Des pièces montées composées de macarons recouverts de feuilles d’or et d’argent, posés sur socles et cônes décorés de frises réalisées en glace royale. Ces oeuvres gourmandes donnent aux fêtes de fin d’années une touche de magie! La Maison Ladurée propose une large gamme de produits pour les cadeaux de fin d'année. Une collection de coffrets de différentes formes et couleurs inspirées par un savoir-faire de 150 ans (Marie-Antoinette, Napoléon, Brocart, Cachemire…) remplis de macarons assortis, de mélange de thés, de chocolats de la nouvelle gamme «Les Marquis Ladurée», de confitures et miels, de caramel à tartiner, de bougies parfumées et de livres de recettes Ladurée sucrées et salées. Celle qui se veut «temple de la gastronomie», la Maison Ladurée, propose des fêtes de fin d’année uniques, grâce à ses douceurs gourmandes, ses parfums subtils et ses entremets raffinés ! La Maison Ladurée est présente depuis novembre 2012 au Maroc au sein du ● MoroccoMall à Casablanca. Les chaussures de l'hiver FASHION Les bottes hautes Les chaussures irisées Si vous n’osez pas la cuissarde, il faudra, cet hiver, prendre de la hauteur avec des bottes hautes. Sous le genou, elles se portent à talons aiguilles ou carrés. Le plus: opter pour les bottes compensées. Pour la saison automne/hiver 2013-2014, l’irisé s’invite sur les chaussures. Bottes, bottines ou encore derbies, les chaussures d’hiver s’habillent. Pas question de réserver le nacré, le doré et l’argenté aux fêtes de fin d’année. Il faut que cela brille toute la saison! Les chaussures à semelles crantées LA nouvelle tendance est la semelle crantée. Elle s’invite sur tous les modèles de chaussures. Sandales, bottines, bottes à talon ou encore bottes plates, la semelle crantée sera LA chaussure tendance automne hiver 2014!