Chapitre 8 : Item 118 - Maladie de Crohn et recto-colite
Transcription
Chapitre 8 : Item 118 - Maladie de Crohn et recto-colite
ABREGE D’HEPATO-GASTRO-ETROLOGIE- 2ème édition - Partie « Connaissances » - Octobre 2012 © par la CDU-HGE - Editions Elsevier-Masson Toute reproduction ou traduction de l’ouvrage est interdite sans l’accord préalable de l’éditeur Chapitre 8 : Item 118 - Maladie de Crohn et recto-colite hémorragique I. II. III. Maladie de Crohn Recto-colite hémorragique (rch) Colites microscopiques OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES • Diagnostiquer une maladie de Crohn et une recto-colite hémorragique. Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), dont les causes ne sont pas connues, résultent de l’inflammation chronique, intermittente ou continue, d’une partie du tube digestif. Elles comportent classiquement la recto-colite hémorragique, la maladie de Crohn et les MICI inclassées. Les colites microscopiques (colite lymphocytaire et colite collagène) satisfont aussi aux critères de définition des MICI. I. Maladie de Crohn A- Définition, épidémiologie et physiopathologie La maladie de Crohn est une affection inflammatoire chronique de cause inconnue qui peut atteindre tous les segments du tube digestif, le plus souvent l’iléon terminal, le côlon et l’anus. Elle touche environ un habitant sur 1 000, avec 5 à 10 nouveaux cas /100 000 habitants/an. Elle peut débuter à tout âge ; son pic de fréquence est entre 20 et 30 ans. Deux facteurs de risque sont reconnus : le tabagisme actif et certains polymorphismes génétiques, notamment des mutations du gène CARD15NOD2. La physiopathologie est complexe : l’inflammation intestinale résulterait de l’association de « facteurs de risques » (tabac, modification du microbiote intestinal encore appelée dysbiose et d’un dysfonctionnement du système immunitaire chez des sujets génétiquement prédisposés (mutations CARD15NOD2, autres…). ABREGE D’HEPATO-GASTRO-ETROLOGIE- 2ème édition - Partie « Connaissances » - Octobre 2012 © par la CDU-HGE - Editions Elsevier-Masson Toute reproduction ou traduction de l’ouvrage est interdite sans l’accord préalable de l’éditeur B- Quand évoquer le diagnostic ? L’expression dépend de la localisation et de l’étendue de la maladie. Le diagnostic doit être évoqué devant plusieurs situations cliniques : • diarrhée prolongée ; • lésions proctologiques : fissures atypiques, abcès récidivants, fistules complexes et/ou récidivantes ; • douleurs abdominales inexpliquées ; • associées à un ou plusieurs des éléments suivants : – syndrome inflammatoire, – anémie, – signes biologiques de malabsorption (atteinte de l’intestin grêle), – altération de l’état général (amaigrissement), – signes inflammatoires extra-digestifs (érythème noueux, douleurs articulaires, arthrites, uvéite), – retard de croissance. C- Confirmation du diagnostic La confirmation diagnostique se fait sur un faisceau d’arguments : • endoscopiques : il faut réaliser une endoscopie oeso-gastro-duodénale et une iléo-coloscopie avec biopsies des zones lésées mais aussi des zones macroscopiquement saines. Les lésions évocatrices de maladie de Crohn ne sont pas spécifiques (possibles en cas de colites infectieuses, autres…). Ce sont : – ulcérations : aphtoïdes, superficielles ou profondes, éventuellement des sténoses et des fistules, – des intervalles de muqueuse saine sont possibles ; • histologiques : pertes de substance muqueuse, distorsions glandulaires, infiltration lympho-plasmocytaire du chorion muqueux, voire transmurale (c’est-à-dire intéressant toute la paroi intestinale), souvent sous forme de nodules lymphoïdes. Les granulomes épithélioïdes et gigantocellulaires sans nécrose caséeuse quasi-pathognomoniques ne sont présents que dans 30 % des cas ; • radiologiques : une atteinte de l’intestin grêle doit être cherchée par entéroscanner et/ou entéro-IRM. Un examen par vidéocapsule (contreindiqué en cas de sténose du fait du risque d’impaction) ou une entéroscopie (biopsies possibles) sont parfois indiqués. Anomalies radiologiques : – segmentaires : alternance de zones d’intestin sain et malade, – asymétriques par rapport à l’axe de l’intestin, – associant épaississement des parois, inflammation, hyperhémie des mésos (signe du peigne), adénopathies de voisinage, sténoses, ulcérations, rigidité, et aspect nodulaire de la muqueuse, éventuelles fistules. ABREGE D’HEPATO-GASTRO-ETROLOGIE- 2ème édition - Partie « Connaissances » - Octobre 2012 © par la CDU-HGE - Editions Elsevier-Masson Toute reproduction ou traduction de l’ouvrage est interdite sans l’accord préalable de l’éditeur D- Diagnostic différentiel Il est envisagé en fonction des situations cliniques. 