Passe ta chronique d`abord – atelier 101215

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Passe ta chronique d`abord – atelier 101215
Passe ta chronique d’abord
Atelier d’écriture sur la musique
10 DECEMBRE 2015
INTERVIEW
« J’aime me mettre dans
la peau de Lena Deluxe »
Un look décontracté, guitare à la main, la chanteuse roubaisienne passe la
grille du lycée Colbert : elle vient présenter son album Mirror For Heroes
aux jeunes journalistes de l’atelier Passe Ta Chronique d’Abord / Le Grand
Mix. Naturelle et détendue, la jeune femme dévoile avec générosité son
univers rock et ses inspirations sixties.
Méline : Voulais-tu devenir chanteuse quand tu étais enfant ou avais-tu une
autre ambition ?
Mon rêve de petite fille était de devenir actrice et j’ai suivi des études de théâtre. Mais
j’ai baigné dans la musique très jeune. J’en écoutais et j’en jouais. C’est dans ce domaine
que j’ai eu des opportunités. Et ça a pris de l’ampleur. Bref, je n’avais plus de temps pour
le théâtre. Je n’ai pas choisi la musique, c’est la musique qui m’a choisie (rires).
Brice : Qu’écoutiez-vous comme musique quand vous étiez adolescente ?
J’écoutais des disques que j’assume, venant de mes frères, comme les Doors, et de ma
mère avec Cat Stevens. Mais j’aimais aussi des trucs un peu honteux comme les
compilations 100% Dance Machine, très à la mode quand j’étais en 6ème… J’ai même eu
une période Worlds Apart : c’était un boys band, les One Direction de l’époque. Je me
souviens que mon frère m’avait offert un disque de Diana Ross, une chanteuse soul très
connue, de la Motown. J’étais dégoûtée parce que je voulais un CD 100% Dance Machine
(rires). Et finalement, c’est Diana Ross que j’écoute encore maintenant !
Tristan : Ma famille a eu du mal à accepter que j’écoute du rap. As-tu eu ce
genre de problème avec tes parents ?
Je n’ai pas eu trop de soucis. Ma mère m’a toujours laissée écouter ce que je voulais. Je
pense que si j’avais écouté de la techno à fond, dans ma chambre, ou du rock extrême,
ça aurait posé plus de problèmes. J’ai eu de la chance.
Jean-Philippe : Pouvez-vous nous raconter un fait marquant de votre
adolescence ?
Waouh ! (silence) C’est personnel cette question. L’adolescence n’est pas la période
préférée de ma vie. C’est une période où on est dur entre ados, et je ne faisais pas partie
des gens cool et populaires du lycée. Un fait marquant ? Je ne veux pas plomber
l’ambiance, mais j’ai perdu mon père à ce moment là. Ça m’a marquée énormément… La
musique m’a permis d’exprimer ce que je ressentais : j’ai commencé à composer des
chansons.
Tristan : Etais-tu sérieuse au lycée ?
J’étais souvent collée. Quasiment tous les mercredis. Mais je ne n’étais une rebelle.
J’étais juste tout le temps en retard. Et ça n’a pas changé aujourd’hui : je ne suis jamais
à l’heure. Je bavardais beaucoup, et ça aussi, ça n’a pas changé ! Sinon, au lycée, je n’ai
pas fait grand-chose en seconde et je me suis ressaisie en première et en terminale.
Loïc : Est-ce que ta famille t’a soutenue quand tu as décidé de faire de la
musique ?
Oui, sans aucun problème. On ne m’a rien imposé. J’avais envie et j’ai fait des études de
théâtre après le lycée. Ma mère m’a laissé faire et m’a fait confiance là-dessus. C’était
assez cool. Après, c’est sûr qu’il faut convaincre : tant que tu ne passes pas à la télé une
fois, personne ne croit trop à ce que tu fais... Mais c’était plus les amis de ma mère, que
ma mère elle-même. Elle, elle m’a laissé faire mon truc. Mais à partir du moment où tu
as un article dans La Voix du Nord ou que tu passes à la télé, tu as du crédit. Alors que
cela ne veut rien dire dans une carrière. Mais les gens ont besoin que tu sois accepté
publiquement en tant qu’artiste.
Joey : Qu’est-ce qui vous inspire pour l’écriture de vos chansons ?
