New York,New York

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New York,New York
New York, New York
New York, « big apple », rêve de beaucoup d’adolescents, devient, pour nous, une
réalité en juin et septembre 2010 pour un certain nombre d’entre nous.
L’acheminement est assuré par le nouvel avion A 380 d’Air France avec 535
personnes à bord. Le vol de 8 heures est rendu plus agréable par un bruit de réacteur
considérablement réduit et un équipement de loisir qui permet de moins ressentir la durée du
trajet. Par contre, l’arrivée est plus délicate, car les 535 personnes du vol doivent passer
l’immigration : les 10 empreintes digitales + la photo qui doivent compléter la fiche ESTA
demandent du temps. La plupart des policiers de l’immigration reçoivent aimablement les
visiteurs.
De l’aéroport JFK à Manhattan, il faut compter près de deux heures en raison d’une
circulation très dense bien qu’il ne soit que 16 heures (locales car, pour nous, il est 22 heures).
Mais, quel choc pour les néophytes, à la découverte de Manhattan depuis le pont qui
enjambe l’East River, le Manhattan Bridge ! Cet amoncellement de gratte-ciel (euh ! pardon !
de buildings) de hauteurs et de formes variables est véritablement impressionnant.
Dès la sortie du pont, nous plongeons dans un univers peu familier : des rues
numérotées dans le sens nord/sud avec l’additif ouest/est par rapport à l’axe médian déterminé
par Broadway, d’autres numérotées mais celles-ci dans le sens ouest/est, ces rues se coupant à
angle droit faisant de la ville un immense damier. Des noms mythiques défilent : Brooklyn,
9ème Avenue, 5ème Avenue, Central Park, Chrysler Building, Empire State Building et pour
finir, Broadway et Time Square que nous atteignons au milieu d’une circulation intense.
L’hôtel Edison est pratiquement au carrefour entre Broadway et Times Square, donc
au centre de Manhattan, il fait très début du 20ème siècle mais son emplacement est
inestimable et son confort très correct.
Il faut donc profiter de Manhattan très rapidement, grâce au décalage horaire. Nous
pouvons partir immédiatement pour la visite de l’Empire State Building car il n’est que 17 h
30. Sortons sur Time Square, déjà un choc : cette place est encadrée de hauts buildings qui
présentent sur leur façade des publicités animées …de plus de 20 m sur 30 !!!!
Nous descendons Broadway dans le sens up c'est-à-dire vers l’océan et six blocs plus
loin (36ème rue) nous tournons à gauche, de là nous pouvons voir l’imposante stature de
l’Empire state building, l’avantage à New York c’est qu’on peut toujours se repérer grâce aux
gigantesques buildings. Nous pouvons entrevoir par moments le rival de l’Empire qui est le
Chrysler building. Un pass de 10 cartes nous permet d’accéder facilement à l’entrée et aux
ascenseurs sans avoir à faire la queue, des contrôles fréquents nous rappellent que nous
sommes à New York sous surveillance sécuritaire ; nous grimpons au 86ème étage avec un
ascenseur ultra-rapide (22 Km/h), changeons d’ascenseur et nous arrivons sur la plateforme
d’observation au 102ème étage, nous sommes à 382 m au-dessus de Manhattan et nous
pouvons voir la cité à 360 degrés. Cet immeuble pèse 365 000 tonnes reposant sur 200 piliers
d’acier et de béton, il a nécessité 10 millions de briques, 6500 fenêtres et panneaux
d’aluminium. Il est le symbole des années 1930, sauvé du Krach spéculatif par le succès du
belvédère qui, depuis, a accueilli 150 millions de visiteurs. Il est aussi connu par son rôle dans
les films et notamment dans le King Kong de 1933, où le monstrueux gorille écrase comme
des fétus des avions de chasse. Du belvédère, nous pouvons voir la nuit tomber peu à peu sur
Manhattan et les énormes gratte-ciel s’illuminer à mesure de mille feux, New York mérite
bien son nom de ville lumière quand la nuit est totale.
Il faut résister encore au décalage horaire pour éviter d’être réveillé avant l’aube.
Le lendemain matin, un tour d’orientation de Manhattan s’impose, nous reprenons la
6ème Avenue dans le sens down cette fois (dos à l’océan), nous passons devant les boutiques
de luxe devant lesquelles on fait la queue, car, pour le confort du client, on n’admet qu’un
quota de personnes à dans le magasin. Le cœur de ce quartier est Colombus Circle en bordure
de Central Park.
Une petite incursion dans Central Park permet d’admirer les aménagements de cet
immense oasis de verdure au centre d’une des plus grandes villes du monde : 500 000 arbres
et buissons (rappelez-vous Rambo I), sur 340 Ha, des rochers (le sous sol de Manhattan est
constitué de gneiss solide et compact, ce qui a permis la construction des énormes
immeubles), des collines, des lacs et des pelouses. Il y a aussi des espaces de jeux, de sport,
des joggers, des amateurs de roller, des cyclistes etc… Parcourir Central Park du sud au nord
relève du marathon. Depuis le sud , on a une vue extraordinaire sur la partie la plus dense de
Manhattan : la forêt de buildings, tellement spectaculaire qu’elle sert de publicité sur nos
chaînes télévisuelles, nous avons ici deux tours jumelles pleine de grâce et de finesse et non
pas comme les deux autres mastodontes qui ont tellement déplu à des fous qu’ils les ont
abattues !!!