1. Diarrhée aiguë révélant une iléo-colite Dans 10 % des cas, la maladie de Crohn débute comme une gastro-entérite. Il faut savoir explorer une gastro-entérite quand la diarrhée persiste malgré trois jours de traitement symptomatique. L’endoscopiste doit décrire les lésions iléo-coliques et faire des biopsies en zones macroscopiquement saines et en zones pathologiques, pour analyse histologique et microbiologique. Confirmation du diagnostic de maladie de Crohn par l’histologie et/ou l’évolution. Attention : la mise en route à tort d’un traitement corticoïde ou immunosuppresseur pour une colite infectieuse non diagnostiquée peut avoir des conséquences dramatiques. 2. Iléite aiguë isolée Une iléite de début aigu peut être due à une infection intestinale, en particulier à Yersinia. Yersinia enterocolitica : contamination par : • ingestion de porc insuffisamment cuit (14 jours avant) ; • consommation de lait cru et même pasteurisé. Le diagnostic est fait grâce à : • coproculture et/ou culture de biopsies muqueuses iléales ; • ou l’ascension significative du taux des anticorps anti-Yersinia O3, O9 et pseudo-tuberculosis. En pratique, au moment de l’iléite aiguë, un traitement antibiotique par quinolones éradiquera l’éventuelle yersiniose en cause. Au décours de ce traitement antibiotique, si l’histologie initiale n’a pas été discriminante entre infection et maladie de Crohn, la persistance de lésions endoscopiques et/ou radiologiques iléales au-delà de 6 mois éliminera une infection par Yersinia seule et évoquera fortement une maladie de Crohn sous-jacente. 3. Diagnostic différentiel avec la tuberculose La tuberculose intestinale : • rare dans les pays développés ; ABREGE D’HEPATO-GASTRO-ETROLOGIE- 2ème édition - Partie « Connaissances » - Octobre 2012 © par la CDU-HGE - Editions Elsevier-Masson Toute reproduction ou traduction de l’ouvrage est interdite sans l’accord préalable de l’éditeur • en augmentation actuelle liée à la pandémie par le VIH et aux résistances ; • Mycobacterium tuberculosis est presque toujours en cause ; • 4 voies possibles de contamination intestinale : hématogène, déglutition de mycobactéries d’origine pulmonaire, alimentaire (rare), atteinte par contiguïté ; • affecte principalement la région iléo-caecale mais des atteintes coliques segmentaires uniques ou multifocales sont possibles (25 % des cas). Le tableau clinique classique associe douleurs abdominales, altération de l’état général, diarrhée inconstante, fièvre fréquente et masse de la fosse iliaque droite. Les formes moins complètes sont plus fréquentes. Elle est associée à une tuberculose pulmonaire active dans 20 % des cas environ, plus rarement à une atteinte péritonéale avec ascite. L’intra-dermoréaction à la tuberculine est positive dans 80 % des cas. La tuberculose peut mimer macroscopiquement à tous les étages du tube digestif l’ensemble des lésions de maladie de Crohn. Arguments de certitude du diagnostic de tuberculose intestinale : • bacilles acido-alcoolo-résistants à l’examen direct des biopsies (mais ils sont presque toujours absents au moment du diagnostic initial) ; • positivité des cultures de biopsies intestinales sur milieu de Löwenstein (mais elles sont positives tardivement et au mieux dans 40 % des cas) ; • la valeur diagnostique de la PCR à partir des biopsies intestinales est faible ; • présence d’une nécrose caséeuse dans les granulomes en histologie (signe spécifique présent une fois sur 2). Il faut souvent s’aider d’arguments moins formels : • contexte (contage, IDR à la tuberculine, atteinte pulmonaire séquellaire ou active) ; • tests sanguins basés sur le dosage de l’interféron Gamma, produit en réponse immunitaire contre le Mycobacterium tuberculosis (peu sensible mais très spécifique d’un contage) ; En cas de doute diagnostique persistant, un traitement d’épreuve antituberculeux est justifié. 