le cinéma se pique aux

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le cinéma se pique aux
NUMÉRO
61
ÉLECTIONS
50% des Suisses
SPORT
Comment
changent
de parti politique
16
les Romands
courent-ils ?
24
MÉDECINE
L’anesthésie
est devenue
très sûre
36
!
ALLEZ
SAVOIR
Le magazine de l’UNIL | Septembre 2015 | Gratuit
« HUNGER GAMES », « DIVERGENTE »
LE CINÉMA SE PIQUE AUX
HÉROÏNES
POP CULTURE
EST (AUSSI) UNE
FEMME FORTE
Des best-sellers pour adolescents transformés en films à succès ont popularisé une héroïne d’un genre nouveau:
la jeune rebelle, devenue maître de guerre, qui sauve l’univers comme dans «Hunger Games» ou «Divergente».
Les temps changeraient-ils? TEXTE VIRGINIE JOBÉ
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UNIL | Université de Lausanne
KATNISS
Symbole de rébellion,
le personnage principal
de Hunger Games
utilise souvent la force.
© Lionsgate
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La Section d’anglais
www.unil.ch/angl
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comme aux représentations des héros dans les cultures
populaires. Ces deux stars new-look incarneraient-elles un
nouveau genre ? Témoigneraient-elles d’une évolution dans
nos visions des rôles des hommes et des femmes ? Nous
l’avons demandé aux experts de l’UNIL, en commençant
par la plus célèbre figure de cette nouvelle tribu, Katniss
Everdeen, dont le prochain film Hunger Games: la révolte,
partie 2, débarque sur les écrans le 18 novembre.
A
vant, la princesse attendait, en haut de son donjon,
que son preux chevalier vienne la sauver. Quand
elle ne travaillait pas à son métier à tisser jusqu’au
retour de son époux parti à la guerre. Mais c’était
avant les phénomènes Hunger Games et Divergente.
Ces deux séries de romans destinés aux adolescents sont
devenus des best-sellers mondiaux, avant d’être adaptés au
cinéma, où ils ont connu un succès encore plus foudroyant
(691 millions de dollars de recettes mondiales pour le premier Hunger Games, 275 millions pour Divergente).
Ces deux histoires ont encore pour caractéristique de
raconter la geste d’une jeune femme assez habile et déterminée pour sauver le monde en utilisant (souvent) la force physique. Un rôle qui était, jusqu’alors, très largement monopolisé par les hommes, et quelques femmes caricaturales.
Comme Rambo à sa grande époque, Katniss Everdeen, la
star de Hunger Games, peut se révéler très dangereuse avec
son arc. Et comme le Neo de Matrix, Tris Prior, la vedette
de Divergente, a appris à se servir de ses poings et de ses
pieds pour défendre sa vie contre des ennemis.
VALÉRIE COSSY
Professeure associée
en Section d’anglais.
Nicole Chuard © UNIL
Katniss, l’archère de Hunger Games
Le succès chez les adolescents de ces personnages atypiques interpelle forcément quelque part les nombreux chercheurs de l’UNIL qui s’intéressent aux questions de genre
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Des femmes à poigne plutôt que poignantes
Téméraire, volontaire, parfois désagréable, toujours sincère,
réfractaire aux conventions, Katniss Everdeen a l’étoffe des
héros. Vainqueure des injustes jeux de la faim, les fameux
Hunger Games où les candidats s’affrontent dans un programme de télévision qui se dispute «à la vie, à la mort», la
pauvre gamine du district 12 est devenue le symbole de la
rébellion contre un gouvernement tyrannique, dans une
Amérique asphyxiée par la télé-réalité.
De son côté, Divergente raconte la saga de l’ado Béatrice
«Tris» Prior, qui vit dans une société post-apocalyptique, où
les habitants de la planète sont regroupés en factions. Alors
qu’elle a grandi dans le groupe humaniste des Altruistes,
Tris choisit de poursuivre sa vie dans la faction des Audacieux, aux mœurs bien plus guerrières, avant de se battre
pour tenter de sauver son peuple.
Ces deux contes initiatiques ont débuté leur parcours au
rayon Young Adults des librairies. Mais ces récits de sciencefiction ont bien vite quitté les étagères pour ados et adulescents pour conquérir le reste de la famille. «Ces récits
appartiennent à un type de littérature qui s’est développé
sur Internet à travers les “fans fictions”. Des fans, surtout
des femmes, écrivent des histoires à partir de films ou de
livres connus comme Buffy contre les vampires en développant des intrigues plus audacieuses ou minoritaires mettant au premier plan des personnages secondaires », indique
Loïse Bilat, assistante diplômée à la Faculté des sciences
sociales et politiques, qui a codirigé avec le professeur
Gianni Haver la publication de l’ouvrage collectif Le héros
était une femme... (Editions Antipodes, 2011).
