Le Paris oriental de Cabaret Tam Tam

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Le Paris oriental de Cabaret Tam Tam
Après nous avoir fait découvrir, avec Barbès Café, l’histoire des musiques de l’immigration
maghrébine en France, le Cabaret sauvage programme un nouveau spectacle, Cabaret Tam
Tam . Du 11 mars au 3 avril 2015, ce spectacle inédit, combinant musiques et théâtre, revisitera
l’histoire des cabarets orientaux qui firent du quartier latin un haut lieu de la vie parisienne des
années 40 jusqu’aux années 80.
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C’était le temps où Paris chantait, c’était le temps où Paris roulait des hanches aux rythmes
ondulatoires de la musique dite orientale. Ils avaient pour nom El Djazaïr, le Casbah, le Tam
Tam rue Saint-Séverin, l’Ismaïlia Folies situé dans la prestigieuse avenue Montaigne ou encore
Le Sérail, rue du Colisée.
Si à Pigalle, on trouvait les cabarets russes fondés par les aristocrates blancs ayant fui la
révolution de 1917, les cabarets orientaux fleurissaient surtout dans le quartier latin. Là se
réunissait le tout Paris de la chanson, du cinéma ou même de la politique. On pouvait y croiser
Jean Marais, Cocteau évidemment, Brigitte Bardot mais aussi Marlon Brando, Rita Hayworth et
dans un autre registre François Mitterrand, venus tous goûter à ces petits éclats d’Orient sur
Seine.
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Là, la jeune Warda Ftouki, pas encore devenue la légendaire Warda El Jazaïre (La rose
algérienne) commencera à éclore artistiquement dans le cabaret de son père, le Tam-Tam. Elle
racontera à l’occasion d’un de ses derniers concerts à Paris en 1984: « Je me rappelle qu’à
ce moment-là on l’avait appelé Tam Tam parce que T, c’était la Tunisie, A l’Algérie et le M
pour le Maroc. ». Dans ce lieu mythique, l’égyptien Farid El Atrache y interprétera ses
mélopées mélancoliques et y gagnera le surnom du « chanteur triste ». La tunisienne Safia
Chamia, l’algérienne Thouraya y feront aussi leurs premiers pas, tout comme les chanteurs
sépharades d’Algérie Line Monty, Maurice El Médioni ou encore Joseph Hagège. Les immigrés
nord-africains (on ne disait pas encore maghrébins) venaient aussi y retrouver l’air de leur pays
dans leur exil parisien. Toute une faune hétéroclite s’y côtoyait donc dans des décors de stucs
et de brocarts lourds qui tentaient de reproduire, parfois de façon malhabile, tout un imaginaire
oriental.
Conçu par Meziane Azaïche, le spectacle Cabaret Tam-Tam revisite cette histoire. Le
spectacle, très complet, mêle d’abord des saynètes entre deux personnages qui servent de fil
de soie guidant le public à travers le souvenir des cabarets. Deux écrans géants projettent des
images d’archives et scopitones surannés qui donnent au spectacle une profondeur historique.
Sur scène, le concert est assuré par les musiciens excellents du Barbès café, menés par le chef
d’orchestre et flûtiste Nasser El Dine Dalil. La chanteuse Samira Brahmia reprend avec grâce
et talent les classiques de cette musique maghrébine, du classique Dour beha ya Chibani au
très émouvant Ya Ommi de Warda. Mais ce n’est pas tout : 3 danseuses accompagnent les
chansons, changeant de costumes et de danse selon les traditions musicales qui se succèdent.
Un véritable défilé qui voit recréées les traditions chaoui, kabyle ou arabo-andalous dans un
flamboiement de déhanchés et de soie. Et ce n’est pas fini, puisqu’une circassienne et
danseuse de cerceau donne à voir un spectacle de haute voltige. Le public, pour peu qu’il en
ait l’envie, peut aussi danser sur une piste aménagée à cet effet. Impossible de ne pas céder
au charme de ce Cabaret Tam Tam dans la belle salle du cabaret sauvage dont la rotondité et
la décoration de carmin et de velours donne au spectacle un aspect atemporel.
Plus encore, Cabaret Tam Tam rend un hommage appuyé à toute la production musicale
maghrébine née de l’immigration en France. Car c’est dans cet exil parisien que la musique
populaire de l’Afrique du Nord a gagné en exposition et création. Nourrie aux héritages de la
musique arabo-andalous, du Maalouf, du Chaabi et des classiques égyptiens, cette musique
trouvera dans ces cabarets une formidable scène artistique. Cette musique souvent nourrie à la
tradition se mêlera aux rythmes occidentaux, gagnant ainsi en créativité et popularité. Des
musiciens comme Mohamed El Kamel par exemple intégrera à son répertoire des styles
musicaux occidentaux comme le jazz ou la bossa nova. La chanteuse Warda dira ainsi : «
C’est très drôle parce que c’est à Paris que j’ai appris à aimer l’Algérie et l’Égypte, la
musique du monde arabe». Les chansons abordent et brodent sur les thèmes de l’amour bien
évidemment, mais aussi sur la séparation, l’exil, le manque. Autant de thèmes qui parlent aux
spectateurs. Le tempo intime du quartier latin prendra ainsi le rythme de ces artistes Juifs,
Berbères ou Arabes. Pendant l’occupation, des chanteurs sépharades tels que Salim Hallali à
qui le spectacle rend aussi hommage, trouvera dans ces cabarets une protection active lui
permettant de se faire passer aux yeux des autorités allemandes pour un Musulman.
Depuis, les reprises de ce répertoire maghrébin par Rachid Taha par exemple (on se souvient
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de sa reprise de Ya Rah, de Dahman El Harrachi) ont connu un vrai succès auprès du public
français. Mais Cabaret Tam Tam en recréant in vivo cette ambiance si particulière fait mieux
que de rendre hommage à cette tradition car en un sens il la perpétue tout simplement.
visuel : affiche du spectacle
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