Fonctionnement des instruments à vent \(intro + résonateur\)
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Fonctionnement des instruments à vent \(intro + résonateur\)
Fonctionnement des instruments à vent 1ère partie : le résonateur Jean-Pierre Dalmont Les instruments à vent Instruments à vent : une classification Mécanismes excitateurs Jet oscillant (flûtes) Résonateur fort / Excitateur asservi Flûtes (traversière, à bec, à encoches,etc) Effet valve (instruments à anche) Anches (clarinette, hautbois, saxophone, basson) Cuivres (trompette, cor, etc) Résonateur faible / Excitateur maître Sons de biseau (sifflets) Anches libres (harmonica, accordéon) Voix Introduction Le mécanisme de l’auto oscillation : cas des instruments à anche • La source d’énergie est l’air insufflé (caractérisé par la pression Pm) • Le système excitateur est la valve constituée par le système anche bec (caractéristique pression-débit) • Le résonateur est le tube (impédance d’entrée) Pression dans le bec Pression dans la bouche Débit à l’entrée de l’instrument Saut de pression p pm Archet pm − p Anche (caractéristique non linéaire U(pm-p) ) U Tube (impédance d’entrée Z=p/U) 1.2 Le résonateur : le cylindre Le tuyau sonore • Le tuyau sonore cylindrique idéal (section uniforme, sans dissipation) encastré est un résonateur harmonique. – Ouvert-ouvert les fréquence propres sont – Fermé-fermé les fréquence propres sont c fn = n 2L – Fermé-ouvert les fréquence propres sont c f n = (2n − 1) 4L – Le cylindre ouvert-ouvert correspond (grosso-modo) au cas de la flûte traversière moderne – Le cylindre fermé-ouvert correspond (grosso-modo) au cas de la clarinette Notions sur les guides d’ondes Modes propres d’un tuyau fermé-ouvert (résonateur quart d’onde) Fermé Ouvert 1 8 . 0 n=1 c f = 4l 6 . 0 4 . 0 2 . 0 0 2 . 0 4 . 0 6 . 0 8 . 0 1 5 . 1 1 5 . 0 0 1 8 . 0 n=2 3c f = 4l 6 . 0 4 . 0 2 . 0 0 2 . 0 4 . 0 6 . 0 8 . 0 1 5 . 4 4 5 . 3 3 5 . 2 2 5 . 1 1 5 . 0 0 1 8 . 0 n=3 5c f = 4l 6 . 0 4 . 0 2 . 0 0 2 . 0 4 . 0 6 . 0 8 . 0 1 7 6 5 4 3 2 1 0 Il y a n noeuds Nœud Ventre Notions sur les guides d’ondes Modes propres d’un tuyau ouvert-ouvert (résonateur demi-onde) Ouvert Ouvert 1 n=1 f = c 2l 0 . 8 0 . 6 0 . 4 0 . 2 - 0 . 2 - 0 . 4 - 0 . 6 - 0 . 8 0 - 1 0 0 . 5 1 1 2 1 . 5 2 2 . 5 3 1 n=2 f = c l 0 . 8 0 . 6 0 . 4 0 . 2 - 0 . 2 - 0 . 4 0 - 0 - 0 . 6 . 8 - 1 0 3 4 5 6 1 n=3 3c f = 4l Il y a n ventres 0 . 8 0 . 6 0 . 4 0 . 2 - 0 . 2 - 0 . 4 - 0 . 6 0 - 0 . 8 - 1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 1.2 Le résonateur : le cylindre Notion d’impédance • L’impédance d’entrée est une grandeur complexe définie dans le domaine temporel : c’est la transformée de Fourier de la réponse impulsionnelle. • L’impédance d’entrée Z (ou admittance Y=1/Z) permet de caractériser un guide d’onde • Les maximums de l’impédance sont les fréquences propres d’un résonateur fermé à l’entrée • Les minimums de l’impédance (maximum d’admittance) sont les fréquences propres d’un résonateur fermé à l’entrée Notions sur les guides d’ondes Influence des pertes sur l’impédance d’entrée • Dans un tuyau cylindrique l’énergie est essentiellement dissipée par viscosité et échange de chaleur sur la paroi. Mathématiquement ce phénomène est pris en compte en introduisant un nombre d’onde complexe ω k = k + (1 − j )α avec k = et α coefficient d' absorption. c n=1 2 3 4 5 (modes du tuyau fermé-ouvert) 40 30 L’effet des pertes n’est important qu’au voisinage des résonances 20 c |Z/Z | (dB ) 10 0 -10 -20 -30 -40 0 n=1 5 2 kL 310 4 15 (modes du tuyau ouvert-ouvert) Notions sur les guides d’ondes Impédance d’entrée d’un tuyau cylindrique ouvert • Lorsque un tuyau est ouvert l’impédance terminale (impédance de rayonnement) n’est pas exactement nulle. On a : arctan( Z t / jZ c ) ≈ kl eq − j (kr )² / 4 (sans écran) et donc Z 0 = jZ c tan[ k (l + l eq ) − j (kr )² / 4] 30 20 • Tout se passe comme si le tuyau était un peu plus long. • Les pertes aux hautes fréquences sont plus importantes. c |Z/Z | (dB ) 10 0 -10 -20 -30 0 2 4 6 8 10 kL 12 14 16 18 20 1.2 Le résonateur : le cylindre Première conséquence le second registre de la clarinette est à la douzième tandis que le second registre de la flûte est à l’octave • Comme la seconde fréquence de résonance est 2 fois la première,avec le même doigté, la flûte peut jouer une note et son octave. • Comme la seconde fréquence de résonance est 3 fois la première,avec le même doigté, la clarinette peut jouer une note et sa douzième. • Pour jouer tout un registre la clarinette a besoin de plus de trous que la flûte ou le hautbois (17 trou contre 12). • C’est sans doute pourquoi la clarinette est apparue tardivement au milieu du XVIIIème siècle (elle nécessite plus de clés). 