En outre, les deux sagas sont écrites par des femmes.
Divergente doit tout à une auteure diplômée en écriture
créative aux Etats-Unis, «Veronica Roth, qui a été spécifiquement formée aux exigences de la littérature scénaristique et de fiction, celle qui consiste à construire une bonne
histoire qui se vend». Comme l’écrivaine Suzanne Collins,
diplômée de l’Université d’Indiana, qui écrit des scénarios
et des histoires pour des programmes de télévision jeunesse depuis les années 90.
Leur recette ? «Défendre un héros maltraité et mal parti
au départ – auquel le citoyen lambda aux frustrations ordinaires peut s’identifier – qui parvient à sauver le monde en
le transformant, et donc à prendre sa revanche sur celuici», précise Loïse Bilat. Un schéma jusque-là classique chez
les héros masculins.
«De nos jours, on ne peut plus réaliser un film d’aventures
avec une héroïne qu’il faut sauver des dragons, souligne
Gianni Haver, professeur associé en Histoire des médias
à la Faculté des sciences sociales et politiques de l’UNIL.
Il est nécessaire de présenter une femme d’action.» Quitte
à se ridiculiser lorsqu’il s’agit d’adaptation d’œuvres plus
anciennes. Le professeur cite ici l’exemple du film John Carter, sorti en 2012, tiré d’un roman publié en épisodes dans
un Pulp Magazine des années 1910. «A la base, la princesse
était là pour se faire sauver par le héros. Ce qui n’est actuellement plus envisageable. Les scénaristes ont donc dû adapter le scénario. Et cela donne un personnage complètement
schizophrène, tantôt perdu et qui crie à l’aide, tantôt capable
de sortir son sabre de samouraï et de zigouiller une dizaine
d’extraterrestres. Une incohérence qui montre bien que l’on
vit une période de transformation.»
Cette mue réjouissait déjà Valérie Cossy, professeure
associée en Littérature anglaise à la Faculté des lettres de
l’UNIL, et spécialiste des études genre, à la lecture des premiers tomes d’Harry Potter, avec le personnage d’Hermione.
«La configuration en trio – Harry, Ron et Hermione – qu’a
choisie l’auteure J. K. Rowling me paraît très intéressante.
Elle permet en effet de sortir de la logique habituelle dans
laquelle le lecteur passe son temps à se demander si le héros
et l’héroïne sont amoureux, ou non. De plus, Hermione ne
vient pas d’une famille de sorciers, contrairement à ses deux
camarades, et est beaucoup plus créative qu’eux. Elle paraît
être le personnage le plus libre.»
La dose d’héroïnes des ados
Si Mrs Rowling avait mis «Hermione Granger» plutôt que
«Harry Potter» sur ses couvertures, les libraires auraient
rangé ses livres du côté de la littérature des filles. Et les
garçons les auraient moins regardés, estime la professeure.
Tandis que le «masculin universel» attire les deux sexes.
Ce qui explique sûrement les titres Hunger Games, plutôt
que «Katniss Everdeen», et Divergent (en version anglaise)
au lieu de «Tris Prior»...
Mère de deux ados, fille et garçon, Valérie Cossy constate
que la mise en avant d’une héroïne n’est plus ce qui retient
l’attention des jeunes aux dépens du reste. «Dans Hunger
Games, Katniss est porteuse de ce que les adolescents sont
prêts à critiquer dans le déterminisme. Chaque individu est
sélectionné, comme à l’école. Et il reste quelque chose d’impitoyable dans l’exigence de réussite. D’une part, l’héroïne
peut faire bouger le système, avec son potentiel de révolte.
D’autre part, elle demeure fragile et elle est récupérée par ce
système à son insu. Il s’agit d’une thématique très actuelle
qui concerne autant les filles que les garçons.»
La nouveauté ? Les rôles de rebelles, révoltés et autres
chasseurs d’injustice au passé sombre et aux origines
modestes étaient jusqu’à il y a très peu de temps dévolus
uniquement aux hommes. «Un redoublement du stigmate
est apparu depuis la publication du Héros était une femme...
GIANNI HAVER
Professeur associé
à l’Institut des sciences
sociales.
Nicole Chuard © UNIL
en 2011, constate Loïse Bilat. Tout au long du XXe siècle, les
femmes héros n’avaient pas besoin d’être plus marginalisées, impopulaires ou d’avoir un handicap. «On suivait les
aventures de femmes bien intégrées dans la société, jolies,
riches, telles Wonder Woman, Buffy ou Lara Croft. Rien à voir
avec un Rambo nomade mis à l’écart, ajoute la sociologue.
