La consommation de chocolat est
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La consommation de chocolat est
La consommation de chocolat est-elle un signe de dépression ? La tradition associe généralement la consommation de chocolat à une amélioration de l’humeur. Cependant, les bases scientifiques d’une telle affirmation sont encore rares. Une seule étude épidémiologique réalisée jusqu’à présent avait envisagé une corrélation entre la consommation de chocolat et des symptômes dépressifs, mais elle n’était pas focalisée sur le seul chocolat et elle concernait exclusivement les femmes. La présente étude a été menée sur 1 018 personnes (694 hommes et 324 femmes), âgées de 20 à 85 ans (âge moyen 58 ans), de la région de San Diego en Californie, non diabétiques et exemptes de maladie cardio-vasculaire. A partir de cette population, 931 personnes ont été sélectionnées car elles n’étaient pas sous médication antidépressive. Un test spécifique (CES-D : Center for Epidemiologic Studies Depression Scale) a permis d’évaluer leur « niveau » de dépression, un score à 16 indiquant une dépression possible et un score à 22 une dépression probable. Leurs habitudes alimentaires ont été répertoriées à l’aide de 2 questionnaires permettant de recouper les consommations hebdomadaires et mensuelles. Une consommation moyenne de chocolat était estimée à 28 g par jour, ce qui correspond à une barre chocolatée. Celle-ci était considérée comme « faible » si elle ne dépassait pas 50% de la consommation moyenne, et comme « importante » si elle atteignait 150% de la valeur moyenne. La prise d’autres aliments a également été évaluée parallèlement pour cerner plus spécifiquement « l’effet chocolat » éventuel. Les résultats sont résumés dans le tableau ci-dessous en fonction du score au test CES-D. Aliments * CES-D < 16 CES-D 16 Différence (%) p Chocolat ** 5,39 (8,76) 8,39 (14,83) 55,7 0,004 Graisses (g) 68,1 (39,6) 74,6 (46,9) 9,5 0,17 Calories (kcal) 1681 (791) 1785 (958) 6,2 0,24 Glucides (g) 187 (91) 198 (109) 5,9 0,28 Caféine (mg) 148 (147) 158 (155) 1,1 0,70 * Moyenne ± DS ** Fréquence de consommation mensuelle, moyenne ± DS Les personnes qui consommaient le plus de chocolat étaient celles qui avaient un score au test CES-D ≥ 16. La différence de consommation était légèrement plus significative chez les hommes que chez les femmes. Les différences observées pour les autres types d’aliments n’étaient pas significatives, ce qui témoignerait de la spécificité du chocolat dans cette corrélation. Les indices de masse corporelle ne différaient pas entre les deux populations en fonction du score au test, soit 27,7 kg/m 2, pour une valeur < 16, versus 27,8 kg/m2, pour une valeur 16. Dans les 2 groupes, la consommation d’aliments antioxydants (poisson, café, fruits, légumes) était comparable. Cette étude montre clairement qu’une consommation plus élevée de chocolat est liée à une tendance dépressive. La dépression pourrait ainsi stimuler cette consommation, le chocolat étant alors considéré comme un traitement du fait de sa teneur en caféine et théobromine. Cependant, on ne peut exclure d’autres interprétations. Le chocolat pourrait contribuer, comme composante causale, à l’humeur dépressive. Une altération physiologique, comme l’inflammation ou un stress oxydatif, pourrait être sous-jacent tant à la dépression qu’à la consommation de chocolat. Enfin, le chocolat pourrait agir par le biais de la production d’acides gras de type oméga-3, dont l’inhibition accentue la tendance dépressive. Le mode de consommation du chocolat dans la dépression, cause ou remède, reste donc à définir plus précisément. Philippe van den Bosch de Aguilar, Université Catholique de Louvain, Louvain la Neuve Rose N, Koperski S, Golomb BA. Mood food. Chocolate and depressive symptoms in a cross-sectional analysis. Arch Int Med. 2010;170: 699-703. ©2010 Successful Aging SA Af 620-2010 Le Ginkgo biloba peut-il