SEEVAD, novembre 2013

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SEEVAD, novembre 2013
2ième Symposium international d’éthologie vétérinaire
(Société Européenne d’Ethologie Vétérinaire des Animaux Domestiques)
Du 1er au 3 novembre 2013 à Lyon
Par Charlotte Duranton, éthologiste et doctorante en cognition
& Brunilde Ract-Madoux, éthologue et consultante au refuge AVA.
SEEVAD a organisé son second symposium scientifique à l’école vétérinaire de Lyon,
Vetagro-sup. Conférences plénières, communications orales et affichées ont été présentés
par les nombreux intervenants lors de ces trois de conférences autour de la thématique
« Capacités cognitives et interactions homme-animal ».
Pour plus d’informations :
http://www.seevad.fr/symposium-ethologie-2013.php
Nous vous résumons une conférence sur la cognition animale, les conférences sur le
comportement du chat et des présentations sur certaines idées reçues en comportement
canin.
La cognition animale : diversité et apport pour le bien-être des animaux
Dr. Franck Péron
University of Lincoln, School of Life Sciences, riseholme campus park, LN2 2LG, Lincoln, UK
Contact: [email protected]
Le domaine de la cognition étudie entre autre l’ensemble des processus mentaux qui
interviennent dans les apprentissages, et les facteurs qui influencent ces capacités chez les
êtres vivants.
Il existe différents types d’apprentissages : les apprentissages dits continus par associations,
avec le conditionnement classique étudié par Pavlov ; les apprentissages avec récompense
et punition après la réalisation d’un comportement, très étudiés par Skinner ; les
apprentissages dits latents, sans que l’on s’en rende compte, comme ceux étudiés par
Tolman ; et les apprentissages sociaux, où l’on apprend en observant le comportement des
congénères. Tous ces processus interviennent constamment dans le quotidien de tous les
animaux.
Les animaux ont donc des structures cérébrales permettant les apprentissages, même pour
les plus simples. Ces structures interviennent dans la mémorisation, la catégorisation,
l’anticipation parfois même. Et elles interviennent aussi dans les mécanismes de la douleur,
de l’anxiété et de la souffrance psychologique.
C’est donc là qu’entre en jeu le lien plus qu’évident entre cognition et bien-être des
animaux. Mais la notion de bien-être n’est pas facile à appréhender, à définir, et à évaluer.
Par contre, la notion de souffrance et de mal-être l’est plus. C’est pour cela que souvent les
études ont pour but de travailler à la diminution de tous les signaux de mal-être émis par les
animaux, à défaut de pouvoir leur demander s’ils sont heureux !
Pour cela, il faut tenir compte de l’état physique de l’animal (ce dont il a besoin de part son
espèce et en tant qu’individu), son état mental (les affects qu’il a, ce que l’individu préfère
comme activité, lieu de couchage etc.), et la dimension naturelle des conditions de vie qu’on
lui offre (tenir compte de la sélection naturelle, et aussi artificielle avec la domestication).
C’est là qu’apparait une notion importante, celle du domaine de compétence, découvert par
Frasel (1997). Il faut vérifier que les défis auxquels l’animal est confronté dans son milieu de
vie sont compatibles avec les capacités qu’il a pour y répondre.
Par exemple, les animaux qui vivent en captivité (élevage, parcs zoologiques, animaux de
compagnie, etc.) sont souvent confrontés aux contraintes suivantes : restriction de l’espace
de vie, pas de contrôle de leur espace de vie, pas de contrôle de leurs interactions sociales,
de leurs activités physiques, de leur exploration du milieu, ne peuvent pas se nourrir dès
qu’ils ont faim, contraintes liées aux manipulations, aux soins, aux trajets, à la vie en milieu
humain, etc.