C’est ma vie, je pense. Les expériences, en amour par exemple. Après, plus je vieillis,
plus je suis inspirée par des faits extérieurs. Il y a des choses dont j’ai envie de parler,
qui ne sont pas forcément personnelles. Des choses un peu plus politiques, sur les
femmes par exemple, sur la condition de la femme. Mais je m’inspire en général de faits
personnels, des histoires qui me sont arrivées, souvent des choses assez négatives que
j’ai besoin de sortir de moi.
Cyril : Est-ce que tes voyages ont influencé ta musique ?
Peut-être pas directement ma musique, mais ma vie, ma manière de voir les choses. Je
pense que tout le monde devrait voyager. Tu te rends compte qu’il y a plein de
personnes qui ne vivent pas du tout comme toi. On le sait, mais quand tu vas voir, que
tu le vis, ce n’est pas pareil. Tu rencontres plein de gens différents. Les voyages et ces
rencontres te donnent une plus grande ouverture d’esprit. Alors cela t’inspire d’une
certaine manière. La Californie a été très inspirante pour moi. C’est un endroit où il a
plein de groupes que j’ai beaucoup écoutés. Et j’ai le projet d’aller à Los Angeles
quelques mois parce que c’est inspirant d’être auprès de cette scène de musiciens que tu
estimes musicalement.
Olivier : Où as-tu eu l’occasion de voyager ?
Aux Etats-Unis, à New York et en Californie. En Afrique aussi, au Togo et un petit peu au
Bénin parce que mon frère a travaillé là-bas pendant quelques années. C’était vraiment
très inspirant d’aller en Afrique. Justement, pour mon prochain album, j’ai envie d’avoir
des rythmiques africaines, des morceaux qui évoquent la transe. J’ai fait un voyage
l’année dernière au Maroc, et j’ai aussi eu l’occasion d’aller en Inde. Sinon, évidemment
un peu partout en Europe. En fait, j’ai pas mal bougé !
Auxane : Comment décris-tu ton style musical ?
Je dirais que ma musique est rock, mais elle a aussi un côté folk. Un aspect sixties. Et
certains morceaux sont très pop. Cela dépend en fait, car en concert, ma musique est
plus rock que sur disque.
Olivier : Sixties, cela veut dire quoi dans ta musique ?
Cela représente toute la mouvance américaine de l’époque. Dans ce son de guitare, très
particulier, les sons de batterie, la production des enregistrements. Mon album a été
enregistré avec une console analogique, directement sur des bandes. Sans utiliser
d’ordinateur. Cela donne un son comme à l’époque, plus chaleureux, plus doux, moins
agressif, moins compressé. Enregistrer en analogique est beaucoup plus compliqué et
plus cher car il faut aller dans un studio d’enregistrement. Alors qu’en numérique, tout le
monde peut enregistrer chez soi avec son ordinateur, un logiciel et un micro. Mais
l’analogique, cela ne donne pas du tout le même son et cela ne nécessite pas le même
savoir-faire.
Olivier : Les instruments de tes musiciens aussi sont sixties.
Dans le groupe, nous avons vraiment des instruments typés de l’époque. Moi, j’ai une
Rickenbacker. C’est la guitare qu’utilisaient les Beatles. J’ai un clavier moderne, mais qui
reproduit des sons anciens. Le choix des amplis pour les guitares, le choix de ton
instrument, c’est un peu comme le choix de tes fringues. C’est le style que tu veux faire
passer. Quand tu démarres et que tu n’as pas d’argent, tu achètes ce que tu peux. Ma
première guitare et mon premier ampli étaient juste les moins chers. Et puis, au fur et à
mesure, comme la musique est ta passion, tu manges des pâtes pendant quatre mois
pour t’acheter la guitare que tu désires… et tu es content !
Khadija : As-tu déjà écrit des textes en français ?
Je suis justement en train de travailler sur une chanson. Un duo français/anglais que je
veux faire avec un chanteur américain. J’aurais aimé que ce soit Luke Temple du groupe
Here We Go Magic avec qui j’ai joué pendant une tournée. Mais le morceau est trop aigu
pour sa voix. Alors il faut que je trouve quelqu’un d’autre. Ecrire des chansons en
français, ce n’est pas évident, surtout dans le style que je fais. Cela sonne tout de suite
« rock français ». C’est fou : en changeant de langue, la même chanson ne rend pas
pareil ! Et ma voix n’est pas du tout la même car il y a plein de nasales en français. C’est
dur à faire « sonner ». En français, il y a beaucoup de « on » et de « ein » et ça sonne
beaucoup moins bien qu’en américain, où la bouche va plus vers le bas. Il y a des
diphtongues et du coup, c’est assez musical.