Longeons Central Park par le côté est en remontant vers le nord, des immeubles
prestigieux défilent, le prix du mètre carré habitable donne le vertige. Nous dépassons le
monument élevé à la mémoire John Lennon sur le lieux de son assassinat et nous contournons
Central Park par le nord pour redescendre par la 5ème Avenue, célèbre pour l’investiture des
Présidents, nous passons devant les plus prestigieux musées de la planète et notamment le
musée Frick, petit par sa taille, immense pour la qualité des œuvres d’art qu’il renferme. Nous
rejoignons Broadway en passant par « le canyon » c’est une forêt d’immeubles énormes et
gigantesques, si resserrés que la rue donne l’impression d’être dans un canyon de l’ouest.
Grand Central Terminal est une gare ferroviaire style Beaux Arts, inaugurée en 1913,
c’est le symbole de l’une des portes d’entrée de la ville. Son hall immense servit de cadre à de
nombreux films, un demi million de passagers y transite tous les jours ; l’immense espace
piétonnier est éclairé par une voûte de 23 mètres de haut percée de grandes verrines de
chaque côté éclairant 2500 étoiles et les constellations du signe du zodiaque. Cette gare a été
sauvée de la démolition motivée par l’appétit des promoteurs par J. Kennedy, elle est même
devenue un des symboles de la pérennité de New York.
Du quartier Lower Midtown passons à Upper Midtown marqué par une architecture
très moderne symbolisée par le musée d’art moderne (MOMA) et Saint Patrick Cathédral,
puis nous traversons le New York un peu bohème, poète, à la vie non-conformiste, vivant
surtout la nuit, un quartier d’artistes dont l’architecture est le reflet, petites maisons ,
boutiques « in », restaus branchés, il s’agit de East Village et surtout Greenwich Village.
Finissons par un lieu tristement célèbre : le World Trade Center devenu Ground Zéro.
Lorsqu’on arrive par la partie sud réaménagée avec ses boutiques, ses restaurants, son jardin
intérieur on ne peut imaginer le choc qui nous attend au bout de l’escalier, lorsqu’on arrive
devant cette plaie béante en lieu et place des tours jumelles qui atteignaient 110 étages,
dominant tout Manhattan. Leur poids énorme était supporté par un treillage métallique qui
fondit quand les deux avions chargés de Kérosène (ils décollaient)les ont frappés, faisant
s’écrouler tout l’ensemble. Il y avait 450 sociétés et 50 000 personnes y travaillaient. Ce
symbole du capitalisme financier, symbole de puissance, symbole de haute technologie (un
ascenseur montait en 58 secondes au 107ème étage de la tour) est devenu symbole de la folie
meurtrière d’un fanatisme exacerbé, du massacre d’innocents sur l’autel d’un monde qui perd
tous ses repères. Devant ce trou béant encore en partie, on fait abstraction des polémiques
pour regretter que la fureur meurtrière d’une poignée d’individus puisse réaliser de telles
catastrophes où des hommes de toutes ethnies, de toutes confessions, de toutes conditions
laissent leur vie, les martyrs ne sont pas toujours du même côté. Cependant, peu à peu, le
périmètre de la blessure se réduit car des immeubles reprennent leur place et un nouveau
gratte-ciel de plus de 200 étages est en projet à côté d’un mémorial consacré aux milliers de
victimes. La force de l’Amérique est de savoir tourner une page et de rebondir sur de
nouveaux projets.
New York est une ville culturelle, aussi, la visite du MOMA est incontournable ; si on
n’est pas fan d’art non figuratif on peut se cantonner à l’étage des impressionnistes caractérisé
par l’original des « demoiselles d’Avignon » de Pablo Picasso.
Changeons de style avec le Métropolitan Muséum of Art (MET), celui-ci renferme la
collection la plus complète du monde occidental des œuvres d’art provenant de tous les
continents de la préhistoire jusqu’à nos jours. Il y a 19 départements différents présentant
toutes les créations artistiques et historiques depuis la maquette d’une tombe égyptienne
jusqu’aux maquettes d’architectures futuristes.
Une autre visite marquante à New York, consiste à partir de Battery Park en bateau
pour faire le tour de la statue de la Liberté située sur Liberty Island, elle fut inaugurée le 28
octobre 1886. On ne peut plus monter dans la couronne mais on peut toujours visiter la base.