4. Autres diagnostics En cas de lésions suspendues ulcérées de l’intestin grêle : • lésions néoplasiques ulcérées (adénocarcinome, lymphome) ; • maladie de Behçet, vascularites, granulomatose chronique septique (caractérisée par un déficit fonctionnel des cellules phagocytaires). ABREGE D’HEPATO-GASTRO-ETROLOGIE- 2ème édition - Partie « Connaissances » - Octobre 2012 © par la CDU-HGE - Editions Elsevier-Masson Toute reproduction ou traduction de l’ouvrage est interdite sans l’accord préalable de l’éditeur 5. Distinction entre maladie de Crohn colique et recto-colite hémorragique La discrimination entre une maladie de Crohn colique et une recto-colite hémorragique devient importante lorsqu’une chirurgie d’exérèse est envisagée. Elle est en souvent facile en se basant sur les éléments différentiels indiqués dans le tableau ci-après (tableau 8.1). Cependant, dans 10 à 20 % des cas, il n’est pas possible de trancher entre les diagnostics de maladie de Crohn colique et de recto-colite hémorragique ; on parle alors de colite inclassée. Tableau 8.1 Principales caractéristiques différentielles des lésions intestinales de recto-colite hémorragique et de maladie de Crohn Atteinte rectale Atteinte continue Intervalle de muqueuse saine Ulcérations iléales Tabac Appendicectomie Inflammation Mucosécrétion Granulome épithélioïde ASCA PANCA Génétique RCH +++ ++ - MC + ± ++ protège < 10 % rare superficielle très altérée non + ++ aggrave > 50 % fréquence Nle transmurale peu altérée oui + mutation NOD2 E- Évolution et traitement L’évolution des signes cliniques de la maladie de Crohn se fait le plus souvent par poussées séparées de périodes de rémission, parfois sur un mode presque continu ; la guérison spontanée est considérée comme exceptionnelle. Les lésions ont tendance à s’aggraver progressivement avec apparition progressive à une vitesse variable d’une fibrose sténosante (stade dit sténosant), de fistules ou d’abcès (stade dit perforant ou pénétrant). Les complications les plus fréquentes sont : • les occlusions (sur sténoses inflammatoires et/ou fibreuses) ; • les fistules ; • les abcès et perforations ; • plus rarement les hémorragies ; • la colite aiguë grave avec parfois colectasie ; ABREGE D’HEPATO-GASTRO-ETROLOGIE- 2ème édition - Partie « Connaissances » - Octobre 2012 © par la CDU-HGE - Editions Elsevier-Masson Toute reproduction ou traduction de l’ouvrage est interdite sans l’accord préalable de l’éditeur • l’adénocarcinome en zone affectée. À long terme, le risque de cancer colique, en cas d’atteinte étendue et ancienne du côlon, est plus élevé que dans la population générale. De même, en cas d’atteinte ancienne de l’intestin grêle, le risque d’adénocarcinome de l’intestin grêle est accru par rapport à celui, spontanément bas, de la population générale ; • chez l’enfant, le retard staturo-pondéral. Le traitement médical comporte : • le traitement des poussées suit en général une stratégie de riposte graduée en fonction de la sévérité des signes et/ou lésions (corticoïdes topiques ou systémiques, traitements nutritionnels, anti-TNFα en cas de résistance ou d’intolérance) ; • le traitement d’entretien est destiné à maintenir une rémission si possible profonde, durable et sans corticoïdes (= prévenir les rechutes). L’obtention d’une rémission non seulement des signes cliniques mais aussi des signes biologiques inflammatoires et des lésions (endoscopie) est de meilleur pronostic (et donc un objectif du traitement). Les principaux traitements sont : – immunosuppresseurs : analogues des purines (azathioprine ou 6mercaptopurine) ou méthotrexate, – anticorps anti-TNFα (en cas d’échec des immunosuppresseurs). Les interventions chirurgicales sont indiquées en cas de complication mécanique de la maladie (perforation, sténose ou fistule symptomatique). Attention : l’exérèse des segments atteints ne met pas à l’abri des récidives. Elle doit se limiter à l’ablation des segments d’intestin malades. Chez tous les patients fumeurs, il faut obtenir l’arrêt du tabac qui aggrave l’évolution de la maladie. II. Recto-colite hémorragique (RCH) A- Définition et épidémiologie Maladie inflammatoire chronique