Hélène : Pourquoi avez-vous cette envie d’utiliser le français maintenant ?
J’ai découvert plusieurs groupes un peu psyché et qui chantent en français. Je les trouve
plutôt bons et finalement, ils me font un peu changer d’avis sur le français. On m’avait
déjà proposé de faire tout mon album en français. Mais j’ai refusé. Je n’avais pas envie
de faire ça. Après, c’est vrai qu’en France, c’est très difficile de chanter en anglais parce
que les radios ne passent pas tes morceaux ou très peu. Elles doivent respecter des
quotas de chansons en français. C’est dommage de ne pas s’ouvrir plus maintenant. Ce
n’est pas pour ça que la langue française va être abandonnée… Mais qu’on laisse
tranquille ceux qui veulent chanter en anglais et qu’on les diffuse en radios. Surtout
quand c’est du rock. Faut arrêter les quotas, là maintenant ! (rires)
Frank : Y a-t-il des artistes français que tu aimes bien, et qui chantent en
français, comme Bertrand Belin, Baden Baden ou Feu Chatterton ?
Baden Baden, ce sont des copains donc je ne suis pas forcément objective. D’ailleurs, je
préférais leurs débuts quand ils chantaient en anglais. Maintenant, ça me fait bloquer
justement leurs paroles en français. Feu Chatterton, j’en entends beaucoup parler mais
je n’ai pas écouté particulièrement. Bertrand Belin, j’aime vraiment. C’est un des seuls
chanteurs français que j’ai vu où je me suis dit : « Wouahhh ! ». Je n’ai même pas
réfléchi à la langue en fait. C’était juste bien.
Hélène : C’est un écrivain aussi. Il raconte des histoires dans ses chansons. Il y
a une ambiance.
Il arrive à avoir son propre univers. Comme toute la clique des artistes français psyché
dont je parlais tout à l’heure : Moodoïd, Melody’s Echo Chamber. Récemment, j’ai
découvert Chocolat, un groupe québécois qui réussit complètement à faire de la musique
psyché rock en français. Ça sonne super bien. Ces musiciens ont la culture américaine
beaucoup plus que nous puisqu’ils sont à côté et ils arrivent à faire sonner le rock en
chantant en français. C’est cool.
Méline : Parmi tes chansons, laquelle préfères-tu et pourquoi ?
Il y a des chansons que je préfère jouer en live, mais sur mon album, la plus grosse
réussite, c’est la chanson « Ink ». Le producteur a bloqué dessus et on y a passé
beaucoup de temps. Des heures et des heures. Il est allé au bout de ce morceau. Alors
qu’il y a des morceaux, nous avons fait plus vite. Et je le sens. J’aime beaucoup « Ink ».
Ce titre a un côté ritournelle qui est atemporel. Il ressemble presque à une ballade
médiévale. C’est un morceau qui touche plein de personnes très différentes. Des
personnes plus âgées, des jeunes. Il a cette mélodie, un peu comptine, hors des styles.
C’est une mélodie… populaire. J’aime ce morceau et j’aime le jouer en live.
Owen : Avec quel artiste aimerais-tu collaborer ?
J’aimerais bien faire un morceau avec Kevin Parker du groupe australien Tame Impala.
Ce serait plutôt pas mal. Il est aussi producteur et il a travaillé sur l’album de Melody’s
Echo Chamber. C’est sa petite copine, une Française. Sinon, il y a Allah-Las, un groupe
de Los Angeles. On pourrait croire que ces musiciens viennent des années 1960. Ils
sonnent comme les Kinks. Ils sont vraiment dans le revival. En artiste culte, il y a Paul
McCartney. Evidemment. Je suis allé le voir au printemps dernier au Stade de France. Ce
n’est pas trop mon genre d’aller voir des méga concerts, mais là, pour moi, McCartney,
c’est un mythe. C’est un Beatles quoi ! Et il n’en reste plus beaucoup. Mais je crois que
j’aurais préféré rencontrer John Lennon…
Auxane : Pourquoi aimes-tu le Reeperbahn Festival à Hambourg ?
