EXE-revoir 112 - Banque française des yeux

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EXE-revoir 112 - Banque française des yeux
Revoir
Bulletin N° 112 Juillet 2003 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2,30 €
S o m m a i r e
E d i t o
Edito
par le Pr. Jean-Paul Adenis . . . . . . . . . p. 1
L’assurance alourdit
le budget 2003
Risque de transmission d’herpès
par greffe de cornée
par le Dr. Pierre-Yves Robert, . . . p. 1 à 3
Activité 02 de la Fédération . p. 4
Suite à la répercussion faite par les assureurs des modifications législatives de 2001 sur l’extension des dommages
garantis, les frais d’assurance ont considérablement augmenté en 2002 (de 36 € à 71€ par greffon). Ainsi, malgré
une augmentation des nouveaux donneurs qui passe de
946 en 2001 à 1877 en 2002, le déficit de notre association est de 77 000 € en 2002.
Il est donc crucial de pouvoir répercuter dans le prix de la
cornée (TIPS) l’augmentation du coût des assurances que
doit contracter le laboratoire de la BFY. Ainsi, nous souhaiterions que le prix du TIPS puisse passer de 1170,81€
à 1700,00€ au plus vite. En attendant, chaque cornée
coûte plusieurs centaines d’Euros à notre association.
Il est aussi crucial d’avoir de nouveaux membres bienfaiteurs pour notre association, encore plus généreux qu’en
2002.
Dans ce nouveau numéro de la revue REVOIR, le Dr Pierre
Yves Robert vous présente les risques et les moyens de prévenir une infection herpétique lors d’une greffe de cornée. Il s’agit d’un problème assez fréquent qui mérite une
attention toute particulière.
Bon courage à toute la chaîne de la greffe de cornée pour
cet été, en espérant que les problèmes financiers s’améliorent à l’automne.
Professeur Jean Paul ADENIS
Président.
Bulletin N° 112 de la Banque Française des Yeux : 1
Compte rendu de l’assemblée
générale de la BFY . . . . . . p. 5 à 7
Greffe de cornée
Risque de
transmission d’herpès
par greffe de cornée
Dr. Pierre-Yves Robert
Service d’ophtalmologie, CHU
Dupuytren, 2 av Martin Luther King,
87042 Limoges Cedex.
Tel. : 05 55 05 62 31
Fax : 05 55 05 62 11
e-mail : [email protected]
Le risque de transmission d’herpès par
greffe de cornée a été mis à jour ces
dernières années. Nous faisons le
point de la littérature médicale
actuelle sur ce sujet.
6 quai des Célestins - 75 004 Paris - Tél. 01 42 77 19 21
Risque de transmission d’herpès par
A gauche : œil avant greffe
A droite : œil greffé
◗
Herpès et greffe
de cornée
d’une série de 14 échecs primai-
• Le deuxième mécanisme est la
res de greffe [4].
réactivation d’un virus latent
dans ce qui reste de la cornée
L’herpès cornéen est la première
La présence d’une infection à
du receveur (l’anneau limitant).
cause de cécité infectieuse dans
HSV chez le receveur de cornée
Cette théorie est sous-tendue
les pays “du nord”. Il est lié à la
pose le problème de l’origine du
par l’hypothèse d’une latence
réactivation dans la cornée d’un
virus. Celle-ci peut être triple.
intra-cornéenne
virus, Herpes Simplex Virus ou
HSV, que l’on a le plus souvent
contracté dans l’enfance, et qui
demeure
quiescent
dans
le
ganglion du nerf sensitif de la
face (nerf trijumeau). L’herpès
cornéen entraîne ainsi un ulcère
de cornée, mais la répétition des
crises ou la réaction immunitaire qui s’ensuit peut opacifier définitivement la cornée et
du
virus.
Certains virus resteraient à
• Le premier mécanisme est la
transmission du donneur au
receveur : dans ce cas l’infection
provoque une nécrose endothéliale primitive, dans les jours
qui suivent la transplantation.
