PORTRAIT | Paolo Calia

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PORTRAIT | Paolo Calia
PORTRAIT | Paolo Calia
Écrit par Olivier Bailly
Mercredi, 12 Novembre 2014 13:10
Extravaganza
Créateur d’univers merveilleux et animateur télé, Paolo Calia possède un
studio aux Frigos depuis près de trente ans. Roi de la nuit parisienne, à la
belle époque du Palace, il a travaillé avec le maître ès rêve, Federico Fellini
. Rencontre avec ce dandy un brin barré à l’univers baroco-rococo assumé.
Arrivé au troisième étage des Frigos, je frappe à une porte sur laquelle ne figure aucun nom.
Derrière cette porte, une voix me parvient, teintée d’un fort accent italien. Un petit homme
chauve et souriant, une sorte de génie tout de noir vêtu, m’ouvre. C’est Paolo Calia. Il me fait
pénétrer dans une pièce immense pleine de coins et de recoins. C'est baroque, rococo, kitsch,
merveilleux, tout ça à la fois. Les lumières habilement disposées créent de savants clair-obscur.
Ici, c’est bien la maison la plus originale de France, pour reprendre le titre de l’émission de M6
que Paolo Calia a animée de 2011 à 2013. Si cette prestation lui a permis une certaine
notoriété, l’histoire de ce peintre, photographe, designer, créateur d’événements, n’est pas
réductible à ce rôle d’animateur télé.
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Écrit par Olivier Bailly
Mercredi, 12 Novembre 2014 13:10
« J’ai été formé à l’art contemporain, mais j’avais toujours tendance à aller vers le classique »,
raconte cet Italien d’origine sarde dont la calvitie permet de dissimuler un âge qu’il m’a fait
promettre de ne pas révéler. Aux Beaux-Arts de Venise, au début des années 70, ses
professeurs tentent bien de le contrarier – comme on contrariait les gauchers – en le remettant
dans le droit chemin : « Ils voulaient me convaincre que j’étais un artiste conceptuel. S’ils venaient ici ils auraient une
crise cardiaque
», s’amuse-t-il. J'ai beau savoir que ces locaux frigorifiques ne sont plus utilisés depuis belle
lurette par la SNCF, je ne parviens pas à imaginer comment était ce palais des mille et une
nuits, ce décor de péplum ou de film bollywoodien avant sa transformation. « Au départ je l'ai décoré pour le tournage d'une pub
», raconte Paolo Calia. Un jour de 1985, un copain lui a dit : « Va dans les Frigos, plein d'artistes y ont leurs ateliers. Louer pour une journée coûte moins cher
qu'une semaine ailleurs.
» « Je ne savais pas ce que c'était, les Frigos. Quand je suis venu, la porte était enlevée et des
clochards dormaient partout. C’était la poubelle, ici
», se souvient-il. La bâtisse, avec sa fameuse tour d'angle, ressemblait alors à un château
fantastique isolé au milieu des rails dans un coin du 13
e
en friche. Ce décor digne de Léo Malet a bien changé depuis.
Boy George au milieu des anges
À l’époque, Paolo Calia habite encore dans le 8 e . Du 13 e , il ne connaît alors que le magasin
des frères Tang dans lequel il va toujours, ça le fait « voyager
». Après avoir tout retapé, il commence à donner ses rendez-vous dans ce studio mais, à force
de perdre du temps dans les embouteillages, il décide de s’y installer définitivement. L’endroit
porte les traces, comme autant de strates, des changements successifs. « Je faisais des photos pour les magazines. Je me souviens avoir pris Boy Georges au milieu des
anges pour le magazine
Globe.
Pour Thierry Mugler, Jean-Paul Gaultier, Arielle Dombasle et d’autres, je préparais un nouveau
décor et je retirais l’ancien. Et puis je trouvais dommage de l’enlever.
»
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