Mais ce schéma a été bouleversé depuis les années 2000
avec, notamment, l’apparition de personnages comme Katniss ou Tris (dès 2011). «Etre une femme ne suffit plus à
déclencher l’effet de surprise. La divergente Béatrice est
affublée d’une robe de bure ignoble et grandit dans une
faction pauvre. Elle n’est pas très musclée, doute, ne correspond pas aux normes de sa société. Elle représente une
sorte de Peter Parker (Spider-Man), le genre de personnage
au masculin qui s’est répandu au XXe siècle. Maintenant,
les femmes doivent aussi avoir des faiblesses pour remplir
les critères de l’héroïcité, comme Scarlett Johansson dans
Lucy (2014) de Luc Besson, qui est une blonde naïve carrément stupide au début du film, avant de prendre une dimension cosmique.»
Un héros ne vaut pas une héroïne
Si l’égalité progresse dans la littérature pour ados comme
au cinéma, la bataille n’est pas gagnée pour autant.
En effet, comme le signale le sociologue Gianni Haver,
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un simple coup d’œil dans le «Grand Robert» témoigne
de la différence de perception qu’il y a encore entre la définition d’un héros et d’une héroïne. «Dans le premier cas, on
parle de demi-dieu puis d’actes de bravoure. Dans le deuxième, d’une incroyable capacité à encaisser la souffrance.
C’est pour cette raison que, durant notre étude, nous avons
préféré employer les termes de héros masculins et de héros
féminins pour définir un personnage principal qui réalise
des actes extraordinaires en utilisant la violence.»
Pour le professeur de l’UNIL, la féminisation des héros
n’est ni nouvelle, ni dénuée d’arrière-pensées. «Dans les
comics (les BD américaines montrant des super-héros, ndlr),
par exemple, le phénomène a débuté très tôt. On y a imaginé
des personnages pour les filles, comme Wonder Woman, qui
finissaient par plaire aux garçons, parce qu’ils avaient l’occasion de voir une belle fille en short.»
«La corporalité des super-héroïnes de comics reste très
importante, ajoute Loïse Bilat. On préserve toujours leur
côté esthétique. Alors que Hulk est monstrueux, son alter
ego féminin, Miss Hulk (She-Hulk en anglais), demeure
superbe en toutes circonstances.»
LT RIPLEY
Incarnée par Sigourney
Weaver (ici dans Alien
en 1979), elle porte des
vêtements utilitaires,
les mêmes que ceux
des hommes. Elle se
situe aux antipodes de
Lara Croft.
© 20th Century Fox /
The Kobal Collection
BEATRIX KIDDO
A la fois virtuose du
katana et mère, ce personnage incarné par
Uma Thurman dans
Kill Bill (2003) joue avec
les schémas habituels.
© A Band Apart/Miramax/
The Kobal Collection
Et l’on créa une icône: Lara Croft
C’est ainsi qu’en 1996, une bombe esthétique a fait exploser le marché des jeux vidéo: Lara Croft dans Tomb Raider.
Une archéologue britannique à la plastique parfaite, aussi
hardie que sexy, experte en fusil à pompe et autres pistolets
semi-automatiques. Incarnée par Angelina Jolie au cinéma,
elle a marqué toute une génération. «L’éditeur Eidos Interactive avait pensé à un héros masculin, avant de changer le
genre du personnage au dernier moment, pour faire un coup
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d’éclat. Il a donc fallu le réadapter au fur et à mesure. Ses
postures notamment. Plutôt que lui faire plier les genoux,
on l’a mise à quatre pattes. Cette fétichisation secondaire
s’est enrichie tout au long des aventures. Lara Croft a produit
un effet tellement remarqué que cela a imposé un tournant
dans la production culturelle», se souvient Gianni Haver.
Cependant, de nos jours, on se souvient plus de sa poitrine
voluptueuse que de son intelligence affûtée. «Pourrait-elle
être archéologue si elle n’avait pas des formes pulpeuses ?
s’interroge la professeure Valérie Cossy. La féministe britannique Angela McRobbie a étudié la valorisation de la réussite des mannequins dans les années 90 et a conclu que
ce discours était pétri de contradictions et extrêmement
culpabilisant pour les femmes. Leur succès n’est pensable
et représentable qu’au prix d’un alignement sur des éléments conservateurs et traditionnels. On peut être archéologue pour autant que l’on possède un corps de top-modèle,
ce qui représente une double contrainte problématique.