1.2 Le résonateur : le cylindre Deuxième conséquence : le spectre de la clarinette est pauvre en harmoniques pairs • Spectre de la clarinette – Il n’ y a pas de fréquences de résonance à 2f1, 4f1, 6f1, etc. – Dans le spectre les harmoniques pairs ont une faible amplitude: c’est la caractéristique principale du timbre de la clarinette. Fréquence 1.3 Les résonateurs coniques Les résonateurs coniques • • Pour faire un instrument auto-oscillant il faut un résonateur ayant des fréquences propres harmoniques. Hormis le cylindre seules quelques géométries continues possèdent cette propriété – Pour la famille des flûtes les troncs de cônes (les flûtes sont soient cylindriques soient tronconiques) – Pour la familles des anches les cônes « complets » ont cette propriétés • D’autre résonateurs discontinus constitués de troncs de cônes (pour les flûtes) ou de cylindres (pour les anches) ont cette propriété 1.3 Les résonateurs coniques Le problème des instruments coniques à anche • Seul le cône complet présente des résonances strictement harmoniques. • Un instrument conique est constitué d’un tronc de cône et d’une embouchure qui doit par sa géométrie « remplacer » au mieux la partie manquante du cône. • En particulier le volume équivalent du bec doit être proche du volume de la troncature. •La sonorité de l’instrument dépend beaucoup de la géométrie du haut de l’instrument. l Troncature 10 10 10 10 Z= jZ c 1 / kl − kl / 3 + cot kL Troncature L 10 Bec 7 6 1 5 2 3 4 5 6 7 4 3 0 500 1000 1500 Volume du bec Impédance d’un cône avec volume égal au volume de la troncature 1.3 Les résonateurs coniques Les cônes en escalier « harmoniques » • Ce sont des résonateur constitués de N tronçons cylindriques de même longueur et tels que la section du nième tronçon est égale à n(n+1)/2 fois la section du premier tronçon S1 3S1 6S1 10S1 . SN=n(n+1)/2. Cas particuliers : N=1 cylindre N=∞ cône complet 1.3 Les résonateurs coniques Impédance calculée et mesurée d’un cône en escalier constitué de 4 cylindres dB 1 2 3 4 6 7 8 9 Théorie dB 1 2 3 4 6 7 8 9 Expérience Propriété remarquable : le cinquième pic est manquant (c’est à dire le (N+1)ième avec N=4). Si N=1 c’est le deuxième et tous ses multiples => cas de la clarinette) 1.5 Le résonateur : les cuivres Résonateurs cylindro-coniques • Pour les instruments à embouchure de cuivre l’harmonicité des fréquence de résonances n’est pas aussi critique que pour les instruments à anche. • Les résonateurs cylindro-coniques sont intermédiaires entre le cylindre et le cône – Dominante conique = cuivres doux = bugles, tubas, clairon – Dominante cylindrique = cuivre clair = trompette, trombone 1.5 Le résonateur : les cuivres Résonateurs cylindro-coniques Le Cylindre : de la série 1 3 5 à la série 1 2 3 Les résonances d’un cylindre suivent la série : 1 3 5 7 9 …. Multipliant par 0.6 on obtient 0.6 Définitivement trop bas 1.8 trop bas (-182 cent) 3 4.2 5.4 OK trop haut (+84 cent) trop haut (+133 cent) En ajoutant un pavillon bien dimensionné on peut rendre les fréquences harmoniques 1.5 Le résonateur : les cuivres Résonateurs cylindro-coniques .24 4 12 x 10 .35 10 1.17 8 6 64 190 305 401 505 200 300 400 500 -88. +28 623 741 850 956 4 2 0 0 Ecart en cent par rapport à n*100Hz 100 + 4. +17 600 +65 700 +98 800 900 +105 1000 +104 En combinant un cylindre avec une portion de cône on obtient un résultat acceptable (+- 6% sur les partiels 2 à 8) 1.5 Le résonateur : les cuivres Inharmonicité d’une trompette réelle Standard 10 Ecart en cents 0 0,000 200,000 400,000 600,000 800,000 1000,000 1200,000 1400,000 1600,000 -10 Standard -20 -30 -40 Fréquences de résonances 1.5 Le résonateur : les cuivres Rôle de l’embouchure Standardd’une trompette Impédance d’entrée Module 1,00E+02 Standard 0,00E+00 0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 Fréquence L’embouchure a pour effet de faciliter l’émission de partiels d’ordre élevés Principales caractéristiques d’un résonateur cylindrique (flûte) • Fréquences de résonance – fn=nc/(2L) avec L la longueur et c la vitesse du son (343m/s a 20°mais 349m/s a 30°). Exemple : L=40cm f1 = 440Hz (La) f2=2f1 = 880Hz (La) f3=3f1 = 1320Hz (Mi) La flûte octavie. Impédance 1 3 5 7 9 clarinette 1 2 3 4 5 flûte fréquence Flûte : cylindrique ou conique ? 