On ne connaît pas les raisons
responsables de la nécrose rapi-
l’état latent dans la cornée
périphérique du receveur, et se
réactiveraient à la faveur de la
corticothérapie par exemple. Ce
risque de réactivation justifie le
traitement antiviral préventif
chez le receveur de cornée
herpétique.
de de l’endothélium dans ces cas
là : probablement s’agit-il d’un
virus latent dans la cornée
• Le troisième mécanisme est la
greffée, qui réactive à la faveur
réactivation d’un virus latent
Chez le receveur de cornée, la
du stress opératoire ou de la
dans un ganglion sensitif du
kératite herpétique peut prendre
corticothérapie locale. La preuve
receveur sur le greffon. Ce mé-
des
parti-
de ce mécanisme a été apportée
canisme présuppose une bonne
culières. En particulier, il est à
récemment, d’abord par Re-
innervation du greffon, et en
présent démontré que l’herpès
meijer et al. En 2001, puis par
pratique, il est impossible de
entraîne chez le receveur de
l’équipe de Saint-Etienne (Pr
l’observer avant quelques mois
cornée une nécrose endothéliale
Philippe
Gilles
dans la période post-opératoire,
primitive, avec opacification du
THURET) en identifiant par
le temps que la cornée devienne
greffon dans les jours ou les
séquençage de l’ADN viral la
à nouveau innervée correc-
semaines qui suivent la greffe.
même souche virale infectante
tement. Le tableau clinique est
Ceci a été montré à partir de cas
chez le donneur et chez le
celui d’une réactivation herpé-
isolés [1-3], ainsi que dans 33%
receveur [5].
tique classique.
justifier une kératoplastie.
formes
cliniques
GAIN,
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2
Dr
6 quai des Célestins - 75 004 Paris - Tél. 01 42 77 19 21
Revoir
greffe de cornée
◗
Herpès et milieu
de conservation
◗
Perspectives
Le risque de transmission de
dans les banques d’yeux quelle
Les procédures de conservation
HSV par greffe de cornée existe,
cornée est susceptible d’être
de cornée dans les banques
il peut entraîner un échec
infectante. Il faudra attendre
d’yeux impliquent deux prin-
précoce et définitif de la greffe.
d’autres tests et d’autres études
cipaux modes de conservation :
Le traitement antiviral donné en
pour déterminer de façon inof-
conservation à +31°C pendant 3 à
post-opératoire est efficace sur la
fensive, parmi les cornées de
5 semaines, ou à +4°C pendant 8
réactivation d’un virus latent
banque destinées à la greffe,
jours. Le comportement du virus
dans
du
lesquelles constituent un risque
HSV durant la période de con-
receveur, mais il est actuel-
de contamination par HSV pour
servation cornéenne a été peu
lement impossible de distinguer
le receveur.
l’anneau
limitant
exploré. Deux études montrent
un effet délétère du virus contre
des cornées conservées : kératite
dendritique sur une cornée de
banque [6], ou détection d’ADN
viral par PCR sur 3 cornées avec
nécrose endothéliale [6]. Deux
études ont montré que l’ADN
viral pouvait également être
retrouvés dans le milieu de
conservation : 3 prélèvements
positifs sur une série de 80 cornées
avec nécrose endothéliale dans la
première [7], et 12 milieux positifs
sur 199 avec nécrose endothéliale
dans la deuxième [8].
Enfin,
Garweg
a
expérimentalement
démontré
sur
451
milieux de culture inoculés avec
HSV1 et conservés à 4 tempé-
Bibliographie
1. Biswas S, Suresh P, Bonshek RE,
Corbitt G, Tullo AB, Ridgway AE, Graft
failure in human donor corneas due to
transmission of herpes simplex virus. Br J
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2. De Kesel RJ, Koppen C, Ieven M,
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3. Rasquin F, Demols P, Schrooyen M,
Liesnard C, Delforge ML, Zanen A,
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Primary graft failure : a clinicopathologic
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Identification of a herpes simplex virusinduced dendrite in an eye-bank donor
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8. Morris DJ, Cleator GM, Klapper PE,
Cooper RJ, Biney EO, Dennett C,
Marcyniuk B, Tullo AB, Detection of
herpes simplex virus DNA in donor cornea culture medium by polymerase chain
reaction. Br J Ophthalmol, 1996. 80(7):
p. 654-7.
9. Garweg JG, Boehnke M, Low rate shedding of HSV-1 DNA, but not of infectious
virus from human donor corneae into culture media. J Med Virol, 1997. 52(3): p.
320-5.
ratures différentes (+35°C, +4°C,
-20°C, -80°C), que l’ADN viral
subissait une dégradation naturelle avec le temps, dépendant
de la température dans le milieu
de conservation [9].
En revanche, on sait à présent
qu’une cornée morphologiquement normale peut héberger de
l’ADN viral.
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