Or il est essentiel pour leur bien-être que les animaux puissent exprimer les comportements
naturels propres à leur espèce. De nombreuses études ont aussi montré qu’un point très
important pour diminuer le mal-être des animaux est le fait qu’ils aient la possibilité de
« contrôler leur environnement », et de prédire au maximum les évènements qui s’y
produisent. Il faut donc leur laisser le choix : le choix de l’activité qu’ils veulent faire, du
moment où le faire, et de la durée. Et il faut augmenter la fréquence d’évènements
plaisants. Prenons le cas du chien : à la maison, laissez lui le choix du lieu de couchage en lui
proposant plusieurs paniers, laisser lui le choix de jouer ou dormir en lui laissant plusieurs
jeux à dispositions etc., et augmentez au maximum les interactions agréables comme les
balades, les récompenses et les jeux.
Il faut aussi utiliser l’habituation et le conditionnement pour qu’ils apprennent à accepter un
grand nombre de contraintes, comme les soins chez le vétérinaires, le transport, les
manipulations, etc. Ainsi si l’animal apprend que rien de désagréable ne se passe, que la
manipulation s’arrête si l’animal exprime du mal être, et que des récompenses arrivent
pendant la manipulation, alors cela sera associé à un évènement positif, et l’animal pourra
l’accepter de plus en plus longtemps. D’où là encore un exemple clair du lien entre bien-être
et apprentissages chez les animaux.
Il est aussi important de tenir compte de la balance entre l’état motivationnel de l’animal et
les contraintes qu’il va devoir supporter. L’animal est-il disponible ? Par exemple, votre chien
est-il disponible pour être attentif, pour apprendre, pour se rappeler, pour chercher le
contact ? Son état motivationnel interne va modifier ses capacités d’apprentissages : par
exemple s’il a faim, s’il a froid ou sommeil, ou encore s’il est malade ou souffre de
démangeaisons. Une étude récente de Miller & Bender (2012) a par exemple montré que
laisser les chiens à jeun avant de travailler (apprendre un nouvel exercice par exemple)
augmente la motivation mais pas les performances ! La motivation à répondre à un besoin
(satisfaire la faim) perturbe les capacités du chien à gérer sa frustration, à chercher des
solutions aux problèmes, etc . De plus, on sait que l’état mental (l’affect) dans lequel un
individu se trouve (quelle que soit son espèce) affecte ses capacités cognitives, comme par
exemple : l’attention, la mémoire, la perception des stimuli, l’anticipation, et la capacité à
prendre des risques. Donc évaluer ces capacités, leur changements soudain par exemple,
peut permettre d’avoir accès à l’état mental (bien-être ou mal-être) de l’animal.
Cela peut aussi se faire grâce au test du biais cognitif. On cherche à voir si un animal est
plutôt optimiste (que l’on va donc associer à un meilleur bien-être) ou s’il est plutôt
pessimiste (et on l’associera alors à un plus grand mal-être). Le principe est simple : on
apprend par exemple à un individu que le pot à gauche de lui est toujours associé à une
punition, et qu’il faut l’éviter, alors que le pot à sa droite est toujours associé à une
récompense alimentaire, et qu’il faut y aller. Lorsque l’animal a bien appris cela, on lui
présente tout à coup un pot au milieu : s’il y va, on considère qu’il est optimiste, alors que
s’il n’y va pas, on dira qu’il est pessimiste. Ce dispositif simple permet de tester toutes les
espèces d’animaux et de tester l’effet de nombreux facteurs : par exemple, les impacts des
manipulations sur les animaux (les chats subissant des manipulations régulièrement sont-ils
plus pessimistes que ceux n’en subissant pas régulièrement ?), les impacts des conditions de
vie des animaux (les chevaux vivant avec des congénères sont ils plus optimistes que les
chevaux vivant isolés ? les chevaux vivant au pré sont-ils plus optimistes que les chevaux
vivant en box ?), les impacts des enrichissements de l’environnement (les animaux de parc
zoologique a qui l’on propose des cachettes pour chercher de la nourriture sont-ils plus
optimistes que ceux n’ayant pas la possibilité de chercher leur nourriture ? etc.). Ainsi, le Dr.