prévenir la démence d’Alzheimer ? La prévention des maladies chroniques est un enjeu majeur de santé publique et parmi ces maladies, la démence d’Alzheimer est une des plus courantes et des plus redoutées chez les personnes âgées. Les extraits de Ginkgo biloba* sont parfois recommandés à titre préventif car ils ont la réputation de préserver la mémoire. Aux Etats-Unis, les ventes annuelles de G biloba représentent environ 250 millions de dollars. Deux mécanismes sont proposés pour expliquer le bénéfice éventuel du G biloba : les actions antioxydantes et les effets antagonistes de l’agrégation de la protéine bêta-amyloïde. Actuellement, il ne constitue cependant pas une médication reconnue en tant que telle pour la prévention de la maladie. Cette étude longitudinale sur une cohorte importante visait à évaluer de manière plus précise les effets éventuels du G biloba sur la démence de type Alzheimer. L’étude a été menée dans cinq centres entre 2000 et 2008 sur 3 069 volontaires, âgés de 75 ans ou plus, dont l’état cognitif était normal (n=2 587) ou qui présentaient des troubles légers (n=482). L’âge moyen des participants au départ était Démences Démence d’Alzheimer Démence vasculaire sans démence d’Alzheimer de 79,1 ans et 46% étaient des femmes. Dans cette population, 1 545 personnes prenaient des extraits de G biloba (extrait EGb 761) à raison de deux doses de 120 mg par jour par voie orale et 1 524 sujets prenaient un placebo. Les traitements étaient administrés de façon randomisée et en double aveugle. Dans le choix des volontaires, différents critères d’exclusion ont été appliqués, dont : un score >0,5 à l’échelle de démence (CDR) ; - la prise d’anticoagulants, d’inhibiteurs de cholinestérase, d’antidépresseurs, d’une dose supérieure à 400 UI de vitamine E ; - la présence de troubles vasculaires ; - une hospitalisation pour dépression ; – un diagnostic de maladie de Parkinson ; – des tests thyroïdiens ou hépatiques anormaux. L’état cognitif des volontaires a été évalué tous les six mois par une batterie de tests neuropsychologiques et les démences diagnostiquées selon le DSM-IV. La période moyenne du suivi a été de 6,1 ans avec un maximum de 7,3 ans. L’analyse statistique des données montre qu’une démence est apparue chez 523 personnes, diagnostiquée comme démence d’Alzheimer dans 92% des cas. Placebo (n=1 524) 246 220 17 G biloba (n=1 545) 277 257 7 P 0,21 0,11 0,5 Nombre de démences apparues dans les 2 groupes au cours de l’étude. L’incidence des démences était de 3,3 par 100 personnes/année dans le groupe G biloba et de 2,9 par 100 personnes/année dans le groupe placebo. Il n’y avait aucune différence significative entre ces deux groupes (P=0,21), ni entre les personnes dont l’état cognitif au départ était normal, ni entre celles atteintes de troubles légers (P=0,39). Cette analyse démontre clairement que le G biloba n’a aucun effet protecteur vis-à-vis de la démence d’Alzheimer, et ne retarde pas l’âge de son apparition. Son action préventive contre la démence vasculaire reste à préciser au vu du faible échantillon de l’étude. * Le Ginkgo biloba est la plus ancienne espèce arboricole identifiée et ses représentants actuels sont identiques à leurs ancêtres, présents sur la planète il y a 300 millions d’années. Il est très résistant aux stress et à la pollution et peut vivre jusqu’à 1000 ans. Ces caractéristiques exceptionnelles sont sans doute à la base des vertus légendaires qu’on lui attribue dans le cadre du vieillissement. Philippe van den Bosch de Aguilar, Université Catholique de Louvain, Louvain la Neuve. DeKosky ST, Williamson JD, Fitzpatrick AL, Kronmal RA, Ives DG, Saxton JA, Lopez OL, Burke G, Carlson MC, Fried LP, Kuller LH, Robbins JA, Tracy RP, Woolard NF, Dunn L, Snitz BE, Nahin RL, Furberg CD. Gingko biloba for prevention of dementia. A randomized controlled trial. JAMA. 2008;300:2253-2262. ©2010 Successful Aging SA Af 569-2008