Alors que l’on ne demande pas à un archéologue d’avoir un
look de mannequin...» Preuve à l’appui, et anecdote notable,
Harrison Ford avait 39 ans lorsqu’il a commencé à jouer
Indiana Jones, dont s’inspire Lara Croft. Tandis que l’on a
annoncé à Angelina Jolie, au même âge, qu’elle était trop
vieille pour revêtir le minishort et le T-shirt moulant de ses
débuts d’aventurière.
La talentueuse Miss Ripley
A des années-lumière de la bombesque Lara Croft, la lieutenant Ripley avait déjà fait figure d’extraterrestre. En effet,
dans Alien, dont le premier opus est sorti en 1979, Sigourney Weaver avait 30 ans, et elle portait un marcel et une
tenue neutre comme le reste de l’équipage. «Sa corporalité
n’est pas hypersexuée contrairement à Lara Croft, analyse
la sociologue Loïse Bilat. Ses vêtements restent utilitaires,
alors que, chez la plupart des héros féminins, on accentue
la sexualisation pour rassurer le public masculin. Histoire
de rappeler qu’elles restent des femmes malgré leur comportement viril.»
Pourtant, la succession des réalisateurs tout au long
de la tétralogie Alien (1979-1997), plus ou moins sensibles
au parti pris féministe du scénario de départ, n’a pas permis de faire évoluer le personnage vers un renouveau du
genre. «Dans Aliens, le retour, réalisé par James Cameron,
Ellen Ripley devient une espèce de mère de substitution en
s’occupant de la petite Newt. Du coup, cela ramène le personnage à un modèle classique et ancien: une femme qui
se bat pour sauver un enfant.»
Le sabre et le biberon
Idem pour Beatrix Kiddo, la tueuse Black Mamba de Kill
Bill, qui manie très bien le sabre, mais veut surtout retrouver son enfant. «En même temps, Quentin Tarantino joue
sur les schémas habituels, accorde Gianni Haver. L’actrice
Uma Thurman est magnifique et mise en valeur durant tout
le film. Cependant, lors de son réveil après quatre ans de
coma, le cinéaste insiste de longues minutes sur ses pieds
(elle doit chausser du 43) qui ne correspondent pas au cliché
d’une héroïne aux jolis petits pieds.» Pour le professeur de
l’UNIL, ni la Ripley d’Alien, ni la Lara Croft de Tomb Raider,
ni la Beatrix Kiddo de Kill Bill ne sont des premières fois.
Mais «ces trois personnages ont créé des figures iconiques
et représentent des cassures» dans un cinéma en perpétuel
LARA CROFT
Née dans un jeu vidéo
en 1996, cette archéologue jouée par Angelina
Jolie a marqué toute une
génération. Ici, dans
Tomb Raider, le berceau
de la vie (en 2003).
© Paramount /
The Kobal Collection
TRIS PRIOR
Personnage central
de Insurgent (2015),
incarnée par Shailene
Woodley, elle possède
des faiblesses tout
en étant héroïque.
Un tournant.
© Red Wagon Entertainment
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changement. L’héroïne n’est plus la compagne du héros, mais
un personnage principal multiple et complexe, dont la place
est sans cesse rediscutée.
«Je vois une guerre des sexes renouvelée dans l’industrie culturelle, avec une conversation entre des points de
vue misogynes, féministes, masculinistes, etc., relève Loïse
Bilat. Un spectacle fascinant rendu possible grâce à la multiplication des personnages de femmes, notamment dans les
séries télévisées. Le héros féminin fait entièrement partie
de notre culture maintenant. Toutefois, cela n’annule pas
la majorité des productions qui mettent en avant un mâle
blanc qui se pose des questions sur sa vie.»
De son côté, la professeure Valérie Cossy remarque un
changement énorme des repères depuis cinq à sept ans dans
la littérature également. «Les attentes d’égalité aujourd’hui
ne sont pas celles que je pouvais avoir. Ce qui laisse augurer d’un progrès réel. Mais, tout en admirant ces héroïnes
actives, volontaires, je garde une petite méfiance. Elles s’inscrivent dans un contexte extrêmement individualiste et néolibéral dans lequel nous vivons. Sous prétexte de cautionner
une certaine forme d’égalité, on s’empêche d’aller regarder là
où les inégalités existent encore.» Les nouvelles guerrières,
Katniss ou Tris, modèles des ados, sont moins attachées à
leurs formes qu’à leur mission, imparfaites comme leurs
confrères masculins. Mais seront-elles assez fortes pour
changer l’avenir du cinéma ? Premier début de réponse le
18 novembre, jour de la sortie en salle de Hunger Games: la
révolte, partie 2: les scénaristes se permettront-ils comme
dans l’épilogue des romans – ATTENTION SPOILER pour
ceux qui ne les ont pas lus !!! – de vieillir de vingt ans l’actrice Jennifer Lawrence ?
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