Hélène Zulch a montré que les chiens ayant du mal à supporter la solitude sont plus
pessimistes que les autres. Cela permet donc d’avoir des connaissances très appliquées et
utile sur l’état de bien-être ou de mal-être de nos animaux.
Et quelle est la place de l’humain dans tout ça ? Les humains imposent énormément de
contraintes aux animaux pour satisfaire leur propres besoins (compagnie fournie par un chat
ou un chien, loisir fourni par un cheval, lait et fromage fournis par les chèvres d’élevages,
viande et cuir fournis par les vaches d’élevages etc.). Il y a maintenant les moyens d’utiliser
des outils scientifiques pour évaluer l’état de bien-être de ces animaux, et chacun doit
œuvrer dans le but de l’augmenter au maximum. Que ce soit pour réaliser des soins et
améliorer la guérison, pour gérer l’élevage et diminuer les réactions de peur des animaux
lors de l’approche de l’humain, et même inciter les animaux à chercher le contact,
augmenter les performances car on améliore la qualité de la relation avec l’animal etc.
Respecter les conditions de vie et offrir la possibilité aux animaux de se comporter de la
façon la plus naturelle possible, augmente leur bien-être. Et ne jamais oublier que tous les
individus sont différents, que de nombreux facteurs influencent leurs capacités cognitives et
leurs besoins !
Conférences sur le comportement des chats
La communication féline et ses implications pour les interactions homme-chat
S. L. H. Ellis
School of Life Sciences, University of Lincoln, Riseholme Park, Lincoln, United Kingdom
Contact: [email protected]
Le chat domestique communique avec ses congénères, d’autres animaux et des humains de
plusieurs manières : visuelle, auditive, tactile, chimique, intentionnelle/non-intentionnelle.
L’objectif est le transfert d’informations entre l’émetteur et le récepteur. Ces informations
sont les émotions ressenties, l’état physique, l’intention d’agir, etc.
Comprendre la communication des chats n’est pas toujours évident : ses comportements,
son langage corporel, ses postures et ses différents signaux communicatifs peuvent être très
subtiles. Cela n'est pas surprenant lorsqu'on prend en considération l'évolution relativement
récente du chat domestique à partir d'une espèce hautement solitaire, le chat sauvage
d’Afrique (Felis silvestris lybica), son probable ancêtre. Il aurait augmenté sa tolérance vis-àvis des humains et vis-à-vis des congénères (regroupements alimentaires) pour se
rapprocher petit à petit des foyers humains. Un des challenges est d’identifier et de
décrypter des comportements identiques qui apparaissent dans des contextes
environnementaux différents et avec des états émotionnels différents.
Il nous manque encore des connaissances sur les capacités sensorielles du chat domestique.
Cependant, il est important de s’assurer que les interactions se déroulent de la manière la
plus positive possible, en respectant le bien-être de l’animal, en minimisant le stress et les
risques de blessures (morsures, griffures), ainsi qu’on améliorant les soins. C’est pourquoi les
études scientifiques s’attèlent à nous apporter de plus en plus de connaissances sur ce sujet.
Nous allons présenter d’un point de vue professionnel et scientifique ce que nous pensons
connaitre sur la communication des chats pour donner des conseils pratiques :
1/ La communication visuelle :
La communication visuelle intraspécifique : expériences réalisés par les chercheurs avec
utilisation de silhouettes pour comprendre ce mode de communication. Prendre en compte
la complexité de la queue du chat : positions, mouvements, pilo-érection.
« Tail-up signal » : intention amicale envers de le récepteur. Comportement développé
probablement lors de la domestication. Envers les humains, ce signal apparait toujours lors
d’une situation positive.
2/ La communication auditive :
Le miaulement : comportement juvénile qui n’apparait jamais chez les adultes lors
d’interactions intraspécifiques, mais très courant dans la relation homme-chat. Ces
situations différentes permettent-elles de penser que ce comportement à une (des)
fonction(s) différente(s) ?
La communication acoustique interspécifique : tous suggèrent que les chats n’auraient pas
de « meow signal » (miaulement spécifique) dépendant d’un contexte.