du côlon. • atteignant constamment le rectum ; • s’étendant de manière continue plus ou moins haut vers le cæcum ; • respectant le grêle ; • incidence 5 à 10/100 000 habitants/an ; • prévalence : 1 pour 1 000 habitants ; • touche plutôt les non-fumeurs. B- Quand évoquer le diagnostic ? • Devant toute diarrhée prolongée, surtout hémorragique. ABREGE D’HEPATO-GASTRO-ETROLOGIE- 2ème édition - Partie « Connaissances » - Octobre 2012 © par la CDU-HGE - Editions Elsevier-Masson Toute reproduction ou traduction de l’ouvrage est interdite sans l’accord préalable de l’éditeur • Devant tout syndrome dysentérique, même a minima (évacuations afécales glaireuses et/ou hémorragiques accompagnant des selles par ailleurs normales). Modification récente du transit intestinal associée à une altération de l’état général et/ou une carence martiale et/ou un syndrome inflammatoire inexpliqués. • Après un diagnostic de cholangite sclérosante (l’association fréquente entre les deux maladies). C- Confirmation du diagnostic La confirmation diagnostique repose sur un faisceau d’arguments : • endoscopiques : atteinte continue, commençant dès la jonction ano-rectale, s’étendant plus ou moins loin vers l’amont et s’interrompant de façon brusque. On note des anomalies du réseau vasculaire muqueux, puis une muqueuse granitée, fragile, saignant au contact et des ulcérations. Dans les formes les plus sévères, les ulcérations peuvent être profondes mettant à nu la musculeuse (étendues ou ulcères en puits) ; • histologiques : bifurcations et distorsions glandulaires ; infiltrat surtout lympho-plasmocytaire du chorion. D- Diagnostic différentiel 1. Diarrhée aiguë révélant une colite (cf. maladie de Crohn) Dans le cas de la RCH, la diarrhée est le plus souvent hémorragique, indiquant immédiatement la réalisation d’une endoscopie colique. 2. Rectosigmoïdite aiguë ou subaiguë Quand les lésions sont localisées au rectum ou au rectosigmoïde, chercher : • un contexte de rapports sexuels passifs anaux non protégés → maladie sexuellement transmissible (syphilis, gonococcie, chlamydia, rectite herpétique) ; • un séjour récent en zone endémique d’amibiase intestinale (envisager alors un traitement empirique probabiliste par nitro-imidazolés). E- Évolution et traitement 1. Évolution L’évolution se fait : • par poussées séparées de périodes de rémission plus ou moins longues ; • parfois sur un mode presque continu avec exacerbations. Complications : ABREGE D’HEPATO-GASTRO-ETROLOGIE- 2ème édition - Partie « Connaissances » - Octobre 2012 © par la CDU-HGE - Editions Elsevier-Masson Toute reproduction ou traduction de l’ouvrage est interdite sans l’accord préalable de l’éditeur • colite aiguë grave (15 % des patients) pouvant se compliquer de perforation, colectasie, thromboses veineuses ou embolies pulmonaires (pronostic vital engagé → surveillance médico-chirurgicale spécialisée) ; • risque accru de cancer colique : surtout en cas d’atteinte étendue et ancienne du côlon et en cas de cholangite sclérosante associée → détection endoscopique régulière des lésions néoplasiques et chémoprévention par dérivés 5-aminosalicylés. 2. Traitement médical Le traitement médical comporte : • le traitement des poussées, selon une stratégie de riposte graduée en fonction de la sévérité des poussées (dérivés 5-amino-salicylés par voie orale et locale, corticoïdes, rarement anti-TNFα ou ciclosporine) ; • le traitement d’entretien destiné à maintenir une rémission sans corticoïdes (prévenir les rechutes). On a recours en première intention aux dérivés 5-amino-salicylés (souvent efficaces), en cas d’échec aux analogues des purines (azathioprine ou 6-mercaptopurine) et, en cas d’échec, à l’administration régulière d’anticorps anti-TNFα. 3. Traitement chirurgical Le traitement chirurgical concerne environ 15 % des malades sur toute la durée de la maladie. Il est envisagé dans deux situations : • échec du traitement médical d’une colite aiguë grave ou d’une forme plus chronique. Dans ces cas, il sera discuté, en fonction du contexte : –soit une colectomie subtotale avec anastomose iléo-rectale (dans ce cas le malade reste exposé à une récidive de la maladie sur le rectum restant), –soit une coloproctectomie totale avec confection d’un