C’est un petit festival, avec plein de showcases de groupes en développement. Cela
permet aux musiciens de montrer ce que tu fais même si tu n’es pas une grande star. Et
de rencontrer beaucoup de professionnels. C’est l’occasion de se faire remarquer. Comme
dans des festivals français comme Les Transmusicales de Rennes ou le Printemps de
Bourges. L’ambiance du Reeperbahn Festival est assez spéciale, un peu bizarre, car il se
déroule dans un quartier particulier, avec des sex-shops, des prostituées, des lumières
qui clignotent partout. Comme un mélange entre un mini Las Vegas et Pigalle.
Owen : Comment prépares-tu tes concerts ?
Cela fait trois-quatre ans que nous jouons les mêmes morceaux sur scène donc nous ne
répétons plus trop car nous les connaissons vraiment bien. Sinon, le soir des concerts,
avant de monter sur scène, j’essaie d’avoir un quart d’heure pour moi. Tout est prêt : ma
setlist, mes habits, mon maquillage. Et là, je prends un moment pour me concentrer, me
mettre dedans. Je fais des petits étirements, des vocalises. Je me tape aussi un peu sur
les bras si je ne suis pas assez énergique, si je suis fatiguée. Le fait de me changer, de
me maquiller, est comme un rituel. J’aime me mettre dans la peau de Lena Deluxe. C’est
comme un personnage. Et avec les musiciens, on se fait un petit câlin avant de monter
sur scène et on boit un petit shot de vodka pour se donner du courage. Et mon bassiste
nous rappelle à chaque fois la chance qu’on a d’être là, qu’il faut en profiter à fond. C’est
bien qu’il dise ça. C’est une chance de faire la musique. C’est notre passion.
Anaïs : Comment aimez-vous vous habiller ? Votre style vestimentaire est-il en
lien avec votre musique ?
Je pense que les vêtements ont toujours un lien avec la musique. Cela se passe dès
l’adolescence. Je me rappelle, dans mon lycée, il y avait des familles : les métalleux,
ceux qui écoutent du hip-hop ou de la techno, les gothiques, les rockeurs, etc. Les goûts
musicaux se reflétaient dans leur style vestimentaire. C’est un truc social, de
reconnaissance, entre personnes qui écoutent la même musique. C’est un moyen pour se
sentir appartenir à un groupe. Encore plus à votre âge, à l’adolescence. Après, tu prends
ton propre style. Du coup, moi, j’aime bien les habits assez hippies, des vêtements
vintage, déjà portés. Des longues robes en dentelle, que tu casses avec des boots rock.
Je mélange le style hippie avec le style rock. J’aime aussi les vêtements assez larges,
avec des grandes manches, des franges. Une tunique un peu transparente où la lumière
peut passer. Des éléments un peu chaman, mystiques, des plumes dans les cheveux. Sur
scène, j’aime mettre des talons énormes, des chaussures assez hautes, car je suis assez
petite. Ce n’est pas toujours évident. Mais pour une heure de concert, ça va. Et je profite
de la scène justement pour mettre ces habits que je ne mettrais pas dans la vie. Il faut
faire un peu rêver les gens et j’aime m’habiller pour la scène et je demande à mes
musiciens aussi de ne pas venir en baskets, en tongs ou en short. Je veux qu’il y ait
quelque chose de classe, qui sorte de l’ordinaire. C’est important. C’est comme le
dimanche.
Fidélio : Tu es très influencée dans ta musique par les années 1960. Est-ce que
tu t’intéresses aussi à la musique et aux groupes d’aujourd’hui ?
Oui, à fond. Je suis obligée d’être au courant de ce qui se passe. Je vais voir pas mal de
concerts. C’est inspirant de savoir ce qui se fait en ce moment. Quand tu as un groupe
dans ton style dont tout le monde parle, évidemment tu es curieux de savoir, de voir
comment ces musiciens font leur musique, comment ils sont sur scène, ce qu’ils
choisissent comme instruments. Avec les nouvelles technologies, tout a énormément
évolué. Les groupes sont de moins en moins nombreux sur scène. Ils tournent sans
batterie, sans basse. Il y a plein de musiciens qui utilisent des bandes, des séquences. Ça
m’intéresse même si je suis un peu nulle là-dedans. Je continue à avoir mon groupe,
avec guitare, basse et batterie, mais je trouve intéressant de savoir ce qui se passe. Et
dans tous les styles d’ailleurs.
Frank : Quel est le dernier concert que tu es allée voir ?