Le ronronnement : - envers les autres chats, comportement lors des soins maternels et lors
d’interactions positives
- envers les humains : sollicitation/ non-sollicitation de l’humain.
Une étude, expliquée dans un article en cours de publication, s’est intéressée au
ronronnement du chat et à sa fréquence lors de situations négatives ou positives. Les chats
peuvent ronronner lors de situations négatives, et les humains sont capables de percevoir
les différents types de ronronnement.
3/ La communication chimique :
Les marquages : frottements faciaux, jets urinaires, griffages, etc.
Des études se sont intéressées aux dépôts d’odeurs comme l’urine (de Boer, 1997 ; Natoli,
1985) et les fèces (Nakabayashi et al, 2012). Cette dernière étude que le chat domestique
était capable de distinguer un individu familier d’un autre grâce au flairage des ses fèces.
4/ La communication tactile:
Les frottements ou frôlements apparaissent entre chats et du chat vers l’humain. Ils n’y sont
pas tous sensibles de la même façon. Pour les caresses, les chats auraient des zones
corporelles préférées, variables d’un individu à un autre. Ceci est-il influencé par la
familiarité avec l’humain qui caresse ou l’ordre des zones touchées ?
Une étude a testé les réactions comportementales des chats caressés par un humain familier
et un non-familier sur plusieurs zones du corps : il n’y aurait pas de différences dans les
réponses du chat. L’expérience serait à compléter en tenant compte de la durée des
caresses.
A l’université de Lincoln, des futures recherches s’intéresseront plus en détail à la
communication du chat, pour évaluer les réactions de peur et de frustration, ou encore les
frottements corporels.
Quelques conseils pratiques :
Le chat répond positivement à l’humain en adoptant le signal « Tail-up ».
Prendre du temps à apprendre et différencier les miaulements de chaque chat.
Se familiariser avec les ronronnements et toujours prendre en compte le contexte dans
lequel on est, afin de réagir de manière appropriée à ce que l’on entend.
Ne pas nettoyer les marques de frottements du chat.
Les interactions avec son chat devraient se focaliser de préférence sur la partie de la tête,
être de courte durée et faire attention à la manière dont les caresses sont effectuées.
Pour plus d’informations
http://learnaboutcats.co.uk/
L’impact de la relation entre le propriétaire et le chat sur le traitement et la guérison
Sandra McCune
WALTHAM® Centre for Pet Nutrition, Freeby Lane, Waltham-on-the-Wolds, Melton Mowbray, Leicestershire
LE14 4RT, U.K.
Correspondant: [email protected]
Très peu de recherches sont effectuées sur le lien entre la perception des soins vétérinaires
par le propriétaire, leur conformité selon les instructions du vétérinaire et les résultats sur
l’animal. Différents types de relations existent entre le propriétaire et son chat, allant d’un
faible attachement à une relation fusionnelle.
Actuellement, les principales connaissances scientifiques concernent le lien établi entre le
chat et le propriétaire : un lien étroit permet un meilleur niveau de soins vétérinaires. Le
niveau de soins prodigué au chat parait dépendant de la relation établie avec son
propriétaire (le temps passé avec le chat, interactions positives, etc.) et aurait une influence
sur les traitements et les processus de guérison. L’équipe de soins peut utiliser de manière
efficace cette relation fusionnelle mais également aider à la guérison de l’animal quand au
contraire cette relation d’attachement est faible.
Maintenir une bonne relation lorsque les chats sont séparés de leurs propriétaires permet
des bénéfices et des difficultés pratiques que l’équipe de soins doit prendre en compte.
Le lien humain-chat est un facteur important dans une pratique vétérinaire réussie. Cela
dépend de plusieurs facteurs :
- le niveau de soins apportés au chat,
- la conformité des soins apportés par le propriétaire selon les instructions reçues,
- la satisfaction du client et sa fidélité,
- les résultats cliniques.