Cette statue est composée de 300 plaques de cuivre, moulées et rivetées, la torche dorée qui
était corrodée a été remplacée par une nouvelle, plaqué or ; l’ancienne est visible dans le hall
d’entrée. Le piédestal est situé sur l’enceinte d’un fort militaire, ce fut, à l’époque la plus
grosse masse de béton jamais coulée. La statue mesure 93 mètres au-dessus du port de New
York, 354 marches conduisent à l’entrée de la couronne, elle a été conçue par Gustave Eiffel
et le visage a été modelé par Bartoldi qui a pris pour modèle sa propre mère, il a consacré 20
ans de sa vie à ce projet, il voulait glorifier la République et la Liberté dont manquait
cruellement la France de 1865 à 1875. Les 7 rayons de la couronne symbolisent les 7 mers et
continents.
Le point le plus important de la matinée est la visite d’Ellis Island, près de la moitié de
la population américaine a ses racines sur cette île où sont passés, entre 1892 et 1954, près de
12 millions d’immigrants. C’est un musée qui retrace 4 siècles d’immigration à travers des
photos et des enregistrements, cela explique le melting pot qui est à l’origine de la nation
américaine.
De retour sur la terre ferme, nous passons par Wall Street, site historique célèbre.
Monument Hall a vu Washington prêter serment, lors de son investiture, Tinity Church, la
plus ancienne église anglicane du pays, le New York Stock Exchange (Bourse) fondé en
1817, centre mondial de la finance et dont les battements du cœur provoquent des palpitations
financières sur la planète entière. Un « siège » à la Bourse, à l’heure actuelle, coûte plus de 2
millions de $, et il faut prouver sa respectabilité pour y entrer. Cependant des phases
spéculatives ont provoqué des « booms » et des « krach » qui… sont toujours d’actualité car
200millions de titres sont échangés chaque jour pour le compte de plus de 2000 sociétés. Le
krach le plus spectaculaire fut celui de 1929 où 16 millions de titres ont changé de main dans
un marché qui s’effondrait, ruinant des milliers d’investisseurs.
Longeons le Seaport sur l’estuaire de l’East River , là où était amarré un grand nombre
de navires au 19ème siècle ; le port a décliné avec la progression de la machine à vapeur et
maintenant le quartier abrite un musée, des boutiques et des restaurants. De là, nous accédons
au Brooklyn Bridge qui fut longtemps le plus long pont du monde, il fut achevé en 1883 ;
c’était le premier pont à être construit entièrement en acier, après 16 ans de travaux, il offre
une vue imprenable sur Manhattan. Ce pont donne accès, depuis le quartier de Brooklyn de
l’autre côté de l’East River, au Civic Center qui contient toute l’administration de la ville : les
tribunaux de la ville, de l’Etat de New York, de l’Etat Fédéral, c’est aussi le siège de la police
de New York. Les constructions y sont d’une rare élégance et notamment le Municipal
Building ou la United State Courthouse.
A quelques blocs de là, nous atteignons Lower East Side : le célèbre Chinatown, le
plus grand et le plus pittoresque des quartiers « ethniques » de New York. Il grignote peu à
peu ses voisins Little Italy et Tower East Side (juif). D’un seul coup, nous nous trouvons
transportés à Shangaï ou à Canton au milieu des étals de primeur, de poisson, de boutiques et
de restaurants chinois. La communauté chinoise est prospère et l’animation des rues est
particulièrement intense. Nous glissons peu à peu à Little Italy quartier des glaces, du café
noir, des pâtes et des pizze tout comme à Florence ou à Naples.
Ces quartiers révèlent le caractère cosmopolite de New York et Lower Manhattan en
est le symbole ; ces immigrants ont conservé leur langue, leurs coutumes, leur art culinaire et
leur religion.
Le dimanche matin nous allons découvrir, dans Haarlem, la religion des anciens
esclaves devenus citoyens à part entière. Harlem n’a plus la réputation sulfureuse d’antan, le
quartier a été aseptisé et réhabilité, ce n’est plus un ghetto mais une zone agréable, où l’on
voit, le dimanche matin, la population afro américaine vêtue de ses plus belles parures, se
rendre dans les églises (souvent baptistes) pour 4 à 6 heures de messe, ponctuée de chant
gospel. Ces chants, entrecoupés de sermons et de serments, sont envoûtants et souvent les
participants connaissent de véritables transes. La qualité des voix est extraordinaire, on passe
facilement 2 heures à écouter ces chants religieux. L’accueil y est aussi très chaleureux.
Dans Haarlem, nous découvrons aussi l’Université de Columbia, célèbre par la qualité
des étudiants qui en sont sortis. L’architecture est aussi grandiose : la Low Library
(bibliothèque) , celle san John Divine, la plus grande cathédrale du monde, commencée en…
1892 et…pas encore terminée, car il en manque 1/3, elle dépasse à l’heure actuelle 180m de
long sur45 de large, si l’on trouve les fonds nécessaires, il faudra 50 ans pour la terminer car
elle continue à être construite selon les méthodes médiévales.
New York est un gigantesque patchwork d’ethnies, de styles, d’architectures qui en
fait un condensé, dans le temps et dans l’espace, de l’histoire de l’humanité.
Michel MARTY (novembre 2010)