Un métro - Damien Aspe
Transcription
Un métro - Damien Aspe
FOCUS Un métro aux formes contemporaines La ligne B fait la part belle à l’art contemporain. La seconde ligne de métro ouvrira au public en juin 2007. Toulouse possède ainsi le seul métro au monde présentant une œuvre contemporaine dans chaque station. Les expressions artistiques s’invitent dans les 20 nouvelles stations. Arrêts à Borderouge, Minimes, François-Verdier, Carmes et Rangueil avec des artistes de Toulouse et d’ailleurs. « Ici et là » par Alain Josseau, station Borderouge. TOULOUSE CULTURES I 9 FOCUS Ligne B Un musée sous nos pieds U n musée prend forme sous nos pieds. Du nord au sud de Toulouse, des œuvres sont dessinées, sculptées, peintes, assemblées. A l’abri de la lumière et de regards encore indiscrets, des artistes de renom ou en devenir font acte de création pour orner, agrémenter et animer les 20 nouvelles stations de métro. L’installation des œuvres a commencé cet été et s’achèvera au printemps 2007. De Borderouge à Ramonville, la seconde ligne du métro toulousain offrira une vitrine originale de l’art contemporain. La réalisation de la ligne B, suit le principe retenu pour la ligne A: une station, une œuvre. Grâce à l’expérience de la ligne A, les interventions artistiques ont fait l’objet d’une définition globale qui permet une bonne insertion dans les stations, avec garantie d’harmonie et de diversité. Les artistes candidats ont été conviés, en toute liberté, à imaginer des œuvres sur le thème du lien, en proposant une création appropriée à son environnement et invitant le voyageur à une réflexion sur sa signification. Toulouse Cultures vous emmène à la découverte des premières créations artistiques de la ligne B. Station Borderouge - le lien en acier d’Alain Josseau Borderouge : le lien en acier d’Alain Josseau r » d’Alain Josseau. Le support du « lien en acie 10 I TOULOUSE CULTURES Pour un plombier, ce serait un tuyau, pour un pétrolier, un pipeline. Pour son créateur, c’est un lien. En fait, c’est un tube, comme le nom que l’on donne au métro de Londres. Il est en acier et relie le parking auto à la station Borderouge. C’est un fil conducteur de lumière qui éclaire le parcours. « En étudiant le plan de masse de Borderouge, explique Alain Josseau, je me suis aperçu que ce trajet avait une longueur de trois cents mètres, ce qui représente un millionième de la vitesse de la lumière. Cela m’a donné l’idée de rendre visible un processus scientifique. » Après avoir suivi le tube, le voyageur découvrira une autre œuvre de l’artiste, au niveau de la salle des billets de la station un « aquarium » en verre, en forme de demi-lune. Il traduit graphiquement la représentation tridimensionnelle du son, selon trois axes : la fréquence, les décibels, le temps. Alain Josseau est un homme de calcul, autant qu’un artiste. Il est titulaire d’un DESS Nouvelles Technologies obtenu au Mirail, et ancien élève de l’École des Beaux-Arts de Nantes et de l’Institut des Hautes Études des Arts plastiques à Paris. Il est également régisseur technique du « Printemps de Septembre ». FOCUS Minimes : l’œuvre minimale de Damien Aspe et Olivier Mosset Faire le minimum aux Minimes, cela paraît aller de soi. Mais cela ne signifie pas en faire le moins possible. Le Toulousain Damien Aspe et l’Helvéto-Américain Olivier Mosset ont imaginé une démarche, simple a priori, mais particulièrement réfléchie, dans son contenu. Minimaliste et d’une grande pureté, moderniste dans son achèvement, leur travail peut être qualifié d’œuvre. Leur idée repose sur un constat prenant racine dans la réalité et le passé de Toulouse. Deux couleurs émergent pour eux: le bleu pastel réveillant le souvenir de la riche époque du Pays de Cocagne et l’orange qui est celui des murs en briques, pas complètement roses. « Nous nous sommes questionnés, indique Damien Aspe, sur le sens de l’intervention de l’artiste: quel est son statut? Quelle est sa finalité? Nous n’avons pas voulu empiéter sur le territoire des architectes et nous avons émis l’intention de peindre nous-mêmes les murs. » Les couleurs seront placées en alternance: au niveau de la salle des billets, les murs seront en orange et le plafond en bleu; la mezzanine aura le plafond orange et ses murs seront en bleu. Damien Aspe, aujourd’hui plasticien, a été formé à la photographie par Jean Dieuzaide. Olivier Mosset a été l’un des créateurs du groupe BMTP aux côtés de Daniel Buren, de Michel Parmentier et de Niele Toroni. on : œuvre d’évocati Station Minimes Mosset r vie Oli et pe As de Damien François Verdier : l’arbre en clair-obscur de Patrick Corillon Quand une station se nomme François-Verdier et qu’elle est située au pied du Monument à la Gloire des Combattants, elle ne peut