Pour plus d’informations :
http://www.waltham.com/waltham-research/nutrition-research/
Du chat commensal au chat de compagnie, quels types de chat aujourd'hui ?
1*
2
C.Paës , C.Escriou
(1) Ecole Nationale Vétérinaire d'Alfort, 7 avenue du Général de Gaulle, 94704 Maisons-Alfort,
France
(2) Unité de pathologie médicale, Neurologie et troubles du comportement, VetAgroSup Campus
Vétérinaire de Lyon, 1 avenue Bourgelat, 69280 Marcy l'étoile, France
*Adresse de l'auteur : [email protected]
Peu d’études scientifiques se consacrent au comportement du chat domestique et les
enquêtes réalisées auprès des propriétaires s’intéressent principalement à l'influence du
milieu de vie sur le comportement du chat. Généralement pour chercher des réponses à des
questions précises dans des cadres limités : trouble du comportement chez des chats
d'intérieur, opposition entre chats d'intérieur et chat d'extérieur...
Cette étude s’est focalisée sur le lien entre milieu de vie et comportement du chat à partir
de questionnaires proposés aux propriétaires de chats afin d’essayer d’expliquer les
comportements du chat domestique selon l’environnement dans lequel il vit.
Le questionnaire comportait deux parties :
- la 1ière consacrée à de multiples aspects du milieu de vie du chat,
- la 2nde abordant de nombreux comportements du chat de manière neutre, avec pour
chacune une question du type « votre chat produit-il souvent ce comportement ? » et une
réponse binaire associée (oui/non).
L’objectif était d’obtenir des données associant pour chacun des chats, un milieu de vie
donné et les comportements présentés, étudiés sans a priori. Les résultats ont été analysés à
l’aide de la méthode d’analyse des correspondances multiples : technique de description de
données qualitatives qui s'applique généralement au traitement d’enquête.
Les résultats ont mis en évidence 4 classes qui reflètent 4 types de chats et leurs
composantes. Deux facteurs essentiels permettaient de mieux définir ses classes :
- l'accès à l'extérieur, séparant les chats d'appartement (intérieur strict ou accès à un balcon)
des chats de maison (sorties limitées, surveillées ou liberté totale).
- la perception du chat par le propriétaire séparant les chats que nous qualifions de « chat de
compagnie », lesquels ont été acquis par choix, à qui leur propriétaire prodigue de
nombreuses ressources environnementales (panière, jouets, arbre à chat...), des chats dits «
commensaux », lesquels ont plus souvent été acquis fortuitement, et reçoivent peu de
ressources environnementales (absence de jouet, pas d'arbre à chat...).
Les principales composantes qui en découlent sont :
- le chat de compagnie d’appartement : chat adopté jeune, perçu comme un membre de la
famille, vie d’intérieure stricte, animal acquis par choix, un seul propriétaire, animal joueur,
mauvaise régulation de la prise alimentaire.
- chat de compagnie de maison : chat de race, accès à l’extérieur contrôlé, plusieurs
animaux, libre accès à la nourriture, plus de 2h d’interactions avec le chat/ jour.
- chat commensal d’appartement : jeune chat confié par un proche, troubles
comportementaux fréquents (prédation, agressivité, griffades, etc.), ressources limités.
- chat commensal de maison : vie en extérieur, chat adopté adulte, libre accès à la nourriture
+ chasse, faible taux d’interactions avec l’humain, agressifs envers les chats étrangers, peu
approchables par des humains non familiers.
Ils ont tous des caractéristiques à part entière : comportements de prédation, jeu,
interactions avec les humains, etc.
Les chats commensaux d’appartement est une classe qui présente souvent des troubles
comportementaux certainement dus à leur acquisition tardive et à leur milieu de vie qui ne
leur convient pas.
Cette étude est la première, à la connaissance des auteurs, à utiliser l'analyse des
correspondances multiples sur une enquête consacrée au comportement du chat. La
méthode utilisée est « Quantitative Behavioral Assessment », permettant de mesurer la
qualité de l’environnement en lien avec les troubles comportementaux, c’est une méthode
d’analyse multifactorielle. La pertinence des résultats est renforcée par le fait que les classes
ont été déterminées via l’analyse et non de manière arbitraire.