Je crois que c’est Sean Lennon, avec son projet The Ghost Of A Saber Tooth Tiger. C’était
dans mon style, rock et pop. Mais je suis aussi allée voir Ibeyi et j’ai beaucoup aimé. Ces
deux filles chantent, jouent du cajón et du piano. Il y a un côté très épuré, minimal. Cela
reste dans un projet indé, mais depuis que Beyoncé a posté un morceau d’Ibeyi sur
Internet, ça devient énorme. D’ailleurs, j’écoute aussi d’autres musiques que du rock ou
de la pop. Parfois, je mets du hip-hop chez moi, mais celui de mon époque. Je me fais
des soirées à réécouter des artistes comme Outkast, Estelle ou Pharrell Williams.
Anthony : Quel autre genre de musique que le rock et la pop aimerais-tu
chanter ?
J’aimerais bien faire des morceaux proches de l’afro-beat. De l’afro-beat psychédélique !
Seun Kuti est passé au Tourcoing Jazz Festival. Je n’étais pas là à ce moment-là, mais sa
musique est vraiment à écouter. Mon répertoire actuel a beaucoup de ballades. C’est
sympa, mais cela correspond à mon époque adolescente triste. Maintenant, j’ai envie de
faire une musique qui fasse danser le public quand je suis sur scène. Tout en restant
dans quelque chose d’un peu répétitif, de psychédélique. Comme une transe. Avec des
rythmes super groovy. Et une dimension soul aussi.
Alexis : Pour vous, est-ce que l’art est utile à la société ?
Sacrée question ! Utile, oui bien sûr ! Justement dans les moments comme aujourd’hui
où les premières subventions qui vont être supprimées sont celles de la culture. Alors
que les gens ont besoin de s’évader. L’art a plusieurs buts. Il peut servir à parler des
sujets de société, à faire réfléchir. L’art est politique mais sans barrières, sans limites.
C’est une expression complètement libre. Et nous avons la chance d’être en France, un
pays libre. Il n’y a pas de censure artistique. Dans certains pays, cela devient un acte
politique de faire de l’art. L’art sert aussi à faire évader les gens, à les faire rêver. Avec
ma musique, je suis plus dans ça. Quand je vais à un concert et que pendant deux
heures je n’ai pas déprimé, je ressors avec l’envie de faire plein de choses. Un concert te
donne une bouffée d’air frais. Il te motive. La musique a ce pouvoir très fort. Elle
rassemble aussi les personnes dans une salle, pour vivre un moment tous ensemble.
Quelque chose d’assez unique. Oui, je pense que l’art est très utile à la société.
Khadija : Quels sont tes projets ?
Je fais une tournée en Italie de dix dates en février. Mais avant, il faut que je trouve un
batteur ! Vite ! Je continue à défendre mon album, jusqu’à l’été prochain. Il n’est sorti
qu’en mai dernier. Et après, j’ai envie de partir à Los Angeles. De faire une pause. Parce
que cela fait quatre ans que je bosse sur ce projet d’album et j’ai besoin aussi de faire
autre chose. J’aime voyager. Et je veux aller dans un endroit où il fait chaud et où il se
passe beaucoup de choses musicalement dans mon style. En Europe, trouver de la
chaleur et du rock, c’est compliqué. Donc, j’ai envie de partir à Los Angeles quelques
mois. Et y faire des rencontres artistiques. On vient d’ailleurs de me proposer de faire un
petit reportage, chaque semaine, sur ma vie à LA.
Anthony : Est-ce que tu te vois encore chanter dans vingt ans ?
Je chanterai toujours. J’ai toujours chanté et j’ai toujours fait de la musique. Depuis que
je suis toute petite. De manière professionnelle, je ne sais pas. Dans vingt ans, j’aurai 50
ans. Si dans vingt ans, je suis au niveau auquel je suis aujourd’hui, je pense que j’aurais
arrêté professionnellement. C’est trop une lutte quotidienne pour te maintenir. Je ferais
peut-être encore quelques concerts de temps en temps, pour me marrer. Et des disques
pour mes amis. Alors que si j’ai eu une grande carrière, si je suis devenue une superstar,
dans vingt ans, ouais, je pourrais encore faire des concerts et des disques. J’espère.
Interview réalisée par les élèves du lycée Colbert participant à l’atelier
Passe ta chronique d’abord / Le Grand Mix

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