6 10 Instrument à anche => grosse différence 5 10 4 10 Impédance 3 10 Flûte => faible différence 2 10 1 10 0 500 1000 fréquence 1500 L’embouchure • Le résonateur n’est pas que le tuyau : – Le trou d’embouchure fait partie du résonateur – Il peut être modélisé comme une longueur ajoutée à celle du tuyau – Comme le flûtiste couvre plus ou moins l’embouchure avec les lèvres la fréquence de jeu dépend de la « couverture » 1.7 Le résonateur : Pavillon et réseau de trous latéraux Effet d’un réseau de trous latéraux 11 10 6 fréquence de coupure 5 e A bs(Z ) 10 10 10 10 4 3 2 0 500 1000 Frequency (Hz) 1500 2000 Impédance d’entrée d’un tube avec des trous latéraux 1.7 Le résonateur : Pavillon et réseau de trous latéraux Effet du pavillon d’une clarinette fréquence de coupure 5 e Abs(Z ) 10 10 10 10 4 3 2 0 200 400 600 800 1000 1200 Frequency (Hz) 1400 1600 1800 2000 1.7 Le résonateur : Pavillon et réseau de trous latéraux Qu’est-ce qu’un bon pavillon ? • Le pavillon idéal réfléchit complètement les ondes en dessous de sa fréquence de coupure et pas du tout au-delà Le pavillon caténoïdal (T=.707) est celui qui se rapproche le plus de l’idéal Partie réelle de l'impédance d'entrée de pavillon infinis 2 1.8 T=0 (Caténoïdal) 1.6 1.4 1.2 Re(Ze/Zc ) • NB : Re(Z/Zc)=1 R=0 1 T=0.707 0.8 0.6 T=1 (Exponentiel) 0.4 Conique 0.2 0 0 0.5 1 1.5 k/alfa 2 2.5 3 1.8 Le résonateur non linéaire Le résonateur non linéaire • Le résonateur est en général supposé linéaire. • Qu’en est-il réellement ? • Les niveaux de pression et les vitesses dans l’instrument sont tellement élevés que certaines hypothèses de l’acoustique linéaire sont parfois prises en défaut : l’impédance ne rend pas compte de tous les phénomènes. – Exemples : ondes de choc (cuivres), instruments baroques (petits trous). 1.8 Le résonateur non linéaire Comparaison entre une flûte baroque et une flûte moderne Gamme chromatique sur une flûte baroque Track 1 Gamme chromatique sur une flûte système Boehm Track 2 M. Castellengo and L. Forest: “Métamorphoses de la flûte traversière au 19ème siècle : esthétique musicale, acoustique et facture”, actes du colloque Acoustique et instruments anciens, 85-100, Paris 1998. 1.8 Le résonateur non linéaire Une contradiction apparente • Expériences sur différentes flûtes (M. Castellengo): – La principale différence entre une flûte baroque et une flûte moderne réside dans le diamètre des trous. • Théorie basse fréquence de l’acoustique linéaire : – le débit rayonné par un trou latéral ne dépend pas du diamètre du trou. Contradiction ➱ certaines hypothèses de la théorie linéaire ne sont plus valides. 1.8 Le résonateur non linéaire Formation de jet + tourbillons Perte d’énergie cinétique 1.8 Le résonateur non linéaire Conséquences du comportement non linéaire d’un trou latéral • Conséquence sur la fréquence – Dans certains cas, la fréquence diminue lorsque l’on souffle plus fort. • Conséquence sur le timbre – Le timbre est plus sourd (spectre moins riche en harmoniques élevés). • Conséquence sur la dynamique de jeu – La dynamique de jeu est réduite (à la limite nulle). • Conséquence sur la jouabilité – Un instrument à petit trous est plus difficile à jouer. 1.8 Le résonateur non linéaire Propagation non linéaire sur le son d’un instrument à embouchure Mesuré dans l’embouchure Mesuré à la sortie de la coulisse Signal très distordu 1.8 Le résonateur non linéaire Propagation non linéaire sur le son d’un instrument à embouchure 1 Propagation non-linéaire de l’onde progressive initialement harmonique 3 Illustration sonore (de 1 à 3 à 1) (Christophe Vergez, Paris, 2000). Déformation de l’onde au cours de la propagation (distorsion, onde de choc)