Permettre au chat un accès à l'extérieur est très important et à défaut, lui fournir
suffisamment d'attention et de ressources afin qu’il exprime des comportements
nécessaires à son équilibre et à son bien-être. Enfin, cela permettra le maintien d’une bonne
relation avec son chat.
Pour plus d’informations :
« Comportement du chat de compagnie et milieu de vie : Enquête à partir de 881
questionnaires », 2012,
Thèse vétérinaire, Caroline Paës,
Vetagro Sup, Campus vétérinaire de Lyon.
Comportement Canin : STOP AUX IDEES RECUES
Des vétérinaires professionnels ont présenté de façon brève mais efficace certaines idées
reçues en comportement canin. Appuyés sur de véritables références scientifique, dans
l’esprit de pont entre médecine vétérinaire et science de l’éthologie, ces présentations
étaient très bien faites et instructives. Nous vous en présentons ici un compte-rendu.
Idée reçue n° 1 : Le chien, un loup apprivoisé ? Dr. Catherine Escriou
Le comportement a très longtemps été extrapolé à partir d’observations réalisées sur des
meutes de loups. Mais quand on regarde leurs environnements de vie, et les milliers
d’années de sélection qu’il y a eu sur le chien, on se demande en fait si ces deux espèces
sont si similaires que ça au niveau du comportement. En éthologie, les capacités cognitives
des chiens et des loups sont très souvent comparées. Prenons par exemple le cas du suivi de
regard et de pointé de l’humain : les loups ont de très très mauvaises performances alors
que les chiens excellent. Ils ont acquis une capacité unique à utiliser les indices
communicationnels de l’humain, notamment au cours de la domestication. Un autre
comportement révélateur : lorsqu’on confronte les individus à un problème qu’ils ne
peuvent pas résoudre, les chiens se retournent et cherchent le regard des humains, alors
que les loups ne font pas du tout ce type de comportement. Les chiens ne tiennent donc pas
leurs capacités cognitives directement des loups, le long processus de domestication à
transformé et modifié leur comportement, les rendant aptes à vivre en société humaine et
avec d’autres chiens non apparentés. Il faut donc faire très attention aux raccourcis trop
rapides et erronés prêtant au chien les mêmes comportements que ceux des loups. Le chien
n’est plus un loup !!
Idée reçue n°2 : Un chien + une famille = une meute ? Dr. Caroline Gilbert
C’est une idée reçue encore trop répandue, qui est liée à la définition de la relation
interspécifique homme-chien. Et en découle les idées erronées de dominance et de
hiérarchie de dominance entre humain et chien. Peut-on vraiment décrire une famille
d’humains et leur chien comme une famille-meute hiérarchisée ? Pour mieux comprendre, il
faut revenir à la véritable définition de la meute. Chez le loup on parle de meute lorsqu’on a
une organisation sociale de type : couple reproducteur (les parents) + les jeunes, avec
beaucoup de coopération. Alors que chez le chien déjà, ce type d’organisation n’est pas
observé, les chiens errants par exemple s’organisent en groupes multimâles/multifemelles,
avec peu de coopération. On ne peut donc généralement pas parler de meute chez le chien.
Ensuite, passons à la notion de hiérarchie de dominance : c’est l’organisation des relations
de tous les membres d’un groupe, linéaire, de type : A domine B, B domine C et A domine C.