réservoir iléal et anastomose iléo-anale qui obtient une guérison de la maladie par ablation de l’organe cible ; • survenue de complications néoplasiques ; dans ce contexte, la coloproctectomie totale doit être préférée. III. Colites microscopiques Elles se manifestent en général par l’association de : • diarrhée chronique sécrétoire volontiers abondante (risque d’hypokaliémie) ; • aspect endoscopique normal de la muqueuse à la coloscopie. Il existe 2 types histologiques principaux : • les colites lymphocytaires ; • les colites collagènes. Anomalies histologiques : ABREGE D’HEPATO-GASTRO-ETROLOGIE- 2ème édition - Partie « Connaissances » - Octobre 2012 © par la CDU-HGE - Editions Elsevier-Masson Toute reproduction ou traduction de l’ouvrage est interdite sans l’accord préalable de l’éditeur %) ; • • perte d’intégrité de l’épithélium de surface ; augmentation du nombre des lymphocytes intra-épithéliaux (≥ 20 • infiltrat inflammatoire de la lamina propria avec prédominance de cellules mononuclées ; • l’augmentation d’épaisseur de la bande collagène sousépithéliale (> 10 µm) est propre à la colite collagène. L’incidence des 2 types de colites microscopiques est du même ordre que celles de la recto-colite hémorragique et de la maladie de Crohn. Causes : • idiopathiques ; • médicamenteuses réversibles à l’arrêt du traitement (veinotoniques, lansoprazole, ticlopidine, etc.). Terrain : elles affectent préférentiellement les femmes après 50 ans, et sont une fois sur deux associées à des maladies auto-immunes (telles que la maladie cœliaque) ou inflammatoires (telles que la polyarthrite rhumatoïde). Clinique : • • • • diarrhée chronique souvent fluctuante ; selles liquides, abondantes, réparties dans la journée ; état général conservé mais perte de poids possible ; déficit hydro-sodé et hypokaliémie possibles. Attention : une fois sur deux, les colites microscopiques débutent de façon aiguë, comme une gastro-entérite. Évolution : elles tendent à s’atténuer spontanément avec le temps. Traitement : Pendant la phase de diarrhée chronique, lorsque les traitements symptomatiques seuls sont insuffisants (ralentisseurs du transit, racécadotril, colestyramine), le budésonide à libération intestinale et colique est habituellement efficaces. POINTS CLES • La maladie de Crohn et la recto-colite hémorragique touchent environ chacune une personne sur mille en France, avec 5 à 10 nouveaux cas diagnostiqués pour 100 000 habitants par an. • Le tabagisme favorise et aggrave la maladie de Crohn. • La maladie de Crohn peut atteindre n’importe quel segment du tube digestif. ABREGE D’HEPATO-GASTRO-ETROLOGIE- 2ème édition - Partie « Connaissances » - Octobre 2012 © par la CDU-HGE - Editions Elsevier-Masson Toute reproduction ou traduction de l’ouvrage est interdite sans l’accord préalable de l’éditeur • Les granulomes gigantocelullaires sans nécrose caséeuse sont très évocateurs de maladie de Crohn mais ne sont présents que dans 30 % des cas de cette maladie. • Le diagnostic de maladie de Crohn doit être évoqué devant toute diarrhée prolongée et toutes douleurs abdominales inexpliquées associées à l’un ou plusieurs des éléments suivants : syndrome inflammatoire, anémie, signes de malabsorption, altération de l’état général, certains signes extradigestifs (érythème noueux, etc.), retard de croissance, contexte familial. • Les lésions de la maladie de Crohn évoluent vers des sténoses fibreuses, des fistules et des abcès (formes évoluées dites sténosantes et pénétrantes). • Le diagnostic de recto-colite hémorragique doit être évoqué devant toute diarrhée prolongée et tout syndrome dysentérique, même a minima (évacuations glairo-hémorragiques accompagnant des selles normales). • Les MICI avec lésions coliques anciennes et étendues peuvent se compliquer d’adénocarcinome du côlon (ce qui justifie une stratégie de dépistage spécifique). • Les principaux diagnostics différentiels des MICI sont les colites bactériennes et amibiennes, et, pour la maladie de Crohn, la tuberculose intestinale, surtout sur les terrains à risque. • La distinction entre une recto-colite hémorragique et une forme colique de maladie de Crohn peut être difficile, voire impossible à faire : on doit parler alors de colite inclassée.