inspirer pour un artiste qu’une œuvre symbolisant l’histoire, la mémoire, les racines. C’est ainsi qu’un arbre a poussé dans l’imagination de Patrick Corillon. Son tronc est planté au niveau du quai. Il se déploie sur toute la hauteur de l’édifice souterrain, jusqu’à la salle des billets, en passant par la mezzanine. « Cette plantation, explique Patrick Corillon, a la forme d’un mallandier, arbre qui, selon la légende, naît creux et que l’on trouve essentiellement sur les décombres des champs de bataille. » Cette évocation végétale a pour but de « frotter » le voyageur aux soubresauts de l’histoire, en ne se limitant pas au deuxième conflit mondial. L’artiste fera aussi allusion à la guerre 1914 – 1918, au Liban, au Darfour… On pourra s’asseoir au pied de cet arbre fait en partie de carrelages noirs. Le banc, placé au niveau du quai, sera surplombé d’une plaque émaillée sur laquelle sera gravée l’histoire, écrite par l’artiste, de cette plantation particulière. Patrick Corillon entend inciter le voyageur à « quitter la lumière du jour pour une obscurité d’où surgira une clarté amenant à s’interroger sur le sens de l’histoire et les grandes questions posées à l’humanité ». Originaire de Liège en Belgique, Patrick Corillon a travaillé principalement sur des lieux publics. Il n’apprécie pas les endroits confinés et aime la confrontation directe avec le passant. Il a déjà conçu plusieurs œuvres pour des systèmes de transport, par exemple une plante imaginaire qui réagit aux bruits et aux odeurs pour le tramway de Nantes ou des parois vitrées, incitant à la promenade, pour le T3 (tramway des maréchaux) à Paris. Patrick C oril son œuvr lon devant l’inst e, station all François-V ation de erdier Carmes : la « voie lactée » de Jean-Paul Marcheschi Si la nuit préoccupe tant Jean-Paul Marcheschi, c’est peut-être parce qu’elle l’aide à rechercher la lumière. C’est cette préoccupation qui a conduit l’artiste d’origine corse à concevoir une « voûte céleste illimitée » qui, plutôt qu’obscurcir, éclairera la station Carmes. « Ce nom, dit Jean-Paul Marcheschi, évoque d’abord pour moi l’ordre religieux, une vision sombre qui se transforme en lumière. Ce thème nocturne m’a rappelé La Nuit obscure, le poème de Jean de la Croix. J’ai toujours été hanté par la nuit, à commencer par les Contes des mille et une nuits et tout l’imaginaire qui en découle. Cela m’a fait travailler, par exemple, durant tout un cycle sur les Onze mille nuits ». À la station Carmes, la voûte étoilée s’appellera La Voie lactée. Elle se présentera comme un immense vitrail rétro-éclairé. Cette œuvre de 500 m2 est confectionnée avec une cire translucide, de la suie et des écritures noires et rouges. La mise en forme est obtenue à l’aide la flamme et du feu. Le feu, un élément qui avait déjà permis à Jean-Paul Marcheschi de marquer la scène toulousaine de son empreinte. En 1995, il avait réalisé pour le théâtre du Capitole les décors et costumes de L’oiseau de feu d’Igor Stravinski. Il en reste notamment aujourd’hui un immense rideau de scène et quarante costumes… Jean-Paul Marchesc hi peignant avec le feu Rangueil : les sacs translucides de Claude Caillol et Judith Bartholani « Les sacs translucides se promènent. Ils se suivent et transportent beaucoup plus que ce que l’on y a mis : du neuf, de la reconnaissance sociale, de la misère, du plaisir consumériste, des objets de la vie quotidienne… » C’est ainsi que Claude Caillol et Judith Bartholani, les deux artistes marseillais auteurs de l’œuvre destinée à la station Rangueil, définissent leur création. Cette station a la particularité d’être dotée d’une verrière extérieure qui permet à la lumière de descendre jusqu’au deuxième sous-sol. D’où l’idée de travailler sur le cheminement ainsi créé, depuis la façade jusqu’en profondeur. « Nous avons imaginé quelque chose qui restitue une sensation identique à celle que l’on éprouve lorsque l’on visite un jar- din en espalier. Tout en haut, la verrière est composée d’une alternance de panneaux qui suggèrent des logos de marques connues et sont perçus comme un grand vitrail aux couleurs éclatantes. L’ensemble est complété par trois sculptures à taille humaine qui habitent la station. » L’objectif des artistes est ici d’amener le voyageur à se retourner sur les œuvres et à s’interroger sur leur présence et leur signification en ce lieu. C’est ce qui crée la dimension sociale de cet ensemble. C’est la première fois que Judith Bartholani et Claude Caillol interviennent dans un métro. Cela leur permet un retour à Toulouse, ville qu’ils estiment « beaucoup plus vivable et conviviale » que d’autres situées en bord de Méditerranée. holani, dith Bart aillol et Ju ière C e d u la C lum il sur la un trava TOULOUSE CULTURES I 11