Or chez le loup déjà, on ne retrouve pas ce type d’organisation, mais plutôt des
organisations hiérarchiques circulaires de type : A domine B, B domine C et C domine A. Et
chez le chien, des études ont montré qu’ils sont souvent en dyades, avec un rôle qui n’est
pas forcément déterminé de dominé ou de subordonné. Le concept de hiérarchie linéaire de
dominance ne s’applique pas aux groupes de chiens. Les conflits que l’on peut observer sont
en fait dus à de la gestion de ressources, avec des interactions agressives selon la valeur de
la ressource, etc., il y aura un gagnant et un perdant. Puis les individus s’en souviennent et
instaurent leurs relations à partir de ce type d’interactions. Donc on sait déjà qu’il n’y a pas
de meute chez le chien, et que l’existence de hiérarchie de dominance entre chien n’est pas
prouvée scientifique. Il reste à répondre à une dernière question : peut-on parler de
dominance et de hiérarchie entre deux espèces différentes, à savoir les humains et les
chiens ? Les relations de dominance/subordination sont là pour diminuer les conflits en cas
de compétition directe (pour les partenaires sexuels, ou pour la nourriture) or cela n’existe
pas entre le chien et l’humain. Et dans tous les cas, lorsque hiérarchie il y a, elle a pour but
de réduire au maximum les conflits en situation de compétition (et donc aucune justification
à la violence prônée par certains sous couvert de hiérarchie, ndlr). Ce concept n’est donc pas
applicable à la relation homme-chien. Un chien sur un canapé n’est pas un dominant !! NDLR : Les conflits qui peuvent exister avec un chien sont toujours le reflet d’un problème
dans la relation, de confiance du chien par exemple, de sa capacité à gérer la frustration en
cas de privation, de sa capacité à partager les ressources, etc etc… - => Vers une nouvelle
approche : la relation que vous avez avec votre chien est la moyenne de toutes les
interactions que vous avez au quotidien avec lui. Il faut privilégier les interactions à valences
positives pour avoir une relation sans conflit avec son chien. C’est là qu’entre en jeu la
notion de leadership. Un leader est celui qui guide les déplacements et les activités
communes dans un groupe. Il est suivi en fonction des relations affiliatives (c'est-à-dire
d’affinité) qu’il a avec les autres membres. Le leadership existe entre espèces différentes et
se retrouve entre l’humain et le chien.
Idée reçue n°3 : un chien destructeur = un chien anxieux ou hyperactif ? Dr. Antoine
Bouvresse
On entend souvent dire qu’un chien qui ne s’arrête jamais, qui détruit tout quand il reste
seul à la maison doit être catégorisé comme ayant des troubles de l’anxiété ou encore des
troubles de type hyperactivité. Mais il faut essayer de sortir de cette approche
symptomatologique, basées sur des cases à remplir : les chiens sont tous des individus
différents, et leurs comportements ne rentrent pas toujours dans des cases. Parfois il faut
aller plus loin, et chercher à enrichir la façon dont on analyse le comportement des chiens.
Lorsqu’on regarde ce qu’apporte l’éthologie dans ce domaine, on se rend compte par
exemple qu’en parc zoologique, dans les écuries ou dans les refuges, lorsque les animaux
s’ennuient, ils manifestent souvent des comportements palliatifs, comme les stéréotypies et
la destruction. Et dans ce type de structures, pour leur éviter de s’ennuyer, des
aménagements de l’environnement (présentation de congénères, nourriture à chercher,
etc.) sont mis en place. Pourquoi nos chiens, nos animaux de compagnie, ne seraient pas eux
aussi confronté à ce type d’ennui lorsqu’ils se retrouvent seuls ? Il est en fait essentiel de
considérer la notion de besoins comportementaux de votre chien. Il faut déjà bien sur tenir
compte des besoins propres à l’espèce chien, de la race et de la lignée, et ensuite de
l’individu. Car chaque chien est différent, ne l’oublions pas. Il faut sortir de la notion de
symptôme qui est associée à celle de pathologie. Dans la grande majorité des cas, un chien
détruit car c’est son comportement normal, ou en tout cas le seul qu’il connait pour
exprimer l’inadéquation entre ses besoins et son environnement/ mode de vie. Pour palier à
cela, il peut donc être intéressant de proposer : une augmentation de l’activité physique, en
nombre de sorties quotidiennes mais surtout en qualité (une sortie sans laisse par exemple
ou le chien peut renifler à sa guise), une augmentation des activités mentales, en lui faisant
faire des exercices d’attention, de retour au calme, en utilisant des jeux intelligents… et
enfin, une augmentation des activités sociales : un chien est un animal sociable, il a besoin
d’interagir aussi régulièrement que possible avec des congénères, il est donc essentiel de lui
fournir des promenades régulières avec d’autres chiens. Et n’oubliez pas non plus de lui
fournir de quoi s’occuper pendant vos absences : jeux et friandises sont indispensables pour
l’aider à occuper ses heures de solitude !
Idée reçue n°4 : l’éducation canine, une histoire de dressage ? Dr. Isabelle Vieira
La notion de dressage renvoie à celle de punition. Un bon comportement de la part du chien
est admissible, on ne réagit pas, par contre un mauvais comportement est inadmissible et
est immédiatement sanctionné. Pourquoi fonctionner de cette façon corrective est en fait
critiquable ? Cela est basé sur deux principes d’éthologie dans les lois de l’apprentissage : le
renforcement négatif (le chien est corrigé tant qu’il ne fait pas le bon comportement) et la
punition positive (le chien est corrigé dès qu’il fait un mauvais comportement). Cela est en
fait la méthode la plus facile : on laisse le chien agir puis on corrige. Et on n’intervient pas sur
un bon comportement car il est considéré comme normal. Cette culture de la punition
génère des émotions négatives. De nombreuses études ont montré que cela avait comme
conséquence pour le chien : une diminution du bien-être, une augmentation des problèmes
de comportement et une diminution de l’obéissance. Il a été montré aussi qu’une
accumulation d’émotions négatives altère les capacités d’évaluation de l’animal. Autrefois
seul le résultat comptait, mais maintenant on sait qu’il faut tenir compte des états mentaux
des chiens. Il est plus productif d’opter pour une éducation directive, en se basant sur
d’autres lois d’apprentissages : la punition négative (tant que tu ne fais pas le bon
comportement, tu n’as pas de récompenses) et le renforcement positif (dès que tu fais le
bon comportement, tu as une récompense). Cela motive le chien, on le guide et on lui
apprend les bons comportements à produire en le motivant, et non pas en lui faisant
craindre son maitre. Gandhi a d’ailleurs écrit « la violence est le dernier refuge de
l’incompétence ».
Idée reçue n°5 : la castration, un remède à l’agressivité canine ? Dr. Antoine Bouvresse
Il est souvent recommandé par les vétérinaires de castrer son chien dans de nombreux cas :
malpropreté, fugues, chevauchements, agressivité envers les autres chiens, agressivité
envers les humains. Des études ont montré que dans le cas des chevauchements, la
castration ne résolvait en fait que 25% des cas, dans le cas des fugues cela fonctionne pour
25 à 40% des chiens, et dans le cas de la malpropreté pour 40% des chiens. C’est donc
globalement assez peu efficace. Mais quand on regarde les cas de comportements
d’agression, cela est encore moins efficace ! Dans son étude de 1997, Neilson a montré que
cela fonctionne à hauteur d’à peine 35% des chiens en cas d’agressions sur les congénères et
d’agressions envers les maitres, et encore dans ce cas là les chiens ne progressent que de
50%. Cela ne fonctionne pas du tout (les résultats sont non significatifs) pour les cas
d’agression envers des humains inconnus. Une autre étude plus récente, Landsberg a
montré en 2003 que la castration réduit 60% des agressions entre males, 30% des agressions
envers les maitres, et environ 10% des agressions sur personnes inconnues. Cela s’explique,
car dans le cas des agressions envers les maitres et les inconnus, il s’agit bien souvent
d’autres problèmes que ceux du statut sexuel : agression par frustration, gestion de
ressource, ou agression par peur. Et en plus, l’utilisation de méthodes punitives peut induire
des agressions par peur dans des cas de gestion de ressources. Et dans ce cas, la castration
n’a donc que peu d’effet !! Elle n’est pas un remède à tout.